![André Suarès en pleine lumière - [Introduction]](https://classiques-garnier.com/images/Vignette/YaeMS01b.png)
[Introduction]
- Type de publication : Chapitre d’ouvrage
- Ouvrage : André Suarès en pleine lumière
- Pages : 325 à 326
- Collection : Études de littérature des xxe et xxie siècles, n° 109
On réduit souvent l’œuvre de Suarès à ses textes critiques, à ses livres de pensées, à ses essais et à ses portraits, à ses évocations de terres aimées – et l’on oublie qu’en marge de cette abondante œuvre en prose existe une œuvre poétique non négligeable. De 1890 à sa mort, Suarès n’a en effet pas cessé d’écrire des poèmes et de constituer des recueils. Une dizaine ont paru ; trente autres ont été mis en chantier et parfois menés à terme, sans pour autant connaître de publication. De son vivant, seul Gabriel Bounoure semble s’être intéressé à cette dimension de son œuvre, qui revêtait pourtant une si grande importance aux yeux de l’écrivain1.
Il revenait à Yves-Alain Favre, fervent amoureux du genre poétique, de consacrer une part importante de ses travaux à l’édition et au commentaire des œuvres poétiques de Suarès. Dès 1970, il consacre un gros article à Bouclier du Zodiaque ; deux ans plus tard, un petit volume chez Minard réunit trois études consacrées tour à tour au Jardin mystique, à Rêves de l’ombre et à Rosalinde sur l’eau. Dans le numéro consacré au symbolisme de Suarès, son article consacré à la « musique du mot chez Suarès » dessine une évolution depuis les premiers recueils, inédits (les sonates de Psyché martyre, Lylian) jusqu’à Lais et Sônes, en passant par le petit recueil Poèmes de la brume. Ces études successives, qui précèdent la soutenance de sa thèse, débouchent, après celle-ci, sur une synthèse importante (« Suarès et la création poétique ») puis sur une longue série de publications d’inédits : des recueils chez Rougerie ou chez Minard (Antiennes du Paraclet, Caprices, Talismans d’Avila), des poèmes isolés ou des extraits de recueils en revue2. À cela s’ajoute la constitution d’un recueil d’extraits tirés des carnets, qui, sous le titre de Poétique, donne à lire la pensée de Suarès sur le genre poétique.
Très tôt, Yves-Alain Favre a dit son désir d’examiner de façon systématique les recueils de Suarès, et de publier tout ce qui pouvait l’être : si l’ampleur de la tâche ne lui a pas permis d’aller au bout de son intention, 326ses travaux ont néanmoins pu mettre en lumière cette part négligée de l’œuvre de l’écrivain, et d’exhumer un certain nombre de textes importants. Quelques chercheurs ont pris son relais : Michel Drouin, auteur d’un grand et bel article sur le rapport de Suarès à la poésie japonaise3 ; Dominique Millet-Gérard, à laquelle on doit une analyse précise des Antiennes du Paraclet et une approche comparée du haïku chez Claudel et Suarès4 ; par ailleurs, Frédéric Gagneux et nous-même avons édité, dans nos thèses et les volumes d’inédits associés, plusieurs recueils de jeunesse et commenté différentes œuvres poétiques à la lumière de nos problématiques respectives : le symbolisme wagnérien dans un cas, l’inspiration antique dans l’autre5.
Le gisement reste ouvert à de nouvelles explorations. Divers projets plus ou moins aboutis, dont les ébauches sommeillent encore à la Bibliothèque littéraire Jacques Doucet, mériteraient d’être édités. Des recueils publiés par Suarès, pourraient faire l’objet d’études approfondies – pensons notamment aux recueils illustrés soit par Jou (Amour), soit par Bourdelle (Poème du temps qui meurt), soit par Beltrand (Rosalinde sur l’eau) – sans oublier Gustave Fayet (qui devait illustrer les poèmes japonais de Suarès). Par ailleurs, il n’existe pas encore d’étude consacrée à « Suarès lecteur de poésie » : il n’y eut pourtant pas amateur plus sensible que lui de poésie universelle.
Antoine de Rosny
1 Gabriel Bounoure, « Haï-Kaï d’Occident, Soleil de jade, par André Suarès », La Nouvelle Revue française, no 189, 1er juin 1929, p. 866-875 (repris dans Marelles sur le parvis, Paris, Plon, 1958, p. 104-114) ; « Rêves de l’ombre, par André Suarès », La Nouvelle Revue française, no 288, 1er septembre 1937, p. 500-504.
2 Textes non repris ici. Cf. la bibliographie des travaux suarésiens en fin de volume.
3 Drouin 2007.
4 Millet-Gérard 2011 et 2017.
5 Voir notre article « La poésie d’André Suarès : une quête protéique » (Revue européenne de poésie, Paris, Classiques Garnier, 2022), où nous faisons le point sur tous ces travaux.
- Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
- ISBN : 978-2-406-12847-2
- EAN : 9782406128472
- ISSN : 2260-7498
- DOI : 10.48611/isbn.978-2-406-12847-2.p.0325
- Éditeur : Classiques Garnier
- Mise en ligne : 30/03/2022
- Langue : Français