Résumés et présentations des auteur·e·s
- Type de publication : Article de collectif
- Collectif : Femmes des Lumières. Recherches en arborescences
- Pages : 381 à 393
- Collection : Rencontres, n° 309
- Série : Le dix-huitième siècle, n° 22
résumés
et Présentations des auteur·e·s
Huguette Krief, « La pratique du doute chez Bonne-Charlotte de Benouville dans Les Pensées errantes ; avec Quelques Lettres d’un Indien (1758) »
Huguette Krief est présidente du Centre aixois d’études et de recherches sur le xviiie siècle, maître de conférences émérite, docteur d’état HDR, à Aix-Marseille université. On lui doit des ouvrages et éditions critiques sur la littérature des Lumières et de la Révolution française, ainsi que le Dictionnaire des femmes des Lumières en 2 vol. (Paris, 2015) dont elle a assuré la direction avec V. André.
Bonne-Charlotte de Benouville revient dans les Pensées errantes ; avec quelques lettres d’un Indien (1758) sur la question du fidéisme pour dévoiler les apories auxquels aboutissent les théologiens. Prenant ses distances par rapport aux thèses néo-cartésiennes et aux arguments théologiques, elle évalue l’incohérence des croyances et proclame l’urgente nécessité de revoir le « salut du genre humain » porté par l’Église de Rome à tous les peuples.
Bonne-Charlotte de Benouville comes back, in Pensées errantes; avec quelques lettres d’un Indien (1758), on the question of Fideism to reveal the contradictions in which are involved the theologians. Distancing herself from the theory of neo-Cartesianism and the theological arguments she assesses the incoherence of the beliefs and proclaims the urgent necessity of having a critical look at the “salvation of humanity” for all the people which is proclaimed by the Church of Rome.
Édith Flamarion, « “L’audace d’une femme qui ose penser et même écrire”. Les Réflexions d’une Provinciale sur le Discours de M. Rousseau (1756) »
Édith Flamarion est agrégée et docteur ès lettres. Elle a été maître de conférences HDR à l’université Sorbonne nouvelle – Paris 3. Elle a procuré des ouvrages et articles sur la littérature du xviiie siècle, les références à l’Antiquité, l’idéologie et la culture jésuite, entre autres l’éd. de Belot, Réflexions d’une Provinciale sur le Discours de M. Rousseau sur l’origine de l’inégalité, 1756 (Arras, 2015).
382Les Réflexions d’une Provinciale (1756) par Octavie Belot sont une réfutation systématique du Discours sur l’origine de l’inégalité… de Rousseau. Saluée par les périodiques contemporains, cette œuvre est celle d’une femme des Lumières, qui puise chez Locke, Newton, Montesquieu ou l’Encyclopédie ses arguments. Consciente de son « audace » qui est celle d’une « femme qui ose penser », Belot met en cause les positions prises par Rousseau quant aux femmes, « le sexe qui, selon lui, devrait obéir ».
Reflections of a Provincial (1756) by Octavia Belot are a systematic refutation of the Discourse on the Origin of Inequality written by the immense public figure that was then Rousseau. Acclaimed by contemporary critics, this work is that of a woman from the Enlightenment, which takes from Locke, Newton, or the Encyclopedia arguments. Aware of her “boldness” from “a woman who dares to think”, Belot questions Rousseau’s positions towards women, “the sex, which, according to him, should obey”.
Ramona Herz-Gazeau, « Fidélia, la femme chrétienne éclairée chez Marie Leprince de Beaumont »
Ramona Herz-Gazeau est lectrice d’allemand (Office allemand d’échanges universitaires) à l’université de Caen et membre du CA de la SIEFAR. Elle a soutenu une thèse sur Les Américaines de Marie Leprince de Beaumont en 2015. Elle a publié « Marie Leprince de Beaumonts Erziehungsliteratur für Mädchen und Frauen – Philosophisches Curriculum ? », dans Kinder und Jugendliteratur der Romania (Francfort-sur-le-Main, 2014).
L’étude présente la réécriture de l’« Histoire de Fidélia » par Marie Leprince de Beaumont, publiée dans son Magasin des Adolescentes en 1760. Paru au moins en trois versions, le texte d’origine anglaise connaît une évolution intéressante au long du xviiie siècle. Tenant compte de l’itinéraire de l’histoire ainsi que des conditions de publication, l’article analyse la relation entre la philosophie, la religion et l’image de la femme que transmet le texte dans la version de Leprince de Beaumont.
This study presents the rewriting of the “History of Fidélia” by Marie Leprince de Beaumont, published in her Magasin des Adolescentes in 1760. The text of English origin goes through interesting developments during the eighteenth century. Taking into account the development of the history as well as the conditions of publication, this article analyzes the relationship between philosophy, religion and the image of woman transmitted by the text particularly in the version of Leprince de Beaumont.
383Valéry Cossy, « Vertus du désajustement. Critique et intelligibilité des Lumières selon Isabelle de Charrière »
Valérie Cossy est professeure associée en études genre à l’université de Lausanne. On lui doit des articles et livres sur les littératures française, suisse, anglaise entre fin des Lumières et xxe siècle : Jane Austen in Switzerland. A Study of the Early French Translations (Genève, 2006), Isabelle de Charrière. Écrire pour vivre autrement (Lausanne, 2012) et Alice Rivaz. Devenir romancière (Genève, 2015).
La question de l’inscription d’un sujet féminin dans le discours littéraire est inséparable, chez Charrière, des façons dont elle échappe aux normes sociales et mentales du temps. Cet article offre un aperçu du faisceau de « désajustements » à partir desquels elle s’exprime afin de comprendre comment elle défend, dans Sainte Anne (1799), l’universalité de l’entendement humain, rappelant la nécessité d’inscrire les femmes tout autant que les hommes dans la définition de l’humanité selon les Lumières.
The issue of the female subject cannot be separated from the multiple ways in which Charrière recognized and expressed herself as someone besides so many norms. This article lists the numerous ways in which Charrière was out of step in order to grasp the point of view from which, as a novelist (Sainte Anne, 1799), she articulates her own gender-informed vindication of the human mind, that women as well as men belong to humanity such as defined by the Enlightenment.
Frédéric Marty, « L’Ouvrage sur les femmes (1740) de Louise Dupin face à l’article “Femme” de l’Encyclopédie »
Frédéric Marty, agrégé de lettres modernes, a soutenu sa thèse « Rousseau, secrétaire de Mme Dupin : présentation et transcription des manuscrits de l’Ouvrage sur les femmes », à partir d’une exploration méthodique des papiers Dupin, pour la plupart inédits et dispersés dans des fonds d’archives de consultation difficile. On lui doit des articles sur Rousseau, Mme Dupin et la poésie du xviiie siècle.
Louise Dupin conçut en 1740 de défendre l’égalité entre les sexes dans un Ouvrage sur les femmes, qualifié d’« Encyclopédie du deuxième sexe », resté non publié. Cette étude compare les idées féministes développées par Dupin à l’article « Femme » (1756) de l’Encyclopédie, composé de textes du poète Desmahis et de Jaucourt. Contrairement à Desmahis, Jaucourt est partisan de l’égalité entre les sexes, Dupin apparaît plus radicale (réforme du mariage et de l’autorité conjugale).
384Louise Dupin conceived in the 1740’s a feminist book, the Ouvrage sur les femmes, considered as the « Encyclopedia of the Second Sex », and let unpublished. This study compares the feminist ideas developped by Mme Dupin with the article « Femme » (1756) for the Encyclopedia of Diderot writen by the poet Desmahis and Jaucourt. Contrary to Desmahis, Jaucourt defended gender equality. However, Dupin tends to develop more radical ideas (especially regarding marriage and marital power of the husband).
Jean-Noël Pascal, « Vous avez dit anecdotique ? De la “querelle des femmes poètes” au Mérite des femmes (ou plutôt l’inverse) »
Jean-Noël Pascal enseigne à l’université de Toulouse 2 – Le Mirail. Ses travaux concernent les correspondances, la poésie, le théâtre et l’histoire de l’enseignement entre 1680 et 1820. Président de la Société André Chénier, dont il édite les Cahiers annuels, vice-président de la Société Voltaire, il donne des feuilletons annuels aux revues Orages, littérature et culture 1760-1830 et Cahiers Voltaire.
La Révolution nourrit chez les femmes qui écrivent la conscience de former une communauté et la revendication d’exercer publiquement leurs talents. Or, dans l’establishment poétique masculin des réticences s’expriment. Le débat, qui débouche sur la prise de parole de Constance de Salm dans son Épître aux femmes, n’est pas qu’anecdotique. Cet article le réinterroge à partir, non des provocations de Le Brun dans La Décade (en 1796), mais du Mérite des Femmes, de Legouvé (en 1800), célèbre poème féministe.
The Revolution nourishes, among female writers the consciousness to form a community and the need to claim the right to practice publicly their activity. But in the male poetic Establishment the reluctances are great. The debate, which results in Epistle to the women by Constance de Salm, is more as a trivial story. This article re-questioning it, letting aside punctual provocations of Le Brun in La Décade (1796), by rereading it from the Mérite des Femmes, de Legouvé (1800), a famous feminist poem.
Éliane Viennot, « Retour sur une attribution problématique. Louise de Kéralio et les Crimes des reines de France »
Éliane Viennot est professeure de littérature à l’université Jean-Monnet – Saint-Étienne et membre de l’Institut universitaire de France. Spécialiste de Marguerite de Valois et d’autres princesses de la Renaissance, elle s’intéresse à l’histoire des relations de pouvoir entre les sexes. Cofondatrice de la SIEFAR, elle dirige deux collections aux Publications de l’université de Saint-Étienne.
385Malgré une absence de preuves patente, un bruit insistant attribue depuis deux siècles l’un des plus violents pamphlets contre la participation des femmes au pouvoir, Les Crimes des reines de France, depuis le commencement de la Monarchie jusqu’à Marie-Antoinette, à Louise de Kéralio (1758-1821). Cette historienne, éditrice, journaliste engagée dans les débats de la Révolution et finalement romancière n’a pourtant ni signé ni jamais revendiqué ce texte paru en 1791 à Paris, plusieurs fois réédité.
Despite a lack of conclusive proof, rumour has had it persistently for two centuries that one of the most violent pamphlets against female rule was authored by Louise de Kéralio. This woman historian, publisher and journalist involved in the Revolution debates, who turned novelist later in life, never actually signed nor claimed this text, published in 1791 in Paris, brought out again several times in the following years.
Adeline Gargam, « Place et engagement des femmes dans la République des Sciences au siècle des Lumières. État de la recherche en cours »
Adeline Gargam travaille sur l’histoire des idées, des représentations et l’accès des femmes aux savoirs. Elle a écrit une vingtaine d’articles, de nombreuses notices de dictionnaires et deux livres : Les Femmes savantes, lettrées et cultivées au siècle des Lumières ou la conquête d’une légitimité 1690-1804 (Paris, 2013) et avec B. Lançon : Histoire de la misogynie, de l’Antiquité à nos jours (Paris, 2013).
L’histoire des femmes de sciences constitue un champ d’études en plein essor et une grande place est accordée aux femmes de sciences du siècle des Lumières. Dans cet article, il s’agit de faire un point historiographique sur la question des femmes de sciences, de voir la place occupée par la recherche dix-huitiémiste dans les travaux actuels sur le sujet et les différents domaines d’étude sur lesquels la recherche a concentré son intérêt.
The history of women in science is a field of studies booming. For over a century, there has been a proliferation of studies on the question. In this historiography, an important place is given to women scientists of the Enlightenment. This article aims to make a historiographical point on the question of women in science, to see the place occupied by the Enlightenment in current work on the subject and the various fields of study where research has focused his interest.
386Olivier Blanc, « Entre héroïsme et démagogie, l’engagement politique des femmes. 1789-1799 »
Olivier Blanc est historien, auteur de nombreux articles et essais sur l’histoire politique de la Révolution, dont Les Espions de la Révolution et de l’Empire (Paris, 1995). Il est l’auteur de biographies dont celles d’Olympe de Gouges (Paris, 1981 et 1989) et de Michelle Sentuary, Madame de Bonneuil (1748-1829) (Paris, 1987). Il a publié les Écrits politiques d’Olympe de Gouges (Paris, 1993).
L’engagement politique des femmes de la fin du xviiie siècle est sous-estimé. Les milliers de dossiers ouverts par les polices politiques de 1789 au début de l’Empire, n’ont pas été exploités de façon systématique. Ils sont pourtant révélateurs de la conception que les femmes de tous les bords se faisaient de leur responsabilité politique, de leur influence, des formes d’action et de la manière dont celles-ci étaient perçues dans l’opinion, à l’Assemblée ou dans les tribunaux politiques.
The political engagement of women at the end of the 18th century has been underestimated. The thousands of dossiers that have been compiled by the political police from 1789 to the start of the Empire have never been systematically exploited. They do, however, reveal the conceptions that women of all political stripes had of their political responsibilities, their influence, the kinds of activities, as well as how these were perceived by public opinion, in the national assembly and by revolutionary courts.
Marie-Emmanuelle Plagnol-Diéval, « Scènes privées ou publiques. Choix ou nécessité pour les femmes dramaturges ? ou “Dux femina facti” »
Marie-Emmanuelle Plagnol-Diéval est professeure à l’université Paris – Est-Créteil – Val-de-Marne. Spécialiste du théâtre du xviiie siècle (Voltaire, Rousseau et Destouches) et de littérature pédagogique (Genlis), elle a publié de nombreux livres, ouvrages collectifs, éditions critiques et articles portant sur la littérature éducative, les théâtres officiels et privés, l’entrée et la place des femmes en littérature.
Le théâtre de société, lié à un cercle, sinon à un salon, ouvre son espace aux femmes et propose une voie médiane entre sphères publiques et privées. S’y font ainsi connaître Mme Staal-Delaunay à Sceaux ou Mme de Montesson sur son théâtre. C’est une voie également empruntée par quelques actrices auteures. Il s’agira de voir comment la « carrière théâtrale » des femmes a pu se décider entre les différentes scènes et quels critères ont pu présider à ces choix ou à ces impossibilités.
387The “Théâtre de société”, bound to a private circle, otherwise to a “salon”, allows to be opened to women and proposes a way between the public and private spheres. It is the way Mrs Staal-Delaunay gets to be known at Sceaux, or Mrs de Montesson on her own theater. It is also a way used by some actresses, sometimes authors themselves as Miss Quinault or Miss Raucourt. This paper will study how and why the “theatre career” of women had to find its way between these various types of theatres.
Françoise Gevrey, « Comment peut-on être conteuse à la fin du siècle des Lumières ? »
Françoise Gevrey, professeure émérite à l’université de Reims, a travaillé sur la fiction et sur ses liens avec les moralistes. Elle a codirigé l’édition des textes critiques de La Motte (Paris, 2002), ainsi que de nombreux ouvrages (sur l’abbé Pluche, Cazotte, l’anthologie). Elle a édité Voisenon et autres conteurs (Paris, 2007) et Les Génies instituteurs et autres contes fin de siècle (Paris, 2014).
On pense que le conte merveilleux n’a plus de succès à la fin du xviiie siècle. Mais en se fondant sur les contes écrits par huit femmes entre 1780 et 1810, publiés dans le volume 19 de la « Bibliothèque des génies et des fées » (H. Champion), le présent article montre l’importance du genre pour celles qui pratiquaient sociabilité et féminisme. Les allégories montrent un souci de la morale et de la vertu, mais aussi de la politique avec l’indépendance américaine et la Révolution française.
It is generally thought that the marvel tale does not have any more success in the late eighteenth century. But based on tales written by eight women between 1780 and 1810 published in volume 19 of the “Bibliothèque des génies et des fées” (H. Champion), this article examines the tale’s importance for women who practiced sociability and feminism. Allegories show an interest for morality and virtue, but also for politics imperative with American independence and French Revolution.
Beatriz Onandia, « La fortune littéraire des pédagogues françaises dans l’Espagne des Lumières. Le succès Madame de Genlis »
Beatriz Onandia, ATER à l’université de Lorraine, a soutenu un doctorat en cotutelle aux universités du Pays Basque et de Lorraine, sous la direction de Catriona Seth et de Lydia Vázquez. Sa thèse porte sur les « Transferts culturels, traductions et adaptations féminines, France/Espagne au xviiie siècle ».
388Stéphanie Félicité de Genlis fit connaître au public espagnol les débats éducatifs français, qui se développaient peu à peu en Espagne. L’obsession pédagogique des intellectuels des Lumières espagnoles provoqua pendant le xviiie siècle une véritable avalanche de textes destinés à la formation et à l’instruction féminine. La connaissance de Mme de Genlis en Espagne se réalisa surtout à travers des traductions de ses œuvres, preuves de sa grande diffusion et de l’acceptation de ses écrits.
Stéphanie Félicité de Genlis introduced the Spanish people to educational debates which already existed in France and began to arise in Spain. The pedagogical obsession of the Spanish enlightenment scholars provoked a veritable avalanche of texts aimed at the education and schooling of women throughout the XVIII century. The cognizance of Mme de Genlis in Spain took place first and foremost through the translations of her works, which demonstrated the wide distribution and acceptance of her writings.
Michèle Crogiez Labarthe, « La correspondance de la duchesse d’Enville »
Michèle Crogiez Labarthe est ancienne élève de l’ENSJF, agrégée des lettres et professeur de littérature française à l’université de Berne. On lui doit des articles sur Constance de Salm, Rousseau, Malesherbes, la duchesse d’Enville et son entourage ainsi que des contributions au Dictionnaire des femmes des Lumières (Paris, 2015) et à l’ouvrage Écrivains juristes et juristes écrivains (Paris, 2016).
L’étude littéraire de la correspondance permet de cerner les enjeux de pouvoir intellectuel, de diffusion des idées ou des rumeurs, la valeur à accorder aux allégations qu’elle contient, voire, dans certains cas favorables, de construire une biographie. Le vaste corpus des correspondances active et passive de la duchesse d’Enville permet ainsi de préciser les rôles (parfois discrets) qu’elle a tenus dans l’histoire de son temps, et illustrer le mode d’action littéraire qui fut le sien.
The literary study of correspondence allows to make visible the fights for intellectual power, their effectiveness in broadening ideas or rumors, the value to be granted to the rumours they contain, and may also allow, in favorable cases, to build a biography. The correspondence of the duchess of Enville raises is the privileged instrument of the biographic study, because it helps to specify the sometimes discreet roles which she held in history of her time.
389Éliane Itti, « Madame Dacier, une femme savante à l’aube des Lumières »
Éliane Itti est agrégée des lettres et membre associé du laboratoire « Patrimoine, littérature et histoire » de l’université Toulouse – Jean-Jaurès. Elle a publié L’Image des civilisations francophones dans les manuels scolaires (Saint-Denis, 2001) et consacre ses recherches actuelles au rayonnement humaniste de l’Académie protestante de Saumur, en particulier à Tanneguy Le Fèvre et à sa fille, Anne Dacier.
Championne des Anciens dans la Querelle d’Homère, Anne Le Fèvre Dacier est aussi cependant un précurseur des Lumières. Comme traductrice, elle vulgarise les textes de l’Antiquité pour les « dames » et la jeunesse. Par sa vie, cette femme savante qui réussit à vivre de sa plume sous Louis XIV incarne l’alliance de l’érudition et des bienséances. Un site Internet, hébergé par le GRAC (Groupe renaissance et âge classique) donne divers documents et des liens vers le texte intégral de ses œuvres.
Champion of the Anciens in the Querelle d’Homère, Anne Le Fèvre Dacier, however, is nevertheless also a forerunner of the Enlightenment. As a translator, she popularizes the texts of antiquity for the “ladies” and youth. Due to her way of life, this learned woman, who managed to live by her pen under Louis XIV, represents the alliance of scholarship and decorum. A website hosted by GRAC (Renaissance and Classical Age Group) gives links to the full text of her works and other documents.
Marie-Laure Girou Swiderski, « La carrière “sur mesure” de Madame d’Arconville »
Marie-Laure Girou Swiderski est professeur titulaire, retraitée de l’université d’Ottawa et spécialiste de l’écriture féminine au xviiie siècle. Depuis la redécouverte à l’île Maurice en 2006 des Pensées, réflexions et anecdotes (PRA), dernière œuvre de Mme d’Arconville, elle s’est consacrée à cette femme de lettres et de sciences et à faire connaître ses œuvres.
Riche autodidacte, assoiffée de connaissances et passionnée d’écriture, Mme d’Arconville (1720-1805) elle a cultivé ses goûts et son besoin d’agir et d’être utile, sans se laisser limiter par les interdits sociaux liés à son sexe. Polygraphe anonyme, elle cultive lettres et sciences, comme traductrice mais aussi moraliste, historienne, chimiste et romancière. Les remarquables textes autobiographiques révèlent l’importance qu’elle attache jusqu’au bout à l’écriture et au partage du savoir.
390Wealthy and self-taught, Mme d’Arconville (1720-1805), exercised her talents and her desire to be active and useful, with no consideration of the limits imposed by society on women who wanted to write. Her numerous works, published anonymously, deal with sciences and literature. She both translated and wrote as moralist, chemist, novelist and historian. Her wonderful autobiographical texts reveal how important it was for her to keep on writing and sharing knowledge with others till the very end.
Jeanne Chiron, « Construire un ethos d’éducatrice. Enjeux et stratégies chez Louise d’Épinay »
Jeanne Chiron, normalienne agrégée de lettres modernes, a soutenu à l’université Paris Est – Créteil – Val-de-Marne, une thèse sur les dialogues éducatifs des Lumières sous la direction de Marie-Emmanuelle Plagnol-Diéval. Elle a notamment contribué, avec Catriona Seth, à la publication du collectif Marie Leprince de Beaumont : de l’éducation des filles à La Belle et la Bête (Paris, 2013).
L’œuvre de Louise d’Épinay est actuellement réévaluée, notamment son implication dans la Correspondance littéraire. Dans Les Conversations d’Émilie, fiction dialoguée qui l’occupe les dernières années de sa vie, elle jette « les fondements permanents et solides pour une éducation générale et raisonnée » et s’attèle à construire un ethos d’éducatrice en évolution. La « Mère » entreprend de faire entrer Émilie, entre cinq et dix ans, dans les arcanes de la réflexion et de la pensée critique.
Louise d’Épinay deserves the researcher’s attention, especially her implication in the Correspondance littéraire. Her last text, Les Conversations d’Émilie, a dialogic fiction, is a key to understand the way she tries to build the conditions of an “éducation générale et raisonnée”, the long and complex construction of her ethos – as a writer and as a “Mother” – whose responsibilities are defined as those of an initiator, for a young and clever five to ten years old Émilie, to the world of reflexion.
Rotraud von Kulessa, «Généalogies féminines à l’époque des Lumières. Françoise de Graffigny et Marie Leprince de Beaumont »
Rotraud von Kulessa est professeure de littératures française et italienne à l’université d’Augsburg en Allemagne. Elle est spécialiste des auteures du xviiie et xixe siècles en France et en Italie. Elle a publié une nouvelle édition critique des Lettres d’une Péruvienne de Françoise de Graffigny (Paris, 2014). Actuellement elle travaille, avec Catriona Seth, à un projet ANR/DFG portant sur Marie Leprince de Beaumont.
391Deux des auteures des Lumières françaises les plus lues à leur époque, et au-delà, ont passé une partie de leurs vies en Lorraine, à savoir Françoise de Graffigny (1695-1758) et Marie Leprince de Beaumont (1711-1780 ?). L’article se propose d’analyser les relations entre ces deux auteures quant à leur contribution, en tant que philosophes, au mouvement des Lumières.
Two of the most read authors of 18th century France were Françoise de Graffigny (1695-1758) and Marie Leprince de Beaumont (1711-1780?). Both spent a part of their lives in Lorraine. The article wants to analyze the relationship between the two authors and their contribution to the Enlightenment.
Francesco Schiariti, « La fiction historique féminine au tournant des Lumières. Trois modèles concurrents aux récits scottiens chez Sophie Cottin et Stéphanie-Félicité de Genlis »
Francesco Schiariti est docteur ès lettres. Sa thèse « La nostalgie de la civilisation : représentations de l’ancien régime dans les romans sensibles et historiques et les biographies sentimentales de 1789 à 1848 », et ses articles portent sur la littérature féminine de l’époque impériale et sur certains points historiographiques précis. Il participe à la réédition des romans de Mme de Souza.
Sous le Consulat et l’Empire, l’abondance des titres historiques ou curiaux montre que des écrivaines explorent le roman historique, soit en revendiquant les canons proposés par Mme de Genlis, soit en s’en écartant. La vigueur et l’influence de cette production paraissent exiger l’étude du rôle, apparemment plus important que celui de leurs collègues masculins, joué par les romancières dans trois sous-genres emblématiques, la « nouvelle » nouvelle historique, le roman de cour et le roman troubadour.
During the Napoleonic era, numerous Historical novels titles show us that some female authors write historical novels, using the Mme de Genlis’ method or proposing other ways. This extensive and influential production make it necessary to study whether the “non scottien” historical novel in France was a female literary genre. Must be observed in this respect three emblematic categories, the new “nouvelle historique”, the “roman de cour” and the “Troubadour” romance.
392Laurence Vanoflen, « Les bénéfices d’une réédition de romans de la fin du xviiie siècle. Le cas d’Adelaïde de Souza (1761-1836) »
Laurence Vanoflen est maître de conférences à l’université Paris-Nanterre. Après sa thèse intitulée « La Formation de l’individu selon Isabelle de Charrière », elle a collaboré à l’édition de De l’influence des passions de Germaine de Staël (Paris, 2008), ainsi qu’au Dictionnaire universel des créatrices (Paris, 2013) et au Dictionnaire des femmes des Lumières (Paris, 2015). Elle édite les romans de Mme de Souza.
L’édition en cours des romans « sentimentaux » a découvert leur large réécriture, qui a échappé à tous les critiques contemporains, B. Louichon y compris, et notamment d’Adèle de Sénange (1794). De la fin du xviiie siècle à l’édition Eymeri, le détail du texte a connu de notables changements, dont l’ajout d’une fin pour Adèle, et une moralisation accrue. Cette réécriture traduit la mise en place de l’ethos de la femme-auteur, responsable de l’image actuelle de romancière « morale » de Souza.
The new edition of the “sentimental novels” of Mme de Souza have something to teach to modern readers. The novelist known today is the product of an editorial history generally neglected by the critics, B. Louichon included. Between, A minute study of textual changes (the most surprising one being Adele de Senange’s end addition!), show that between the late 18th century and the Eymeri edition a moralizing strain translates the new ethos of the woman author, precisely during this period.
Nicolas Morel et Huguette Krief, « Bibliographie critique. 2010-2015 »
Nicolas Morel est assistant-docteur à l’Institut de langue et de littérature françaises de l’université de Berne, il a consacré sa thèse de doctorat à la réception de Voltaire sous la Restauration. Son projet aborde des questions liées à l’édition des Œuvres complètes du patriarche, telles qu’elles apparaissent dans la correspondance entre ses différents éditeurs, notamment Beuchot, Cayrol et Decroix.
Cette contribution fait suite, sur le plan chronologique, aux travaux bibliographiques entrepris par l’équipe du Dictionnaire des femmes des Lumières. Son objet est de regrouper les ouvrages récents, articles, thèses, HDR et éditions critiques qui concernent les femmes des Lumières, celles qui ont contribué aux Lettres, aux Sciences & aux Arts et/ou à l’histoire du siècle.
393Further to the bibliographical works undertaken by the team who published the Dictionary of the Women of Letters of the Enlightenment, this contribution, chronologically ordered, aims to list recent works, articles, PhD theses, HDR-monographies and critical editions which deal with the women of the Enlightenment who contributed to Literature, Sciences and Arts and/or history of the 18th Century history.
- Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
- ISBN : 978-2-406-06390-2
- EAN : 9782406063902
- ISSN : 2261-1851
- DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-06390-2.p.0381
- Éditeur : Classiques Garnier
- Mise en ligne : 01/06/2018
- Langue : Français