Résumés
- Type de publication : Article de collectif
- Collectif : François d’Assise, un poète dans la cité. Variations franciscaines en France (xixe-xxe siècles)
- Pages : 235 à 238
- Collection : POLEN - Pouvoirs, lettres, normes, n° 14
Résumés
Élisabeth Pinto-Mathieu, « Saint François dans la Légende dorée ou le langage épars des signes »
L’article s’attache aux particularités narratives de la Vie de saint François d’Assise dans la Légende Dorée de Jacques de Voragine. Rompant avec la chronologie détaillée des biographies, l’hagiographe fragmente sa matière et sélectionne. Il laisse de côté ce qui pouvait être à la gloire de François au profit d’épisodes dans lesquels l’homme s’anéantit pour devenir héraut de Dieu. En tendant vers le dépouillement ultime, François donne au silence du monde un langage, un sens tout divin.
Christian Sorrel, « L’écho d’une Vie. Paul Sabatier et François d’Assise »
La Vie de saint François d’Assise publiée par le pasteur Paul Sabatier en 1893 rompt avec l’hagiographie traditionnelle pour tracer le portrait d’un héros de la liberté contre l’autorité, acteur d’une révolution religieuse qui a échoué, mais qui indique à la société contemporaine la voie d’un christianisme régénéré. Véritable best-seller, le livre détermine un puissant mouvement religieux et culturel qui recompose la figure de François et en fait une figure paradoxale de la modernité.
François de Vergnette, « Des saints François d’Assise doubles d’Orphée dans la peinture symboliste »
Autour de 1900, le Poverello a passionné les artistes symbolistes, et notamment deux peintres, dont les rapports avec le catholicisme sont peu clairs. Le français Henri Martin représente saint François comme il met en scène à la même époque la figure mythologique d’Orphée, peut-être avec un esprit de dérision. Le belge Léon Frédéric montre lui le saint qui communique avec une grande variété d’animaux, également comme un nouvel Orphée. Faut-il en déduire qu’une pensée panthéiste sous-tend ses œuvres ?
236Éric Baratay, « François et les bêtes, un modèle pour la protection animale »
Réprouvé pour ses complaisances envers les bêtes par les clergés protestants puis catholiques des xviie-xviiie siècles, François d’Assise est peu à peu devenu, entre le xixe et le xxie siècle, une référence pour les milieux de la protection animale pourtant souvent détachés du christianisme, voire en opposition ouverte. À tel point que les Églises l’ont récupéré à partir des années 1970 pour créer un point de dialogue et d’accord avec les protecteurs, et montrer que le christianisme est favorable aux animaux.
Myriam White-Le Goff, « François et les animaux, dans quelques œuvres d’art des xxe et xxie siècles »
L’article part de la perception de saint François comme porteur d’interrogations post-modernes, comme sur la relation de l’homme et de l’animal, dont il est question dans des œuvres d’O. Messiaen, K. Smith, A. Kahrs et M. Boezem. Cette approche de l’héritage franciscain permet aux artistes de s’intéresser à l’articulation entre matérialité et spiritualité, à une définition de l’art comme communication pré-rationnelle. La sensibilité à l’animal de François peut être comprise comme une expérience cognitive.
Frédéric Rognon, « François d’Assise et les non-violents du xxe siècle. Les paradoxes d’une réception »
La réception de François d’Assise chez les non-violents du xxe siècle multiplie les paradoxes : quasiment absente chez les plus connus d’entre eux (Gandhi, Martin Luther King), la dimension non-violente de son témoignage s’avère mieux reconnue par les anarchistes que par les franciscains eux-mêmes. Ce constat conduit à reconsidérer la notion même de « réception », en construisant une taxinomie qui distingue les différents types d’héritages intellectuels et spirituels.
Philippe Faure, « François d’Assise et les spiritualités orientales en France au xxe siècle. Modes et enjeux d’une référence »
Cette étude analyse les modes et les enjeux de la confrontation de la figure de saint François avec les sagesses orientales chez les auteurs francophones du xxe siècle. Cette référence a contribué à ouvrir l’esprit occidental à d’autres univers religieux, à amorcer un comparatisme spirituel, et à rapprocher le christianisme 237de l’hindouisme et du bouddhisme, à la faveur de trois moments clés de l’attrait pour l’Orient : le début du siècle, les années 30-40, et les années 60-70.
Jacques Poirier, « Vers une poétique franciscaine. D’Anatole France à Jean Rouaud »
François d’Assise est un saint mais aussi un poète, qui nous a laissé les Fioretti mais surtout le Cantique des créatures – où l’art ne procède plus de la technique mais de la pureté de cœur. À la fin du xixe siècle, sur fond de littérature en crise, les écrivains ont vu là une promesse. Et jusqu’au tournant des xxe-xxie siècles, beaucoup en appelleront à François pour conjurer une littérature du négatif et renouer avec une écriture de la célébration.
Denis Labouret, « “Aux lisières du monde païen”. Le saint François de Jean Giono »
Le franciscanisme de Jean Giono, qui n’a rien de religieux, s’est d’abord nourri de l’image du père, vu comme un nouveau saint François. Incarné par certains personnages des romans, il a accompagné dans les années 1930 les idéaux pacifistes de l’auteur. Mais les valeurs portées par ce François laïcisé ne pouvaient qu’entrer en contradiction avec la représentation d’un cœur humain hanté par la violence. La référence franciscaine passera ainsi au second plan dans l’œuvre gionienne d’après-guerre.
Carole Auroy, « Frère François, de Julien Green. Le romanesque de la sainteté »
Dans Frère François, Julien Green active les éléments romanesques de la vie du saint d’Assise : thématiques du merveilleux, de l’aventure et de l’amour, dynamique affective du récit. L’éthos qui s’impose fait triompher l’idéal moral de l’exaltation des pulsions. L’écart du romanesque par rapport à la réalité empirique ne contredit pas chez l’écrivain un souci d’exactitude historique mais dénonce un sens atrophié du surnaturel et une perception déséquilibrée des relations du charnel et du spirituel.
Brigitte Poitrenaud-Lamesi, « François d’Assise en filigrane. Umberto Eco, Le Nom de la rose »
Ouvrage typiquement post-moderne, le roman d’Umberto Eco propose un éventail de niveaux de lecture. La figure du jongleur médiéval – renvoi 238implicite à François d’Assise – s’impose comme référence dans le paratexte et structure significativement le récit car cet arrière-fond franciscain rythme la progression narrative du texte. La personnalité de François d’Assise est déclinée en creux, à travers d’innombrables allusions qui forment le substrat invisible de l’œuvre et en assure la cohérence.
Béatrice Jakobs, « Les Fioretti de François d’Assise dans les arts. La réception de l’œuvre à la fin du xixe et au xxe siècle »
À la fin du xixe et au début du xxe siècle les Fioretti jouirent d’un grand succès auprès d’un public plus ou moins croyant non seulement en raison des valeurs franciscaines secondaires à savoir la vie en harmonie avec la nature et les hommes mais encore grâce à l’attitude positive du Poverello envers la mort et la souffrance. Cet article montre que c’est justement cette disposition du Saint qui a poussé par exemple les Goll, Liszt et Mirò à l’intégrer dans leurs œuvres.
Julie Deramond et Mylène Dubiau, « Entre écritures mystique et hagiographique. Mettre en musique la vie et les écrits de saint François d’Assise entre la fin du xixe et la première moitié du xxe siècle »
À la fin du xixe siècle et au début du xxe siècle, de nombreux compositeurs se penchent sur la figure de Saint François d’Assise : Gabriel Pierné, Francis Poulenc, Manuel Rosenthal et Arthur Honegger notamment. L’article étudie comment et pourquoi ces compositeurs s’intéressent à saint François, voyant tantôt en lui un personnage dramatique, tantôt le saint qu’on peut admirer et prier.
Sylvie Manuel-Barnay, « Saint François d’Assise dans l’art contemporain. La modernité médiévale de Gina Pane »
« Le Moyen Âge, à jamais, reste l’incubation ainsi que le commencement du monde moderne » écrivait Stéphane Mallarmé. La rencontre entre le Moyen Âge et l’époque contemporaine relève d’un choc qui participe d’un phénomène de « revenance » au sens où l’a défini Jean-François Hamel comme ce qui revient du passé au présent sous une forme fantomale. Gina Pane (1939-1990) offre à regarder un tel effet de mémoire, focalisé sur l’analyse de son œuvre François d’Assise aux blessures trois fois stigmatisé (1985-1987).
- Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
- ISBN : 978-2-406-07462-5
- EAN : 9782406074625
- ISSN : 2492-0150
- DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-07462-5.p.0235
- Éditeur : Classiques Garnier
- Mise en ligne : 22/09/2019
- Langue : Français