Résumés et présentations des auteurs
- Type de publication : Article de collectif
- Collectif : Valeur des lettres à la Renaissance. Débats et réflexions sur la vertu de la littérature
- Pages : 277 à 282
- Collection : Études et essais sur la Renaissance, n° 113
- Série : Perspectives humanistes, n° 8
- Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
- EAN : 9782812459986
- ISBN : 978-2-8124-5998-6
- ISSN : 2114-1096
- DOI : 10.15122/isbn.978-2-8124-5998-6.p.0277
- Éditeur : Classiques Garnier
- Mise en ligne : 17/10/2016
- Langue : Français
résumés
et présentations DES AUTEURS
François Rigolot, « Prologue. Versants et versions du Mont de Vertu : d’Hésiode à Montaigne via Pétrarque et Rabelais »
François Rigolot est Professeur émérite à l’Université de Princeton, États-Unis. Ses recherches ont surtout pour champ l’étude de la poétique, de la rhétorique et de la stylistique à l’époque prémoderne. Ses ouvrages portent surtout sur Marot, Rabelais, Louise Labé et Montaigne. Ses travaux actuels portent sur la querelle au sujet de Marie Stuart dans les lettres françaises et anglaises du xvie siècle.
En retraçant l’évolution de la fameuse image d’Hésiode et du proverbe latin (per angusta ad augusta), on s’aperçoit que l’idée du sentier montagneux qui conduit à la vertu, avec l’ascension pétrarquienne du Mont Ventoux et l’île de « Gaster » chez Rabelais, aboutit à un retournement qu’opère Montaigne en plaçant la vertu dans une vallée agréable, un locus amoenus où elle n’est plus qu’« esjouissance constante ». Ceci fait l’objet d’une méditation sur les retombées éthiques et esthétiques d’un étonnant paradoxe.
Kathleen Wilson-Chevalier, « Claude de France. La vertu de la littérature et l’imaginaire d’une princesse vertueuse »
Kathleen Wilson-Chevalier est Professeur d’Histoire de l’Art à l’American University of Paris. Spécialiste de Fontainebleau et du mécénat des femmes au xvie siècle, surtout celles de l’orbite de François ier, ses livres et ses articles incluent des études de la duchesse d’Étampes, de Louise de Savoie, d’Éléonore d’Autriche, de Madeleine de Savoie et de Claude de France, sur qui elle prépare un livre.
Cette étude iconographique interroge la légende de la « bonne reine Claude », première femme de François Ier, louée pour sa vertu, et pose deux questions. Comment la reine Anne de Bretagne et le roi Louis XII, ses parents, se sont-ils servis de la vertu de la littérature pour forger en elle une princesse modèle ? Et comment la littérature de ses contemporains, surtout Le beau roman de
Palamon et Arcita de sa dame de compagnie Anne de Graville, consolide-t-elle son image de « paragon de vertu » ?
Hervé-Thomas Campangne, « Les vertus du récit dans les Histoires Tragiques de François de Belleforest »
Hervé-Thomas Campangne est Professeur de littérature française de la Renaissance à l’University of Maryland, College Park, États-Unis. Il a publié des éditions critiques (Cinquiesme tome des histoires tragiques de François de Belleforest, Droz, 2013, Trasibule, tragi-comédie de Montfleury, Euno Edizioni, 2013), ainsi que l’ouvrage Mythologie et rhétorique aux xve et xvie siècles en France (Honoré Champion, 1996), et de nombreux articles consacrés à la littérature des xvie et xviie siècles.
Dans les cinq volumes de nouvelles qu’il publie entre 1559 et 1582, François de Belleforest veut mettre en évidence les vertus de l’Histoire tragique, genre souvent critiqué par les moralistes de son temps pour son caractère prétendument pernicieux. Cette démarche le conduit à définir l’ethos d’un lecteur idéal, mais aussi à s’interroger sur la fonction de l’écrivain, de même que sur les effets du discours littéraire, de la poésie et de l’histoire.
Stéphan Geonget, « La parole vertueuse du juriste. Les exemples de Jean Papon, Louis Le Caron et Claude Le Brun de la Rochette »
Stéphan Geonget, ancien élève de l’ENS Fontenay / Saint-Cloud (1994), agrégé de Lettres modernes (1996), est Maître de conférences au Centre d’Études Supérieures de la Renaissance de Tours. Membre junior de l’Institut Universitaire de France, il consacre ses travaux actuels aux rapports entre droit et littérature. Il vient de soutenir une Habilitation intitulée « Le mariage de l’Estude du Droict avec les Lettres humaines » qui porte sur l’œuvre du juriste lettré Louis Le Caron Charondas.
Cet article examine, à la lumière d’un corpus de juristes de la seconde moitié du xvie siècle (Jean Papon, Louis Le Caron et Claude Le Brun de la Rochette), la question de la vertu de la parole que porte l’avocat. Comment défendre son client sans perdre son âme ? À quelles conditions l’éloquence peut-elle être compatible avec la pratique du barreau ? La parole véritable n’est-elle pas nécessairement brève ? Mais alors comment peut-elle donner lieu à un plaidoyer ?
Bérengère Basset, « Lire Plutarque à la Renaissance, un passe-temps vertueux. Exempla et anecdotes dans Le Passe-temps de François Le Poulchre »
Bérengère Basset, agrégée de lettres classiques, est l’auteur d’une thèse accomplie à l’université Toulouse-Jean Jaurès, sous la direction d’Olivier Guerrier, intitulée : « Anecdotes et apophtegmes plutarquiens à la Renaissance : des “contre-exemples” ? – Anormal et anomal au xvie siècle ». Elle a aussi participé à la traduction des Adages d’Érasme, parue aux Belles Lettres sous la direction de Jean-Christophe Saladin.
Le Passe-temps de François Le Poulchre, recueil de réflexions morales, philosophiques et politiques, s’inscrit dans la filiation des Essais de Montaigne, modèle revendiqué. L’auteur puise en abondance sa matière chez Plutarque. La lecture du philosophe et historien grec semble informer la relation qui se noue entre la vertu et l’écriture. Pour cerner l’originalité de cet auteur, cette étude confronte son utilisation de Plutarque avec celle d’autres auteurs de son temps : Montaigne mais aussi Guillaume Bouchet.
Elizabeth Hodges, « La vertu de mémoire »
Elisabeth Hodges est Professeur titulaire de lettres françaises et de cinéma à Miami University (Ohio), États-Unis. Elle est l’auteur de Urban Poetics in the French Renaissance (Ashgate, 2008) et de nombreux articles portant sur l’urbanisme, l’espace et l’excentricité dans l’œuvre de Gilles Corrozet, Hélisenne de Crenne, François Rabelais et Barthélemy Aneau entre autres. Elle a aussi publié sur le cinéma et les médias, notamment la série télévisée « The Wire » pour la revue Labyrinthe et sur le film « JLG/JLG : Autoportrait de décembre » de Jean-Luc Godard. Son projet de livre s’intitule, Introspective Cinema, et interroge le phénomène d’intériorité dans le cinéma français contemporain (1990-2011).
Cette contribution propose de lire la vertu dans son rapport à la mémoire chez Montaigne. Si on conçoit la vertu en termes d’éthique, cela permet de considérer la mémoire dans les Essais comme un phénomène qui conduit non pas au souvenir, mais à l’indexation du moi. Quoique Montaigne déplore son insuffisance mémorielle, ce manque s’avère au final une preuve de l’exemplarité de l’auteur et cette absence mène à l’expression d’un choix vertueux : celui non pas de se souvenir mais de ne pas oublier.
Pierre Martin, « L’emblème scévien, moniment de vertu »
Pierre Martin, Professeur des Universités, enseigne la littérature française de la Renaissance à l’Université de Poitiers. Il a publié chez Atlande une édition scientifique
d’emblèmes de la Contre-Réforme, les Linguae vitia et remedia d’Antoine de Bourgogne, et vient de faire paraître aux P. U. de Tours une édition commentée des Emblemes nouveaux d’Andreas Friedrich, recueil d’emblèmes luthériens de 1617.
L’amant scévien porte en lui-même, gravée dans son corps, une image de Délie qui est aussi une image ou reflet de l’Idée de Vertu. Cette image s’offre à une contemplation intérieure où la part intellective de l’âme doit trouver l’élan qui lui permette de se délier d’un monde sensible dans lequel la replonge la part sensitive. Ce conflit intérieur est la matière d’un nouveau discours amoureux, discours auquel participent pleinement, à leur manière, les devises – ou « emblèmes » – qui jalonnent le recueil.
Anthony Russell, « “Sans artifice est ma simplicité”. Sincérité et vertu dans Les Regrets et Astrophil et Stella »
Anthony Russell est Professeur de littérature anglaise de la Renaissance et de littérature comparée à l’Université de Richmond, États-Unis. Dans ses articles et ses essais, il se penche sur la poésie de John Donne, les œuvres de Rabelais et de Folengo, la notion d’authenticité chez Tommaso Campanella, et la Vita Nuova de Dante. Ses recherches actuelles portent sur la relation entre le magique et l’esthétique dans les théories artistiques et poétiques à la Renaissance. Son livre aura pour titre “The Conspiracy of Our Spacious Song” : Magic, Vitality, and the “Spiritus Phantasticus” in Late Medieval and Renaissance Aesthetics.
Cet article interroge la relation complexe entre vertu et sincérité telle que représentée par les locuteurs des Regrets de Du Bellay et d’Astrophil et Stella de Philip Sidney. L’engagement « vertueux » à être authentique conduit à l’aveu problématique de la fausse conscience du locuteur qui est à la fois ironique, sincère et paradoxal. Cet article suggère également la dette spécifique de Sidney à l’égard de Du Bellay dans l’expression du problème de la valeur véridique de l’énonciation du je lyrique.
Nathalie Dauvois, « Passe-temps et vertu de la littérature. Un modèle horatien ? »
Nathalie Dauvois est Professeur de littérature française de la Renaissance à l’université de la Sorbonne nouvelle. Spécialiste de poésie, elle s’est intéressée aux rapports de la prose et des vers, notamment dans le prosimètre pastoral à la Renaissance. Elle se consacre aujourd’hui à l’étude de la réception d’Horace à la Renaissance, dans le cadre d’un projet qui vise à redéfinir le cadre et les enjeux d’une poétique de l’âge moderne.
La Renaissance n’hérite pas seulement de l’art poétique d’Horace des préceptes concernant les enjeux de la littérature, plaire et/ou instruire, prodesse et delectare. Elle tire aussi profit d’une réflexion d’ensemble de son œuvre sur les vertus d’un passetemps qui, pour n’être guère utile, n’est du moins, notamment in tempore belli, ni intéressé ni nuisible. Telle est l’analyse que nous proposons de l’héritage horatien chez Bouchet, Erasme, Rabelais et Montaigne.
Myriam Marrache-Gouraud, « Lecteurs vérolés et texte de petite vertu. Enjeux “tresprecieux” de la littérature rabelaisienne »
Myriam Marrache-Gouraud, docteur en Littérature française de la Renaissance, et agrégée de Lettres Modernes, est Maître de Conférences en Littérature du xvie siècle à Brest, à la Faculté des Lettres de l’Université de Bretagne Occidentale, et membre de l’équipe HCTI (E.A.4249). Elle est webmestre du site curiositas. Elle est l’auteur d’une thèse intitulée Hors toute intimidation, Panurge ou la parole singulière (Genève, Droz, 2003). Outre de nombreux articles parus sur la fiction rabelaisienne, elle a dirigé et co-écrit Rabelais, aux confins des mondes possibles, Paris, PUF, 2012.
Rabelais revendique les vertus thérapeutiques de sa littérature de passetemps. S’il choisit de l’adresser aux goutteux et aux vérolés, c’est que leurs peines physiques et douleurs morales, pourtant extrêmes, s’en verront soulagées bien mieux que par des récits de martyres, rejetés en tant que vaines superstitions. S’esbaudir et pouvoir rire en lisant est une vertu petite ou modeste peut-être, mais qui pourrait bien constituer, selon la médecine antique, le commencement de la guérison.
Pascale Chiron, « Combien vaut le passetemps ? »
Pascale Chiron est Maître de conférences à l’université de Toulouse-Jean Jaurès. Spécialiste de la Renaissance, des grands rhétoriqueurs aux poètes de La Pléiade, elle s’intéresse aux relations entre Histoire et littérature. Ses études portent en particulier sur la notion de passetemps dans l’écriture littéraire.
La question du passetemps pose celle de la représentation du temps : dans une période où celle-ci est orientée par la quête du salut, l’utilité de la lecture-passetemps se mesure à sa capacité à provoquer le plaisir, bénéfique au corps comme à l’esprit, enraciné dans l’expérience du hic et nunc, et en marge d’un contexte éthique ou civique pour mieux y retourner. Mais, de fait, ce détour invente le désir individuel de lire et la notion de « goût » personnel de lecture.
Michel Jourde, « Épilogue. “Vertu” des lettres et “valeur” des livres en France au xvie siècle »
Michel Jourde est Maître de conférences en littérature française du xvie siècle à l’ENS de Lyon et Membre de l’Institut d’Histoire des Représentations et des Idées dans les Modernités (UMR 5037). Il a édité avec Jean-Charles Monferran l’Art poétique de Jacques Peletier du Mans (Champion, 2011) et a publié plusieurs études sur les pratiques de publication en France (en particulier à Lyon) au xvie siècle.
Quelles relations pouvait-on établir, au xvie siècle, entre la valeur des lettres et celle des livres, au moment où s’organisait un marché du livre inédit dans l’histoire ? Les témoignages réunis expriment des attitudes diverses : si la dimension commerciale est parfois savamment occultée, elle peut apparaître comme une contrainte inévitable, mais aussi comme une image de la diversité des goût des lecteurs, voire des lettres elles-mêmes, dont la « valeur » apparaît en constante négociation.