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Classiques Garnier

Résumés

  • Type de publication : Article de collectif
  • Collectif : Voyager d’Égypte vers l’Europe et inversement. Parcours croisés (1830-1950)
  • Pages : 485 à 492
  • Collection : Rencontres, n° 405
  • Série : Littérature générale et comparée, n° 31
  • Thème CLIL : 4028 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes de littérature comparée
  • EAN : 9782406082088
  • ISBN : 978-2-406-08208-8
  • ISSN : 2261-1851
  • DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-08208-8.p.0485
  • Éditeur : Classiques Garnier
  • Mise en ligne : 20/06/2019
  • Langue : Français
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Résumés

François Moureau, « Un demi-siècle détudes sur la littérature de voyage de langue française (état des lieux) »

La synthèse dun demi-siècle détudes sur la littérature de voyage montre comment, depuis les années 1960, les travaux ont dépassé le simple constat descriptif du réel pour intégrer ce que lon appelle les sciences annexes de lhistoire. La spécificité du discours du voyage entra tardivement en littérature avec lapparition au xixe siècle de lécrivain-voyageur et du journaliste-reporter. Aujourdhui, ce sont les voyages en miroir qui apportent du nouveau dans des études longtemps limitées aux langues européennes.

Randa Sabry, « Pourquoi voyage-t-on en Europe au temps de la Nahda ? »

Déplaçant le regard, du type de voyage entrepris par les écrivains partis en Europe, aux récits quils en ont rédigés, nous examinons les commentaires quils tiennent de leur aventure viatique. On voit se dégager ainsi les lignes de force dun discours occidentaliste fondé notamment sur léloge du voyage comme moteur du progrès, limage de lEurope comme stimulant, le désir de sélever au rang de porte-drapeau investi non dune simple curiosité à légard de lautre, mais dune mission patriotique supérieure.

Nagwane Marmouche, « Deux voyages à Paris, entre choc et fascination »

Le parallèle proposé entre LOr de Paris de Rifâa al-Tahtâwî et Un Égyptien à Paris de Yahyâ Haqqî vise à démontrer que malgré tout ce qui sépare ces deux auteurs sur divers plans, il reste que le voyage en France suscite chez eux une sorte débranlement similaire les amenant à une autocritique de soi et à laffirmation du même respect envers des valeurs humaines considérées comme transculturelles.

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Aziza Saïd, « Le roman de formation dun adolescent. Burhân al-dîn à la découverte de lOccident »

À lencontre dune lecture réductrice qui ne retient dans Alam ad-dîn que sa dominante encyclopédique, on projette ici la lumière sur un roman de formation qui, tout au long de cette somme pédagogique, se déploie autour du jeune Burhân al-dîn, cet adolescent que lon voit débarquer en Europe avec son père, puis connaître ses premiers émois, devenant ainsi le héros dune éducation sentimentale proche, par certains aspects, des romans de formation du xviiie siècle français.

Amani Mostafa, « Rihla fî Siqilliya [“Voyage en Sicile”] de Muhammad Abduh ou le réformiste voyageur »

Figure emblématique de la Nahda, Muhammad Abduh rédige en 1902 une relation de voyage en Sicile. Cet article met en évidence les thèmes dintérêt retenus par ce chef de file du réformisme musulman durant son séjour à Palerme, – thèmes qui reflètent les positions de la revue Al-Manar où est publié ce récit viatique : valorisation du patrimoine architectural, défense de la peinture comme art utile, souci de la langue arabe, critique de certains traits de caractère siciliens, par-delà lesquels sont visés des travers égyptiens.

Sobhi Boustani, « LEurope sous la plume dun ecclésiastique libanais. Sifr al-akhbâr fî-safar al-ahbâr de Yûsuf al-Dibs »

Dans cette analyse de Sifr al-akhbâr fî-safar al-ahbâr publié par Yûsuf al-Dibs (1833-1907), un an après le voyage quil effectue en Italie et en France pour accompagner le Patriarche maronite de lépoque, larticle montre comment cet ouvrage reflète le regard dun prélat libanais sur lOccident. Admiratif devant lorganisation des capitales et le progrès technologique, lauteur témoigne aussi de lapport des intellectuels libanais à la culture universelle et à la transmission du savoir entre les deux rives de la Méditerranée.

Rania Gado, « Autour de loptique dans Trois Égyptiens à Paris de Muwaylihî. Perspectives »

Cette contribution est axée sur la place quoccupe loptique dans Trois Égyptiens à Paris. À travers la déambulation du trio de visiteurs et dun 487orientaliste français dans lExposition universelle de 1900, lauteur rapporte des points de vue souvent contradictoires sur la civilisation occidentale. Parallèlement, lappareillage optique de ce spectacle hypertrophié réfléchit une image non seulement du monde mais également du parcours des voyageurs.

Hoda Abaza, « LOdyssée de deux Égyptiens. Muhammad Husayn Haykal et Mustafâ Abd al-Râziq »

Les journaux tenus par deux intellectuels égyptiens sont lus ici comme une odyssée, soit la relation dun voyage effectué dans la perspective du retour et où le « dit » est traversé par le « dire » : lancrage énonciatif des deux locuteurs. Dans cette perspective, le journal présente deux dimensions. Lune, temporelle, révèle lévolution des deux voyageurs tandis que lautre dévoile, en profondeur, sous le discours relatif à la terre daccueil un discours en palimpseste sur Ithaque.

Inès El Sérafi, « Ce quêtre moderne signifie pendant la Nahda. Mudhakkirât al-shabâb [“Mémoires de jeunesse”] de Muhammad Husayn Haykal »

La modernité est au cœur de la pensée réformiste de la Nahda, période où simpose aux intellectuels arabes lurgence dune dynamique qui permette à la société de se libérer de certaines traditions archaïques. Or le risque encouru est de créer une assimilation entre modernisation et européanisation. En examinant les « Mémoires de jeunesse » où Muhammad Haykal relate son premier séjour à Paris et sa rencontre avec la civilisation occidentale, cet article présente la réflexion quil mène sur lessence de la modernité (madaniyya).

Chérine Chehata, « Taha Husayn en France et la conquête dune nouvelle vision »

Comme lindique le titre la Traversée intérieure, 3e volet du Livre des Jours, le voyage en Europe de Taha Husayn, seffectue avant tout à lintérieur du sujet lui-même. Deux traits sont mis en relief : contrairement à ceux qui lont précédé, le voyage est pour lui une véritable conquête de la culture française, et il est lun des seuls pour qui la rencontre avec lautre, le dialogue avec lOccident, se double dune union avec la jeune femme « qui lui offrit ses yeux » et quil place au centre dune thématique salvatrice.

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Laïla Abdel Latif, « La problématique de la désorientation spatiale dans Adîb de Taha Husayn »

Lespace dans Adîb de Taha Husayn est une dimension incontournable qui structure et génère le récit. Cet article retrace les étapes de la quête qui anime le héros, quête mal maîtrisée, précipitée. On découvre que le rêve de changement radical fait virer cette aventure, commencée dans lenthousiasme, vers une perte de repères par rapport à la réalité. Il est à la fois révélateur et troublant que le protagoniste, toutes attaches rompues, laisse après lui, pour seul vestige, le récit de son voyage en Occident.

Marwa Chahine, « Un voyage humoristique dans la ville Lumière. El-Sayyed wa mirâtuh fî Bârîs [“El-Sayyed et son épouse à Paris”] de Bayram Ettounsi »

Dans la tradition du voyage égyptien en Europe, le recueil de dialogues où Ettounsi met en scène Sayyed, un petit mécanicien, et sa femme, fraîchement débarqués à Paris, constitue un hapax par la condition des protagonistes, la langue familière utilisée et les thèmes triviaux abordés. Doù une version ouvertement satirique dun modèle viatique perçu jusque-là comme une grande aventure intellectuelle.

Noha Abou Sedera, « Abdel Rahman Badawi, philosophe égyptien à Paris. Entre propos encyclopédique et omniprésence du moi »

Au premier tome de son autobiographie, Abdel Rahman Badawi dresse un tableau sans complaisance du Paris de limmédiate après-guerre. Loin des stéréotypes admiratifs de ses prédécesseurs, la critique de la vie universitaire et du milieu des étudiants arabes alterne chez lui tantôt avec des digressions encyclopédiques, dans la tradition de la rihla, tantôt avec lévocation tout égotiste des lieux qui deviendront les repères durables de sa mémoire personnelle.

Walid El Khachab, « Utopies de lUniversel et la Conquête de lAutre comme Voyage. Bonaparte en Égypte »

En menant sa conquête de lÉgypte, le général Bonaparte construit une utopie fondée sur une conception de luniversel inspirée de deux conquérants illustres : en effet à la manière de César, il impose à lAutre un modèle spécifique – celui des Lumières – universalisé par voie dimpérialisme, mais comme Alexandre, 489il tend à « composer » avec certains usages de lislam, doù le paradoxe dun universel amené à intégrer le particularisme dune culture différente.

Sarga Moussa, « Nerval lecteur de Lane. Médiation et résistance dans Les Femmes du Caire »

Cet article examine la lecture que fit Nerval des Modern Egyptians (1836), de lorientaliste anglais Edward W. Lane. Ce dernier apparaît comme le drogman (guide-interprète) caché du narrateur du Voyage en Orient (1851), à qui il fournit le modèle dune nouvelle posture « ethnologique ». Mais la volonté nervalienne dacculturation est mise en échec par Zeynab, qui refuse le rôle de femme-esclave auquel veut la réduire son maître, dont lauto-ironie met du même coup en lumière la capacité de résistance de lOrient.

May Farouk, « LÉgypte en 1845 ou le périple idéologique de Victor Schœlcher »

Cette analyse de LÉgypte en 1845, vise moins à démonter les arguments par lesquels Schœlcher sattaque au mythe dun État modernisé par Méhémet-Ali, vice-roi « civilisateur », quà démontrer comment ce discours, mis au service des théories anti-esclavagistes de lauteur, entraîne de sa part un certain nombre de dérives. Larticle met notamment en évidence les desseins politiques moins humanistes qui se dissimulent sous ce récit de voyage à forte teneur polémique.

Névine Magued, « Lincipit dans les récits de voyage en Orient au xixe siècle »

Cette étude détermine, par lexamen détaillé des fonctions puis de lesthétique de lincipit des récits de voyage du xixe siècle chez un certain nombre décrivains – Chateaubriand, Nerval, Flaubert et Gautier – les stratégies, les stéréotypes douverture, voire les tensions liées à cette phase du départ. Lanalyse identifie aussi un désir dinnovation qui, bien que beaucoup moins spectaculaire que dans lincipit romanesque, se fait sentir à des degrés variables chez les voyageurs.

Jean-Pierre Dubost, « “Jaurai dans lesprit des lambeaux singuliers”. Les notes du voyage en Égypte de Fromentin »

Dans la réédition de 1874 dUn été au Sahara et dUne année au Sahel, Fromentin écrit : « Des voyages que jai faits depuis lors, jai résolu de ne 490rien dire. » Décision étonnante si lon songe que Fromentin a participé en 1869 à la croisière sur le Nil organisée pour linauguration du canal de Suez. Loccultation de ce voyage est cependant signifiante. On sinterrogera sur cette « résolution de ne rien dire » en se demandant si lon ne peut pas lire dans les notes prises en 1869 une véritable phénoménologie du voyage.

Héba El Sabbagh, « Pierre Loti et Louise Colet. Le désir dexotisme déçu »

Dans leur Voyage en Égypte, Louise Colet et Pierre Loti manifestent leur déception face à leuropéanisation en cours sous le régime khédivial. La réalité du pays dès la fin du xixe siècle ne correspond plus à limaginaire orientaliste qui sest forgé depuis la traduction des Mille et une nuits et à travers les tableaux de peintres célèbres. Ces écrivains qui aspirent à retrouver sur cette terre un Orient pittoresque et fantasmatique voient leur attente déçue, doù lexpression chez tous deux dun désenchantement.

Heidi Zaki, « Le Sinaï entre enchantement et déception. Une lecture du Désert de Loti »

Cette lecture du Désert de Pierre Loti pose lhypothèse que lécriture y oscille entre la fascination au contact de cet espace nu et la désillusion née de léchec de la quête religieuse et de la tentative de comprendre la culture du désert. Cette idée conduit à une réflexion sur la maturation de la vision de lauteur au cours de son voyage, expérience qui le pousse à se distancer de lillusion exotique relative aux habitants et au caractère présumé sacré de ces lieux.

Aziza Awad, « Lesprit des lieux dans Le Quatuor dAlexandrie de Lawrence Durrell. Une approche géocritique »

Cest à la lumière dune convergence entre la littérature et la géographie que larticle étudie la nouvelle image de lespace littéraire qui surgit dans Le Quatuor dAlexandrie de Lawrence Durrell. Dans cette approche géocritique, Alexandrie est, pour Durrell, plus quune simple toile de fond. Elle devient le véritable moteur de son écriture. Lauteur y traduit un nouveau rapport entre lespace réel et sa représentation, laquelle lui vaudra lhostilité du public égyptien.

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Rania Fathy, « Maalesh de Jean-Cocteau ou lÉgypte théâtralisée »

Description de lÉgypte ? Peinture de lunivers théâtral ? Les frontières sont loin dêtre étanches dans Maalesh de Cocteau, ce « Journal dune tournée de théâtre » dans lÉgypte de 1949 : les deux mondes tendent, en effet, à sinterpénétrer dans une réflexivité manifeste, chacun étant, à sa manière, le lieu daffrontements, explicites ou sous-jacents. Toutes les composantes du « dramatique » sont ainsi à explorer dans ce texte fort controversé.

Élodie Gaden, « Voyageuses et militantes. Les contributions de Marcelle Capy et dAlice Poulleau à la revue LÉgyptienne. Féminisme, sociologie, art (1925-1940) »

Cet article étudie les représentations du voyage dans la revue LÉgyptienne et examine la réception quun mensuel féministe égyptien, arabo-musulman et francophone a pu réserver à lexpérience viatique. Par la mise en évidence des contributions de deux Françaises voyageuses, il sagit dinterroger les liens entre le voyage, en tant quexpérience existentielle particulière de décentrement, et le périodique, en tant que lieu de publication éphémère qui ancre la lecture dans une temporalité particulière.

Mercedes Volait, « Égypte représentée ou Égypte en représentation ? La participation égyptienne aux Expositions universelles de Paris (1867) et de Vienne (1873) »

La participation de lÉgypte aux Expositions universelles de 1867 et 1873 a été notoirement brillante, sur les instructions du souverain égyptien. La comparaison des pavillons construits à Paris et à Vienne fait apparaître des différences notables dans les partis pris esthétiques adoptés pour leur construction. La contribution en restitue la raison, avec lhypothèse quelle tient pour partie à des effets de connaissance, déterminés par une familiarisation accrue avec les monuments du Caire après 1868.

Rania Aly, « Mes expositions universelles (1889-1900) de Jean Lorrain. Exotomanie et cosmopolitisme »

Dans une série de chroniques décrivant les Expositions de Paris de 1880 et 1900, Jean Lorrain invite le lecteur à « voyager » et surtout à découvrir les 492pavillons de lOrient et de lÉgypte. Ses commentaires très libres séloignent du discours des visiteurs fascinés par la vision souvent stéréotypée quon leur offre des merveilles de lOrient. Séduit dans un premier temps, lauteur ne tarde pas à fulminer contre la fièvre dexotomanie qui saisit les foules, nous faisant découvrir lenvers de la fête tel que le subissent certains Parisiens.