Résumés
- Publication type: Article from a collective work
- Collective work: Anthropologies philosophiques allemandes. De Johann Friedrich Herbart à Helmuth Plessner
- Pages: 253 to 256
- Collection: Constitution of Modernity, n° 37
Résumés
Pierre-François Moreau et Charlotte Morel, « Introduction »
À la différence de la France, l’Allemagne a développé explicitement depuis deux siècles des travaux d’anthropologie philosophique. Relations avec d’autres disciplines, définition de l’homme, différences entre les humains, rapports à la politique : autant de thématiques qui ont marqué les doctrines et les ont différenciées entre elles.
Jean-François Goubet, « Pour une connaissance de l’homme qui ne soit pas anthropologique. La prise en compte par Herbart de l’histoire culturelle de l’humanité »
La connaissance de l’homme n’est pas anthropologique chez Herbart. Il manque à l’anthropologie, en plus d’être profonde, de prendre en considération les animaux supérieurs et les peuples non-européens. Herbart répète à l’envi qu’une psychologie individuelle doit être complétée et rectifiée par ce que nous apprend l’histoire du genre humain. Il n’est pas pour autant un précurseur des sciences de la culture mais bien un philosophe soucieux de donner à sa psychologie une assise scientifique solide.
Anne Durand, « Anthropologie et critique de la religion chez Feuerbach »
Le projet de Feuerbach rompt avec la philosophie spéculative de son temps. Il consiste à faire apparaître l’essence authentique de la conscience religieuse, c’est-à-dire sa vérité anthropologique. Elle renvoie au rapport de l’individu, limité dans ses caractères spécifiques, à l’essence humaine, qui les contient de façon parfaite, et que l’on projette dans l’être divin.
254Charlotte Morel, « Un sens moderne de la métaphore anthropologique du microcosme. Le Mikrokosmos de Lotze »
L’article détaille d’abord l’arrière-plan historique de la métaphore du « microcosme » sur laquelle capitalise Lotze pour lui confier les visées neuves de son anthropologie : construire un contre-modèle à l’anthropologie matérialiste, mais aussi déterminer la figure propre de son idéalisme comme idéalisme de la signification. Avec ce fil directeur on montre comment se voit aussi réactualisée l’anthropologie de Kant, apparaissant comme croisée avec son « idée cosmologique ».
Pierre-François Moreau, « L’anthropologie du Capital »
Il n’y a pas d’anthropologie chez Marx au sens où l’on pourrait déduire de la nature humaine l’histoire des sociétés et la possibilité de l’émancipation. Il existe cependant une anthropologie critique analysant les conditions durables de l’histoire : d’une part l’animalité physiologique de l’homme, d’autre part les briques de la socialité, que les différents modes de production et formations sociales réorganisent à chaque fois diversement.
Michel Espagne, « Theodor Waitz. L’itinéraire d’un philosophe anthropologue »
Waitz est une figure peu connue de ce que serait une histoire alternative de la philosophie au xixe siècle, innervant d’autres sciences humaines. Philologue, son œuvre majeure est pourtant l’Anthropologie der Naturvölker (1859-1872), dont le fil directeur est une psychologie collective des représentations de l’homme naturel. À même la diversité des composantes ethniques, établie par des sources attentivement soumises à la critique, Waitz s’efforce de démontrer une unité de la civilisation humaine.
Olivier Agard, « L’anthropologie philosophique de Max Scheler »
On retrace ici la genèse et l’évolution de l’anthropologie philosophique de Scheler. Le jeune Scheler élabore dans le sillage d’Eucken une philosophie de l’esprit comportant aussi une dimension anthropologique. C’est l’intérêt pour la philosophie de la vie qui le conduit à évoluer vers une forme de phénoménologie, où la réflexion anthropologique est également présente. Ce n’est qu’après 1925 qu’elle passe au premier plan, Scheler insistant alors sur la complémentarité entre l’esprit et la vie.
255Guillaume Fiedler-Plas, « Erich Rothacker. L’anthropologie philosophique comme anthropologie culturelle »
Pour Rothacker l’écart entre être humain et animal n’est pas saut qualitatif : l’être humain est tout aussi déterminé par sa culture que l’animal par son monde environnant. L’anthropologie n’est dès lors envisageable que comme anthropologie culturelle, empirique, non déductive. De ce principe anti-universaliste découlent à la fois le risque d’une proximité idéologique avec la pensée raciale (néanmoins rejetée par l’auteur du fait de son matérialisme) et une paradoxale modernité de son œuvre.
Gérard Raulet, « Le pouvoir mimétique. Le matérialisme anthropologique comme stratégie politique »
L’anthropologie sous-jacente à la pensée de Benjamin y joue un rôle clef entre théorie de la connaissance, philosophie du langage et de l’histoire. Elle relativise la surinterprétation de la théologie, accordant au mimétisme une portée matérialiste ; elle transforme l’expérience allégorique du livre sur le drame baroque en capacité sociologique à connaître les choses elles-mêmes sous leur aspect réifié en forme marchandise ; politiquement elle constitue le ressort de la barbarie positive.
Gerald Hartung, « Ernst Cassirer, Helmut Plessner. De la perception de la forme à la question de l’anthropologie »
Par le concept de prégnance symbolique, Cassirer fait de la perception des formes un problème anthropologique en soi. Des horizons de signification structurent l’appréhension sensible, ce que l’article confronte à la genèse de la « psychologie de la forme ». Pour Plessner aussi la notion intégrative de forme est porteuse de sens – cette fois dans un cadre vitaliste. La comparaison des deux auteurs quant à la perception montre le noyau commun à même la divergence du cadre philosophique global.
Christian Berner, « Vers une anthropologie désanthropologisée. Karl Löwith et la question de l’homme et du monde »
L’article montre comment Karl Löwith a tout d’abord, avec et contre Heidegger, développé une anthropologie philosophique à visée éthique ; puis, 256à partir de la critique de l’existence historique et de l’anthropocentrisme, comment l’être humain doit être compris dans un monde qui n’est pas celui de l’être humain, mais une nature où les choses sont simplement comme elles sont. C’est en se libérant de l’humain que s’ouvre pour Löwith la perspective d’une anthropologie désanthropologisée.
Marc de Launay, « Leo Strauss, le secret d’Europe »
Leo Strauss tente de cerner le moteur propre de la dynamique essentielle qu’il assigne à ce qu’il désigne comme l’Europe. Il s’agit d’une anthropologie culturelle fondée sur un conflit irréductible entre « Jérusalem » et « Athènes », autrement dit, entre deux conceptions du monde, la première reposant sur l’obéissance à une loi révélée, la seconde sur la philosophie qui, à ses yeux, est en même temps le prolongement perpétué du platonisme.
Christian Sommer, « Un article français de Plessner en 1958 »
Dans ce texte de 1958, Plessner s’attache à l’historique du terme « anthropologie », à sa délimitation par rapport à l’existentialisme et à l’historicisme, et précise les tâches d’une anthropologie à proprement parler philosophique. Plessner y résume son apport propre et le situe dans la généalogie historique de l’anthropologie, au moment où il va publier La nation retardataire et revient sur le paradigme des Degrés de l’organique de 1928.
- CLIL theme: 4127 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Philosophie -- Philosophie éthique et politique
- ISBN: 978-2-406-14274-4
- EAN: 9782406142744
- ISSN: 2494-7407
- DOI: 10.48611/isbn.978-2-406-14274-4.p.0253
- Publisher: Classiques Garnier
- Online publication: 02-22-2023
- Language: French