Quelques repères chronologiques
- Type de publication : Chapitre d’ouvrage
- Ouvrage : Faux pas sur les pavés, Proust controversé. suivi de Beckett et Quignard à contre-pied
- Pages : 19 à 21
- Collection : Bibliothèque proustienne, n° 34
Quelques repères chronologiques
1871 |
Naissance de Proust. |
1888 |
Élève au lycée Condorcet, Proust adresse une lettre à son professeur de philosophie en se plaignant d’un dédoublement de la personnalité et d’un « autre moi » qui le surveille, autre moi qui incrimine son goût immodéré pour la poésie. Cette même année, et presque en même temps, son père, le docteur Adrien Proust, commence son observation d’Émile X…, l’un des cas classiques du dédoublement de la personnalité auquel Freud regrette de ne pas avoir pu assister. |
1890 |
Le docteur Adrien Proust présente son observation d’Émile X… devant l’Académie des sciences morales. Grâce à sa pratique de l’hypnose créant ce qu’il appelle un « dormeur éveillé », il constate l’existence de deux mémoires séparées au sein du même individu. |
1893 |
Proust commence une série de nouvelles qui seront d’abord publiées dans La Revue Blanche et reprises par la suite dans Les Plaisirs et les Jours (1896). |
1895 |
Proust est diplômé en philosophie à la Sorbonne. En septembre il entame un roman, Jean Santeuil, pendant un séjour à Beg-Meil en Bretagne avec son amant Reynaldo Hahn, qu’il souhaite voir apparaître à travers l’ouvrage comme un « dieu déguisé qu’aucun mortel ne reconnaît ». |
1899 |
L’écrivain s’intéresse à Ruskin après avoir lu quelques pages de son œuvre en traduction dans des revues de l’époque. |
1900 |
Mort de Ruskin au mois de janvier. L’interdiction par ce dernier de traduire son œuvre en français tombe. Proust saisit l’occasion immédiatement : il fait appel d’abord à sa mère puis à une jeune Anglaise, Marie Nordlinger, cousine de Reynaldo Hahn, qui constate sans ambiguïté que Proust « ignorait » l’anglais, pour l’aider à accomplir son entreprise. Au mois de mai, il visite Venise, Stones of Venice et Saint Mark’s Rest à la main, ou plutôt dans celle de sa mère, qui traduit quelques pages de ces deux livres à haute voix suivant l’itinéraire de Ruskin à la lettre, commençant avec celles décrivant les deux colonnes de la Piazzetta et enchaînant avec la pénétration dans la pénombre du baptistère. Proust entame ainsi son pèlerinage vers la source de l’inspiration de son maître anglais auquel il voue une « servitude volontaire ». Il éprouve, au contact de Ruskin, une sorte d’extase, car ce dernier restitue aux choses un « prix infini ». Il arrête subitement la rédaction de Jean Santeuil qui restera inachevé afin de se consacrer pendant sept ans à « l’ère des traductions ». |
20
1904 |
La traduction de La Bible d’Amiens paraît avec une longue préface composée d’articles que Proust avait déjà consacrés à l’auteur de cet ouvrage. |
1905 |
Un texte destiné à la préface de Sésame et les lys et publié à part en juillet dans La Renaissance latine décrit le besoin pour un auteur ayant perdu sa voix créatrice et étant tombé dans une « dépression spirituelle » d’avoir recours à un psychothérapeute afin de revêtir le « vouloir » du médecin transmis au patient grâce à une « main puissante et secourable ». Mme Proust décède au mois de septembre à la suite d’une attaque d’urémie survenue à Évian. Au début du mois de décembre, Proust entre au sanatorium du docteur Paul Sollier afin de poursuivre une psychothérapie en isolement. Cette cure vise à retrouver la source d’un refoulement traumatique grâce à la mémoire du corps provoquant ce que le médecin appelle la « rétrogression de la personnalité ». Le 25 de ce mois, le jour de Noël, Sollier offre à son patient un exemplaire dédicacé de son ouvrage, Le Problème de la mémoire (1900) (livre faisant suite à d’autres ouvrages sur ce même sujet et sur l’hystérie, et commandités avant son décès par Charcot), dans lequel sa pratique fondée sur les souvenirs involontaires est clairement expliquée. |
1906 |
Fin janvier, Proust quitte le sanatorium prétendant auprès de son entourage qu’il en est sorti encore plus malade qu’au commencement de la cure. La traduction de Sésame et les lys est publiée avec une longue note préliminaire dans laquelle Proust prétend avoir découvert le secret de l’écriture, en tout cas celui de Ruskin. Il évoque avec étonnement et admiration le « plan secret » de ce dernier et le « rayon de lumière » – lié au sésame – de l’apothéose qui donne rétrospectivement le sens à tout l’ouvrage (en fait le texte est à l’origine la transcription d’une conférence orale). |
1908 |
Au mois de janvier, Mme Straus offre en étrennes à Proust cinq carnets longilignes de la maison Kirby. Dans le premier de ces carnets (officiellement désigné Carnet 1 mais appelé également Carnet de 1908), on trouve les prémisses du faux pas, car il est question à la fois du baptistère de Saint-Marc et des pavés sous forme de notes hâtives. |
1909 |
Au début de l’année, probablement au mois de janvier, Proust rédige une esquisse continue exposant les « résurrections poétiques » vécues par lui et qui constituent le cœur du dogme qui sera révélé dans Le Temps retrouvé à la suite du faux pas sur les pavés. Dans les mois qui suivent il projette de rédiger un texte qui contestera la théorie critique de Sainte-Beuve. Ce dernier accorde trop d’importance à la connaissance de la vie des auteurs étudiés. Proust conteste cette théorie en déclarant que le véritable livre est le « produit d’un autre moi ». L’ébauche de cet ouvrage tiraillé entre une étude philosophique et un roman constitue les prémices de la rédaction de la Recherche. |
21
1913 |
Proust se sent obligé de changer le titre de son œuvre, car le sien ressemble trop à celui d’un autre ouvrage paru cette année et qui faisait ouvertement référence à la « même maladie du corps ». Il abandonne donc Les Intermittences du cœur, titre plus explicite, plus précis et plus révélateur du thème du livre pour un autre, plus vague, qu’il regrettera plus tard : À la recherche du temps perdu. Du côté de chez Swann paraît au mois de novembre. À l’avant-veille de sa parution, il précise, pour éclairer son ambition, qu’il considère ce volume et ceux qui suivront comme des « romans de l’inconscient ». |
1914 |
Au mois de février, Proust salue, dans une lettre, l’intelligence et l’intuition de Jacques Rivière qui avait deviné que son roman était un « ouvrage dogmatique » ayant pour but « la recherche de la Vérité ». Les premiers tomes seraient délibérément consacrés à « peindre les erreurs », créant forcément un malentendu énorme dans l’esprit du lecteur mené systématiquement sur une fausse piste jusqu’à la scène des pavés destinée à révéler la véritable pensée de l’écrivain. Au mois de mai, Alfred Agostinelli, le grand amour de sa vie, meurt dans un accident d’avion au-dessus de la mer. Il tient lieu de modèle pour le personnage d’Albertine. La guerre éclate. |
1919 |
Publication des Jeunes filles en fleurs qui vaut à l’écrivain le Prix Goncourt. |
1922 |
Décès de Proust le 18 novembre. |
1923 |
Parution d’un hommage à Proust dans la Nouvelle Revue Française. |
1926 |
Freud, dans une confidence à Marie Bonaparte, fait part de son déplaisir à la lecture de Proust. |
1927 |
Le Temps retrouvé paraît au mois de novembre, cinq ans après le décès de son auteur. |
- Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
- ISBN : 978-2-406-09378-7
- EAN : 9782406093787
- ISSN : 2258-9058
- DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-09378-7.p.0019
- Éditeur : Classiques Garnier
- Mise en ligne : 22/04/2020
- Langue : Français