![Une jeunesse romanesque (1922) - Résumés](https://classiques-garnier.com/images/Vignette/AeeMS01b.png)
Résumés
- Type de publication : Article de collectif
- Collectif : Une jeunesse romanesque (1922)
- Pages : 329 à 334
- Collection : Rencontres, n° 599
- Série : Littérature des xxe et xxie siècles, n° 47
- Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
- EAN : 9782406151838
- ISBN : 978-2-406-15183-8
- ISSN : 2261-1851
- DOI : 10.48611/isbn.978-2-406-15183-8.p.0329
- Éditeur : Classiques Garnier
- Mise en ligne : 08/11/2023
- Langue : Français
Résumés
Hélène Baty-Delalande et Alain Tassel, « Avant-Propos »
L’année 1922 voit la publication de nombreux romans mettant en scène des jeunes gens, tendance qui se confirmera par la suite, et qui s’inscrit dans les bouleversements culturels et sociaux de l’immédiat après-guerre. L’intense réflexion critique sur l’adolescence comme étape décisive se double d’un travail poétique sur la mise en récit de ce moment éminemment romanesque où semblent s’ouvrir tous les possibles.
Odile Gannier, « Panaït Istrati. Jeunesse de picaros sur les routes d’Orient »
Kyra Kyralina est le premier roman de Panaït Istrati, composé en français, en 1922. Son jeune héros, Adrien Zograffi, part sur les routes avec un marchand ambulant qui raconte lui-même ses débuts dans la vie. La plus grande partie du récit est donc consacrée aux aventures picaresques de ce dernier, qu’Adrien vit par procuration tout en faisant lui-même son initiation. Ce roman de formation restitue toutes les expériences, qu’elles soient puisées dans la mémoire ou fécondées par l’imaginaire.
Jean-Baptiste Legavre, « “Cet étonnant gamin”. Vers la maturité ? Rouletabille chez les Bohémiens »
Rouletabille chez les Bohémiens, d’abord paru en feuilleton dans Le Matin (en 1922), est le huitième et dernier opus de la série des Rouletabille. La jeunesse de Rouletabille, qui a entamé sa carrière de journaliste à seize ans et demi est, dans cet opus, biologiquement improbable. Une étude des Bohémiens suggère que le « roi des reporters », tout en restant jeune, atteint progressivement une certaine maturité après bien des aventures. La jeunesse est ici un passage plus qu’un moment.
330François Tézenas du Montcel, « L’Enfant chaste et Le Baiser au lépreux, deux romans d’une jeunesse qui se sacrifie »
Au sacrifice presque indicible de la première guerre mondiale semblent répondre, dans Le Baiser au lépreux de Mauriac et L’Enfant chaste de Jean-Michel Renaitour, deux formes de sacrifice imposé par les convenances sociales. Dans le cas de Renaitour, il ne dépasse guère le stade d’un roman-vaudeville, tandis qu’il atteint chez Mauriac la dimension d’un authentique élément de tragédie.
Alain Tassel, « Silbermann, roman initiatique ou la portée d’une involution »
Le héros éponyme du plus célèbre roman de Jacques de Lacretelle publié en 1922 n’est peut-être pas son personnage le plus important. L’évolution du jeune narrateur est très remarquable, de la révolte face à la compromission des parents, grâce à l’influence de Silbermann, à la résignation devant la puissance de l’ordre établi, après son départ. Cette involution s’inscrit dans le cadre d’un relativisme moral que conforte la parabole de l’enfant prodigue.
Lucie Nizard, « Le désir des adolescentes dans le roman de 1922. De l’apprentissage corporel de la liberté »
La première guerre mondiale bouleverse le statut des femmes, désormais perçues comme potentiellement actives dans de nombreux domaines qui leur étaient jusqu’alors défendus. Cette évolution des mœurs entraîne un renouvellement en régime romanesque du personnage de la jeune fille : l’enjeu principal n’est plus le beau mariage final, et l’initiation complète à la sexualité au soir de noces en blanc, mais la découverte du désir, y compris dans sa matérialité la plus incarnée.
Anna Krykun, « Les garçonnes. De la nouvelle génération à la nouvelle conception de l’histoire ? »
En s’appuyant sur un corpus de romans, essais et articles parus entre 1918 et 1928 et consacrés aux « jeunes femmes modernes », le présent article se donne pour objectif d’explorer les représentations littéraires des garçonnes et leur influence sur la cristallisation du paradigme générationnel des changements historiques dans les sciences humaines et sociales.
331Blandine Puel, « “Le moment adolescent” dans quelques récits du premier xxe siècle »
Le Diable au corps de Radiguet et Le Blé en herbe de Colette proposent en 1922 un traitement inhabituel du temps de l’adolescence. Moment à part entière, envisagée comme autonome, la période adolescente est la seule à occuper le récit. Cela dans ces romans initie une poétique nouvelle de l’âge adolescent, qui perdurera et aura un grand succès au cours du siècle.
Clément Extier, « Cogle “scarifié et scarificateur”. L’écriture de soi comme auto-mutilation dans État-Civil (1921) »
État-Civil (1921)est un récit de jeunesse fondé sur la mise en œuvre de gestes propres à l’adolescence, comme le montre une analyse convoquant la psychanalyse et l’anthropologie sociale : répudiation des figures parentales et familiales, établissement d’une nouvelle ascendance, scarification dans l’écriture même. Mais cette stratégie échoue puisque que sous la peau du texte, d’autres références apparaissent, qui aliènent le narrateur et ne lui laissent d’autre choix que le sacrifice.
Bernabé Wesley, « Le théâtre de la guerre dans Thomas l’imposteur de Jean Cocteau »
Roman de guerre et d’adolescence, Thomas l’imposteur (1923) attribue à son personnage principal une naïveté qui révèle la théâtralité de la guerre et fonde la dimension critique du roman à l’égard des discours belliqueux de 1914-1918. Dans une perspective sociocritique, cet article examine la théâtralité du roman en rapport à la théâtralité de la guerre et de la mémoire collective de l’immédiat après-guerre.
Nataliya Lenina, « La syncope en tant que paradigme matriciel dans Aurélien et dans Anicet ou le panorama, roman de Louis Aragon »
Dans les romans d’Aragon Aurélien et Anicet, la syncope se manifeste tout à la fois sur le plan narratif, stylistique et symbolique. Dans Aurélien, elle traduit la quête identitaire, artistique et amoureuse d’une jeunesse française coincée entre deux guerres, la relation amoureuse elle-même adhère au paradigme syncopé, celui de l’art moderne. Anicet présente une forme irrégulière qui, fondée sur le principe de discontinuité, se coule dans le même modèle matriciel, celui de la syncope.
332Christian Morzewski, « Pierre Lampédouze d’Henri Bosco ou la première naissance d’un romancier »
Pierre Lampédouze, premier roman d’Henri Bosco publié en 1924, semble marqué par les avant-gardes des années 1920 : futurisme, surréalisme, dadaïsme. Au-delà de la dimension (conjecturale) de pochade ou de pastiche, ce « cahier d’un retour au pays natal » du jeune poète exilé à Paris et progressivement « rapatrié » dans le culte du classicisme et de la lumière de la Provence, prend une valeur quasi prémonitoire par rapport à l’œuvre et à l’itinéraire ultérieurs de Bosco.
Jean-François Massol, « Le Cahier gris, Le Pénitencier et La Belle Saison.Un discours complexe sur jeunesse et adolescence entre 1922 et 2022 »
Dans les trois premiers volumes des Thibault, les caractérisations de la jeunesse sont à la fois nombreuses et variées, selon les regards portés sur les individus, selon les sexes, selon les situations sociales, selon la place dans la temporalité du récit. Originaux, si on les compare à L’Adolescent de Romain Rolland (1906) ou aux Faux-Monnayeurs de Gide, ils contribuent ainsi à représenter l’âge adolescent avec justesse et modernité.
Édith Perry, « À la recherche d’une forme. Les Thibault (1922-1923) »
Même si au fil du texte affleure dans la mémoire du lecteur quelques souvenirs des romans de formation du xixe siècle, Jacques Thibault se distingue de leurs héros par bien des aspects. À travers lui, son créateur s’intéresse non à la conquête d’une place dans la société mais à cette aventure qui consiste à devenir soi, à cette lutte toujours recommencée contre l’atavisme et le milieu et à cette recherche d’une forme qui toujours échappe.
Carme Figuerola, « Les Thibault de Roger Martin du Gard. Un appel à la jeunesse pour le renouvellement social »
Dans Le Cahier gris et Le Pénitencier, Martin du Gard représente des adolescents qui affirment leur personnalité pour mieux traduire la quête d’un renouveau à l’échelle de la société tout entière. L’éveil identitaire, les oscillations de personnalités en germe permettent de souligner les ambiguïtés religieuses, l’intransigeance bourgeoise ainsi que les fractures politiques.
333Àngels Santa, « Jeunesse, entre conformisme et révolte dans les premiers volumes des Thibault de Roger Martin du Gard »
Le début des Thibault propose une vision nuancée de la révolte, comme tentation parfois éphémère qui caractérise les jeunes gens. La comparaison avec Le Blé en herbe de Colette et La Garçonne de Margueritte permet de mettre l’accent sur des moments de basculement ou d’initiation (les pensées suicidaires, l’initiation sexuelle). L’entrée dans l’âge adulte voit rarement la radicalisation de la révolte (Jacques Thibault) et plus souvent une acceptation en suspens des conventions sociales.
Charlotte Andrieux, « Les amitiés passionnelles dans Le Cahier gris de Roger Martin du Gard et Silbermann de Jacques de Lacretelle. L’individuation à l’origine des vocations littéraires »
Cette étude compare la représentation de l’amitié passionnelle de jeunes gens dans Le Cahier gris de Roger Martin du Gard et Silbermann de Jacques de Lacretelle. Au-delà du culte d’une amitié libératrice, bien éloignée des soupçons des adultes, il s’agit d’un processus d’individuation (Jung) permettant un retour sur les origines de l’être et de sa vocation future.
Hélène Baty-Delalande, « Suggérer la violence. Surveiller et punir l’“enfant difficile” dans Le Cahier gris et Le Pénitencier »
Les deux premiers volumes des Thibault proposent une représentation sensible de la violence exercée par un père et par l’institution sur un adolescent du début du xxe siècle. Martin du Gard confronte son lecteur à la rébellion adolescente grâce à un dispositif romanesque dénué de tout sensationnalisme. Son « Pénitencier » fictif, reconstitué à partir d’une réalité historique, cristallise les équivoques d’une époque férue de discipline, et expose la violence nue de l’incarcération.
Patrick Quillier, « La transmission par l’écoute, de Jacques Thibault à Jacques Decour »
Le Cahier gris et Le Pénitencier ont exercé une influence majeure sur le jeune Daniel Decourdemanche, dont le nom de plume, Jacques Decour, emprunte le prénom du protagoniste de Martin du Gard. L’attention portée 334par les personnages et le narrateur omniscient au paysage sonore acoustique et surtout acousmatique, a pu frapper le jeune lecteur qui fera preuve dans ses propres romans (Le Sage et le Caporal, Les Pères) d’une attention similaire : une transmission par l’écoute éminemment littéraire.