Résumés
- Type de publication : Article de collectif
- Collectif : Balzac et l'imaginaire du brigandage
- Pages : 257 à 260
- Collection : Rencontres, n° 601
- Série : Études dix-neuviémistes, n° 65
RÉSUMÉS
Agnese Silvestri etÉléonore Reverzy, « Introduction »
Distinguant les caractères de l’imaginaire du brigandage de ceux du criminel romantique, l’œuvre de Balzac refuse de recourir à la figure du brigand type et prend ironiquement ses distances avec ses déclinaisons attendues. Moins redresseur de tort que soucieux de parvenir, le brigand chez Balzac est un prisme à travers lequel lire les traumatismes de l’histoire récente, les mutations de la société, ses composantes, mais il est aussi une occasion de réfléchir sur les pouvoirs gnoséologiques du roman.
Émilie Pézard, « Modèles gothiques et valeurs du brigand dans les romans d’Argow »
En accordant une place centrale au brigandage, à travers la figure d’Argow, Le Vicaire des Ardennes (1822) et Annette et le Criminel (1824) s’inscrivent pleinement dans la tradition du romantisme noir. Cet article vise à étudier le jeu de variations qu’opère Balzac sur ses modèles gothiques ainsi que ses implications axiologiques, qui dérivent de la signification politique donnée au crime et des qualités morales qui président à ce dernier.
Patrizia Oppici, « Le bandit et le bourreau. Croisements dans l’imaginaire balzacien »
Le couple formé par le criminel et le bourreau semble profondément enraciné dans l’imaginaire balzacien dès les romans de jeunesse. On y trouve déjà une réflexion sur la violence et le sentiment de culpabilité qui prend une forme éthique dans la tentative de réparer la faute : l’héritage du xviiie siècle s’y modifie à la lumière d’un sentiment religieux. L’article retrace les sources possibles de ce binôme fondateur de l’imaginaire balzacien.
258Xavier Bourdenet, « Guerre, révolution, brigandage dans Les Chouans »
On étudie l’assimilation du chouan au brigand dans Les Chouans. Le motif du brigand y devient un opérateur historique, romanesque et idéologique. Il sert une historicisation de la fiction par renvoi à la rhétorique politique comme à l’imagerie de la Révolution. Au-delà, il témoigne, dans le glissement du mythe romantique du brigand généreux à un ensauvagement de la figure du brigand-chouan opposée mais aussi superposée à celle du soldat républicain, d’une interrogation de Balzac sur la nature même du pouvoir.
Paule Petitier, « Brigands, Révolution, et ce qui s’ensuit »
La Comédie humaine témoigne de la recrudescence d’intérêt pour le thème des brigands pendant la première moitié du xixe siècle. Outre le développement, attesté par l’historiographie actuelle, de nombreux faits de brigandage entre 1789 et le début de l’Empire, le terme « brigand » a pris alors des acceptions socio-politiques vivaces, liées aux conflits entre les partis mais aussi, et de plus en plus au fil du xixe siècle, à l’analyse critique de la société issue de la Révolution.
Pierre Glaudes, « Balzac et la communauté du crime »
Deux logiques informent la représentation balzacienne des associations de criminels. L’une les présente comme l’envers du monde bourgeois, où s’opère maints renversements axiologiques ; l’autre, comme la réduplication anomique de cette société. Balzac fait jouer cette tension au niveau de la bande, comme dans la forme minimale d’association : le couple de hors-la-loi homosexuels. Le monde du crime devient ainsi l’espace critique d’une réflexion sur les relations entre communauté et société.
Éléonore Reverzy, « Brigands en eau trouble. Lecture de La Rabouilleuse »
Dans les années 1840 le brigandage devient domestique. Balzac inscrit une dégradation de l’épopée qui s’abîme dans les calculs de coquins prêts à tout pour avoir des rentes ou un titre. Le comique sardonique et le rire noir qui s’imposeront dans Le Cousin Pons sont déjà dans La Rabouilleuse au service d’un discours sur la dégradation des valeurs, rendue plus sensible par le souvenir des conquêtes napoléoniennes.
259Vincent Bierce, « “Un si grand trouble dans les rouages de la machine”. Imaginaire balzacien de la bande et pensée de l’histoire »
Cette communication propose d’envisager l’organisation des sociétés secrètes de La Comédie humaine à partir de l’imaginaire de la bande et de montrer comment Balzac le reconfigure dans son œuvre. Il offre en effet à Balzac un modèle de représentation pour penser l’histoire qui lui permet de donner accès à l’intelligibilité du monde social et d’analyser l’essence d’une réalité politique et sociale devenue difficile à saisir.
Christèle Couleau, « “La Bourse ou la vie”. Des brigands en col blanc »
Balzac fait une large place, dans ses récits, au brigandage financier : banquiers, spéculateurs, hommes de paille, qu’ils aient pignon sur rue ou s’organisent en bandes secrètes, mettent à profit le système monétaire défaillant comme les nouvelles voies ouvertes par le capitalisme naissant. Ils déploient, à tous les niveaux de la société, un imaginaire du vol, de la sauvagerie, et travaillent profondément la manière de raconter des histoires, dévoilant le brigand qui sommeille en tout narrateur.
Agnese Silvestri, « Le brigand aux champs. Miroitements d’un imaginaire »
Cet article étudie les modifications morphologiques du recours à l’imaginaire du brigandage dans la représentation des populations rurales et tout particulièrement de leur déviance. Des Chouans au Médecin de campagne, du Curé de village aux Paysans, Balzac se sert de cet imaginaire pour exprimer des craintes sociales anciennes, pour dessiner une récupération de la délinquance rurale, pour contribuer à la construction culturelle de l’idée d’une classe criminelle.
Giulio Tatasciore, « Du maquis au bagne (et retour). Le “fameux héros des vendette corses” »
La figure pittoresque de Théodore Calvi, dit Madeleine, bagnard et compagnon de chaînes de Vautrin, joue un rôle majeur dans l’intrigue de Splendeurs et misères des courtisanes. Ce personnage ambigu vivifie un type proverbial dans la taxonomie criminelle et littéraire au xixe siècle. Ainsi, l’imaginaire balzacien du bandit d’honneur de la Corse renvoie-t-il à l’élaboration de stéréotypes régionaux et, en même temps, relève de la caractérisation multiple de l’univers pénitentiaire.
260Jean-Claude Yon, « Les Brigands d’Offenbach (1869). Parodie et satire sociale »
Créé en 1869, Les Brigands, opéra-bouffe en trois actes d’Offenbach, Meilhac et Halévy, est la parodie des opéras-comiques mettant en scène des brigands, très en vogue tout au long du xixe siècle. Offenbach, faisant écho à Balzac, y démontre que le brigandage est le moteur même du fonctionnement social : ainsi que l’affirme le chef de brigands Falsacappa, « il faut voler selon la place que l’on occupe dans la société ». La satire offenbachienne atteint ici une force exceptionnelle et intemporelle.
Judith Lyon-Caen etBoris Lyon-Caen, « Balzac en noir. Histoire d’une lecture (années 1930 – années 1950) »
Cet article porte sur l’histoire de la réédition de la Comédie humaine par Maurice Bardèche,chez André Martel, entre 1947 et 1951 etsur les usages collaborationnistes de Balzac sous l’Occupation.Ses trente préfaces dessinent une actualisation trouble de l’œuvre balzacienne, plongée dans les ténèbres de l’histoire la plus récente. La figure du brigand s’y trouve réfléchie et brouillée dans la personne du résistant, transformé en vainqueur et en futur épurateur.
- Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
- ISBN : 978-2-406-15196-8
- EAN : 9782406151968
- ISSN : 2261-1851
- DOI : 10.48611/isbn.978-2-406-15196-8.p.0257
- Éditeur : Classiques Garnier
- Mise en ligne : 08/11/2023
- Langue : Français