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Classiques Garnier

Annexe 9 Lettre du chevalier de Folard à Maurepas, rédigée le 20 avril 1749 (A.N., 257AP/9, dossier 2)

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Annexe 9

Lettre du chevalier de Folard à Maurepas,
rédigée le 20 avril 1749 (A.N., 257AP/9, dossier 2)

Monseigneur,

Jai considéré, il y a longtemps, que le rétablissement de Marine est dune nécessité indispensable. Javois travaillé à un mémoire là-dessus, et fait copier [ce] qui nétoit guère que lidée dun plus grand. Je lai trouvé dans mes papiers et jai lhonneur de vous lenvoier.

Cest par le moyen des contributions sagement établies et réglées que lon peut en venir à bout. Je propose une manière de les établir qui soit incontestable et je me sers de la méthode du maréchal de Vauban qui, pour rendre son plan de soulagement des peuples et de laugmentation des revenus de lÉtat, estimoit toujours les choses quil conviendroit au-dessous de leur juste valeur, ce qui rendoit ses propositions évidentes aux esprits les plus bouchés.

Un esprit de votre pénétration, Monseigneur, peut pousser mes vues bien plus loin, et comprendre dans les taxes que je propose les villes du second ordre, surtout celles qui jouissent des avantages du commerce. Si lon objecte que les villes maritimes et de commerce ont beaucoup souffert dans ceste dernière guerre, je répond que les impositions que lon mettra sur leurs marchands seront modérées à proportion, et que lon attendra que le tems, qui me paroît très pressant, remédie aux maux que la guerre a fait.

Je ne parle pas, Monseigneur, de tous les ordres religieux qui peuvent contribuer bien au-delà de ce quon pense et dautres qui ne le sont quà demi, ce que lont découvriroit si lon étoit bien informé à la Cour des nouveaux moyens quils ont trouvez, et dont je suis instruit, pour augmenter leurs richesses. Je nexcepte pas les mandiants, et plus lon approfondiroit ce sujet, plus on y feroit des découvertes pour augmenter les classes.

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Je vous supplie, Monseigneur, de lire mon mémoire avec lattention que vous donnez à lutilité publique. Je vous supplie encore de me permettre de vous recommander les trois frères orphelins qui sont dignes de vos bontez et de lhonneur de votre protection.

Mes infirmitez, attachées à la vieillesse et qui ne sont pas grandes, et plutôt ma surdité, mont fait préférer lécriture à la conférence de vive voix. Vous aurez, sil-vous-plaît, la bonté de me prescrire le détail, dont vous trouverez à propos que jétende mon mémoire. Jai lhonneur dêtre avec un profond respect.

Monseigneur.

À Paris, ce 20 avril 1749

Votre très humble et

très obéissant serviteur

Le chevalier de Folard

Logé rue du Dauphin, prez la porte des Tuilleries.