Présentation
- Publication type: Article from a collective work
- Collective work: Ainsi passe le texte. Mélanges en hommage à Madeleine Jeay
- Authors: Duché (Véronique), Tran-Gervat (Yen-Maï), Maher (Daniel)
- Pages: 7 to 9
- Collection: Encounters, n° 360
- Series: Medieval civilization, n° 33
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Présentation
Ces Mélanges s’inscrivent sous le signe de la collégialité et du partage. Les collègues et amis de Madeleine Jeay ont tenu à rendre hommage à ses travaux ainsi qu’à ses talents de chercheuse et de pédagogue. Si l’essentiel de la carrière de Madeleine Jeay s’est déroulée à McMaster University, sa réputation a rapidement franchi les frontières du Canada.
Constamment en éveil et sur la brèche, Madeleine a beaucoup écrit. La liste de ses publications fait apparaître la cohérence d’une recherche fidèle à elle-même et à ses choix initiaux, et les multiples, les incessantes curiosités d’un esprit qui s’alimente à l’héritage médiéval pour l’approfondir et en répercuter les richesses au profit des hommes et femmes de notre temps. Jalonnée par des travaux portant sur les Évangiles des Quenouilles (la première édition moderne en anglais, une édition en français, une étude détaillée), le récit bref, les femmes mystiques, Christine de Pizan, l’usage des listes et la poétique de la nomination dans la lyrique médiévale, l’activité scientifique de Madeleine Jeay a tourné tout entière autour de la littérature médiévale ; elle lui a valu une réputation internationale que suffit à attester le nombre de projets scientifiques auxquels elle a été associée. Moins évident que l’impressionnante bibliographie est le côté très humain d’une personne dont l’amabilité et la modestie sont très appréciées des collègues et amis qui l’ont rencontrée au cours des nombreux colloques et rencontres savantes auxquels elle a participé.
Les auteurs des articles réunis dans ce volume Ainsi passe le texte ont croisé le « chemin de long estude » de Madeleine Jeay : littérature médiévale explorée dans ses marges ; écriture mystique féminine ; poétiques médiévales ; récit bref ; analyse topique et études satoriennes. Tous ont été séduits par la rigueur intellectuelle et scientifique de Madeleine, ainsi que par l’originalité de son approche, que l’expression « Ainsi passe le texte », empruntée à Barthes par Madeleine dans son livre Le commerce des mots, nous a paru très bien refléter, ce qui a motivé son choix comme titre de ces Mélanges.
8Les articles suivants, classés par ordre chronologique, s’inscrivent dans la continuité des travaux de Madeleine Jeay et fraient le même chemin. Les approches restent variées, mais la littérature française et le goût pour la langue française, la notion de passage et de transmission, constitue bien le leitmotiv profond de ce volume où nombre d’études se répondent.
Une première série de textes étudie des notions d’histoire et d’historiographie. Véronique Duché étudie la place réservée aux femmes et notamment des listes de femmes vertueuses dans La Cronica cronicarum, chronique universelle couvrant la période qui va de la Création à l’année 1521. C’est l’histoire éditoriale des Évangiles des Quenouilles que retrace Kathleen Garay, des ateliers brugeois de Colard Mansion à l’échoppe toulousaine de Jacques Colomiès, en passant par les presses lyonnaises et parisiennes. S’intéressant au fameux manuscrit dit « de Guiot », Catherine Croizy-Naquet analyse la vie des Empereors de Rome composée par Calendre et traque, sous l’histoire impériale romaine, la finalité chrétienne. Serge Lusignan et David Cormier évoquent le conflit qui opposa l’Angleterre et l’Écosse au début du xive siècle et proposent une nouvelle édition d’une lettre adressée en 1307 à Édouard Ier.
Un deuxième groupe de contributeurs s’intéressent aux pratiques de traduction et de transmission. Yen-Maï Tran-Gervat parcourt les traductions du Tristram Shandy de Sterne et revient à la notion de listes, cette fois-ci avec des listes à contraintes. Monique Moser-Verrey étudie le recueil des Nouvelles espagnoles de Louis d’Ussieux et leur inscription dans la tradition médiévale de l’exemplum. Elle montre la démarche de l’auteur pour incorporer la littérature espagnole au corpus de la littérature française. C’est le personnage de Zinevra qui est au cœur de l’étude menée par Hélène Cazes, qui analyse les mutations que subit l’histoire de Sagurat en passant de Boccace à Christine de Pizan. Marta Teixeira Anacleto examine les enjeux topiques de l’écriture pastorale. De Montemayor à Urfé, Du Verdier, Préfontaine ou Lansire, elle exhibe les « déguisements » de Diane et les transgressions fictionnelles.
Un troisième groupe de chercheurs se penche sur le corps et en particulier sur le corps érotique. L’étude thématique poursuivie par Jean-Claude Mühlethaler le mène du Galenus latinus (xiie siècle) à la Condamnation de Banquet (xvie siècle) et montre comment « tousser, c’est dire ». Luca Pierdominici étudie la polyphonie à l’œuvre dans le 9premier traité de La Sale, Jehan de Saintré. Il montre que le rire, le plaisir et la surprise contribuent tous à la maîtrise du Temps dans le texte. Nancy Freeman Regalado s’intéresse au discours du corps obscène dans la parole poétique du xive siècle. Elle montre notamment l’importance des « gros » mots dans le Testament de Villon. Yasmina Foehr-Janssens scrute la parole vive dans les Cent nouvelles nouvelles et les rapports de force qui s’y dissimulent. Elle analyse tout particulièrement les passages érotiques et la rhétorique du viol.
Les deux derniers textes témoignent de l’importance dans la réflexion de Madeleine de la SATOR, société savante à laquelle elle contribue de façon très active depuis presque trente ans. Suzan Van Dijk montre de façon magistrale comment l’expérience satorienne permet de nourrir la recherche, notamment dans le domaine des écrits de femmes. Enfin Jean-Pierre Dubost se penche sur les lieux et le mouvement dans des gravures japonaises, surtout de l’époque Edo (xviie-xixe siècles) et y trouve matière à réflexion d’une rêverie toute satorienne.
« Ainsi passe le texte ». Nous espérons que ces textes donneront au lecteur l’envie de découvrir à son tour l’œuvre critique de Madeleine Jeay, et de s’en faire le passeur.
Véronique Duché,
Yen-Maï Tran-Gervat
et Daniel Maher
- CLIL theme: 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
- ISBN: 978-2-406-07364-2
- EAN: 9782406073642
- ISSN: 2261-1851
- DOI: 10.15122/isbn.978-2-406-07364-2.p.0007
- Publisher: Classiques Garnier
- Online publication: 09-25-2018
- Language: French