Résumés
- Publication type: Article from a collective work
- Collective work: Arts de poésie et traités du vers français (fin xvie-xviie siècles). Langue, poème, société
- Pages: 415 to 419
- Collection: Encounters, n° 370
- Series: The classical century, n° 9
Résumés
Jean-Charles Monferran, « Éléments pour une histoire de la “poétique restreinte” (France, xvie-xviie siècles). (Seconde) rhétorisation et décentralisation »
L’article s’intéresse à différents traités de versification du xviie siècle. Il cherche notamment à montrer que, loin de se cantonner à la fin du Moyen Âge, la tradition de la seconde rhétorique persiste, de façon vivante et au gré d’aménagements divers, tout au long des xvie et xviie siècles, et qu’elle reste inséparable des lieux et des contextes socioculturels liés aux concours de poésie. Aussi plaide-t-il pour une prise en compte accrue dans l’approche des poétiques de leurs spécificités locales et régionales.
Nadia Cernogora, « Arts poétiques en transition. L’exemple de L’Art poetique françois (1605) de Jean Vauquelin de La Fresnaye »
L’Art poetique françois de Vauquelin de La Fresnaye occupe une place singulière dans le paysage des arts poétiques du début du xviie siècle. Véritable traité de transition entre xvie et xviie siècles, encore imprégné des modèles de ses prédécesseurs et d’Horace, cet art poétique versifié atypique renouvelle pourtant le genre : s’il en conserve la visée pédagogique et spéculative, il innove par sa référence à Aristote, sa tentative d’archéologie des lettres françaises, ou encore son fort ancrage régional et subjectif.
Nicolas Lombart, « L’ancien et le nouveau selon Pierre de Deimier »
Le discours sur l’ancien et le nouveau de Deimier diffère de celui des arts poétiques renaissants. Dans L’Académie de l’art poëtique (1610), le renouvellement de l’antique disparaît au profit d’une « observation » des « vieux » poètes fondée sur la raison : l’ancien et le nouveau sont réévalués à l’aune de catégories comme celles de la « coutume » ou du « patrimoine ». Face au règne dérégulé de la « nouveauté » s’impose une vision de l’histoire de la poésie française fondée sur un « progrès » naturel.
416Isabelle Luciani, « Domestiquer la poétique ? Les Discours manuscrits de Nicolas Bergier (fin xvie – début xviie siècle) »
Les manuscrits sur la poésie que Nicolas Bergier, avocat rémois du début du xviie siècle, destine à sa belle-sœur, attestent la socialisation de cet art, support de pratiques mondaines, et une mise en valeur de sa figure d’humaniste. Mais ils témoignent aussi d’une appropriation des arts poétiques, notamment du livre I des Poetices libri septem de Scaliger, dont la traduction partielle reconfigure la poétique dans une approche génétique liant l’origine de la poésie à la nature de l’homme.
Michel Magnien, « Scaliger et Colletet théoriciens de l’épigramme »
Aucun traité sur l’épigramme ne semble avoir vu le jour durant l’Antiquité, et il faudra attendre Colletet pour en voir un publié en français. Pour montrer son importance, sera d’abord présenté le premier traité jamais publié à ce sujet, l’Explicatio de Robortello (1548). Puis on verra si Scaliger a raison de prétendre se démarquer de ses prédécesseurs. On passera enfin d’une réflexion en latin (pour raisons pédagogiques) à ce premier traité vernaculaire sur la plus petite des formes poétiques – non la moins stimulante.
Pascal Debailly, « La théorie de la satire dans les traités de poétique au xviie siècle »
La satire classique en vers, forme d’expression romaine, est inventée comme genre à la Renaissance, dans les traités en latin, puis dans les poétiques en langue vernaculaire. En dépit des apparences, elle est un genre en voie d’extinction au xviie siècle, avant d’être discréditée au xviiie. Bien qu’elle ait trouvé sa place dans les arts poétiques, elle apparaît comme une pratique d’écriture problématique et indigne d’un honnête homme, puis d’un philosophe des Lumières.
Gilles Couffignal, « La question des dialectalismes et la définition de la langue chez Pierre Laudun d’Aigaliers et Pierre de Deimier »
À partir des exemples de Peletier du Mans, Laudun d’Aigaliers et Pierre de Deimier, l’article pose la question de la fonction de la réflexion sur la diversité linguistique dans le discours poéticien. Son hypothèse est que, au-delà 417de l’acceptation ou du refus du dialectalisme, c’est l’imaginaire linguistique construit par les arts poétiques qui change entre le xvie siècle et le début du xviie siècle.
Anne-Pascale Pouey-Mounou, « Les démêlés de l’épithète et de la rime dans les arts poétiques des xvie et xviie siècles »
L’article étudie le passage progressif des poétiques de l’épithète au primat de la rime et à la grammaticalisation, à travers le traitement de l’épithète dans les traités poétiques des xvie et xviie siècles. Il analyse ainsi la reformulation des préceptes de la Pléiade, la critique de la « macrologie » bartasienne, la soumission grammaticale de l’épithète aux règles métriques, et la contestation de la tyrannie exercée par la rime, voire son détournement satirique selon une exploitation nouvelle des ressources de l’épithète.
Sophie Tonolo, « Poésie et détermination de la langue chez Richelet. Étude de l’influence de La Versification françoise sur le Dictionnaire à travers les exemples poétiques »
D’abord théoricien de la rime et du vers dans La Versification françoise, Richelet devient lexicographe et établit des passerelles entre poétique et linguistique. Cet article souhaite considérer la part de travail poétique qui anime le Dictionnaire françois. En matière de singulier et de pluriel, de distinction des sens propres et figurés, de néologie et même de fixation de l’usage, les états poétiques que Richelet a repérés dans La Versification n’ont-ils pu influencer sa vision de la langue ?
Yves Charles Morin, « Le Gaygnard et la phonétique de la rime au Poitou à la fin du xvie siècle »
Le Promptuaire d’unisons, ou dictionnaire des rimes, de Pierre Le Gaygnard, rédigé quelques années avant 1572, offre un témoignage unique de l’appropriation par les élites de province des schèmes constitutifs (organisation syllabique et rimique) de la poésie en usage à la Cour. Le poète de province s’appuie sur une longue tradition des « métaplasmes » ou « figures » de la métrique classique pour légitimer les écarts de prononciation entre son propre usage du français et celui de ses modèles.
418Dominique Billy, « Théorie et pratique de la rime normande aux xvie et xviie siècles. Ce que nous apprennent les arts poétiques et les théoriciens de la rime »
Les critiques unanimes de la rime dite normande, également dénoncée par les grammairiens, influençant Boileau lui-même, témoignent d’un hiatus entre la lecture des vers par le public lettré ordinaire et la langue des poètes, diffusée par les acteurs et reproduite par un public cultivé dont les pratiques conservatrices et affectées passaient pour un vice aux yeux des premiers. Seul Mourgues a pu se montrer conscient de ce hiatus dans la seconde édition de son traité.
Sabine Biedma, « De L’Escole des Muses (1652) à L’Art poëtique (1658) de Guillaume Colletet »
Quel intérêt pour Colletet de publier coup sur coup L’Escole des Muses (1652), bref traité du vers et des genres, et L’Art poëtique (1658), qui contient des traités génériques diffusés dès 1653 ? Si l’un pourrait passer pour un approfondissement de l’autre, des divergences suggèrent que leur auteur diffère. L’écart entre les deux approches, technique ou historico-philosophique, marque l’apport de Colletet au genre de l’art poétique en termes de poétique, politique, éthique et surtout critique.
Emmanuel Bury, « L’Art poétique de Boileau, entre mémoire savante et artisanat du vers »
L’Art poétique de Boileau est-il un recueil de préceptes ou une œuvre poétique en soi qui illustrerait l’art du poète lui-même ? Cet ouvrage se situe aux confins de la tradition savante de l’humanisme et de la critique mondaine des années 1650 ; son attention au travail concret sur la langue le place dans la lignée de Malherbe (commentateur de Desportes) et des « remarqueurs », affirmant que la réussite repose sur l’association du souci poétique à la pensée vivante de la langue française.
Delphine Reguig, « L’Art poétique de Boileau, une œuvre en recueil »
L’œuvre poétique de Boileau exprime une volonté de puissance qui pouvait aisément se confondre avec une volonté de codification normative. Or au 419sein de cet ensemble qui réunit les Satires et la traduction du Traité du sublime, L’Art poétique poursuit l’œuvre critique empirique des Satires et annonce ce que le Traité du Sublime défend comme une vérité : le fait que la grandeur poétique ne s’identifie pas à un style mais se reconnaît immanquablement à un effet sur un lecteur.
Alain Génetiot, « Boileau et la mondanisation de l’art poétique sous Louis XIV »
Sous Louis XIV les arts poétiques se transforment, de traités scolaires, en textes critiques destinés aux honnêtes gens soucieux de goûter la poésie contemporaine. Boileau et Phérotée de La Croix font l’histoire de la poésie française et assument une fonction d’évaluation à partir d’une anthologie d’exemples. Mais Boileau propose de surcroît une poétique en acte qui hiérarchise le champ littéraire du classicisme et transfigure ce genre didactique impersonnel en poème lyrique personnel.
- CLIL theme: 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
- ISBN: 978-2-406-06651-4
- EAN: 9782406066514
- ISSN: 2261-1851
- DOI: 10.15122/isbn.978-2-406-06651-4.p.0415
- Publisher: Classiques Garnier
- Online publication: 02-19-2019
- Language: French