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Classiques Garnier

Hic incipit tercius liber istius operis / Ici commence le troisième livre de cet ouvrage

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Hic incipit tercius liber istius operis

[1] Hic incipit tertius liber istius operis, unde per hos versus moralitas tocius libri secundum fabulas declaratur, et primo de raptu Europe a Iove : « Iupiter Europam rapuit rate, taurus in illa / pictus erat, taurus nomine navis erat. Sequitur de Cadmo mutato. Est serpens sapiens pauper, sed pectore prudens / invenit hic tandem gramata greca prius. [2]De Acteone. Acteon cervus pavidat qui gente necatur / in silvis propria, preda cibusque canis. De Semele. Deceptam Semelem corpus dic esse solutum / quod gula dissolvit flamma cibusque meri. De Bachis et Bacho. Sunt gemine matres duplex natura Falerni : / crus patris est estas ; humida mater hyems. [3]De narciso mutato versus : Narcisus puer est cupidus quem gloria rerum / fallit que florent, que velut umbra fluunt. De echo. Dicitur in silvis Echo regnare quod illuc / aer inclusus verba referre solet. [4]De Thiresia. Pentheus sevit aper, oculos quia Bachus Agaves / prestigiat quare dilaceratus obit. / Auditum visumque notat tibi flebilis Yno, / pars est Authonoe frontis ymago prior. [5] Est intellectus Semele, ratio per Agavem / signatur, Pentheus est studiosus homo. / Dilacerant et diminuunt auditus, ocellus / et ratio, nec non cella suprema virum. / Cella patet logices per Agavem ; vir studiosus / est Pentheus. Lacerat previa turba virum ».

1 rate Ghisalberti] rapte ms. sapiens Ghisalberti] sapiens eos, ut sapiens serpit ms. | 2 crus patris] cui pater Ghisalberti | 3 illuc] illic Ghisalberti | 4 sevit] sevus Ghisalberti quia Ghisalberti] que ms. | 5 virum1Ghisalberti] venit ms. vir Ghisalberti] ubi ms.

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Ici ­commence le troisième livre
de cet ouvrage

[1] Ici ­commence le troisième livre de cet ouvrage, dont la moralité ­complète fable par fable est ­contenue par les vers qui suivent, en ­commençant par ­lenlèvement ­dEurope par Jupiter : Jupiter enleva Europe sur un bateau ; un taureau était peint sur ce bateau ; Taureau était le nom du navire. Sequitur de Cadmo mutato(« Suit la métamorphose de Cadmus ») : « Le sage rampe humblement ­comme un serpent mais finalement, le cœur plein de finesse, il invente le premier les lettres grecques ». [2]De Acteone (« Actéon ») : « Actéon tremble ­comme un cerf, lui qui est tué par ses propres serviteurs dans les forêts, proie et nourriture de son ­chien. » De Semele(« Sémélé ») : « dis-toi que Sémélé abusée est le corps dissolu, que la bouche, la flamme (amoureuse), la nourriture et le goût du vin pur ont détruit ». De Bachis et Bacho(« Les Bacchantes et Bacchus ») : « Les deux mères de Bacchus sont la nature double du Falerne ; la cuisse du père est ­lété, la mère est ­lhiver humide. » [3]De narciso mutato(« Métamorphose de Narcisse ») : vers : « Narcisse est un enfant cupide que trompe la glorieuse apparence du monde qui fleurit, puis ­sécoule ­comme une ombre. » De echo(« Écho ») : « On dit ­quÉcho règne dans les forêts parce que ­lair ­contenu dans les forêts renvoie habituellement les paroles. » [4]De Thiresia(« Tirésias ») : « Penthée est sauvage ­comme un sanglier, parce que Bacchus envoûte les yeux ­dAgavé, ­cest pourquoi il meurt dépecé. » « La triste Ino signifie pour toi ­louïe et la vue, Autonoé est ­lavant du front, la naissance de ­limage. [5] Sémélé est ­lentendement, par Agavé est signifiée la raison ; Penthée est ­lhomme studieux mis en pièce et diminué par ­louïe, ­lœil et la raison, et tout autant par la dernière chambre du cerveau. La chambre de la logique est ouverte par Agavé, Penthée est ­lhomme studieux et la troupe précédente dépèce ­lhomme ».

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[6] Hic incipit tercius liber huius voluminis in primo cuius ­continetur Cadmi exilium. Interfectio sociorum suorum a serpente ; interfectio serpentis a Cadmo ; seminatio dentium serpentis ; quomodo milites armati nati fuerunt de illis dentibus ; eorum interfectio ; edificatio Thebarum. Acteonis in cervum mutatio et ipsius a canibus suis destructio. Fulminatio Semeles a Iove suo amasio. Tiresie a Iunone excecatio et ipsius de morte Narcisi vaticinatio. Penthei presumptio. Acestis ­com Pentheo ­comfabulatio ; Penthei per matrem et materteram interfectio. [7] Et in hoc tractabitur liber iste, unde versus : « Dat primam famam distinctio terna ­conanti. / Exul abit Cadmus, Tebas facit angue necato ; / in cervum Dyana Acteona vertit et illum / dilaniant catuli. Semele Iovis igne crematur. / Iupiter et Iuno diffusi nectare ludunt. / Tiresias cecus fit primo, postea vates ; / de nece quesitus Narcisi vaticinatur. / Spernit eum Pentheus, ­contempnit ­festa Lyei ; / a famulis Penthei sumptus vincitur Acestes. / Illum carcer habet, sed Bacus liberat ipsum : / membratim laniant mater, matertera Pentheum. / His visis Bachi celebrant Mineides aras. / Finitur cerni post hec opus omne Lyei ».

[8] Hic incipit tercia distinctio huius voluminis, ut dictum est, in quo ­continetur quomodo Agenor misit Cadmum filium suum quesitum Europam et quod non rediret nisi illam inveniret. [9] Continuate ergo litteram : ita Iupiter sub specie bovis rapuit Europam. -Que pro ­et ; Iam deus (1), et cetera, vel que sit una dicio : Deus ­confessus eratse (2) ; iamque pro iam, et hoc dico ymagine tauri fallacis posita (1), id est deposita, non quia taurus esset, sed quia rapuerat Europam in navi sua que Taurus dicebatur vel in fronte cuius taurus fictus erat, sicut superius ­continetur.

6 Fulminatio] falminatio ms. | 7 Dyana] Palla ms. crematur ex cremantur ms.

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[6] Ici ­commence le troisième livre de ce volume : il ­contient tout ­dabord ­lexil de Cadmus, la mort de ses ­compagnons tués par le serpent, la mort du serpent tué par Cadmus. Cadmus sème les dents du serpent. Comment des soldats en armes naissent de ces dents et ­sentretuent. Construction de Thèbes. Actéon est changé en cerf et dévoré par ses ­chiens. Sémélé est foudroyée par Jupiter son amant. Tirésias est rendu aveugle par Junon et prédit la mort de Narcisse. Orgueil de Penthée. Acétès discute avec Penthée. Penthée est tué par sa mère et sa tante. [7] ­Cest de cela que traite ce livre, ­doù les vers : « La troisième partie donne une première tradition de ­lhistoire à celui qui ­sessaie à la lire. / Cadmus part en exil et fonde Thèbes après avoir tué le serpent. / Diane transforme Actéon en cerf et il est / déchiré par ses ­chiens. Sémélé est brûlée par le feu de Jupiter. / Jupiter et Junon, détendus par le nectar, ­samusent. / Tirésias devient ­dabord aveugle, puis devin. / Interrogé, il prophétise sur la mort de Narcisse. / Penthée le dédaigne et méprise les fêtes de Bacchus. / Acétès est arrêté et enchaîné par les serviteurs de Penthée. / Il est gardé en prison, mais Bacchus le libère. / La mère et la tante de Penthée le déchirent membre par membre. / Ayant vu cela, les Myniéides honorent les autels de Bacchus. Après cela on termine ­dexpliquer toute ­lœuvre de Bacchus. 

[8] Ici ­commence le troisième livre de cet ouvrage qui, ­comme on ­la dit, raconte ­comment Agénor envoya son fils Cadmus à la recherche ­dEurope en lui interdisant de revenir ­sil ne la retrouvait pas. Continuez donc le texte : ainsi Jupiter enleva Europe sous ­laspect ­dun bœuf. -Que (« et ») pour et (« et ») ; Iam deus (« déjà le dieu ») etc, ou ce pourrait être la même chose que : Deus ­confessus eratse (« ­sétait révélé ­comme dieu ») et ­jajoute : ymagine tauri fallacis posita (« ayant posé la forme mensongère du taureau »), ­cest-à-dire ­layant déposée, non quil eût été un taureau, mais parce ­quil avait enlevé Europe dans son navire qui ­sappelait « Taureau », ou sur la proue duquel était représenté un taureau, ­comme on ­la vu plus haut.

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III 1-2

Ita fuit factum quod Iupiter rapuerat Europam, unde iamque removerat formam tauri et tenebat Ditea rura. Ditis est civitas a qua dicuntur Ditei, id est cretenses.

1-2*

1 Iamque : tunc ; deus : Iupiter ; posita : deposita ; fallacis : mendacis ; ymagine : forma. 2 ­confessuserat : monstraverat ; Ditea : cretica ; tenebat : colebat, habitabat.

III 3-4

[1] Fabula talis est : ­com Iupiter in specie tauri rapuisset Europam, filiam Agenoris regis, Agenor iussit Cadmo filio suo quod illam quereret aut in exilium mitteretur, unde Cadmus reliquit patriam suam et ­consuluit Phebum quo iret. [2] Phebus dixit quod egrederetur et vacam sequeretur. Fecit sic, et vidit vacam ; voluit sacrificare Iovi. Misit servos suos quesitum aquam, sicut moris erat in sacrificiis. [3] Illi invenerunt quendam serpentem, iuxta illos fontes, qui illos interfecit. Cadmus autem, videns illos cunctari, stupefecit, et ivit quesitum illos, et invenit serpentem super illos, unde sibi iecit lapidem et illo non hunc oc [f. 71v] cidit ; imo quodam telo illum interfecit. [4] Et ad ultimum venit Pallas et illum iussit dentes seminare serpentis, unde ab istis dentibus nati fuerunt homines armati qui sese mutuo vulnere interfecerunt, unde quinque remanxerunt, quorum fuit unus Echion, qui, primus inter fratres, pacem fecit, et istis quinque mediantibus Cadmus fundavit Thebas, usque ad illum locum : Iam stabant Thebe (131).

3-4*

3 pater : Agenor ; ignarus : stultus ; natam : Europam ; perquirere : querere ; Cadmo : filio. 4 imperat : dixit ; addit : promittit.

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III 1-2

Ainsi il arriva que Jupiter avait enlevé Europe. Puis iamque (« et déjà ») il avait abandonné sa forme de taureau et tenebat Ditea rura (« occupait les campagnes autour de Dicté »). Dicté est une cité qui donne son nom aux « Dictéens », ou Crétois.

III 3-4

[1] La fable est la suivante : ­comme Jupiter avait enlevé Europe, la fille du roi Agénor, sous ­lapparence ­dun taureau, Agénor ordonna à son fils Cadmus de partir à sa recherche, ou de ­sexiler. Cadmus quitta donc sa patrie et ­consulta Phébus pour savoir où il irait. [2] Phébus lui dit de se mettre en marche et de suivre une vache. ­Cest ce ­quil fit. Il vit la vache, et voulut la sacrifier à Jupiter. Il envoya ses serviteurs chercher de ­leau, pour réaliser le sacrifice selon les rites. [3] Près de la source, les serviteurs tombèrent sur un serpent, qui les tua. Cadmus, voyant ­quils tardaient, ­sétonna et partit à leur recherche. Il trouva le serpent au-dessus ­deux, lui jeta une pierre qui ne le tua pas. [f. 71v] Il le tua avec une flèche. [4] Finalement Pallas arriva et lui ordonna de semer les dents du serpent. De ces dents naquirent des hommes tout en armes qui se blessèrent réciproquement et ­sentretuèrent. Cinq ­dentre eux survécurent, dont Échion qui, le premier, fit la paix avec ses frères. ­Cest avec ­laide de ces cinq hommes que Cadmus fonda Thèbes. Le récit se poursuit ­jusquà ces mots : Iam stabant Thebe (« Déjà Thèbes se dressait »).

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III 5-10

Pius (5) : quantum ad filiam querendam. Sceleratus (5) : ad Cadmum exulendum. Pererrato (6) : inutiliter errato a Cadmo, et, dum pererrasset totum mundum, ­consulit (9), id est petit ­consilium. Oracula Phebi (8) : oracula sunt loca ubi dabantur responsa, sed in hoc loco ponit oracula pro responsis. Bos (10), et cetera. Solis (10), id est solitariis, vel solis, id est desertis a mansione hominum, carentibus et ­cultura.

5-12*

5 exilium : scilicet ; factoque : operatione et ; sceleratus : iniqus ; eodem : uno. 6 Orbe : mondo ; quis : homo ; nam : quia ; deprendere : capere. 7 Iovis : nemo ; -que : et ; -que : et ; parentis : Agenoris. 8 victat : fuerit ; Agenorides : Cadmus ; oracula : vaticinia ; suplex : supplicando. 9 habitanda : colenda ; requirit : interrogat. 10 Bos : vaca ; ait : dixit ; solis : desertis ; arvis : campis. 11 nullum : unus erat ; immunis : sine munere ; aratri : epiteton ; curvi. 12 hac : vaca ; carpe : sume ; viam : gressum ; requieverit : steterit.

III 13-14

Boecia  : a bove et sto, stas vel boecia, id est auxiliaria. Boeces nomen interpretatur adiutor ; nomen menibusadde. Castolio (14) : Castolia fuit quedam nimpha sepulta iuxta templum Apollinis, a qua dicta erat antrum castolium et regio castolia. Nota quod in alto erat antrum illud, scilicet in latere montis Parnasi ; per antrum illud erat decensus veniendo de monte.

13-18*

13 menia : civitatem ; ­condas : facias ; Boecia : a bove dicta ; vocato : dic. 14 Vix : imperfecte ; Castolio : a loco dicto ; antro : antrum illud erat in quodam monte et ideo dicit descenderat. 15 incustoditam : sine custodia ; lente : tarde ; iuvencam :vacam. 16 servicii : officii ; cervice : capite ; gerentem : portantem. 17 subsequitur : sequatur ; gressu : lege in passu vace ; presso, id est tamcito. 18 actorem : iussorem ; vie : sue ; taciturnus : tacitus vel tacens.

5-10 querendam] quendam ms. Solis1] soliis ms. | 13-14 bove et sto, stas ] bove et # ms. Parnasi] Pernasi ms. | 17* sequatur] seccatur ms. tamcito] tacito ms.

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III 5-10

Pius (« tendre ») : pour ce qui ­concerne la recherche de sa fille. Sceleratus (« criminel ») : pour ­lexil de Cadmus. Pererrato (« traversé ») : parcouru en vain par Cadmus qui, tandis ­quil errait à travers le monde entier, ­consulit (« ­consulta »), ­cest-à-dire demanda ­conseil. Oracula Phebi (« les oracles de Phébus ») : les oracles sont les lieux où étaient données des réponses, mais à cet endroit ­lauteur écrit « oracle » au lieu de « réponses ». Bos (« Vache »), etc. Solis (« seuls »), ­cest-à-dire solitaires, ou Solis (« seuls »), désertés, privés ­dhabitations humaines et de ­culture.

III 13-14

Boecia (« Béotienne ») : de « bœuf » et « cité » ; ou « béotienne », ­cest-à-dire auxiliaire. Le nom Boeces1 ­sinterprète ­comme le nom « assistant », ajouter « pour les remparts ». Castolio (« De Castalie ») : Castalie était une nymphe enterrée à côté du temple ­dApollon ; ­cest à cause ­delle ­quon disait « ­lantre de Castalie » et « le pays de Castalie ». Noter que cet antre était en hauteur, dans le flanc du mont Parnasse ; on passait par cet antre pour descendre du haut de la montagne.

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III 19

Penopes et : regio est a regina vel a nimpha sic dicta, vel a Penope civitate.

19-23*

19 Cephesi : illius fluminis ; evaserat : liquerat ; arva : campos. 20 bos : vaca illa ; tollens : levans ; spaciosam : magnam ; altis : summis. 21 frontem : suis caput ; mugitibus : vocibus suis ; impulit : depulit ; auras : ethera. 22 atque : hoc facto ; ­comites : socias. 23 procubit : incubuit ; -que : et ; sumsit : deiecit ; herba : gramine.

III 24

Cadmus agit : primo voluit sacrificare Cadmus antequam civitatem fundaret, et sic debemus facere ; primo debemus querere regnum Dei, et, dum videret, ita Cadmusagitgrates.

24-25*

24 agit : reddit ; peregrineque : aliene et ; oscula : basia ; terre : patrie. 25 figit : dat ; ignotos : non cognitos ; agros : campos.

III 26

Qui honorat patrem, honorat filium, et sic voluit sacrare Iovi, patri Phebi.

26* Sacra : sacrificia ; iubet : sperat ; ire : pergere ; ministros : famulos.

III 27

Libandas : id est bonas ad libandum necesse est habere aquas ad sacrificium.

27* petere : capere de ; libandas : sacrificandas.

19 liquerat] liqueat ms. | 24 voluit] volunt ms. | 27 libandum] liberandum ms.

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III 19

Penopes et (« et Panope ») : le pays est appelé ainsi du nom ­dune reine ou ­dune nymphe, ou de la cité de Panopée.

III 24

Cadmus agit (« Cadmus rend (grâces) ») : Cadmus voulut ­dabord faire un sacrifice avant de fonder la ville, et ­cest ainsi que nous devons agir ; nous devons ­dabord chercher le royaume de Dieu. En le voyant, alors Cadmusagitgrates (« Cadmus rend grâces »).

III 26

Qui honore le père honore le fils, ­cest pourquoi Cadmus voulut sacrifier à Jupiter, père de Phébus.

III 27

Libandas (« Pour faire les libations ») : ­cest-à-dire des eaux aptes à libérer, ­quil est nécessaire ­davoir pour le sacrifice.

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III 28-34

Silva vetus (28) : per hoc quod dicit vetus, notat quod antique arbores erant ibi. Stabat (28) com dicit, notat quod nomquam fuerat decissa, et sic describit locum ubi perrexerunt famuli quesitum aquas. Estspecus (29) : invenitur hic et hec et hoc specus-cus-cui, unde in quinto libro est « specus horrendum ». Virgis (29) ponit pro lignis magnis, vimine pro parvis. Profecti (35) : de sociis Cadmi qui venerant de Tyro. Tresque (34) dicit propter maiorem et minorem et ­contrapositionem argumenti.

III 28-38

[1] Moralitas talis est : quando Europa rapta fuit, missi sunt tres fratres : Fhenix, a quo dicta fuit Fenicia, et repatriavit, et Cilix, a quo dicta est Cylicia. [2] Cadmus noluit repatriare ; ­consilio Apollinis, id est sapientie sue, in loco ubi bos iacebat, voluit fundare civitatem, id est ubi homines tantum gule intendebant, non sapientie studio. [3] Misit ergo socios suos ut sibi quererent aquas vivas, id est misit discipulos suos ut alios discipulos quererent vivi ingenii. Qui, venientes ad fontem, id est ad locum ubi copiam putabant esse subtilium, dum aquas haurirent, id est discipulos facundia sua haurirent, id est acquirerent, excitato serpente, ab eodem sunt occisi, id est facondiorem se invenerunt qui eos mordendo ­confutavit, id est disputando. [4] Cadmus vero, pellem leonis indutus, id est ferox, et duo hastillia gerens, id est facondiam et sapientiam in se retinens, socios disputando denudatos vindicare, desiderans disputando, ­contra serpentem saxum impellens, id est argumentum nullius eficacitatis et rude, nichil calliditati eorum nocere potuit indigenarum.

28-34 specus2] serpens ms. vimine] nimine ms. | 28-38.1 Fhenix] senix ms. a quo ex quo a quo ms. | 28-38.2 noluit] voluit ms. | 28-38.4 serpentem ex serpentes ms. impellens] impelles ms.

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III 28-34

Silva vetus (« Une vieille forêt ») : en disant « vieille » (­lauteur) énonce ­quil y avait là des arbres très anciens. ­Lorsquil dit stabat (« se tenait »), il remarque que (la forêt) ­navait jamais été coupée et ­cest ainsi ­quil décrit le lieu où les serviteurs allèrent chercher de ­leau. Estspecus (« Il y a une grotte ») : on trouve pour serpens (« le serpent ») les trois genres, masculin, féminin et neutre ; dans le livre cinq, il y a une grotte terrifiante. Il emploie virgis (« par les branches ») pour les grandes branches, vimine (« par la baguette ») pour de petites branches. Profecti (« partis ») : à propos des ­compagnons de Cadmus qui étaient venus de Tyr. Il dit tresque (« triple ») à cause de la majeure, la mineure, et la ­conclusion ­dun syllogisme.

III 28-38

[1] La moralité est la suivante : après ­lenlèvement ­dEurope, trois frères furent envoyés (à sa recherche) : Phénix, qui donna son nom à la Phénicie et revint dans sa patrie, et Cilix qui donna le sien à la Cilicie. [2] Cadmus ne voulut pas retourner dans sa patrie ; il suivit le ­conseil ­dApollon, ­cest-à-dire de sa sagesse : là où la vache ­sétait arrêtée, il décida de fonder une cité, ­cest-à-dire un lieu où les hommes avaient seulement du goût pour la gloutonnerie et non pour la sagesse2. [3] Il envoya donc ses ­compagnons lui chercher de ­leau vive, ­cest-à-dire ­quil envoya ses disciples chercher ­dautres disciples à ­lintelligence vive ; ceux-ci, arrivant à la source, ­cest-à-dire au lieu où ils pensaient trouver en abondance des hommes subtils, alors ­quils puisaient de ­leau, ­cest-à-dire alors ­quils puisaient, ­cest-à-dire acquéraient des disciples par leur éloquence, réveillèrent un serpent qui les tua, ­cest-à-dire ­quils trouvèrent un homme plus éloquent ­queux qui les ­confondit par sa morsure, ­cest-à-dire par son raisonnement. [4] Mais Cadmus, vêtu ­dune peau de lion, ­cest-à-dire féroce et muni de deux javelots, ­cest-à-dire ayant en lui ­léloquence et la sagesse, désira venger par le raisonnement ses ­compagnons désarmés par le raisonnement : il jeta une pierre ­contre le serpent, ­cest-à-dire un argument inefficace et grossier, il ne put nuire en rien à la finesse des habitants de ces lieux.

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[5] Tandem iaculo, id est subtilioribus et accucioribus, eos devicit. Postea dentes serpentis seminavit, id est litteras grecas adinvenit, unde alibi : « Grecorum primus vestigat grammata Cadmus ». [6] Littere grece dentes serpentis dicte sunt pocius quam alie quia astutiores fuerunt Greci et subtiliores quam alie gentes quia astutiores sunt homines poetice professionis quam layce. [7] De dentibus, id est de litteris, nati sunt homines armati, id est de litteris grecis primo videntur legiste, qui disputatione sua sese mutuo devicerunt. [8] Quinque remanxerunt, id est quinque vocales ; reperti per excellentiam fuerunt, quibus civitas, id est tota sapientia, fundata fuit et descripta.

28-38*

28 Silva : una ; vetus : antiqua ; nulla : non ulla ; violata : cissa. 29 specus : fovea ; inmedio : silve ; vimine : frondibus. 30 efficiens : faciens ; humilem : curvam ; lapidum : petrarum ; ­compagibus : iuncturis. 31 uberibus : fecondis ; ­conditus : in quo absconditus ; antro : fovea. 32 Marcius : bellicosus ; anguis : serpens ; presignis : nobilis ; auro : quia ciste erant auree. 33 igne : per ignem ; micant : splendent ; tumet : inflator ; veneno : virus. 34 -quemicant : et reprendent. 35 lucum : nemus. 36 gradu : via. 37 urna : vas fictile ; longuo : magno ; extulit : levavit. 38 ceruleus : candidus ; horrendaque : timenda et ; misit : dedit.

III 39

Sanguisque, et cetera. Qui sanguis fugit a superficie carnis quando aliquis moritur , et ita corpus hominum remanet sine sanguine, quia est amicabilis nature.

39-43*

39 Effluere : distillavere ; unde : aque ; manibus : sui ; -que : et ; relinquit : sinit. 40 corpus : suum ; attonitos : stupefactos ; subitus : citus ; occupat : capit. 41 volubilibus : vexilis. 42 immenso : magno ; sinuatur : curvature ; in orbes : vel in arcus. 43 at : et ; leves : subtiles ; ereptus : levatus.

28-38.6 fuerunt ex sunt ms. | 28-38.7 videntur] viderunt ms. | 28-38.8 quibus] qui ms. | 30* ­­compagibusex­­comparagibusms. | 32* anguis]aguisms. | 39 aliquis moritur ] aliquis # ms. | 41 vexilis] vexilibus ms.

485

[5] Finalement ­cest avec sa lance ­cest-à-dire avec des arguments plus subtils et plus acérés ­quil triompha ­deux ; ensuite il sema les dents du serpent, ­cest-à-dire ­quil inventa les lettres grecques, ­cest pourquoi on lit ailleurs : « Cadmus le premier a découvert les lettres des Grecs ». [6] Les lettres grecques plus que les autres sont appelées « dents de serpent » parce que les Grecs étaient plus fins et plus subtils que les autres peuples parce ­quils sont plus fins dans le domaine poétique que dans les professions populaires. [7] De ces dents, ­cest-à-dire de ces lettres, naquirent des hommes en armes, ­cest-à-dire que ­dabord ce furent les légistes qui ­sintéressèrent aux lettres grecques, eux qui se surpassaient les uns les autres avec leurs discussions. [8] Cinq hommes survécurent, ­cest-à-dire les cinq voyelles ; ­cest grâce à leur excellence ­quon trouva ceux par qui la cité, ­cest-à-dire toute la sagesse, fut fondée et définie.

III 39

Sanguisque (« et le sang »), etc. Ce sang déserte la surface de la chair, lorsque ­quelquun meurt : alors le corps humain se vide de son sang, ce qui est ­conforme à sa nature.

486

III 44-45

[ 1] Tanto. Construe : serpens est tanto corpore, id est tanti corporis, quanto, id est quanti corporis ille est qui separat geminos (45), id est Maiorem Ursam et Minorem, si spectes totum geminos quiseparat Arcos.[2] Iste est tanti corporis quanti est ille et sicut mulier honesta forma et honeste forme in demonstratione est. Et tangit actor quod Carubates, rex cretensis, destruit templum Cereris. [3] Ceres, vero irata, misit ei serpentem ut eum strangularet, et postea positus fuit in celum, ut illi qui viderent serpentem refrenati essent ab invidia deorum ; vel dicit actor de illo serpente qui dividit duas Ursas : una ­com cauda tangit aliam com capite suo. [4] Si totum dicit, quia non est totus in nostro hemisperio. Fenices vel Fenicas (46) apellat socios Cadmi a Fenice fratris Cadmi, a quo dicta est Phenicia.

44-49*

44 despicit : super se cernit ; quanto : corpore. 45 totumspectes : spectare possis ; qui : ille est ; separat : discernit. 46 Nec : et non ; mora : fuit ; Penicassiveilli tela parabant : illos homines nescio – dicit Ovidius pro si – parabant arma capere. 47 sive : vel ; sive : vel ; prohibebat : vetabat. 48 occupat : capit ; hos : aliquos ; morsu : suo ; longis : magnis ; amplexibus : nexibus ; illos : alios. 49 hos : quosdam ; necat : occidit ; funesta : mortali ; tabe : putredine ; veneni : occidit.

III 50

Fecerat : describit actor tempus in quo tempore factus fuit, scilicet in meredie, antequam scientia esset inventa.

50-54*

50 exiguas : parvas. 51 que : quanta ; sociis : suis ; miratur : stupet ; natus : Cadmus. 52 vestigatque : querit et ; viros : homines ; tegimen : tectorium ; directa : rigida ; leonis : unius. 53 telum : erat ; ferro : erat. 54 iaculum : erat ; animus : audacia ; prestancior : prevalentior.

44-45.1 totum geminos ]totum # ms. | 44-45.2 est2] esse ms. quod] quo ms. Cereris ex Cereis ms. | 45* spectesexspectusms.

487

III 44-45

[ 1] Tanto (« si grand »). Construire : le serpent est tanto corpore (« au corps si grand »), ­cest-à-dire« ­dun corps si grand », quanto (« que »), ­cest-à-dire : il est ­dun corps aussi grand que qui separat geminos (« celui qui sépare les jumeaux »), ­cest-à-dire la grande Ourse et la petite Ourse, si spectes totum geminos quiseparat Arcos (« Si on regarde tout entier celui qui sépare les deux Ourses »). [2] Celui-ci est doté corporis (« ­dun corps ») aussi grand que celui-là. Et de la même façon on dit dans une démonstration : une femme « à ­lhonnête tournure » et « ­dune honnête tournure ». Et ­lauteur parle de ­lépoque où Carubates, roi de Crète, détruisit le temple de Cérès. [3] Alors Cérès, furieuse, lui envoya pour ­létouffer un serpent qui fut ensuite placé dans le ciel pour que ceux qui verraient le serpent fussent refrénés dans leur jalousie envers les dieux. Ou bien ­lauteur parle de ce serpent qui sépare les deux Ourses : il touche ­lune avec sa queue, ­lautre avec sa tête. [4] Il dit Si totum (« si… en entier ») car le serpent ­nest pas entièrement dans notre hémisphère. Il appelle Fenices ou Fenicas (« Phéniciens »)les ­compagnons de Cadmus ­daprès Phénix,le frère de Cadmus, dont la Phénicie tient son nom.

46 Penicassiveilli tela parabant (« les Phéniciens, soit préparaient leurs armes ») : je ne sais pas, dit Ovide, si (sive pour si) ces hommes se préparaient à prendre les armes.

III 50

Fecerat (« Il avait fait ») : ­lauteur décrit le moment où cela se produisit, à savoir à midi, avant que la science fût découverte.

488

[f. 72r]

III 55-56

Ut nemus : ­com Cadmus intrasset nemus ubi erant corpora sociorum devicta a serpente, dixit : Aut ego ero ultor vestre mortis aut ­socius. Vidit omnia locata /ethostem in spaciosi corporisvictorem supra existentem. molarem (59), id est lapidem magnum ad modum unius mole.

55* Ut : priusquam ; intravit : Cadmus ; letataque : mortua et ; corpora : sociorum suorum.

III 56

Plus valebat animus omni telo quia audacia prevalet viribus.

56* victoremque : vidit et ; supra : socios ; spaciosi : magni ; hostem : serpentem.

III 57

Vestigia hominum querit. Habebat pellem leonis pro veste ; ita armatus erat Cadmus vel dividit actor arma Cadmi, dicens quod clipeus tegebatur corio cuiusdam leonis.

57-59*

57 lambentem : tepentem ; vulnera : plagas ; lingua : sua. 58 autultor : vel vindicator ; vestre : o vos. 59 aut­comes : vel socius ; inquit : dixit ; dixit : ita loqutus est ; dextra : sua manu ; molarem : lapidem.

III 60-61

Quasi diceret : Aut ego vos vindicabo aut pro vobis ­moriar ; bene dico quod iactavit lapidem. Illius impulsu (61) : quia quedam turris et maxime quattuor essent ­commoti si illo cum iactu lapidis tetigisset, et tamen serpens fuit immotus.

60-63*

60 sustulit : levavit ; magnum : illum ; cognamine : virtute ; misit : iecit. 61 Illius : molaris ; impulsu : ictu ; ardua : celsa. 62 menia : muri ; forent : essent ; vulnere : lesione ; mansit : re(mansit). 63 loricee : galee ; modo : ad modum ; scamis : suis ; atre : nigre.

489

[f. 72r]

III 55-56

Ut nemus (« Comme dans le bois »). Alors que Cadmus entrait dans le bois où gisaient les corps de ses ­compagnons vaincus par le serpent, il dit : « Ou je serai le vengeur de votre mort ou je vous rejoindrai »). Vidit omnia locata / ethostem spaciosi corporisvictorem (« Il voit toutes les traces et ­lennemi vainqueur au corps immense ») couché sur eux. Molarem (« une meule »), ­cest-à-dire une pierre grande ­comme une meule de moulin.

III 56

Son courage avait plus de valeur que toutes les lances parce que ­laudace surpasse les forces.

III 57

Il cherche les traces de ses hommes. Il était vêtu ­dune peau de lion ; telle était ­larmure de Cadmus ; ou alors ­lauteur distingue les armes de Cadmus et dit que son bouclier était recouvert de la peau ­dun lion.

III 60-61

En ­dautres termes : « ou je vous vengerai ou je mourrai pour vous ». Et je dis bien ­quil jeta une pierre. Illius impulsu (« Sous le choc de cette pierre ») : parce ­quune tour et même quatre très grandes tours auraient été ébranlées si Cadmus les avait atteintes de ce jet de pierre, et pourtant le serpent demeura immobile.

490

III 64

Duricia pellis sue et scamis suis depulit serpens ictus magnos Cadmi, sed tamen, ­com Cadmus iaculum suum sibi opposuisset, non potuit eadem duricie vincere telum, quia in media spina curvata, id est flexibili, ­constitit. Spina est series ossium a cervice usque ad renes descendens, qua partes costarum dependent.

64-67*

64 duricia : per duriciam ; validos : magnos ; ictus : percussiones. 65 duricia : per duriciam ; quoque : similiter ; vincit : serpens alia manus. 66 quod : iaculum ; lente : flexibilis ; curvamine : curvatura. 67 ­constitit : stetit ; descendit : vadit.

III 68

Ille dolore, et cetera. Com serpens precepisset et sensisset vulnera, retorsit caput suum supra terga et tamen, quia ferrum in ossibus descenderat, vix potuit a Cadmo revelli, et, com ita esset, serpens incepit tumescere gutture suo, unde terra pro scamis resonabat.

68-76*

68 Ille : serpens ; caput : ferox ; insua : super ; retorsit : variavit. 69 -que aspexit : et vidit ; -que : et ; hastile : telum. 70 idque : telum et ; ubi : postquam ; multa : virtute ; labefecit : ivit. 71 vix : pene ; eripuit : removit. 72 vero : certe ; solitas : assuetas ; accessit : venit. 73 recens : nova ; tumuerunt : inflate fuerunt. 74 -quepestiferos : et pestem ferentes ; albida : alba ; rictus : ora. 75 -que : et ; rasa : plena ; sonat : resonat ; -quealitus : et alitus, id est hanelitus. 76 Stigio : infernali ; viciatas : corruptas.

III 77

Spiris facientibus orbem : spira est circulus imperfectus, sine revolutione circuli, non perveniens ad eundem punctum, vel est semicirculus, ut quidam dicunt. Duo enim semicirculi faciunt orbem, unde dicit spiris, id est replicationibus facientibus orbem, id est rotonditatem.

64 scamis] cadmis ms. descendens] descendes ms. | 68 scamis] caun(?)mis ms. | 70* virtute ex vitute ms. | 72* assuetas ex assouetas ms.

491

III 64

Duricia pellis (« La dureté de sa peau »), et grâce à ses écailles le serpent repoussa les puissants coups de Cadmus. Cependant, ­comme Cadmus lui avait lancé son javelot, cette même dureté ne put résister à ce trait : il ­sarrêta au milieu de son épine dorsale, qui est courbe, ­cest-à-dire souple. ­Lépine dorsale est la suite des os qui descendent de la nuque au bas du dos, là où les côtes ­saccrochent en partie.

III 68

Ille dolore (« Par cette douleur »), etc. Comme le serpent avait reçu et senti la blessure, il retourna la tête au-dessus de son dos, parce que le fer était descendu dans ses os : Cadmus le retira à grand peine et à ce moment-là, la gorge du serpent ­commença à gonfler tandis que la terre résonnait du bruit de ses écailles.

III 77

Spiris facientibus orbem (« les spirales formant un cercle ») : la spirale est un cercle inachevé, sans la révolution propre au cercle, elle ne revient pas à son point de départ ; ou ­cest un demi-cercle ­comme le disent certains. En effet deux demi-cercles font un cercle, ­cest pourquoi il dit spiris (« spirales »), ­cest-à-dire avec des replis facientibus orbem (« formant un cercle »), ­cest-à-dire un arrondi.

492

77-78*

77 Ipse : serpens ; modo : aliquando ; immensum : magnum ; orbem : rotunditatem. 78 cingitur : lustratur ; interdum : nunc ; rectior : plus recta.

III 79-83

Impete : nec plus invenitur ; sicut de sponte,impes-etis declinatur, sed non est usu, et tantum invenitur impetum et impetu ; impetus-tus-tui modo dicitur, et attribuitur ei ablativo impete vel impetu, unde : « Impetus atque dies », et cetera, et dicit impete ceu proficit annis, id est aqua ­commotus imbribus (79), id est pluviis, quia sepe ­contigit quod aqua fit impetuosa propter superhabundaciam pluviarum, et, ­com ita serpens impetuose duceretur, Cadmus cedit (81), id est recedit parum (81) et retardat ora instancia ­com cuspide pretenta (82-83), unde serpens furit (83).

79-84*

79 impetu : impetuositate ; nunc : aliquando ; vasto : magno ; ceu : sicut ; ­concitus : motus ; imbribus : pluviis ; annis : aqua. 80 fertur : geritur ; obstantes : nocentes illi ; pectore : suo. 81 Cedit : recedit ; Agenorides : Cadmus ; spolio : pelle ; leonis : unius. 82 incursus : ­concursus ; retardat : refrenat. 83 cuspide : ­com sua ; pretenta : proposita ; furit : insanit ; ille : serpens ; inania : vana. 84 acumine : teli ; dentes : suos.

III 85

De morte serpentis

[ 1] Iamquevenenifero : ita serpens vulneratus fuerat et sanguis stillabat ab ore suo vel palato ; et dicitur palatum a palo-palas, quod est idem quod vagor-ris, quia in eo lingua, sed leve (87), id est parvum erat vulnus virtutis serpentis. Sedere (88) : in profundum descendere vel profundam esse vel sedere, id est descendere, et est metafora tracta a sedendo, quia, com aliquis sedet, dimittitur. [2]Arcendo (89) : serpens prohibebat dum retrahebat se. Donec Agenorides (90) : ita percusserat Cadmus serpentem ; serpens fugiebat donec Cadmus ­com quadam quercu cervicem fixit quia tanto cognamine percussit eum et telum penetravit cervicem et fixit in querqu, et serpens tantus erat quod robur curvatum fuit pondere illius.

79-83 tantum] tamen ms. superhabundanciam] superhabundancia ms. cedit exceciditms. | 80* pectoreex pectorae ms. | 83* pretentaex pretentata ms. | 85.2 fixit2] finxit ms.

493

III 79-83

Impete (« ­Dun bond ») : on ne trouve plus cette forme ; impes-etis (« bond »),se décline ­comme sponte (« volonté ») ; mais ce ­nest pas en usage, on trouve plutôt impetum et impetu : seul impetus, tus-tui (« élan »)est utilisé et on lui attribue à ­lablatif la forme impete ou impetu,­doù « Impetus et aussi dies3»,etc. Et il dit impete ceu proficit annis (« ­dun bond il ­savance ­comme un fleuve »),­cest-à-dire ­comme ­leau, grossi imbribus (« par les averses »), ­cest-à-dire les pluies, parce que souvent il arrive que ­leau devienne impétueuse à cause de pluies surabondantes. Et ­comme le serpent avançait de manière impétueuse, Cadmus cedit (« cède »),­cest-à-dire ­quil recule parum (« un peu ») et retardat ora instancia ­com cuspide pretenta (« tient en arrêt la gueule menaçante avec son javelot tendu devant lui »). ­Cest pourquoi le serpent furit (« est furieux »).

III 85

Mort du serpent

[ 1] Iamquevenenifero (« Déjà de (son palais) venimeux ») : ainsi le serpent avait été blessé et le sang coulait goutte à goutte de sa bouche ou palato (« de son palais ») ; on dit palatum de palo-palas (« errer çà et là ») qui a le même sens que vagor-ris (« errer »),parce ­quil avait une blessure sur la langue mais leve (« légère »),­cest-à-dire petite vu les qualités du serpent.Sedere (« ­sinstaller ») : descendre profondément ou être profonde, ou sedere (« ­sinstaller ») ­cest-à-dire descendreet ­cest une métaphore tirée de sedendo (« en se fixant »), parce que lorsque­quelquun se fixe, il est abandonné. [2]Arcendo (« En écartant ») : le serpent empêchait (­larme de pénétrer) en se reculant. Donec Agenorides (« ­jusquà ce que le fils ­dAgénor… ») : Cadmus avait donc frappé le serpent mais celui-ci lui échappait donec (« ­jusquau moment où ») Cadmus immobilisa sa nuque dans un chêne : il le frappa avec une telle force que le trait pénétra dans sa nuque et la ficha dans le chêne ; et le serpent était si grand que ­larbre se courba sous son poids.

494

85-94*

85 venenifero : venenoso ; manare : stillare. 86 ceperat : inceperat ; aspergine : liquore. 87 leve : parvum ; retrahebat : fugiebat. 88 -que : et ; colla : sua ; dabat : ponebat ; -que : et ; sedere : insinuare. 89 cedendo : dando locum ; arcebat : prohibebat ; longius : profundius. 90 donec : etiam adusque ; ­coniectum : positum ; gutture : suo. 91 usque : assidue ; quercus : una. 92 obstitit : nocuit ; robore : arbore ; cervix : testa. 93 Pondere : pro ; arbor : quercus ; ime : infime. 94 flagellari : cruciari ; caude : serpentis.

III 95

Dum spacium : quando Cadmus occidit serpentem et videbat magnitudinem illius, admirans propter illam, facta est vox ad illum dicens de celo : Tu, Cadme, quare cernis serpentem ? In fine mutaberis in ­serpentem. Unde Cadmus stupefactus erat, et, ­com ita stuperet, Pallas venit.

95-99*

95 Dum : quando ; spacium : magnitudinem ; ­considerat : cernit ; hostis : serpentis. 96 vox : una ; subito : cito ; auditaest : cognita est ; promptum : manifestum. 97 unde : veniat ; sed : tamen ; quid : talis fuit ; Agenore : o tu ; peremptum : occisum. 98 spectas : cernis ; spectabere : cernebere. 99 Ille : Cadmus ; diu : longe ; pavidus : timidus.

III 100

Visus, odoratus, gustus, tactus, auditus, vel quinque vocales, ut melius superius visum est.

100* gelidoque : frigido et ; ­come : capilli ; terrore : timore ; rigebant : rigidi erant.

III 101

[1] Superius habuimus quomodo Cadmus occidit serpentem ; modo habemus quomodo Pallas iussit ei quod dentes illius [f. 72v] seminaret ; et ita fecit et ex illis milites nati fuerunt armati qui sese interfecerunt, sed quinque remanxerunt, quorum auxilio Cadmus facit Thebas.

95 facta ex factus ms.

495

III 95

Dum spacium (« Tandis que ­lespace ») : lorsque Cadmus eut tué le serpent, ­comme il regardait sa taille immense, et ­sen émerveillait, une voix ­séleva et lui dit du haut du ciel : « toi, Cadmus, pourquoi regardes-tu ce serpent ? Finalement tu seras changé en serpent ». Alors Cadmus demeura frappé de stupeur et ­cest alors ­quil se trouvait dans cet état de stupeur que survint Pallas.

III 100

La vue, ­lodorat, le gout, le toucher, ­louïe ; ou mieux les cinq voyelles, ­comme on ­la vu plus haut.

III 101

[1] Nous avons vu plus haut ­comment Cadmus tua le serpent, maintenant nous voyons ­comment Pallas lui ordonna de semer ses dents [f. 72v], et ­cest ce ­quil fit : de ces dents naquirent des soldats armés qui ­sentretuèrent, mais cinq hommes survécurent, avec ­laide desquels Cadmus ­construisit Thèbes.

496

[2] Hoc et allegorice potest intelligi. Per Cadmum potest intelligi quilibet sapiens ; per serpentem parva cogitatio, quia quislibet sapiens debet fugare de se parvas cogitationes ; per illos qui se mutuo interfecerunt possunt intelligi virtutes et vicia qui semper ­contrariantur ; per quinque qui remanxerunt possunt intelligi quinque sensus hominis. Fautrix, de faveo-es, quia favebat Cadmo.

102-104*

102 adest : venit ; moteque : arate et ; iubet : imperat. 103 vipereos : serpentinos ; dentes : scilicet ; futuri : venturi. 104 Paret : obedit ; impresso : intus presso ; sulcum : liram.

III 105-107

Quia de illis dentibus nati fuerunt homines armati et de illis populus ortus fuit, et sic fecit Cadmus : et inde fide maius (106), quia maius erat quam credi potest quod glebe essent per se ­commote, et postea homines nati fuerunt de sulcis (107), id est de terra sulcata.

105-109*

105 spergit : seminat ; iussos : a Pallade ; mortalia : scilicet ; dentes : serpentis. 106 Inde : postea ; fide : crudelitate ; glebe : terre ; cepere : incepere ; moveri : ­commoveri. 107 -que : et ; acies : acuus ; haste : lancee. 108 tegmina : aperuerunt ; mox : ­consequenter ; miccantia : splendentia ; ­cono : summitate. 109 mox : ­consequenter ; pectus : aparet ; honerata : plena ; brachia : sua ; telis : iaculis.

III 110-114

De edifficatione thebana

Sic, ubi (111) : facit actor ­comparationem ad cortinas de hominum natione, dicens quod, sicut apparet quando cortine explicantur, quod primo apparent capita, postea cetera membra, sic nati fuerunt homines in illa terra. Aulea (111) : Attalus fuit quidam rex Frigie in cuius aula usus et paratus cortinarum primo inventus fuit.

101.2 de] ad ms. | 108* tegminaextemiguams. | 110-114 natione] nanone ms. Aulea] allea ms. Attalus] Alleus ms.

497

[2] On peut aussi ­comprendre ce récit de façon allégorique. Par Cadmus on peut ­comprendre ­quelquun de sage, par le serpent une pensée sans valeur, parce que quiconque est sage doit chasser loin de lui les pensées qui sont sans valeur ; par ceux qui ­sentretuèrent, on peut ­comprendre les vertus et les vices qui toujours ­sopposent ; par les cinq hommes qui survécurent, on peut ­comprendre les cinq sens de ­lhomme. Fautrix (« soutien ») vient de faveo-es (« être favorable »),parce que (Pallas) était favorable à Cadmus.

III 105-107

Parce que de ces dents naquirent des hommes armés et de ces hommes ­séleva un peuple, et ­cest ce que fit Cadmus : et inde fide maius (« alors, trop grand pour être cru »), parce que cela dépassait ce ­quon peut croire, le fait que les terres se mettaient ­delles-mêmes en mouvement ; puis des hommes naquirent de sulcis (« des sillons »), ­cest-à-dire de la terre labourée.

III 110-114

Édification de Thèbes

Sic, ubi (« Ainsi, lorsque… ») : ­lauteur utilise une ­comparaison avec les rideaux de théâtre à propos de la naissance des hommes, en disant que, ­comme cela se produit quand les rideaux se déroulent, et que les têtes apparaissent en premier, et le reste du corps ensuite, de cette façon les hommes naquirent dans cette terre. Aulea (« Les rideaux ») : Attaleétait un roi de Phrygie à la cour duquel on découvrit pour la première fois ­lusage et ­lornement des rideaux.

498

110-114*

110 existuunt : apparent ; seges : messis ; clipeata : armata ; virorum : hominum. 111 Sic : taliter ; tolluntur : levantur ; theatris : cortine. 112 surgere : parere ; -que : et ; ostendere : monstrare. 113 cetera : omnia ; pallatim : minutim ; eductatenore : producta evoluta. 114 pedes : suos ; margine : rippa.

III 115-117

[1] Territus (115). Com Cadmus videret subito homines natos de terra, stupuit et voluit capere arma, sed unus illorum dixit : non te civilibus insere bellis (117), unde nota quod triplex est bellum : bellum scilicet intestinum, civile et ­commune. [2] Bellum intestinum est quando homines eiusdem progeniei inter se pugnant. Bellum civile est quando homines eiusdem civitatis inter se pugnant. Bellum ­commune est inter extraneos et propter hoc dicit civilibus, id est ­communibus.

115-125*

115 Territus : stupefactus ; parabat : cupiebat. 116 nec : et non ; creaverat : formaverat ; unus : homo noviter genitus. 117 exclamat : exclamando dicit ; nec : et non ; civilibus : a civitate ; bellis : nostris. 118 Atqueita : hoc facto ; terrigenis : de terra genitis ; unum : fratrem. 119 ­comminus : de prope ; ferit : super percutit ; ille : qui percusserat. 120 quoque : certe ; leto : morti. 121 vivit : vitam habet ; expirat : et desinit ; modo : nuper ; auras : vitam. 122 exemplo : more ; pari : simili ; furit : insanit ; turba : ­concio ; -que : et. 123 Marte : prelio. 124 brevis : parve. 125 tepidam : tepentem ; plangebant : percuciebant ; pectore : suo ; matrem : suam.

III 126

quinque superstitibus ] Quinque remanserunt, scilicet Echion, Ydreus, Yoneus, Ephion, Pelepus, quorum auxilio Cadmus facit civitatem quam Phebus iusserat illi facere.

115-117.2 pugnant1ex punant ms. | 123* prelio] prelie ms.

499

III 115-117

[1]Territus (« Terrifié »). Voyant soudain des hommes naître de la terre, Cadmus fut frappé de stupeur et voulut saisir ses armes, mais ­lun ­deux lui dit : non te civilibus insere bellis (« ne prends pas part aux guerres civiles »). Note donc ­quil y a trois sortes de guerres : la guerre intestine, la guerre civile et la guerre ­commune. [2] La guerre est intestine quand des hommes de la même famille se battent entre eux. La guerre est civile quand des hommes ­dune même cité se battent entre eux. La guerre ­commune a lieu entre des étrangers, ­cest pourquoi il dit civilibus (« civiles »), ­cest-à-dire ­communs.

III 126

quinque superstitibus (« cinq ayant survécu »)] Cinq hommes survécurent : Échion, Ydreus, Yoneus, Éphion, Pélèpe, avec ­laide desquels Cadmus ­construisit la cité que Phébus lui avait ordonné de ­construire.

500

126-130*

126 quinque : et hoc dico ; supersticibus : remanentibus ; Echion : proprium. 127 Is : Echion ; monitu : iussione ; Tritonidis : Palladis. 128 fraterne : fratrum ; -que : et ; deditque : Cadmus a Sidona regione. 129 Hos : quinque ; ­comites : ­consortes. 130 ­composuit : fecit ; sortibus : vocibus ; urbem : civitatem.

III 131

[ 1] Iam stabant : dictum est superius quomodo Cadmus fundavit Thebas civitatem, unde multum erat felix. Sed nemo debet dici beatus nisi in fine, unde actor intrat illam fabulam, que talis est : ­com Cadmus Thebas fundasset, omnia sibi prospera acciderant, sed tamen Acteon nepos suus primum dolorem sibi ­contribuit, quia mutatus fuerat in cervum et sui canes illum laceraverant. [2] Et est fabula talis : ­com Acteon ­com ­consortibus suis isset in venatione et multas feras occidisset, accidit quod erraret per nemus, unde in quodam fonte Dyane sacrato vidit Dyanam balneantem. [3] Illa, timens ne revelaret, mutavit illum in cervum, et, ­com Acteon precepisset se mutatum, dubius erat utrum peteret domum suam an lateret silvis, et, dum dubitaret, canes sui illum perceperunt, unde ab illis laceratus fuit, et sic iniuste, unde Dyana ita vindicavit se de illo visu.

*131 stabant : in statu errant ; iam : tunc ; Cadme : o tu.

III 132

Dictum est supra quod Cadmus edificavit civitatem suam et quod multum erat felix propter exilium suum quod habuerat omnia prospera, sed postea dicet quod aliquod infortunium evenit ei, unde in principio multum debuit laudari, unde dico quod erat felix, quia Cadmus habuerat uxorem Hermionem, que erat filia Martis et Veneris.

132* exilio : tuo ; felix : beatus ; Soceri : tui ; Mars : deus belli ; Mars dicitur quasi mors ; Venus : dea illa.

131.1 omnia] omni ms. cervum] servum ms.

501

III 131

[ 1] Iam stabant (« Désormais se dressait ») : on a dit plus haut ­comment Cadmus fonda la cité de Thèbes, ce qui le rendait très heureux. Mais personne ne doit être appelé heureux si ce ­nest à la fin de sa vie. ­Cest pourquoi ­lauteur ­commence la fable que voici : ­comme Cadmus avait fondé Thèbes, tous les bonheurs lui étaient arrivés. Cependant Actéon son petit-fils lui causa une première douleur car il avait été changé en cerf et déchiré par ses ­chiens. [2] En voici la fable : ­comme Actéon était parti chasser avec ses ­compagnons et avait tué de nombreuses bêtes, il arriva ­quil se perdit à travers le bois, et que, dans une source ­consacrée à Diane, il vit Diane qui se baignait. [3] Elle, craignant ­quil ne révélât le fait, le changea en cerf et, ­comprenant ­quil était transformé, Actéon se demandait ­sil devait regagner sa demeure ou se cacher dans les forêts ; tandis ­quil hésitait, ses ­chiens le repérèrent, et le déchirèrent de cette manière injuste : ­cest ainsi que Diane se vengea ­davoir été vue par lui.

III 132

On a dit plus haut que Cadmus édifia sa cité et ­quil était très felix (« heureux ») de son exil parce ­quil avait reçu tous les bonheurs. Mais plus tard (­lauteur) dira ­quil lui arriva quelque malheur, ­cest pourquoi il aurait dû recevoir de grandes louanges au début, et ­cest pourquoi je dis que Cadmus était felix (« heureux ») parce ­quil avait reçu pour femme Hermione, la fille de Mars et Vénus.

132 Mars : dieu de la guerre ; on dit « Mars » ­comme on dirait « mort ».

502

III 133

De morte Terrigene

[1] Moralitas talis est : Acteon a mane, id est a principio iuventutis sue, intendens venationi, media die, id est in medio vite sue, percepit Dyanam nudam, id est vidit ullam utilitatem de venatione sua sibi evenire. Dyana tamen mutavit illum in cervum. [2] Cervus est pavidum animal, unde Acteon timebat morari inter divites propter inopiam suam. Sed tamen dicitur quod a canibus suis laceratus fuit, quia, quamvis usum venandi reliquisset, tamen secum canes retinuit, qui totam substantiam suam devastaverunt. [3] Et sic laceratus fuit ab illis, unde versus : « Acteon cervus, dominus prius et modo servus. / Dives homo primum, descendit pauper ad ymum. / Iste notat miserum, qui, dum substantia rerum carpitur in vanum, fit fera preda canum ».

133* ­contigerant : acciderant ; hinc : isti rei ; adde : da.

III 134

Tot natos : Cadmus habuit multos filios et filias, scilicet Autonoem matrem Acteonis, Semelem matrem Bachi, Ynoem matrem Melicerti et Learchi, unde dico quod fuit multum felix, sed de quolibet homine probat actor quod non debet laudari ante mortem, unde habemus duos versus : « Laudari nemo debet nisi fine supremo. / Nam iudex hominis est rogus atque cinis ».

134-135*

134 tot : adde ; natos : adde tot ; pignora : federa ; nepotes : scilicet. 135 hos : adde ; quoque : certe ; scilicet : certe. 136 dici : vocari.

III 137

Funera debet : Triplex est funus, scilicet ­conclamantium quando anima exit a corpore ; ­consequturum, quando cadaver defertur ad ecclesiam ; humantium, quando ponitur corpus in tumulo.

137-140*

137 obitum : mortem ; -que : pro id ­est. 138 nepos : scilicet Acteon ; Cadme : o tu ; secundas : prosperas. 139 luctus : lacrimarum ; aliena : non propria. 140 addita : data ; vos : o ; saciati : saturi ; sanguine : cruore ; herili : Acteonis.

133.1 vite] ite ms. | 133.2 reliquisset] relinquisset ms.

503

III 133

Mort du fils de la Terre

[1] La moralité est la suivante : Actéon qui dès le matin, ­cest-à-dire dès le début de sa jeunesse, ­sintéressait à la chasse, au milieu du jour, ­cest-à-dire au milieu de sa vie, vit Diane nue, ­cest-à-dire vit ­quil ne tirait aucun profit de la chasse4. Cependant Diane le changea en cerf. [2] Le cerf est un animal craintif, ­cest pourquoi Actéon craignait de ­sattarder parmi les riches à cause de sa pauvreté. Cependant on dit ­quil fut déchiré par ses ­chiens, parce que, bien ­quil eût abandonné la pratique de la chasse, il garda près de lui ses ­chiens, qui dilapidèrent tout son avoir [3] et ­cest ainsi ­quil fut déchiré par eux, ­doù ces vers : « Actéon est un cerf, ­dabord un seigneur et ensuite un serf ; / ­dabord un homme riche, ­cest pauvre ­quil descend dans ­labîme. / Cela désigne le malheureux qui, tandis ­quil jouit inutilement de ses biens, devient une bête sauvage, proie de ses ­chiens. »

III 134

Tot natos (« Tant de fils »). Cadmus eut de nombreux fils et filles : Autonoé, la mère ­dActéon, Sémélé, la mère de Bacchus, Ino la mère de Mélicerte et Léarque, aussi je dis ­quil fut très heureux, mais ­lauteur montre ­quaucun homme ne doit être loué avant sa mort, car nous ­connaissons ces deux vers : « Personne ne doit être loué si ce ­nest à sa fin dernière. Car le juge de ­lhomme est le bûcher et la cendre. »

III 137

Funera debet (« Doit [] les honneurs funèbres ») : ­lhommage funèbre est de trois types, ­lhommage de ceux qui disent au mort le dernier adieu lorsque ­lâme sort du corps, ­lhommage de ceux qui suivent le cortège quand le corps est ­conduit à ­léglise ; ­lhommage de ceux qui font ­linhumation quand le corps est placé dans le tombeau.

504

III 141

At bene (141). Construe : at pro ­sed ;si queras, id est si investiges, unde crimen Fortune invenies in illo, non scelus, vel aliter : si bene queras de mutatione illius, invenies crimen Fortune, non scelus (141-142). Enim pro quia, quia error quod scelus habebas (142), vel –bat ?

141-142*

141 At : sed ; queris : investigas ; crimen : ­culpam ; illo : Actheone. 142 invenies : invenire poteris ; enim : quia ; habebat : (habe)bas.

III 143

De Antheone

Mons erat : in hoc loco describit actor locum in quo venabatur Acteon quando media die ­compellavit socios suos ut recederent, et erat mons fecondus animalibus feris, a quo descendit ­com vidit labia inferiora Dyane in fonte se balneantis et dicit quod meridies erat quia, quanto sol in altiori loco, tunc umbre sunt minores.

143-146*

143 Mons : unus ; infectus : vinctus ; variarum : diversarum ; cede : morte ; ferarum : silvestrum pecudum. 144 iamque : tunc ; medius :in meridie ; ­contraxerat : abreviaverat. 145 equo : equitate. 146 iuvenis : Actheon ; devia : sine via ; rura : campos ; vagantes : euntes.

III 147

Hiancius, id est thebanus, vel hiantius, ab hiante fonte thebano, vel Hiancius ab hio-hias, quia propter estum hiabat, unde hianter adverbium.

147-152*

147 participes : ­consortes ; operum : suorum ; ­compellat : appellat ; Hiantus : a loco dictu. 148 lina : rectia ; ­comites : o vos ; ferrumquecruore : madet sanguine. 149 -que : vel ­ve ; altera : aurora ; lucem : diem. 150 croceis : rubeis ; invecta : portata. 151 repetemus : incipiemus ; nunc : in presenti ; Phebus : sol. 152 distat : differt ; finditque vaporibus arva : lacerat et caloribus campos.

143 quando] quanto ms.

505

III 141

At bene (« Mais bien ») : ­construire at, pour sed (« mais »),si queras (« si tu cherches »), ­cest-à-dire si tu recherches, alors crimen Fortune invenies in illo, non scelus (« tu trouveras en lui la faute de Fortune, non un crime »), ou autrement si bene queras (« si tu cherches bien ») à propos de sa métamorphose, invenies crimen Fortune, non scelus (« tu trouveras la faute de Fortune, non un crime »). Enim (« En effet ») pour quia (« parce que »), parce que error quod scelus habebas vel –bat (« en quoi aurait-on (ou y aurait-il) un crime à se tromper ? »).

III 143

Actéon

Mons erat (« Il y avait un mont ») : dans ce passage ­lauteur décrit le lieu où Actéon chassait ­lorsquau milieu du jour il poussa ses ­compagnons à ­sarrêter. Il descendait de ce mont peuplé de bêtes sauvages, ­lorsquil vit plus bas le bain de Diane qui se lavait dans une source. ­Lauteur dit ­quil était midi parce que, lorsque le soleil est au zénith, les ombres sont plus petites.

III 147

Hiancius (« de Béotie »), ­cest-à-dire de Thèbes ou « Béotien »,de la source « béante » (hiante) de Thèbes, ou Hiancius (« de Béotie ») de hio-hias (« être béant ») parce ­quà cause de la chaleur il avait la bouche ouverte, ­doù ­ladverbe hianter (« de façon ouverte »).

506

[f. 73r]

III 153-162

[1] Ita preceperat Acteon famulis suis quod propter estum dimitterent venationem ; modo describit locum in quo intravit adhuc non mutatus. Laboratum (158) : participium est improprie sumptum. Nam pumice (159) : quidam dicunt quod pumex et tophus idem lapis sunt, alii dicunt quod non sunt. Fons (161) : ita erat ibi arcus quem natura fecerat. [2] Et fons incinctus hiatus patulos (161-162), id est habens rivulos patulos in quorum marginibus herba erat virens propter aquam fontis, et nota quod patulus est illud quod semper patet, patet ad horam.

153-154*

153 Sistite : dimittite ; tollitelina : removete rechia. 154 Iussa : sua ; viri : homines ; intermittuntque : epitheton ; reliquunt ; laborem : suum, de venatione sua.

III 155-156

Hic tangit Ovidius mutationem Acteonis et describit locum in quo fons erat, ad quem Dyana veniens solebat se balneare, unde Acteon venit et vidit eam nudam, qua de causa mutatus est in cervum ab ipsa. Succincte (156) quia illi qui sunt in venatione, expediti debent esse.

155-166*

155 Vallis : una ; piceis : virgis ; acuta : ab effectu ; dempsa : pissa ; cupressu : arbore tali. 156 nomine : per nomen ; Gargafie : proprium ; sacra : (sacra)ta ; Dyane : dee. 157 cuius : vallis ; inextremo : fine ; antrum : fovea ; nemorale : plenum nemore. 158 laboratum : factum ; simulaverat : fixerat ; arcum : unam testudinem. 159 nam : quia ; vivo : vivaci. 160 levibus : parvis ; tophis : petris ; duxerat : fecerat. 161 Fons : unus ; sonat : re(sonat) ; adextra : a te ; tenui : intenti ; perlucidus unda : et parva aqua. 162 margine :oille gallice ; gramineo : pleno herbarum ; incinctus : lustractus ; hyatus : rimas. 163 venatu : per venatum ; silvarum : nemorum ; ­fessa : lassata. 164 virgineos : castos ; liquido : claro ; perfundere : lavare ; rore : aqua. 165 Quo : nemore ; subiit : intravit. 166 armigere : scutifere ; iaculum : suum ; -que : et ; arcusque : suos et ; retentos : distentos.

153-162.1 propter estum ] propter # ms. sumptum] sumptam ms. | 153-162.2 fonsexfons e ms. | 157* fine] sine ms. | 162* rimas] Rimios ms.

507

[f. 73r]

III 153-162

[1] Ainsi Actéon avait ordonné à ses serviteurs ­darrêter la chasse à cause de la chaleur. Ensuite ­lauteur décrit le lieu où il entra avant ­dêtre métamorphosé. Laboratum (« travaillé ») : le participe est utilisé de manière impropre. Nam pumice (« car avec la pierre ponce ») : certains disent que la pierre ponce (pumex) et le tuf (tophus)sont une même pierre, ­dautres disent ­quelles ne le sont pas. Fons (« Une source ») : il y avait là une voûte naturelle. [2] Et fons incinctus hiatus patulos (« Et la source était entourée de larges bassins ») ­cest-à-dire que partout coulaient des ruisseaux bordés ­dune herbe verdoyante grâce à ­leau de la source. Noter que patulus (« ouvert ») désigne ce qui est toujours accessible, accessible à tout instant.

III 155-156

Ici Ovide traite de la métamorphose ­dActéon et décrit le lieu où coulait la source à laquelle Diane avait ­lhabitude de venir se baigner. Ensuite Actéon arriva et la vit, raison pour laquelle elle le transforma en cerf. Succincte (« court vêtue ») parce que ceux qui chassent doivent être libres de leurs mouvements.

508

III 167-174

Altera deposite (167) : altera nimpha accepit pallam Dyane et tangit ibi curialitatem, quia illi qui magis nobiles erant, pulcriora et nobiliora ministeria faciebant. Vincula (168), id est corrigias vel sotulares. Dumque (173) : dum ita nimphe caperent aquas, ecce (174) : Acteon venit ex improviso super illas et tamen nesciebat devia nemoris.

167-168*

167 altera : nimpha ; deposite : remote ; subiecit : subdit ; palle : mantello. 168 due : nimphe ; demunt : removent ; nam : quia ; illis : aliis nimphis.

III 169-171

Hymenis : Crocale thebana collegit crines Dyane, quamvis capilli sui similiter essent sparsi, unde totum istud poesis est : Nimphe recipiunt laticem, Hiale Ranis, Phecas Phiale (171).

169-171*

169 Hymenis : a loco ; per colla : sua. 170 in nodum : tricam ; illa : Crucale ; solutis : dispersis. 171 Excipiunt : capiunt ; laticem : aquam ; Hyale : capit ; Ramisque : capit.

III 172-175

Quomodo Acteon invenit Dyanam balneantem

172-175*

172 Phecas : capit ; Phiale : capit ; capacibus : epitheton. 173 Dumque : quando ; perluitur : lavatur ; solita : ­consueta ; Titania : Dyana ; limpha : aqua. 174 nepos Cadmi : Actheon ; parte : una ; laborum : suorum. 175 ignotum : non cognitum ; errans : errando pergens.

III 176

Fata trahebant : fata, id est infortunia de monili quod Vulcanus fabricaverat et dederat Cadmo a Venere, in quo venenum erat inclusum taliter quod possidenti semper debeat infortunium evenire, et Acteon tunc illud habebat.

176 a Venere ex ad Venere ms.

509

III 167-174

Altera deposite (« Une autre [] déposé ») : une autre nymphe reçut la robe de Diane. ­Lauteur traite ici des mœurs de la cour, car ceux qui étaient plus nobles donnaient à leurs fonctions plus de lustre et de noblesse. Vincula (« Les attaches »), ­cest-à-dire les courroies ou les souliers. Dumque (« Et pendant que ») : tandis que les nymphes puisaient de ­leau, ecce (« voilà que ») Actéon tombe par hasard sur elles, ­quoiquil ignorât les détours du bois.

III 169-171

Hymenis (« Fille de ­lIsmenus ») : Crocale, une nymphe thébaine, rassembla les cheveux de Diane, tandis que les siens restaient dans le même désordre ; puis tout le vers est poésie : Nimphe recipiunt laticem, Hiale Ranis, Phecas Phiale (« Les nymphes recueillent de ­leau, Hyalé, Rhanis, Psécas, Phialé »).

III 172-175

Comment Actéon découvrit Diane en train de se baigner

III 176

Fata trahebant (« Les destins (le) tiraient ») : les destins ­cest-à-dire les malheurs causés par le collier que Vulcain avait fabriqué et donné à Cadmus de la part de Vénus. Ce collier renfermait du poison de telle sorte ­quil devait toujours arriver malheur à celui qui le possédait, et ­cétait Actéon qui ­lavait à ce moment-là.

510

176-182*

176 pervenit in lucum : ventus ; sic : taliter ; fata : infortunia ; trahebant : vel ferebant. 177 simul : postquam ; rorantia : stillancia ; antra : foveas. 178 viso : et hoc dico. 179 percussere : feriere ; subitis : citis. 180 implevere : lustravere ; circumfuse : fuse circa ; Dyanam : deam. 181 altior : maior ; illis : nimphis. 182 dea : Dyana ; supereminet : excedit ; omnes : nimphas.

III 183-185

Facit actor ­comparationem de Dyana visa nuda ad nubes que inficiuntur a claritate solis et ad auroram noviter nascentem, dicens quod, sicut nubes a radio solis percussa rubet et aurora mane ­consurgens rubet, sic rubuit Dyana dum fuit visa ab Acteone nuda.

183-186*

183 Qui : talis ; infectis : tinctis ; adversi : ­contrarii ; ab ictu : repercussione. 184 aut : vel ; purpuree : rupiconde. 185 is : talis ; vultu : ore ; veste : tegmine. 186 ­comitum : sociarum ; ­comitata : lustrata.

III 187

Quamvis Dyana a ­comitibus suis lustraretur, tamen retro flexit oculos, et, quamvis sagittas suas promptas voluisset habere, accepit aquas et aspersit Acteona et illum mutavit dicendo verba pessima et forte aliqua carmina dicens : Dic quod me vidisti nudam si potes, quia de cetero non ­dices.

187-193*

187 oblicuum : tortile ; ora : sua. 188 flexit : vertit ; ut : sicut ; promptas : paratas ; sagitas : tela. 189 sic : taliter ; vultum : os ; virilem : humanum. 190 perfudit : lustravit ; spargens : aspergens. 191 cladis : pestilencie ; future : venture. 192 posito : de ; velamine : veste ; nares : dicas. 193 narrare : dicere ; licet : licitum est ; nec : et non ; plura : maiora.

187 habere] habuisse ms.

511

III 183-185

­Lauteur ­compare Diane surprise nue avec les nuages qui sont teintés par la clarté du soleil, et avec ­laurore au moment où elle vient ­dapparaître : il dit que, ­comme un nuage frappé par le rayon du soleil rougit et ­comme ­laurore rougit en se levant le matin, ainsi Diane rougit lorsque ­quActéon la vit nue.

III 187

Quoique Diane fût entourée par ses ­compagnes, cependant elle détourna les yeux et ­quoiquelle eût voulu avoir ses flèches à portée de main, elle prit de ­leau et en aspergea Actéon ; elle le métamorphosa en prononçant des paroles terribles et peut-être quelque formule magique : « Dis que tu ­mas vue nue si tu le peux, parce ­quensuite tu ne parleras plus. »

512

III 194

De mutatione Acteonis

Vivacis cervi : quia cervus multum diu vivit ; quando est senex, ­comedit serpentem et propter venenum mutat cornua sua et pellem veteram et assumit nova omnia. Mutatio est ista naturalis et non formalis.

194-197*

194 sparso : asperso ; vivacis : viventis ; cervi : illius animalis. 195 spacium : longitudinem ; summas : altas ; cacuminat : accuit. 196 -que : et. 197 cruribus : tibiis ; velat : tegit ; maculoso : pleno macularum ; corpus : suum.

[f. 73v]

III 198-202

Com vero Acteon vidisset vultum cornutum in unda, stupefactus fuit ; incepit fugere, unde stupuit se esse celeriorem solito quia citius currebat quam solebat.

198-202*

198 additus : datus ; pavor : timor ; Fugit : vadit ; Actonoeius : filius Actonoes. 199 se : esse ; celerem : citum ; miratur : stupet. 200 vero : certe ; vultus : ora ; unda : aqua. 201 me : vel ­se ; sequtaest : quia non potuit loqui. 202 vox : sua ; illa : talis.

III 203

Mens tantum, quasi diceret :Omnia membra mutata fuerunt preter ­mentem.

III 204-206

Quomodo canes viderunt Acteon mutatum in cervum

Com Acteon percepisset se mutatum in cervum, dubio erat utrum lateret silvis vel peteret domum suam, et, dum dubitaret, canes videre.

195* altas] altat ms. | 198-202 quia] -que ms. | 204-206 mutatum] mutatam ms. peteret] posteret ms.

513

III 194

Métamorphose ­d Actéon

Vivacis cervi (« du cerf vivace »), parce que le cerf vit très longtemps ; ­lorsquil est vieux, il mange des serpents et grâce à leur venin il transforme ses cornes et son ancien pelage et se renouvelle entièrement. ­Cest une transformation naturelle et non un changement de forme5.

[f. 73v]

III 198-202

Ayant vu dans ­leau sa tête cornue, Actéon fut frappé de stupeur et se mit à fuir. Puis il ­sétonna ­dêtre plus rapide que de coutume parce ­quil courait plus vite ­quil ­nen avait ­lhabitude.

201 sequtaest (« (ne) suivit ») : parce ­quil ne put parler.

III 203

Mens tantum (« ­lesprit seul »), en ­dautres termes : « tous ses membres furent transformés excepté ­lesprit ».

III 204-206

Comment ses ­chiens virent Actéon changé en cerf.

Ayant ­compris ­quil ­sétait transformé en cerf, Actéon se demandait ­sil se cacherait dans les forêts ou ­sil irait plutôt dans sa demeure ; tandis ­quil hésitait, canes videre (« ses ­chiens le virent »).

514

204-206*

204 Quidfaciat : Acteon ; Repetat : nescit supple ; ve : vel ; domum : sue. 205 silvis :nemoribus ; timor : impedit ; hoc : unum ; illud : aliud. 206 Dum dubitat : quando Acteon ; videre : sui ; primus : primo vidit ; Melampus : canis ille.

III 207

Dictum est superius quomodo Acteon mutatus fuit in cervum ; nunc incipit narrare qualiter dilaceratus fuit a canibus suis eo quod vidit labra Dyane inferiora. Cum se vidisset mutatum, dubitavit utrum iret domum aut silvis remaneret, et, dum ita dubitaret, canes sui viderunt.

207* Ignobates : canis ; sagax : sapiens.

III 208-225

De nominibus canum Acteonis

Melampus (208) : dicitur a melav grece, quod est niger latine ; Parthana (208) : Sparte quedam terra est.

208-213*

208 Noxius : creticus ; Ignobates : canis ; Sparthana : a loco ; Melampus : canis. 209 rapida : cita ; velocius : cicius ; aura : vento. 210 Pamphagus : ruit ; Dorcheus : ruit ; Oribasus : ruit ; Archades : isti erant de Archadia regione. 211 Nebrophonos : ruit ; valens : potens ; trux : crudelis ; Lelape : cane ; Chiron : canis. 212 pedibus : suis ; Pheralas : ruit ; utilis : valens ; Agre : ruit. 213 Ylensque : ruitque ; percussus : ictus ; apro : quodam.

III 214

De lupo : quidam lupus genuerat illam caniculam ­com matre sua, et ita erat mixta.

214-215*

214 -que : et ; lupo : uno ; Nape : canicula ; pecudes : animalia.215 Hismenis : canicula ; Arpia : canicula ; duobus : ruit.

207 viderunt ex viderent ms. | 214 ­­com] non ms. matre] mre ms.

515

III 207

On a dit plus haut ­comment Actéon fut changé en cerf ; maintenant ­lauteur ­commence à raconter ­comment il fut déchiré par ses ­chiens parce ­quil avait vu au bas du chemin le bain de Diane. Ayant vu ­quil était métamorphosé, il se demanda ­sil rentrerait chez lui ou ­sil resterait dans les forêts, et tandis ­quil hésitait, ses ­chiens le virent.

III 208-225

Noms des ­chiens ­d Actéon

Melampus (« Mélampus ») : le nom vient du grec melan, niger « (« noir ») en latin ; Parthana (« de Sparte ») : Sparte est une ­contrée.

III 214

De lupo (« ­Dun loup ») : parce ­quun loup avait engendré cette ­chienne avec sa mère et ainsi elle était métissée.

516

III 216

Sichioneus dicitur a Sicia, Adrasti civitate.

216* et succincta : gracilia ; gerens : portans ; sithioneus : a loco dictus ; Labdon : canis ruit.

III 217

Tigris igitur tantum valet quantum sagita, quia velox erat ad modum sagite.

217-223*

217 Dromas : ruit ; Chanates : ruit ; Dicte : ruit ; Tigris : ruit ; Alte : ruit. 218 niveus : albus ; Leuchon : ruit ; villis : pilis ; Albolus : ruit ; atris : nigris. 219 prevalidus : valens ; Lachon : ruit ; cursu : per cursum ; Haello : ruit. 220 Tamas : ruit ; Ciprio : ruit ; fratre : suo ; Licisse : ruit. 221 distinctus : divisus ; ab albo : quadam albedine quam habebat in medio frontis. 222 Narphalus : ruit ; Melanus : ruit ; hisurta : hispida ; Logines : ruit. 223 Dicteo : cretensi ; Lachonide : a loco.

III 224-226

Mater istorum fuit de Laconia regione et pater de Archadia regione. Hyalatoracute vocis(224), quia clarum latratum habebat, persaxa (226), id est per que loca nullus introitus potest inveniri.

224* Agrilades : canis ; ruunt ; Hilate : ruit.

III 225

Dum ita dicam, quod canes ibant illi, alii perrexerunt quos mora esset enumerare.

225-228*

225 quosque : illi ruunt ; referre : dicere ; turba : o. 226 aditu : introitu. 227 quacumque : parte ; difficilis : fortis ; sequuntur : cervum. 228 Ille : Acteon ; perque : loca per ; fuerat : iste ; sequtus : a canibus suis.

216* et succincta]esuccinctams. | 224-226 habebat] habebat id est ms. introitus ex introtus ms.

517

III 216

Sichioneus (« de Sicyone ») vient de « Sicyone », une cité ­dAdraste.

III 217

Tigris (« Tigre) donc vaut autant ­quune flèche, parce ­quil était rapide ­comme les flèches.

221 ab albo (« par du blanc ») : à cause ­dune tache blanche ­quil avait au milieu du front.

III 224-226

La mère de ces ­chiens était originaire de Laconie et leur père de la région ­dArcadie. Hyalatoracute vocis (« Hylactor à la voix perçante »), parce ­quil avait un aboiement clair, persaxa (« à travers des blocs rocheux »), ­cest-à-dire à travers des lieux totalement inaccessibles.

III 225

Tandis que je cite les ­chiens qui étaient déjà là, ­dautres arrivèrent ­quil serait long ­dénumérer.

518

III 229

Fugit famulos, unde dicendum est : Heu ­dolendum in ipso et de ipso qui proprium canem fugit.

229* heu : dolor est ; ille : Acteon ; clamare : dicere.

III 230-231

Quamvis Acteon vellet loqui, non potuit quia mutatus.

230* dominum : me. 231 desunt : deficiunt.

III 232

Quomodo canes laceraverunt Acteona

Melanchates primo vulneravit illum et postea Ceridamas, postea Hesitrophus. Isti tres vulneraverunt eum primo et retinuerunt.

232-236*

232 Melanchates : canis. 233 proxima : secunda ; Theridamas : ferus canis ; armo : humero. 234 tardius : ista tarde ; montis : unius. 235 precipitata : abreviata ; via : sua ; dominum : suum ; illis : tribus. 236 cohit : ruitur ; ­confertque : ponit et ; corpore : suo ; dentes : suos.

III 237-239

Ille habet sonum (237), qui – inquam sonus , si – pro quamvis –,si non esthominis (238), tamen est talis quem cervusnon possitedere (238-239).

Licet non haberet sonum hominis, tamen non habet sonumquemcervus possit edere. Cervus habet sonum et si – pro quamvis – non habet sonum hominis, tamen habet talem quem non possit edere.

237-239*

237 ille : Acteon. 238 etsi : quamvis ; hominis : est talis ; edere : dare. 239 mestis : tristibus ; iuga : colles ; querelis : questibus.

III 240-241

Similis (240) dicit propter hoc, quod non loquebatur. Vultum (241) : quia vultus suos tendebat tamquam brachia essent supplicando ipsis.

519

III 229

Fugit famulos (« Il fuit ses familiers ») : il faut donc dire « Hélas, il faut pleurer » sur lui et pour lui, qui fuit son propre ­chien.

III 230-231

Actéon voulait parler, mais ­ny parvint pas à cause de sa métamorphose.

III 232

Comment ses ­chiens déchirèrent Actéon

Melanchates (« Mélanchétès ») le premier le blessa puis ce fut Thérodamas, et ensuite Orésitrophos. Ces trois le blessèrent en premier et ­lempêchèrent de fuir.

III 237-239

Ille habet sonum qui (« Il a une voix qui ») je dirais sonus (« son », au nominatif) – si (« si ») pour quamvis (« bien que ») – si non esthominis (« si ce ­nest pas celle ­dun homme »), tamen (« cependant ») est une voix telle quem cervusnon possitedere (« que le cerf ne pourrait pas la produire »).

­Quoiquil ­nait pas sonum hominis (« la voix ­dun homme »), tamen (« cependant ») il ­na pas sonumquemcervus possit edere (« la voix ­quun cerf pourrait produire »). Cervus habet sonum (« Le cerf possède une voix ») et si (« et si ») – pour « bien que » – ­non habet sonum hominis, tamen habet talem quem non possit edere (« (et ­s)il ne possède pas la voix ­dun homme, cependant il possède une voix telle­quun cerf ne pourrait pas en produire »).

III 240-241

­Lauteur dit similis (« semblable ») parce ­quil ne parlait pas. Vultum (« le visage »), parce ­quil tendait son visage ­comme il aurait tendu les bras pour les supplier.

520

240-241*

240 suplex pronis : inclinatus ; roganti : petenti. 241 circumfert : undique fert ; tanquam : quasi.

III 242-246

Non solum canes querebant eum, sed ­comites ipsi qui fuerant in expeditione venationis. Prede (246), quasi dicat : Multum ­conquerebantur de hoc, quod ipse segnis et non videbat predam ablatam ­eis.

242-252*

242 ­comites : Acteonis ; rapidum : existentes ; solitis : ­consuetis. 243 ignari : stulti ; instigant : querunt ; Acteona : dominum suum. 244 velut : quasi ; absentem : deficientem ; clamant : appellant. 245 nomen : suum ; ille : Acteon ; abesse : deficere. 246 nec : et non ; segnem : pigrum. 247 Vellet : cuperet ; quidem : certe ; sed adest : in veritate. 248 fera : ferus. 249 circumstant : lustrant ; rostris : dentibus. 250 dilacerant : lacerant ; dominum : suum ; ymagine : forma. 251 nec : et nisi ; plurima : multa ; vulnera : plagas. 252 fertur : dicitur ; Dyane : illius dee.

[f. 74r]

III 253

Rumor : dictum est superius quod Acteon mutatus fuit in cervum voluntate Dyane et super hoc diversa verba vel divisus rumor currebat, quia quidam laudabant, quidam non. Rumor sic describitur : rumor est sermo dubius ab actore in quendam prolatus, cui crudelitas dedit principium, fides autem adhibuit incrementum, et dicitur de ruo-ruis. Differentia fuit inter rumorem et famam. Fama est que primo habet veritatem ; rumor est a quo non habetur veritas.

III 253-255

De dubiis laudibus Dyane

[1] Fabula talis est : ­com Acteon mutatus fuisset in cervum a Dyana, quidam criminabantur illam, alii laudabant, Iuno tamen gaudebat quia totam familiam Cadmi habebat in odio propter odium Yo, quam ­com Iove invenerat.

245* deficere] defice ms. | 253 cervum] crimen ms. dubius] durius ms. quendam prolatus] # prolatus ms. crudelitas] crudelites ms. rumorem ex rumores ms.

521

III 242-246

Il était cherché non seulement par ses ­chiens, mais aussi par les ­compagnons qui avaient participé à la partie de chasse. Prede (« la proie »), autrement dit : « ils ne cessaient de se plaindre de sa lenteur à venir voir la proie ­quils avaient rapportée ».

[f. 74r]

III 253

Rumor (« La rumeur ») : on a dit plus haut ­quActéon fut changé en cerf par la volonté de Diane et, sur ce fait, couraient des discours divers, ou la rumeur était divisée, parce que certains louaient (la déesse) et ­dautres non. La définition de la rumeur est la suivante : la rumeur est une parole incertaine proférée par son auteur ­contre ­quelquun : la cruauté ­la fait naître, la bonne foi ­la fait grandir ; rumor (« rumeur ») vient de ruo-ruis (« se précipiter »). Il existe une différence entre rumor (« rumeur »)et fama (« renommée »). Fama (« renommée »)est ce qui ­contient ­dabord la vérité, rumor (« la rumeur »)est ce qui ne ­contient pas la vérité.

III 253-255

Hésitations sur les louanges de Diane

[1] La fable est la suivante : ­comme Actéon avait été changé en cerf par Diane, certains ­laccusaient, ­dautres la louaient. Junon quant à elle se réjouissait parce ­quelle avait en haine toute la famille de Cadmus à cause de sa haine pour Io, ­quelle avait trouvée en ­compagnie de Jupiter.

522

[2] Modo causa nova ­com prima venerat, quia Semele, que eiusdem generis erat, inventa pregnans de Iove, unde Iuno indoluit et maximam iram sibimet exposuit, dicens : Quid profeci, per iurgia ? (262). [3] Preterea multa dixit que in textu ­continentur ; ad ultimum mutavit se in speciem vetule, videlicet Beroes, et, com multa loqute fuissent, dixit Iuno : Timeo ne Iupiter sit amicus tuus ; pete illud, quod habeat rem tecum sicut habet com Iunone !, et hoc recessit. [4] Iupiter venit et illa petiit munus non nominatum ; petiit quod haberet rem com illa sicut ­com Iunone. Quia Iupiter iuraverat, penituit se iurasse et ad ultimum illam in ­concubitu suo fulminavit, sed Bachus, qui genitus fuerat, ereptus fuit utero matris et insutus femori patris et tempore debito eductus ; nimphe nutriverunt. [5] Usque ad illum locum : Dumque ea per terras (316).

253-255*

253 ambiguo : dubio ; aliis : quibusdam. 254 dea : Dyana ; severa : casta. 255 vocant : appellant ; utraque : quelibet.

III 256-259

Non dicebat Iuno utrum laudaret illam Dyanam vel criminaretur propter mortem Acteonis quia omnem domum Cadmi habebat in odio.

256-259*

256 nontam : tantum ; ­culpetve probetve : criminetur, laudet vel. 257 eloquitur : dicit ; clade : pestilencia ; quam : quantum ; domus : familie ; Agenore : proprium ; ducte : facte. 258 aTyria : a Tiro ; pelice : id est Yo vel Europa. 259 ingeneris : progeniei ; odium : suum ; Subit : venit ; priori : prime.

253-255.3 fuissent ex fuissent I ms.sit] si ms.

523

[2] Mais une nouvelle raison était récemment venue ­sajouter à la première, parce que Sémélé, qui était de la même famille, avait été trouvée enceinte de Jupiter : Junon en souffrit et éprouva ­contre elle-même une très grande colère, en disant : Quid profeci, per iurgia ?(« ­Quai-je gagné par mes querelles ? »). [3] Elle dit encore beaucoup de choses qui sont rapportées dans le texte, et à la fin changea son apparence et prit celle ­dune vieille femme, Béroé. Après avoir longuement parlé avec Sémélé, Junon lui dit : « Je crains que ton ami ne soit pas Jupiter : demande-lui ­quil fasse ­lamour avec toi de la même façon ­quil le fait avec Junon ! » et elle se retira. [4] Jupiter vint retrouver Sémélé, qui lui demanda un don sans le nommer. Puis elle lui demanda ­quil lui fît ­lamour ­comme il le faisait avec Junon. Comme il avait juré, Jupiter ­sen repentit, mais finalement il la foudroya dans son lit. Mais Bacchus, qui avait été ­conçu, fut arraché du ventre de sa mère et cousu dans la cuisse de son père ; il en fut retiré quand le terme arriva et les nymphes ­lélevèrent. (Le récit se poursuit) ­jusquà ce passage : Dumque ea per terras (« Tandis que ces événements sur la terre… »).

III 256-259

Junon ne disait pas si elle louait Diane ou si elle ­laccusait pour la mort ­dActéon parce ­quelle avait en haine toute la maison de Cadmus.

524

III 260-271

Quomodo Iuno litigavit pro Semele

Quia scivit Semelem de Iove pregnantem, incepit iurgia dicere dicens : Quid profeci litigando ? ; petam illam – non nominat Semelem causa maximi odii et indignancie –, ipsam petam quia teneo ceptra et sum regina celi et sum soror Iovis et ­coniunx. Sed ego credo quod tu dices quod furtum sibi satis est ; non, ­concepit ! Id deficiebat ! Crimen nunc apparet, vult fieri mater de Iove, quod vix fui. Sic in se ­confidit ! Faciam illam decipi, quia filia Saturni, unde per officium suum ibit in Infernum !.

260-271*

260 causa : occasio ; recens : nova ; gravidam : pregnantem ; -que : et. 261 Semelem : proprium ; linguam : suam ; iurgia : lites ; solvit : applicavit. 262 profeci : valui ad ; enim : certe ; iurgia : lites ; dixit : Iuno. 263 ipsa : id est Semele ; michi : a me ; ipsam : Semelem. 264 rite : iure ; vocor : dicor ; perdam : occidam ; gemmancia : plena gemmarum. 265 decet : decens est ; regina : celi ; -que : et. 266 et : certe ; ­coniunx : sponsa ; certe soror : sum ; At : sed ; puto : quod tu dices. 267 ­contenta : furtum sufficit sibi ; thalami : ­coniugii ; brevis : parva ; iniuria : est. 268 ­Concipit : plena est ; iddeerat : istud deficiebat. 269 fert : portat ; utero : ventre ; vix : pene ; ­contigit uni : sola vice. 270 vult : cupit ; fiducia : fides ; forme : pulcritudinis. 271 Fallat : decipiat ; eam : Semelem ; faxo : faciam ; Saturnia : filia Saturnia.

III 272-278

Quomodo Iuno male docuit Semelem

Com Iuno talia supradicta loquta fuisset, surrexit et finxit se in quadam nube in specie vetule et fecit sibi capillos canutos et omnem statum vetule accepit ; et ipsa erat per speciem Boroe, que Boroe nutrivit Semelem. Epidaria nutrix (278) : ab Epydario oppido in quo nuctrita fuit Boroe.

260-271 profeci] proseci ms. Infernum ex efernum ms. | 260* pregnantem] pregnantam ms. | 272-278 Boroe2] Boroem ms.

525

III 260-271

Comment Junon débattit à propos de Sémélé

Apprenant que Sémélé était enceinte de Jupiter, Junon se préparait à se quereller (avec Jupiter). Mais elle se dit : « ­Quai-je gagné par mes querelles ? ­Cest elle que je dois aller trouver. » – elle ne nomme pas Sémélé car sa haine et son indignation sont trop fortes – « je vais aller la trouver parce que ­cest moi qui détiens le sceptre, qui suis la reine du ciel, la sœur de Jupiter et son épouse. Mais je crois ­quon va dire que des amours furtives lui suffisent ; non, elle a ­conçu ! Cela (seulement) manquait ! Maintenant le crime est manifeste, elle veut être mère de ­lenfant de Jupiter, ce que ­jeus de la peine à être. Elle a bien ­confiance en elle ! Mais je ferai en sorte ­quelle soit abusée car je suis la fille de Saturne, et ­cest par ­loffice de Jupiter ­quelle ira en enfer. »

III 272-278

­L enseignement trompeur de Junon à Sémélé

Après avoir parlé ­comme on ­la vu ci-dessus, Junon se leva et, se plaçant à ­lintérieur ­dune nuée, elle se donna ­lapparence ­dune vieille femme : elle fit blanchir ses cheveux et prit ­complètement la posture ­dune vieille femme : elle avait ­laspect de Béroé, la nourrice de Sémélé. Epidaria nutrix (« la nourrice ­dEpidaure ») : du nom du bourg ­dÉpidaure où vivait la nourrice Béroé.

526

272-278*

272 mersa : amica ; Stigias : infernales ; undas : vel umbras. 273 Surgit : levat ; hiis : dictis ; solio : cathedra ; fulva : candida ; recondita : abscondita. 274 limen : domum ; ait : petit ; nec : non ; ante : prius. 275 anum : vetulam ; -que : et ; tempora : caput ; canos : canicies. 276 sulcavitque : rugavit et ; cutem : suam ; trementi : trepidanti. 277 membra : sua ; tulit : portavit ; gressu : passu ; quoque : similiter ; anilem : vetulam. 278 -que : et ; erat : vox ; Beroe : Beroes.

III 279-280

[1] Moralitas talis est : Iupiter, amans Semelem, Bacho eam impregnavit. Ad quam veniens Iuno, capta forma vetule, monuit ei quod a Iove quereret, unde fulminari meruit. [2] Iupiter est ether superior, id est ignis, per quem habemus in hoc loco intelligere ardorem, fervorem potandi. [3] Qui Semelem, id est dissolutionem, amans – quia Semele interpretatur corpus dissolutum, et dissolutis pocius est ardor potandi et immittitur ardor quam indissolutis –, ad eam veniens, Bacho eam impregnavit, id est vino, quia vino violata fuit. [4] Quam Iuno volens decipere, id est fragilitas mundana et muliebris, faciens eam vaccare potationi adeo quod ex potatione vini redditur exterminata. Sed in specie vetule dicitur illud Iuno persuasisse, quia vetule sunt proniores ad potandum quam iuvenes et maxime mulieres iuvenes a mulieribus antiquis decipiuntur. [5] Et tamen dicitur quod Iupiter, post mortem amice, Bachum iunxit femori. Quod aliter potest intelligi, quia Iupiter interpretatur aer superior, id est ignis ; adamavit Semelem, quia interpretatur humor, quia aliquando calor temperatur ­com humore, unde generavit Bachum, quia vinum primo nutritur maximo humore. [6] Postea Semele, id est humore desicato, mortua, Bachus, id est vinus, iungitur patri, et ardori, sed Iuno postea illam decepit ­consilio suo quia est planeta similiter humidus et ­com aliquando alteri planete ­coniungitur et inclusione prima caloris et secunda frigiditatis et humoris generantur tonitrui, et sic expellitur primus humor.

279-280*

279 ubi : postquam ; -que : et. 280 nomen Venere Iovis : Iovis et Semeles ; suspirat : Iuno ; opto : desidero.

272* Stigias] Sigias ms. | 279-280.4 potatione] portatione ms. | 279-280.5 quod2] quia ms. calor temperatur] calor temperatur calor ms. | 279-280.6 ­­coniungitur] ­­coniugitur ms. generantur] generatur ms.

527

III 279-280

[1] La moralité est la suivante : Jupiter, qui aimait Sémélé, la rendit enceinte de Bacchus. Junon prit ­lapparence ­dune vieille femme et vint la trouver : elle lui ­conseilla ce ­quelle demanderait à Jupiter, ce qui lui valut ­dêtre foudroyée. [2] Jupiter est la couche supérieure de ­léther, ­cest-à-dire le feu par lequel nous devons ­comprendre dans ce passage le goût, le désir brûlant de boire. [3] Il aima Sémélé, ­cest-à-dire la dépravation, parce que Sémélé est interprétée ­comme le corps dépravé et que le goût de la boisson est propre aux dépravés, ce goût leur est transmis plutôt ­quaux personnes non dépravées. En ­sunissant à elle, Jupiter la rendit enceinte de Bacchus, ­cest-à-dire du vin, parce ­quelle fut souillée par le vin. [4] Junon qui voulait la tromper, ­cest la faiblesse du monde et de la femme, qui la pousse à se livrer furieusement à la boisson au point ­dêtre anéantie à force de boire du vin. Mais il est dit que ­cest sous ­laspect ­dune vieille femme que Junon la persuada de boire, parce que les vieilles sont plus enclines à la boisson que les jeunes et surtout les jeunes femmes sont trompées par les anciennes. [5] On dit pourtant que Jupiter, après la mort de son amie, attacha Bacchus à sa cuisse, ce qui ne peut se ­comprendre autrement que pour cette raison : Jupiter est ­considéré ­comme ­lair supérieur, ­cest-à-dire le feu ; il aima Sémélé, qui est ­comprise ­comme ­lhumidité, parce que parfois la chaleur est ­combinée avec ­lhumidité : ­cest ce qui engendra Bacchus, parce que le vin est ­dabord nourri par une abondante humidité. [6] Ensuite, après la mort de Sémélé ­cest-à-dire une fois ­lhumidité asséchée, Bacchus, ­cest-à-dire le vin, est uni à son père ­cest à dire à ­lardente chaleur. Mais Junon ensuite la trompa par son ­conseil, parce que ­cest également une planète humide ; parfois elle entre en ­conjonction avec une autre planète et ­comme elle attire ­dabord de la chaleur, ensuite du froid et de ­lhumidité, cela génère du tonnerre, ce qui chasse la première humidité.

528

III 281-285

Dum plurima loqute essent, Iuno et Semele venerunt ad nomen Iovis. Suspiravit et dixit : Timeo ne Iupiter sit amicus tuus, quia multe decipiuntur ; tamen vellem quod esset hic ; dicas illi quod tantus et talis det ­complexus tibi quantus et qualis excipitur a Iunone, si ille est­verus (284-286), id est verus Iupiter.

281-288*

281 ut : quod ; ait : dixit ; metuo : timeo ; multi : iuvenes. 282 nomine : forma ; divorum : deorum ; thalamos : causas ; iniere : intravere ; pudicos : castos. 283amoris : sui. 284 modo : non ; verus : deus ; rogato : pete. 285 (286 T) det : donet ; ­complexus : amplexus ; alta : nobili. 286 (285 T) excipitur : capitur ; -que : et ; ante : prius ; sumat : capiat. 287 ignaram : stultam ; Cadmeida : Semelem ; dictis : supradicta. 288 formarat : docuerat ; rogat : petit ; illa : Semele ; munus : quoddam donum.

III 289-297

Quando talia docuit Semelem Iuno, Iupiter venit, illa dixit : Da michi quoddam ­munus. Iupiter respondit : Pete quod vis et iuro tibi per Stygia quod non eris ­repulsa et, ­com ita iurasset, gavisa fuit multum et dixit : Haberem mecum sicut cum ­Iunone. Iupiter voluit opprimere ora illius, sed non potuit quia illa optavit, et ille iuravit properanter.

289-297*

289 Cui : Semele ; deus : Iupiter ; nullam : non ullam. 290 magis : plus ; Stigii : infernali ; quoque : certe ; sunto : sint. 291 deorum : qui regit imma. 292 Leta : gaudens ; malo : suo ; peritura : moritura ; amantis : Iovis. 293 obsequio : servicio ; Saturnia : Iuno. 294 Veneris : luxurie ; initis : facitis. 295 te : o tu Iupiter ; ora : illius ; loquentis : scilicet Semeles. 296 opprimere : claudere ; iam : tunc ; vox : sua ; auras : ethera. 297 nec : et non ; enim : quia ; optasse : potest ; ille : Iupiter.

281-285 quod1ex quod sic ms. | 289-297 Stygia] stiga ms. potuit quia] poterit quia non potuit quia ms. properanter] properantur ms. | 292* peritura] perita ms.

529

III 281-285

Après avoir longuement parlé, Junon et Sémélé en arrivèrent au nom de Jupiter. Junon soupira et dit : « Je crains que ton ami ne soit pas Jupiter : beaucoup de femmes sont trompées (ainsi). Cependant je voudrais bien que ce fût lui ; demande-lui tantus et talis det ­complexus tibi quantus et qualis excipitur a Iunone (« ­quil prenne la même grandeur et la même beauté en ­tembrassant que ­lorsquil est accueilli par Junon »), si ille estverus, si (« ­cest vraiment ») lui, ­cest-à-dire si ­cest vraiment Jupiter.

III 289-297

Après ces ­conseils de Junon à Sémélé, Jupiter vint la rejoindre ; elle lui dit : « Fais-moi un don ». Jupiter répondit : « Demande ce que tu veux et je te jure par le Styx que ta demande ne sera pas rejetée ». Elle fut très heureuse de ce serment et lui demanda : « Je veux ­tavoir avec moi ­comme tu es avec Junon ». Jupiter aurait voulu alors étouffer ses paroles, mais il ne put rien faire : elle avait fait ce souhait et il avait juré trop hâtivement.

530

[f. 74v]

III 298-302

Quomodo Semele male habuit Iovem

Ergo, com Semele petisset a Iove quod com illa ­concumberet sicut cum Iunone, ascendit in celum et accepit fulmina, verumptamen demovit sibi vires (302) quantum potuit.

298-302*

298 Ergo : ex tunc. 299 ethera ­concedit : celum scandit ; vultum : suum ; traxit : duxit. 300 nubila : nubes ; quis : quibus ; immixtaque : ­coniuncta et. 301 addidit : dedit ; tonitrus : addidit ; inevitabile : non evitabile. 302 sibi : fulmini ; temptet : cupit.

III 303

Igne Thiphoea : ­com omnes dee fugarent affatum Typho, Iupiter, graviter ira ­commotus, fulmine illum occidit, unde non cepit tunc tale fulmen, imo aliud fulmen levius, et tamen illo fulminata fuit. Centimanum : habentem virtutem centum hominum.

303-304*

303 deiecerat : straverat ; Tiphoea : Gigantem. 304 eo : fulmine.

III 305

fulmen ] Fulmen est aliqua pars aeris ex collisione aliqua usque ad obstaculum ; ­com impetu veniens coruscatio, pars aeris ex impetu igneo resplendens.

305-307*

305 Ciclopum : fabrorum. 306 sevicie : crudelitatis ; flamme : ardoris. 307 vocant : appellant ; superi : dei ; Capit : Iupiter ; illa : tela ; -que : et.

298-302tit. male habuit ] male ms. demovit] movit ms. | 302* temptetextempatms. cupit] cubit ms. | 303 graviter] gramen ms. ­commotus fulmine] ­­commotus # fulmine ms. | 305 Fulmen] fumen ms.

531

[f. 74v]

III 298-302

Comment Sémélé obtint Jupiter pour son malheur

Sémélé ayant donc demandé à Jupiter ­quil couchât avec elle ­comme avec Junon, il remonta dans le ciel et ­sempara de la foudre, mais il écarta sibi vires (« de lui autant de forces ») ­quil le put.

III 303

Igne Thiphoea (« par le feu Typhée ») : ­comme toutes les déesses fuyaient les paroles adressées par Typhée, Jupiter, gravement ébranlé par la colère, le tua de sa foudre. Mais il ne prit pas pour Sémélé la même foudre, il saisit une foudre plus légère. Pourtant elle en mourut foudroyée. Centimanum (« aux cent mains ») : qui avait la force de cent hommes.

III 305

fulmen (« la foudre »)] La foudre est de ­lair qui, à partir ­dun choc, (est précipité) ­jusquà un obstacle ; ­léclair arrive avec cet élan, car une partie de ­lair resplendit de cet assaut de flammes6.

532

III 308

Rei veritas potest esse talis : Iupiter, rex cretensis, adamavit Semelem. Iuno, uxor Iovis, illam formavit quod peteret habere rem ­com Iove sicut Iupiter ­com Iunone, quod, ­com factum fuisset et iamque peperisset, ­combusta fuit in domo sua et quidam de ministris Iovis hoc fecerunt, unde fingitur hoc a Iove, et Bachus, id est filius, datus fuit patri alendus, et hoc est quod dicit.

308-310*

308 Agenoream : id est Semeles filie Agenoris ; tumultus : tonitrus. 309 non tulit : passa fuit ; iugalibus : maritalibus ; arsit : usta fuit. 310 Imperfectus : non formatus ; infans : puer ; genitricis : matris ; alvo : ventre.

III 311

Quomodo Bachus natus fuit

Si credere (311) : quia indignum est credere quod puer possit extrahi et ­coniungi femori proprio ut ibi nutriatur. Fatali lege (316) : quia fatatum quod Bachus nasceretur geminis matribus.

311* eripitur : removetur ; patrio : Iovis ; credere : debemus credere.

III 312-317

Imperfectus infans tener insuitur femori (310-312) : per puerum qui extractus fuit ab utero matris possumus intelligere Bachum, qui in hyeme latet in uva vel vinea, in estate erigitur et nutritur in femore patris, id est in femore aeris. Per nimphas intelligimus mulieres que libenter potant.

312-317*

312 insuitur : ­coniungitur ; femori : cruri ; ­complet : perficit. 313 Furtim : latenter ; illum : puerum ; Yno : proprium ; matertera : amica ; cunis : cunabulis. 314 educat : nutrit ; inde : postea ; datum : illum ; Niseides : a Niso rege ; antris : foveis. 315 Occuluere : abscondidere ; alimenta : nutrimenta. 316 -que ea : et supradicta ; lege : dispositione ; geruntur : ducuntur. 317 tutaque : secura et ; geniti sunt : quia prius in matre, postea in Iove ; incunabula : cubilia ; Bachi : dei illius.

308 Iunone] Iunonei ms. patri] pater ms. | 309* maritalibus] maritabilibus ms. | 311 Bachus] Iupiter ms. | 312* insuiturexinsruiturms. | 313* cunabulis] cunabili ex cunabilis ms.

533

III 308

La vérité peut être la suivante : Jupiter, roi de Crète, ­séprit de Sémélé. Junon, la femme de Jupiter, la poussa à demander à Jupiter ­quil ait avec elle la même relation ­quavec Junon. ­Cest ce ­quelle fit. Elle avait déjà enfanté ­lorsquelle fut brûlée dans sa maison par des serviteurs de Jupiter, ­cest pourquoi on invente que ce fut par Jupiter. Et Bacchus, son fils, fut ­confié à son père pour être élevé : voilà ce que dit ­lauteur.

III 311

Naissance de Bacchus

Si credere (« ­s(il est permis de) croire ») : parce ­quil ­nest pas permis de croire ­quun enfant peut être sorti (du ventre de sa mère) et attaché au sens propre dans une cuisse pour y être nourri. Fatali lege (« par la loi du destin ») : parce ­quil était prévu par le destin que Bacchus naîtrait de deux mères.

III 312-317

Imperfectus infans tener insuitur femori (« ­Lenfant imparfait est cousu encore frêle dans la cuisse ») : par ­lenfant qui fut sorti du ventre de sa mère nous pouvons ­comprendre Bacchus, qui en hiver reste dissimulé dans le raisin ou dans la vigne ; en été il se dresse et est nourri dans la cuisse de son père, ­cest-à-dire dans celle de ­lair. Par les nymphes nous ­comprenons les femmes qui aiment boire.

317 geniti sunt (« (le berceau de Bacchus) engendré deux fois, est ») : engendré ­dabord dans sa mère, puis dans Jupiter.

534

III 318-322

De lite Iovis et Iunonis

[ 1] Dumque ea (316). Fabula talis est de Bacho : ad nutriendum traderetur. Iupiter fecit iocum com Iunone venereum, unde lis orta fuit inter illos, quia Iuno dicebat quod maior erat luxuria in viris quam in mulieribus. Ille negavit. [2] Elegerunt Tyresiam iudicem. Quia Tyresias quadam die duos serpentes in nemore invenit et percussit illos, unde factus fuit mulier et vixit VII annis et octavo vidit illos et percussit iterum ; factus est vir, unde hac de causa electus est arbiter, unde dicta Iovis ­confirmavit. [3] Iuno, dolens, illum excecavit, sed Iupiter ipsum augurem fecit. Usque ad illum locum : prima fidem (341).

318-323*

318 forte : a casu ; memorant : gentes dicunt ; diffusum : sparsum ; nectare : vino. 319 deposuisse : removisse ; graves : actoricabiles ; agitasse : fecisse ; remissos : lassatos. 320 Iunone : proprium ; profecto : certe. 321 que : illa voluptas ; voluptas : Venus vel delectatio. 322 Illa : Iuno ; que : qualis ; sentencia : iudicium. 323 querere : interrogare ; Tyresie : proprium ; Venus : luxuria ; huic : Cire(sie) ; utraque : quelibet ; nota : cognita.

III 324

Nam duo magnorum : subiungit causam quare sciebat quanta voluptas est hominibus utriusque sexus. irrita : quia quod factum est ab uno deo ab alio non potest adnichilare.

324-331*

324 Nam : quia ; silva : nemore. 325 baculi : unius ; violaverat : corrumperat ; ictu : percussione. 326 -que : et ; mirabile : scilicet res miranda. 327 egerat : perfecerat ; autompnos : annos ; octavo : autompno ; rursus : iterum ; eosdem : serpentes. 328 si tanta : tam magna ; plage : violationis. 330 modo : in presenti ; percuciam : feriam ; anguibus : serpentibus. 331 forma : species ; rediit : venit.

318-322.2 nemore invenit ] nemore # ms. | 318-322.3 augurem] augurum ms. | 327* autompnos]autumpnusms.

535

III 318-322

Dispute entre Jupiter et Junon

[ 1] Dumque ea (« Pendant que ces événements »). La fable de Bacchus est la suivante : il devait être ­confié pour être élevé. Jupiter joua aux jeux de Vénus avec Junon, ce qui fit naître entre eux une dispute, parce que Junon disait que le plaisir amoureux était plus grand chez les hommes que chez les femmes. Jupiter le nia. [2] Ils choisirent pour juge Tirésias, qui un jour avait trouvé deux serpents dans un bois et les avait frappés, ce qui avait eu pour ­conséquence ­quil fut transformé en femme et vécut sept ans (dans ce corps de femme). La huitième année, il revit les serpents et les frappa à nouveau : il redevint homme. ­Cest pourquoi il fut choisi ­comme arbitre, et ­confirma les dires de Jupiter. [3] Junon, en colère, le rendit aveugle, mais Jupiter lui donna le don de prophétie. La fable ­sétend ­jusquaux mots prima fidem (« la première [] la ­confiance »).

III 324

Nam duo magnorum (« Car deux (corps) de grands (serpents) ») : ­lauteur ajoute la cause du savoir de Tirésias sur la quantité de plaisir éprouvé par ­lun et ­lautre sexe. irrita (« Vains ») : parce que ce qui a été accompli par un dieu ne peut être annulé par un autre.

536

III 332-335

Quomodo Tyresias cecus fuit

[1] Moralitas talis est : dicit Tyresias quod luxuria mulieris, id est Iunonis, erat in IX uncia. Luxuria hominis, id est Iovis, erat in tercia, et hoc est quod aer inferior facit tria : maturat in glebis, producit in foliis, gravidat in folliculis. Aer superior facit unum tantum, quia maturat in granis. [2] Per Tyresiam intelligitur tempus, per Iovem aerem superiorem, per Iunonem inferiorem. Aer inferior excecat tempus per nebulas et pluvias, aer superior dat ei scire futura in estate ostendendo nebulas. [3]Forte iovem (318) : quia Iupiter ­com Iunone iocabatur et lascivos amores exposcebat. Nec pro materia (334), et cetera : non secundum quantitatem materie, imo amplius quam materia erat, quia non erat tanta quod tantum deberet dolere. Iuno, inquam, excecaverat Tyresiam : At pater omnipotens (336).

332-339*

332 Arbiter : iudex ; sumptus : captus ; iocosa : gaudente. 333 dicta : asersiones ; firmat : ­com(firmat) ; gravius Saturniaiusto : Iuno quam illa est. 334 fertur : dicit ; -que : et. 335 iudicis : Cire(sias) ; eterna : perpetua ; dampnavit : cecavit ; lumina : oculos ; nocte : obscuritate. 336 At : sed ; omnipotens : Iupiter ; nec : non ; enim : quia ; licet : licitum est ; irrita : vana ; cuiquam : alicui. 337 facta : opera ; lumine : visu ; adempto : remoto. 338 scire : proheticare ; dedit : ­concessit ; -que : et ; levavit : alleviavit ; honore : per honorem. 339 Aonias : Thebanas.

III 340-341

Inreprehensa : valde certa

Prior temptavit utrum reponsa essent vera.

III 341-511

De nativitate Narcisi

[ 1] Prima fide. Fabula talis est : ­com Iupiter in remuneratione iudi [f. 75r] ci per quod Tyresias a Iunone cecatus erat, sibi, Tyresie, scire futura ­concessisset, Liripe, a Cepheso impregnata et iamque parta unum puerum, voluit scire utrum viveret an non. Respondit quod viveret nisi se videret.

332-335.1 folliculis] felliculis ms. | 332-335.3 dolere] dolore ms. | 333* Iuno] Iuna ms. | 341-511.1 Cepheso] Cephesus ms. voluit] velint ms.

537

III 332-335

Comment Tirésias devint aveugle

[1] La moralité est la suivante : Tirésias dit que le plaisir amoureux de la femme, ­cest-à-dire de Junon, sur une échelle de 12, se situait à 9. Le plaisir de ­lhomme, ­cest-à-dire de Jupiter, se situait à 3. En effet ­lair inférieur accomplit trois choses : il fait mûrir dans les mottes de terre, il fait sortir dans les feuilles, il féconde dans les gousses. ­Lair supérieur ­nen fait ­quune, il fait mûrir dans les graines. [2] Par Tirésias on ­comprend le temps, par Jupiter ­lair supérieur, par Junon ­lair inférieur. ­Lair inférieur rend le temps aveugle en répandant nuages et pluies, ­lair supérieur lui donne de savoir le futur quand il montre les nuages en été. [3]Forte iovem (« Par hasard Jupiter ») : parce que Jupiter badinait avec Junon et sollicitait lascivement son amour. Nec pro materia (« Sans rapport avec la matière »), etc. : disproportionné par rapport à la matière, ­dune façon qui dépassait la matière, parce que celle-ci ­nétait pas si importante ­quil dût subir un tel châtiment. Junon, disais-je, rendit Tirésias aveugle. At pater omnipotens (« Mais le père tout-puissant »).

III 340-341

Inreprehensa (« Irréprochables ») : tout à fait vraies.

Elle fut la première à tester la vérité de ses réponses.

III 341-511

Naissance de Narcisse

[ 1] Prima fide (« La première par la ­confiance »). La fable est la suivante : Comme Jupiter, pour remercier le juge [f. 75r], et parce que Junon ­lavait rendu aveugle, avait donné à Tirésias la ­connaissance du futur, Liriope, que le Céphise avait rendue enceinte, et qui venait ­daccoucher ­dun garçon, voulut savoir ­sil vivrait ou non. Tirésias répondit ­quil vivrait ­sil ne se voyait pas.

538

[2] Com multum tempus preterisset post hoc et Narcissus esset in venatione, Echo adamavit illum et tamen illam renuit, unde aliquis, ab illo non adamatus, petivit quod sic amaret Narcisus nec haberet amatum. [3] Com quadam die in quodam fonte biberet, vidit repercussionem ymaginis sui et tantum cupiit quod ad ultimum illam videndo adamavit sic quod in fine mortuus fuit et mutatus in florem cito caducum. Usque ad illum locum : Cognita res meritam (511).

341* prima : prior ; -que : et ; sumpsit : cepit.

III 342-343

Violenter iacuit com illa. A nativitate posset amari propter speciem suam.

342-344*

342 cerula : pulcra ; quam : Liriopem. 343 implicuit : tenuit ; clauseque : incluse et ; Cephesus : proprium ; undis : aquis. 344 vimtulit : violentiam fecit ; enixa : peperit ; utero : ventre.

III 345

Nimphe : declinatur nimphe ; genitivus : huius nimphes.

345* infantem : puerum ; nimphe : Liriobe ; iamtunc : eo tempore ; amari : diligi.

III 346

Consultus : id est petitus ­consilium.

346-347*

346 Narcisum : proprium ; vocat : dicit ; quo : Narciso ; an : utrum. 347 mature : antique ; senecte : senectutis.

III 348

Fata dicens, vates : Tyresias ; inquit, id est dixit : ­Vivet ; suple si non viderit.

341-511.2 Narcissus ex Nacirsus ms. | 341-511.3 repercussionem] repercussione ms. | 342-343 nativitate ex nativitate sua ms. | 343* clauseque] clausit ms.

539

[2] Beaucoup de temps passa. Narcisse chassait. Écho ­séprit de lui, mais il la repoussa. Puis ­quelquun qui avait été repoussé par Narcisse demanda que Narcisse fût touché par le même amour, sans pouvoir posséder ­lêtre aimé. [3] Un jour où il buvait à une source, il vit (dans ­leau) le reflet de son image et la désira tellement fort que finalement en la voyant il en tomba amoureux, au point ­den mourir et ­dêtre changé en une fleur vite fanée. La fable ­sétend ­jusquaux mots Cognita res meritam (« La nouvelle de cet événement [] méritée »).

III 342-343

Il ­sunit avec elle par la violence. Dès la naissance ­lenfant aurait pu être aimé pour sa beauté.

III 345

Nimphe (« Les nymphes ») : le mot se décline Nimphe, génitif Nymphes.

III 346

Consultus (« ­consulté ») : sollicité pour un ­conseil.

III 348

Celui qui dit le destin, vates (« le devin ») : Tirésias ; inquit (« dit-il »), ­cest-à-dire il dit : « Il vivra », ­compléter si non viderit (« ­sil ne se voit pas »).

540

349-350*

349 Vana : parva ; auguris : responsis vatis ; exitus : finis. 350 resque : perfectio ; probat : laudat ; leti : mortis ; genus : maneries ; furoris : stulticie.

III 351-352

Nam quater ad quinos : unum ad XX. Unum annum addiderat et sic habebat XX annos et unum, et ita erat adolescens, quia adolescentia incipit a quindecimo anno et durat usque ad XXVIII annos, et sic addidit unum annum ; quateradquinos, et ita erant XIIII, vel addidit unum annum ad quater et ad quinos, et ita erant XV. Prior lectora prevalet, et est intentio actoris quod habebat XX et unum.

351-358*

351 Nam : quia ; quinos : quinque ; Cephesius : Narcisus. 352 addiderat : fecerat ; -que : et. 353 Multi : pueri ; illum : Narcisum ; multe : plures ; puelle : mulieres. 354 tam dira : admirative loquitur ; forma : specie. 355 illum : Narcisum ; puelle : mulieres. 356 Aspicit : cernit ; hunc : Narcisum ; trepidos : paventes ; agitantem : ducentem. 357 que : nimphe ; reticere : tacere. 358 necprior : et non prima ; didicit : novit ; Echo : scilicet proprium.

III 359

Quomodo Echo adamavit Narcisum

Dicit actor quod Echo amavit Narcisum ; per Narcisum intelligitur superbia, per Echo bona fama.

Noluit Narcisus ei acquiescere, quia fama bona non potest esse ­com superbia.

359-361*

359 Corpus : erat ; adhuc : eo tempore ; usum : ­consuetudinem. 360 garrula :loquax ; nonalium : imo eundem ; oris : loquele. 361 multis : pluribus ; verba : quedam ; novissima : ultima.

353* mulieres] muliere ms. | 356* agitantem]agitantamms.

541

III 351-352

Nam quater ad quinos (« En effet à ses quatre fois cinq (années) ») : (il avait ajouté) une année à vingt. Il avait ajouté une année et ainsi il avait vingt-et-un ans : ­cétait donc un adolescent, car ­ladolescence ­commence à quinze ans et dure ­jusquà vingt-huit ans. Ainsi il ajouta une année. quateradquinos (« Quatre ans à cinq fois (deux)7 »), cela fait quatorze. vel addidit unum annum ad quater et ad quinos (« Ou il ajouta une année à quatorze »), et cela fait quinze. La première lecture est la meilleure, ­lauteur veut dire ­quil avait vingt-et-un ans8.

III 359

Comment Écho ­s éprit de Narcisse

­Lauteur dit ­quÉcho ­séprit de Narcisse ; par Narcisse on ­comprend ­lorgueil, par Écho la bonne renommée.

Narcisse la repoussa parce que la bonne renommée ne fait pas bon ménage avec ­lorgueil.

542

III 362

[1] Moralitas talis est : per Narcisum habemus arrogantiam, que multis placet et maxime magna placent arroganti. Per Echo habemus bonam famam, que arrogantem amaret et laudibus illum extolleret nisi ipse se cunctis preferret et bonam famam, se preferendo, despiceret. [2] Quia Echo ­contempta fuit, latuit, nichil boni de eo dicendo. Et mutata dicitur in lapidem, quia fama in villis et civitatibus, maxime ubi sunt homines et mansiones lapidose, quia echo maxime auditur in lapidosis locis. [3] Narcisus vero umbram suam dicitur amasse quia propriam excellentiam cunctis rebus pretulit, unde deceptus defficiendo fuit. [4] Com iam ullius haberetur momenti, mutatus est in florem, id est in rem inutilem, que cito evanescit ad modum illius floris, unde versus : « Inficit, informat, ­condampnat, ­conterit, inflat. / Crimina cuncta preit, virtutum semina perdit, / inquinat omne bonum, facit os ad iurgia pronum, / introitum claudit Paradysi, scandala ­condit ». [5] Et per hos versus habet intelligi hystoria Narcisi : « Narcisus puer est cupidus quem gloria rerum / fallit que pereunt, que, velut umbra, fluunt ».

362-365*

362 Iuno : proprium ; que : Iuno ; deprendere : capere. 363 Iove : proprium ; sepe : multociens ; suo : marito. 364 illa : Echo ; deam : Iunonem ; prudens : sapiens ; sermone : verbo ; tenebat : detinebat. 365 dum : donec ; fugerent : abirent ; Saturnia : Iuno ; sensit : percepit.

III 366

Quando percepit Iuno quod detinebat eam ne posset capere nimphas ­com Iove iacentes, ait : ­potestas.

366-368*

366 ait : dixit ; qua : lingua. 367 -que brevissimus : et parva ; usus : osus. 368 re : opere ; firmat : ­con(firmat) ; hec : Echo ; loquendi : fandi.

362.1 se preferendo] preferendo ms. | 362.2 Echo] ego ms. 362.4 haberetur] haberentur ms. Inficit…inflat]add. de arrogantia m.s. eadem manus perdit ex perdit preit ms. pronum] pronomen ms.

543

III 362

[1] La moralité est la suivante : par Narcisse il faut ­comprendre ­larrogance, qui plaît à bien des gens, car la gloire plaît beaucoup à ­larrogant. Par Écho nous avons la bonne renommée, qui aimerait ­larrogant et le distinguerait par ses louanges, ­sil ne se préférait lui-même à tous les autres et ne méprisait la bonne renommée en se préférant lui-même. [2] Parce ­quÉcho fut dédaignée, elle se cacha et ne dit aucun bien de lui. On dit ­quelle se mua en pierre, parce que la renommée circule dans les villes et les cités, où vivent principalement les hommes et où se trouvent les maisons en pierre, et que ­lécho ­sentend surtout dans les lieux empierrés. [3] On dit que Narcisse ­séprit de son ombre parce ­quil préféra sa propre excellence au reste du monde, aussi fut-il abusé en perdant ses forces. [4] Comme déjà on ne lui donnait plus ­quun moment (à vivre), il fut transformé en fleur, ­cest-à-dire en objet inutile, qui ­sévanouit aussi vite ­quune fleur, ­doù les vers : « (­Lorgueil) souille, déforme9, ­condamne, accable, enfle. Il précède tous les crimes, il détruit les semences des vertus, il corrompt tout bienfait, il rend la bouche encline aux disputes, il ferme ­laccès du Paradis, il cause la chute ». [5] Et par ces vers on peut ­comprendre ­lhistoire de Narcisse. « Narcisse est un enfant orgueilleux trompé par la gloire du monde, qui périt et passe ­comme une ombre. »

III 366

Lorsque Junon ­comprit ­quÉcho la retenait pour ­lempêcher de surprendre les nymphes qui couchaient avec Jupiter, ait « potestas » (« le pouvoir, dit-elle… »).

544

III 369-374

Ingeminat (369) : tantummodo ad respondendum, non ad primum loquendum. Nota quidem ita quod Narcisus erat superbus ; ­com Echo iam mutata esset, vidit illum et volebat ei ­consentire. Ergo sulphura : hic potest esse ipallage : ­com sulphura vivatia circumlita tedis rapiunt flammamadmotam (374), id est : tede summe – oportet – circumlite sulphuris vivacibus rapiunt flammam admotam ad hoc, quod ita non peteret illum, unde versus in Arte : « Comveniat maribus non quam nos ante rogemus ».

369-376*

369 ingeminat : duplicat ; -que : et ; verba : voces ; reportat : iterat. 370 ubi : postquam ; Narcisum : proprium ; vagantem : pergentem. 371 vidit : aspexit ; furtim : latenter. 372 quoque : quanto ; magis : plus ; sequitur : Narcisum ; flamma : libidine ; calescit : fervet ; quam : fit ; circumlita : lustrata ; tedis : fascibus. 374 admotam : additam ; flammam : ignem. 375 quociens : quasi multociens ; voluit : Echo ; accedere : venire ; dictis : sermonibus. 376 molles : blandas ; adhibere : dare ; repugnat : non vult.

III 377

Quos sinit, quasi dicat : Natura Echo parata ­est, quasi dicat : Semper expectat ultimum verbum, quod solummodo natura sinit, et nonquam prima ­loquitur, sed tenet semper ultimum sonum. Respicit in omnes partes, respicit si posset videre illam que loquta fuerat.

377-382*

377 nec : et non ; incipiat : aliquid ; sinit : aliquis ; illa : Echo. 378 quos : sonos ; verba : iterationes. 379 Forte : a casu ; puer : Narcisus ; seductus : separatus ; agmine : societate ; fido : fideli. 380 hec : clamatio. 381 Hic : Narcisus ; atque : et ; aciem : oculos ; dimisit : vertit. 382 magna : alta ; illa : Echo ; vocantem : illum.

369-374 ­­com1] et ms. tedis] cedi ms. vivacibus] viva ms.

545

III 369-374

Ingeminat (« Elle répète ») : seulement pour répondre, et non pour parler en premier. Noter ­quassurément Narcisse était orgueilleux : alors que Junon avait déjà transformé Écho, celle-ci, ayant vu Narcisse, voulait ­sunir à lui. Ergo sulphura (« Alors le souffre ») ; cela peut être un hypallage : ­com sulphura vivatia circumlita tedis (« alors que le soufre vivace enduit autour des torches ») rapiunt flammamadmotam (« saisit promptement la flamme qui ­sapproche ») ­cest-à-dire ­quil faut (lire) : « les extrémités des torches enduites de soufre vif saisissent promptement la flamme ­quon en approche », parce que la flamme ­nirait pas chercher ainsi le soufre ; ­doù ce vers de ­lArt ­daimer : « Que les hommes se mettent ­daccord pour ne plus faire les premières prières à une femme. »

III 377

Quos sinit (« ­Quil lui est permis »), en ­dautres termes : « Écho est prête par nature », ou encore « elle attend toujours le dernier mot, le seul que lui permette la nature : elle ne parle jamais la première », mais elle ­conserve toujours le dernier son. Il regarde de tous côtés, pour le cas où il pourrait voir celle qui lui a parlé.

546

III 383-386

Nullo veniente (383) : quando vidit puer ullum venientem, dixit :Quare fugit me ?. Nullique :­nonquam, respondit Echo libere aliud verbum quam istum sonum, scilicet choeamus, et verbis ad se ipsam dictis que Narcisus dixit, scilicet choeamus (386).

383-390*

383 Respicit : Narcisus ; rursum : iterum ; quid : cur. 384 totidem : tot ; dixit : ille ; recepit : audivit. 385 Perstat : perfecte stat. 386 choeamus : ­congregemur ; ait : dixit ; nullique : non et ; nulli : aliquo. 386 sono : voci ; favet : ­concedit ; silva : nemore. 389 iniceret : iactaret ; sperato : amato ; brachia : sua. 390 Ille : Narcisus ; manus : Echo ; aufert : removet.

[f. 75v]

III 391

­Ante ait, quasi dicat : Ante moriar quam habeam rem ­tecum.

391* ait : dixit ; copia : coitus.

III 392

Echo est inclusio aeris cum aliquo strepitu in cavo loco.

392* Retulit : dixit ; illa : Eco ; nichil : non aliquid ; nisi : quod dixit ; copia : coitus.

III 393

Versus : « Dicitur in silvis Echo regnare quod illic / est aer inclusus verba referre solet ».

Spreta : hic exprimit modum amantis. Liceret ei quod spreta esset, tum haberet in locis cavernosis.

393-394*

393 Spreta : Echo ; silvis : nemoribus ; ora : vultus. 394 solis : solitariis ; illo : tempore ; antris : foveis.

392 in] cum ms. | 393 tum] tamen ms.

547

III 383-386

Nullo veniente (« Personne ne venant ») : quand le jeune homme ne voit venir personne, il dit : « pourquoi me fuit-elle ? ». Nullique (« À aucun (mot) ») : jamais Écho ne reprit plus spontanément un autre son que ce mot, choeamus (« réunissons-nous »), répétant pour elle-même les mots que Narcisse avait prononcés, choeamus (« réunissons-nous »).

[f. 75v]

III 391

« Ante » ait (« “Plutôt”, dit-il »), ­comme ­sil disait : « plutôt mourir que de ­munir à toi ».

III 392

­Lécho est le bruit ­quémet ­lair enfermé dans un lieu encaissé.

III 393

Vers : « On dit ­quÉcho règne dans les forêts, parce que ­lair qui ­sy trouve enfermé renvoie habituellement les paroles. »

Spreta (« Méprisée ») : ici ­lauteur exprime la façon ­dêtre de celui qui aime. Elle pourrait être spreta (« méprisée »), alors elle vivrait dans des grottes.

548

III 395

Mutatio Echo

Repulse, unde nitimur in vetitum cupimusque negata tenere.

395-399*

395 heret : manet ; -que : et. 396 attenuant : minuunt ; miserabile : Echo dignum ; cure : misereri. 397 abducitque : abreviat et ; cutem : suam ; succus : humor. 398 corporis : sui ; abit : it ; vox : sonus ; tantum : tantummodo ; supersunt : remanent. 399 vox : sonus ; manet : re(manet) ; ferunt : dicunt ; traxisse : cepisse.

III 400-401

Et quia non habet nisi vocem, indelatet silvis, bene queque voces ; omnibus : est pariter temporis atque loci.

400-401*

400 Inde : postea ; nullo : non ullo.401 illa : Echo.

III 402

Quia omnino ­contempnebat tam viros quam nimphas et nomquam voluit eis ­consentire.

402-403*

402 Sic : taliter ; hanc : nimpham ; ortas : natas. 403 luserat : irriserat ; hic : Narcisus ; sic : taliter ; ante : prius ; viriles : hominum.

III 404-405

Peticio alicuius pro Narciso

Et quia tantum erat durus, inde aliquis (403) et cetera, quia superbus multos volentes ­consentire repellit. Inde aliquis despectus, sic ­amet (404) : sicut amamus, ita ardeat, et non possit habere illud quod amabit, sicut non potuimus habere illum quem amavimus.

404-405*

404 Inde : hac de causa ; aliquis : homo. 405 sic : taliter ; licet : licitum sit ; amato : re amata.

398* tantum]tamenms. | 400-401 omnibus] ordinisms. | 404-405 amamus ex amemus ms.

549

III 395

Métamorphose ­d Écho

Repulse (« Repoussée ») : nous tendons vers ce ­quon nous interdit, nous désirons obtenir ce qui nous est refusé.

III 400-401

Et parce ­quelle ­na plus que la voix, inde latet silvis (« alorselle se cache dans les forêts »), ­cest le cas de toutes les voix ; ­omnibus (« de tous ») cest de ­lordre aussi bien du temps que de ­lespace.

III 402

Parce ­quil méprisait totalement aussi bien les hommes que les nymphes, et que jamais il ne voulut ­sunir à eux.

III 404-405

Prière ­d une victime de Narcisse

Et parce ­quil était si dur, inde aliquis (« alors ­quelquun »), etc., parce que ­lorgueilleux repoussa nombre de ceux qui voulaient ­sunir à lui. Inde aliquis despectus (« Alors ­quelquun, méprisé ») : « sic amet » (« ­Quil aime ainsi ») : « ­quil brûle de la même façon que nous aimons, et ­quil ne puisse posséder ce ­quil aimera, ­comme nous ­navons pu avoir celui que nous aimions. »

550

III 406

Ranusia : id est Fortuna, a Ranusio opido in quo colitur. Iustis : quia iuste petierunt.

406-407*

406 assensit : ­concedit ; Ranusia : fortuna. 407 argenteus : respiciens ; undis : aquis.

III 408-412

Descriptio fontis in quo Narcisus vidit ymaginem suam

Describit actor fontem ad quem venit Narcisus ut sitim suam sedare posset, et vidit suam formam in aqua et fuit correptus ymagine forme sue, et postea mortuus et mutatus in florem, ut inferius ­continetur.

408-412*

408 quem : fontem ; neque : non ; non paste : non sature ; capelle : capre. 409 ­contingerant : tetigerant ; -ve : vel ; pecus : bestia ; quem : fontem ; volucris : avis. 410 nec : non ; nec : non ; labsus : cadens ; arbore : aliqua. 411 gramen : herba ; circa : fontem ; humor : aqua ; alebat : nutriebat. 412 silva : nemus ; tepescere : capere ; nullo : non aliquo.

III 413-417

Narcisus, cura multiplici ­fessus, videns locum predescriptum sitimque in animo ­contrahens, procubuit ut potaret, sed ad ultimum propter formam sic visam deceptus fuit hanc amando.

413-417*

413 Hic puer : ad fontem Narcisus ; estu : calore. 414 procubuit : ut potaret ; faciemque : pulcritudinem. 415 dumque : quando et ; sitim : suam ; sedare : pacificare ; sitis : volumptas. 416 dumque : quando et ; correptus : accensus ; ymagine : pulcritudine ; forme : speciei. 417 spem : umbram ; quod : illud.

409* tetigerant] tetigerat ms.

551

III 406

Ranusia (« La déesse de Rhamnonte ») : ­cest-à-dire la Fortune, du nom de Rhamnonte, ville dans laquelle elle est honorée. Iustis (« Justes) : parce que leur demande était juste.

III 408-412

Description de la source dans laquelle Narcisse vit son image

­Lauteur décrit la source à laquelle Narcisse vint abreuver sa soif et où il vit sa beauté dans ­leau, et fut trompé par ­limage de sa beauté, puis il mourut et fut transformé en fleur, ­comme on le raconte plus bas.

III 413-417

Narcisse, épuisé par de nombreux travaux, vit le lieu qui a été décrit et, ressentant intérieurement la soif, se pencha pour boire ; mais finalement, parce ­quil avait vu sa beauté, il se trompa en tombant amoureux de cette beauté.

552

III 418-419

Quomodo Narcisus laudaverat ipsum.

Quia amabat formam suam et quod esset quidam puer putabat et sic deceptus erat.

418-419*

418 ipse : puer ; vultu : status. 419 heret : stat ; e Pario : a loco dicto ; formatum : factum ; marmore : in.

III 420

Lumina sydus : id est oculos ad modum stellarum splendentes.

420* Spectat : videt ; humi : terre ; geminum : duplum ; sydus : stella.

III 421

Dicitur Bachus habere longos digitos propter longos ramos vinee. Apollo dicitur habere longos crines propter longos solis radios et subtiles, unde versus : « Vertex, frons, oculi, nasus, dens, os, gena, mentum, / colla, manus, pectus, pes sine labe nitent ».

421* digitos : suos ; Bacho : proprium ; Appolline : Phebo ; crines : capillos.

III 422

Ibi est endiadis : decusque / oris, id est os decorosum et pulcrum.

422* impubes : sine pilo ; eburnea : candida, nunc ebur ; decus : pulcritudo.

III 423

Niveo : epitheton est proprium adiectivum cum proprio substantivo.

423-426*

423 oris : sui ; niveo : candido. 424 cunctaque : omnia et ; miratur : laudat ; mirabilis : laudabilis. 425 imprudens : stultus ; qui : ille ; probat : laudat ; probatur : laudatur. 426 dumque : et ; petit petitur : puerum a puero ; ardet : uritur in se ipso cupiendo umbram.

III 427

Irrita. Facit actor exclamationem, et ita dicit : ­Quociens, quasi ­frequenter, et non sequitur ibi quociens, sed tociens.

553

III 418-419

Comment Narcisse avait fait son propre éloge

Parce ­quil aimait sa beauté et ­quil croyait que ­cétait un enfant, ce en quoi il se trompait.

III 420

Lumina sydus (« ses yeux, un astre ») : ­cest-à-dire ses yeux qui resplendissaient ­comme des étoiles.

III 421

On dit que Bacchus avait de longs doigts à cause des longs rameaux de la vigne. On dit ­quApollon avait de longs cheveux à cause de la longueur et de la finesse des rayons du soleil, ­doù le vers : « La tête, le front, les yeux, le nez, les dents, la bouche, les joues, le menton, les mains, la poitrine, les pieds, resplendissent ­dune clarté immaculée. »

III 422

Ici il y a un hendiadys : decusque / oris (« et la grâce de la bouche ») ­cest-à-dire une bouche gracieuse et belle.

III 423

Niveo (« de neige ») : épithète, adjectif proprement associé à un nom propre.

426 ardet : il se ­consume en désirant lui-même son propre reflet.

III 427

Irrita (« Vains ») : ­lauteur introduit une exclamation en disant :« quociens » (« ­combien de fois ») au sens de « fréquemment » ; ce ­nest pas quociens (« ­combien de fois ») ­quon attend icimais totiens (« autant de fois »).

554

427-428*

427 Irita : vana ; oscula : basia. 428 quociens : quasi multociens ; captancia : cupiencia.

III 429

Deprendit in illis : quia non poterat se ipsum deprendere vel non poterat umbram suam cognoscere quam videbat in aquam.

429* nec : et non ; deprendit : cepit ; illis : aquis.

III 430

Quod : id est quicquid, et debet intelligi infinite, non relative cupientia.

III 432

Modo ­convertit actor sermonem suum ad Narcisum exclamando se ­contra illum et criminans eum eo quod sequitur ad quod nichil est.

431-432*

431 atque : et ; oculos : suos ; incitat : ­commovet. 432 Credule : o stulte ; quid : cur ; frustra : invanum ; captas : cupiencia.

III 433

Advertere, ­perdes  : ad aliam partem vertere te, et ita tenetur in passiva significatione ; vel advertere in, id est ad te vertere ; advertere : id est advertaris.

433-435*

433 Quod : illud ; nusquam : non ullo loco. 434 repercusse :ex repercussione ; cernis : vides ; ymaginis : tue. 435 ista : verba ; sui : de se ; -que : et ; manet : re(manet).

[f. 76r]

III 437

Necque per requiem nec per famem poterat moveri ab aspectu forme.

437-438*

437 quietis : soporis. 438 abstrahere : removere ; inde : ab illo loco ; opaca : spissa.

437 famem] famam ms.

555

III 429

Deprendit in illis (« il (ne se) saisit (pas) dans les eaux ») : parce ­quil ne pouvait pas se saisir lui-même ou ­quil ne pouvait pas reconnaître son ombre ­quil voyait dans ­leau.

III 430

Quod (« ce que ») ­cest-à-dire quicquid (« tout ce qui »), et il faut ­comprendre une avidité sans limites, et non relative.

III 432

Ensuite ­lauteur ­sadresse directement à Narcisse en ­sexclamant ­contre lui et en ­laccusant de chercher à atteindre ce qui ­nexiste pas.

III 433

« Advertere, perdes » (« Tourne-toi, tu le perdras ») : « tourne-toi ­dun autre côté ». Le verbe est donc employé dans un sens passif. Ou advertere (« tourner vers ») ­cest-à-dire ad te vertere (« tourner vers toi »). (Mais plutôt) advertere (« tourne-toi ») ­cest-à-dire advertaris (« tourne-toi »).

[f. 76r]

III 437

Ni le repos ni la faim ­naurait pu le tirer de la ­contemplation de sa beauté.

556

III 439-442

Quomodo Narcisus loquitur ad silvas

Non poterat saciari videndo formam suam. Inexpleto vel inexpecto (439) : insaciato. Interiectiones furiales quia erat furibundus propter speciem suam. Yo : tantum valet quantum ­O, sed plus importat. Ego quero ­hoc : O silve (442) ; enim (443) : certe.

439-442*

439 spectat : cernit ; inexpleto : insaciato ; mendacem : fallacem ; formam : suam. 440 -que : et ; ille : Narcisus ; -que : et ; levatus : ereptus.441 tendens : levans ; silvas : nemora. 442 eu quid : heu ; crudelius : me.

III 443

Quia multi habuerunt latibulum in vobis ad tale agendum, id est speculandum hoc in fonte vel ad luxuriam faciendam vel ad delectationem ­habendam.

443-445*

443 enim : certe ; multis : pluribus ; oportuna : ­congrua. 444 et quod : ideo ; agantur : perficiantur. 445 tabuerit : defecit ; longuo : antiquo ; evo : etate.

III 446

Ita tamen decipior per errorem quod, licet videam quod amo ut placeat, tamen non possum tangere nec sentire, unde ­dolor.

446-449*

446 sed : umbra vel puer ; video : illum. 447 invenio : tangendo ; error : me. 448 Quoque : ut et ; magis : plus ; ingens : magnum. 449 via : sperat ; montes : sperant ; clausis : sperant ; menia : vos.

III 450

Prohibemur ne iungamur exiguaaqua, id est intervallo unius parvi ­fontis.

439-442tit. loquitur ad silvas ] loquitur ad ms. | 444* agantur]agunturms.

557

III 439-442

Comment Narcisse parle aux forêts

Il ne pouvait se rassasier de voir sa beauté. Inexpleto (« non rassasié ») ou inexpecto (« non attendu ») : insatiable. Il pousse des exclamations forcenées parce que son reflet le faisait délirer. « YO » : vaut autant que : « Ô » mais il a plus de sens : « Je vous pose la question » : O silve (« Ô forêts ») ; enim (« car ») : certes.

III 443

« Parce que bien des amants ont trouvé en vous un refuge pour cela, ­cest-à-dire pour ­contempler le reflet dans la source ou pour avoir des rapports charnels et ­connaître le plaisir. »

III 446

« Pourtant je suis trompé par une illusion parce que, quoique je voie ce que ­jaime selon mon plaisir, cependant je ne peux le toucher ni le sentir, ­doù ma souffrance. »

III 450

« Prohibemur (« nous sommes empêchés ») de nous unir exiguaaqua (« par un filet ­deau »), ­cest-à-dire par ­lintervalle ­dune petite source. »

558

III 450-453

Cupit (450), inquam, teneri (450). Nam, quando volo obsculari illum, nititur obsculari me ; minimum (453), id est parvum aque, vel minimum est quod non possum habere, vel minimum quia, quicquid obstat, est ­minimum, unde versus : « Omne quod est nimium, vertitur in vicium ». Declinatur amicus-ca-cum.

450-453*

450 exigua : parvo ; prohibemur : discernuntur ; ipse : puer. 451 nam : quia ; limphis : aquis. 452 hic : puer ; ore : vultu. 453 putes : tu ; amantibus : omnibus.

III 454

Quomodo Narcisus loquitur ­com umbra

Nota.

Loquitur Narcisus ad puerum in fonte.

454-455*

454 exi : veni ; quid : cur ; unice : sole ; fallis : decipis. 455 quove : loco vel ; abis : vadis ; nec : non ; forma : species ; etas : mea.

III 456

Adamarunt : ecce alia causa quare non debes me fugere, qui iuvenis sum et pulcher et nimphe amaverunt me, et sic debes me amare.

456-459*

456 mea : talis ; quoque : certe. 457 vultu : tuo ; amico : amicabili. 458 porrexi brachia : tetendi me ; porrigis : tua. 459 risi : ego ; vides : tu ; quoque : similiter ; notavi : cognovi.

III 460

Quando lacrimabar, cognovi te lacrimantem, et ita novi te me adamatum et per nutum et per loquelam.

460* lacrimante : flente ; quoque : similiter ; remittis : das.

456 debes ex debet debes ms.

559

III 450-453

« Cupit (« il désire »), dis-je, teneri (« être tenu »). En effet lorsque je veux ­lembrasser, il ­sefforce de ­membrasser ; minimum (« très faible »), ­cest-à-dire un peu ­deau ou minimum (« très mince ») est ce que je ne peux pas atteindre, ou minimum (« très petit ») car quel que soit ­lobstacle, il est très petit » ; ­doù le vers : « Tout ce qui est très petit est finalement senti ­comme défaillant ». ­Ladjectif se décline sur le modèle amicus, a, um.

III 454

Narcisse parle avec son ombre 

À noter.

Narcisse parle au garçon dans la source.

III 456

Adamarunt (« elles ont aimé ») : voici une autre raison de ne pas me fuir, moi qui suis jeune et beau et que les nymphes ont aimé : ­cest pour cela que tu dois ­maimer.

III 460

Lorsque je pleurais, ­jai ­compris que tu pleurais : ainsi je sais que tu ­maimes, par tes signes qui sont ton langage.

560

III 461

Suspicor oris ] Ore tuo noto nonpervenientia ; motu (462) : ­conatu toto te dare verba (462) ­noto.

461* quantum : quando ; formosi : pulcri ; suspicor : aspicio vel estimo.

III 462-468

Non possum intelligere verba que mihi dicis, tamen video vel puto te ­loquentem. Ipse ego ­sum, dicit Narcissus. Ad ultimum percepi quod ego sum ille qui loquor – loquitur –, et deceptus sum per ­errorem. Quia Narcisus cognoscebat se, a semet ipso decipi dicit : O utinam (467) votum ­novum (468). Dicit, quia inauditum est quod aliquis amet umbram suam luxuriose.

462-465*

462 refers : dicis ; pervenientia : perfecte. 463 egosum : qui videor ; sensi : percepi ; nec : et ; ymago : species. 464 Uror : decipior ; flammas : ardores. 465 Quid faciam : nescio, quasi dicat ; Roger : ab illo ; anne : nomquid ; rogem : illam ; Quid : cur.

III 466

Proverbium generale : inopem me copia fecit, unde versus : « Me facit hoc inopem, quod dare debet opem ».

466-469*

466 Quod : illud ; cupio : volo ; inopem : pauperem. 467 secedere : discedere. 468 Votum : desiderium ; amante : me. 469 Iam : iam ; vires : meas.

III 470-473

Quasi diceret : Non est mihi grave mori ut deponam dolores meos, moriendo, quos ­sustineo. In evo primo (470) : id est in flore iuventutis mee moriemur in una (473), unde : « Quidem pendet ab unius nostra salute salus ».

470-473*

470 superant : remanent ; extingor : morior ; evo : etate. 471 gravis : mala ; posituro : morituro. 472 (473 T) ­concordes : ­concordantes ; anima : vita. 473 (472 T) diligitur : a me ; vellem : cuperem.

464* ardores] ardones ms. | 470-473 Quidem] quidam ms. | 471* morituro] moturo ms.

561

III 461

Suspicor oris (« Je soupçonne (au mouvement) de ta bouche »)] : « par ta bouche je remarque nonpervenientia(« ce qui ne parvient pas ») ; motu (« par le mouvement ») : tous tes efforts me font noter que tu exprimes verba (« des paroles »). »

III 462-468

« Je ne peux pas ­comprendre les mots que tu me dis, pourtant je vois ou je pense que tu es en train de parler. “Ipse ego sum” (« “­Cest moi en personne” »), dit Narcisse. « Finalement ­jai ­compris que je suis celui qui parle – à la première et à la troisième personne –, et je suis trompé par une illusion. » Narcisse, qui se reconnaissait, dit ­quil est trompé par lui-même : « O utinam[]votum novum » (« Oh si seulement [] vœu inouï »), dit-il, car il est sans exemple que ­quelquun aime et désire charnellement son ombre.

III 466

Proverbe à valeur générale : inopem me copia fecit (« ­labondance me rend pauvre »), ­doù le vers : « Ce qui devrait me donner de la richesse me rend pauvre ».

III 470-473

En ­dautres termes : « Il ­nest pas pénible pour moi de mourir pour mettre fin par la mort aux douleurs que je supporte. » In evo primo (« dans ma prime jeunesse ») ­cest-à-dire dans la fleur de ma jeunesse, moriemur in una (« nous mourrons ensemble »), ­cest pourquoi bien sûr « le salut de ­lun dépend de notre salut ­commun ».

562

III 474-479

Principium defectus Narcisi

Ita locutus est Narcisus de umbra sua, unde iterum reversus est ad fontem flendo, unde, ­com fons turbaretur a lacrimis, forma facta fuit obscura propter istud ; et tantum flevit super fontem quod turbatus fuit propter lacrimas suas. Male sanus (474) dicit, quia plusquam vecors eram ; qui repercussionem forme sue adamabat.

474-479*

474 faciem : formam ; rediit : venit. 475 lacrimis : suis ; turbavit : ­commovit ; moto : ­commoto. 476 reddita : data ; lacu : aqua ; quam : formam. 477 remane : mecum ; me crudelis : o tu ; amantem : quia te amo. 478 desere : linque ; liceat : quamvis ; tangere : te ; non est : ­contingit. 479 aspicere : cernere ; prebere : dare ; furori : meo.

III 480-483

Quia summam vestem corporis sui removet et ita pectora sua patuerunt, unde pre dolore nimio seipsum incepit percutere. Non aliter (483) : facit actor ­comparationem de statu et colore pectoris Narcisi ad poma partim rubiconda et ad uvas nondum maturas.

480-485*

480 -que : et ; vestem : suam ; deduxit : movit. 481 nudaque : (nuda)ta et ; marmoreis : suis ; Pectora : sua. 482 traxerunt : fecerunt ; tenuem : parvam. 483 quam : fit ; solent : rubere vel fieri ; candida : alba. 484 aut : vel ; ut : sicut. 485 ducere : facere ; purpureum : rubeum ; nondum : non adhuc.

[f. 76v]

III 486-490

Com Narcisus videret formam obscuram propter motum aque et videret pectora sua partim rubiconda, partim alba, non tulit (487) ; et facit actor ­comparationem de deffectu suo ad deffectum cere propter ignem et de pruina propter solem.

486-490 ignem] igne ms.

563

III 474-479

Début de la disparition de Narcisse

Ainsi Narcisse a parlé de son ombre ; ensuite il revint à nouveau à la source en pleurant, puis, ­comme la source était troublée par ses larmes, sa beauté en fut obscurcie. Il pleura tant au-dessus de la source ­quelle fut troublée par ses larmes. Male sanus (« insensé »), dit-il, « ­jétais plus ­quinsensé », parce ­quil ­sétait épris du reflet de sa beauté.

III 480-483

Parce ­quil retire le vêtement qui couvrait le haut de son corps : ainsi sa poitrine apparut, et il ­commença à se frapper par excès de douleur. Non aliter (« Pas autrement ») : ­lauteur ­compare ­létat et la couleur de la poitrine de Narcisse avec un fruit à moitié rouge ou une grappe de raisin qui ­nest pas encore mûre.

[f. 76v]

III 486-490

Comme Narcisse voyait sa beauté obscurcie à cause du mouvement de ­leau et sa poitrine à moitié rouge et à moitié blanche, non tulit (« il ne le supporta pas ») ; ­lauteur ­compare la disparition de Narcisse avec la disparition de la cire sous ­leffet du feu et celle de la gelée blanche sous les rayons du soleil.

564

486-487*

486 Que : supradicta ; simul : postquam ; liquefacta : clara ; rursus : iterum ; unda : aqua. 487 tulit : passus ; ulterius : plus ; ut : sicut ; intabescere : deficere ; flave : candide.

III 488

Pruina est gelu parum candidum, mane in estate apparens.

488-490*

488 igne : flamme ; levi : parvo ; pruine : gelu. 489 tepente : calente ; sic : taliter. 490 liquitur : deficit ; igne : amore.

III 491-495

Omnia placencia sibi deficiebant et similiter corpus. Com Echo talia videret, indoluit (495), tamen recoluit quod ipsam renuerat. Sic est fama : dolet de morte iniusti.

491-492*

491 neque : non ; color : sibi ; mixto : et hoc dico. 492 vigor : est sibi, non sunt ; que : illa non sunt.

III 493

quondam ] Aliquo tempore ; quondam.

493-500*

493 corpus : suum ; remanet : illi ; ­condam : aliquo tempore ; quod : corpus ; Echo : proprium. 494 Que : Echo ; ut : postquam ; irata : esset. 495 indoluit : inter se doluit ; -quepuer : et Narcisus ; miserabilis : tristis. 496 hec : Echo ; iterabat : dicebat. 497-que : et ; lacertos : brachia. 498 quoque : Echo simul ; plangoris : verberaminis. 499 solitam : ­consuetam ; hec : talis ; spectantis : pueri ; undam : aquam. 500 frustra : invanum ; dilecte : o ; -que : et ; remisit : dedit.

491-495 tamen] tam ms.

565

III 488

La gelée blanche est une glace un peu blanche qui apparaît le matin en été.

III 491-495

Tout ce qui lui plaisait lui faisait défaut, ­comme ses forces physiques. Voyant cela, Écho indoluit (« ­sen affligea »), tout en se rappelant ­quil ­lavait repoussée. Telle est la renommée, elle souffre de la mort de ­lhomme injuste.

III 493

quondam (« autrefois »)] En ce temps-là, autrefois.

566

III 501

Locus : id est resonacio loci.

Vale : ibi est quedam figura que dicitur sistole, quando brevis sillaba producitur.

501* -que : et ; inquit : dixit.

III 502-503

Mors Narcisi

Sicut Narcisus spectabat in fonte formam vivens in mondo, sic spectat in rivo infernali post mortem. Naiades dicuntur esse sorores Narcisi, quia sunt nimphe fluviorum et Narcisus erat filius Cephesi fluvii.

502-503*

502 Ille : Narcisus ; caput : suum ; ­fessum : lassatum. 503 lumina : oculos ; laudantia : habundancia ; formam : pulcritudinem.

III 504-508

Descensus Narcisi ad inferos

Feretrumque (508) : id est lectum ad ferendum corpus. Antiquitus mos erat quod cadavera mortuorum ferebantur ­comburi.

504-508*

504 quoque : similiter. 505 Stigia : infernali ; spectabat : cernebat ; sorores : sue. 506 Naiades : existentes ; fratri : Narciso. 507 Driades : nimphe nemorum ; plangentibus : illis ; Echo : proprium. 508 rogum : ignem ; quassas : vanas ; feretrum : lectum.

III 509

Mutatus fuit in porriolum.

509-511*

509 nusquam : non aliquo loco ; croceum : a Coricio. 510 cingentibus : lustrantibus ; herbis : vel albis. 511 res : operatio ; vatis : Ciresie ; Achaidas : Grecas.

504-508 Feretrumqueexfreretrumquems. | 509 Coricio] curco ms.

567

III 501

Locus (« le lieu ») : ­cest-à-dire ­lécho renvoyé par le lieu.

Vale (« Adieu ») : ici il y a une figure que ­lon appelle systole, ­lorsquil y a abrègement ­dune syllabe longue10.

III 502-503

Mort de Narcisse

De même que Narcisse ­contemplait sa beauté dans ­leau quand il vivait sur la terre, de même après sa mort il la ­contemple dans le fleuve infernal. On dit que les Naïades sont les sœurs de Narcisse parce ­quelles sont les nymphes des fleuves et que Narcisse était le fils du fleuve Céphise.

III 504-508

La descente de Narcisse aux Enfers

Feretrumque (« et la civière ») ­cest-à-dire le lit pour transporter le corps. Selon la coutume antique les corps des morts étaient transportés pour être brûlés.

III 509

Narcisse fut transformé en plante11.

568

III 512

Ita Tyresias vaticinatus est de Narciso.

512* attulerat : portaverat ; nomenque : fama et ; ingens : magnum.

III 513

Quomodo Pentheus Tyresiam despexit

Latenter intrat actor materiam de morte Penthei.

[ 1] Cognita res meritam (511). Fabula talis est : ­com Narcisus secundum vaticinationem Tyresie mortuus et mutatus fuisset, nomen prophete celebris erat ; tamen Pentheus despiciebat illum. Tunc vaticinatus est Thiresias de morte illius et dixit quod per Bachi adventum moreretur, unde Pentheus tristis erat. [2] Ad ultimum venit Bachus. Ut universi occurrerunt ei, quoddam incepit Pentheus criminari et ­contra eos multa iurgiosa loqui. Ad ultimum servi sui per preceptum suum adduxerunt ei captum Acestem, in quo se Bachus transfiguraverat, et illum incarceravit. [3] Tamen, miraculo illesus, exivit. Tunc, eundo iratus ad sacra, Pentheus a matre laceratus fuit. Et in hoc terminabitur liber iste, usque ad illum locum : At non alchitoe (IV 1). Sed interseritur mutatio nautarum a Bacho in pisces et irrita narratio Acestis ad Penthea de inventione Bachi, ut videbitur in littera.

513* Spernit : despicit ; Echionides : Pentheus ; hic : Pentheus ; omnibus : mortalibus ; unus : solus.

III 514-515

Exaltatio fame Tyresie

Quia nullus erat ­contemptor superum (514) vel nullus alius pariter presaga (514), Pentheus spernebat Tyresiam, licet haberet magnam famam. Adempte (515) : quia per violentiam a Iunone excecatus fuerat.

514-517*

514 ­contemptor : despector ; ridet : ir(ridet). 515 lucis : oculorum ; adempte : remote. 516 Ille : Tiresia ; canis : caniciei. 517 quam : quantum ; felix : beatus ; fieres : esses ; quoque : similiter ; luminis : oculorum.

513.1 prophete] poete ms. | 513.3 irrita] muta ms. | 514-515 nullus] nullus nullus ms. alius ex li alius ms. Pentheus] Pentheum ms. spernebat ex spernebant ms.

569

III 512

Telles furent les prophéties de Tirésias sur Narcisse.

III 513

Mépris de Penthée pour Tirésias

­Lauteur aborde sans le dire le sujet de la mort de Penthée.

[ 1] Cognita res meritam (« La ­connaissance de cet événement [] méritée »). La fable est la suivante : ­comme Narcisse était mort et avait été métamorphosé selon la prophétie de Tirésias, le nom du prophète était célèbre. Pourtant Penthée le méprisait. Alors Tirésias prophétisa sa mort en lui disant ­quil mourrait à cause de ­lavènement de Bacchus. Penthée en ­conçut de ­lamertume. [2] Finalement Bacchus vint. Tous coururent à lui, ce que Penthée ­commença à reprocher, lançant ­contre eux nombre ­dinjures. À la fin sur son ordre ses serviteurs lui amenèrent Acétès ­quils avaient capturé – mais ­cétait Bacchus qui avait pris sa figure – et il le fit emprisonner. [3] Mais, miraculeusement indemne, il sortit de prison. Alors Penthée, qui, plein de colère, se rendait sur les lieux ­consacrés à Bacchus, fut démembré par sa mère. ­Cest là-dessus que se termine ce livre, ­jusquaux mots At non alchitoe (« Mais Alchitoé (prétend ­quil) ne (faut) pas »). Mais entretemps ­lauteur raconte la métamorphose par Bacchus des marins en poissons et le récit inutile ­dAcétès à Penthée sur la découverte de Bacchus, ­comme on le verra dans le texte.

III 514-515

Éloge de la gloire de Tirésias

Parce que personne ­nétait ­contemptor superum (« aussi méprisant pour les dieux »), ou que personne ­dautre ne méprisait autant presaga (« les présages »), Penthée méprisait Tirésias, malgré sa grande renommée. Adempte (« enlevée ») : parce que la violence de Junon ­lavait rendu aveugle.

570

III 518

Vaticinatio Tyresie de morte Penthei

­Orbus ait, quasi dicat : Tu esses felix si careres oculis, sicut ego careo, quia non videres Bachum nec sacra ­eius.

518-519*

518 orbus : cecus ; fieres : esses ; nec : et non ; Bachica : Bachi. 519 Namque : quia ; dies : una ; aderit : veniet ; quam : quam ; auguror : vaticino.

III 520

Filius Semeles et Iovis : tangit hic materiam que superius habetur, de fulminatione Semeles.

520-523*

520 qua : die ; novus : deus. 521 quem : Bachum. 522 lacer : laceratus ; sanguine : tuo. 523 fedabis : maculabis ; matrem : Agavem ; matris : scilicet Ynoa ; -quesorores : et Semele.

III 524-525

Et veniet, vel eveniet dies illa, vel evenit impersonaliter, quia quod dixi tibi veniet, scilicet quod interfectus erit a matre et a sororibus viri. Ita loqutus fuit Tyresias de morte et laceratione Penthei, sed, ­ com ita loqueretur, Pentheus perturbat eum dicentem talia.

524-525*

524 Veniet : in rei veritate ; necenim : quia non certe ; numen : Bachum. 525 -que : et ; tenebris : cecitatibus.

[f. 77r]

III 526

Echione : quia fuit filius Echionis qui remansit de seminatione dentum serpentis, unde superius : quorum fuit unus Echion (126).

524-525 viri] viris ms. ­com ita] ita ms.

571

III 518

Prophétie de Tirésias sur la mort de Penthée

« Orbus » ait (« “Privé”, dit-il »), autrement dit : « tu serais heureux si tu étais privé de tes yeux, ­comme moi, car tu ne verrais pas Bacchus et ses sacrifices. »

III 520

Le fils de Sémélé et Jupiter : (­lauteur) rejoint ici le sujet dont il a été question plus haut, sur le foudroiement de Sémélé.

III 525-526

Et veniet (« Et il viendra ») ou ce jour eveniet (« adviendra »), ou eveniet (« il advient »), verbe impersonnel, parce que « ce que je ­tai dit veniet » (« arrivera »), à savoir que Penthée sera tué par sa mère et les sœurs de son mari. Ainsi Tirésias parla de la mort et du démembrement de Penthée, mais ­comme il parlait ainsi, Pentheus perturbat eum dicentem talia (« Penthée se rit12 de ses paroles »).

[f. 77r]

III 526

Echione (« ­dÉchion ») : parce que Penthée était le fils ­dÉchion, survivant (des guerriers nés) de ­lensemencement des dents du serpent, ­comme on ­la dit plus haut : quorum fuit unus Echion (« ­lun des cinq survivants était Échion »).

572

526-530*

526 Talia : supradicta ; perturbat : irridet ; natus : Pentheus. 527 fides : crudelitas ; responsa : dicta ; vatis : Tiresie poete. 528 Liber : Bachus ; adest : venit ; ­festis : (­festi)vis ; -que : et ; ululatibus : vocibus. 529 ruit : vadit. 530 vulgus : parva gens ; proceres : barones ; ignota : non cognita.

III 531-534

Despectio Bachi a Pentheo et admonitio illius ad gentes ut ­contra illum pugnarent.

[ 1] Anguigene (531) : quia de dentibus serpentis nati fuerunt, unde dicitur de facili flecti, et tangit hic materiam de exilio Cadmi que in principio libri ­continetur. [2]Mavortia (531) : de genere Mavortis, quia descenderunt ab Hermione, uxore Cadmi, que fuit filia Martis et Veneris. Et tangitur ibi materia que sequitur, quomodo Vulcanus invenit Venerem ­com Marte et arte sua cepit, que sequitur. [3]Pentheus ait (532) :Sunt tanti principii timpana et talia que tan cito moti estis ad sacrificandum Bacho ?. [4]Tibiacornu (533) : quia per tibias et huius instrumenta vocabantur ad sacrificandum Bacho. [5] Longuaperequora (538) : id est per longum tempus vecti (538) per equora.

531-534*

531 anguigene : de serpente geniti ; proles : o ; Mavortia : bellicose. 532 attollit : levat ; Pentheus : proprium ; -ne : nonquid. 533 repulsa : pulsa ; adunco : curvo nonquid ; tibiacornu : valet tantum. 534 etmagice : nonquid valent tantum.

III 535-538

[1] Allegoria talis est : per Pentheum intelligimus hominem iustum et religiosum atque studiosum ; et dicitur a pan, quod est totum, et theos, quod est deus, quasi totus ­contemplativus in deo et in divinis. [2] Per Acestem, qui adductus fuit in ­conspectu eius, intelligimus hominem dissolutum et non religiosum et incestum ; et dicitur ab a, quod est sine, et cestos, quod est cingulum, quasi sine cingulo ­castitatis, quia homo ebrius semper est sine cingulo.

531-534.3 moti] motis ms.

573

III 531-534

Penthée méprise Bacchus et ­conseille à ses gens de le ­combattre

[ 1] Anguigene (« Enfants du serpent ») : parce ­quils étaient nés des dents du serpent, ­doù ­lon parle de quelque chose de facile à fléchir, et la matière traite ici de ­lexil de Cadmus qui est raconté au début du livre. [2]Mavortia (« de Mars ») : de la descendance de Mars, parce ­quils descendaient ­dHermione, femme de Cadmus, qui était la fille de Mars et de Vénus, et là la matière qui suit traite de la façon dont Vulcain trouva Vénus avec Mars et les emprisonna avec ­lartifice qui est décrit ensuite. [3]Pentheus ait (« dit Penthée ») : « Les tambourins et les autres instruments ont-ils tant ­dimportance que vous êtes si vite entraînés vers les lieux où ­lon sacrifie à Bacchus ? » [4]Tibiacornu (« La flûte en corne ») : parce que les flûtes et les instruments de ce genre appelaient les gens vers les lieux où ­lon sacrifiait à Bacchus. [5] Longuaperequora (« à travers de longues étendues de mer ») : longtemps vecti (« transportés ») sur les mers.

III 535-538

[1] ­Lallégorie est la suivante : par Penthée nous ­comprenons un homme juste et pieux, qui se ­consacre à ­létude ; il tire son nom de pan qui signifie « tout », et theos qui veut dire « dieu », ­comme celui qui ­consacre tout son temps à ­contempler Dieu et la divinité. [2] Par Acétès, qui fut amené sous ses yeux, nous ­comprenons un homme débauché, impie, impudique ; il tire son nom de a qui signifie « sans », et de cestos, la bride, en ­dautres termes celui qui est privé de la bride de la chasteté, parce que ­lhomme en proie à ­livresse est toujours débridé.

574

[3] Quod autem dicitur quod ­confabulavit com Pentheo, nichil est nisi quod luxuriosi multa adversa locuntur de divinis et ­contra divinos. Quod de paupertate ­confabulavit, quia ebrii et incestuosi pauperes sunt deficientes quoad gratiam dei. [4] Quod autem incarceravit eum Pentheus, quia predicatores divini aliquando ­convertunt peccatores, sed tamen liberatus fuit, quia venit aliquando dyabolus et decipit ­conversos. [5] Quod laceratus fuit Pentheus a matre Agave, que interpretatur ratio, et ab aliis, scilicet Semele et Yno, id est a memoria et intellectu, et ipse Pentheus interpretatur homo studiosus, quia homo studiosus diminuitur per rationem et memoriam et intellectum, unde versus : « Est intellectus Semele, ratio per Agavem / signatur ; Pentheus est studiosus homo. / Dilacerant et diminuunt virtus speculatrix / et ratio nec non cella suprema virum ».

535-541*

535 tuba : bucina ; nec : et non ; agmina : ­consorcia terruerint. 536 feminee : feminarum ; insania : vecordia ; vino : per vinum. 537 obcenique : fedati et ; inania : vana. 538 -ne : nonquid ; longua : magna ; vecti : portati. 539 Tiro : civitate ; profugos : fugitivos ; Penates : domos. 540 Marte : prelio ; -ne : nonquid. 541 mee : etati ; arma : spicula.

III 542

Non tirsos : tirsus est ramus avulsus ab arbore com foliis et hunc portabant sacrificantes Bacho.

*542 nontirsos : decet tenere ; galeaque : decet ; tegi : vos ; fronde : ramo.

III 543

Este, precor, ­memores  : quia de serpente habuistis originem qui interfecit socios Cadmi, et ita debetis esse fortes et duri sicut et ille fuit qui prohibebat sociis Cadmi ne haurirent aquam et ne caperent de frondibus nemoris ; et est ibi anthiteta.

535-538.3 de divinis] dedi vivis ms. | 535-538.5 diminuitur] diminutur ex diminuitur ms. Est intellectus…virum] versus add. m.s. eadem manus nec non] vocum ms. | 538* portati] portari ms.

575

[3] Quand on dit ­quil ­conversa avec Penthée, ­cest tout simplement parce que les hommes voluptueux opposent de nombreux discours sur la divinité et ­contre la divinité. Il parla de la pauvreté, parce que les hommes ivres et impudiques sont pauvres, manquant de ce qui permet ­daccéder à la grâce de Dieu. [4] Penthée ­lemprisonna, parce que les prédicateurs de Dieu ­convertissent parfois les pécheurs. Mais il fut libéré, parce que parfois le diable vient tromper les ­convertis. [5] Penthée fut démembré par sa mère Agavé, qui est ­comprise ­comme la raison, et par les autres femmes, Sémélé et Ino, ­cest-à-dire la mémoire et ­lentendement, et Penthée lui-même est ­compris ­comme ­lhomme studieux, parce que ­lhomme studieux est brisé par la raison, la mémoire et ­lentendement, ­doù les vers : « Sémélé est ­lentendement, la raison est signifiée / par Agavé, Penthée est ­lhomme studieux. / ­Lhomme est dépecé et brisé par la force ­dobservation, la raison et la dernière chambre (du cerveau)13. »

III 542

Non tirsos (« Non des thyrses ») : le thyrse est la branche arrachée de ­larbre avec ses feuilles, que portaient ceux qui sacrifiaient à Bacchus.

III 543

« Este, precor, memores » (« “Souvenez-vous, je vous en prie” ») : « parce que vous descendez du serpent qui tua les ­compagnons de Cadmus, ­cest pourquoi vous devez être forts et durs ­comme celui qui empêcha les ­compagnons de Cadmus de puiser de ­leau et de ramasser les feuillages de la forêt. Il y a là une antithèse14.

576

543-547*

543 Este : sitis ; precor memores : vos ; stirpe : origine. 544 animos : ausus ; multos : plures ; perdidit : occidit ; unus : solus. 545 sumite : capite ; profontibus : vel frondibus ; lacuque : aqua et. 546 interiit at : mortuus fuit sed. 547 Ille : serpens ; leto : morti ; molles : debiles.

III 548

Si fata : si fatatum erat quod Thebe destruerentur, vellem melius quod fortes viri destruerent quam viri ebriosi lacerarent.

548-557*

548 decus : honorem ; vetarent : prohiberent. 549 stare : esse ; utinam : vellem ; tormenta :perrieres gallice. 550 menia : muros ; diruerent : lacerarent ; -que : et ; sonarent : re(sonarent). 551 essemus : nos ; sorsque : infortunium ; querenda : nostrum. 552 lacrime : nostre. 553 At : sed. 554 quem : puerum ; nec : et non ; iuvant : delectant ; tela : iuvant ; usus : iuvat. 555 mirra : unguento ; crinis : capillus. 556 purpura : iuvat ; intextum : textum ; aurum : iuvat. 557 quem : puerum ; equidem : certe ; actutum : cito.

III 558

Absumptum et patrem : quia dicit se esse filium Iovis, sed mentitur.

558* absumptum : falsum ; ­commenta : facta.

III 559

Iactitatio Penthei

Acrisius clausit portas nepoti suo Perseo venienti de Meduse interfectione et noluit eum recipere in civitate sua quia fatatum erat quod interficeretur per filium Danes. Et potest legi de Bacho et Pentheo, quia Pentheus noluit recipere Bachum, sed clausit portas civitatis sue ­contra, vel de Iove ; Iove quod Acrisius inclusit filiam suam in turrim propter illum, unde habemus : « virginis in gremium ».

559* Ansatis : nonquid sufficit ; ­contempnere : despicere.

559 Meduse interfectione] medea interficia ms. noluit1] voluit ms. noluit2] voluit ms.

577

III 548

« Si fata » (« “Si les destins” ») : « ­sil avait été fixé par les destins que Thèbes fût détruite, je préfèrerais voir des hommes forts la détruire, que des hommes ivres la mettre en pièces. »

III 558

Absumptum et patrem (« Un père sorti de rien15 ») : parce ­quil dit ­quil est le fils de Jupiter, mais ­cest un mensonge.

III 559

Vantardises de Penthée

Acrisius ferma les portes (­dArgos) à son petit-fils Persée qui venait de tuer la Méduse, et refusa de ­laccueillir dans sa cité, parce ­quil avait été fixé par les destins ­quil serait tué par le fils de Danaé. On pourrait faire la même lecture à propos de Bacchus et Penthée : Penthée refusa ­daccueillir Bacchus, mais ferma devant lui les portes de sa cité. Ou à propos de Jupiter : parce ­quAcrisius enferma sa fille dans une tour à cause de Jupiter, ­cest pourquoi nous avons « dans le sein ­dune vierge ».

578

III 560

Vanumque : quia Perseus non erat deus ; vel quantum ad Bachum, quia nondum erat deificatus ; vel quantum ad Iovem, quia superius dixerat ­contemptor supremum Pentheus.

560-563*

560 Argolicas : Grecas. 561 Penthea : nonquid ; advena : alienus. 562 Ite : pergite ; famulis : sui ; imperat : dicit ; ite : pergite ; ducem : deum. 563 huc vinctum : ad me ligatum ; iussis : meis ; segnis : pugna ; abesto : desit.

III 564

Hunc avus : hoc potest intelligi de Cadmo, qui erat pater matris Penthei, et sic erit. Avus nomen appellativum, vel legitur de uno famulorum qui sic dicitur, et sic avus erit nomen proprium.

564* Hunc : Penthea ; Athamas : proprium ; hunc : scilicet ; turba : ­concio ; suorum : famulorum.

III 565-568

Quomodo famuli castigant Penthea

Frustra (565) : quia, quanto magis accendebatur ira et quando homines sui illum volebant refrenare, magis irritabatur, unde actor facit ­comparationem de illo ad fluvium non habentem obstaculum vel habentem dicens : sic ego torrentem (568).

565-571*

565corripiunt : castigant ; dictis : verbis ; frustraque : invanum et ; inhibere : refrenare. 566 monitu : illorum ; -que : et. 567 moderaminaque : temperamenta et. 568 Sic ego torrentem : taliter dicit actor ex parte sua ; nil : non aliquid ; obstabat : nocebat ; eunti : fluenti. 569 levius : suavius ; modico : parvo ; strepitu : motu. 570 at : sed ; quacumque : parte ; obstrutaque : strata et. 571 fervens : saliens. 572 cruentati : sanguiflui ; redeunt : quia verberati fuerant ; Bachus : deus ille. 571 querenti : interroganti ; domino : Pentheo ; negarunt : quia invisibilis erat.

563* vinctum] victum ms. | 569* modico] medico ms.

579

III 560

Vanumque (« Et vaine ») : parce que Persée ­nétait pas un dieu ; ou par rapport à Bacchus, qui ­navait pas encore été déifié ; ou par rapport à Jupiter, ­puisquil a dit plus haut que Penthée était ­contemptor supremum (« un ­contempteur des dieux »).

III 564

Hunc avus (« Celui-ci, son aïeul ») : on peut ­comprendre cela ­comme référant à Cadmus, qui était le père de la mère de Penthée, et ­cest ce qui se passera. Avus (« aïeul ») est un nom qui sert à appeler ; ou on peut ­comprendre que ­lun des proches de Penthée porte ce nom, et alors Avus sera un nom propre.

III 565-568

Ses proches font des reproches à Penthée

Frustra (« En vain ») : parce que, plus il brûlait de colère, plus il était irrité que ses hommes veuillent le freiner, ­cest pourquoi ­lauteur le ­compare à un fleuve qui ne rencontre pas ­dobstacle ou qui en rencontre, quand il dit sic ego torrentem (« ainsi ­j(ai vu) un torrent »).

580

III 572

De affectione Acestis ad Penthea

Ecce cruentati : Pentheus misit famulos suos ad templum Bachi ut Bachum ad se adducerent et, eo non invento, Acestem adducerunt, sed a sacrificantibus Bacho prius vulnerati fuerunt, unde dicit : ecce cruentati, sanguinolenti ; non potuerunt invenire Bachum, quia Bachus est deus invisibilis.

574-575*

574 hunc : scilicet Acestem ; ­comitem : socium ; sacrorum : Bachi. 575 tradunt : et hoc dico.

III 576-577

Gente tirrena (576) : quia de Tiro venerat, sicut inferius ­continebitur, et ­com manibus ligatis Pentheus traderetur. Aspicit tremendos (577) : quia ira movebantur oculi sui.

576-578*

576 sacradei : sacrificia Bachi ; quondam : tempore preterito ; Tirrena : a Tyro. 577 hunc : Acestem ; quos : oculos ; tremendos : trementes. 578 quamquam : quamvis ; pene : sue punitionis.

[f. 77v]

III 579

Documenta : ne faciant sicut tu fecisti sacrificando Bacho.

579-581*

579 periture : moriture subito ; aliis : sacrificantibus. 580 morte : tua ; ede : dic michi ; parentum : patrum. 581 patriam : dic tuam ; cur : quare.

576-577 venerat] venerunt ms. Pentheus] Pentheo ms. | 576* Tirrena]Terms. | 579* periture]pariturems.

581

III 572

Comportement ­d Acétès face à Penthée

Ecce cruentati (« Voici que tout sanglants ») : Penthée envoya ses proches au temple de Bacchus pour ­quils lui ramènent Bacchus. Ne ­layant pas trouvé, ils ramenèrent Acétès, mais ils furent ­dabord blessés par ceux qui sacrifiaient à Bacchus, ­cest pourquoi il dit ecce cruentati (« voici que tout sanglants »), ensanglantés ; ils ne purent trouver Bacchus, parce que Bacchus est un dieu invisible.

III 576-577

Gente tirrena (« du peuple Tyrrhénien ») : parce ­quil était venu de Tyr, ­comme cela sera raconté plus bas, et ­quil devait être remis à Penthée les mains liées. Aspicit tremendos (« Il le regarde [] agités ») : parce que la colère faisait rouler ses yeux.

[f. 77v]

III 579

Documenta (« Exemple ») : pour ­quils ne ­timitent pas en sacrifiant à Bacchus.

582

III 582-586

Confabulatio Acestis ad Penthea

Ille : Acestes imperterritus dixit respondendo ad ea que sibi dixerat Pentheus, et incipit fabula Acestis ad Penthea et durat usque huc : prebuimus longis (692). Dixit : Dicor ­Acestes et de patria et de genere respondet, et incipit dicere causam qua celebret sacra novi moris (581). Novi moris dicit, quia novus mos erat sacrificare Bacho.

582-587*

582 Ille : Acestes ; metu : timore ; vacuus : carens. 583 patria : terra mea ; Meonia : civitas illa ; humili : paupere ; parentes : patres. 584 duri : ad laborem ; arva : campos. 585 lanigerosve : portantes vel ; ulla : aliqua. 586 et : etiam ; hamis : crocis.

III 587

Nota.

587* chalamo : virga ; ducere : ad se.

III 588-591

Quasi dicat : Nichil habebat, sed studebat in piscatura ­piscium. Ars illi (588), quasi dicat : Nichil aliud habebat nisi quod erat boni ­ingenii, et ita ars ; paternum (591), id est patrimonium meum, scilicet piscatura piscium in aquis.

588-593*

588 census : divicie ; ­comtraderet : quando doceret ; artem : suam. 589 accipe : cape ; successor : sequtor. 590 moriensfuit : quando mortuus fuit. 591 unum : solum ; paternum : patrimonium. 592 Mox : ­consequenter ; hererem : remanerem. 593 dextra : mea ; carine : navis.

III 594

Olenie : Olenos locus est in Archadia in quo erat Amathea virgo que habebat capram de lacte cuius nutritus fuit Iupiter, que translata fuit in celum et facta signum quod vocatur Capricornus.

594* flectere : ducere ; Olenie : a loco ; sydus : stella ; pluviale : dans pluviam ; Capelle : capre.

582-586 novus] nous ms. | 591* patrimonium] patrimedium ms.

583

III 582-586

Entretien ­d Acétès avec Penthée

Ille (« Celui-ci ») : Acétès. Il parla sans crainte en donnant à Penthée les réponses à ses questions. Alors ­commence le récit ­dAcétès à Penthée, récit qui se poursuit ­jusquaux mots prebuimus longis (« nous avons prêté longtemps »). Il dit : « On ­mappelle Acétès, » et il répond sur sa patrie et sa famille, puis ­commence à expliquer pourquoi il célèbre les sacrifices novi moris (« du nouveau rite »). Il dit novi moris (« du nouveau rite »), parce que les sacrifices à Bacchus étaient un rite nouveau.

III 587

À noter.

III 588-591

Autrement dit : « Il ­navait rien mais ­soccupait à pêcher des poissons ». Ars illi (« Son art »), autrement dit : « Il ­navait rien ­dautre si ce ­nest de ­lingéniosité », donc ars (« ­lart ») ; paternum (« de mon père »), ­cest-à-dire mon patrimoine, à savoir la pêche des poissons dans les eaux.

III 594

Olenie (« ­dOlénos ») : Olénos est un lieu ­dArcadie où vivait la vierge Amathée qui avait une chèvre dont le lait servit à nourrir Jupiter ; cette chèvre fut transportée dans le ciel et devint le signe ­quon appelle Capricorne.

584

III 595

Taygetemque : unam de Pleyadibus – et ponit singularem pro plurali –, que sunt VII, et sunt in cauda tauri, et, quando apparent, tempus est pluviosum ; et hec Hyades sunt in fronte tauri, et, ­com apparent, tunc similiter tempus est pluviosus, unde versus : « Tauri fronte madent Hyades septemque sorores / cauda – Pleyades Vergileasque voces », unde sex illarum apparent, sed septima non apparet, quia nupsit cuidam mortali. Vel ponit Taygetem pro qualibet visa maiori vel minori, scilicet Archo, Philax et Boetes.

595-596*

595 Taygetem : signum. 596 Pupibus : navibus ; aptos : ­congruos.

III 597

Forte petens, dicit Acestes : Com casu Delon peterem, ductus fui a casu ad terram Chie, et, com ibi essem et specularer sicut nauta a qua parte ventus veniret, advocavi socios meos ; tunc venit quidam, scilicet Offeltes, et putavit invenisse ­predam. predam (606) dicit quia antiquitus moris erat quod homines solebant vendere pueros et habebant tamquam predam illos.

597-607*

597 Forte : a casu ; petens : ego ; Delon : insulam ; oras : regiones. 598 applicor : ducar ; remis : dextro remigio. 599 -que : et ; ude : madide. 600 ubi : postquam ; ­consumpta : perfecta. 601 ceperat : inceperat ; latices : aquas ; inferre : aportare ; recentes : novas. 602 admoneo : famulos ; que : via ; undas : fontis. 603 Ipse : ego ; aura : ventos ; tumulo : monte. 604 prospicio : cerno ; ­comitesque : socios et ; voco : appello ; -que : et ; carinam : navim. 605 Assumus : venimus ; en : ecce ; Offertes : proprium, Opheltes. 606 utque : sicut et ; putat : credit ; nactus : acquisitus ; agro : campo. 607 puerum : unum ; forma : specie.

III 608

Titubare videtur  : tangitur ibi modus hominis ebriosi.

595 Pleyadibus] Pley adit ms. | 597 ductus] dutus ms. | 608 Titubare]titularems.

585

III 595

Taygetemque (« Et Taygété ») : ­lune des Pléiades – il emploie le singulier pour le pluriel, car elles sont sept, qui se trouvent dans la queue du Taureau ; quand elles apparaissent, le temps est pluvieux ; quant aux Hyades elles sont sur le front du Taureau, et quand elles apparaissent, le temps est également pluvieux, ­doù les vers : « Au front du Taureau coulent les Hyades, à la queue les sept sœurs, les Pléiades, ­quon peut appeler les Inclinées (Vergilias) ». Six ­dentre elles sont visibles, la septième non, parce ­quelle a épousé un mortel. À moins ­quil dise « Taygété » pour une étoile ­quon voit plus grande ou plus petite, ­comme Arctos, Phylax et Boétès16.

III 597

« Forte petens (« Me dirigeant par hasard ») », dit Acétès : « un jour que je me dirigeais vers Délos, je fus par hasard ­conduit vers les côtes de Chios et, ­comme ­jétais là et que je surveillais ­comme tout marin de quel côté venait le vent, ­jappelai mes ­compagnons et ­lun ­dentre eux, Opheltès, arriva avec ce ­quil pensait être une proie. » Il dit predam (« une proie ») parce ­quautrefois les hommes avaient coutume de vendre les enfants, et les ­considéraient donc ­comme des proies.

III 608

Titubare videtur (« Il semble tituber ») : ici il est question du ­comportement de ­lhomme ivre.

586

608-612*

608 Ille : puer ; mero : vino ; sompno : dormitatione ; gravis : ponderosus. 609 -que sequi : et videtur ; Specto : me cerno ; ­cultum : suum ; -que : et ; gradumque : iter et. 610 ibi : in eo. 611 sensi : percepi ; sociis : meis ; numen : deitas. 612 corpore : in rei veritate ; numen : deitas ; isto : pueri.

III 613

Quia, ut vidi et precepi quod erat, deus – dixi – quisquis es, ­o.

613* Quisquis : o tu ; laboribus : penis ; adsis : presens sis.

III 614

Ignoscas in illis qui violenter ceperunt ­te.

614-615*

614 his : sociis meis ; mitte : dimitte. 615 Ditis : proprium ; quo : diu ; alius : homo ; ­concendere : ascendere ; summas : altas.

III 616

Noli precari pro nobis quia volumus te precari pro ­nobis. Antempnas :antempnas sunt summe corde navis, et dicuntur antempne, quasi auras tenentes.

616* antempnas : cordas ; rudente : corda ; relabi : laxare.

III 617

Pretutela melampus : pretutela dicit quia in anteriori parte navis sedebat, providens ne irrueret in cautes et pericula, vel quia tenebat auream et ­conducebat navem.

617-619*

617 hoc : supra dictum ; Libis : proprium ; hoc : laudat ; hoc : laudat ; tutela : custos ; Melampus : laudat, proprium. 618 probat : laudat ; Alchimedon : proprium ; requiem : finem ; modum : moderamen. 619 voce : iussu ; Opopeus : proprium.

616 te precari ex deprecari ms. | 617 auream] auremiam ms. | 617* supra dictum] supradituri ms.

587

III 613

Parce que, ­comme ­jai vu et ­compris ce que ­cétait, ­jai dit “quisquis es, o” (« “Ô toi, qui que tu sois” »).

III 614

« Pardonne à ceux qui ­tont saisi avec violence. »

III 616

« Ne prie pas pour nous, nous ne voulons pas que tu pries pour nous ». Antempnas (« vergues ») : les vergues sont le haut des agrès ­dun navire ; elles sont appelées antempne, autrement dit « tenant les airs17 ».

III 617

Pretutela melampus (« Mélampus18, le gardien de la proue ») : il dit pretutela (« gardien de la proue »), parce ­quil se tenait à ­lavant du bateau, veillant à ce que celui-ci ne se jetât pas sur les écueils ou autres dangers ; ou parce ­quil tenait le gouvernail19 et ­conduisait le navire.

588

III 620

Hoc omnes alii : socii probabant hoc, quos Epopeus docebat quomodo navis regenda erat, et, licet omnes socii probarent hoc, tamen dixit : Non patiar quod Bachus aliquid mali habeat quia navis mea propter hoc ­frangeretur ; vel : Non patiar quod navis mea violet sacrum ­corpus ; vel Violetur a peccato ducendo illud ultra velle ­suum.

620-623*

620 omnes : laudant ; alii : socii ; ceca : cupida. 621 sacro : digno ; pinum : navem. 622 iuris : iurisdictionis. 623 aditu : introitu.

[f. 78r]

III 624-631

Inventio Bachi

Lichabas erat propter homicidium quod fecerat exclusus a patria sua, quasi dicat : Per ictum quem mihi dedit, precipitatus essem in mari, nisi corda navis detinuisset me quam ­cepi. Bachus enimfuerat (630) : in rei veritate Bachus erat quem tenebant in navi ; ibi est parenthesis. Construe prius supremos versus sic : Bachus – enim pro quia –, quia Bachus fuerat (630) in veritate, ait : O naute, quid facitis ?quis clamor adest ? a quo paratis defferre me ? qua ope perveni huc ? (632-633), ait – inquit – veluti (630) pro sicut, sopor sit solutus tum denique clamore (630-631) atque sensus redeunt in pectore mero (631), id est propter merum.

624-631*

624 numero : ­consorcio ; Lichabas : proprium ; qui : Licaon ; pulsus : remotus. 625 exilium : scilicet ; cede : homicidio ; luebat : sustinebat. 626 resto : obsto ; pugno : suo. 627 excussum : expulsum. 628 fune : corda. 629 Impia : crudelis ; probat : laudat ; factum : quod me percussit ; denique : tunc primum ; Bachus : proprium. 630 enim : quia ; veluti : sicut ; clamore : nautarum : solutus : evigilatus. 631 atque : sed ; mero : vino ; pectore : suo.

620 dixit] dixi ms. habeat ex habebat ms.

589

III 620

Hoc omnes alii (« Tous les autres (approuvent) cela ») : les ­compagnons approuvaient cela, eux ­quÉpopée instruisait sur la façon dont il fallait diriger le navire. Mais, malgré cette approbation générale, Acétès dit pourtant : « Je ne souffrirai pas que Bacchus subisse quelque dommage, parce que mon bateau en serait brisé » ; ou : « je ne souffrirai pas que sur mon bateau on outrage ce corps sacré » ; ou : « que mon bateau soit souillé par une opinion sacrilège qui ­soppose à sa volonté. »

[f. 78r]

III 624-631

Découverte de Bacchus

Lycabas avait été exilé de sa patrie pour avoir ­commis un homicide, en ­dautres termes : « par le coup ­quil ­ma donné, ­jaurais été précipité dans la mer, si je ­navais été retenu par le cordage du navire que ­javais attrapé ». Bachus enimfuerat (« En effet ­cétait Bacchus ») : en réalité ­cétait Bacchus ­quils retenaient sur le bateau ; il y a là une parenthèse. Il faut ­construire en ­commençant par les vers précédents : Bachus – enim (« en effet ») pour quia (« parce que ») –, quia Bachus fuerat (« parce que ­cétait Bacchus ») en vérité, ait (« dit ») : « o naute, quid facitis ?quis clamor adest ? a quo paratis defferre me ? qua ope perveni huc ? » (« “Ô marins, que faites-vous ? Quels sont ces cris ? ­Doù voulez-vous ­memporter ? Par quels moyens suis-je parvenu ici ?” »), ait (« dit-il ») – inquit (« dit-il ») – veluti (« ­comme si ») pour sicut (« ­comme »), sopor sit solutus tum denique clamore (« les cris venaient alors seulement de chasser sa torpeur ») et que ses sensations revenaient inpectore (« dans son cœur »), mero (« (du vin ») – ­cest-à-dire à cause du vin.

590

III 632-636

Confabulatio

Ita Bachus evigilatus fuerat propter clamorem et quasi flens dixerat multa. Porreus dixit : Ne timeas, dic ubi vis ire et nos ducemus ­te. Bachus dixit : Ite Naxon quia ibi est domus mea et ibi poteritis ­stare.

632-638*

632 dicite : mihi ; naute : o. 633 ope : auxilio ; defferre : portare. 634 metum : timorem : Porreus : proprium ; ­contingere : tangere. 635 ede : dic ; sistere : (site)ris ; petita : a te. 636 Nason : etiam ; Liber : Bachus. 637 illa : Naxo ; hospita : hospitabilis. 638 fallaces : deceptores ; -que : et.

III 639

Carine : quia in navi picta erat ymago in cuius protectione ducebatur navis, et propter hoc dicit picte.

639-640*

639 fore : facere ; -que : et ; carine : navi. 640 Dextra : parte ; Naxos : civitas ; linthea : vela.

III 641

Quia unusquisque dubitat magis pro se quam pro alio, unde versus : « Casus quisque timet ne eveniat sibimet » ; vel pro se, id est pro parte sue prede, vel pro se, si illuc non irent ibi Naxon ne de facto suo punirentur male tractando Bachum.

III 642

Nota.

641-643*

641 demens : sine mente ; Opheltes :­agit suple. 642 Levam : sinistram. 643 significat : dicit significando ; sussurrat : murmurat.

641 eveniat] veniat ms.

591

III 632-636

Conversation

Ainsi Bacchus avait été éveillé par les cris et parlait beaucoup en feignant de pleurer. Porrée lui dit : « ­Naie pas peur ». Dis-nous où tu veux aller et nous ­ty ­conduirons. » Bacchus répondit : « Allez à Naxos où je demeure, là vous pourrez vous arrêter. »

III 639

Carine (« du navire ») : parce que sur le navire était peinte la figure qui le protégeait, ­cest pourquoi il dit picte (« peint »).

III 641

Parce que chacun est plus inquiet pour lui-même que pour un autre, ­doù le vers : « Chacun craint que le malheur ne ­sabatte sur lui » ou « pour lui », ­cest-à-dire pour sa part de butin, ou « pour lui » ­sils ­nallaient pas là, à Naxos, pour ne pas être punis de leurs actes en maltraitant Bacchus.

III 642

À noter.

592

III 644

Acestes dicit : Com universi mei socii michi nutu signarent quod ego Bachum deciperem et sibi dixissent quod, ubique vellet, illum ducerent, stupui, et dixi : Alius sumat regnum navis ­istius, et ita reliqui regimen, unde omnes criminabantur me, et Ethalion ivit ad opus meum, id est ad regimen ­navis.

644-647*

644 Obstupui : ego Acestes ; alius : nauta ; moderamina : navigii. 645 ministerio : servicio ; -que : et. 646 increpor : criminor ; cunctis : omnibus sociis ; immurmurat : ­contra me ; agmen : ­concio. 647 quibus : sociis ; Ethalion : proprium ; scilicet : nonquid ; uno : solo.

III 648

Nostra salus, quasi dicat : Habemusne per te salutem et venimus ad bonos portus ? Non ­certe. Ita Echion desinit Naxon et petiit loca diversa tunc.

648-652*

648 subit : incedit. 649 explet : capit ; petit : ille. 650 deus : Bachus ; illudens : in eis ludens ; modo : tunc primum. 651 senserit : preceperit ; pupi : navi ; pontum : mare ; spectabat : cernebat ; adunca : curva ; epitheton est. 652 naute : o vos.

III 653

Non rogabam vos quod me defferetis ad istum locum.

653* michi : a me ; rogata : interrogata.

III 654

Quia apparebat quod flebat : Quid feci vobis ? Quare vultis mihi penam inferre ?.

654-655*

654 que : quanta. 655 iuvenes : vos ; multis : vos ; unum : me solum ; certe ulla gloria erit.

III 656

Dicit Acestes ad Pentheum : Ego pro pieta similiter illo habita ­flebam.

593

III 644

Acétès dit : « Comme tous mes ­compagnons me faisaient signe de tromper Bacchus, et disaient ­quils le ­conduiraient où il le voudrait, stupui (« je ­métonnai ») : “­Quun autre prenne la direction de ce navire”, dis-je et je laissai le gouvernail, ce que tous me reprochèrent. ­Cest Éthalion qui remplit mes fonctions et dirigea le navire. »

III 648

Nostra salus (« Notre salut »), en ­dautres termes : « Est-ce que ­cest par toi que nous serons sauvés et viendrons à bon port ? Non, certes. » Ainsi Échion laisse Naxos pour gagner ­dautres rivages, tunc (« alors »).

III 653

Je ne vous demandais pas de ­memmener à cet endroit.

III 654

Parce ­quil semblait pleurer : « ­Quavez-vous fait ? Pourquoi voulez-vous me faire du mal ? »

III 656

Acétès dit à Penthée : « Je pleurais de la pitié que ­javais pour lui ».

594

656-658*

656 Iam : tunc ; manus : ­concio ; ridet : irridet. 658 ipsum : Bachum ; nec : non ; enim : quia.

III 659-660

Adiuro tibi per ipsum Bachum, o Pentheu ! Interpositio est. Adiuro – inquit – me refferre tibi tam vera quam, id est quantum, sunt maiora fide, id est credulitate ­veri, quasi dicat : Iuro tibi quod ita est verum ; illa esse vera que tibi narravi, sicut verum est quod videtur excedere veritatem. Adiuro – inquit – navem stare mari sicut in ­harena.

659-660*

659 deus : aliquis ; tam : tantum ; referre : dicere. 660 quam : quantum ; Stetit : astitit ; equore : mari ; pupis : navis.

III 661

Navale dicit, quia pertinet ad navem, quam si navale siccum teneret illam, vel quasi siccu navale teneretilla, unde naute inceperunt adinvicem mirari, quia hedere sunt tortuose, et tortuose ­comprehendunt ligna.

661-664*

661 navale : portum. 662 ipsi : naute ;verbere : plangore ; perstant : permanent. 663 vela : sua ; geminaque : dupla et. 664 edere : arbores ille ; recurvo : curvato.

III 665

Confabulatio adhuc

Distingunt vela (665) : quod ventus non poterat flare ; vel distingunt, id est ponderant. Uvis (666) : uva est tota massa granorum ; recemi sunt grani uve distincti.

665* gravidis : ponderosis ; distinguunt : dividunt ; corimbis : fructibus suis. Corimbus est fructus hedere et similiter olive.

659-660 inquit1] inquam ms. vera ex veram ms. videtur] videntur ms. inquit2] inquam ms. | 659* referreexrefferrems. | 665* est] et ms. hedere] heredis ms.

595

III 659-660

« Adiuro tibi per ipsum Bacchus (« je te jure par Bacchus en personne »), ô Penthée ! » – Il y a une insertion : « Adiuro (« Je te jure »), dit-il, me refferre tibi tam vera » (« que je te rapporte des faits aussi vrais ») que, ­cest-à-dire « autant que », « ils sont maiora fide » (« plus grands ­quon ne peut croire »), ­cest-à-dire que la ­confiance en la vérité, en ­dautres termes : « je te jure que ­cest vrai ; ce que ­jai raconté est vrai, ­comme est vrai ce qui paraît excéder la vérité. » « Adiuro (« Je te jure »), dit-il, que le navire ­sarrêta sur la mer ­comme ­sil avait été sur le sable. »

III 661

Il dit Navale (« naval »), parce que cela ­concerne le navire, ­cest-à-dire quam si navale siccum teneret (« ­comme si le navire occupait ­lendroit où ­lon garde les navires au sec »), ou quasi siccu navale teneretilla, (« ­comme ­sil occupait un endroit sec pour les navires »). Alors les marins ­commencèrent à ­sétonner à leur tour, en voyant apparaître des tiges de lierre sinueuses, et ces tiges sinueuses enserrer les rames.

III 665

Continuation de ­l entretien

Distingunt vela (« Les voiles se distinguent ») : parce que le vent ne pouvait les enfler ; ou distingunt (« se distinguent ») ­cest-à-dire « pèsent ». Uvis (« des grappes de raisins ») : la grappe est ­lensemble des grains. Les raisins sont les grains séparés de la grappe.

596

III 666

Ipse dicit quia divino spiritu forte repletus erat, utpote religiosus, vel quia valde ebrius ille erat.

666* frontem : suam ; circumdatus : instrutus.

III 667

Pampineis agitat. Pampineis, id est picturis que erant de panpino ; et dicuntur de pateo-tes, et est panpinus folium vitis.

667* velatam : tectam ; hastam : suam.

[f. 78v]

III 668-669

Simulacra inania (668), id est in corpora que apparebant et re vera non erant, ideo dicit : simulacra pantherarum (669) ;panta dicitur a pan, quod est totum, et terior, quod est color, quia totus in colore, id est omnium colorum, quia animal ­continens in se universos colores, quia, si ponatur iuxta aurum, aurea erit ; si iuxta purpuram, purpurea erit, et sic de omnibus coloribus.

III 668-676

Tigres (668) : linces et panthere sunt animalia bibula et pelles eorum solent habere qui Bacho sacrificabant, et ideo dicuntur esse picta circa scutum et lanceam Bachi, vel sic fiat pinctus. Primusque medon nigrescere cepitcorpore (671-672). Sed pro ­et ; non tantum cepit Medon nigrescere, sed incipit flecti (672-673), et ita mutatus fuit in piscem. At Libis (676) : ita mutati fuerunt duo in pisces, sed Libis tertius.

668-677*

668 quam : hastam ; tigres : animalia illa ; inana : vana ; lincum : luparum cervicalium. 669 -que : -et ; fera : crudelis ; pantherarum : proprium nomen animalium. 670 Exiliere : extra saliere ; sive :­nescio, dicit actor ex parte sua. 671 sive : vel ; timor : fecit ; Medon : proprium ; cepit : incepit. 672 pinne : natatorie ; flecti : incepit. 673 Lichabas : proprium. 674 verteris : mutaris ; lati : erant ; panda : curva ; loquenti : illi. 675 -que : et ; cutis : sua ; trahebat : capiebat. 676 Libis : proprium ; obstantes : nocentes ; dum : quando ; obvertere : ad aliam partem vertere. 677 resilire : abire ; manus : suas ; illas : manus.

668-669 iuxta1ex iusta ms. omnibus ex aliis omnibus ms. | 668-676 bibula] bibulus ms. pinctus] punctus ms.

597

III 666

Il dit Ipse (« Lui-même ») peut-être parce ­quil était empli ­desprit divin, ­cest-à-dire très pieux, ou parce ­quil était très saoul.

III 667

Pampineis agitat (« Il brandit (une lance voilée) de pampres ») : Pampineis (« De pampres »), ­cest-à-dire de peintures qui représentaient des pampres ; le mot vient de pateo-tes (« être ouvert »), et le pampre désigne la feuille de vigne.

[f. 78v]

III 668-669

Simulacra inania (« vains simulacres »), ­cest-à-dire dans des corps qui apparaissaient et ­navaient pas de réalité, ­cest pourquoi il parle de simulacra pantherarum (« simulacres de panthères ») : panta vient de pan qui signifie « tout », et terior qui veut dire « couleur », parce que la panthère est toute colorée, de toutes les couleurs, ­cest un animal qui est recouvert de la totalité des couleurs, parce que, ­sil se place sur de ­lor, il sera doré, ­sil est à côté de la pourpre, il sera de couleur pourpre, et ainsi de toutes les couleurs20.

III 668-676

Tigres (« Tigres ») : les lynx et les panthères sont des animaux qui boivent beaucoup, et ceux qui sacrifiaient à Bacchus portaient ­dhabitude les peaux de ces animaux, ­cest pourquoi ­lon dit ­quils étaient peints autour du bouclier et de la lance de Bacchus, ou que ­cest ainsi ­quil doit être peint. Primusque medon nigrescere cepitcorpore (« Le premier, Médon a ­commencé à devenir noir »). Sed (« Mais ») pour « et » ; Médon ­na pas seulement ­commencé à noircir, sed incipit flecti (« il ­commence à se courber ») : ­cest ainsi ­quil devint un poisson. At Libis (« Mais Libys ») : ainsi deux marins furent changés en poissons, mais Libys fut le troisième.

598

III 678

Pinnas  : pinna est illud quod ponitur in dorso piscis et appellatur natatoria, et inde dicitur pinnaculum, et dicitur a pinu arbore.

678* iamnon : vidit tunc ; iam : tunc ; pinnas posse vocari : id est nautatorias dici.

III 679

679 Alter : quartus nauta similiter mutatus fuit in piscem.

679-682*

679 Alter : nauta ; cupiens : volens ; brachia : sicca ; funes : cordas. 680 trunco : troncato ; repandus : curvus. 681 desilit : corpore add. m.s. alia manus ; falcata : curvata ; novissima : ultima ; cauda : sua. 682 qualia : talia ; sinuantur : curvantur.

III 683-691

Moralitas talis est : naute invenerunt quia quidam erant naute dum iuxta lictus starent qui invenerunt vinum in doliis et puerum illud ­conservantem ; tamen multis pollicitis illum deceperunt, sed, ­com essent in mari, tantum potaverunt quod supini ceciderunt in mari et submersi fuerunt ; et ita finguntur mergi et mutari in pisces. Tamen unus eorum remansit qui Acestes dicitur, quo duce puer ductus fuit in insulam quam volebat, quia non tantum potavit quam perderet suam dispositionem.

683-691*

683 rorant : distillant. 684 emerguntque : apparent et ; redeunt : abeunt ; equora : per maria ; rursus : iterum. 685 -que : et. 686 corpora : sua ; acceptum : captum ; patulis : patentibus ;naribus : suis. 687 modo : nuper ; tot enim ratis : interpositio est quia navis ; ferebat : portabat. 688 restabam : remanebam ; pavidus : timens. 689 vixque : pene et ; metum : timorem. 690 tene : vade ; Delatus : portatus ; illam : Dyam. 691 accessi : veni ; frequento : colo.

678 pinna] pinnas ms. | 682* talia] talis ms. | 690* Dyam] Chyam ms.

599

III 678

Pinnas (« Des épines ») : ­lépine est ce qui est placé sur le dos du poisson et ­quon appelle nageoire, ­cest pourquoi on parle aussi de pinnaculum (« petite épine »), du nom de ­larbre, le pin.

III 679

Alter (« Un autre ») ; un quatrième marin fut également changé en poisson.

III 683-691

La morale est la suivante : ­cest une invention de marins, parce que des marins qui étaient sur le rivage trouvèrent du vin dans des jarres gardées par un enfant. Ils le trompèrent en lui promettant monts et merveilles et, une fois en mer, ils burent tellement ­quils tombèrent la tête la première dans la mer et se noyèrent ; ­cest ainsi ­quon invente ­quils furent immergés et changés en poissons. Mais ­lun ­deux survécut, il ­sappelait Acétès, et sous sa ­conduite ­lenfant fut emmené dans ­lîle de son choix, parce que ce marin ­navait pas bu au point de perdre ses capacités.

600

III 692-693

Prebuimus. Inquit Pantheus : Aures nostras ambagibus ­prebuimus inquit –, ideo ut ita posset assumere vires suas ­mora (693), id est per moram, quasi dicat : Tu vanis verbis usus es ut inde doleam et irasci possem magis quia non ­consuevi huius ambages audire ; vel ibi sic absumere (693), id est ­consumere ; ex vili ­comfabulatione putavisti me paccare ne ego te punirem, et est ibi mora, sed ego tibi per longos ambages penam inferrem graviorem et magis accenditur ira ­mea ; vel aliter : ira posset ante vires sine mora (693), id est, dum tu faceres moram longuam.

692-695*

692 Prebuimus : dedimus ; ambagibus : nugis. 693 inquit ut : longis in qua quod ; mora : mea. 694 famuli : o ; hunc : Acestem. 695 corpora : sua ; Stigie : mortali.

III 696

Tyrenus : de Tirrena regione. Meonia et Tirrena eadem est regio. Tirrenus et Lidus fratres fuerunt, et, quoniam regnum eorum erat parvum, miserunt sortem quis eorum haberet regnum, et Lidus habuit, et a nomine suo Lidia dicta fuit, et Tirrenus abiit in aliam terram, que a nomine suo dicta fuit tirrena, et alio dicitur nomine Lidia.

696-701*

696 solidis : firmis ; Tirrenus : a Tyro ; Accestes : proprium. 697 clauditur : includitur ; tectis : domibus ; dum : quando. 698 necis : mortis ; -que : et ; -que : et. 699 patuisse : a parte fuisse ; fores : porte ; -que : et ; lacertis : brachiis. 700 spontesua : spontanea voluntate ; solvente : removente. 701 Perstat : in proposito suo perseverat Penthus ; iubet : aliquem ; ipse : Pentheus.

III 702

Chiteron mons est ubi quedam civitas est, scilicet Nisa, in qua colitur Bachus. Elichon est alius mons in quo est alia civitas in qua colitur Phebus.

692-693 inquit2] inquam ms. mora2]romams.

601

III 692-693

Prebuimus (« Nous avons prêté »), dit Penthée. « Aures nostras ambagibus prebuimus » (« Nous avons prêté ­loreille à tes longs discours »), dit-il, ut ita posset assumere vires suas mora (« pour pouvoir apaiser ma colère par ce délai »), ­cest-à-dire grâce à ce délai ; en ­dautres termes : « ­Cest en vain que tu as usé de paroles pour me faire souffrir et ­mirriter davantage, parce que je ­nai ­lhabitude ­découter les longs discours » ; ou absumere (« épuiser ») au sens de « ­consumer » : « par ce méprisable entretien tu as cru ­mapaiser et éviter ma punition, et cela ­la retardée, mais à cause de tes longs discours je pourrais ­tinfliger une peine plus lourde car ma colère en est enflammée » ; ou autrement : ira posset (« la colère pourrait ») précéder vires (« la violence ») sans mora (« ce délai »), ­cest-à-dire pendant que tu provoquais ce long délai.

III 696

Tyrenus (« Tyrrhénien ») : de la région de Tyrrhénie. La Méonie et la Tyrrhénie sont la même région. Tyrrhénus et Lydus étaient frères. Comme leur royaume était petit, ils tirèrent au sort celui des deux qui aurait le trône. Lydus ­lobtint et donna son nom à la Lydie. Tyrrhénus ­sen alla vers une autre terre, qui de son nom fut nommée Tyrrhénie, et qui est aussi appelée Lydie.

III 702

Le mont Cithéron se trouve à ­lendroit de la cité de Nysa, ­consacrée à Bacchus. ­LÉlichon est une autre montagne qui domine une autre cité ­consacrée à Phébus.

602

702-703*

702 Chiteron : mons est. 703 cantibus : sonabat ; bachantum : sacramentum Bacho ; sonabant : re(sonabat).

III 704-705

Quia per sonitum tube animatur equs ad bellum.

704-707*

704 Ut : sicut ; canoro : sonoro. 705 pugne : prelii ; assumit : capit ; amorem : facit actor ­comparationem de Pentheo ad equm bellicosum. 706 ictus : taliter percussus. 707 movit : ­commovit ; recanduit : albus fuit ; ira : per iram.

III 708

Silvis, quasi dicat : Templum Bachi erat in medio ­nemoris.

708* cingentibus : lustrantibus.

III 708-709

Describit actor locum ubi Pentheus dilaceratus fuit a matre et sororibus suis sacrificantibus Bacho.

708-711*

709 purus : mondus ; spectabilis : visibilis ; undique : ab utraque parte ; campus : planicies. 710 illum : Pentheus ; prophanis : excommunicatis. 711 insano : vecordi ; ­concita : ­commota.

III 712

thyrso ] Tirsus est proprie ramus vinee advulsus cum suis foliis.

713* mater : Agave ; clamavit : ex(clamavit) ; sorores : id est Yno et Autonoe.

III 714-715

Ita erat Agave ebria quod credebat filium suum Penthea esse aprum.

603

III 704-705

Parce que le cheval est excité aux ­combats par le son de la trompette.

705 ­Lauteur ­compare Penthée à un cheval belliqueux.

III 708

Silvis (« par des forêts »), pour ainsi dire : « le temps de Bacchus était au milieu du bois ».

III 708-709

­Lauteur décrit le lieu où Penthée fut déchiré par sa mère et ses sœurs qui sacrifiaient à Bacchus.

III 712

thyrso (« à coups de thyrse »)] Le thyrse est proprement un rameau de vigne arraché avec ses feuilles.

III 714-715

Agavé était tellement ivre ­quelle prit son fils Penthée pour un sanglier.

604

714-717*

714 errat : id est vadit ; agris : campis. 715 feriendus : percuciendus ; ruit : vadit ; unum : pariter. 716 turba : ­concio ; cuncte : omnes ; coeunt : ­congregantur ; trepidumque : Penthea ; secuntur : trementem. 717 trepidum : vel pavidum ; minus : non ; violenta : crudelia.

[f. 79r]

III 717

Trepidat nec tam superbe loquebatur sicut superius, ubi dixit : Ite ducemque abstraite huc ­vinctum (562-563), et cetera.

III 718

Quia dicebat quod peccavit infringendo ­festum Bachi et ipsum vinciendo, sicut in specie Acestis ­continetur superius, ubi dicitur : clauditur interea (697).

718* iam se : tunc ipsum ; fatentem : ­confitentem.

III 719-720

Matertera (719), quia Yno et Anthonoe erant sorores, et Antheonis, quia similiter Antheon erat de genere Penthei et quia a canibus suis laceratus fuit sicut iste lacerabatur a matre et matertera ; propter hoc dicit moveant (720).

719-720*

719 Saucius : vulneratus ; ille : Pentheus ; fer : da ; opem : auxilium ; matertera : Yno. 720 animos : tuos ; Antheonis : proprium ; umbre : anime.

III 721

De dilaceratione Penthei

Quia iamque laceratus erat.

715* feriendus]flendusms.

605

[f. 79r]

III 717

Il tremble et ne parle plus avec orgueil ­comme auparavant, ­lorsquil disait : « Ite ducemque abstraite huc vinctum » (« Allez, enchaînez le chef et traînez-le ici ! »), etc.

III 718

Parce ­quil disait ­quil avait ­commis une faute en empêchant la fête de Bacchus et en ­lenchaînant lui-même, ­puisquil avait pris ­lapparence ­dAcétès ­comme on ­la lu plus haut, ­lorsquil est dit clauditur in tectis (« il est enfermé à ­lintérieur »).

III 719-720

Matertera (« Tante »), parce ­quIno et Autonoé étaient sœurs, et Antheonis (« ­dActéon »), parce ­quActéon était également de la famille de Penthée, et, ­comme il fut déchiré par ses ­chiens de la même manière que Penthée allait être déchiré par sa mère et ses tantes, pour cela il dit moveant (« que ­témeuvent »).

III 721

Démembrement de Penthée

Parce que ses bras avaient déjà été arrachés.

606

721-727*

721 Illa : Authonoe ; Antheon : proprium ; dextram : manum ; precantis : illius. 722a abstulit : removit ; altera : sinistra ; raptu : remotione. 722bille : Pentheus ; tendere : porrigere. 723 infelix : miser ; que : brachia ; matri : sue. 724 tronca : truncate ; ostendens : monstrans ; vulnera : plagas. 725 aspice : vide ; mater : o ; Agave : mater Penthei. 726 Collaque : sua et. 727 avulsum : remotum ; caput : Penthei ; cruentis : sanguinolentis.

III 728

Clamat ­Yo  : Yo est sonus vel vox bacantium et est interiectio leticiam significans.

728* ­comites : socie.

III 729

Non citius : facit actor ­comparationem de laceratione Penthei a genere suo ad arborem que per ventum autompni laceratur : non citius frondes.

730-732*

730 herentes : firmate ; alta : sullimi. 731 viri : Penthei ; derepta : lacerate ; nephandis : pravis. 732 exemplis : supradictis ; frequentant : colunt.

III 733

Com ita laceratus esset Pentheus propter despectum Bachi, omnis populus coluit Bachum pro timore et honore maximo.

733* sanctas : sacras ; colunt : honorant ; Ymenides : de genere Hysmenidum ; aras : Bachi.

728 sonus ex sonat ms. | 731* derepta]directams. | 733 Hysmenidum] hysrenidum ms.

607

III 728

Clamat ­Yo (« Elle crie : Io ! ») : « Io » est le cri ou la parole des bacchantes, ­cest une interjection qui marque la liesse.

III 729

Non citius (« Pas plus vite ») : ­lauteur ­compare le démembrement de Penthée par sa famille à ­larbre que le vent défeuille à ­lautomne. non citius frondes (« Le feuillage [] pas plus vite »).

III 733

Comme Penthée avait été ainsi démembré pour avoir méprisé Bacchus, tout le peuple se mit par peur à honorer le Dieu en lui témoignant le plus grand respect.

1 Grec « βοήθοϛ ».

2 Cette interprétation ­contredit le reste des allégories qui font de Cadmus un homme sage, et même le début de la phrase : « ­consilio Apollinis… »

3 Dies est probablement cité ­comme modèle de la quatrième déclinaison.

4 Il ­ny a pas de négation dans la phrase, et ­cest de « nuda » que ­lon tire ­lidée de cette absence de profit. Sans cette interprétation, la phrase devrait être traduite par « il vit ­quil tirait quelque profit de la chasse ».

5 La métamorphose naturelle est bien une transformation de forme… Dans les Integumenta, la métamorphose naturelle est opposée à la métamorphose artificielle et à la métamorphose symbolique ou magique. Il y a ici me semble-t-il quelque inconséquence, du glossateur ou du copiste.

6 Nous remercions Floriane Goy, qui nous signale ici la référence de Guillaume de Conches, Philosophia mundi III, 6.13-17. Voir Philosophia, Texte critique avec introduction, traduction, notes et index par Marco Albertazzi, Lavìs, La Finestra editrice, collection « Archivio Medievale », 2007.

7 Faut-il ­comprendre « quinos » ­comme : « cinq fois (deux) = dix » ? « quater » signifie « quatre fois » – si ­lon ­comprend « quatre fois dix », le ­compte y est.

8 Le texte édité par G. Lafaye dans Les Belles Lettres a « ter ad quinos » : « à ces trois fois cinq ans (il avait ajouté une année) », ce qui fait 16 ans. ­Lauteur de ­lOvide moralisé, dans ­lédition De Boer, lui donne en effet 21 ans : soit il ­sappuie sur un texte qui a « quater ad quinos », et sur une glose telle que celle-ci, soit il est ­davis de vieillir Narcisse, ­quil ­compte dans sa moralisation rendre responsable de son malheur. Voir M. Possamai-Pérez, « La faute de Narcisse », Réception et représentation de ­lAntiquité, Bien dire et bien aprandre, Lille, Éditions du Conseil Scientifique de ­lUniversité Charles-de Gaulle – Lille 3, 2006, p. 81-97.

9 Je ­comprends « informat » ­comme « deformat ».

10 Pour la scansion, le deuxième impératif vale doit en effet avoir un –e bref.

11 Le terme « porriolum », « petit poireau », paraît étrange.

12 Mot-à-mot : « le perturbe pendant ­quil parle ainsi ». ­Jutilise la glose interlinéaire à « perturbat » : « irridet ».

13 ­Lentendement, la raison, et la mémoire.

14 ­Javoue ne pas voir précisément à quel endroit… Peut-être au v. 544, entre « multos » et « unus », ou au v. 547 entre « fortes » et « molles » ?

15 La version éditée par G. Lafaye a « adumptum » : « un père revendiqué », que G. Lafaye traduit par « imaginaire ». Dans notre manuscrit, « absumptum » est glosé par « falsum ».

16 Arctos : la Grande Ourse, Arctophylax ou Boétès : le Bouvier.

17 « auras tenentes » : je me demande si le glossateur ne lit pas « autempnas ».

18 G. Lafaye édite « Melanthus » (éd. citée, t. I, p. 89).

19 « auremiam » > « auream » : nous avons ­compris le mot ­comme désignant le gouvernail. « Auream » pour « oream »(de « oreae », brides, rênes).

20 Confusion entre la panthère et le caméléon ?