Résumés et présentations des auteurs
- Publication type: Article from a collective work
- Collective work: Assia Djebar et la transgression des limites linguistiques, littéraires et culturelles
- Pages: 191 to 196
- Collection: Encounters, n° 326
- Series: Twentieth and twenty-first century literature, n° 30
Résumés et présentations
des auteurs
Mireille Calle-Gruber, « Amour en fuite : une connaissance d’un autre genre. Sur La Beauté de Joseph d’Assia Djebar »
Mireille Calle-Gruber est professeure à l’université Sorbonne nouvelle – Paris 3 et écrivaine. Ses domaines de recherches sont la théorie du roman et de l’esthétique. Étudiant des auteurs contemporains comme Michel Butor, Assia Djebar, Marguerite Duras, Pascal Quignard et Claude Simon, elle a publié Claude Simon. Une vie à écrire (Paris, 2011) ou Marguerite Duras, la noblesse de la banalité (Saint-Vincent de Mercuze, 2014).
Cet article une lecture de La Beauté de Joseph afin de considérer à l’œuvre l’étonnant processus d’interprétation d’Assia Djebar et d’analyser comment c’est l’orchestration poétique de plusieurs récits, de langues et de cultures différentes qui donne naissance à une révélation de la parole critique. La contribution montre aussi en quoi l’écriture d’Assia Djebar parvient à faire sentir le goût des mots des autres et, par eux, le goût de soi et la grâce de la connaissance d’aimer.
Reading Assia Djebar’s La Beauté de Joseph, this paper considers how the writer is reinterpreting the legend of Joseph and Putiphar’s wife. The musical sense is breaking the frontiers of hermeneutics.
Françoise Lionnet, Maya Boutaghou, « Le Blanc de l’Algérie. Assia Djebar “devant la douleur des autres” »
Françoise Lionnet enseigne les littératures francophones et comparées ainsi que les études africaines et africaines-américaines à Harvard. Elle est aussi Distinguished Professor à l’université de Californie, Los Angeles. Elle a publié Le Su et l’incertain. Cosmopolitiques créoles de l’océan Indien (Île Maurice, 2014) et Écritures féminines et dialogues critiques : subjectivité, genre et ironie (Île Maurice, 2014).
Maya Boutaghou est Assistant Professor à l’université de Virginie. Elle est l’auteure d’Occidentalismes, Romans historiques postcoloniaux et identités nationales (Paris, 1922016) qui propose une approche comparatiste originale pour l’étude des littératures postcoloniales au xixe siècle, et l’éditeur du numéro spécial de l’Esprit créateur sur l’héritage international de la guerre d’indépendance algérienne (Baltimore, 2014).
Dans cette analyse de la façon dont Djebar cerne la représentation de la « douleur des autres », le propos porte tour à tour sur l’esthétique de sa prose poétique, sur sa façon de traduire la solidité du réel et enfin, sur l’ébauche d’une historiographie critique et non politique de la littérature algérienne. L’article souligne son art de la transmission transgressive qui emmêle joie et tristesse, ces facteurs indispensables de cohésion sociale et nationale, par-delà toute bassesse politique.
This analysis of Djebar’s representation of the “pain of others” focuses on: her aesthetics; her poetic translation of the materiality of the real; and her effort to develop a probing rather than political historiography of Algerian literature. This work stresses her art of transgressive transmission in which the entangled emotions of joy and sadness are the indispensable factors of social and national cohesion beyond the depravity of politics.
Wolfgang Asholt, « Une esthétique “en marge”. L’entre-deux langues d’Assia Djebar »
Wolfgang Asholt est Honorarprofessor à l’université Humboldt de Berlin et professeur émérite de littératures romanes à Osnabrück. Il a publié des ouvrages sur les avant-gardes européennes, les littératures du xixe et xxe siècle et l’extrême contemporain, tels que : Franz Kafka (Paris, 2014) ou Avantgarde und Modernismus. Dezentrierung, Subversion und Transformation im literarisch-künstlerischen Feld (Berlin, 2014).
Assia Djebar ne cesse d’aborder la question de la langue ou des langues, d’un entre-deux-langues jusqu’à une tétralogie. Les relations multiples entre ces langues sont complexifiées par le fait que leurs « qualités » varient d’une œuvre à l’autre. Analyse des modèles qui résultent de ce plurilinguisme et qui sont à la base de l’œuvre d’Assia Djebar.
Assia Djebar deals continuously with the question of her languages, from a between-two-languages to a tetralogy. The multiple relations between these languages are complicated because their qualities modify continuously. Analysis of the models that result from this multilingualism, which is at the basis of the work of Assia Djebar.
193Lise Gauvin, « Entre désir et mémoire. Le métadiscours sur l’écriture dans l’œuvre de Djebar »
Lise Gauvin est professeure émérite à l’université de Montréal. Essayiste et nouvelliste, elle a publié : Langagement. L’écrivain et la langue au Québec (Montréal, 2000), Aventuriers et sédentaires. Parcours du roman québécois (Paris, 2012) et La Fabrique de la langue (Paris, 2004) qui a reçu une mention spéciale du jury du Grand prix de la critique. Elle a été présidente de l’Académie des lettres du Québec (2008-2009).
Dans l’œuvre d’Assia Djebar, le métadiscours sur l’écriture est présent sous la forme d’une prise en charge du récit par un personnage qui s’interroge sur le « pourquoi écrire » et se dédouble en plusieurs figures d’écrivains traversant aussi bien les autofictions que les romans. L’article associe les premières œuvres aux textes plus récents afin de mettre en évidence deux des thèmes récurrents dans l’œuvre de Djebar : la venue à l’écriture et l’écriture mémorielle.
In Assia Djebar’s work, there is a metadiscourse on the activity of writing where one of the characters, who is engaged in the activity of writing, takes charge of the narrative and asks “why does one write?” The character projects the personas of several writers, crossing between fictionalized autobiography and novels. The article looks at both early works and more recent works, and highlights two of the recurring themes in Djebar’s works: the factors that propel one to write and writing as an exploration of memory.
Dominique D. Fisher, « Nulle part dans la maison de mon père. Une éthique du dévoi(l)ement »
Dominique D. Fisher est professeure émérite à l’université de Caroline du Nord, à Chapel Hill. Elle a publié récemment Écrire l’urgence (Paris, 2007) et des articles sur les littératures et films du Maghreb, du Liban, et du Québec.
Nulle part dans la maison de mon père se centre sur la hochma (pudicité), l’aveu, le dévoilement, l’autobiographie et la réflexion (ijtihad) chez Assia Djebar. Cet article examine les enjeux d’une éthique du dévoi(l)ement dans le cadre de l’Algérie coloniale et d’une longue histoire d’appartenance biculturelle, dissidente et conflictuelle.
Nulle part dans la maison de mon père reveals the many facets of hochma (modesty), confession, unveiling, autobiography, and reflection (ijtihad) in Assia Djebar’s work. This article examines what is at stake with the ethics of veiling and unveiling, in colonial Algeria, and within the framework of a conflictual and dissident bi-cultural history.
194Fritz Peter Kirsch, « Silences d’Assia Djebar »
Fritz Peter Kirsch a enseigné plusieurs littératures de la Romania (littérature française, italienne, roumaine, espagnole, catalane, occitane, rhétoromane, littératures des francophonies nord-américaine, maghrébine et subsaharienne) dans le cadre de l’Institut d’études romanes de l’université de Vienne (1965-2015).
Le rôle du thème du silence, dans les textes narratifs et les films d’Assia Djebar, ne se réduit pas à celui d’une toile de fond constituée par les contraintes émanant du patriarcat et du colonialisme et servant de point de départ aux élans émancipateurs incarnés par les voix de tous les opprimés et surtout des femmes. Des ressemblances entre l’orientation d’Assia Djebar et celle de l’écrivaine franco-vietnamienne Marguerite Duras font penser à des problèmes communs aux créateurs en situation interculturelle.
Silence, in the narrations and the films of Assia Djebar is more than a background formed by patriarcal or colonial oppression and functioning as a starting point for the taking of the floor by the voices of rebels and, most of all, the voices of women. Similar impulsions can be found in the works of Marguerite Duras, novelist and film-maker situated in between France and Vietnam. Such a parallel is suggesting the existence of attitudes common to writers marked by intercultural situations.
Hervé Sanson, « Une œuvre algérienne en regard des auteurs “français”. D’avant, d’ailleurs mais jamais d’en face »
Hervé Sanson est enseignant-chercheur et membre associé à l’ITEM (Paris). Il est spécialiste des littératures francophones du Maghreb. Il a collaboré à une édition critique et génétique des Portraits d’Albert Memmi (Paris, 2015), coordonnée par Guy Dugas.
Assia Djebar a élaboré une œuvre singulière, fruit d’un entrecroisement de traditions culturelles hétérogènes, une tradition orale autochtone nourrie par la résistance à la conquête française, et une tradition écrite occidentale acquise durant sa scolarité en Algérie coloniale puis en métropole. Son œuvre comporte nombre de références à la littérature française ; cet article interroge la portée de ces citations et la valeur qu’elles revêtent dans le texte djebarien.
Assia Djebar developed a singular work, a fruit of a intertwining of heterogeneous cultural traditions, a native oral tradition fed by the resistance in the French conquest, 195and a written western acquired tradition during her schooling in colonial Algeria then in mainland France. Her work contains number of references to the French literature: this article wonders about the reach of these quotations and the value of which they dress in the text of Djebar.
Doris Ruhe, « Le Livre des Pères inachevé d’Assia Djebar »
Doris Ruhe est professeur émérite de littérature romane à l’université de Greifswald en Allemagne. Ses domaines de recherche privilégiés sont la littérature du Moyen Âge et la littérature contemporaine. Elle a publié de nombreux livres et articles sur la littérature française et francophone.
Assia Djebar a toujours fait référence à son œuvre autobiographique comme un « Quatuor algérien ». Cependant, elle n’a pu terminer son quatrième et dernier volume. Cet article tente de réunir l’information que Djebar a laissée à propos de ce projet en analysant plusieurs entrevues données entre 1985 et 2006 ainsi qu’un fragment publié de ce quatrième volume.
Assia Djebar has always referred to her autobiographical œuvre as her “Quatuor algérien”. She was not able to accomplish its fourth and last volume, though. This contribution tries to put together the information Djebar has left about this project drawing on several interviews she gave over the course of two decades, between 1985 and 2006, and to the only fragment of the fourth volume published to date.
Jane Hiddleston, « “Celle qui dit non”. Le colonialisme, l’Islam et la résistance féminine chez Assia Djebar »
Jane Hiddleston est professeure des littératures en français à l’université d’Oxford. Elle a publié plusieurs ouvrages sur la littérature francophone et la théorie postcoloniale, notamment : Assia Djebar: Out of Algeria (Liverpool, 2006), Poststructuralism and Postcoloniality (Liverpool, 2010), Decolonising the Intellectual: Politics, Culture, and Humanism at the End of the French Empire (Liverpool, 2014).
De nombreux critiques ont identifié une tendance chez les féministes européennes à imposer aux femmes de cultures différentes des modèles de la subjectivité féminine issus de la culture occidentale. Cet article analyse la résistance féminine dans les œuvres d’Assia Djebar à travers deux personnages issus du monde islamique, comme exemples de modèles alternatifs.
196European feminist thinkers have often been criticised for grafting home-grown models of feminine subjectivity onto women of different cultures. This article explores feminine resistance in the work of Assia Djebar through two figures emerging from her Islamic cultural heritage, which serve as examples of alternative to those imposed by European thought.
Małgorzata Sokołowicz, « “L’héritage qui m’encombre…”. L’esthétique rhizomorphe dans L’Amour, la fantasia »
Małgorzata Sokołowicz, maître de conférences à l’Institut d’études romanes (Université de Varsovie), est l’auteur du livre La Catégorie du héros romantique dans la poésie française et polonaise au xixe siècle (Varsovie, 2015) et de nombreux articles sur les relations entre la littérature et l’art, l’orientalisme et les questions identitaires.
Le présent article inscrit L’Amour, la fantasia dans l’esthétique rhizomorphe, c’est-à-dire essaie de prouver que la catégorie du rhizome décrit bien les notions-clés de la réalité postcoloniale (l’identité, la langue, l’histoire et la mémoire) ainsi que la structure du roman. En rendant bien la complexité de cette réalité, elle aide, paradoxalement, à s’y retrouver.
The present paper joins Fantasia: An Algerian Cavalcade to rhizomorphic aesthetics and tries to prove that the category of rhizome describes well the key-notions of postcolonial reality (identity, language, history and memory) and the structure of the novel itself. By perfectly rendering the complexity of this reality, it helps, paradoxically, to get one’s bearings.
- CLIL theme: 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
- ISBN: 978-2-406-07385-7
- EAN: 9782406073857
- ISSN: 2261-1851
- DOI: 10.15122/isbn.978-2-406-07385-7.p.0191
- Publisher: Classiques Garnier
- Online publication: 11-17-2017
- Language: French