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Classiques Garnier

Hic incipit secundus liber / Ici commence le deuxième livre

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Hic incipit secundus liber

[1] In hoc secundo volumine ­continentur hee mutationes : primo ­continetur descriptio domus Solis. Phetontis petitio. Phebi disuasio. Phetontis sullimatio. Climenes et Eliadum lamentatio. Eliadum in arbores mutatio. Mutatio Cigni in avem sui nominis. Iovis ad Calistonem sub specie Dyane locutio. Calistonis in ursam mutatio ; iterum Calistonis et Archadis in celum translatio et stellificatio. Iunonis ad Occeanum et Tetim descensio ; voti impetratio. Amor Phebi et Coronidis. Cornicis et corvi fabulatio. Corvi de albo in nigrum mutatio. Filia Coronei in cornicem albam ; de alba in nigram. Nectimine in noctuam Palladi sacratam. Oechiroe filia Centauri in equam. Apollo in pastorem. Mercurius in latronem. Bacus in lapidem. Amor Mercurii et Herses. Mutatio Aglarios in lapidem. Iupiter in taurum quando rapuit Europam ; et in hoc terminabitur liber iste.

[2] Libro qui sequitur descriptio Solis habetur. A Phebo patre vult currum natus habere. Hunc regit atque Iove moritur percussus in aere. Mater tristatur, Phetonciades lacrimantur ; mutantur. Fit cignus avis. Calisto stupratur : primum mutavit eam Iuno crudelis in ursam ; Archas et ipsa polo fit sydus. Adit mare Iuno ; quesito fruitur. [3] Sole Coronis amatur. Cornici corvus loquitur ; fit ater prius albus. Oechiroe fit equa. Saxum fit Batus amatque Hersem Mercurius, cuius germana lapis fit. Iupiter hinc bos fit ; deflorat Agenore natam. [4] Dum dicuntur ea, finit liber iste secundus.

[5] Versus moralitantes tocius libri secuntur hic. Primo De regia solis (1). Machina tocius est mondi regia Solis, / cuius philosophus stare columpna petit. / Themo gramatica, logice nitet axis ; adornat / hos resis ; decus est quadriviale rote.

1 avem ex navem ms. Cornicis] Corincitis ms. | 2 habere] here ms. aere] aure ms. primum] primus ms. | 5 moralitantes] moralitans ms. petit] potest Ghisalberti quadriviale] quadrumale ms.

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Ici ­commence le deuxième livre

[1] Dans ce deuxième volume sont ­contenues les métamorphoses suivantes : tout ­dabord la description de la maison du soleil. La demande de Phaéton. ­Lessai de dissuasion de Phébus. Le départ de Phaéton dans le ciel. Les pleurs de Clymène et des Héliades. La métamorphose en arbres des Héliades. La métamorphose de Cygnus en oiseau portant son nom. Le discours à Callisto de Jupiter sous les traits de Diane. La métamorphose de Callisto en ourse, puis le transport dans le ciel et la transformation en étoiles de Callisto et ­dArcas. La descente de Junon chez Océan et Thétis ; son souhait est exhaucé. ­Lamour de Phébus et de Coronis. La ­conversation de la corneille et du corbeau. La métamorphose du corbeau, de blanc en noir. La fille de Coronéus en corneille blanche, puis de blanche à noire. Nyctimène en chouette ­consacrée à Pallas. Ocyrhoé la fille du Centaure en jument. Apollon en berger. Mercure en voleur. Battus en pierre. ­Lamour de Mercure et Hersé. La métamorphose ­dAglauros en pierre. Jupiter en taureau lors de ­lenlèvement ­dEurope. Et là-dessus se termine ce livre.

[2] Le livre qui suit ­contient la description du soleil. Le fils de Phébus veut obtenir de son père (la ­conduite) du char. Il le ­conduit, et meurt frappé en ­lair par Jupiter. Sa mère est dans la peine, les sœurs de Phaéton pleurent, elles sont métamorphosées. Cygnus devient un oiseau. Callisto est déshonorée : ­dabord la cruelle Junon la transforme en ourse ; Arcas et elle deviennent des étoiles du Nord. Junon gagne la mer, elle obtient ce ­quelle a demandé. [3] Coronis est aimée du Soleil. Le corbeau parle avec la corneille ; ­dabord blanc il devient noir. Ocyrhoé devient une jument. Battus devient une pierre et Mercure aime Hersé, dont la sœur devient une pierre. Jupiter ensuite devient un bœuf et déflore la fille ­dAgénor. [4] ­Cest sur ces récits que finit ce livre II.

[5] Suivent alors des vers qui moralisent ­lensemble du livre. ­Dabord De regia solis (« La demeure du soleil ») : « La demeure du Soleil est la machine de ­lunivers, sur la colonne duquel le philosophe cherche à trouver la stabilité. Le timon (du char) brille par la grammaire, son axe resplendit par la logique, la rhétorique est leur ornement. La parure du quadrivium est ­léquivalent des roues. »

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De equis solis. Solis equi lucis partes sunt quattuor, horum / hic rubet, hic splendet, urit hic, ille tepet. De cigno. Ut Maro testatur, quia Cignus philosophatur / qui canit, in cigno delicuisse datur. [6]De Calistone et stellis erraticis. Artichus ex archo polus est regione gelata ; / stella caret casu, vim gerit ipsa gelu. Aliter sic. Achadie domina Calisto dicitur ursa. / Nam, gravidata Iovis semine, tristis erat. / Ursa tibi maior Elice dicetur et Archos, / sed Cinosura sequens dicitur Ursa Minor ; / plaustri languentis hec est ariga Boetes / que custos matris est Cinosura sue. [7]De Eritonio. Fertur Eritonius pedibus draco. Cur ? Quia primus / curribus insedit quos prius iste dedit. De cornice et corvo. Garrulus est corvus et cornix, fert quia Naso : « Inter aves albas non habet ille locum ». De Oechiroe, Chirone, Esculapio. Oechiroe, Chiron heros, Epidaurius : usum / corpore mortis ; habet vivere ; scire datur. / Pars hominis ratio est, pars sordet equina cadaver ; / pars ratione carens, pars aditura solum ; / floruerat Chiron medicorum maximus ; / ille corpora vivificans maior alumpnus erat. [8]De mercurio et phebo. Eloquio iuvat quasi Phebum sepe disertus / quod quasi furatur facta notando mala. De hiis omnibus que mutabantur in saxum, ut Bacus et Aglaros. Vir valet invictus et inexorabilis esse / saxum. Nam lapidem pectore durus habet. / Mens domus Invidie, Pallas sapientia, sermo / aliger, Aglaros invida facta lapis.

canit] cavit ms. | 6 regione Ghisalberti] regine ms. vim Ghisalberti] ­­com ms. Calisto ex Castisto ms.tristis] turpis Ghisalberti languentis Ghisalberti] langentes ms. que] et Ghisalberti | 7 corpore ex corporis ms. mortis Ghisalberti] mentis ms. ille2] illo Ghisalberti

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De equis solis (« Les chevaux du Soleil ») : « Les chevaux du Soleil sont les quatre divisions de la lumière du jour : ­lun ­deux est rouge, ­lautre brillant, le troisième brûle, le dernier est tiède. » De cigno (« Le Cygne ») : « Comme en témoigne Virgile, parce que Cygnus est un philosophe qui chante, on dit ­quil ­sest fondu dans un cygne. » [6] De Calistone et stellis erraticis (« Callisto et les étoiles errantes ») : « Le pôle arctique tire son nom ­dArctos, région gelée, ­létoile ­na pas de chute et porte en elle la violence à cause du gel. » Aliter sic (« Autrement de cette façon ») : « La dame ­dArcadie, Callisto, est appelée “ourse”. En effet, enceinte de la semence de Jupiter, elle était affligée. Une ourse plus grande que toi se nommera Héliké et Arctos, mais Cynosure qui la suit est appelé “Petite Ourse”. ­Laurige du Chariot paresseux est le Bouvier. Ce Cynosure est le gardien de sa mère. » [7]De Eritonio (« Érichthon ») : « On raconte ­quÉrichthon est un dragon avec des pattes. Pourquoi ? Parce ­quil a été le premier à ­sasseoir dans un char, ­quil a aussi ­conçu le premier. » De cornice et corvo (« La corneille et le corbeau »). « Le corbeau est bavard, la corneille aussi, ­comme le dit Ovide : “Il ­na pas sa place parmi les oiseaux blancs”. » De Oechiroe, Chirone, Esculapio (« Ocyrhoé, Chiron, Esculape ») : Ocyrhoé, Chiron, le héros ­dÉpidaure : le troisième fait dans son corps ­lexpérience de la mort, au deuxième est donnée la vie, à la première le savoir1. La part de ­lhomme est la raison, la part chevaline a ­laspect sordide du cadavre ; la part privée de raison est la part qui rejoindra la terre. Ce Chiron avait brillé ­comme le plus grand des médecins, son disciple était plus grand que lui pour donner la vie aux cadavres. » [8]De mercurio et phebo (« Mercure et Phébus ») : « (Mercure) charme par son discours, ­comme il le fait pour Phébus, en étant un habile parleur : pour ainsi dire, il vole en signalant des méfaits. » De hiis omnibus que mutabantur in saxum, ut Bacus et Aglaros (« De tous ceux qui ont été changés en pierres, ­comme Battus et Aglauros ») : « Un homme implacable et inexorable peut être une pierre. Car ­lhomme au cœur dur a une pierre dans la poitrine. La demeure ­dEnvie est ­lesprit, Pallas est la sagesse, son discours est ailé, Aglauros la jalouse devient une pierre. »

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Descriptio domus Solis

Hic incipit secundus liber Methamorphoseos. Ut dictum est, in principio cuius ­continetur descriptio domus Solis. Intelligitur domus Solis aer sive spera sive celum. Continuate ergo subsequentia ad precedencia dicentes. Ita venerat Pheton ad matrem lamentando. Illa etiam iussit illum ire visum patrem, et inde abiit et multam patriam desinit.

[f. 62r]

II 1

[1] Columpne quattuor sunt ; quattuor sunt elementa. Per valvas intellige Canchrum et Capricornum, quia bifores sunt ; de Cancro ad Capricornum descendit sol, de Capricorno ad Cancrum ascendit. Vel valve bifores sunt oriens et occidens. Per ebur intellige merediem, quia sol in meredie candet. Per equora ibi celata, natura, quod beneficio solis ipsa illuminantur. Per celum cursum solis, quod fit ­contra firmamentum. [2] Item per columpnas solis quattuor tempora, scilicet estatem, hyemem, ver et aptomnum, que habemus per accensum et descensum solis ; per vicinitatem solis habemus estatem ; per remotionem habemus hyemem. Quando non est nimium proximus nec nimium remotus, habemus aptonum, et ver est per quod duo tempora temperata sunt.

1* regia Solis : aula Phebi ; sublimibus : altis.

II 2

Auro : metaullum est regale et rubei coloris, et ideo Phebo datur, quia in ortu solis aurora rubet et dicitur aurora, quia aureahora. Mulciber dicitur faber optimus qui dicitur pinsisse domum Solis quia iste tantum studuit quod naturam solis et planetarum novit et universas naturas rerum et in domo sapiencie posuit et celavit.

Inc. domus2ex domum ms. Phethon] fetio ms. illum] ille ms. | 1.1 quattuor2] quattuor(?) ex III ms. occidens ex des occidens ms. meredie ex meridie ms. ipsa] ipa ms. | 2 novit] vovit ms.

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Description de la demeure du Soleil

Ici ­commence le deuxième livre des Métamorphoses. Comme on ­la dit, le début ­contient la description de la demeure du Soleil. On ­comprend la demeure du Soleil ­comme ­lair, ou la sphère céleste, ou le ciel. Enchaînez donc, en ajoutant ce qui suit à ce qui précède. Phaéton était donc venu se plaindre auprès de sa mère. Celle-ci lui dit ­daller voir son père, il partit donc et laissa derrière lui sa vaste patrie.

[f. 62r]

II 1

[1] Il y a quatre colonnes, quatre éléments. Par les portes, tu dois ­comprendre le Cancer et le Capricorne, parce ­quelles ont deux battants. Le soleil descend du Cancer au Capricorne, et remonte du Capricorne au Cancer. Ou bien les portes à deux battants sont ­lorient et ­loccident. Par ­livoire, ­comprends le milieu du jour, parce que le soleil est ­dun blanc éclatant à midi. Par les plaines de la mer gravées sur les portes, la nature, parce que, sous ­leffet du soleil, elles ­silluminent ­delles-mêmes. Par le ciel, la course du soleil, qui a lieu en face du firmament. [2] De même par les colonnes du soleil, les quatre saisons, à savoir ­lété, ­lhiver, le printemps et ­lautomne, que nous avons par ­lascension et la descente du soleil. Quand le soleil est proche nous avons ­lété, quand il ­séloigne nous avons ­lhiver. Quand il ­nest ni trop proche ni trop éloigné, nous avons ­lautomne, et le printemps arrive par le fait que2 les deux saisons sont tempérées.

II 2

Auro (« ­dor ») : ­lor est un métal royal, ­dune couleur rouge, ­cest pourquoi il est attribué à Phébus parce que, au lever du soleil, ­laurore rougeoie et elle est appelée « aurore » parce que ­cest « ­lheure en or ». Mulciber fut, dit-on, le meilleur des artisans, et on dit ­quil peignit la demeure du soleil parce ­quil étudia tant ­quil ­connut la nature du soleil et des planètes et celle de toutes les choses de ­lunivers, ­quil plaça et cisela dans la demeure de la sagesse.

300

2-8*

2 micante : splendente ; imitante piripo : que lapis. 3 cuius : regie ; nitidum : splendens ; fastigia :summitates. 4 bifores : duplicis introitus ; radiabant : splendebant. 5 superabat : vincebat ; nam : que ; Mulciber : proprium. 6 equora : maria ; celarat : celaverat. 7 orbem : et rotonditatem ; orbi : mondo. 8 Ceruleos : albos ; unda : aqua ; Tritona :proprium ; habet ; canorum : sonorum.

II 9

Protheus dicitur deus maris qui est aptus ad omnes formas suscipiendas, et sic dicitur dubius.

9* Prothea : proprium ; ambiguum : dubium.

II 10

Egeona ] Egeon fuit quidam qui submersus fuit in mari, qui alio nomine vocabatur Pyroneus, qui semper portabatur super terga balenarum, et dicuntur balene a balin, quod est mittere, quia nolluendo mittuntur et ducuntur per aquas ; vel dicuntur balene quasi boum hanelitum habentes, et est ethimologia. Tercio dicitur deus maris viellator et bucinator maris.

10* Egeona : proprium ; immania : magna ; lacertis : brachiis.

II 11

Doridaque ] Doris grece, amaritudo latine. Ideo dicit accusativum, quod in mari est deus sive dea, id est amaritudo, quia mare est amarum. Doris fuit regina que submersa est a filiabus suis in mari et facta est dea marina, vel secundum quosdam Doris fuit quidam rex qui submersus fuit in mari et factus est deus marinus. Quidam sociorum suorum evaserunt periculum et fugerunt sedentes super saxa, quidam devorati fuerunt a piscibus et finguntur esse mutati in pisces.

11* Dorida : illam ninpham ; natas : filias ; quarum : filiarum ; nare : natare ; videtur : traditur.

II 12-13

Quedam sororum siccabant capillos, alie siccabant vestes, alie portabantur piscibus, et sic facies et similitudo illarum non erat diversa nec erat eadem ; diversa totaliter, eadem totaliter, et sic depinctus erat in domo Phebi.

6* celarat]celeratms. | 8* Ceruleosexcereosms. sonorum ex sororum ms. | 10 balin] balim ms. quia] qui ms. | 11 Doris1ex Doris est ms. deus] dee(?) ms. | 11* traditur] triditur ms.

301

II 9

Protheus (« Prothée ») est, dit-on, un dieu de la mer, parce ­quil est capable de prendre toutes les formes, ­cest pourquoi on le qualifie ­dincertain.

II 10

Egeona (« Egéon »)] Egéon était un homme qui fut englouti dans la mer ; il était autrement appelé du nom de Pyronéus et se faisait toujours porter sur le dos ­dune baleine ; balene (« baleines ») vient de balin qui signifie « envoyer », parce ­quelles sont jetées ou ­conduites sans le vouloir à travers les eaux ; ou on les appelle balene (« baleines ») ­comme si elles avaient une respiration de bœuf : telle est ­létymologie. Troisièmement le dieu de la mer est, dit-on, joueur de vielle et sonneur de trompette.

II 11

Doridaque (« et Doris »)]Doris en grec, amaritudo (« amertume ») en latin. Il utilise ici ­laccusatif parce ­quil y a dans la mer un dieu ou une déesse qui est ­lamertume, parce que la mer est amère3. Doris était une reine qui fut noyée dans la mer par ses filles : elle devint une déesse marine ; ou bien, selon certains, Doris était un roi qui fut englouti dans la mer et devint un dieu marin. Quelques-uns de ses ­compagnons échappèrent au danger et se sauvèrent en ­sasseyant sur des rochers, certains furent dévorés par des poissons et on inventa ­quils avaient été changés en poissons.

II 12-13

Certaines sœurs séchaient leurs cheveux, ­dautres leurs vêtements, ­dautres étaient portées par des poissons, et ainsi leur visage et leur aspect ­nétaient pas différents et ­nétaient pas les mêmes ; elles étaient entièrement différentes, et entièrement semblables, et ­cest ainsi ­quelles étaient peintes dans la demeure de Phébus.

302

12-14*

12 pars : filiarum ; mole : saxo ; virides : propter proprietatem aque. 13 vehi : portari ; quedam :pars ; facies : forma ; omnibus : sororibus. 14 qualem : talis erat ; decet esse : decens est.

II 15

Terra depincta erat ; quomodo terra, portas, viros et urbes et nemora et omnia terrena et deos terrenos.

15-17*

15 viros : homines ; urbes : civitates ; gerit : portat ; silvas : nemora ; feras : silvestres pantheras. 16 fluminaque : gerit et ; ninphas : gerit ; cetera : alia gerit ; ruris : campi. 17 imposita : missa ; fulgentis : splendentis ; ymago : forma.

II 18

Signaque sex  : due sunt porte celi, scilicet Cancer et Capricornus. A Cancro usque ad Capricornum sex sunt signa, scilicet Cancer, Leo, Libra, Virgo, Scorpius, Sagitarius. A Capricorno usque ad Cancrum sex, scilicet Capricornus, Aquarius, Pisces, Aries, Taurus, Gemini. Per fores intelliguntur signa equinoctialia, scilicet Pisces, Arietem, vel signa solsticialia , scilicet Capricornum et Cancrum.

18-19*

18 -que : et ; foribus : portis ; sinistris : portis. 19 Quo : loco ; proles : filius, scilicet Pheton.

II 20

Dubitati dicit quia Pheton erat in dubio utrum Phebus erat pater suus an non. Propiora quia propter claritatem solis non poterat ad patrem accedere.

20-24*

20 duplicati : quia dubitavit ; parentis : Phebi. 21 protinus : mox ; patrios : patris ; fert :ducit ; vestigia : passus. 22 ­consistitque : stetit et ; procul : a longe ; enim : quia ; propiora : proximiora. 24 solio : cathedra ; lucente : splendente ; smaragdis : lapidibus preciosis.

15* pantheras] pandes ms. | 16* gerit] erit ms. | 18 vel signa4 solsticialia ] vel signa ms.

303

II 15

La terre était peinte ; était peinte la façon dont la terre ­comporte des portes, des hommes, des villes, des bois et toutes les choses terrestres et les dieux terrestres.

II 18

Signaque sex (« Les six signes du zodiaque ») : il y a deux portes du ciel, le Cancer et le Capricorne. Du Cancer au Capricorne il y a six signes : le Cancer, le Lion, la Balance, la Vierge, le Scorpion, le Sagittaire. Du Capricorne au Cancer il y en a six : le Capricorne, le Verseau, le Poisson, le Bélier, le Taureau, les Gémeaux. Par les portes sont ­compris les signes équinoxiaux : le Poisson et le Bélier, ou les signes solsticiaux : le Capricorne et le Cancer.

II 20

Il dit dubitati (« incertains ») parce que Phaéton ne savait pas de façon certaine si Phébus était son père ou non ; propiora (« plus proches »), parce ­quà cause de la clarté du soleil il ne pouvait pas ­sapprocher de son père.

304

II 25

A dextra leva : dextra parte sunt XII signa que sibi invicem opponuntur. Hoc possumus scire per versus : « Bra. es. pius. Rus. gitarius. Est li. ari. scor. tau. Sa. ni. cornus. cer. o. carius. gemi. capri. can. le. a. ces. go. pis. vir ».

II 25-26

[ 1] A dextra (25) : dies naturalis ­continet in se duo, scilicet lucem et noctem. Mensis (25) dicit quia peragratio solis per unum signum ­constituit mensem. Annus dicit quia peragratio solis quasi per XII signa facit mensem. Secula (26) dicit quia peragratio solis per XII signa centies ­constituit seculum. Hore (26) dicit quia peragratio solis de luna ad lunam facit horam et ex horis totum tempus ­consistit. [2] Hore multipliciter dicuntur, scilicet prima, tercia et cetera, et est hora spacium quattuor punctorum. Seculum est spacium centum annorum et ­continet centum annos ; centum anni ­continent XX lustra ; lustrum ­continet quinque annos ; annus XII menses ; mensis IIII septimanas ; septimana 7 dies ; dies XXIIII horas ; hora IIII puncta ; punctus momenta XII ; momentum XLVII athomos ; athomus est res indivisibilis, quia per spatium temporis indivisibilis est.

*25 dextra : parte ; levaque : sinistra ; Dies : erat ; Mensis : erat ; Annus : erat.

II 26

Secula : seculum est peragratio solis centies per quodlibet signum, et dicitur de sequor-sequeris.

*26 secula : erant ; spaciis : equo modo ; Hore : erant.

II 27

Verque novum : illud tempus in quo omnia renovantur. In estate sunt nudi propter calorem et colliguntur spice et in tempore aptomni uve calcantur et in hyeme gentes sunt hirsute propter frigiditatem ; et hoc dicit ad designandum annum.

25 Bra. es] Birees ms. -cer] ter ms. can] tau ms. pis] pir ms. | 25-26.1 peragratio3ex per peragratio ms. ­constituit2ex ­­constituit me ms. | 25-26.2 Hore ex hore dicitur ms. spatium temporis] temporis ms. | 26 centies] decies centum ms. | 27 calcantur] calcamur ms. hirsute] hysurce ms. annum ex vannum ms.

305

II 25

A dextra leva (« À gauche et à droite ») : à droite sont les douze signes qui ­sopposent ­lun à ­lautre. Nous pouvons le savoir par les vers : « -lance, -lier, -pion, -reau, -gittaire, ­cest ba-, bé-, scor-, tau-, sa-. / -meaux, -corne, -cer, -on, -seaux, ­cest gé-, capri-, can-, li-, ver-. /-ssons, -ge, ­cest poi- et vier-4 ».

II 25-26

[ 1] A dextra (« À droite ») : le jour se divise naturellement en deux parties, le jour et la nuit. Il dit Mensis (« le mois ») parce que le soleil met un mois à parcourir un signe. Il dit annus (« ­lannée ») parce que le soleil met un mois pour traverser chacun des douze signes. Il dit secula (« siècle ») parce que le soleil met un siècle pour traverser cent fois les douze signes. Il dit hore (« heures ») parce que le soleil met une heure pour passer ­dune lune à ­lautre et ces heures ­constituent le temps tout entier. [2] Les heures portent de multiples noms, la première, la troisième, etc., et ­lheure est un espace divisé en quatre parties. Le siècle est un espace de cent ans et ­contient cent ans. Cent années ­contiennent vingt lustres, un lustre ­contient cinq années. Une année ­contient douze mois, un mois quatre semaines, une semaine sept jours, un jour vingt-quatre heures, une heure quatre quarts, un quart ­dheure douze moments, un moment quarante-sept instants, instants qui sont indivisibles, indivisibles du point de vue du temps.

II 26

Secula (« Et les siècles ») : le siècle est ­constitué par le passage du soleil à travers chacun des signes renouvelé cent fois ; le mot vient de sequor-sequeris (« suivre »).

II 27

Verque novum (« Et le printemps nouveau ») : ­cest la saison pendant laquelle tout se renouvelle. En été les gens sont nus à cause de la chaleur et on ramasse les épis ; à la saison de ­lautomne les raisins sont foulés ; en hiver les gens se hérissent à cause du froid. Il dit cela pour désigner ­lannée.

306

27-30*

27 Verquenovum : tempus novum ; stabat : erat ; cinctum : lustratum ; florente : florida ; corona : serto. 28 stabat : erat ; Estas : propter calorem ; spicea : de spicis ; gerebat : portabat. 29 Autompnus ; tempus ; sordidus :fedatus ; uvis : grapis. 30 glacialis : frigida ; Hyems : tempus ; canos : canutos ; hirsuta : hispida.

II 31

Inque loco medius : medius dicit quia septem sunt planete principales, scilicet Saturnus, Mercurius, Venus, Mars, Iupiter, sol et luna, per quas planetas sol habet currere, et ita sol est medius, vel medius inter Cancrum et Capricornum, vel medius quia Mercurius, Mars, Venus habent circulos intricatos, et habet sol currere per medium eorum, et propter hoc dicit medius.

31-36*

31 loco : sol ; medius : in medio ; paventem : stupefactum. 32 iuvenem :Phetonta ; aspicit : cernit. 33 que : qualis ; arce : turre. 34 inficienda : deneganda ; parenti : mihi existenti patri tuo. 36 ille : Pheton ; immensi : magni ; publica : ­communis ; mondi : orbis. 36 Phebe : o tu ; nominis :quod sis pater meus, ut merito te dicam patrem.

II 37

Falsa sub : illa celat crimen falsa ymagine que ­com duobus ­concombit, ­com nobili et ignobili, et de innobili ­concipit, quia dicit quod de nobili habet prolem, et sic celat crimen sub ymagine falsa.

37-45*

37 nec : et non ; Climene : mater mea ; ­culpam : paternitatis. 38 genitor : o tu, pater ; perque : pignora ; propago : progenies. 39 credar : dicar ; errorem : dubium ; nostris : move. 40 Dixerat : ita locutus fuit ; genitor : Pheton ; circum : undique ; micantes :splendentes. 41 deposuit : removit ; propius : de prope ; accedere : venire. 42 meus :filius. 43 es : o Pheton ; Climene : mater tua ; ortus : nationes. 44 Quoque :ut ; dubites : dubio sis ; vis : cupis ; munus : donum ; id : donum. 45 metribuente : quia dabo ; adesto : sit.

30* hirsuta]hisultams. | 31 septem] quattuor ms. | 36* te dicam] redicam ms. | 37* ClimeneexClimenms. | 40* splendentes ex splendendentes ms.

307

II 31

Inque loco medius (« Et dans ce milieu ») : il dit medius (« milieu ») parce ­quil y a sept planètes principales : Saturne, Mercure, Vénus, Mars, Jupiter, le soleil et la lune. Le soleil doit faire sa course à travers ces planètes, ainsi il est au milieu ­delles ; ou il est au milieu entre le Cancer et le Capricorne, ou au milieu parce que Mercure, Mars, Vénus, ont des révolutions intriquées, et que le soleil doit faire sa course au milieu de ces planètes, ­cest pourquoi il dit « au milieu ».

36 nominis : parce que tu serais mon père, pour que je puisse à bon droit ­tappeler père.

II 37

Falsa sub (« sous une fausse (apparence) ») : Clymène cache sa faute sous une fausse apparence : ­comme elle couche avec deux hommes, ­lun de haute naissance et ­lautre de basse extraction et ­quelle ­conçoit un enfant du deuxième, elle dit ­quelle a un enfant de ­lhomme de haute naissance, et ainsi elle cache sa faute sous une fausse apparence.

308

II 46

Quomodo sol adoptavit Phetonta in filium

Diis iuranda quia, quando dei aliquid affirmant, iurant per paludem infernalem. Incognita dicit quia deus aliquis nescit infernalia loca nec ea que ibi facta sunt ; vel incognita quia Phebus dicitur deus sapientie et lucis et nec lux nec sapientia subierunt Infernum.

46-47*

46 incognita : non nota ; quia nomquam sol est apud inferos. 47 desierat : Phebus loqui ; ille : Pheton.

II 47-49

Vix bene : ­com Phebus dixisset Phetonti filio suo quod peteret quicquid vellet, peciit currus paternos , unde penituit Phebum iurasse et ­concussit caput suum terque quaterque (49), id est multociens, et ponitur finitum pro infinito. Ter et quater faciunt VII, propter VII climata mondi que sub IIII ­continentur ; vel dicitur ter propter tres virtutes anime, quarum una est rationalis, altera irascibilis, tercia ­concupiscibilis. Quater dicit propter quatuor elementa.

[f. 62v]

48-49*

48 inquediem ; spacio unius diei ; alipedum ; volucrum ; moderamen ; iuridictionem. 49 patrem ; Phebum ; qui terque quaterque ; multociens.

II 50

Temeraria. Construe : mea vox est facta temeraria, id est mea ­concessio est temeraria, id est stulta. Tua temeraria, quasi dicitur : Ego stulte ­concessi et tu stulte ­petisti.

50-52*

50 ­concutiens : quociens ; illustre : nobile ; temeraria : stulta. 51 vox mea : sermo meus ; liceret : licitum esset. 52 hoctibi : quod non duceret ; negarem : currum meum.

46tit. adoptavit] doptavit ms. | 46 nec² ex neque ms. Infernum ex inferni ms. | 47-49 peciit currus paternos ] peciit # ms. | 50* ­­concutiens]­­conciensms. | 52* duceret ex ducereto ms.

309

II 46

Comment le soleil reconnut Phaéton ­comme son fils

Diis iuranda (« En jurant par Dis ») : parce que, quand les dieux affirment quelque chose, ils jurent par ­leau infernale. Il dit incognita (« inconnus ») parce ­quun dieu ne ­connaît pas les lieux des Enfers ni ce qui ­sy passe ; ou incognita (« inconnus ») parce que Phébus est dit dieu de la sagesse et de la lumière et que ni la lumière ni la sagesse ­napprochent des Enfers.

46 incognita : parce que jamais le soleil ne se trouve aux Enfers.

II 47-49

Vix bene (« (Il avait) à peine bien (terminé) ») : comme Phébus avait proposé à son fils Phaéton de demander tout ce ­quil voulait, celui-ci lui demanda le char paternel. Phébus se repentit alors ­davoir juré et remua la tête terque quaterque (« trois ou quatre fois »), ­cest-à-dire de nombreuses fois (le nombre fini est employé pour ­linnombrable). Trois et quatre font sept, à cause des sept climats du monde qui sont ­contenus dans les quatre (principaux) ; ou « trois » est employé à cause des trois caractéristiques de ­lâme, la raison, la colère, et le désir. Il dit « Quatre » à cause des quatre éléments.

[f. 62v]

II 50

Temeraria (« Téméraires »). Construire mea vox est facta temeraria (« ma parole est devenue téméraire »), ­cest-à-dire mon autorisation est temeraria (« est téméraire »), ­cest-à-dire stupide. Tua temeraria (« ta parole téméraire ») ; en ­dautres termes : « ­Jai donné une autorisation stupide, tu as fait une demande stupide ».

310

II 53-54

Dissuadet Sol Phetonti

Deus Iupiter non posset, quamvis omnia possit facere, illud, o Pheton, quod tu poscis – dixit Phebus –. Mortalis es, o tu, Pheton, neque dei possent perficere illud quod tu petis, quamvis quisque valeat in potestate ­sua ; et ponitur valeat pro superbire.

53-62*

53 Dissuadere : quod non capias ; licet : licitum ; tuta : secura. 54 petis : poscis ; Pheton : o tu ; que : illa magna. 55 ­conveniunt : ­competencia sunt ; annis : quater ; tu puer es. 57 quam : certe ; superis : deis ; ­contingere : facere ; fas est : licet. 58 nescius : instultus ; affectas : cupis ; licebit : quamvis. 59 ignifero : ferente ignem ; ­consistere :stare. 60 valet : potest ; vasti : magni ; Olimpi : celi. 61 fera : crudelia ; iaculatur : iactat ; dextra : sua. 62 aget : duceret ; habetur : certe nullus.

II 63-69

Descriptio viarum solis

Describit actor locum et viam solis sub persona Phebi, dicens quod tres sunt vie in celo per quas sol habet currere, quarum prima est ardua, secunda ponitur in celo alta, tercia est prona, per quam grave est descendere in fine ; et hoc dicit Phebus ad disuasionem Phetontis, qui male optavit currum solis.

II 63

Recentes dicit, quia in mane sunt equi novi et fortes plusquam in sero. Ardua.

63* Adua : alta ; qua : via ; recentes : fortes.

II 64

Quia in meredie sol videtur altissimus, et dicit Phebus quod sepe timet ab illa ­conspicere inferiora, et hoc dicit ad terrorem Phetontis filii sui ne acciperet currum.

53-54 Mortalis es] mortales ms. quamvis] quam ms.

311

II 53-54

Le Soleil essaie de dissuader Phaéton

« Le dieu Jupiter, qui a pourtant tous les pouvoirs, ne pourrait pas faire ce que tu demandes, Phaéton ! », dit Phébus, « Tu es mortel, Phaéton, et les dieux ne pourraient faire ce que tu demandes, quoique chacun ait de la valeur dans son domaine » ; et « ait de la valeur » est employé pour « ­senorgueillir ».

II 63-69

Description de ­l itinéraire du soleil

­Lauteur décrit les lieux et le voyage du soleil personnifié en Phébus, en disant ­quil y a dans le ciel trois chemins par lesquels le soleil doit passer : le premier de ces chemins est abrupt, le deuxième est haut dans le ciel, le troisième est en pente : par ce dernier il est difficile de descendre en fin de course, et Phébus dit cela pour dissuader Phaéton qui souhaite pour son malheur ­conduire le char du soleil.

II 63

Il dit recentes (« frais »), parce que le matin les chevaux sont reposés et forts, plus que le soir. Ardua (« escarpée »).

II 64

Parce que le soleil à midi paraît très haut dans le ciel, et Phébus dit que souvent il a peur de regarder vers le bas – il le dit pour effrayer Phaéton son fils afin ­quil ne prenne pas le char.

312

64-66*

64 altissima : via. 65 unde mare : a qua via videre ; terras : videre ; ipsi : qui ; michi : scio regere. 66 timor : timeo ; gelida : glaciali ; trepidat : tremit ; pectus : meum.

II 67

Ultima prona : prona dicit quod est ultima via et labilis propter descensum solis, et dicitur quod Thetis dea maris et Phebum dicitur recipere, quia Phebus dicitur in occasu mergi in pelagus.

67-73*

67 ultima : suprema ; prona : inclina ; eget : caret. 68 etiam : certe ; que : Thetis ; subiectis : suppositis ; excipit : caput ; undis : aquis. 69 ferar : ducar ; impreceps : cadenciam ; Thetis : proprium ; vereri : dubitari. 70 Adde : o tu, Pheton ; rapitur : ducitur ; vertigine : torneamento ; celum : firmamentum. 71 sidera : stellas ; trahit : ducit ; torquet : ducit. 72 Nitor : ego ; nec : et non ; cetera : sidera ; vincit : superat. 73 impetus : vincit ; evehor : ­contra portor ; orbi : firmamento.

II 74

Ponatur quod tu habeas currum, quid facies ? poterisne ?. Duplex est polus : articus et polus antarticus. Archicus dicitur ab archos, quod est ursa.

74-77*

74 Finge : ponam ; datos : quod currus dentur ; ages : facies ; ne : nonquid. 75 obvius : noxius ; ire : incedere ; citus : volucer. 76 Forsitan : a casu ; lucos : nemora ; (77b T) delubra : templa ; donis : dationibus ; omnia ista dicit Phebus ad terrendum Phetontem ne caperet currum patris. 77 ­concipies : videbis ; (76b T) : urbes : civitates.

70* vertigine]vortiginems. | 74 habeas] heas ms.

313

II 67

Ultima prona (« La dernière (partie est) en pente ») : il dit prona (« en pente ») parce que la dernière partie du chemin est glissante à cause de la descente du soleil, et on dit que Thétis, la déesse de la mer, recueille Phébus parce que, dit-on, Phébus dans sa chute plonge en haute mer.

II 74

« Admettons que tu prennes le char, que feras-tu ? poterisne ? (« Seras-tu capable ? »). Il y a deux pôles : ­larctique et ­lantarctique. Archichus (« ­Larctique ») tient son nom ­dArchos (« ­lOurse »).

76 Phébus dit tout cela pour effrayer Phaéton afin ­quil ne prenne pas le char de son père.

314

II 78-83

Doctrina vie solis

De signis celi

[ 1] Isse per insidias (78), id est per insidiosas formas ferarum et per Sagitarium, Leonem, Capricornum. Sed Pheton petiit currum per unum ­diem, sic posset aliquis dicere ; et postea dicit actor : Tu ibis per hec ­signa, et ita videtur ducere per multum temporis, quia ad hoc, quod transeat per XII signa, exigitur spacium unius anni, sed hoc dicit Phebus ad terrorem Phetontis. [2]Hemoniosque (81), id est per Chirona sagitarium qui fugatus est in celo tenens arcum et sagittas ­contra Scorpionem. Chiron siquidem fuit filius Philyre et Saturni, qui Achillem et Esculapium nutrivit, qui, ­com arcu suo in celo translatus est. Scorpion (83) : ostendit Phebus Phetonti quot signa.

78-79*

78 isse : perrexisse ; formasferarum : depictas in celo. 79 utque : quamvis et ; teneas : scias ; -queerrore : et deviatione ; traharis : ducaris.

II 80

Per tamen : quia Iupiter transfretavit Europam sub specie tauri et ille taurus deificatus est.

80*adversi : ­contrarii ; gradieris : perges.

II 81

Ora Leonis dicit quia, quando sol est in pectore Leonis, tunc est maximus calor, et tunc sunt dies caniculares.

81-82*

81 Hemonios : Tesalos ; violenti : crudelis ; ora : vultus ; Leonis : lei. 82 sevaque : crudelia et ; brachia : sua.

78-83.1 ducere ex dicere ducere ms. | 78-83.2 Philyre] Sileres ms. translatus est ex translates est e ms. | 81* Tesalos] cesalinos ex casalinos ms.

315

II 78-83

Enseignement de ­l itinéraire du soleil

Les signes du ciel

[ 1] Isse per insidias (« Passer par les embûches »), ­cest-à-dire par les formes trompeuses de bêtes sauvages, par le Sagittaire, le Lion, le Capricorne. « Mais Phaéton demandait le char pour une seule journée », pourrait-on objecter ; et ­lauteur le dit plus bas : « tu traverseras ces signes et il te semblera ­conduire pendant longtemps, parce que pour traverser les douze signes il faut ­lespace ­dune année. », mais Phébus le dit pour effrayer Phaéton. [2]Hemoniosque (« Thessaliens ») : ­cest-à-dire par Chiron le Sagittaire qui ­sest enfui dans le ciel avec son arc et ses flèches ­contre le Scorpion. Car Chiron était le fils de Philyra et Saturne, il nourrit Achille et Esculape, et fut transporté dans le ciel avec son arc. Scorpion (« Scorpion ») : Phébus montre à Phaéton chacun des signes.

II 80

Per tamen (« Cependant par… ») : parce que Jupiter transporta Europe sous ­lapparence ­dun taureau et ce taureau fut déifié.

II 81

Il dit ora Leonis (« la bouche du Lion »), parce que, quand le soleil est sur la poitrine du Lion, la chaleur est à son ­comble, ce sont alors les jours caniculaires.

316

II 83

Scorpius crudele signum est in celo et tractum est a serpente, quia scorpius est genus serpentis qui primo lenit et postea pongit, et ita est quod, quando sol tangit illud signum in principio, tempus est lene ; in fine vero crudele.

83-97*

83 Scorpion : illud signum ; atque : et alio modo ; brachia :signum aliud. 84 animosos : audaces ; ignibus : fulminibus. 85 quos : ignes ; ore : suo ; naribus : suis. 86 inpromptu : id est in facili ; regere :ducere ; vix : pene. 87 animi : sui ; cervix : caput ; repugnat :certat ; habenis : loris. 88 Attu : saltem ; funesti : mortalis ; muneris : doni ; actor : factor. 89 nate : o fili ; dum :donec ; vota : desideria. 90 Scilicet : certe ; genitum : formatum ; sanguine : progenie. 91 pignora : dona ; timendo : quia de te time ne moriaris. 92 pater : tuus ; metu : timore ; probor : dicor ; aspice : cerne ; vultus : ora. 93 ecce :vide ; utinam : vellem. 94 inserere : ponere ; intus : me ; prendere : capere. 95 dives : mondus ; circumspice : vide. 96 tantis : quantitate. 97 posce : pete ; nullam : non repulsus eris.

[f. 63r]

II 98

Deprecor : legatur de privativo, id est precor ut ne velis hoc unum, scilicet ducere currum ­meum.

98-99*

98 hocunum : istud solum ; pena : labor debet dici. 99 honor : tuis ; penam : quia subit ; Pheton : o ; munere : dono.

II 100

Ignare : de futuris malis tibi. Cur tenes me ­complexum ?.

100-101*

100 Quid : quare ; blandis : suavibus ; ignare : o stulte ; lacertis : brachiis. 101 nec : non ; dabitur : quod petisti ; Stigias : infernales.

83 signum2] signum quod ms. | 88* factor] facto ms. | 93* utinam]uterms. | 99* subit] suble ms.

317

II 83

Le Scorpion est un signe pénible dans le ciel ; il est traîné par le serpent, parce que le scorpion est une sorte de serpent qui ­dabord est doux, et ensuite pique, et il en va ainsi que, quand le soleil atteint ce signe, au début le temps est doux ; à la fin il est vraiment pénible.

[f. 63r]

II 98

Deprecor (« Je ­ten supplie ») : il faut lire de privatif, ­cest-à-dire « je te prie de ne pas vouloir, hoc unum (« cela seulement »), à savoir ­conduire mon char. »

II 100

« Ignare (« Ignorant ») : des futurs maux qui vont ­tatteindre. Pourquoi me tiens-tu dans tes bras ? ».

318

II 102

Opta sapiencius quam optasti petendo currus patris ­tui.

102* quodcumque : quodcumque ; optaris : optaveris ; sapiencius : quam optasti.

II 103

Finis monitus Phebi ad Phetonta

Finierat : ita, sicut superius ­continetur, monuerat Phebus Phetontem filium suum ne acciperet currum suum, sed tamen non potuit animum suum revocare quin currus affectaret.

103-105*

103 Finierat : ita dixerat ; monitus : Phebus ; repugnat : (repu)tat. 104 propositum : suum ; flagrat : ardet. 105 licuit : quantum ; genitor : pater ; cunctatus : moratus ; altos : summos.

II 106

Vulcania : quia Vulcanus illum currum fabricavit et dedit illum Phebo ; et propter hoc dicit muneraVulcania.

106* iuvenem : Phetonta ; Vulcania : ignea.

II 107-109

Descriptio quadrige Solis

[ 1] Aureus axis erat (107) :modo describit actor et specificat de curru solis, dicens quod axis erat aureus, id est de auro factus, et themo aureus et rota aurea et ordo radiorum de argento et ornatus lapidibus et gemmis preciosis. Multum erat ibi pulcher et delectabilis, adornatus sapientia videtur hic qui themonem habet. [2] Per themonem qui prius est intelligimus gramaticam, que prius scientia est ; per axem, logicam qui sustinet ; per ordinem radiorum currus, rectoricam. Per quattuor rotas, quattuor elementa, vel intelligi possunt quattuor artes. Hec autem habemus per versus : « Themo gramatice, logices nitet axis, adornat / hos resis, decus est quadriviale rote ».

107-109.1 adornatus sapientia] adoptari sapientia # ms. | 107-109.2 themonem ex themonem habet ms. ordinem radiorum currus] currus ms. artes] archus ms. logices] bigices ms.

319

II 102

« Opta sapiencius (« Formule un vœu plus sagement ») que tu ­las fait en demandant le char de ton père ».

II 103

Fin de ­l avertissement de Phébus à Phaéton

Finierat (« Il avait fini ») : ainsi, ­comme il est écrit plus haut, Phébus avait averti son fils Phaéton de ne pas prendre son char, mais il ne put détourner son esprit de ­lenvie de ce char.

II 106

Vulcania (« de Vulcain ») : parce que Vulcain avait fabriqué ce char et ­lavait donné à Phébus, ­cest pourquoi il dit muneravulcania (« présents de Vulcain »).

II 107-109

Description du quadrige du Soleil

[ 1] Aureus axis erat (« ­Laxe était en or ») : ­lauteur décrit ensuite le char du soleil et en donne les caractéristiques, disant que ­laxe était en or, ­cest-à-dire fait ­dor, le timon était en or, les roues étaient en or, et la rangée de rayons était en argent, ornée de pierres précieuses et de gemmes : il était alors très beau et plaisant. Celui qui tient le timon semble auréolé de sagesse. [2] Par le timon qui vient en premier, nous ­comprenons la grammaire, qui est la première science ; par ­laxe, la logique qui soutient (la pensée) ; par ­lordre des rayons du char, la rhétorique ; par les quatre roues, les quatre éléments – on peut ­comprendre aussi les quatre arts. Ces interprétations, nous les avons grâce aux vers : « Le timon brille par la grammaire, ­laxe par la logique, la rhétorique orne ­lune et ­lautre, les roues ont la beauté du quadrivium. »

320

107-108*

107 Aureus : ex auro ; aureus : ex auro. 108 curvatura : scilicet cavus ; argenteus : ex argento.

II 109

Crisoliti sunt lapides aurei coloris, et dicuntur a crisis, quod est aurum.

109-110*

109 crisoliti : gemma ; gemme : preciosi lapides. 110 repercusso : iter percusso ; reddebant :dabant ; Phebo : Soli.

II 111-112

Dumque ea (111) : dum ibi cerneret Pheton. Ecce vigil (112) dicit quia tunc vigilant homines qui ad laborem intendunt.

111-113*

111 Dumque : quando et ; ea : talia ; magnanimus : audax ; mira : laudatio. 112 prospicit : cernit ; vigil : vigilans ; patefecit : aperuit. 113 purpureas : rubeas ; fores : ianuas.

II 114

Cogit : id est ­congregat, sicut pastores suas, vel cogit exire, non quia fugiant, sed quia videntur fugere maiori claritate superveniente ; vel cogit, id est sequitur illas.

114-116*

114 diffugiunt : discedunt ; agmina : ­consorcia. 115 Lucifer : sidus matutinum ; statione : statu ; novissimus :ultimus. 116 tunc pater : Phebus ; -querubescere ; et pro claritate aurore.

108* cavus] cautus ms. | 109 aurum] currum ms. | 111* laudatio corr. in lauda fortasse alia manus | 114 maiori] maio# ms.

321

II 109

Crisoliti (« Les chrysolithes ») sont des pierres de couleur dorée, qui tirent leur nom de crisis, « ­lor ».

II 111-112

Dumque ea (Pendant que cela ») : pendant que Phaéton ­contemplait ce qui se trouvait là. Il dit ecce vigil (« voici que, ­séveillant ») parce ­quà ce moment-là ­séveillent les hommes qui partent travailler.

II 114

Cogit (« Il rassemble ») : ­cest-à-dire il réunit en troupeau, ­comme les bergers leurs (brebis), ou il les pousse à sortir, non parce ­quelles fuient, mais parce ­quelles paraissent fuir quand une plus grande clarté survient ; ou alors cogit (« il pousse »), ­cest-à-dire il les suit.

322

II 117-118

Com Phebus mondum cerneret ab aurora illuminari et videret cornua lune evanescere, precepit Horisvelocibus (118) ut equos suos iungerent ad currum.

II 117

Evanescere : non tamen evanescit, sed minor claritas offuscatur maiore adveniente ; et propter hoc dicit evanescere.

117* -que extreme : et vidit minime ; evanescere : deficere.

II 118

Horis ] Hore dicuntur ancille Phebi, quia Phebus habet currere per horas, et dies ex horis ­constat.

118-119*

118 Titan : sol ; Horis : deabus. 119 Iussa : Phebi ; dee : hore ; peragunt : faciunt ; vomentes : agentes.

II 120

ambrosie ] Ambrosia est divina herba ex qua equi solis pascuntur.

120* ambrosie : illius herbe ; saturos : saturatos ; presepibus : cresches gallice ; altis : summis.

II 122

Com equi essent parati, unxit filium suum medicamine sacro vel signo sancte crucis ad hoc, ut duceret currum.

122* pater : Phebus ; ora : vultus ; medicamine : unguento ; nati : Phetontis.

II 123-124

Rapide (123) : quia calor solis rapax est, et illam rapacitatem patientem fecit filium suum. Et imposuit radios ­come sue (124), ut lucem daret ; verumptamen suspiria dabat, quia non licet deum flere, quia dicit alibi : « non licet ora dei tingi lacrimis » (621-622).

117-118 Phebus] Iuppiter ms. | 119* peragunt]paraguntms. agentes] egentes ms. | 123-124 rapacitatem patientem ] rapacitatem ms.

323

II 117-118

Comme Phébus ­contemplait le monde que ­laurore illuminait, et voyait les cornes de la lune ­seffacer, il ordonna Horisvelocibus (« aux heures véloces ») de rejoindre ses chevaux sur le char.

II 117

Evanescere (« ­sévanouir ») : en fait la lune ne ­sévanouit pas, mais sa clarté plus faible est obscurcie par ­larrivée de la clarté plus forte (du soleil), ­cest pourquoi il dit « ­sévanouir ».

II 118

Horis (« aux heures »)]Les heures, dit-on, sont les servantes de Phébus, parce que Phébus doit les traverser, et que le jour est ­constitué par les heures.

II 120

ambrosie (« de ­lambroisie »)] ­Lambroisie est une herbe divine dont se nourrissent les chevaux du soleil.

II 122

Comme les chevaux étaient prêts, Phébus oignit son fils medicamine sacro (« ­dun baume sacré »), ou du signe sacré de la croix, pour ­quil ­conduise le char.

II 123-124

Rapide (« rapide ») : parce que la chaleur du soleil est dévorante, et ­quil permet à son fils de supporter cette agression. Et imposuit radios ­come sue (« Et il disposa des rayons sur sa chevelure »), pour ­quil répande la lumière ; cependant il soupirait, parce que les dieux ne peuvent pleurer, ­comme le poète le dit ailleurs : « le visage des dieux ne peut être baigné de larmes ».

324

123-125*

123 ­contigit : unxit ; rapide : velocis ; pacientia : illa hora. 124 imposuit : dedit ; ­come : capiti ; presaga : nuncia ; luctus : lacrimarum. 125 (126 T) potes : facere ; parere : obedire viis ; parentis : patris sui.

II 126

Si ­potes  : iterum monet Phebus filium suum ut non capiat currum suum, et dicit quod equi properant sponte et vix retinentur ; iterum docet illum viam.

*126 (125 T) pectore : suo ; sollicito : curioso.

II 127

Parce puer : Puer dicit quia pueriliter agebat petendo currus suos : Noli stimulare equos qui ­com impetu magno ­vadunt.

127-128*

127 puer : o ; stimulis : mentis tue ; loris : frenis. 128 Sponte : a volumptate ; inhibere : tenere ; volentes : ire cupientes.

II 129

[ 1] Nec tibi directos : Non placeat tibi ire per rectos ­parallellos, per quinque parallelos ad modum arcus factos. Paralleli sunt circuli zonarum, et tunc dicuntur a para, quod est iusta, et lellos, quod est circulus. [2] Sciendum quod paralellus articus est, et est situs iuxta zonam frigidam et temperatam, et est parallelus solsticialis et estivalis, et est inter zonam temperatam et torridam, et est parallelus equinoctialis, et est in medio torride, et est parallelus sosticialis, et est inter zonam torridam et temperatam, et est parallelus australis, et est inter temperatam et frigidam ; et de istis loquitur actor in hac parte, quia quinque sunt.

129-130*

129 Nectibi : et non ; directos : levatos. 130 Sectus :sculpatus ; oblicum : tortili ; limes : via.

129.2 sosticialis] sorticialis ms.

325

II 126

« Si potes » : (« Si tu peux ») : Phébus avertit une nouvelle fois son fils de ne pas prendre son char, et lui dit que les chevaux sont naturellement rapides et difficiles à retenir ; il lui enseigne une nouvelle fois la route à suivre.

II 127

Parce puer (« Épargne, mon enfant ») : il dit puer (« enfant ») parce que Phaéton agissait de manière infantile en demandant son char. « Ne stimule pas les chevaux qui courent avec une grande impétuosité ».

II 129

[ 1] Nec tibi directos (« Ne… pour toi… droits ») : « Ne choisis pas de traverser les parallèles en ligne droite », de passer par les cinq parallèles qui ont la forme ­darcs. Les parallèles sont des cercles délimitant des zones, ils tiennent leur nom de para qui signifie « à côté de » et lellos, qui désigne le cercle. [2] Il faut savoir ­quil y a un parallèle arctique, qui est situé près de la zone froide et tempérée, un parallèle solsticial et estival, entre la zone tempérée et la zone torride, un parallèle équinoxial, au milieu de la zone torride, un parallèle solsticial entre la zone torride et la zone tempérée, et un parallèle austral, entre la tempérée et la froide : ­cest de cela que parle ­lauteur dans cette partie, parce ­quil y a cinq parallèles.

326

II 131

Doctrina itineris Solis Phetontis

zonarum ] Vade per limitem oblicum iuxta zonas, quia, secundum dispositionem motus istius mensis, videbis vestigia rote. Nec vadas alte, ne ­combures celum, nec infra, ne ­combures terram ; imo in ­medio.

131-138*

131 zonarum : regionum ; polumque : celum et. 132 effugit : victat ; australem : ethereum ; iunctumque : propinquum et ; aquilonibus : illis ventis : Archon : illud signum. 133 Hac :illa parte ; iter : tuum ; manifesta : patencia ; cernes : videbis. 134 utque : quod et ; ferant : paciantur : equos ; equales. 135 preme : ­comprime currum ; summum : duc vel para ; currum : tuum vel Solis. 136 Alcius : nimis alte : egressus : profectus ; regna : id est celum ; cremabis : calore solis. 137 inferius : nimis infra ; terras :cremabis ; tutissimus : valde tutus. 138 Neu : quod non ; distortum : deorsum oblicum ; Anguem : ­culubrem ; signum est.

II 139

Ad Aram : Romani et Hanibal pugnaverunt invicem in simultate. Conformata autem pace inter eos, ­constituerunt aram in ­confinio terrarum et ­consegratam Iovi ; et, translata postea in celum, facta fuit signum.

139-141*

139 sinisterior : rota ; pressam : inferiorem ; Aram : illud signum. 40 inter utrumque : inter inferiora et altiora ; fortune : in dispositione divina ; mando : pono te. 141 iuvet : te ; opto : cupio.

II 142

Finis noctis

Dum loquor Hesperio dicit ab hespera stella ; Hesperus dicitur stella.

Hesperio ] Vespertina, vel ab Hespero rege qui ibi regnavit in occidente.

142-144*

142 Dum : quando ; loquor : ego tecum ; Hesperio : occidentali. 143 humida : ab effectu ; tetigit : perfecit cursum suum ; liberanobis : non deberem morari ulterius. 144 poscimur : a dispositione ; fugatis : remotis.

139 simultate] simul(?) ms.

327

II 131

Enseignement de ­l itinéraire du soleil à Phaéton

zonarum (« des zones »)] « Suis le chemin oblique le long des zones parce que, selon la disposition des mouvements de ce mois-ci, tu verras les traces des roues. Ne va pas trop haut, pour ne pas brûler le ciel, ni trop bas, pour ne pas brûler la terre ; reste au milieu. »

II 139

Ad Aram (« vers ­lAutel ») : Les Romains et Hannibal se livrèrent une guerre sans merci. Quand la paix fut établie entre eux, ils ­construisirent un autel à la frontière de leurs terres et le ­consacrèrent à Jupiter. Transporté plus tard dans le ciel, cet autel devint une étoile5.

II 142

Fin de la nuit

Dum loquor Hesperio (« Tandis que je parle, de ­lHespérie… »), dit-il à cause de ­létoile du soir : ­lHespérie, dit-on, est une étoile.

Hesperio (« de ­lHespérie »)]­Létoile du soir, ou du nom du roi Hespérus qui régna là en Occident.

328

II 145

Si pectus mutabile : Si potest expelli a voluntate tua, non accipe ­currum, unde quidam diceret : « Bona mixta malis ; si tu mala sumere mavis, / te bene derides, dum meliora vides ».

[f. 63v]

145-152*

145 Corripe : tene ; mutabile : in alia voluntate ; pectus : mens tua. 146 tibi : utere. 147 dum : quando ; solidis : firmis ; nunc : modo ; astas : sedes vel stas. 148 dumque : quando et ; male : quia male optavisti ; nundum : non adhuc ; inscius : stultus ; axes : currum. 149 quetutus : lumina securus ; spectes : cernas ; sine : desine. 150 Occupat : capit ; ille : Pheton. 151 -quesuper : et currum ; ­contingere :tangere. 152 gaudet : ille Pheton ; invito : non volenti ; agit : reddit ; ille : Pheton ; parenti : Phebo suo.

II 153-154

De equis Solis

[ 1] Interea : in hoc loco dicit actor quod Sol habet quattuor equos propter quatuor proprietates solis in quibus est ; in quolibet die est enim mane rubens et ignei coloris, et propter hoc dicitur habere equum qui dicitur Pirous, a pyr, quod est ignis. [2] Est autem iuxta tertiam nitentis coloris et dicitur habere sic secundum equum qui dicitur Ethous ab eoos, quod est oriens, sive nitens. Est autem in meredie fervidus, et dicitur habere tertium equum, qui dicitur Fregon, quod est fervens, et potest dici Ethon. [3] Est in ultima parte diei quando sol, a nobis remotus, est tepidus, et dicitur habere alium equum, qui dicitur Flegon, quod est tepidum, unde versus : « Solis equi partes lucis sunt quatuor horum. / Hic rubet, ille nitet, fremit hic, ille tepet ».

153-154*

153 Ethon : alter tercius equus. 154 Flagron : proprium.

153-154.1 die ex dies ms. | 153-154.2 tertiam nitentis ] tertiam # ms. secundum equum ] secundum ms. tertium] quartum ms.

329

II 145

Si pectus mutabile (« si un cœur changeant ») : « ­sil est possible de chasser ce désir de ton esprit, ne prends pas le char », ­doù on pourrait dire : « les bonnes choses sont mélangées aux mauvaises : si tu préfères prendre les mauvaises, alors que tu vois les meilleures, tu te moques bien de toi. »

[f. 63v]

II 153-154

Les chevaux du Soleil

[ 1] Interea (« Pendant ce temps ») : ­lauteur dit à cet endroit que le soleil a quatre chevaux à cause des quatre périodes pendant lesquelles il y a du soleil : quel que soit le jour, en effet, le soleil rougeoie le matin et a la couleur du feu, ­cest pourquoi ­lon dit ­quil a un cheval qui ­sappelle Pyrois, de pyr, le feu. [2] Puis, vers la troisième heure, le soleil est ­dune couleur brillante, et ­lon dit ­quil a un deuxième cheval du nom ­dÉthous, de Eoos, ­lorient, ­cest-à-dire le brillant. Puis à midi il est brûlant, et ­lon dit ­quil a un troisième cheval qui ­sappelle Fregon, parce ­quil est « fervent » – il peut aussi ­sappeler Éthon. [3] Dans la dernière partie du jour, quand le soleil ­séloigne de nous, il est tiède, et ­lon dit ­quil a un autre cheval qui ­sappelle Phlégon, qui signifie « tiède », ­doù les vers : « Les chevaux du Soleil sont les quatre parties du jour. / ­Lun rougeoie, ­lautre brille, le troisième frémit, le quatrième est tiède. »

330

II 155

Alibi alio modo nominantur equi Solis per alios versus : « Erubet Eous Aurora, pallet Ethous, / fervet Pirous, se mergit aquis Philogeus ».

155* flammigeris : flammas ferentibus ; pedibusque : suis et ; repagula :barras ; pulsant : pellunt.

II 156

Que postquam : Tethis dicitur dea maris et dicitur repellere repagula equorum Solis quia sol videtur oriri de mari.

156-159*

156 Que :repagula ; Thetis : illa dea ; ignara : inscia ; nepotis : Phetontis. 157 reppulit : removit ; facta : data ; immensi : magni. 158 corripuere : abreviaverunt ; -que : et. 159 obstantes : nocue ; scindunt : dividunt ; nebulas : nubes ; pennisque : alis.

II 160

Euros ] Primo vadunt equi de oriente. Eurus est ventus a parte orientalis.

160* pretereunt : transeunt ; ortos : natos ; Euros : illos ventos.

II 161

Quia sufficienter non erant honustati ; propter hoc facit actor ­comparationem de curru ad naves non bene honustas que vadunt instabiliter per mare.

161-165*

161 Sed leve : parvus ; nec quod : erat tale. 162 solitaque : ­consueta et ; iugum : currrum ; gravitate :ponderositate. 163 utque : sicut et ; labant : titubant ; naves : curve epitethon. 165 sic :taliter ; insueto : non ­consueto ; aere : et here.

II 166

Verumptamen notandum est quod sol habet quattuor equos, luna solum duos propter duas proprietates lune, scilicet aumentum et detrimentum.

155 aquis ex aquis s. ms. | 161 Quia] qua ms. que] qua ms.

331

II 155

Ailleurs les chevaux du Soleil sont nommés autrement : « Éoüs rougeoie à ­laurore, Éthoüs pâlit, Pyroüs brûle, Philogée plonge dans la mer. »

II 156

Que postquam (« Celles-ci, après que… ») : Thétis est appelée déesse de la mer, elle repousse, dit-on, les barrières des chevaux du Soleil parce que le soleil semble sortir de la mer.

II 160

Euros (« ­lEurus »)]­Dabord les chevaux partent de ­lorient. ­LEurus est un vent qui vient de ­lorient.

II 161

Parce ­quils ­nétaient pas suffisamment chargés : ­cest pourquoi ­lauteur ­compare le char aux navires mal chargés qui voguent sur la mer de façon instable.

II 166

Cependant il faut noter que le soleil a quatre chevaux, mais que la lune ­nen a que deux, à cause des deux propriétés de la lune, la croissance et la décroissance.

332

II 166-168

Com cognoscerent bene quatuor equi Phebi quod Phebus non regeret illos, reliquerunt spacium sibi ­consuetum ; et dicuntur quadrioiugi quia quatuor erant ad unum iugum ligati.

166-169*

166 succutiturque : excutitur et ; alte : sursum ; inani : vacuo. 167 quem : currum ; simulat : postquam ; sensere : percepere ; ruunt : impetu vadunt. 168 quadrupedes : quadriugi ; spacium : ordinem ; nec quo prius : et non ordine ; currunt : currebant. 169 Ipsepavet : Pheton timet ; necqua : et non parte ; ­commissas : traditas ; habenas : lora.

II 170

Nesciebat Pheton quo deberet ire et ducere currum suum.

*170 qua sit : nescit ; iter : via ; sisciat : quamvis non ; illis : equis.

II 171

Tum primum : VII sunt stelle frigide, et dicuntur a terendo, quia terunt celum propter brevitatem circuli ; et dicitur secundum fabulam quod non habebant mergi in mari quia Iuno imperavit sic Thetidi, et sunt a parte septemtrionali, scilicet Maior Ursa et Minor Ursa.

171-172*

171 Tum : illo tempore ; gelidi : frigidi ; Triones : ille stelle. 172 vetito :illis ; frustra : invanum ; temptarunt : cupierunt.

II 173

Serpens que in duas Ursas dividitur, scilicet in parte septemtrionali, et tunc tumida propter calorem effundit venenum. Hic loquitur actor de illo serpente qui interfecit Carnobatem, regem Thesalie ; postea deificatus fuit et ita fuit signum celeste in parte septentrionali, et tunc frigidum ante accensionem currus et propterea ­combustio Phetontis fecit calidum.

333

II 166-168

Comme les quatre chevaux de Phébus sentaient bien que ce ­nétait pas Phébus qui les ­conduisait, ils quittèrent leur espace habituel : il est question de quadrige, parce que les quatre chevaux étaient attelés au même joug.

II 170

Phaéton ne savait pas où il devait aller et ­conduire son char.

II 171

Tum primum : (« Alors pour la première fois ») : il y a sept étoiles froides ; elles tiennent leur nom6 de terendo, « en frottant », parce ­quelles frottent le ciel à cause de la brièveté de leur course ; on dit, ­daprès la fable, ­quelles ne pouvaient plonger dans la mer, par ordre de Junon à Thétis ; elles sont du côté septentrional, il ­sagit de la Grande Ourse et de la Petite Ourse.

II 173

Serpens (« Le Serpent ») qui est divisé en deux Ourses, et se trouve donc du côté septentrional, était alors gonflé par la chaleur et répandit son venin. Ici ­lauteur parle de ce serpent qui tua le roi de Thessalie Charnabon7, puis fut déifié et devint un astre céleste du côté septentrional, qui donc était froid avant ­lascension du char et que la ­combustion de Phaéton rendit ensuite brûlant.

334

173-178*

173 -que : et ; polo : celo ; est glaciali proxima : ­coniuncta est posita frigido. 174 prius :ante illud tempus ; formidabilis : dubitabilis ; sed tamen effudit virus et sic fuit formidabilis, sed prius non erat, immo iras cepit calore ; ulli : homini. 175 incaluit : intus se caluit ; sumpsit : accepit ; -quenovas : illi primas ; fervoribus : calore. 176 quoque : certe ; turbatum : ­commotis ; memorant : dicit homines. 177 plaustra : currus. 178 Utvero : postquam certe ; terrasdespexit : desursum aspexit.

II 179

Desperatio Phetontis

Penitus penitusque : notat quod terra erat divisa longe de celo, et sic dicit penitus dupliciter.

179-180*

179 infelix : miser ; Pheton : proprium ; penitus : undique. 180 palluit : timuit ; subito : cito.

II 181

Quasi diceret : In claritate Solis tenebre sunt oborte in oculis ­Phetontis, quia minus lumen obfuscatur per maius lumen.

181* -queoculis : et suis ; per tantumlumen : propter superhabundanciam lucis ; oborte : nate.

II 182-184

Penituit Phebum et Phetontem accepisse equos quos non potest arregere. Iam vellet dici filius Meropis, qui erat pater Phetontis putativus, sed iure dixerat quod erat filius Phebi.

182-184*

182 iammallet : tunc primum melius vellet ; nonquam : non umquam ; paternos : patris. 183 cognosse : cognovisse ; genus : suum ; et valuisse : piget. 184 iam : tunc ; Meropis :illius presbiteri ; dici cupiens : filius ; fertur ut acta : geritur sicut agitata.

182-184 Meropis] Incropis ms. quod] quid ms. | 183* cognosse]cognoscems.

335

174 formidabilis (« redoutable ») : pourtant il répandit son venin et devint redoutable, mais il ne ­létait pas avant, au ­contraire ­cest en se réchauffant ­quil ­conçut de la colère.

II 179

Le désespoir de Phaéton

Penitus penitusque (« profondément, profondément ») : ces mots notent que la terre était très éloignée du ciel, ­cest pourquoi penitus (« profondément »)est répété deux fois.

II 181

Comme ­sil disait : « dans la lumière du soleil les ténèbres ­sélevèrent devant les yeux de Phaéton », parce ­quune lumière plus faible est obscurcie par une lumière plus forte.

II 182-184

Phébus se repentit, et Phaéton se repentit ­davoir pris les chevaux ­quil ne pouvait diriger8. Désormais il aimerait être appelé fils de Mérops, son père putatif, mais il avait dit à juste titre ­quil était le fils de Phébus.

336

II 185-186

Ferebatur Pheton sicut navis quam ducit Boreas, et dicitur precipiti quia ventus velox est, unde dicitur quod navita reliquitdiis, id est in dispositione ventorum deorum, et votis quia multum voverat.

185-186*

185 precipiti : cito ; Borea : vento ; cui : navi ; remisit : relaxavit. 186 rector : navita ; quamdiu : navim ; ventis : deis ; -que : et.

II 187-191

Dubius erat Pheton quid faceret, quia multam partem temporis et celi preterierat, petenda erat maior. Modo prospicit orientem, quem non poterat tangere, modo occasum, quem petiturus erat a longe, unde in tanto dubio positus stupuit, unde non poterat tenere equos nec sciebat nominare, et sic quasi stultus petierat currum.

[f. 64r]

187-192*

187 Quidfaciat : Pheton nescit ; multum : multam ; celi : partem. 188 oculos : suos ; plus :celi ; animo : suo. 189 modo : nunc ; fatum : licitum ; ­contingere : tangere. 190 prospicit : cernit ; occasus : occidens ; interdum : aliquando ; ortus : orientem. 191 ignarus : stultus ; remittit : relaxat. 192 nec : et non ; valet : potest ; novit : cognovit ; equorum : suorum.

II 193

Miracula  : videt monstra mirabilia de quibus mirabatur, et formas miraculosas et simulacra et feras, que omnia in celo depingebantur sicut finguntur quam plurima mirabilia deificari et in celo stellificari, unde dicit Sparsaque.

193-194*

193 Sparsaque : dispersa et ; vario : diverso ; passim : ­communiter ; miracula : videt. 194 vastarumque : magnarum et ; trepidus : tremens ; simulacra : †p…

187-191 petenda] petendo ms. prospicit orientem] # orientem ms. poterat ex pta (?) ms. | 193 Sparsaqueexser spaesaquems.

337

II 185-186

Phaéton était porté ­comme un navire poussé par Borée, qui est dit precipiti (« impétueux ») parce que ce vent est rapide, et ­lon dit que le marin reliquitdiis (« ­labandonne aux dieux »), ­cest-à-dire ­quil le livre à la disposition des dieux des vents, et aux prières, parce ­quil priait sans cesse.

II 187-191

Phaéton ne savait pas quoi faire parce ­quil avait traversé une grande partie du temps et du ciel ; il priait plus fort, regardant tantôt ­lorient, ­quil ne pouvait toucher, tantôt le couchant ­quil était loin ­datteindre : ­cest pourquoi, dans une position tellement incertaine, il était frappé de stupeur, et ne pouvait tenir les chevaux dont il ne savait pas le nom ; ainsi il avait demandé le char ­comme un sot.

[f. 64r]

II 193

Miracula (« des merveilles ») : Phaéton ­sétonnait de voir des monstres extraordinaires, des formes merveilleuses, des phénomènes, des bêtes sauvages, tout cela représenté dans le ciel ­comme on le raconte, en disant que la plupart des merveilles sont déifiées et stellifiées dans le ciel – ­cest pourquoi ­lauteur dit Sparsaque (« semées »).

338

II 195-197

Descriptio signi in quo erat Pheton quando cecidit

Monstrat actor que miracula vidit Pheton in celo et describit Scorpion et dicit quod flectit caudam suam versus brachia, et sic facit signum quod vocatur Libra vel signum quod vocatur Serpens. Et, ­com puer vidisset eum veneno tabidum, stupuit, et timore deseruit lora currus ; et sic stultus fuit, quia dixerat superius ei pater : Et fortius utere ­loris (127), et alibi : Corripe lora ­manu (145). Impetus (203) : impetuosa voluntas et sine lege vel ratione.

195-199*

195 locus : quidam ; geminos : binos ; ubi : in quo loco. 196 Scorpius : ille serpens ; utrinque : undique ; lacertis : brachiis. 197 porrigit : tendit ; duorum : quia Scorpius duo signa facit. 198 hunc : Scorpium ; madidum :madefactum. 199 vulnera : plagas ; imitantem : sequentem.

II 200

Gelida dicit quia propter formidinem et timorem sanguis fugit ab ore humano.

200* mentisinops : carens ­consilio ; gelida : frigida ; formidine : timore ; remisit : relaxavit.

II 201

Que postquam : ­com autem equi Solis cognovissent et sentissent lora super colla, admissi inceperunt fugere per loca sibi non ­competencia.

201-204*

201 Que : lora ; sensere : percepero. 202 expaciunt : extra spacium currunt ; nulloque : non ullo et ; inhibente : prohibente. 203 ignote : non cognite ; eunt : pergant ; quaque : parte. 204 hac : illa parte ; lege : iure ; ruunt : vadunt ; alto : summo ; ethere : celo.

II 205

Incursant stellis : frequenter transeunt et obviant et locis non debitis neque ­competentibus, modo iuxta terram, modo per devia loca.

195-197 vocatur1] vacatur ms.

339

II 195-197

Description de ­l astre où Phaéton se trouvait quand il tomba

­Lauteur montre que Phaéton voit des merveilles dans le ciel : il décrit le Scorpion et dit ­quil abaisse sa queue vers ses pinces ; il fait de même avec ­lastre appelé Balance ou avec le signe appelé Serpent. En le voyant infesté de venin, ­lenfant fut stupéfait et, de peur, il lâcha les rênes du char, ce qui était stupide car son père lui avait dit plus tôt : « Et fortius utere loris » (« Serre les rênes très fort ») et encore : « Corripe lora manu » (« Tiens les rênes serrées dans ta main »). Impetus (« ­lélan ») : le désir impétueux, sans règle ni raison.

II 200

Il dit Gelida (« gelées ») parce ­quà cause de ­leffroi et de la crainte le sang quitte le visage de ­lhomme.

II 201

Que postquam (« Lesquelles, après que ») : comme les chevaux du soleil avaient ­compris et senti les rênes sur leur nuque, ils ­commencèrent à ­senfuir dans des endroits qui ne leur ­convenaient pas.

II 205

Incursant stellis (« Ils ­sélancent ­jusquaux étoiles ») : souvent ils passent ­dun lieu à un autre, ­sécartent du chemin9, se retrouvent dans des endroits inappropriés, ­quils ne devraient pas fouler, tantôt tout près de la terre, tantôt dans des lieux détournés.

340

205-207*

205 incursant : currum ; rapiunt : rapiende ducunt ; currum : Solis. 206 modo : aliquando ; summa : summitates ; modo : aliquando ; per declivia : tortilia ; -que : et. 207 precipites : labiles ; propiore : proximo ; feruntur : ducuntur.

II 208

Luna stupuit tunc quod sol currebat sic infra, et dicit fraternos quia luna solet habere beneficium solis – inquam fratris – vel secundum fabulas Phebus et Diana fuerunt fratres, et peperit eos Latona. Dei dicuntur esse omnibus planetis, unde quidam dixit versus : « Inferior reliquis est luna planeta planetis / quare tartarea dicitur esse dea ».

208-209*

208 inferiusque : nimis infra et ; suis : equis ; fraternos : fratris sui, scilicet Phebi. 209 admiratur : stupet ; ambusta : undique usta.

II 210-211

Combustio terre a sole

Com sol portaretur iuxta terram, universa tellus propinqua usta fuit ; pro nimio calore fixa erat.

210-213*

210 Corripitur : accenditur ; ut : sicut ; queque : qulibet ; ardua : sullimis ; tellus : terra. 211 fixaque : lacerata et ; agit : facit ; succis : humoribus ; aret : sicatur ; ademptis : remotis. 212 canescunt : albent ; uritur : crematur. 213 -que : et ; prebet : dat ; seges : messis.

II 214

Quamvis Ovidius diceret quod segetes et herbe pereunt, dixit parva queror, quia in rei veritate urbes urebantur et gentes moriebantur pro calore, quia nomquam poterat saciari, unde versus : « Quatuor ut fantur sunt que nonquam saciantur. / Ignis et os vulve, pontus baratrixque vorago ».

208 solet] omni ms. inquam] numquam ms. dicuntur esse] esse ms. | 210-211 usta ex ista ms. | 214 Quamvis] quavis ms. quod] quo ms. pereunt] porent ms.

341

II 208

La lune fut stupéfaite alors de voir que le soleil courait ainsi au bas du ciel et il dit fraternos (« de son frère ») parce que la lune reçoit ­dhabitude les bienfaits du soleil – de son frère dit-il ; plus exactement les fables disent que Phébus et Diane étaient frère et sœur, enfants de Latone. On dit ­quils étaient les dieux de toutes les planètes, ­cest pourquoi ­quelquun a écrit ces vers : « La lune est une planète plus basse que toutes les autres, ­cest pourquoi on dit ­quelle est déesse des enfers. »

II 210-211

Incendie de la terre dû au soleil

Comme le soleil était ­conduit près de la terre, tous les sols ­quil approchait furent brûlés, et tout était figé par excès de chaleur.

II 214

­QuoiquOvide dise que les semences et les herbes périssaient, il ajoute Parva queror (« Je me plains de peu »), parce ­quen vérité les villes brûlaient, les gens mouraient à cause de la chaleur, qui jamais ne pouvait être apaisée, ­doù les vers : « Il y a quatre choses dont on dit ­quelles ne sont jamais apaisées : le feu, le sexe féminin, la mer, et le gouffre de ­labîme. »

342

214-216*

214 Parva : dicit Ovidius ; pereunt : cremantur. 215 -que : et ; incendia : ignes. 216 vertunt : mutant ; silve : arbores ; ardent : uruntur.

II 217-226

Nomina montium

Describit actor montes qui ­combusti fuerunt per calorem Solis quem male ducebat Pheton.

217-218*

217 Athos : mons ille ; Taurusque : mons est et ; Silex : mons ; Oete : mons est. 218 et tunc : in illo tempore ; prius : valde ; celeberrima : celebris ; fontibus : suis ; Yde : illa terra vel silva.

II 219

Helicon ] Elicon mons est nimphis sacratus et ibi habitant IX Muse que sapientiam hominibus administrant. Mons fuit in quo Orpheus recedit quando ­com lira sua traxit silvas. Ethna est mons qui semper ardet, sed tunc duplicati fuerunt ignes propter calorem solis.

219-220*

219 virgineus : virginibus sacratus ; Elicon : mons est ; nondum : non adhuc ; Oneneagus : ita dictus ; Hemus : mons. 220 ardet : uritur ; immensum : in altum ; geminatis : duplicatis.

II 221

Parnasus dicitur habere duo capita quia duo cacumina habet equalia.

*221 Parnasusque biceps : mons et duorum capitum ; Erox : mons ardet ; Chitus : mons ardet ; Otrix : mons ardet.

II 222-223

Rodope (222) mons est in Tracia ubi nives perpetue sunt, sed tunc caruit nivibus propter estum. Chiteron (223) mons est Bacho ­consecratus et est iuxta civitatem ubi Bachus colitur.

220* duplicatis] duplica ms. | 222-223 caruit nivibus] carminibus ms.

343

II 217-226

Les noms des montagnes

­Lauteur décrit les montagnes qui furent brûlées par la chaleur du soleil que Phaéton ­conduisait mal.

II 219

Helicon (­lHélicon)] Le mont Hélicon est ­consacré aux nymphes et habité par les neuf Muses qui donnent la sagesse aux hommes. Il y a un mont10 sur lequel Orphée se retira quand il attira les forêts avec sa lyre. ­LEtna est un mont qui brûle toujours, mais à ­lépoque les feux furent redoublés à cause de la chaleur du soleil.

II 221

On dit que le Parnasus (« Parnasse ») a deux têtes parce ­quil a deux sommets de même hauteur.

II 222-223

Rodope (« Le Rhodope ») est un mont de Thrace recouvert de neiges perpétuelles, mais à ce moment-là elles disparurent ­complètement à cause de la chaleur. Chiteron (« Le Cithéron ») est un mont ­consacré à Bacchus, proche de la cité où Bacchus est honoré11.

344

222-223*

222 tandem : tunc temporis ; Rodope : mons ardet. 223 Digdimaque : promontorium ardet ; Michale : mons ardet ; Chiteron : mons ardet.

II 224

Sicia est terra frigida a parte septentrionali, iuxta regionem frigidam.

224-225*

224 prosunt : proficiunt ; Sithie : terre illi ; Caucasus : mons ardet. 225Ossaque : mons ardet ; Pindo : monte ; Olimpus : mons ardet.

II 226

Alpes dicuntur alta petentes ; monge gallice.

Alpennius mons est qui videtur portare celum propter altitudinem.

226* Alpes : montes ardent ; Appenninus : mons ardet.

II 227-229

Com Pheton videret ab alto aere universum mundum accensum et in medio tanti caloris resideret, et videret currus suos incandescere et undique fumo involveretur, stupuit, quia nesciebat quo esset aut ubi deberet esse.

227-228*

227 Tum : tunc ; vero :certe ; Pheton : proprium ; cunctis : omnibus ; orbem : firmamentum. 228 aspicit : videt ; accensum : ustum ab igne ; nec : et non ; sustinet :ferre potest ; estus : caloris.

II 229-230

Non potuit pati tantum calorem quia spiritus ab ore suo exiens erat quasi spiritus fornacis ardentis.

229-230*

229 ferventes : calentes ; -queauras : et aspirationes ; velut : sicut. 230 -que suosincandescere : et intus candere ; sentit : percipit.

227-229 videret1] videt ms. | 229-230 erat] aut ms.

345

II 224

Sicia (« La Scythie ») est une terre froide septentrionale, près de la zone froide.

II 226

Alpes (« Les Alpes ») sont ainsi nommées parce ­quelles atteignent les hauteurs. En français « mont ».

Alpennius (« ­LAppenin ») est une montagne qui semble porter le ciel à cause de son altitude.

II 227-229

Comme Phaéton voyait du haut de ­lair que le monde entier était en feu, ­quil se trouvait au milieu de cette fournaise, que son char brûlait et ­quil était entouré de fumée de toutes parts, il fut frappé de stupeur, parce ­quil ne savait ni où il était ni où il aurait dû être.

II 229-230

Il ne put supporter une si grande chaleur parce que le souffle qui sortait de sa bouche était ­comme le souffle ­dun four brûlant.

346

II 231

Favillam : eiectatam vi ignis a rebus in terra ­combustis.

231-235*

231 neque : non ; iam : tunc ; eiectatamque : iactatum et. 232 ferre : pati ; -que : et ; involvitur : lustratur ; undique : ab utraque parte. 233 quoque : loco ; eat : vadat ; ubi : vel a loco ; picea : nigra ; caligine : obscuritate. 234 arbitrio : voluntate ; raptatur :ducitur. 235 tunc : in isto tempore ; credunt : gentes ; corpora : in ora ; notato :­concreto.

II 236

Ethiopum ] Homines dicunt quod tunc Ethiopes fuerunt facti nigri, quia sanguis exivit in superficie vultus sui et desicatus fuit in facie sua, et sic homines Ethiopie sunt nigri.

236* Ethiopum : illorum populorum ; nigrum : quia nigri sunt.

II 237

Libia est regio valde humida, sed tunc calore solis desiccata fuit, [f. 64v] unde nimphe illius regionis valde fleverunt, quia fontes neque lacus habuerunt.

237-241*

237 Libie : Sicia ; raptis : remotis ; estu : calore. 238 arida : sicca ; tum : tunc ; sparsis : dispersis ; fontesque lacusque :suos et suos et. 239 deflevere : valde ploravere ; ­comis : capillis ; querit : investigat ; Boecia : illa terra ; Dircem : illam fontem. 240 Argos : Grecia sit ; Hermionem : fontem ; Nephire : terra illa ; Phirenidos : illius fluvii. 241 Nec : et non ; distantes :discentes a longe ; ripas : suas.

II 242

Combustio fluviorum et fontium a Phetonte

Tuta manent ] Quia flumina non erant tuta in suis alveis quin siccarentur propter calorem solis.

236 superficie] superficie terre ms. sua ex suca ms. | 242 siccarentur] siccaretur ms.

347

II 231

favillam (« cendre chaude ») : rejetée par la violence du feu de tout ce qui brûlait sur la terre.

II 236

Ethiopum (« des Éthiopiens »]On dit que les Éthiopiens devinrent noirs à ce moment-là, parce que le sang quitta la surface de leur visage et fut asséché sur leur face ; ­cest ainsi que les hommes ­dÉthiopie sont noirs.

II 237

La Lybie est une région très humide, mais à ce moment-là elle fut desséchée par la chaleur du soleil, [f. 64v] ­cest pourquoi les nymphes de cette région versèrent des larmes abondantes, parce ­quelles ­navaient plus ni sources ni lacs.

II 242

Combustion des fleuves et des sources à cause de Phaéton

Tuta manent (« (ne) restent (pas) à ­labri »)] : parce que les fleuves ­nétaient pas à ­labri dans leur lit, au point de ne pas être asséchés à cause de la chaleur du soleil.

348

II 242-259

Nomina fluviorum

[1] Thanays est quidam fluvius qui claudit Asiam a parte septentrionali. Peneus dicitur pater Dane et senex est et tunc siccatus est propter calorem, quamvis frigidus esset antea. Caycus similiter fluvius est ubi cigni maxime habitant. Meander est fluvius flexuositates habens multas. Tenarius : Tenatris est vallis per quam decensus fit apud inferos. [2] Eufratesque est fluvius qui fluit per Babilonem civitatem. Ganges est fluvius qui habet harenas aureas, et ibi sunt lapides preciosi, et Tagus similiter, unde dicit aurum quod Tagus vehit (251), id est portat suo anne. [3] Quia Nilus habet VII rivulos. Hismarios (257), quia Hismari sunt loca Tracie. Et illa sors siccat Renum et Rodanum et Padum.

242-243*

242 tuta : secura ; manent : sunt ; Tanays : fluvius. 243 Peneus : fluvius ; Thesauneusque Caycus : a loco fluvius dictus et fluvius.

II 244

Hermione secundum quosdam fuit filia Agamenonis quam sachirus quidam insequtus fuit, sed miseratione deorum mutata fuit in fontem qui est in Grecia. Hismeneus (244) est fluvius valde celer et labilis. Erimantus (244) est fluvius Grecie vel mons.

244* celer : velox ; Ysmeneus : fluvius ; Phocaico : fluvius ; Erimantho : a Foca civitate.

II 245

Arsurusque iterum Xantus : Xantus est quidam fluvius qui currit per Troiam, unde tunc ardebat et postea arsurus erat iterum quando Troia destructa fuit.

242-259.1 senex] senix ms. tunc siccatus est ] tunc # ms. Caycus ex Caycus s ms. | 244* Erimanthoex Erimartho ms. | 245 erat ex est erat ms. iterum] iter ms.

349

II 242-259

Les noms des fleuves

[1] Le Tanaïs est un fleuve qui ferme ­lAsie du côté septentrional. On dit que le Pénée était le père de Daphné, un vieillard, qui fut alors asséché à cause de la chaleur, bien ­quil ait été froid auparavant. Le Caïque est aussi un fleuve, abondamment peuplé de cygnes. Le Méandre est un fleuve aux nombreuses sinuosités. Le fleuve de Ténare : Ténare est une vallée par laquelle on descend aux Enfers. [2] ­LEuphrate est un fleuve qui traverse la cité de Babylone. Le Gange est un fleuve aux plages dorées, où ­lon trouve des pierres précieuses, ­comme le Tage, ­cest pourquoi ­lauteur dit aurum quod Tagus vehit (« ­lor que le Tage transporte »), ­cest-à-dire porte dans son eau. [3] Parce que le Nil ­comprend sept bras. Hismarios (« ­dIsmarus ») parce que des lieux en Thrace portent le nom ­dIsmarus. Le même sort assèche le Rhin, le Rhône, le Pô.

II 244

Hermione, selon certains, était la fille ­dAgamemnon, ­quun satyre poursuivit, mais qui, par la miséricorde des dieux, fut changée en une source qui coule en Grèce. Hismeneus (« ­LIsménus ») est un fleuve très rapide et au fort courant. Erimantus (« ­LÉrymanthe ») est un fleuve ou un mont de Grèce.

II 245

Arsurusque iterum Xantus (« Le Xanthe qui devait brûler de nouveau ») : le Xanthe est un fleuve qui traverse Troie, qui brûlait à ce moment-là et qui devait brûler plus tard une seconde fois, quand Troie fut détruite.

350

245-251*

245 -que : et ; Xantus : fluvius ; flavusque : ­condidus et : Licormas : fluvius. 246 -que recurvatis : et iterum curvatis ; Meandem : fluvius. 247 Minconius : a loco dictus ; Melax : midonia civitas ; Tenarius : fluvius a Tenaria civitate ; Eurotas : fluvius. 248 arsit ; ustus fuit ; Eufrates : fluvius ; Babilonius : in Babilonia civitate ; Erinthes : fluvius. 249 Thermodonque : fluvius et ; citus : velox ; Gangesque : fluvius et ; Phasis : fluvius ; Luster : fluvius. 250 Estuat :calet ; Alpheus : fluvius ; rippe : illius terre. 251 vehit : portat ; anne : aque ; Tagus : fluvius ; ignibus : calore solis.

II 252

Meonia est regio in qua habitant cigni maxime et ibi cantant, et Cayster similiter fluvius in quo sunt assidue.

252-253*

252 et :queque. 253 volucres : aves ; Caystro ; fluvio.

II 254

Nilus est fluvius qui alio nomine vocatur Geon a ge, quod est terra, quia terram facit dimittere, unde dicitur amare terram, ita quod caput eius semper est absconditum.

254-258*

254 Nilus : fluvius ; extremum : ultimum ; orbem : mundum. 255 occuluitque : abscondidit et ; caput : suum ; adhuc : nunc ; hostia : introitus. 256 pulverulenta :plena pulvere ; flumine : aqua. 257 Sors : casus ; eadem : ille ; Hystuarios : illos populos ; Ebrum : flu(vium) ; Strimone : fluvius. 258 Hesperiosque : occidentales et ; amnes : aquas ; Renumque : flu(vium) ; Rodanumque : flu(vium) et ; Padumque : flu(vium) et.

II 259

Tibrim : Tibris est fluvius romanus. Commissa potencia dicit quia Roma super omnem mondum habet dominium.

259* -que : et ; ­commissa : tradita ; Tiberim : fluvium.

246*iterum] iter ms. | 247* civitas] cauta ms. | 252 regio] regia ms. | 254 qui alio nomine] quod alimonie ms. | 259 Roma] romana ms. omnem ex omnem n ms.

351

II 252

La Méonie est une région abondamment peuplée de cygnes chanteurs. Le Caÿstre est aussi un fleuve où les cygnes vivent fréquemment.

II 254

Nilus (« Le Nil ») est un fleuve qui est aussi appelé Geon de ge, la terre, parce ­quil morcelle la terre, ­cest pourquoi ­lon dit ­quil aime la terre, au point que sa tête y est toujours cachée.

II 259

Tibrim (« Le Tibre ») : le Tibre est un fleuve romain.Il dit ­commissa potencia (« puissance dévolue ») parce que Rome a le pouvoir sur le monde entier.

352

II 260

Dissilit omne quia propter viduationem humorum omnis terra tremuit et per motum terre rime facte fuerunt in terra et per illas urit lux apud inferos.

260-261*

260 Dissilit : quatitur ; omnesolum : omnis terra ; penetrat : vadit ; inTartara : in Infernum. 261 infernum :infernalem ; terret : terrificat ; ­com­coniuge : uxore Proserpina ; regem :Plutonem.

II 262

mare ­contrahitur ] Mare propter calorem abreviatum fuit.

262-263*

262 ­contrahitur : abreviatur ; -que : et ; campus :planicies. 263 quod : illud ; modo : nuper ; pontus : mare ; quosque : montes et : altum : profundum ; equor : mare.

II 264

Ciclades sunt insule rotunde iuxta terram. Ciclades sunt panni, unde versus : « Est Ciclas pannus, circumdat Ciclada pontus ».

264-268*

264 exiliunt : eminent ; Cicladas : insulas. 265 ima : inferiora ; equora : mare. 266 tollere : levare ; audent : ausi sunt ; delphines : pisces. 267 phocarum : piscium ; summo : profundo ; profundo :mari. 268 exanimata : fere mortuo ; quoque : certe ; Nerea : illum deum ; est :dicit.

II 269

Doris fuit secundum quosdam quedam regina que ­com filiabus suis mutata fuit in mare in deam marinam ; secundum alios Doris fuit quidam rex qui similiter precipitatus fuit in mari com prole sua, et sic fingitur fuisse deus marinus.

269* Dorida : illum deum vel deam ; natas : filias ; undis :aquis.

262 calorem] humorem ms. | 264 terram] mare ms. | 269 precipitatus] preciptatus ms.

353

II 260

Dissilit omne (« (Le sol) est tout craquelé »), parce que, vidée de toute humidité, la terre entière tremblait et ces mouvements de la terre creusèrent des fentes dans le sol, par lesquelles la lumière brûla ­jusquaux Enfers.

II 262

mare ­contrahitur (« la mer se resserre »] La mer fut rétrécie à cause de la chaleur.

II 264

Les Cyclades sont des îles rondes proches de la terre. Les Cyclades sont des lambeaux, ­doù le vers : « La Cyclade est un lambeau, la mer entoure la Cyclade ».

II 269

Doris était, selon certains, une reine qui fut avec ses filles (jetée) à la mer et changée en déesse marine ; selon ­dautres Doris était un roi qui de la même façon fut jeté dans la mer avec ses enfants, et on a inventé ­quil était un dieu marin.

354

II 270

Nepturnus, qui est maximus deus maris, ter vel multociens temptavit pati calorem, sed non potuit, unde tristis fuit.

270-271*

270 ter Neuptunus : tribus vicibus ; aquis : deus maris ; torvo : crudeli ; vultu : ore. 271 exerere : proferre, id est trahere ; ter : tribus vicibus ; tulit :passus fuit ; aerisignes : firmamenti calores.

II 272

In hoc loco describit actor quomodo tellus loquta fuit cum Iove propter quod non potuit pati calores solis. Dicitur tamen alma de alo-alis, quia nos alit rebus suis. Tellus a tollo-lis, quia per montes se tollit in altum.

272* Alma : sancta ; Tellus : terra ; ut : sicut ; ponto : mari.

II 273-283

[1] Dicit actor fabulose quod Pheton fuit filius Phebi et voluit ducere currum patris, sed non potuit, et ideo fulminatus fuit a Iove. Secundum allegoriam Phebus est idem quod splendor et interpretatur sapiens. [2] Pheton philius eius insipiens dicitur, unde nichil est aliud nisi quod incipiens voluit mancipare officium sapientis, sed non potuit, et tum fulminatus fuit a Iove, id est a summo deo, unde versus : « Phos lux dicetur et Pheton dicitur inde, / sic splendor Solis filius esse potest. / Phebus radium generat sapientia cuius / currum deducit, sed rudis arte cadit ». [3]Vixresolvo (282) genas meas loquendo, et, quia aliquis dubitaret quare non poterat loqui, solvit et dicit quia calor preserat (283) ora sua.

273-278*

273 pelagi : maris ; ­contractos : abreviatos ; undique : ab utraque parte. 274 qui se : fontes ; ­condiderant : abscondiderant ; in opace : obscure ; matris : terre. 275 sustulit : levavit ; omniferos : omnia ferentes ; collo : usque ad collum ; arida : sicca ; vultus : ora. 276 opposuitque : ­contra posuit et ; manum : suam ; fronti : sue ; -que : et. 277 omnia : que super illam erant ; succidit : vel sussedit ; infra : Inferno. 278 -que ita voce : et ut sequitur.

272 calores] colores ms. alit] alat ms. | 273-283.1 currum] cursum ms. | 273-283.2 tum] ­­com ms. rudis arte] rudit arto ms. | 274* in opace]inopatems.

355

II 270

Neptune, le plus grand dieu de la mer, essaya trois fois ou plus de supporter la chaleur, en vain, ­doù sa tristesse.

II 272

À cet endroit ­lauteur décrit ­comment la terre ­sadressa à Jupiter parce ­quelle ne pouvait supporter les chaleurs du soleil. Alma (« nourricière ») vient de alo-alis (« nourrir »), parce ­quelle nous nourrit de ses fruits. Tellus (« la Terre ») vient de tollo-lis (« élever »), parce que la terre, à travers les montagnes, ­sélève vers les hauteurs.

II 273-283

[1] ­Lauteur, dans la fable, raconte que Phaéton était le fils de Phébus, qui voulut ­conduire le char de son père, mais en fut incapable, et fut donc foudroyé par Jupiter. Selon ­lallégorie Phébus est ­léquivalent de la clarté, et on le ­comprend ­comme le sage. [2] Phaéton son fils figure ­lignorant, et il ­nest rien ­dautre ­quun ignorant qui voulut usurper la fonction de sage, sans en être capable, et fut finalement foudroyé par Jupiter, ­cest-à-dire par le dieu suprême, ­doù les vers : « Phos se dit “lumière”, et le nom de Phaéton vient de là, / car ­léclat peut être fils du soleil. / Phébus engendre le rayon par la sagesse dont il ­conduit le char, mais un art trop rudimentaire le fait tomber. » [3]Vixresolvo (« ­Jouvre avec peine… ») mes lèvres12 en parlant. Et, parce ­quon pourrait se demander pourquoi elle ne pouvait pas parler, ­lauteur répond et dit que la chaleur preserat (« avait ­comprimé ») sa bouche.

356

II 279-282

Loqutio Terre ad Iovem

Dicit Terra : O Iupiter, si placet quod ego meruerim penam habere per ignem, ego melius amarem perire tuo igne quam alieno quia, quanto a digniore mala dantur, tanto dulcius ­tolerantur.

279-283*

279 placet : placitum est ; hocmerui : bene ; quid :cur. 280 summe deum : Iuppiter summe rex ; Liceat : licitum sit ; periture : mihi ; ignis :fulminis. 281 igne : fulmine ; clademque : mortem meam ; actore : et te factore. 282 Vix :pene ; equidem : certe ; fauces : genas ; resolvo : quia vix loquor. 283 vapor : color ; ustos : crematos ; en : ecce ; aspice :vide ; -que : et.

[f. 65r]

II 285-286

Nomquid refers (286) mihi tantum honorem (285) et tantum fructum de fertilitate mea et de officio meo, quod tu crucias me ? Et ego tibi deservio et tu crucias me ; toto anno vulneror et ego modo uror. Dono animalibus frondes, hominibus segetes, deis thura ad sacrificandum, et, o Iupiter, quare modo crucior ?.

285-287*

285 Hosne : non quid ; mihi : das. 286 -querefers : et das ;quod : ideo ; vulnera : epiteton. 287 rastrorumque : vulnera et ; quod : ideo ; exerceor : uteror.

II 288

Micia dicit per respectum antiquorum, quod antiqui solebant vivere de glendibus et fructibus divinorum, sed Modo ponatur quod ego meruerim mortem, quid meruit Nepturnus frater tuus ? Quare desiccantur equora et sunt longe de celo ?. Quia, quanto magis minuuntur aque, tanto plus sunt elonge de celo.

285-286 segetes] segete ms. quare] et quare ms.

357

II 279-282

Paroles de la Terre à Jupiter

« Ô Jupiter, dit la Terre, ­sil te plaît que je mérite ­dêtre châtiée par le feu, je préfèrerais périr par ton feu que par celui ­dun autre parce que, plus les maux sont envoyés par un être supérieur, plus ils sont tolérés facilement. »

[f. 65r]

II 285-286

« Est-ce que refers (« tu ­maccordes ») si peu honorem (« ­dhonneur ») et de récompense pour ma fertilité et mes services que tu me tortures ? Je te sers et tu me tortures, je suis blessée toute ­lannée et maintenant je brûle, je donne aux animaux les feuillages, aux hommes les semences, aux dieux ­lencens pour les sacrifices et maintenant, ô Jupiter, pourquoi suis-je torturée ? »

II 288

Il dit Micia (« doux ») par respect pour les anciens, qui se nourrissaient de glands et des fruits des dieux ; mais il est écrit ensuite : « Admettons pourtant que jaie mérité la mort, ­qua mérité Neptune ton frère ? Pourquoi les plaines de la mer sont-elles asséchées, et éloignées du ciel ? ». Parce que, plus les eaux se retirent, plus elles sont éloignées du ciel.

358

288-292*

288 quod : ideo ; peccori : animalibus ; alimentaque : scilicet et ; mitia : pia ; fruges : messes do. 289 humano : hominibus ; vobis : o vos die ; quoque : similiter. 290 exicium : mortem ; quid : meruit. 291 frater : Nepturnus ; Cur : quare ; tradita : data ; sorte : per sortem. 292 equora : maria ; ethere : celo ; longuis : nimium longe.

II 293-294

Posito quod tu non fratris tui miserearis, miserere tui celi, quia uterque polus ­fumat, scilicet polus arthicus et polus antarticus fumat, id est oriens et occidens, et, si ­comburentur, vestra agalmata ruent. Et sic, si ego que sum terra, si frater qui est mare, si tu qui diceris celum corrumpamur, ducemur in chaos antiquum, in ­confusionem pristinam ; et ita, o Iupiter, debes unde succurrere rebus, dum tu ­potes.

293-295*

293 fratris : tui Neptu(ni) ; tangit : movet. 294 at : altem ; tui : o Iupiter ; circumspice : utrimque videas : utrimque : polus arthicus et polus antharticus fumant. 295 fumat : fumos dat ; imolaverit : ­combuxerit.

II 296

Athlas est mons sullimis, et dicitur portare celum propter sui magnitudinem.

296-299*

296 atria : tecta ; ruent : cadent ; Athlas : mons ; laborat : laborando uritur. 297 vix : pene ; cadentem : album, ab igne. 298 freta : maria ; regia : celum. 299 In Chaos antiquum : ­confusionem primam ; ­confundimur : ponimur ; eripe : id est libera ; flammis : ignibus.

II 300

Summe ­consule : Da ­consilium ­summe, id est universitati rerum.

300* quid : aliquid ; superest : remanet ; rex : mondanarum ; ­consule : da ­consilium ; summe : residue rerum.

293-294 tu non ] tu ms. | 295* ­­combuxerit] ­­combuxeris ms.

359

II 293-294

« Admettons que tu ­naies pas pitié de ton frère, prends pitié du ciel, parce que les deux pôles fument », le pôle arctique et le pôle antarctique, ­cest-à-dire ­lorient et ­loccident, fument, et « ­sils étaient brûlés, vos autels13 brûleraient. Et ainsi, si moi qui suis la terre, si ton frère qui est la mer, si toi qui es assimilé au ciel, nous sommes ­consumés, nous retournerons au chaos primitif, à la ­confusion première, et ainsi, ô Jupiter, tu dois porter secours aux choses, tant que tu le peux. »

II 296

Athlas (« Atlas ») est une montagne élevée. On dit ­quelle supporte le ciel à cause de sa hauteur.

II 300

Summe ­consule (« Prends soin de ­lunivers »), « prends des mesures pour ­lunivers », ­cest-à-dire pour la totalité des choses.

360

II 301

Ita loquta fuit tellus, ut superius ­continetur, ­com Iove de destructione sua, et plus non poterat pati calorem, unde posuit os suum in se et in antra propinquiora Manibus, id est infernalibus.

301-303*

301 Dixerat : ita locuta fuit ; Tellus : terra ; enim :certe ; tollerare : pati ; vaporem : calorem. 302 ulterius : plus ; nec : loqui ; plura : prolixiora ; -que : et. 303 retulit :abscondidit ; in se : in secretiores partes ; manibus : id est animalibus.

II 304

Iracondia Iovis

At pater : ita loquta fuit Terra ­com Iove, unde Iupiter iuravit per superos et per ipsum qui dederat currum, id est per Phebum, quod omnia erant moritura gravi infortunio nisi daret ille opem ­festinanter, unde, quamvis esset tristis, ascendit in summum celum. Sed ibi non invenit pluvias, quia sol desiccaverat, unde solummodo accepit fulmina que habuit et Phetontem fulminavit, et sic expulit illum pariter anima et rotis et sic fulmine calores ­compescuit.

304-312*

304 omnipotens : scilicet Iupiter ; ipsum : scilicet Phebum. 305 dederat : tribuit ; opem : axis ; ferat : det ; fato : morte. 306 interitura : moritura ; gravi : mala ; petit : scindit ; arcem : scilicet celestem. 309 neque : non ; terris dimittere : desuper mitteret ; nubes : nubila. 310 tunc : propter calorem ignis ; imbres : pluvias. 311 intonat : tonuit ; libratum : ­concussum. 312 inaurigam : ­contra Phetontem ; anima :vita.

II 313-314

Fulminatio Phetontis, id est laceratio currus

In ­contraria verso (314) dicit quia volebant et debebant ire in occidentem, et reversi sunt in orientem et totum currum solis laceraverunt et lora sua reliquerunt.

313-314 occidentem] orientem ms.

361

II 301

Ainsi, ­comme il est dit plus haut, la terre parla de sa destruction avec Jupiter. Et, ­comme elle ne pouvait plus supporter la chaleur, elle entra la tête en son sein, dans les antres proches du séjour des Mânes, ­cest-à-dire les Enfers.

II 304

Colère de Jupiter

At pater (« Alors le père ») : ainsi la terre parla avec Jupiter, et Jupiter jura par les dieux du ciel, et par celui qui avait donné le char, Phébus, que tout allait mourir par cette pénible infortune ­sil ­nusait rapidement de son pouvoir ; aussi, malgré sa tristesse, monta-t-il dans le ciel. Mais il ­ny trouva pas les pluies, parce que le sol était asséché. Il trouva seulement sa foudre, et la lança sur Phaéton : ainsi il le jeta en même temps hors du char et hors de la vie, et apaisa les chaleurs par la foudre.

II 313-314

Phaéton foudroyé : destruction du char

Il dit in ­contraria verso (« en sens ­contraire ») parce que les chevaux voulaient et devaient aller vers ­loccident, mais ils retournèrent vers ­lorient, et détruisirent ­complètement le char du soleil après avoir abandonné leurs rênes.

362

313-318*

313 sevis : crudelibus ; ignibus : fulminibus ; ignes : calores. 314 saltu in ­contraria verso :in ­contrarium salierunt propter sonitum fulminis. 315 iugo : suo ; excuciunt : movent ; abrutaque : lacerata et ; lora : frena ; relinquunt : finiunt. 316 illic : illa parte ; revulsus : remotus. 317 hacradii : parte iacent ; fractarum : laceratarum. 318 -que : et ; laceri ; lacerati : currus : solis.

II 319-324

Com percussus esset Pheton a fulmine Iovis, corruit e celo ad terram, unde sicut stella latus fuit que videtur cadere et non cadit. Tamen cecidit iste Pheton, et Eridanus fluvius illum excepit et lavit ora sua nigra pro fumo, et erat diversus, longicus a patria sua.

319* At : et ; rutilos : splendentes ; populante : vastante.

II 320

Longo dicit quod multum spacium est inter celum et terram.

320-321*

320 volvitur : ponitur ; preceps : cadencia ; -que : et ; tractu : motu. 321 fertur ; ducitur ; ut : sicut ; interdum : aliquando ; stella : sydus ; sereno : claro.

II 322

Hic tangit veritatem quia in veritate stella nomquam cecidit ; imo vapor, ascendens superius, inflammatur ab igne. Sed potest queri quare hoc fit, quod ignis descendit, cum sit talis quod semper debeat ascendere. Ad hoc dicendum est quod ignis sequitur materiam quam ­comburit, et potest videri de igne et stupis.

322-324*

322 que : stella ; si non : quamvis ; potuit : lapsa fuisse. 323 Quem : Phetonta ; procul : longe ; patria : sua ;maximus : valde magnus. 324 exipit : recepit ; Eridanus : fluvius ; fumancia : fumo plena ; abluit : lavat.

319-324 Com percussus] Compercussus ms. | 324* lavat] abluit ms.

363

II 319-324

Frappé par la foudre de Jupiter, Phaéton fut précipité du ciel vers la terre et transporté ­comme une étoile qui semble tomber et ne tombe pas. Mais Phaéton, lui, tomba vraiment et ­cest le fleuve Éridan14 qui le recueillit et lava son visage noirci par la fumée. Mais il était très éloigné de sa patrie.

II 320

Il dit longo (« long ») parce ­quil y a un grand espace entre le ciel et la terre.

II 322

Ce passage touche à la vérité, parce ­quen vérité une étoile ne tombe jamais ; ­cest une vapeur ascendante qui ­senflamme ; on peut se demander pour quelle raison ce phénomène se produit, que le feu descende alors que par nature il devrait toujours monter. À cela il faut répondre que le feu suit la matière qui brûle, ­comme on peut le voir pour les étoupes enflammées.

364

II 325

flamma trifida (325) dicit propter triplicem potestatem fulminis : nam flat, findit et urit.

*325 Naiades : nimphe ; Hesperie : occidentales ; trifida : findens tripliciter ; flamma : fulmine.

II 326-328

Fulminato Phetonte a Iove, Nimphe occidentales corpus eius intumulaverunt et titulum super tumulum eius posuerunt talem : « Pheton auriga currus patris hic iacet, et, quamvis non potuit regere, tamen ausus fuit usque a mortem ».

326-327*

326 dant : ponunt ; quoque : similiter ; carmine : titulo ; saxum : tumulum. 327 hicsitus : hoc loco ponitus ; currus : quadriga ; auriga : doctor ; paterni : Phebi.

II 328

Ausis dicit, quia tantum fuit audax quod per audaciam suam mortuus fuit ; et potest dici quod hec fuit presumptio, et declinatur hoc ausum, huius ausi.

328* quem : currum ; sinon :quamvis ; tenuit : bene rexit ; excidit : cecidit.

II 329

At pater : ita mortuus fuit Pheton, unde Phebus tristis ­condidit vultus suos et dicunt quod unus dies fuit sine sole.

329-331*

329 atpater : etiam Phebus ; adductos : coopertos ; miserabilis : miseratione dignus ; egro : tristi. 330 vultus : claritatem ; modo : in presenti ; unum : si debemus credere modo. 331 isse : preterisse ; ferunt : gentes dicunt ; incendia : flamma ; lumen : claritate.

326-328 titulum ex tutulum ms. | 328 declinatur] deliciantur ms. | 329* adductoscorr. inabductosalia manus

365

II 325

Il dit flamma trifida (« par une flamme aux trois pointes ») à cause du triple pouvoir de la foudre : elle fait fondre, elle fend, elle brûle.

II 326-328

Quand Phaéton fut foudroyé par Jupiter, les nymphes de ­loccident enterrèrent son corps et posèrent sur sa tombe ­linscription suivante : « Ci gît Phaéton, ­laurige du char de son père, ­quil ne pouvait maîtriser, mais ­quil osa pourtant ­conduire ­jusquà en mourir ».

II 328

Il dit ausis (« audaces ») parce que Phaéton fut audacieux ­jusquà en mourir ; on peut dire que ­cétait de la présomption. Le mot se décline (au nominatif) hoc ausum (« cette audace »), (et au génitif) huiusausi (« de cette audace »).

II 329

At pater (« Alors le père ») : ainsi Phaéton était mort, et de tristesse Phébus cacha son visage, et ­lon dit que toute la journée fut privée de soleil.

366

[f. 65v]

II 332

Bene possibile est quod una dies esset sine sole, quia incendia diei precedentis reddebant lumina. Usus aliqui, id est utilitas, quia per sullimationem Phetontis cessavit fulminatio tocius mondi.

332* prebebant : dabant ; -que : et ; usus : utilitas.

II 333

Com Clymene (333), tristis de morte filii sui, quam plurima mala dixisset, et more suo ­comas et sinus dilapidasset multamque partem mondi perlustrasset querendo ossa Phetontis, tandem ad ultimum repperit tumulum in quo ossa sepeliebantur, unde multum flevit.

333-336*

333 At : etiam ; Climene : mater Phetontis. 334 in tantis : quia multis ; lugubris : tristis luctu ; amens : sine mente. 335 laniata : dislacerata ; sinustotumpercensuit : vestes more dolentium lustravit ; orbem : mondum. 336 artus : membra : mox : ­consequenter : requirens : querens.

II 337

Primo querebat omnes artus, tamen invenit ossa, et, quamvis repperierat tamen ­condita, peregrina dicit quia Pheton orientalis erat ortu et in occidente sepultus erat, et sic peregrinus.

337-339*

337 repperit :invenit ; tamen : tantummodo ; peregrina : aliqua ; ­condita : cooperta. 338 incubuit : cubuit Climene ; marmore : de marmore. 339 perfudit : sparsit ; lacrimis : suis ; aperto : nudo ; fovit : nutrivit.

333 Clymene] Clicie ms.

367

[f. 65v]

II 332

Il est bien possible ­quil y ait eu un jour sans soleil, parce que la lumière était renvoyée par les incendies de la veille. Usus aliqui (« de quelque usage »), ­cest-à-dire « utilité », parce que ­lenlèvement de Phaéton fit cesser le foudroiement du monde entier.

II 333

Clymene (« Clymène »), affligée par la mort de son fils, avait proféré les plus grandes plaintes possibles, arraché ses cheveux et déchiré son sein en signe habituel de deuil ; elle avait exploré une grande partie du monde à la recherche des ossements de Phaéton, et finalement elle trouva la tombe dans laquelle ils avaient été ensevelis : alors elle versa ­dabondantes larmes.

II 337

Elle cherchait ­dabord tous les membres, finalement elle trouva les ossements, et, bien que finalement elle les ait découverts ensevelis, ­lauteur dit « étrangère » parce que Phaéton était issu ­dune terre orientale, mais était enseveli en occident, et ainsi il était étranger.

368

II 340-366

De mutatione Phetontiade in arbores

Eliades dicuntur sorores Phetontis et dicuntur ab Elyos, quod est sol vel claritas ; mutate fuerunt in arbores et nichil est aliud dictu nisi quod flores teneri beneficio solis et humoris. Crescunt in terra, unde versus : « Helyos Helyades nomen traxere sorores. / Sunt flores teneri sole parente sati ».

340-341*

340 Necminus : et nonquam Climene ; Eliades :sorores Phetontem plorant ; inania : vana. 341 munera : dona ; lacrimas : scilicet ; cese : percusse ; palmis : sinodoche figura.

II 342

[1] Moralitas totius fabule talis est : sicut sol, id est calor, et Climene, id est linpha, quando coeunt necesse est quod aliquid generent, et generant Phetonta, id est messes, unde, sicut Pheton ad sui gloriam exigit currum paternum, ita segetes ad sui maturitatem exigunt calorem solis, et, sicut Pheton a Iove fulminatus fuit, ita segetes a nimio calore suffocantur. [2] Sorores Phetontis sunt arbores, que similiter generantur ex calore et humore, que in estate dicuntur flere ; non tamen omnes, quia sunt quedam arbores iuxta Eridanum fluvium que in estate pro nimio calore scinduntur, de quorum rimis quoddam genus gommi in Eridanum fluvium defluit et frigore aque durescit in lapidem gommi electri.

342-343*

342 miseras : tristes ; querelas : questus. 343 nocte : per noctem ; -que vocant : et, id est iugiter ; asternunt : cadunt ; sepulcro : Phetontis.

II 344

Luna : ita Climene invenerat Phetonta et Elyades flebant de morte Phetontis, unde, ­com quartus mensis esset, ille voluerunt iterum lamentari propter mortem fratris sui, et, ­com lamentarentur, mutate fuerunt, ut ­continetur.

341* lacrimasexlacrimisms. | 342.1 linpha] ninpha ms. | 344 mensis] messis ms.

369

II 340-366

Métamorphoses en arbres des sœurs de Phaéton

Les Héliades, sœurs de Phaéton, tiennent leur nom ­dHélios, le soleil ou la clarté ; elles furent changées en arbres, ce qui revient seulement à dire en tendres fleurs sous ­leffet du soleil et de ­lhumidité. Elles croissent dans la terre, ­doù les vers : « Ses sœurs les Héliades tirent leur nom ­dHélios ; ce sont de tendres fleurs semées par leur père le soleil ».

II 342

[1] La moralité de ­lensemble de la fable est la suivante : ­comme le soleil, ­cest-à-dire la chaleur et Clymène, ­cest-à-dire ­leau, en ­sunissant génèrent nécessairement quelque chose, ils génèrent Phaéton, ­cest-à-dire les moissons ; aussi, ­comme Phaéton, pour acquérir de la gloire, demande le char paternel, ainsi les semences, arrivées à maturité, demandent la chaleur du soleil ; et ­comme Phaéton fut foudroyé par Jupiter, ainsi les semences sont étouffées par un excès de chaleur. [2] Les sœurs de Phaéton sont des arbres, qui de la même façon sont générés par la chaleur et ­lhumidité, et dont on dit ­quils pleurent en été – non pas tous les arbres, mais certains arbres proches du fleuve Éridan qui en été, sous ­lexcès de chaleur, se fendent ; de leurs fentes un genre de gomme coule dans le fleuve Éridan et, sous ­leffet du froid, durcit et devient la pierre de ­lambre.

II 344

Luna (« La lune ») : ainsi Clymène avait trouvé Phaéton et les Héliades pleuraient la mort de Phaéton ; aussi, ­comme on était au quatrième mois, elles voulurent reprendre leurs plaintes sur la mort de leur frère ; ­comme elles se plaignaient, elles furent métamorphosées, ­comme le texte le raconte.

370

344-362*

344 Lunaquarter : quartus erat mensis ; implerat : impleverat ; orbem : rotunditatem. 345 ille : sorores ; morem : ­consuetudinem ; usus : suus. 346 plangorem : verberamen ; E quis : quis ; Phetusa : proprium ; sororum : Phetontis. 347 vellet : cuperet ; precumbere : cubare. 348 diriguisse : rigidos fuisse ; quam : Phetusam. 349 candida : pulchra ; Laspecie : proprium ; subita : subito veniente ; retenta : capta est. 350 tercia : soror ; crinem : capillos ; laniare : rumpere. 351 avellit : removet ; frondes : ramos ; crura : sua. 352 illa : altera ; longos : magnos. 353 ea : alia ; miratur : stupet ; ­complectitur : nectit ; inguina : interior ; cortex : arborum. 354 -que gradus : pedes serpit ; uterum : ventrem ; pectus : serpit per ; umeros : serpit ; -que manus : et palmas. 355 ambit : lustrat vel serpit ; extabant : remanebant ; tantum : modo ; ora vocantia : vultus vel clamancia ; matrem : Climenem. 356 faciat : debet facere ; mater : Climene ; quo : eo ; trahat : ducat ; impetus : voluntas impetuosa. 357 eat : vadat ; atque : et ; illuc : alia parte ; licet : licitum est ; oscula : basia. 358 Non : sufficit ; satis : illi ; troncis : de ; corpora : filiarum ; temptat : cupit. 359 teneros : noviter factos ; manibus : suis ; arrumpit : lacerat ; inde : a ramis. 360 sanguinee : sanguinolente ; manant : stillant ; tamquam : quasi ; corpore : vivente. 361 precor : ego ; mater : o ; saucia : vulnerate ; clamat : a remotione ramorum. 362 parce : iterum ; precor : ego ; laceratur : dissipatur ; arbore : quia mutate sumus.

II 363-364

Et sic universe mutabantur sorores paulatim

Com sorores Phetontis, filie Climenes, invocarent mortem suam, mater erat in dubio quo iret, quia videbat filias suas mutari in arbores ; et utrobique volebat ire et osculari, sed non sibi sufficiebat ; immo volebat ramos ­com manibus lacerare, unde clamabant dicentes quod in arboribus ita dilacerabantur, sicut erant vive, et ita dixerunt : Vale, matri, et mutate fuerunt tote, unde adhuc eletra stillant de ramis illarum arborum.

345* morem]moramms. | 355* lustrat] lustra ms. | 360* sanguinolente] sanguinolent ms. | 361* remotione] romotione ms. | 363-364 Climenes] Climeneus ms. volebat] volat ms. sed] unde ms. erant] erat ms.

371

II 363-364

Et ainsi toutes les sœurs étaient changées peu à peu

Comme les sœurs de Phaéton, filles de Clymène, appelaient la mort, leur mère ne savait où aller, parce ­quelle voyait ses filles se changer en arbres ; elle voulait aller de ­lune à ­lautre et les embrasser, mais cela ne lui suffisait pas : elle tentait alors ­darracher les branches de ses mains, mais les Héliades criaient en lui disant ­quelles étaient déchirées sous leur forme ­darbres, car elles étaient vivantes ; elles lui dirent : « Au revoir, mère », et furent totalement métamorphosées. ­Aujourdhui encore ­lambre coule des branches de ces arbres.

372

363-366*

363 Iamque : dicta ; vale : salute ; novissima :ultima. 364 Inde : ab illis ; fluunt : stillant : rigescunt ; rigida sunt. 365 que : electra ; amnis : fluvius. 366 excipit : capit ; gestanda : portanda.

II 367

De mutatione cigni

Cignus (367) fuit filius Stellenes sororis Climenes, et sic fuit cognatus Phetontis a parte matris, et, quamvis esse cognatus, tantum proprior fuit mente quam alio genere, quia valde doluit de morte sua.

II 367-372

[ 1] Affuit (367) : ita sorores Phetontis mutate fuerant in arbores ; modo ­consequitur actor de mutatione Cigni, regis Ligurum, qui secundum fabulas mutatus fuit in avem nominis sui. Tamen moralitas talis est : Ligures populi sunt inter montes positi, ubi in estate solis calorem non potest ventus temperare, unde homines illius terre non possunt pati calorem illius terre nisi nudi sint. [2] In estate aliquo anno Cignus igitur, rex Ligurum, cognatus Phetontis ex parte matris, id est ex parte humanitatis, et ab ea ortum trahens, minime calorem potest pati. Mutatur in cignum, id est ad modum cigni aquatici se balneans aqua, calore se protegit, vel ille se tantum balneavit quod mortuus fuit, et sic fingitur mutari in cignum.

367-372*

367 Affuit : venit ; monstro : miraculo ; proles : filius. 368 materno : matris ; sanguine : a genere ; iunctus : propinquus. 369 propior : ­coniuntior ; Pheton : o tu. 370 nam : quia ; Ligurum : populorum illorum ; rexerat : gubernaverat. 371 imperio : iussu ; virides : propter delectationem ; -que : et ; querelis : questibus. 372 silvam : nemus ; sororibus : Phetontis ; aptam : mutatis ­congruam.

II 373-377

Tangit modum mutationis cigni, quomodo primo a parte vocis, preterea a parte capitis et per ­consequens a parte aliorum membrorum mutatus fuit.

364* rigida] ridida ms. | 367-372.1 sint ex sunt sint ms. | 367-372.2 matris] mris ms.

373

II 367

Métamorphose de Cygnus

Cignus (« Cygnus ») était le fils de Sthénélé15, la sœur de Clymène : il était donc le cousin de Phaéton du côté de sa mère ; bien ­quétant seulement son cousin, il était plus proche de lui par ­lesprit que par un autre lien, et il souffrit vivement de sa mort.

II 367-372

[ 1] Affuit (« Assista ») : ainsi les sœurs de Phaéton avaient été changées en arbres ; ensuite ­lauteur enchaîne sur la métamorphose de Cygnus, roi des Ligures, qui, selon les fables, fut changé en un oiseau qui porte son nom. Cependant la moralité est la suivante : les Ligures sont des peuples qui habitent dans les montagnes, ­cest pourquoi en été le vent ne peut modérer la chaleur du soleil ; aussi les hommes de cette terre ne peuvent-ils supporter la chaleur de la région ­sils ne sont pas nus. [2] ­Lété ­dune certaine année donc, Cygnus, roi des Ligures, cousin de Phaéton du côté de sa mère, ­cest-à-dire du côté de ­lhumanité, et tirant ­delle son origine, supporta très mal la chaleur : il fut changé en cygne, ­cest-à-dire ­quil se protégea de la chaleur en se baignant à la manière du cygne aquatique, ou se baigna si longtemps ­quil mourut et ­lon inventa ­quil fut changé en cygne.

II 373-377

­Lauteur traite du processus de métamorphose du cygne, décrivant ­comment il fut changé ­dabord du point de vue de la voix, puis du point de vue de la tête et ensuite du point de vue des autres membres.

374

373-377*

373 vox : sermo lugubris ; tenuata : minuta ; viro : cigno ; caneque : candide et. 374 dissimulant : tegunt, fulgunt ; -que : et ; longe : de longe. 375 porrigitur : extenditur ; digitos : suos ; ligat : iungit ; rubentes : rubeos. 376 pena : pluma ; velat : tegit ; tenet : capit ; acumine : quia latum. 377 est nova : mutatus est in cignum ; nec : et non ; celoque : aeri et ; -que : et.

II 378

Iniuste dicit secundum voluntatem Cigni et propter quod non potuit ducere equos fortiores illo neque similiter Iuppiter posset ducere.

378* credit : tradit ; ut : quasi ; iniuste : sine causa ; missi : dati ; ignis : fulminis.

[f. 66r]

II 379-380

Quasi diceret : Quid dicerem per singula nominando partes mutationis ?. Totus renovatus fuit in avem sui nominis, unde, quia memor fuit mortis Phetontis cognati sui, noluit se tradere celo neque aeri, imo elegit flumina que totaliter sunt opposita flamme.

379-380*

379 stagna petit : aquas semper habitat ; patulos : patentes. 380 que : flumina ; elegit ­contraria : quia ignis et aqua ­contraria sunt.

II 381

Ita fulminatus fuit Pheton et Eliades mutate et cignus in avem. Interea : dum hec fierent, Phebus scallidus.

381* Scallidus : obscurus ; genitor : Phebus ; expers : sine parte.

II 382

Decoris : hic ponitur abusive, quia in hoc loco idem est quod pulcritudinis, non honoris, secundum istos versus : « Hunc homines decorant quem vestimenta decorant », unde Phebus oscurus fuit, quasi esset in eclipsi. Lamentationes quam plurimas fecit et ad ultimum dixit quod de cetero non deserviret mondo.

379-380 mutationis] munitionis ms. sui] fui ms. | 381mutate ex mutatus ms. fierent] fieret ms. | 382 deserviret] deseraret ms.

375

II 378

Il dit Iniuste (« injustement ») selon le souhait de Cygnus et parce que Phaéton ne put ­conduire les chevaux plus forts que lui : même Jupiter ­naurait pas pu les ­conduire.

[f. 66r]

II 379-380

­Cest ­comme ­sil disait : « Que dirais-je en nommant une par une les étapes de la métamorphose ? ». Il fut totalement recréé en un oiseau qui porte son nom et, ­comme il se souvenait de la mort de Phaéton son cousin, il ne voulut se ­confier ni au ciel ni à ­lair, mais choisit les fleuves qui sont ­lexact opposé de la flamme.

380 elegit ­contraria (« il choisit les ­contraires ») : parce que le feu et ­leau sont ­contraires.

II 381

Ainsi Phaéton fut foudroyé, les Héliades métamorphosées, et Cygnus changé en oiseau. Interea (« Pendant ce temps ») : tandis que cela se passait, Phébus était scallidus (« terni »).

II 382

Decoris (« de ­léclat ») : le terme est employé abusivement, parce ­quà cet endroit il a le sens de « beauté », et non celui ­d« honneur », selon ce vers : « Les hommes donnent de ­léclat à celui ­quils parent de vêtements éclatants ». Donc Phébus fut obscurci, ­comme lors ­dune éclipse ; il exhala le plus grand nombre de plaintes et à la fin, il dit que dorénavant il ne serait plus au service du monde.

376

382-385*

382 ipse : pater ; decoris : pulcritudinis ; qualis ­com deficit orbi : fuit talis qualis est ­com patitur eclipsim. 383 -que : et ; -que : odit ; -que : odit. 384 dat : dispensat ; animam : vitam ; luctus : lacrimis ; adicit : addit. 385 -que :et ; negat : vetat ; inquit : dixit : ab evi : a principio evi mei.

II 386-393

De lamentatione Phebi pro Phetonte

Quasi diceret : A principio etatis mee fui sine requie et nonquam cessavi laborem pati, sed piget me quod tantum laboravi quia inde ulla remuneratio respondet ­mihi ; et hec sunt verba Phebi.

386-387*

386 sorsmea : meus casus ; inrequieta : sine requie ; pigetque : me. 387 actorum : preteritorum ; sinefine : et factorum ; sinehonore : quia honor mihi non impenditur.

II 388-390

Quilibet. Dicit Phebus : Ego nolo amplius ducere currum ; accipiat alter deus currum, quia amplius non ducam, si posset aliquis ­facere. Responderunt dei quod non possent ducere, unde Phebus dixit : Ipse agat (390). Non nominat causam indignationis, Iovem, quia iratus erat erga illum.

388-390*

388 Quilibet : aliquis ; agat : ducat. 389 sinemo : si sit aliquis qui possit facere ; fatentur : dicunt. 390 ipse : Iupiter ; agat : ducat ; ut : quod ; tentat :frequenter tenet.

II 391

Patres dicit et non patrem, quia, licet ullus patrum adhuc esset orbatus nisi Phebus, Iupiter deponeret fulmen, quia, si portaret fulmina, si vellet currum regere, pariter oporteret quod ­combureretur, et ita Saturnus, qui est pater Iovis, fieret orbatus sicut Phebus, et propter hoc dicit patres et non patrem.

382* ­­com2] et ms. | 386-393 fui] sui ms. | 388-390 nolo] volo ms. | 391 orbatus1] orbus ms. fulmina] fulmina quia ms. ­combureretur] ­­concureretur ms.

377

382 qualis ­com deficit orbi (tel que ­lorsquil fait défaut à la terre) : il était tel ­quil est ­lorsquil subit une éclipse.

II 386-393

Plainte de Phébus pour Phaéton

­Cest ­comme ­sil disait : « depuis le début de ma vie je ­nai pas ­connu le repos, je ­nai jamais cessé de supporter le labeur ; je suis fatigué ­davoir tant travaillé sans ­quaucune récompense ne ­men soit jamais venue. ». Telles étaient les paroles de Phébus.

II 388-390

Quilibet (« Quiconque »). Phébus dit : « Je ne veux plus ­conduire le char ; ­quun autre dieu le prenne, si ­quelquun peut le faire, car je ne le ­conduirai plus ». Les dieux répondent ­quils ne pourraient pas le ­conduire, alors Phébus dit : Ipse agat (« ­Quil le ­conduise lui-même »). Il ne nomme pas le responsable de son indignation, Jupiter, parce ­quil était en colère ­contre lui.

II 391

Il dit patres (« les pères ») et non « le père » parce que, ­quoiquaucun père ­nait encore été privé de ses enfants sauf Phébus, Jupiter devrait abandonner la foudre : ­sil portait la foudre, tout en ­conduisant le char, il faudrait aussi ­quil fût brûlé, et ainsi Saturne, le père de Jupiter, serait privé de son fils ­comme Phébus. ­Cest pourquoi il dit patres (« les pères ») et non « le père ».

378

391-393*

391 ponat : deponat. 392 Tunc : quando duxerit ; ignipedum :habentium ignem pedibus. 393 necem ; mortem ; qui : illum ; illos : equos.

II 394

Ita loqutus fuit Phebus per iurgia, et, ­com ita diceret, omnes dei lustraverunt illum orantes ne plus doleret, sed iterum daret lucem. Iupiter, maxime dolens, exoravit illum supplicando et minas precibus addidit, quasi rex et potens super omnes deos : « Estque rogare ducum species violenta imprecandi / et quasi nudato supplicat ense potens ».

394-395*

394 Talia : supradicta ; circomtant : lustrant ; omina : omnes dei ; Solem : Phebum. 395 neve : quod non ; inducere : dare.

II 396-397

Com Iupiter minas addideret Phebo, Phebus accepit equos, et, quia iratus erat, verbera plurima illis dedit, quia dicebat : Vos filium meum ­occidistis.

396-400*

396 supplice : suplicante ; rogant : precantur ; quod : similiter ; ignes : fulmina. 397 precibusque : suis et ; regaliter : quasi rex. 398 Colligit : iterum capit ; amentes : vecordes ; terrore paventes : ignis et tonitrus timentes. 399 stimulo : stimulando ; verbere sevit :id est irascitur. 400 Sevit : repetit ut addat ; -que obiectat ; et obictat.

II 401-403

Quomodo Iupiter circumivit celum videns ne caderet

Ita Phebus currum et equos collegerat. At pater (401) : Iupiter, volens investigare, quasi bonus rector, ne celum corrumperetur, totum celum lustravit, et, ­com illud vidisset firmum, prospexit labores hominum ; tamen maxime curavit de Archadia sua, sibi sacrata, et illa nutritus fuit et similiter Calisto, quam defloravit. Postea, et dum ibi pluries iret, vidit Calistonem quam amavit.

394 dei] die ms. imprecandi] impenti(?) ms. | 396-397 addideret] addidiscet ms. filium] cibum ms. | 400* obiectatexobectatms.

379

II 394

Ainsi Phébus parlait en ­semportant et, pendant ­quil parlait, tous les dieux lui rendirent visite en le priant de ne plus ­saffliger, mais de redonner la lumière. Jupiter, très affligé lui-même, le supplia instamment et aux prières ajouta des menaces, en souverain puissant sur tous les dieux. « ­Cest le propre des chefs de prier avec de violentes imprécations et le puissant supplie ­comme en tirant son épée du fourreau ».

II 396-397

Comme Jupiter employait la menace ­contre Phébus, celui-ci saisit les chevaux, non sans leur donner dans sa colère plusieurs coups de fouet, en leur disant : « Vous avez tué mon fils ».

II 401-403

Comment Jupiter fit le tour du ciel en vérifiant ­qu il ne tomberait pas

Ainsi Phébus avait rassemblé son char et ses chevaux. At pater (« Alors le père »), Jupiter, voulant vérifier, en bon souverain, si le ciel ­nétait pas abîmé, visita ­lensemble du ciel et, ayant ­constaté ­quil était solide, ­soccupa des peines des hommes ; cependant il ­sintéressa surtout à sa chère Arcadie, qui lui était ­consacrée et par laquelle il avait été nourri, et en même temps à Callisto, ­quil déflora. Ensuite (en effet), ­comme il était allé plusieurs fois en Arcadie, il vit Callisto ­quil aima.

380

401-403*

401 omnipotens : Iupiter ; ingentia : magna. 402 circuit : lustrat ; et ne quid : quod non aliquid ; ignis : fulminis. 403 corruat : cadat ; explorat : inquirit ; que : menia.

I 404

Hominumque labores : id est homines laborantes ; endiadis.

404-405*

404* roboris : fortitudinis ; videt : prospicit. 405 prospicit : cernit ; Archadie : illius terre ; impensior : curiosior ; illi : Iovi.

II 406

nondum ] Adhuc non erant flumina ausa labi pro timore caloris, que Iupiter iussit iterum labi.

406-408*

406 cura : quia illi colitur ; fontes : restituit ; etnondum : non adhuc ; labi : fluere. 407 restituit : reformavit ; gramina : herbas ; frondes : dat. 408 lesasque : ab igne et ; revirescere : iterum virescere ; silvas : nemora.

381

II 404

Hominumque labores (« Les peines des hommes ») : ­cest-à-dire les hommes en peine, ­cest un hendiadys.

II 406

nondum (« pas encore »)]Les fleuves ­navaient pas encore osé couler par peur de la chaleur : Jupiter leur ordonna de recommencer à couler.

382

II 409-440

Amor Iovis et Calistonis

[1] Fabula que hic tangitur talis est : ­com Iupiter post ignes Phetontis celum lustraret et multociens iret cavendo ne aliquid caderet, vidit Calistonem, nimpham Archadie, quam adamavit, et, quia virgo erat, non potuit habere quin mutaretur, unde in specie Dyane se mutavit et, ­com iam medius esset dies, illa pro venatione ­fessa in nemore corpus inclinavit, unde putavit videre Dyanam, quamvis esset Iupiter in specie Dyane. Et ad ultimum Iupiter ­com illa ­concubuit, unde Iuno, irata, descendit de celo et per capillos illam sumpsit et ad ultimum in ursam mutavit et, quia Archas prius natus erat, ideo doluit Iuno. [2] Com autem quadam die Archas iret in venationem, accidit quod invenit matrem suam, unde illa bene cognovit illum, sed non e ­contrario. Voluit autem puer matrem occidere, sed Iupiter noluit, imo puerum cum matre malo levavit et sidera fecit vicina. [3] Hoc autem videns, Iuno multum doluit et iurgia quam plurima dixit et postea ad deos marinos venit poscens ne ille stelle, in celo per stuprum posite, reciperentur ; quod audientes dei marini verbis suis acquieverunt vel non recipere Septentriones in mari suo.

II 409-416

Dum redit (409) : ibi est quedam figura, que dicitur histeroproteron, que dicitur ab histeron, quod est ordo, et proteron, quod est variatio, vel posteratio, quia prius est ire, postea redire, quam e ­contrario. Non erat – specificat actor – de operatione virginis Calistonis : « Edificamentum non est in amore potentum ; / gratia magnatum nescit habere statum ». Gratior (416), quasi diceret : « aliqua non ibat in hunc montem venatum que esset gracior hac Diane ».

409-416*

409 Dum redit : quando revertitur ; -que : et ; frequens : frequenter ; virgine : id est in Calistone ; Nonacrina : aloe dicta. 410 hesit : per amorem ; accepti : sumpti ; caluere : calorem sumpsere ; ignes : amores. 411 opus : operatio ; molire : parare ; trahendo : pectine. 412 nec positas­comas : ­compositos capillos ; cuifibula :­contache gallice. 413 cohercebat : tenebat ; lege : ordine. 414 modo : aliquando ; manu : sumpserat ; modo : aliquando. 415 Phebes : Dyane ; Menalon : illum montem ; attigit : ­contigit ; ulla : venatrix. 416 gracior : vel grata ; hac : Calistone ; Trivie : Dyane.

383

II 409-440

Amour de Jupiter et Callisto

[1] La fable dont il est question ici est la suivante : ­comme Jupiter, après ­lincendie provoqué par Phaéton, visitait le ciel et faisait de multiples voyages en prenant garde que rien ne tombât, il vit Callisto, une nymphe ­dArcadie, ­quil aima ; parce ­quelle était vierge, il ne pouvait la posséder sans se transformer : aussi prit-il ­laspect de Diane ; ­comme il était déjà midi, Callisto, fatiguée de chasser, ­sallongea dans le bois ; elle pensa donc ­quelle voyait Diane, mais ­cétait Jupiter sous les traits de Diane. Et finalement Jupiter coucha avec elle ; alors Junon, irritée, descendit du ciel, attrapa la nymphe par les cheveux, et enfin la transforma en ourse ; mais auparavant Arcas était né, ­doù la douleur de Junon. [2] Alors ­quun jour Arcas allait chasser, il tomba par malheur sur sa mère ; celle-ci le reconnut bien, mais lui non. Il voulut alors tuer sa mère, mais Jupiter ­sy opposa : il soulagea du malheur le fils en même temps que la mère, et fit ­deux des étoiles voisines. [3] Voyant cela, Junon en ­conçut une colère extrême, déversa le plus ­dinvectives possibles, et finalement vint trouver les dieux marins en leur demandant de ne pas accueillir ces étoiles, placées honteusement dans le ciel : les dieux marins, entendant ses paroles, accédèrent à ses souhaits et ­naccueillirent pas dans leurs eaux les étoiles de ­lOurse.

II 409-416

Dum redit (« En revenant ») : ­cest ici une figure ­quon appelle hystero-proteron, ainsi nommée de hysteron, qui désigne ­l« ordre », et proteron, qui est la « variation », ou « ce qui vient ensuite », parce ­qu« aller » est antérieur, « revenir » postérieur, plutôt que le ­contraire. Cela ne ­concerne pas – ­lauteur le spécifie – les actions de la vierge Callisto. « On ne peut ­construire solidement sur ­lamour des puissants car la grâce des grands ne ­connaît pas la stabilité. » Gratior (« Plus chère »), en ­dautres termes : « aucune de celles qui allaient chasser sur cette montagne ­nétait plus chère à Diane que Callisto ».

384

II 417-426

[ 1] Ulterius spacium :ibi facit actor topographiam describendo tempus quo ­concubuit Iupiter ­com Calistone, quia, ­con videret illam, adamavit, et secom dixit ista : Certe mea ­coniunx non sciet istud furtum ­com ­ista, et, si rescierit (424), ita quod licet rescierit sit una dicio, vel rescierit, id est rei veritate scierit. Si vere scierit, debeone timere tantum iurgia sua ?, quasi diceret : ­Non, et, ­com hoc dixisset, accepit ­cultum Dyane atque formam et loqutus fuit ­com illa, ut in textu ­continetur. [2]Pars (426) proprio dicitur mediotas tocius, unde dicit pars, quasi diceret :Te ­adamo, quasi medietatem omnem sociarum mearum.

II 417-428*

417 Ulterius : plus ultra. 418 ­com subit : quando intravit ; quod : venus ; ceciderat : leserat ; etas : in ulla etate lesus fuerat. 419 exuit : spoliavit ; hic :in illo nemore ; lentosque : flexibiles et. 420 -que : et ; solo : terra. 421 pictam :picturatam ; posito : imposito ; pharetram : suam ; cervice : capite. 422 ut : postquam ; vidit­fessam : illam propter venationem societate. 423 furtum : latrocinium ; ­coniunx :scilicet Iuno ; inquit : dixit. 424 recierit : iterum scierit ; iurgia : litigationes ; tanti : precii. 425 Protinus induitur : ex quo ita dixit ; faciem : similitudinem ; Diane : illius dee. 426 atque : et ; ait : dixit ; ­comitum : sociarum ; pars :existens. 427 cespite : blesta ; virgo : Calisto. 428 levat : surrexit ; numine : o deitas ; indice : existente.

II 429-431

Mutatio Iovis in Dyanam

[f. 66v]

Quia Deus omnia audit et videt bene, quamvis ita dixisset, Iupiter risit ; bene pro gaudio risit et basia sibi ­contribuit non virginalia, imo luxuriosa valde. Tandem demonstravit quod cupiit, et, ­con vellet dicere quo fuerat, ita stricte amplexatus fuit illam quod non potuit.

426-431*

429 ipse : Iupiter ; licet : quamvis ; Ridet : ipse Iupiter ;audit : quia Perseus. 430 et sibi : ipsi ; oscula : basia ; iungit : dat. 431 non : nec ; moderata : modum ; nec : et non ; sic : ut ; virgine : dabat.

417-426.1 sciet] scies ms. rescierit2] rescierint ms. | 429-431tit. Dyanam] Dyana ms.

385

II 417-426

[ 1] Ulterius spacium (« Au plus haut … ­lespace ») : ici ­lauteur dresse une topographie en décrivant le moment où Jupiter coucha avec Callisto, parce que, en la voyant, il ­laima, et se dit : « Certes ma femme ne ­connaîtra pas cet adultère avec Callisto », et, si rescierit (« si elle ­lapprenait »), donc autant dire : elle peut bien rescierit (« ­lapprendre »), ou re-scierit, « si elle le savait en réalité ». « Si elle le savait vraiment, est-ce que je dois craindre tellement ses iurgia (« reproches ») ? », en ­dautres termes : « Non » et, après avoir dit cela, il prit la manière et la figure de Diane et ­sadressa à Callisto, ­comme il est écrit dans le texte. [2]Pars (« Une partie »), ­cest-à-dire proprement la moitié de tout, aussi dit-il « une partie », ­comme ­sil disait : « Je ­taime », « tu représentes la moitié de toute ma ­compagnie ».

II 429-431

Jupiter prend les traits de Diane

[f. 66v]

Parce que Dieu entend et voit tout clairement, ­quoiquelle eût dit ces mots, Jupiter se mit à rire : il rit bien sûr pour la joie ­quil éprouvait et lui donna des baisers qui ­navaient rien de virginaux mais étaient pleins de luxure ; finalement il montra ­quil la désirait et, ­comme elle voulait lui dire où elle avait été, il ­lembrassa si fermement ­quelle ne put parler.

386

II 432

[1] Moralitas talis est. Caliste fuit venatrix. Fuit etiam virgo, unde tantum vacabat alicui bono quod non curabat de stupro et Venere, imo semper aliquid boni faciebat iuxta dictum sapientis : « Semper aliquid boni facito ne te dyabolus inveniat occiosum ». [2] Sed tamen Iupiter, qui est planeta calidus, illam defloravit, quia ad ultimum per falsum predicatorem viciata fuit, unde dicitur quod per Iovem, quia mutatum in specie Dyane, quia falsus predicator pro bono serens et alliciens, secundario malo corrumpens. Et sic imprenata fuit a Iove, quia ab introitu sapientis specie generavit Archada, quia filium, unde dicitur mutari in ursam, quia tantum penituit quod faciem suam denigravit exarando et per ienunium pulcritudinem devastavit. [3] Archas filius suus voluit illam occidere, quia dolens quod adulter erat ; tamen noluit, quia Iupiter – Deus – prohibuit ne aliquis matri noceret, unde, penitencia facta, ambos celo coronavit. Sic potest dici de qualibet virgine.

I 433

[1] Rei veritas potest esse talis : Iupiter rex crecensis Calistonem adamavit virginem et in quodam nemore, ubi habitabat, illam devirginavit invitam ; et Archada genuit. Iuno – dicitur dea partus, scilicet aer inferior – ipsam mutavit in ursam, quia tantum post deflorationem turpis fuit quod universi qui videbant putabant quod ursa propter turpitudinem erat. [2] Archas, filius eius, tantum dolens quod spurius vocabatur, voluit matrem occidere, sed Iupiter, id est deus vel timor patris sui, prohibuit. Ad ultimum partem regni sui illi dedit.

432-433*

432 venata : fugaverat ; silva : nemore ; narrare : dicere ; parantem : volentem. 433 impedit : detinet ; amplexu : nexu ; prodit : demonstrat.

II 434

Illa quidem : in quanta virtute qua potuit, pugnavit ; ad ultimum devicta, vim passa est, unde, si Iuno presencialiter vidisset, non eam ita severe mutavisset, unde, ­com corrupta fuisset, incipit fugere et pene oblita fuit pharetram suam, et cetera.

432.2 calidus] calida ms. secundario ex secundadrio ms. | 433.1 putabant quod2] quod2ms. | 433.2 dedit] dedit partem regni ms. | 434 severe] seve ms.

387

II 432

[1] La morale est la suivante : Callisto était une chasseresse. Elle était vierge, et ­consacrait uniquement son temps à de bonnes actions, ­puisquelle ne ­sintéressait pas au stupre ni à Vénus, mais faisait toujours quelque chose de bien, selon le mot du sage : « Fais toujours quelque chose de bien pour que le Diable ne te trouve pas oisif ». [2] Mais Jupiter, qui est une planète chaude, la déflora, parce ­quà la fin elle fut corrompue par un faux prédicateur, ­cest pourquoi ­lon dit que ce fut par Jupiter, qui avait pris ­lapparence de Diane, parce que le faux prédicateur sème et attire à soi en ­contrefaisant le bon prêcheur, mais corrompt ensuite par le mal ; et ainsi elle fut fécondée par Jupiter, ­cest-à-dire que, sous couvert de ­larrivée ­dun sage, elle enfanta Arcas, son fils, puis on dit ­quelle fut changée en ourse, parce ­quelle fit tellement pénitence que son visage devint noir à force ­dêtre déchiré, et ­quelle détruisit sa beauté à force de jeûner. [3] Arcas son fils voulut la tuer, parce ­quil souffrait de la savoir adultère ; mais il ne le fit pas, parce que Jupiter – Dieu – interdit à quiconque de tuer sa mère ; aussi, après ­quils eurent fait pénitence, il les couronna tous deux dans le ciel ; ­cest ce ­quon peut dire de ­nimporte quelle vierge.

II 433

[1] La vérité peut être la suivante : Jupiter roi de Crète aima la vierge Callisto et la déflora malgré elle dans un bois où elle habitait ; elle enfanta Arcas. Junon – qui est dite déesse de ­lenfantement, ­cest-à-dire ­lair inférieur – la changea en ourse, parce ­quelle fut tellement laide après son viol que tous ceux qui la voyaient la prenaient pour une ourse à cause de sa laideur. [2] Son fils Arcas, tellement malheureux ­dêtre appelé bâtard, voulut tuer sa mère ; mais Jupiter, ­cest-à-dire Dieu ou la crainte de son père, ­len empêcha ; à la fin il lui donna une partie de son royaume.

II 434

Illa quidem (« Elle cependant ») : elle se débattit de toutes ses forces ; finalement vaincue, elle fut violée. ­Cest pourquoi, si Junon avait assisté à la scène en personne, elle ne ­laurait pas métamorphosée aussi cruellement. Une fois souillée, elle se mit à fuir, et oublia son carquois, etc.

388

434-440*

434 Illa :Calisto ; quidem : certe ; ­contra : pugnat ; quantum : tantum ; modo ; tunc ; posset : certare. 435 aspiceres : dicit actor ; utinam :vellem ; Saturnia : Iuno quod ; micior : videres. 436 quidem : pugnat ; sed : Iove ; superare : vincere ; puella : certe nulla vel nullus posset Iovem superare. 437 quisve : homo vel ; Iovem : certe ; poterat : nullus ; victor : ille Iupiter. 438 huic :Calistoni ; nemus : silva. 439 inde : ab illo loco ; referens : reducens ; pene : fere ; pharetram : suam. 440 tollere : capere ; telis : vinculis ; suspenderat : sursum pependerat.

II 441-448

Ita corrupta fuit Calisto. Com autem corrupta fuisset, venit Dyana, et, ­com vidisset eam quam diligebat, vocavit, et, ­com vocaret, illa fugit, quia timebat ne esset Iupiter qui prius eam deverginaverat ; tandem cognovit quod non erat quia vidit socias suas ­com Dyana incedentes. ­Heu, dicit actor, et dat generalem sentenciam de quolibet peccatore, unde quicquid mens celat, facies rubicunda revelat, et quia sciebat ita se ­culpabilem, dicit vix oculos (448), et cetera.

441-450*

441 ­comitata : lustrata ; choro Ditina : societate Dyana ; altum : sullimen. 442 Menalon : montem ; ingreditur : intrat. 443 aspicit : videt ; hanc : Calistonem ; vocat : appellat ; clamata : advocata ; refugit : retro vadit. 444 primo : primitus ; illa : Dyana, quia in specie Dyane illam deceperat. 445 nimphas : socias ; incedere : pergere. 446 sensit : percepit ; -queaccessit : et appropinquavit. 447 quam : quantam ; difficile : grave ; crimen : ­culpam ; prodere : monstrare ; vultu : in ore. 448 Vix : pene ; attollit : levat ; humo : terra ; nec : et non ; ut : sicut. 449 Iuncta : propinqua ; dee : Dyane ; -que : et ; nec : non ; toto : pro ; agmine : ­consorcio. 450 silet : tacet ; lesi : violati ; pudoris : castitatis.

438* silva] sibia ms. | 441-448 tandem] tantem ms. mens] mons ms. | 441* lustrata] lustata ms. | 450* tacet] catem ms. violati] violari ms.

389

II 441-448

Ainsi Callisto fut violée. Après le viol, Diane arriva et, voyant celle ­quelle aimait, elle ­lappela ; mais ­comme elle ­lappelait, celle-ci ­senfuit, craignant que ce ne fût Jupiter qui ­lavait auparavant dépucelée ; finalement elle reconnut que ce ­nétait pas lui en voyant ses ­compagnes qui marchaient auprès de Diane. « Hélas », dit ­lauteur, et il délivre une sentence générale sur ­nimporte quel criminel, qui, quoi que son esprit dissimule, révèle son crime par la rougeur de son visage : parce ­quelle se savait coupable, ­lauteur écrit vix oculos « à peine ses yeux, etc. ».

444 illa (« celle-ci ») : Diane, parce ­quil ­lavait trompée en prenant les traits de Diane.

390

II 451-452

Quasi dicit : Si Dyana cognovisset motum carnis, bene cognovisset ipsam esse ­culpabilem quia quedam virgo non agnoscit – scito – votum alterius, unde nimphe nulle signis ­preceperunt.

451-452*

451 quod : ideo ; virgo : casta ; sentire : percipere. 452 ­culpam : peccatum ; nimphe : socie ; sensisse : percepisse ; feruntur : dicuntur.

II 453

Orbe resurgebant, et cetera. Novem menses iamque advenerant post deflorationem Calistonis quia luna in quolibet mense implet rotonditatem suam, et ita tempus pariendi prope aderat Calistoni, unde Dyana intravit silvam et venit ad fontem et iussit quod omnes nimphe expoliarent, unde Callisto timuit, et tamen ad ultimum socie expoliaverunt illam, et, ­com hoc dixisset, Trivia iussit discedere de suo agmine, et recessit.

453-459*

453 Orbe : rotunditate ; resuregbant : patebant ; lunaria : lune. 454 Dea : Dyana ; fraternis : solis fratris sui. 455 nacta : intrata ; gelidum : frigidum nemore. 456 ibat : distillabat ; versabat : tornabat. 457 ­contigit : tetigit. 458 hiis : undis ; quoque : certes ; procul : longe ; ait : dixit ; arbiter : demonstrator iudex. 459 superfusis : superiactatis ; limphis : aquis.

II 460

Parrasis : de Parrasia regione, id est Calisto. Erubuit : quia rubere est signum pudoris.

460-465*

460 Parrasis : Calisto ; erubuit : pudorem habuit ; cuncte : socie ; velamina : vestes ; ponunt : de removent. 461 una : illa sola ; dubitanti : illi ; adempta : id est remota. 462 quaposita : veste deposita ; nudo : nudato ; patuit : manifestum fuit ; crimen : quia patuit quod prenans erat. 463 Attonite : illi stupefacte ; manibus : ­com suis ; uterum : ventrem ; celare : tegere. 464 iprocul : vade longe ; nec : et non ; sacros : sacratos. 465 Cincia : Dyana ; que : et ; secederecetu : discedere societate.

453 post ex propter post ms.

391

II 451-452

En ­dautres termes : « Si Diane avait ­connu les passions de la chair, elle aurait bien perçu la ­culpabilité de Callisto, parce ­quune vierge ne reconnaît pas – sache-le – le désir ­dun autre, donc aucune nymphe ne peut en percevoir les signes16. »

II 453

Orbe resurgebant (« Par le cercle resurgissaient »), etc. Neuf mois avaient déjà passé après le viol de Callisto, parce que la lune chaque mois redevient pleinement ronde, et ainsi le temps ­denfanter approchait pour Callisto. Diane entra dans la forêt, vint ­jusquà la source, et ordonna à toutes les nymphes de se dévêtir. Alors Callisto eut peur, mais à la fin ses ­compagnes la dévêtirent. Après ces paroles17 Diane lui ordonna de quitter sa troupe, et Callisto ­sen alla.

II 460

Parrasis (« La Parrhasienne ») : de la région de Parrhasie, ­cest-à-dire Callisto18. Erubuit (« Elle rougit ») : parce que rougir est un signe de honte.

462 Crimen (« Sa faute ») : parce ­quil fut évident ­quelle était enceinte.

392

II 466

Senserat : Iuno, regina deorum, bene vidit deflorationem Calistonis per Iovem, sed tamen ipsa noluit tam cito ulcisci ; imo distulit penam suam et iram ad tempus ­competens, unde tempore adacto incepit iurgiare et Calistonem ­comviciari et ad ultimum illam per capillos accepit et mutavit illam in ursam.

466-467*

466 Senserat : preceperat ; hoc : stuprum ; olim : ­condam ; tonantis : Iovis. 467 ydonea : ­competentia.

II 468

Duplex fuit causa doloris, scilicet quod Iupiter illam defloravit et quod Archas natus fuit.

468-469*

468 more : sue ; iam puer Archas : quia natus fuit Archas propter istud. 469 indoluit : valde doluit ; Iuno : quia.

II 470-475

Quomodo Iuno litigavit cum Calistone

[f. 67r]

Impugne (474) :sine pena. Imo punita eris quia ego tibi removebo pulchritudinem quia placuisti nostro ­marito.

470-477*

470 Quo : facto ; simul : postquam. 471 scilicet : certe ; restabat : deficiebat ; adultera : prava. 472 ut : quod ; feconda : plena ; fores : esses ; fieret : esset ; partu : quia per partum tuum manifesta est luxuria mei mariti, scilicet Iovis. 473 nota : cognita ; testatum : testificatum. 474 Haud : non ; impugne : sine pena. 475 qua : figura ; tibi : places ; quave : figura vel ; importuna : o prava ; marito :scilicet Iovi. 476 Dixit : ita loquta est Iuno. 477 stravit : iecit ; pronam : inclinatam ; tendebat :illa Calisto.

471* adulteraexadulteramms. | 474 Haudexhancms.

393

II 466

Senserat (« Elle avait appris ») : Junon, reine des dieux, vit bien que Callisto avait été violée par Jupiter, mais elle ne voulut pourtant pas se venger aussi vite, au ­contraire elle remit la peine et sa colère au moment opportun ; le temps venu, elle ­commença à injurier Callisto ; finalement elle ­lattrapa par les cheveux et la transforma en ourse.

II 468

La cause de sa douleur était double : Jupiter ­lavait violée, et Arcas était né.

II 470-475

Comment Junon se disputa avec Callisto

[f. 67r]

Impugne (« Impunément ») : sans châtiment. « Tu seras punie parce que je ­tenlèverai la beauté par laquelle tu as plu à mon mari ».

472 partu (« Par ton enfantement ») : parce que par ton enfantement la luxure de mon mari, Jupiter, est rendu évidente.

394

II 478-479

Hic tangit mutationem Calistonis

Nigris dicit propter vituperationem illius et propter proprietatem urse et manus ceperecurvari propter modum pedis urse, unde ora fuere deformia (481) deorsum a propria forma.

478-479*

478 ceperunt : inceperunt ; vilis : pilis. 479 curvarique : ceperunt et ; manus : sue ; aduncos :curvatos.

II 480

Quia Iupiter ora laudaverat et propter pulcritudinem adamaverat, et sic dicit laudataque quondam.

480-483*

480 officio : servicio ; fungi : uti ; -quequondam : et quondam. 481 ora : ceperunt ; deformia : turpia ; ritu : per ritum. 482 Neve : quod non ; animos : Iovis ; precantia : Calistonis. 483 posse : loquela ; eripitur : removetur ; voxiracondaminaxque : sua plena ire, plena minarum et.

II 481-484

De mutatione Calistonis in ursam

Nolebat Iuno quod preces Calistonis flecterent animum Iovis et propter hoc quod removerentur sibi verba ­constituit. Vox etiam sua fuit valde turpis, et tamen, ad maiorem dolorem illi atribuendum, mens antiqua (485) sibi remansit.

484-488*

484 -que : et ; terroris : timoris ; fertur :educitur. 485 Mens : cogitatio ; manet : remanet ; quoque : certe ; mansit : re(mansit). 486 gemitu : quia gemitus ; testata : dat. 487 qualesque : tales manus ; tollit : levat. 488 ingratumque : non gratum et ; nequat : non possit ; ­comdicere : quamvis ; sentit : percipit.

478-479tit. Calistonis] Calistonis servicio ms. | 479* curvatos] curvato ms. | 480 pulcritudinem] pulcritudine ms. | 481-484 animum Iovis] Iovis ms. remansit ex remansis ms.

395

II 478-479

Ici il traite de la métamorphose de Callisto

Il dit nigris (« noirs ») à cause des reproches de Junon et à cause de la caractéristique de ­lourse. manus ceperecurvari (« Ses mains ­commencèrent à se recourber ») à cause de la forme de la patte de ­lourse ; sa bouche était deformia (« déformée ») vers le bas par rapport à sa forme propre.

II 480

Parce que Jupiter avait loué sa bouche et ­lavait aimée pour sa beauté et ainsi il dit laudataque quondam (« naguère admirée »).

II 481-484

Métamorphose de Callisto en ourse

Junon ne voulait pas que les prières de Callisto pussent fléchir Jupiter et à cause de cela elle décida que la parole lui serait enlevée. En effet sa voix fut tout à fait horrible et pourtant, pour lui infliger une douleurplus grande, mens antiqua (« son ancien esprit ») lui resta.

396

II 489

[ 1] A quotiens timuit Calisto requiescere in nemore. Multociens ivit in campis antiquitus suis. Multociens latratibus canum acta fuit per saxa. Sepe fugit metu venantum, quamvis fuisset venatrix, et sepe timuit feras, quamvis illa maxime esset fera. Multociens timuit ursos, quamvis esset ursa. Multociens timuit lupos, quamvis pater suus esset lupus. [2] Ibi solet ferri obiectio : quamvis pater esset in illis (495). Pater, scilicet Lichaon, non erat in illis. Probatio : ante diluvium mutatus fuit in lupum et ita fuit submersus, quia omnia destructa fuerunt. Ergo non erat Lichaon in numero luporum. [3] Ad hoc dicendum est quod iste mutationes facte fuerunt ante diluvium, vel sic et melius, quia duo dicti fuerunt, Lichaon et unus ante diluvium. De isto non loquitur. Alius post diluvium pessimus sicut primus, et de isto loquitur quia pater fuit Calistonis.

489-495*

489 Ha : dicit actor ; quiescere : ­commorari ; silva :nemus. 490 domum : suam ; quondam : aliquo tempore ; erravit : ivit ; agris : campis. 491 Heu quociens : dicit actor ex parte sua ; latratibus : vocibus ; acta : agitata. 492 venatrixque : illa quondam et ; metu : timore ; fugit : vadit. 493 Sepe : multociens ; oblita : quia non recolebat ; esset : se feram. 494 ursaque : illa existens ; ­conspectos : visos ; horruit : timuit. 495 pertimuit : perfecte timuit ; pater esset : suus, scilicet Lichaon.

II 496-497

Quomodo Archas vidit matrem

[1] Ita timebat Calisto universa silvestria et fugiebat, et, ­com ita fugeret, ecce Licahonie (496) Archas, proles (496) Calistonis, de genere Lichaonis, quia nepos, venit ignara (496) – dicit –, quia non cognoscebat quod esset mater sua, et iamque quindecim annos. Dicit natalibus (497) quia quolibet anno celebrabatur nativitas istius Archadis, unde feras sequebatur et rethiis suis silvas Herimantidos (499), pro Herimanti illius montis. Sillabica est abiectio ; pro primitiva derivativum.

496-497tit. Archas] Lichion ms. | 496-497.1 feras ex fereas ms. primitiva] primitura ms.

397

II 489

[ 1] A quotiens (« Ah, ­combien de fois ») Callisto eut peur de se reposer dans le bois. De nombreuses fois elle alla dans les plaines qui autrefois étaient les siennes. De nombreuses fois, les aboiements des ­chiens la repoussèrent dans les rochers. Souvent elle ­senfuit par crainte des chasseurs, elle qui avait été chasseresse, et souvent elle eut peur des bêtes sauvages, elle qui était la plus sauvage. Bien des fois elle eut peur des ours, alors ­quelle était une ourse. Bien des fois elle eut peur des loups, alors que son père était un loup. [2] Ici on fait ­dhabitude une objection : quamvis pater esset in illis (« alors que son père était un loup »), mais son père, Lycaon, ­nétait pas parmi eux. Preuve : il avait été changé en loup avant le déluge et il fut donc submergé, parce que tout fut détruit. Donc Lycaon ­nétait pas au nombre des loups. [3] À cela il faut répondre que ces métamorphoses eurent lieu avant le déluge ou que (encore mieux) deux personnages portèrent le nom de Lycaon et un seul vécut avant le déluge. Ce ­nest pas de lui ­quil est question. ­Cest de ­lautre, celui ­daprès le déluge, pire que le premier, ­quil est question, et ­cest de lui ­quon parle parce ­quil était le père de Callisto.

II 496-497

Comment Arcas tomba sur sa mère

[1] Ainsi Callisto craignait toutes les créatures des bois et ­senfuyait et, ­comme elle fuyait, voici que le fils de Licahonie (« la Lycaonnienne »), Arcas, proles (« ­lenfant ») de Callisto, de la famille de Lycaon donc, ­puisquil était son petit-fils, arriva ignara (« en toute ignorance »), dit-il, parce ­quil ne savait pas qui était sa mère ; il avait déjà quinze ans. Il dit natalibus (« depuis sa naissance ») parce ­quon célébrait chaque année la naissance de cet Arcas. Il suivait les bêtes sauvages à la trace et (entourait) de ses filets les forêts Herimantidos (« de ­lÉrymanthe ») (pour Herimanti, du mont Érymanthe : il y a la chute ­dune syllabe. ­Cest le dérivé à la place du mot primitif).

398

[2] Et, quom ita quereret, matrem invenit, unde illa similis fuit cognoscenti quia bene cognovit filium suum et sine fine illum respexit, sed, ­com hoc videret, Archas fugit. Tandem matrem voluit occidere, sed Iupiter prohibuit et tam matrem quam filium sublevavit et sydera fecit in celo ­coniuncta.

496-505*

496 Ecce Lichaonie : de genere Lichaonis ; parentis : matris, scilicet Calistonis. 497 Archas : proprium ; ter quinque : quindecim ; natalibus : a nativitate sua. 498 dumque : quando et ; dumsaltus : quando laudes ; aptos : ­congruos. 499 -que : et ; plagis : rechiis ; Erimantidos : illius montis ; ambit : lustrat. 500 incidit : insuper venit ; matrem :Calistonem ; que : mater ; restitit : stetit ; Archade : filio suo. 501 cognoscenti : quasi cognosceret ; Ille : Archas ; refugit : retro fugit. 502 immotosque : non motos et. 503 nescius : stultus ; proprius : plus prope ; fugit : victat. 504 vulnifico : vulnus faciente ; pectora : matris sue ; telo : Calistonis. 505 arguit : prohibuit ; omnipotens :Iupiter ; pariterque : superius et ; ipsosque : Archas et Caliston ; nephasque : factumque.

II 506

Inania : aer dicitur inane quia hic et hec inanis, et hoc inane est, id est vanum ; et hoc est propter similitudinem, quia percutite aera, nihil percucietis, et sic inane est.

506-507*

506 sustulit : sublevavit ; celeri : cito ; inania : aera. 507 imposuit : misit ; vicina : propinqua ; sydera : stellas.

II 508-517

De mutatione Archadis et Calistonis

[ 1] Intumuit Iuno (508) : ita deificata fuit Calisto cum filio suo, unde Iuno doluit quia pelex sua erat ; et dicitur pelex a pello-lis, quia parvam curam pellit, vel dicitur de pellicio-cis, quod est accipio-pis. Movit (510), quia propter reverentiam deorum marinorum alii dei multociens moti fuerunt. Infit (511) vel inquit : verbum defectivum non plus invenitur, id est dixit.

496-497.2 quereret] queeret ms. | 506 id est vanum ] id est # ms. | 508-517.1 pellicio] peliceo ms. verbum ex verbis ms.

399

[2] Et, ­comme il chassait ainsi, il tomba sur sa mère, qui sembla le « reconnaître » : en effet elle reconnut bien son fils et le regarda longuement. Mais, voyant cela, Arcas ­senfuit. Finalement il voulut tuer sa mère, mais Jupiter ­len empêcha et enleva la mère aussi bien que le fils pour en faire des étoiles unies dans le ciel.

II 506

Inania (« Dans le vide ») : ­lair est dit inane, « vide » (inanis est la forme de masculin et de féminin et inane est le neutre), ­cest-à-dire vanum, « vain » : ­cest à cause de la ressemblance, parce que si ­lon frappe ­lair, on ne frappe rien, donc ­cest du vide.

II 508-517

Métamorphose ­d Arcas et de Callisto

[ 1] Intumuit Iuno (« Junon ­senfla de colère ») : Callisto fut donc déifiée avec son fils, ce qui provoqua la douleur de Junon parce ­quelle était sa rivale (pellex) – le mot pellex vient de pello-lis (« repousser ») parce ­quelle repousse les petits soucis, ou de pellicio-cis (« séduire »), ­cest-à-dire accipio-pis (« accueillir »). Movit (« émut »), parce que le respect des dieux marins a souvent empli ­démotion les autres dieux. Infit (« elle ­commence »), ou « dit-elle » : infit est un verbe défectif qui ne ­semploie plus, et signifie « il dit ».

400

[2]Queritis ethereis (512) : hec sunt verba Iunonis ad deos marinos. Altera (513), quia Calisto noviter deificata fuit, que tenet celum pro ­me. Mentior (514), id est mendax ­sum : ironice loquitur. Com nox ­confecerit (514) : id est quando nox advenerit, quia in die stelle non apparent quia, adveniente maiore claritate, minor obfuscatur. [3]Videritis - inquit - illic, ubi circulus ­ultimus (516-517) dicit inter illos quos non vidimus ; ­brevissimus (517) inter illos quos vidimus.

508-517*

508 Intumuit :doluit ; sydera : stellas ; pelex : Calisto de ificata . 509 canam : candidam ; equora : mare ; Tethim : illam. 510 Occeanumque : illum deum et ; senem : antiquum ; quorum : deorum supradictorum ; reverentia : scilicet Thetis et Oceanus. 511 deos : alios ; vie : sue ; scitantibus : inquirentibus. 512 ethereis : ab ethere ; reginadeorum : ego ; interrogative legatur. 513 huc : in hoc loco venio. 514 obscurum : nigrum ; ­confecerit : cinxerit ; orbem : firmamentis. 515 nuper : non diu est ; mea : scilicet meus dolor. 516 illic : in loco ; ubi : in quo ; axem : spere. 517 ultimus : supremus : spacio quem : per spacium ; ambit : lustrat.

II 518-519

Quomodo Iuno descendit apud inferos pro Calistone et impetravit nomen

Modo loquitur Iuno yronice non ­contra deos marinos, sed ­contra Iovem et Calistonem, dicens : Aliquid estne quare quisquam nollit ledere Iunonem ?, quasi dicat : Non ego quando puto nocere Iuno, quia, quando ego prohibui Calistonem – non nominat causam odii – esse mulierem, mutando illam in ursam, illa facta est dea, et sic, quando puto nocere, ego auxilior. Ego vellem quod modo forma vera se removeretur et mulier iterum esset, sicut fecit superius in ­Yo, de qua superius facta est mentio.

508-517.3 quos1] quod ms. | 508* de ificata ] de ms. | 511* scitantibus]scitantantibusms.

401

[2]Queritis ethereis (« Vous vous demandez… depuis ­léther ») : ce sont les paroles de Junon aux dieux marins. Altera (« Une autre »), parce que « Callisto vient ­dêtre déifiée, elle occupe le ciel à ma place ». Mentior (« Je mens »), « je suis une menteuse » : elle parle de manière ironique. Com nox ­confecerit (« Lorsque la nuit aura accompli »), ­cest-à-dire quand la nuit arrivera, parce que le jour les étoiles ne sont pas visibles et que, avec ­larrivée ­dune clarté plus forte, la clarté plus faible est obscurcie. [3] « Videritis (« (si) vous (­n)avez (pas) vu »), dit-elle, Illic, ubi circulus ultimus » (« là où le dernier cercle »), elle veut dire parmi ceux que nous ne voyons pas ; « brevissimus » (« le plus étroit ») parmi ceux que nous voyons.

512 à lire ­comme une phrase interrogative.

II 518-519

Comment Junon descendit aux Enfers à cause de Callisto et mérita son nom

Ensuite Junon parle de manière ironique, non ­contre les dieux marins, mais ­contre Jupiter et Callisto, quand elle dit : « Y a-t-il une raison pour que ­quelquun ne veuille pas outrager Junon ? », ­comme si elle disait : « Je ne suis pas Junon quand je pense nuire, parce que quand ­jai voulu empêcher Callisto (elle ne nomme pas la cause de sa haine) ­dêtre une femme en la transformant en ourse, elle est devenue déesse », et ainsi, « Quand je pense nuire, ­japporte de ­laide. Je voudrais ­quelle retrouve maintenant sa vraie forme et redevienne une femme, ­comme il ­la fait précédemment avec Io », dont il a été question plus haut.

402

518-524*

518 Est :­ne, suple ; cur : quare ; quis : aliquis ; nollit : non velit. 519 offensam : iratam ; tremat : timeat ; prosum : proficio ; nocendo : quando puto nocere. 520 ego : quasi nichil ; egi : feci ; vasta : magna ; potencia : quasi nulla. 521 hominem : feminam ; vetui : prohibui ; factaest : illa Calisto ; sic : taliter. 522 impono : do. 523 Vendicet : aquirat ; antiquam : veterem ; faciem : id est vultum ; ferinos : silvestes. 524 detrahat : removeat ; Argolica : greca ; Phoronida : scilicet Yo.

[f. 67v]

II 525

Cur non expulsa : yronice loquitur. Ego vellem quod illam acciperet in uxorem et me derelinqueret et acciperet Lichaona socerum, et ita magnus honor illi ­esset.

525-526*

525 Cur : quare ; ducit : desponsat. 526 collocat : ponit ; Lichaona : illum dyabolum lupum.

II 527

At vos si : facit invocationem ad deos marinos ; finito questu, dicit : vos oro si­contemptus (527), id est despectus vestre alumpnetangit ; vos, quia me ­nutrivistis. Alumpne (527) dicit quia Iuno est nubes ; nubes de mari solent crescere, vel quia Iuno est aer inferior quia nutritur humore maris, unde alibi : « alimentaque nubibus affert » (I 271).

527* At : saltem ; ­contemptus : despectus ; alumpne : quia me nutrivistis.

II 528

Triones dicuntur de tero-teris, quia terunt celum et non videntur descendere ad occasum. Brevitate circuli numquam merguntur in mari.

528-530*

528 ceruleo : candido, puro ; prohibete : illa sydera. 529 -que : et ; stupri : adulteri ; mercede : precio. 530 pellitene : removete quod non ; puro : mondo ; equore : mari ; pelex : scilicet Calisto.

523* Vendicetexvendicesms. | 527 vestre] nostre ms. tangit] me angit ms. Iuno est nubes ] Iuno est ms. alimentaque] alimenta quia ms. | 528 Brevitate] brevitatem ms.

403

[f. 67v]

II 525

Cur non expulsa (« Pourquoi ne (suis-je) pas chassée ? ») : elle parle ironiquement. « Je voudrais voir ­quil la prenne pour femme et me chasse et accueille Lycaon ­comme beau-père pour le couvrir ­dhonneur ».

II 527

At vos si (« Mais vous si… ») : elle invoque les dieux marins ; à la fin de sa plainte, elle dit : « vos oro si­contemptus (« Je vous prie, si le mépris », ­cest-à-dire le dédain) alumpnetangit » (« de votre nourrisson vous tourmente ») – elle dit vos (« vous ») parce que « vous ­mavez nourrie » ; alumpne (« nourrisson »), parce que Junon est la nuée, et que les nuages naissent habituellement de la mer, ou parce que Junon est ­lair inférieur qui se nourrit de ­lhumidité de la mer, aussi (dit-il) ailleurs : « elle apporte des aliments aux nuages ».

527 alumpne : parce que vous ­mavez nourrie.

II 528

Triones (« Les Trions ») tirent leur nom de tero-teris, « frotter », parce ­quils frottent le ciel et ne paraissent pas descendre au moment de leur coucher. La brièveté de leur course ne leur permet jamais de plonger dans la mer.

404

II 531-533

De regressu Iunonis ab inferis

Dii maris : ita peciit Iuno, unde dei marini sibi ­concesserunt quicquid ­concesserunt et in redditu se posuit in curru suo, et intrat actor aliam fabulam, quomodo corvus fuit mutatus de albo in nigrum et cornix, quasi diceret : Sicut fuerat Argus noviter occisus et pavones noviter picti, ita fuerat noviter corvus mutatus de albo in ­nigrum.

531-533*

531 annuerant : ­concesserant ; habili : nobili. 532 ingreditur : intrat ; liquidum :clarum ; pavonibus : avibus illis. 533 ceso : occiso a Mercurio ; Argo : illo pastore.

II 534-537

Antiquitus corvus in sua prima creatione erat albus, quasi columbe candide et quasi anseres qui quondam servabant Capitolium romanum. Fabula talis est : Senonenses fugaverunt Romanos usque ad Capitolium. In introitu erat quidam anser qui excitavit Malleum Torquatum qui ­commovit omnes Romanos, et se ab illis deffenderunt, qua de causa fecerunt quendam anserem de argento et imposuerunt illum in Capitolio.

534-535*

534 quam : quantum ; candidus : albus. 535 corve :o tu ; loquax : garrulator ; subito : cito ; nigrantes : nigras ; versus : mutatus.

II 536-541

De Coronide : quomodo cornix loquta fuit com corvo

[1] Modo incipit narrare qua de causa corvus mutatus fuit de albo in nigrum. Fabula talis est : coronis fuit quedam domicella quondam a Phebo adamata, et, ­com ab illo adamaretur, accidit casu quod quidam iuvenis de Thesalia com ea ­concubuit. [2] Et, ­com ita fecisset, corvus qui erat ales Phebi, hoc percepit, et, ­com iret hoc dictum domino suo Phebo, accidit ita quod cornix insequeretur illum, et, ­com audisset quod ibat causa supradicta ad Phebum, multum incepit criminari illum, et, ut ipsum revocaret, dixit ei qua de causa mutata fuerat in nigram de albo.

531* concesserant] concessarant ms. | 534-537 anseres] anseribus ms. fugaverunt] suaserunt ms. illis] illi ms. | 536-541.1 fuit] sive ms. domicella ex domiscella ms.

405

II 531-533

Junon revient des Enfers

Dii maris (« Les dieux de la mer ») : ainsi Junon fit sa demande, et les dieux marins lui accordèrent tout ce ­quils accordèrent. ­Sapprêtant à repartir elle monta dans son char. ­Lauteur aborde une nouvelle fable, la métamorphose du corbeau de blanc en noir, et celle de la corneille, disant à peu près : « Argus venait ­dêtre tué et les paons de recevoir leur nouvelle peinture, quand le corbeau passa soudain du blanc au noir. »

II 534-537

Anciennement le corbeau, ­lorsquil fut créé pour la première fois, était blanc ­comme les éclatantes colombes et ­comme les oies qui autrefois gardaient le Capitole romain. La fable est la suivante : les Sénonais poursuivirent les Romains ­jusquau Capitole. Dans ­lentrée se trouvait une oie qui éveilla Manlius Torquatus19 ; celui-ci appela tous les Romains, qui purent se défendre ­contre les envahisseurs : pour cette raison ils fabriquèrent une oie en argent et la posèrent sur le Capitole.

II 536-541

Coronis : discours de la corneille au corbeau

[1] Ensuite il ­commence à raconter pourquoi le corbeau fut métamorphosé de blanc en noir. La fable est la suivante : la jeune Coronis fut à une certaine époque aimée de Phébus. Au moment où Phébus ­laimait, il arriva par hasard ­quun jeune homme de Thessalie coucha avec elle. [2] Or, le corbeau, qui était ­loiseau de Phébus, se rendit ­compte de cette liaison. Comme il partait pour le dire à son maître, il se trouve que la corneille le suivit et, apprenant ­quil allait trouver Phébus pour la raison ­quon a dite, elle ­commença à lui faire de nombreux reproches et, pour le faire changer ­davis, elle lui raconta pourquoi elle était devenue noire, elle qui était blanche.

406

[3] Et est fabula talis : cornix fuit filia Coronei, regis Phocaicorum, et, cum quadam die iret spaciatum, Neptunus illam adamavit, et, ­com illum fugeret et deos invocaret, Pallas, miserata, mutavit illam in cornicem albam. [4] Sed ita accidit quod quadam die Pallas clausit Erithonium in cista ; qui Erithonius erat partim draco, partim puer ; et tradidit illum custodiendum tribus virginibus filiabus Cicropis et iussit ne viderent quid esset in cista et recessissent. [5] Aglaros vocavit alias ut viderent ; pervenerunt ­consilio suo et dicit cornix : Com ego a quadam fronde talia vidissem, dixi ista domine mee Palladi, unde mutaverat me in nigram quamvis essem pulchra et ­candida, sed dicit cornix : Forte dices quod non peciit me Pallas ultro, imo vere quere ab illa quia, quamvis irata (568) sit, non negabit (568). Et, ­com talia dixisset cornix corvo, corvus, illam spernens, dixit quod non sibi crederet ; imo dixit Phebo stuprum visum et, ­com hoc audisset, Phebus amicam suam sagitavit et occidit. [6] Cum hoc perciperet, quod amica sua predilecta erat mortua, tristis fuit valde et doluit et ad ultimum mutavit corvum album in nigrum, sed tamen puerum movit de utero matris sue et tulit in antrum Chironis, usque ad illum locum : Semifer interea divine stirpis alompno (633).

536-538*

536 niveis : candidis ; ­condam : quondam tempore ; argentea : ad modum argenti. 537 ales : scilicet corvus ; labe : nigredine. 538 vigili : vigilanti ; Capitolia : romana.

II 539

Albus erat sicut cignus ; respice ad id quod supradictum de cigno : que colat elegit­contraria flumina flamme (380).

539-540*

539 cederet : daret locum ; anseribus : illis avibus. 540 Lingua : sua ; lingua : et hoc dico.

536-541.4 recessissent] recessisset ms. | 536-541.5 ut viderent] viderent ms. quadam ex quasdam ms. fronde] frocide ms. mutaverat] mutarat ms. negabitex regnabit ms. audisset] audisse ms. | 536-541.6 sua] mea ms. | 539 respice] respicit ms.

407

[3] Voici la fable : Cornix était la fille de Coronis, roi des Phocéens. Un jour où elle allait se promener, Neptune tomba amoureux ­delle et, ­comme elle ­senfuyait en invoquant les dieux, Pallas prit pitié ­delle et la changea en une blanche corneille. [4] Mais il se trouve ­quun jour Pallas enferma Érichthonius dans un coffret – cet Érichthonius était moitié serpent, moitié enfant. Elle ­confia le coffret à la garde des trois jeunes filles de Cycrops, leur ordonnant de ne pas regarder ce qui se trouvait à ­lintérieur, et ­sen alla. [5] Aglauros invita ses sœurs à regarder, et elles suivirent son ­conseil. La corneille poursuit : « Comme ­jétais perchée sur un arbre je les vis ouvrir le coffret, et je le dis à Pallas ma maîtresse : ­cest pour cela ­quelle me rendit noire, moi qui avais été ­dune blancheur éclatante » ; et elle ajoute : « tu diras peut-être que Pallas nétait pas venue me chercher la première, mais en réalité tu peux lui poser la question parce que, quamvis irata (« bien ­quen colère ­contre moi »), non negabit (« elle ne le niera pas »). Tel est le récit que la corneille fit au corbeau. Mais le corbeau la méprisa, et lui dit ­quil ne la croyait pas. Il révéla donc à Phébus la faute ­quil avait surprise. Ayant appris cette infidélité, Phébus tua son amie en la transperçant ­dune flèche. [6] Mais ­lorsquil se rendit ­compte que son amie chérie était morte, il ressentit une grande tristesse et une grande peine, ce qui finalement le poussa à faire du corbeau blanc un oiseau noir. Mais il enleva cependant ­lenfant du sein de sa mère et le ­conduisit dans ­lantre de Chiron. Le récit se termine ici : Semifer interea divine stirpis alompno (« pendant ce temps le demi-animal (était heureux) ­davoir pour élève un enfant de souche divine »).

II 539

Le corbeau était blanc ­comme le cygne : ­lauteur se rappelle ce ­quil a dit plus haut du cygne : que colat elegit­contraria flumina flamme (« il choisit pour y habiter les fleuves qui sont ­lopposé de la flamme »).

408

II 541-545

Construe : color est nunc ­contrarius albo qui, id est in quo colore, corvus – suple – erat albus, et hoc dico lingua loquaci faciente. Inobservata (544) : quia Phebus credebat eam castam. Alesphebeius (544-545), id est corvus dicit eo quod in magno calore habet procreare pullos suos.

541-551*

541 quicolor : in quo colore. 542 Laurisea : a loco dicta ; Coronis : puella illa ; intrat auctor illam materiam, quomodo corvus albus primo existens fuit niger. 543 Hemonia : Thessalia ; tibiDelphice : o tu Phebe. 544 dum : quando ; vel : quando ; inobservata : fuit non custodita ; ales : avis. 545 sensit : vidit ; adulterium : stuprum ; Phebeius : a Phebo, scilicet corvus ; latentem : incognitam. 546 detegeret : monstraret ; ­culpam : stuprum ; index :monstrator, id est nulla prece revocabilis. 547 dominum : Phebum ; tendebat : ducebat ; quem : corvum. 548 scrutetur : sciat ; cornix : avis illa. 549 audita : et hoc dico ; utile : bonum ; carpis : facis. 550 inquit : dixit ; iter : viam ; nec : et non ; presagia : vaticinia ; lingue : utilem. 551 fuerim : require ; -quevide : et hac de causa ; require : pete vel interroga.

II 552-561

[1] Moralitas talis est de Vulcano : Iuno, id est terra, vulvam suam percussit, id est se ­concemptivam viciorum fecit quemadmodum ­conceptiva est vulva puerorum, inde natus fuit Vulcanus, id est fervor libidinis et luxurie, qui propter turpitudinem suam a celo fuit expulsus, quia quidam libidinosi non curant de celestibus neque vacant celo ; nec intravit pro sua turpitudine, id est pro sua luxuria, sed in Lemno nutritus est a simiis quia Lemni sunt luxuriosi ad modum simearum, et per illud verbum quod est ­commune tam simiis quam luxuriosis : scalpere. [2] Vulcanus iste Pallada de stupro interpellavit. Pallas dicitur dea castitatis, quam castitatem luxuriosi sepius infestant et ­commovent, sed Pallas, id est castitas, sapiens motibus luxuriosorum ­contradicit, unde Vulcanus semen emisit, id est luxuriosus ­contra castitatem lites dedit, et inde natus fuit Eritonius : er grece, lis latine, quia de terrenis lis luxuriosorum oritur.

552-561.1 vacant] vacam ms.

409

II 541-545

Il faut ­construire ainsi : color est nunc ­contrarius albo qui (« sa couleur est maintenant le ­contraire du blanc qui… »), ­cest-à-dire la couleur ­quavait le corbeau (il faut suppléer), le blanc, et je dis cela lingua loquaci faciente (« parce ­quil faisait un usage bavard de sa langue »). Inobservata (« non surveillée ») : parce que Phébus la croyait chaste. Il dit Alesphebeius (« ­loiseau de Phébus »), ­cest-à-dire le corbeau, parce ­quil doit engendrer ses petits quand il fait très chaud20.

542 ­Lauteur aborde le sujet de la métamorphose du corbeau qui était ­dabord blanc et qui devint noir.

II 552-561

[1] Sur Vulcain la moralité est la suivante : Junon, ­cest-à-dire la terre, fendit sa matrice, ­cest-à-dire se fit ­conceptrice de vices, parce que, ­comme la matrice ­conçoit les enfants, de là naquit Vulcain, ­cest-à-dire ­lardeur du désir et de la luxure, qui, à cause de sa laideur, fut chassé du ciel, parce que les libidineux ­nont cure des choses célestes et ne ­soccupent pas du ciel ; et il ­ny entra pas à cause de sa laideur, ­cest-à-dire de sa luxure, mais fut élevé à Lemnos par des singes, parce que les Lemniens sont voluptueux ­comme les singes ; en outre il y a ce mot qui est ­commun aux singes et aux voluptueux, scalpere (« se gratter »). [2] Ce Vulcain invita Pallas à ­sunir charnellement à lui. Pallas est dite déesse de la chasteté, chasteté que les voluptueux harcèlent et perturbent bien souvent. Mais Pallas, la chasteté, ­connaissant les passions des voluptueux, ne lui accorda pas ce ­quil demandait, et Vulcain répandit sa semence, ­cest-à-dire que le voluptueux se querella avec la chasteté. ­Cest ainsi que naquit Érichthonius : er en grec, lis en latin (« le procès »), parce que la querelle des voluptueux ­sélève à cause des biens terrestres.

410

[3] Pallas in cistam abscondit, quia sapiens celat ­contentiones et rixas obiurgantium et e corde suo tegit ; unde Pallas tradidit tribus virginibus servandum, quia sapiens habet tres virtutes, vel quia propter tria celat sapiens litem : propter Hersem – Herse ab er, quod est lis, et sequor-ris ; Pandrasos dicitur a pan, quod est totum, et drasos ­condonans ; Aglaros grece, memoria latine – et ita tripliciter sapiens operatur ­contra rixas ; dominatur sibi ipsi, ­condonat memorie, dat universa, et sic lites celat.

552-561*

552 invenies : cognosces ; nocuisse : mihi ; fidem : fidelitatem ; Nam : quia. 553 Erithonium : proprium ; creatam : genitam. 554 clauserat : inclusit ; Attheo :Atheniensi ; vimine : virgis parvis. 555avirginibusque : puellis et ; tribus : quia partim homo ; gemino : partim equus ; Cicrope : proprium. 555besset : in cista. 556 legem : preceptum ; ne : quod non. 557 Abdita : abscondita ; levi : parva ; speculabar : videbam ; ulivo : arbore illa. 558 facerent : ille sorores ; tuentur : servant. 559 Pandrasos : scilicet proprium ; Herse : proprium ; timidas : timentes ; vocat : appellat : una : una, scilicet tercia. 560 Aglaros : scilicet proprium ; deducit : manu lacerat ; intus : cistam. 561 infantem : scilicet Eritonium ; aporrectum : quia parte puer ; drachonem : parte dracho erat.

[f. 68r]

II 562-566

At, puto (566) : pro saltem ; una dicio quod : Tu dices quod inserui me in ­consorcio Palladis ? Ad hoc responsio : Ipsa petiit ­me, et non ultro, id est non voluntate mea et non rogantem quidquam ­tale ; vel ita : At, puto, quod tu dices me non ultro non rogante quidquam talem (566) ? ; vel sic : At, puto (566), quod tu dices quod me inserui in ­consortio Palladis ? Non, id est non est verum ; Peciit me ultro – me, dico – non rogantem tale quicquam. Ita prevalet.

562* Acta : facta ; dee : Palladi ; refero : dico ; gracia : premium.

562-566 petiit]periitms. me2ex mee ms.

411

[3] Pallas le cacha dans un coffret, parce que le sage cache les ­conflits et les rixes de ceux qui ­linsultent et les dissimule dans son cœur. Pallas remit le coffret à la garde de trois jeunes filles, parce que le sage possède trois vertus ou parce que le sage cache la querelle pour trois raisons, à cause ­dHersé – le mot Hersé vient ­der, ­cest-à-dire lis (« le procès »), et sequor-ris (« suivre ») ; de Pandrasos – qui vient de pan, qui signifie « tout », et drasos, « qui donne sans réserve » et de Aglauros en grec, memoria en latin (« la mémoire »). Ainsi le sage œuvre triplement ­contre les ­conflits : il se domine lui-même, il abandonne à sa mémoire, il donne absolument tout, et ­cest ainsi ­quil dissimule les querelles.

[f. 68r]

II 562-566

« At, puto » (« Mais je pense »), pour « du moins», même sens que : « Tu vas dire que ­cest moi qui me suis introduite dans ­lentourage de Pallas ? ». Réponse à cela : « Ipsa petiit me »(« ­cest elle-même qui ­ma fait venir »), et « non ultro » (« ce ­nest pas de moi-même »), ­cest-à-dire ce ­nest pas selon ma volonté, « et non rogantem quidquam tale » (« sans que je demande rien de tel ») ; ou ainsi : « At, puto (« Mais je pense ») que tu vas me dire me non ultro non rogante quidquam talem » (« que je ­nai rien demandé de tel par moi-même ») ; ou « At, puto (« Mais je pense ») que tu vas me dire que je me suis introduite dans ­lentourage de Pallas ? non, ­cest-à-dire ce ­nest pas vrai, peciit me ultro (« elle ­ma fait venir »), sans que moi, dis-je, ­jaie rien demandé de tel. » Ainsi ses arguments prennent le dessus.

412

II 563-564

Quomodo sorores viderunt secretum Palladis

[1] Moralitas talis est : per corvum intelligitur quilibet adulator qui ­com domino suo, videlicet ­com Phebo qui dicitur deus sapientie, multum primitus est adamatus, et sic dicitur albus. [2] Sed Coronis dicitur amica Phebi quia casta fuit, quia sapiens quislibet adamat virginitatem, sed ad ultimum per corvum, per adulatorem aliquando criminatur virginitas, unde totaliter ab officio sapientis expellitur ; et sic fingitur mutari de albo in nigrum, quia, quod dicit ad adulationem, sibi utitur ad penam. [3]De cornice : Cornix fuit filia cuiusdam regis ; fingitur mutari in avem, quia, ­com adamata fuisset a quodam deo marino, scilicet a quodam piscatore, garrulitate sua evasit, unde a Pallade dicitur adamari, quia Pallas dicitur dea castitatis et vestis candida virginitati tribuitur. [4] Et sic dicitur mutari in albam, et ita Pallas in suo ­consorcio recepit illam, sed ad ultimum revelavit quoddam ­consilium Cicropidarum, et ita expulsa fuit, quia vix aut nomquam garrulitas et virginitas possunt pariter ­commorari.

563-579*

563 redditur : datur ; tutela : custos ; pulsa : resputa ; Minerve : Palladis. 567 licet : quamvis ; queras : interroges. 568 irata : tristis ; irata : tristis. 569 Nam : quia ; Phocaya : Phocos insula ; clarus : famosus ; tellure : terra ; Coroneus : rex ille. 570 nota : cognita ; que regia virgo : certe regio semine nata. 571 non me : themesis est ; ­contempne :despice. 572 forma : pulcritudo ; Nam : quia ; lentis : non citis. 573 summa :profunda ; harena : sabulo. 574 pelagi deus : Neptunus ; utque : postquam ; precando : me. 575 blandis : dulcibus ; ­consumpsit : vastavit ; inania : vana. 576 vim : violenciam ; sequitur : me ; Fugio : vade ; densum :spissum ; relinquo : desino. 577 nequicquam : frustra ; harena : sabulo. 578 Inde :postea ; voco nec : apello et non ; ullum : aliquem. 579 voxmea : petitio mea ; mortalem : hominem ; virgo : scilicet Pallas.

563-564.1 adamatus] admatus ms. | 563-564.3 adamata ex adamata ms. evasit] fuit valde cito ms. dicitur] aicitur ms. candida] candidata ms. | 568* irata]irams. | 570* nata] nara ms. | 574* pelagiexPelageims.

413

II 563-564

Comment les sœurs découvrirent le secret de Pallas

[1] La moralité est la suivante : par le corbeau on ­comprend un flatteur quelconque, qui est ­dabord très apprécié de son maître, en ­loccurrence de Phébus qui est dit dieu de la sagesse ; et alors on dit ­quil est blanc. [2] Coronis est appelée amie de Phébus parce ­quelle était chaste, et que le sage quel ­quil soit aime la virginité. Mais parfois la virginité est finalement accusée par le corbeau, par le flatteur, puis celui-ci est chassé définitivement par les soins du sage : ­cest pourquoi on imagine ­quil est passé du blanc au noir, parce que ce ­quil dit pour flatter, le maître ­lutilise ­contre lui pour le châtier. [3]De cornice (« Sur la corneille ») : Cornix était la fille ­dun roi. On imagine ­quelle fut changée en oiseau parce que, ­comme elle avait été aimée par un dieu marin, ­cest-à-dire un pêcheur, elle lui échappa grâce à ses bavardages, ­cest pourquoi ­lon dit ­quelle fut aimée par Pallas, qui est dit-on la déesse de la chasteté et à qui ­lon attribue le vêtement blanc de la virginité. [4] On raconte donc ­quelle fut changée en un (oiseau) blanc, et Pallas la reçut dans son entourage. Mais finalement elle révéla la décision des Cycropides et fut alors chassée, parce ­quil est rare ou impossible que bavardage et virginité puissent cohabiter longtemps.

414

II 580-590

De mutatione cornicis in avem

[ 1] Quid tamen (589) :ita narraverat cornix corvo mutationem suam de virgine in avem ad hoc, quod revocaret illum de itinere suo ne manifestaret adulterium puelle, et dixerat quomodo fuerat mutata et data ­comes Palladis. Modo dicit quid inde prodest (589), quia Nectimine habet tantum honoris quantum ego, quamvis non audeat volare nisi de nocte. [2] Nectimine ­com patre suo iacuit quia inebriatus erat, sed ­concubuit illo ignorante ; quo facto mutata fuit in noctuam et propter verecondiam tanti facinoris non audet volare de die. Fabula patebit plenius in sequentibus.

580-583*

580 -quetulit : et dedit ; suplex : ego. 581 ceperunt : inceperunt ; levibus : parvis ; horrescere : horrida fieri. 582 reicere : retro iactare ; vestem : meam ; molibar : parabam ; atilla : sed vestis. 583 inque cutem : et coriis ; imas : profundas.

II 584

Plangere (584). Dicit cornix corvo : com ego pro colore vellem pectora mea meis lacertis percutere, ego non potui, quia iamque in avem incipiebam mutari, et, ­com volui currere, fugiendo incepi ­volare.

584-594*

584 plangere : percutere ; cognabar : volebam ; palmis : manibus. 585 neque : non ; iam : tunc ; palmas : manus ; nec : et non ; gerebam : habebam. 586 currebam : currere nitebar ; necut :et sicut ; ante : in preterito ; pedes : meos ; harena : sabulum. 587 sedsumma : profunda ; tollebar : elevabar ; humo : terra ; moxacta : protinus agitata ; auras : per ethera. 588 evehor : portor ; ­comes :socie ; inculpata ; sine ­culpa ; Minerve : Palladi. 589 prodest : valet ; sidiro : quia pravo ; volucris : avis. 590 Nectimine : illa puella ; honori :quia tantum honoratur quantum ego. 591 An : nomquid ; res : fabula ; Lesbon : illa insula. 592 non :nomquam ; patrium : patris sui ; temerasse : violasse ; cubile : lectum. 593 Nectiminem : puellam illam ; quidem : certe ; Avis : est ; sed­conscia : bene sciens ; ­culpe : pocati. 594 ­conspectum : visum ; lucem : diem ; pudorem : suum.

580-590.1 illum ex illam illum ms. | 580-590.2 mutata] muta ms. patebit ex p patebit ms.

415

II 580-590

Métamorphose de Cornix en oiseau

[ 1] Quid tamen « Mais à quoi ? » : ainsi la corneille avait raconté au corbeau sa métamorphose de vierge en oiseau pour le détourner de son chemin et ­lempêcher de révéler ­ladultère de la jeune fille. Elle lui avait dit ­comment elle avait été changée et donnée ­comme ­compagne à Pallas. Puis elle dit « quid inde prodest (« À quoi cela sert-il donc ? »), parce que Nyctimène a autant ­dhonneur que moi, alors ­quelle ­nose voler que de nuit. [2] Nyctimène coucha avec son père alors ­quil était ivre, mais elle ­sunit à lui à son insu. ­Cest après cela ­quelle fut changée en chouette et à cause de la honte ­quelle a ­davoir ­commis un tel crime elle ­nose voler de jour. La fable sera découverte plus pleinement dans les vers qui suivent.

II 584

Plangere (« Frapper ») : la corneille dit au corbeau : « alors que je voulais frapper de mes bras ma poitrine à cause de ma couleur, je ­ny parvins pas, parce que je ­commençais déjà à me changer en oiseau. Et, voulant me mettre à courir, je ­commençai à ­menfuir à tire-­dailes. »

590 honori : parce ­quelle fut honorée autant que moi.

416

II 595-596

Quomodo corvus dixit Phebo stuprum Coronidis

Talia dicenti (596). Ita cornix corvo dixerat, sed corvus sibi respondit : Ego precor quod ista revocamina cedant tibi ad malum, quia ego totaliter renuo ­consilium ­tuum, unde perrexit et dixit domino suo Phebo stuprum amice sue.

595-598*

595 celat : tegit ; cunctis : avibus ; toto : quia omnes aves eam expellunt. 596 Talia : cornici supradicta ; ait : dixit ; revocamina : quia me revocasti ; corvus : avis. 597 vanum : pravum. 598 Necceptum :et non inceptum ; dimittit : sinit ; iter : viam ; domino : Phebo.

II 599

Moralitas Nectimines talis est : per Nectiminem intelligimus quamlibet peccatorem. Dicitur tantum quod a patre suo imprenata fuit quia in rei veritate peccator est filius dyaboli vel pocius mondi et ab delectationibus dyabolicis vel huiusmodi tantum inebriatur et imprenatur quod mutatur in noctuam, avem noctis, scilicet mittitur in locis mortis et tenebrarum.

599* Hemonio : Thessalie ; Coronida : illam puellam ; narrat : dicit.

II 600-605

Com corvus Phebo crimen amice sue dixisset, ita stupefactus fuit Phebus quod corona et citara et plectrum, color et vultus ceciderunt, et, ­com esset in primo motu, ira sumpsit arcum suum et tela sua et amicam occidit, et, ­com se sensisset vulneratam, dixit : O Phebe, certe potui vel debui primo peperisse, quia ego et fetus meus ruens pariter ­moriemur. Hoc dicto, mortua fuit propter deffectum sanguinis.

600-609*

600 Laurea : corona de lauro ; delapsaest : cecidit ; amantis : amice sue. 601 pariter : simul ; plectrum : instrumentum cecidit ; vultus : cecidit ; color : cecidit. 603 assueta : ­consueta ; -queacornibus :scilicet de cornu ; arcum : factum. 604 illa : cornua ; totiens : multociens ; iuncta : fuerat ut arcum tendens ; illa dicit admirative. 606 inde : non vitate ; traiectit : perforavit ; telo : iaculo vel sagitta.

600-605 motu ex vultum motu ms.

417

II 595-596

Comment le corbeau dit à Phébus la débauche de Coronis

Talia dicenti (« Disant cela ») : ainsi la corneille avait parlé au corbeau, mais le corbeau lui répondit : « Je prie que ces tentatives de dissuasion te portent malheur, parce que je refuse absolument de suivre ton ­conseil », et il ­sen alla dire à son maître Phébus la faute de son amie.

II 599

La moralité de la fable de Nyctimène est la suivante : par Nyctimène nous ­comprenons une pécheresse. On dit ­quelle fut engrossée par son père, parce ­quen réalité le pécheur est le fils du diable ou plutôt du monde et ­senivre de plaisirs diaboliques ou du même ordre, et en est tellement imprégné ­quil se change en chouette, oiseau de nuit, ­cest-à-dire ­quil est envoyé dans des lieux de mort et de ténèbres.

II 600-605

Comme le corbeau avait révélé à Phébus le crime de son amie, Phébus fut tellement stupéfait que sa couronne, sa cithare et son plectre tombèrent en même temps ­quil perdait la couleur et la face. Emporté par son premier mouvement, il saisit avec colère son arc et ses flèches et tua son amie qui, se sentant blessée, lui dit : « Ô Phébus, ­jaurais pu ou ­jaurais dû enfanter ­dabord, parce ­quen mourant ­jemporte aussi dans la mort mon enfant. » Sur ces mots elle mourut en perdant son sang.

418

607 candida : alba ; puniceo : rubeo ; cruore : sanguine ; quia Phebus dolebat propter mortem Coronidis amice sue. 608 dixit : illa Coronis ; Phebe : o tu. 609 una : pariter.

II 610-612

Quomodo Phebus occidit Coronida

Hactenus (610) : loquta fuit Coronis com Phebo. Dicit actor a parte sua : Penitetheu sero (612). Com Phebus amicam suam occidisset, penituit illum et tunc collegit in odio illum corvum qui sibi crimen amice retulit, et, cum corvus putaret habere premium magnum de rumoribus suis, illum vetuit stare inter aves candidas et mutavit illum in nigrum, unde voluit amice sue mederi, sed non potuit, et, ­com vidisset se non posse et vidisset ignem parari, ingemuit, tristis fuit.

610-612*

610 Hactenus : locuta fuit ; pariter : similis ; vitam : animam ; fudit : desinit. 611 inane : vacuum ; anime : vie ; letale : mortale. 612 heusero : tarde ; amantem : Phebum ; -que quod audierit : et ideo crius amice ; quod : ideo ; sic : taliter.

II 613-619

[1] Moralitas Coronidis talis : per Coronidam intelligimus quamlibet animam castam ; per Phebum deum sapientie vel philosophie. Dicitur tamen quod Phebus eam adamavit quia a sapientibus et maxime a deo castitas adamatur. [2] Tamen quia etiam anima primo casta a iuvene decepta est, id est a mondo dicitur violari, quia mondus maxime inebriatur, [f. 68v] et ita a Phebo colligitur in odio et occiditur quia aliquando sapiens totam mondi operam derelinquit, sicut patet per philosophos et prophetas et apostolos. [3] Sed tamen Phebus temptavit dare vitam illi quia sapientes nituntur revocare insipientes ad gloriam et impudicos ad pudiciciam, sed non potest, quia, ­com deus omnia possit, de corrupta incorruptam non potest facere.

610-612 Dicit] dic ms. premium] primum ms. | 613-619.2 inebriatur ex inebriratur ms. | 613-619.3 pudiciciam ex p pudiciciam ms.

419

607 : cruore (« de sang »), parce que Phébus souffrait à cause de la mort de Coronis son amie.

II 610-612

Comment Phébus tua Coronis

Hactenus (« À ce moment-là ») : Coronis parla à Phébus. ­Lauteur dit en aparté : Penitetheu sero (« Il se repent, hélas ! trop tard »). Phébus, qui avait tué son amie, se repentit et prit en haine ce corbeau qui lui avait rapporté le crime de son amie : alors que le corbeau pensait recevoir une grande récompense de ses médisances, Phébus lui interdit de voler parmi les oiseaux blancs et fit de lui un oiseau noir. Puis il voulut soigner son amie, mais ­ny parvint pas. Constatant son impuissance et voyant les préparatifs du bûcher, il gémit et fut empli de tristesse.

II 613-619

[1] La moralité de ­lhistoire de Coronis est la suivante : par Coronis nous ­comprenons une âme chaste ; par Phébus le dieu de la sagesse ou de la philosophie. On dit cependant que Phébus aima Coronis parce que la chasteté est particulièrement aimée des sages et de Dieu. [2] Mais parce que ­lâme, ­dabord chaste, fut finalement trompée par un jeune homme, ­cest-à-dire ­quelle fut souillée, dit-on, par le monde, parce que le monde est ­complètement ivre. [f. 68v] Et ainsi elle est prise en haine et tuée par Phébus, parce que parfois le sage délaisse toute activité en lien avec le monde, ­comme on le voit par ­lexemple des philosophes, des prophètes, des papes. [3] Phébus essaya pourtant de lui rendre la vie parce que les sages ­sefforcent de faire revenir les fous à la gloire et les impudiques à la pudeur, mais en vain parce que, bien que Dieu soit tout puissant, il ne peut transformer une femme corrompue en vierge.

420

614-619*

614 avem : scilicet corvum ; crimen : amice ; dolendi : doloris. 615 scire : cognoscere ; nec non :insuper. 617 collapsam : mortuam ; -que fovet : et nutrit ; sera alia manus : tarda ; fata : odit dispositionem fatorum. 618 nititur : certat ; inaniter : vane. 619 Que : supradicta ; frustra : inanum ; rogumque : ignem et.

II 620

Supremis dicit quia igne cupidinis prius usta fuerat.

621-622*

620 supremis : ultimis. 621 vero : certe ; nec : non ; enim : quia. 622 lacrimis : flectibus ; alto : profundo.

II 623-625

Sicut iuvenca gemit quando videt vitulum suum occidi ante se, sic gemuit Phebus quando vidit amicam suam mori. Com Phebus odores et unguenta inutilia amice sue morienti tribuisset et videret nil sibi prodesse, accepit primum in illa procreatum quia noluit illum ­comburi, sicut mater sua erat.

623-629*

623 edidit : dedit ; haud : non : quam : fit ; ­com spetante : vidente. 624 vituli : sui ; vibratus : ­concussus. 625 tempora : caput ; claro : resonabili. 626 Ut : postquam ; ingratos : non gratos ; pectora : amice sue ; fudit : dedit. 627 amplexus : nexus ; peregit : perfecit. 628 nontulit : passus fuit ; labi : mitti. 629 semina : scilicet filium ; natum :puerum ; flammis : ignibus ; -queparentis : et matris, scilicet Coronidis.

II 630

Quomodo Esculapius primo natus fuit

Geminique : quia, ­com Phebus eripuisset puerum ab utero matris sue flammis date, portavit illum in foveam Chironis. Gemini dicit quia partim erat equus et partim homo ; propter hoc dicit gemini.

630* eripuit : removit ; tulit : portavit ; antrum : foveam.

630 date] data ms.

421

II 620

Il dit Supremis (« derniers ») parce ­quelle avait ­dabord été brûlée par le feu du désir.

II 623-625

Comme la génisse gémit quand elle voit tuer son veau devant elle, ainsi Phébus gémit quand il voit son amie mourir. Comme il avait appliqué en vain à son amie mourante des parfums et des onguents et ­quil voyait que cela ne servait à rien, il recueillit ­dabord ­lenfant ­quelle portait en elle, parce ­quil ne voulut pas le laisser brûler en même temps que sa mère.

II 630

Comment Esculape vit ­d abord le jour

Geminique (« Double ») : parce que, après avoir arraché ­lenfant du ventre de sa mère livrée aux flammes, Phébus le porta dans la grotte de Chiron. Il dit geminique (« double ») parce que Chiron était moitié cheval et moitié homme, ­cest pourquoi il dit geminique (« double »).

422

II 631-632

De mutatione corvi de albo in nigrum

631 sperantemque : putantem ; non : imo ; false : vere. 632 vetuit : prohibuit ; ­consistere : stare.

II 633-635

Quomodo Oechiroe vaticinata fuit de Esculapio

Semifer interea. Fabula talis est : ­com Phebus amicam suam Coronidam occidisset et puerum suum Esculapium in antrum Chironis tulisset, ecce venit (635) Oechiroe, filia centauri, et incepit vaticinare de illo, et dixit quod in tempore futuro esset deus et mortalis et quod faceret homines resurgere a mortuis, et, ­com multa de illo loqueretur, tangit actor mutationem illius in equam, quia mutata fuit in equam, quia quodam tempore promisit se ­comcombere ­com Apolline et postea denegavit, unde, ­com esset prophetissa, in ultione mutata fuit in equam.

633-635*

633 Semifer : partim equus ; stirpis : progeniei ; alumpno : nutricio. 634 letus : gaudens. honore : quia, quamvis grave esset illi nutrire filium Phebi, tamen honor erat. 635 rutilis : nitidis ; protecta : tecta.

II 636

[1] Moralitas Chironis gemini breviter talis est : quia dicitur quod Chiron erat partim homo, partim equus, nichil aliud est dictu nisi quod intelligimus per partem hominis ipsum Chirona fuisse sapientem et optimum medicum partem equi. [2] Nam significatur quod ipse erat mortalis et ad ultimum ad mortem ductus fuit et ad nichilum per mortem ; et patet per hos versus : « Floruerat Chiron medicorum maximus ille. / Corpora vivificans maior alumpnus erat » ; « Pars hominis ideo est, pars eius equina cadaver. / Pars ratione caret, pars aditura solum ».

636-648*

636 filia :scilicet Oechiroe ; quam : filia ; nimpha : una ; Cayci : illius fluvii. 637 fluminis : quia rapaciter currit ; enixa : parta ; vocavit : appellavit. 638 ­contenta : non suffecit ; paternas : quia, quamvis pater suus esse medicus, illa similiter erat, et preterea vates erat.

423

II 631-632

Métamorphose du corbeau qui de blanc devint noir

II 633-635

Comment Ocyrhoé prophétisa sur Esculape

Semifer interea (« Pendant ce temps le demi-animal »). La fable est la suivante : après que Phébus eut tué son amie Coronis et amené son enfant Esculape dans ­lantre de Chiron, ecce venit (« voici ­quarriva ») Ocyrhoé, la fille du centaure, qui ­commença à prophétiser sur ­lenfant, disant que dans ­lavenir il serait dieu et mortel à la fois et ­quil ferait revenir des hommes ­dentre les morts et, pendant son long discours sur ce sujet, ­lauteur traite de sa métamorphose en jument. Elle fut en effet changée en jument parce ­quà une époque elle avait promis ­quelle coucherait avec Apollon, puis ­sétait dédite. Aussi, ­comme il lui avait déjà donné le don de prophétie, Apollon se vengea21 en la transformant en jument.

634 Honore (« ­lhonneur ») : parce que, bien ­quéduquer le fils de Phébus fût pour lui une lourde tâche, ­cétait cependant un honneur.

II 636

[1] La moralité de ­lhistoire du double Chiron est en bref la suivante : dire que Chiron était moitié homme, moitié cheval, revient à dire que la partie humaine représente à notre avis la sagesse de Chiron lui-même et la partie chevaline son excellence dans le domaine médical. [2] En effet, on nous dit ­quil était lui-même mortel et ­quà la fin il fut réduit à la mort et au néant ­quentraîne la mort, ce qui est clair dans ces vers : « Ce Chiron avait brillé ­comme le plus grand des médecins, son disciple était plus grand parce ­quil redonnait vie aux cadavres. » « La part humaine est la raison, la part chevaline le cadavre ; une partie échappe à la raison, mais ­lautre rejoindra la terre22. »

424

639 edidicisse : cognovisse ; archana : secreta ; canebat :vaticinabat. 640 Ergo : ex quo ita factum fuit ; mente : sua. 641 -que deo : et sapientia ; clausum : inclusum. 642 infantem : Esculapium ; orbi : mondo, id est Rome, que est capud mondi quia ­continetur quod Romani liberati fuerunt ab infirmitate per Esculapium in fine libri. 643 cresce : multiplicaris. 644 animas : vitas ; reddere : dare. 645 fas : ligebit ; idque : istud ; semel : una vice ; indignantibus : quia dei nollent. 647 exangue : sine sanguine. 648 bis : ita.

II 649-651

[ 1] Tu quoque (649) : modo ­convertit Oechiroe sermonem suum ad Chironem patrem suum. Sanguine serpentis (652) : nota quod, quando Chiron tractabat sagittas Herculis, quod una cecidit super pedem ; et sic claudicavit, quo ictu illum oportuit mori. Teque ex eterno (653) : sciendum quod Chiron ­com sagittis Herculis translatus fuit in celum, et ibi factus fuit signum in quo sunt XII stelle et vocatur Sagitarius. [2]Tu quoque, care pater. Construe : immortalis nunc et ut maneas in omnibus evis (649-650), quamvis creatus lege nascendi (650), quia quicquid natum mori oportet ; vel ­construe sic : immortalis nunc et creatus lege nascendi ut maneas omnibus evis, id est temporibus.

649-651*

649 quoque : similiter ; pater nec iam : o Chiron : nec iam mortalis : nunc immortalis ; evis : temporibus. 650 ut maneas : semper iuvas ; nascendi : secundum legem ; creatus : natus. 651posse : antequam ; mori : moriaris ; tum ­com cruciabere : dolorem ; dire : crudelis.

II 652-675

De mutatione Oechiroes in equam

[1] Moralitas talis est : Oechiroe filia centauri, id est fallacia filia duplicitatis, promisit se ­com Phebo, id est sapientia, ­comcombere, quia promittunt fallaces prima facie se esse prudentes et non deceptarios vel promittunt se sapientie vacare.

649-651.2 nascendi1]nascendems. natum] vatum ex vatum est ms. | 651* tum] iter ms. | 652-675.1 duplicitatis] duplicitati ms. fallaces] fallacens ms. deceptarios] deceptarii ms.

425

642 orbi : pour le monde, ­cest-à-dire Rome, qui est la capitale du monde parce ­quil est dit que les Romains furent libérés de la maladie par Esculape à la fin de ­louvrage.

II 649-651

[ 1] Tu quoque (« Toi aussi ») : alors Ocyrhoé se met à parler à Chiron son père. Sanguine serpentis (« Par le sang du serpent ») : noter que, alors que Chiron tirait les flèches ­dHercule, ­lune de ces flèches tomba sur son pied ; il se mit à boiter, et ­cest cette blessure qui allait causer sa mort. Teque ex eterno (« Et toi, qui étais immortel ») : il faut savoir que Chiron fut transporté avec les flèches ­dHercule dans le ciel, où il devint un astre ­comprenant douze étoiles et appelé le Sagittaire. [2]tu quoque, care pater (« Toi aussi, mon cher père ») : ­construire immortalis nunc et ut maneas in omnibus evis (« Immortel maintenant et pour rester vivant ­jusquà la fin des âges »), quoique creatus lege nascendi (« créé par la loi de la naissance »), parce que tout ce qui est né doit mourir, ou ­construire ainsi : immortalis nunc et creatus lege nascendi ut maneas omnibus evis (« immortel maintenant et créé par la loi de la naissance pour rester vivant ­jusquà la fin des âges »), ­cest-à-dire des temps.

II 652-675

Métamorphose ­d Ocyrhoé en jument

[1] La morale est la suivante : Ocyrhoé, la fille du centaure, ­cest-à-dire la fourberie, fille de la duplicité, promit de coucher avec Phébus, ­cest-à-dire de ­sunir à la sagesse, parce que les fourbes promettent dans leur première approche ­dêtre avisés et fiables, ou promettent de se ­consacrer à la sagesse.

426

[2] Tamen, ­com cognitionem divinorum habent, divinis nolunt obedire, et ita dicitur Oechiroe pocius mutari in equam quam in aliud animal, quia equa est ita quoddam animal luxuriosum quod a vento supra mare potest ­concipere. [3] Ita illi fallaces vicia a nichilo ­concipiunt fallacia verba vel illi qui se deo denegant, in puteo viciorum demerguntur.

652-663*

652 sanguine : virus ; serpentis : ydre ; saucia :vulnerate ; recepto : infuso. 653 teque : ex immortali ; pacientem : id est ex eternalitate ; numina : dee triplices. 654 efficient : facient ; triplices : tres, scilicet Clotos ; dee : Lachesis, Atropos ; resolvent : quia morieris. 655 Restabat : ad discendum ; fatis : de ; suspirat : Oechiroe. 656 pectoribus : suis ; lacrime : flectus ; -que : et ; labuntur : fluunt ; oborte : nate. 657 atque : hoc facto ; pervertunt : mutant ; inquit : dixit ; vetor : prohibeor. 658 vocis : sermonis mei ; precluditur usus : ante tempus debitum clauditur. 659 tanti : precii ; numinis : Iovis ; iram : malivolentiam. 660 ­contraxere : aumentavere ; mallem : melius vellem ; necisse : non nosse quam nosse ; futura :ventura. 661 subduci : demi ; facies : forma ; humana : hominis. 662 cibus : pro cibo ; campis : per latos campos. 663 impetus : velle ; cognataque : quia pater meus est equus et homo.

[f. 69r]

II 664

Quasi diceret : Non deberem tota mutari in equam, sed in formam patris mei Chironis, quia est ­biformis.

664-666*

664 Tota tamen : ego miror ; nempe : certe ; biformis : habens binam formam. 665 talia : indicta ; dicenti : Oechiroe ; querele : sue ; taliadicenti : primo ­convertitur, ut locum habeat relatio quam dedit. 666 intellecta : vix intellecta ; -que : et ; verba : sua.

652-675.2 equam] aquam ms. | 652-675.3 demerguntur ex denegantur demerguntur ms.

427

[2] Mais, ­lorsquils ont acquis la ­connaissance des divinités, ils ne veulent plus obéir aux divinités. ­Cest pourquoi ­lon dit ­quOcyrhoé fut changée en jument plutôt ­quen un autre animal, parce que la jument est un animal tellement luxurieux ­quelle peut être engrossée par le vent au-dessus de la mer. [3] Ainsi les fourbes ­conçoivent les péchés, les paroles trompeuses, à partir de rien, ou encore ceux qui se refusent à Dieu tombent dans un puits de vices.

663 cognataque (« apparentée ») : parce que mon père est à la fois cheval et homme.

[f. 69r]

II 664

En ­dautres termes : « Je ne devrais pas être entièrement changée en jument, mais je devrais recevoir la forme de mon père Chiron, qui est double. »

665 elle est dabord métamorphosée, pour que le récit quelle donne ait sa place.

428

II 667-668

Mox nec verba : mox, id est ­consequenter ; nec : pro non ; quidem :certe preferunt ; verbanecillesonusvidetureque, sed videtur esse sonus equa simulantis, id est alicuius, est si.

667-668*

667 quidem : certe ; illevidetur : quem dedit. 668 simulantis : alicuius hominis ; -que : et ; in tempore : id est cito dedit.

II 669-670

Quia brachia mutata fuerunt in pedes, et tangit herbas ­com pedibus ; digiti coeunt in unam ungulam.

669-670*

669 edidit : dedit ; brachia : sua. 670 Tumdigiti : tunc sui ; coeunt : iunguntur ; quinos : quisque ; alligat :­coniungit.

II 671

Levis : id est tenuis vel leviter veniens vel gracilis.

671-672*

671 ungula : rale gallice ; etoris : etiam vultus. 672 longe : magne ; palle : clamidis sue.

II 674

iubas ] Iuba proprie est equorum, capilus hominum.

673-674*

673 cauda : id est mutatur in caudam. 674 -quevagi : et dispersi.

II 675

Nomen quoque monstra : id est mutatio monstruosa dedit nomen quia illi qui videbant illam, dicebant : ecce ­qua, vel ­quam ; monstra nomen dedere ; nomen, id est famam, quia fama erat quod mulier illa sciebat futura, unde admirabantur homines.

675* vox : sonus ; facies : forma ; quoque : certe ; monstra : muta.

669-670 digiti] digitorum ms. | 670* Tum]tamenms.

429

II 667-668

Mox nec verba (« Bientôt ce ne sont plus des paroles ») : mox (« bientôt »), ­cest-à-dire en ­conséquence ; nec (« et ne pas ») : pour « ne pas » ; quidem (« certes ») : on préfère « certainement » ; verbanecillesonusvidetureque (« cela ne semble (ni) des mots, ni le hennissement ­dune jument »), mais cela semble esse sonus equa simulantis (« être la voix de ­quelquun qui imite ce hennissement de jument »), ­cest-à-dire est si (« si ­cest (la voix) ») de ­quelquun.

II 669-670

Parce que ses bras devinrent des jambes, et ­quelle toucha ­lherbe avec ses pieds ; ses doigts se rassemblèrent en un sabot.

II 671

Levis (« léger »), ­cest-à-dire fin ou ­sallégeant, ou grêle.

II 674

iubas (« crinières »)]On parle proprement de crinière pour les chevaux, et de cheveu pour les hommes.

II 675

Nomen quoque monstra (« Le prodige (lui donna) aussi un nom ») : sa mutation prodigieuse lui donna ce nom parce que ceux qui la voyaient disaient « ecce qua » (« voici celle par laquelle ») ou « quam » (« celle que ») ; monstra nomen dedere (« le prodige lui donna un nom ») ; nomen (le nom), ­cest-à-dire « la renommée », parce que cette femme avait la renommée de ­connaître le futur, ­cest pourquoi les hommes ­ladmiraient.

430

II 676-679

[1] Ita mutata fuit Oechiroe, qua de causa Chiron flevit, quia filia sua erat. Unde actor intrat illam materiam, quomodo Bacus mutatus fuit in lapidem de Phebo. [2] Com Esculapius natus fulminatus, Phebus, sciens per artem quod Iupiter ipsum fulminaret, occidit Ciclopes Iovi fulmina fabricantes, unde Iupiter, iratus, epulit illum a deitate sua, et factus fuit pastor Ameti regis, et, cum vacas servaret, Mercurius sibi furatus fuit, unde persuadenter promisit Baco unam vacam ne ipsum acusaret. [3] Postea reversus est, illo totaliter mutato, et peciit vacas promittendo illi duas, unde rusticus incusavit. Mercurius, iratus, mutavit illum in lapidem.

676-679*

676 Flebat : plorebat ; opemque : auxilium et ; Philleri(us) : Chiron ; ­com Philero monte. 677 Delphice : o tu, Phebe ; recindere : revocare. 678 iussa : dicta ; nec : et non ; si :quamvis ; posses : revocare. 679 tunc : et in tempore ; arva : rura ; colebas : habitabas.

II 680-683

[1] Moralitas talis est : Appollo per Ciclopes fabros Iovis occisos deitate sua spoliatus est. Sepe etenim sapiens alias delirans est, quia fabros Iovis, id est predicatores qui verba Dei in hominibus fabricant, impendit, et ostendit per sapientiam suam aliquam inspirationem ­contra divinam et rationem Dei, et sic a deitate sua expulsus est, id est a sapiencia divina ; pastoralem induit simplicitatem, quia rudis officitur. [2] Cuius vacas, id est beata opera, postea Mercurius, id est aliquis eloquens et sapiens, facondia sua furatur, quia ipse quibus adhereat, que relinquat, argumento et sua solercia ostendit. [3] Quod furtum Bacus, id est aliquis simplex terrenis intentus, – unde et Bachus dictus est a batim, quod est gradus, quia, qui terrenis inhiant, gradientes sunt, non equitantes, non volantes sicut illi qui volando superius vacant – Mercurio hoc imponit, id est pocius per Mercurium hoc evenisse iurat, id est per facondiam hominis, quam ex divina inspiratione. [4] Com tamen facondia dei donum fit nec nisi a deo haberi possit, unde in lapidem mutatus est Bacus, per hoc quidem aperuit Bacum esse lapidem et nichil scientem.

676-679.1 lapidem] lapide ms. | 676-679.2 fulminatus] fuisset vel natus ms. furatus ex f furatus ms. persuadenter] pro Baco # et ms. | 680-683.1 alias delirans ] aliquis # ms. | 680-683.2 beata] bruta ms. furatur] fruatur ms. | 680-683.3 Mercurio] Mercurius ms. | 680-683.4 donum] domum ms.

431

II 676-679

[1] Ainsi Ocyrhoé fut métamorphosée, et pour cela Chiron pleura, parce que ­cétait sa fille. ­Lauteur aborde alors une autre matière : la façon dont Battus fut changé en pierre à cause de Phébus. [2] Comme Esculape était né, ou ­comme Phébus était né, sachant par son art que Jupiter le foudroierait, il tua les Cyclopes qui fabriquaient la foudre pour Jupiter. Ce dernier, irrité, lui retira sa qualité de dieu. Il devint donc berger pour le roi Admète. Alors ­quil gardait des vaches, Mercure les lui déroba. Mais (il se retrouva) devant Battus. Alors il lui promit une vache pour ­quil ne ­laccuse pas. [3] Puis il revint, mais totalement transformé, et lui demanda où étaient les vaches, en lui en promettant deux. Alors le paysan accusa Mercure. Celui-ci, empli de colère, le transforma en pierre.

II 680-683

[1] La moralité est la suivante : Apollon fut privé de sa divinité pour avoir tué les Cyclopes, forgerons de Jupiter. Souvent en effet le sage quitte la ligne droite pour explorer ­dautres lieux, menaçant les forgerons de Jupiter, ­cest-à-dire les prédicateurs qui façonnent la parole de Dieu pour les hommes, et montrant par sa sagesse une pensée ­contraire à la pensée divine et à la raison de Dieu : ainsi il est privé de sa divinité, ­cest-à-dire de la sagesse divine. Il revêt la simplicité du berger, parce ­quil est envoyé devant les incultes. [2] Ses vaches, ­cest-à-dire ses bonnes actions, lui sont ensuite dérobées par Mercure, un homme sage et éloquent, grâce à sa faconde, parce ­quil démontre par ses arguments et par son habileté à quelles idées il adhère lui-même, et quelles idées il délaisse. [3] Battus, ­cest-à-dire un homme simple attaché aux biens terrestres – Battus tire son nom de batim, qui signifie « le pas », parce que ceux qui aspirent aux biens terrestres vont à pieds, et non à cheval, et ne volent pas ­comme ceux qui en volant se ­consacrent aux réalités supérieures – impute ce vol à Mercure, ­cest à dire jure que ­cest arrivé par Mercure, ­cest-à-dire par ­léloquence de ­lhomme, plutôt que par ­linspiration divine. [4] Alors que pourtant ­léloquence est un don de Dieu et ne pourrait être possédée si ce ­nest par un dieu ; aussi Battus fut-il changé en pierre, par ce seul fait il apparut que Battus était une pierre et ne possédait aucun savoir.

432

680-683*

680 Illud : unum ; quo : tempore ; pastoria : pastoris ; pellis : tegimen. 681 texit : lustravit ; honus : dextre ; baculus : quidam ; olive : illius arboris. 682 dispar : non equalis ; cannis :calamellis. 683 Dumque : quando et ; cure : tue ; mulcet : lenit.

II 684

Incustodite  : quia Phebus relinquerat armentum suum intendendo amori suo. Memorantur : antiqua gramatica.

684* incustodite : sine custodia ; memorantur : dicuntur.

II 685-686

Quomodo Mercurius furatus fuit boves Phebi

Arte sua (686) : id est per prestigium, quia Mercurius invenit quandam artem per quam faciebat res invisibiles et se ipsum invisibilem, et est nigromancie artis, quod prestigium vocatur. Abactas  : ab uno loco ad alium ductas vel procul actas.

685-686*

685 processisse : isse ; boves : tu ; Athlantide : a loco dicta ; Maia : illa nimpha. 686 natus : Mercurius ; arte : ingenio ; occultat : abscondit ; abactas : raptas.

II 687

Com Mercurius furatus fuisset vacas Phebi, nemo percepit nisi Bacus rusticus, qui partibus illis erat custos animalium.

687-691*

687 Senserat :preceperat ; furtum : latrocinium ; notus : cognitus. 688 rure : patria ; senex : unus. 689 Nili : illius fluvii. 690 nobiliumque : pinguium et ; custos : servitor ; equorum : quadrupedum. 691 Hunc : Bacum ; timuit : Mercurius ; blandaque : suavi et ; seduxit : acena gallice ; illi : ait.

685-686 Abactas  : ab uno] ab uno ms. | 687 vacas] bacas ms.

433

II 684

Incustodite (« Sans surveillance ») : parce que Phébus avait laissé son troupeau pour ­soccuper de ses amours. Memorantur (« on rapporte que ») : selon ­lancienne grammaire.

II 685-686

Comment Mercure déroba les bœufs de Phébus

arte sua (« par son art ») : ­cest-à-dire par ses sortilèges, parce que Mercure inventa ­lart de rendre les choses invisibles, et se rendit lui-même invisible, ce qui relève de ­lart de la magie noire, ­quon appelle « sortilèges ». <Abactas> (« les ayant détournées ») : les ayant ­conduites ou plutôt poussées, ­dun lieu à un autre.

II 687

Mercure avait volé les vaches de Phébus, mais personne ne ­lavait vu, sauf le paysan Battus, qui gardait des bêtes dans ces lieux.

434

II 692-694

De locutione Mercurii ­com Bacho

Ego bene ­concedo quod aliquam remunerationem habeas de tuo facto, et propter hoc ego tibi ­concedo unam ­vacam. Rusticus dixit : Vade securus, quia iste lapis dicet prius tua facta quam ego ­dicam. Finxit Mercurius abire ; postea reversus est, mutata forma com voce, iterum vacas interrogans.

692-698*

692 quiquis : quicumque es ; hospes : advena ; armenta : animalia ; requirat : interroget. 693 aliquis : homo ; neu : quod non. 694 rependatur : detur ; cape : sume ; premia : scilicet. 695 dedit : solvit ; Accepta : vaca ; reddidit : dixit ; hospes : alienigena Bacus. 696 tutus : secures ; lapis : petra ; iste : ista ; facta : vel furta ; loquetur : dicet. 697 lapidem :petram ; ostendit : monstravit ; Simulat : fingit ; natus : Mercurius ; abire : pergere. 698 mox : ­consequenter ; figura : forma sua.

II 699-707

De mutatione Bachi in lapidem

Rusticus, audiens quod premium dupplicabatur propter furta detegenda, dixit quod erant in silva propinqua, et dicit Ovidius ex parte sua quod in rei veritate erant. Hoc audiens, Mercurius risit et ad ultimum illum mutavit in lapidem, sicut rusticus monstravit in signum. Ille lapis dicitur index (706), id est demonstrator.

699-706*

699 rustice : o tu ; limite : via. 700 boves : vacas ; feropem : da auxlium ; deme : remove. 701 Iuncta : ­com copulate ; pariter : similis ; femina : vaca. 702 At senior : rusticus Bacus ; geminata : duplicate ; sub : dixit. 703 erant : ille vace ; erat : in rei veritate. 704 Athlanciades : Mercurius ; perfide : perdens fidem. 705 Me : repetit ; prodit : ad maiorem indignationem ; vertit : mutavit. 706 in silicem : lapidem : qui : lapis ; quoque : in presenti ; index : demonstrator.

694* capeexcaperems. | 696 factadel. fort. eadem manus | 699-707tit. lapidem] lapis ms. | 699-707 rusticus ex rusticus ab illis ms. | 705* mutavit] mutavi ms.

435

II 692-694

Conversation de Mercure avec Battus

« Je ­taccorde que tu dois avoir quelque rémunération pour ton aide : je te donne une vache. » Le paysan répondit : « Va-­ten tranquille, cette pierre révèlera ton secret avant moi. » Mercure fit semblant de ­sen aller, mais revint ensuite sous une autre apparence et ­linterrogea à nouveau sur les vaches en prenant une autre voix.

II 699-707

Métamorphose de Battus en pierre

Le paysan, apprenant que le prix était doublé ­sil révélait le vol, lui dit que les vaches étaient dans la forêt voisine – Ovide ajoute en aparté que ­cétait la vérité. En ­lentendant, Mercure se mit à rire et finalement le changea en une pierre, identique à celle que le paysan avait prise ­comme symbole. Cette pierre est appelée index (« indicateur »), ­cest-à-dire « qui démontre ».

436

[f. 69v]

II 708

[ 1] hinc se sustulerat. In hoc loco actor noster ingreditur fabulam, que talis est : ­com Mercurius mutavisset Bacum in lapidem, in deitatem reverti voluit apud Athenas, et, ­com iter per ethera faceret, ­contigit ut videret puellas tres venientes et pergentes ad sacra Palladis. [2] Inter quas erat Herse valde pulchra, quam videns ­concupiit, unde voluit illam petere, sed in domo erant tres camere, quarum Aglaros habebat levam, Pandrasos dextram, Herse erat in media. [3] Com Aglaros vidisset Mercurium venientem, voluit scire ad quid veniebat. Mercurius respondit quod Herse erat causa sui adventus ; tandem illa petiit aurum ut faceret illum copulari com sorore. [4] Hoc videns, Pallas voluit illam mutari quia recordata fuit quod ­contra suum preceptum viderat Erithonium, unde Pallas petiit invidiam ut illa Aglaros cruciaret et sic Invidia fecit ; et illam cruciavit et ad ultimum Mercurius mutavit Aglaros in lapidem.

708-713*

708 Hinc se sustulerat paribus caducifer alis : ab illo loco elevaverat equalibus Mercurius caduceam virgam ferens. 709 Monochios : a Mon o ­chio ; -que volans : et ege ; -queMinerve : et Palladi. 710 despiciebat : desurusm aspiciebat ; humum : terram ; -que : et ; Lycei : illius montis. 711 forte : casu ; demore :per morem. 712 vertice : capite ; ­festas : ­festivas ; arces : turres. 713 pura :monda ; coronatis : ornatis ; canistris : paniers gallice.

II 714

Inde revertentes  : com Mercurius vidisset Cycropidas redeuntes a sacris Palladis, incepit mirari, unde actor facit ­comparationem de illo ad milvum quando videt exta, quia, sicut milvus libenter exta cernit, sic Mercurius libenter illas puellas perlustrabat.

708.3 causa] ­­com ms. illa] illam ms. | 709* a Mon o ­­chio] ­­com monchio ms. | 712 ­­festivas] ­­festinas ms.

437

[f. 69v]

II 708

[ 1] hinc se sustulerat (« De là il ­sétait envolé »). À cet endroit notre auteur ­commence la fable suivante : après avoir changé Battus en pierre, Mercure voulut repartir sous sa forme divine vers Athènes. Pendant son voyage dans les airs, il arriva ­quil vit venir trois jeunes filles qui se dirigeaient vers les autels de Pallas. [2] Parmi elles se trouvait Hersé, qui était ­dune grande beauté : il la désira au premier regard et voulut lui faire sa demande, mais la maison ­contenait trois chambres ; Aglauros occupait celle de gauche, Pandrasos celle de droite, Hersé celle du milieu. [3] Aglauros vit Mercure arriver et voulut savoir la raison de sa venue. Mercure lui répondit ­quHersé était la cause de sa visite. Aussitôt Aglauros lui demanda de ­lor pour lui permettre de ­sunir à sa sœur. [4] Voyant cela, Pallas voulut la métamorphoser, parce ­quelle se souvint ­quAglauros avait vu Érichthonius ­contre son ordre. Pallas demanda alors à Envie de tourmenter Aglauros, ce que fit Envie. Elle la tourmenta et finalement Mercure changea Aglauros en pierre.

708 Mercure ­sétait élevé au-dessus de ce lieu par des coups ­dailes réguliers, en portant sa baguette, le caducée.

II 714

Inde revertentes (« Comme elles en revenaient ») : voyant les filles de Cycrops revenir des autels de Pallas, Mercure tomba en admiration. ­Lauteur introduit alors une ­comparaison de Mercure avec le milan qui voit des entrailles de victimes : ­comme le milan les regarde avec ­concupiscence, ainsi Mercure se ­complaisait à ­contempler ces jeunes filles.

438

714-721*

714 Inde : ab illo loco ; deus : Mercurius ; iter : viam. 715 agit : ducit ; rectum : rectitudinem ; orbem : flexuositatem. 716 volucris : sicut existens avis ; rapidissima : valde rapax ; extis : intestinis. 717 dum : quando ; dempsi :frequentes ; circomstant : lustrant ; ministri : famuli. 718 flectitur : curvature ; girum : circuitum ; abire : pergere. 719 -que : et ; avidus : vulnus. 720 sic : taliter ; Acthenas : Atheniensis ; agilis : velox ; Cillenius :Mercurius ; arces : turres. 721 inclinat : ducit ; currus : suos ; circinat : circuit ; auras : ventus.

II 722-725

De Mercurio et Herse

Facit actor ­comparationem de Herse dicens : sicut Lucifer splendet magis omnibus sideribus, sicut luna spendet magis Lucifero, sic Herse pulcrior erat omnibus virginibus ­com quibus ibat, unde Mercurius stupuit.

722-726*

722 Quantosplendidior :in quadam proportione ; cetera : alia ; fulget : resplendet. 723 Lucifer : sydus matutinum ; Phebe : luna. 724 tantovirginibus : in tanta proportione ; prestantior : plus valens ; Herse :proprium. 725 -que : et ; ­comitum : sociarum. 726 Obstupuit : stupefactus fuit ; forma :specie ; natus : Mercurius.

II 727-728

Modo facit ­comparationem de ardore Mercurii ad plumbum et dixit : similiter plumbum quod funda iacit (728) eundo calet in ethere, sic Mercurius ustus fuit amore Herses vise.

727-731*

727 nonsecus : aliter ; Ballearia : a Balero monte. 728 funda : lingue ; illud : plumbum ; incandescit :albet ; eundo : volando. 729 quos : calores ; nubibus : etheris ; ignes : calores. 730 Vertititer : variat viam ; celoque : ethere et ; diversa :varia. 731 nec : et non ; dissimulat : fingat ; fiducia : fidit tantum ; forme : sue.

439

II 722-725

Mercure et Hersé

­Lauteur introduit une ­comparaison à propos ­dHersé : ­comme Lucifer, dit-il, resplendit plus que toutes les étoiles, ­comme la lune resplendit plus que Lucifer, ainsi Hersé était plus belle que toutes les vierges qui marchaient avec elle, ce qui frappa Mercure ­dadmiration.

II 727-728

Ensuite ­lauteur ­compare ­lardeur de Mercure à du plomb : ­comme le plomb que funda iacit (« lance la fronde ») brûle en rejoignant le ciel, ainsi Mercure fut brûlé ­damour à la vue ­dHersé.

440

II 732

[1] Moralitas talis est : Mercurius deus eloquentie, volans super Athenas civitatem, ubi viget sapientia, quia eloquentia bona sine morte est, vidit puellas sorores sapientie que dicuntur esse virtutes, inter quas erat hee Herse et Aglaros et Pandrasos, que interpretantur tres virtutes principaliores, videlicet fantasis, intellectus, memoria ; et sunt in domo triclinio, quia dicunt philosophi quod in cerebro sunt tres camere, quarum Aglaros tenet levam, que interpretatur sine oblivione. [2]Mercurius, eloquentia, predilexit Hersem, quia in medio erat, unde patet quod memoria vel ymaginativa adamatur. Tamen Pallas ad ultimum fecit Aglaros invidam, quia sapientes tanto plus sciunt, tanto plus cupiunt scire et invident scientibus non in malo sed in bono. Ad ultimum mutata fuit in lapidem, quia firmiore natura ­conservat illa cella que sibi tradita sunt quam alie.

732-736*

732 Que :forma ; quamquam : quamvis ; iusta : pulcra ; cura : per curam ; illam : curam. 733 permulcetque : ­comit et ; ­comas : capillos ; apte :­competenter. 734 collocat : ­componit ; limbus : celle gallice ; -que : et. 735 terres : rotunda ; dextra : sua ; qua : virga ; sompnos : sopores ; ducit : facit ; arcet : removet. 736 virga : sua ; niteant : splendeant ; talearia : ornamentis ; plantis : plantarum.

II 737-739

Descriptio domus Hersis

Describit actor domum in qua erant sorores et quomodo.

737* testudine : volte gallice ; ­cultos : ornatos.

II 738-739

Nota quod talia nomina, sicut Aglaros, Naxos, Delos et Pandrasos et similia faciunt de se nomina feminina in -us terminata, ut Aglarus, Delus, Pandrasus.

738-739*

738 thalamos : cameras ; quorum : thalomorum ; Pandrase : tu tenes ; dextrum : thalamum. 739 Aglaros : tenuit ; levum : sinistrum thalamum ; Herse : proprium.

732.1 viget ex viges ms.levam] levum ms. | 738-739 Pandrasos ex Prandasos ms.

441

II 732

[1] La moralité est la suivante : Mercure, dieu de ­léloquence, volant au-dessus de la cité ­dAthènes où la sagesse est vigoureuse parce que la bonne éloquence est immortelle, vit les jeunes sœurs de la sagesse ­quon appelle vertus, parmi lesquelles se trouvaient Hersé, Aglauros et Pandrasos, ­quon interprète ­comme les trois vertus principales, ­limagination, ­lentendement et la mémoire ; elles habitent dans une maison à trois lits, parce que ­daprès les philosophes il y a trois chambres dans le cerveau : Aglauros occupe celle de gauche, on ­comprend celle qui ­noublie pas. [2]Mercurius (« Mercure »), ­léloquence, préféra Hersé, qui occupait la chambre du milieu, ­doù il est clair que ­cest la mémoire ou la vertu ­dimagination qui est aimée. Cependant à la fin Pallas rendit Aglauros jalouse, parce que plus les sages ont de ­connaissances, plus ils désirent en acquérir : ils envient ceux qui savent, non en mal mais en bien. Finalement elle fut changée en pierre, parce que cette cellule ­conserve plus fermement que les autres les ­connaissances qui lui sont ­confiées.

II 737-739

Description de la demeure ­d Hersé

­Lauteur décrit la demeure dans laquelle vivaient les sœurs, et sa disposition.

II 738-739

Noter que des noms ­comme Aglauros, Naxos, Delos, Pandrasos et ­dautres semblables donnent (en latin) des noms féminins terminés par –us : Aglaurus, Delus, Pandrasus.

442

II 740-742

[1] Aliter sic exponitur : Aglaros, invida, Mercurium expellere temptans, mutata est in lapidem. Aglaros interpretatur sine memoria ; ipsa est oblivio que Mercurium, id est facundiam, expellit. Res enim a facondia pertractatas nititur expellere, id est oblivioni tradere, sed a Mercurio mutatur in lapidem, id est facta est impotens. [2] Prevalent enim res memorande nec omnino deleri possunt oblivione, et hoc est quod dicit : scitarier (741), pro scitari – paragoge propter sillabicam adiectionem – et quare ibi venerat interrogavit ista Aglaros.

740-742*

740 Que : illa ; levum : sinistrum ; primanotavit : primo cognovit. 741 Mercurium : proprium ; -que : et ; citarier : pro citari ; paragoge. 742 etcausam : ausa est citari quare veniebat ; Athlantis : illius propria.

II 743-745

Pleyonesque (743) : quia erat filius Maie, filie Athlantis et Pleyones. Dicit Mercurius : Non fingam causas (745) mei adventus, imo dicam veritatem ; amor Herses est causa adventus mei, et propter hoc dico tibi quod velis esse sibi ­fidelis.

743-745*

743 Pleyones : illius ; qui : sue ; iussa : precepta ; auras : per ethera. 744 patris : mei, scilicet Iovis ; mihi : qui loquor. 745 Nec : et non ; fida : fidelis ; sorori : Herse.

II 746-749

Matertera dici (746) quia, si genuero in ea filium, matertera eris eius, cum tu sis soror ­Herses, et, cum ita loqueretur Mercurius illa petendo, Aglaros vidit illum isdem oculis (748) prophanis, quibus oculis viderat secreta Minerve (749), id est Palladis flave (749), id est albe ; et dicit flave propter arborem olivam que Palladi ­consecratur, de qua arbore fit oleum, quod est flavi coloris.

740-742.1 temptans] tempta ms. facondia] facondis ms. | 741* paragoge] paragogo ms. | 743-745 Maie] Nuge ms.

443

II 740-742

[1] Une autre exposition est la suivante : Aglauros, ­lenvie, essayant de chasser Mercure, fut changée en pierre. Aglauros figure ­labsence de mémoire ; elle est elle-même ­loubli qui chasse Mercure, ­léloquence. Elle ­sefforce de chasser les ­connaissances explorées par les orateurs, ­cest-à-dire de les livrer à ­loubli, mais elle est changée en pierre par Mercure, ­cest-à-dire rendue impuissante. [2] Mais les ­connaissances à ­confier à la mémoire ont plus de force et ne peuvent être ­complètement détruites par ­loubli, ­cest ce ­quil dit : scitarier pour scitari (« ­sinformer ») – ­cest une paragoge, à cause de ­lajout syllabique) : cette Aglauros demanda à Mercure la raison de sa venue chez elles.

II 743-745

Pleyonesque (« et de Pleioné ») : Mercure était le fils de Maia, fille ­dAtlas et de Pleioné. Mercure dit : « Non fingam causas (« je ­ninventerai pas de fausses raisons ») de ma venue, je dirai la vérité : ­lamour ­dHersé est la cause de ma venue, et je te le dis pour que tu aies envie ­dêtre loyale envers elle. »

II 746-749

« Matertera dici (« être appelée tante ») parce que, si ­jai un fils avec Hersé, tu seras sa tante, puisque tu es la sœur ­dHersé » et, alors que Mercure lui faisait cette demande, Aglauros le vit isdem oculis (« avec les mêmes yeux ») sacrilèges avec lesquels viderat secreta Minerve (« elle avait vu les secrets de Minerve ») ­cest-à-dire Pallas, flave (« blonde ») ­cest-à-dire « blanche » – il utilise le mot flave (« blonde ») à cause de ­lolivier ­consacré à Pallas, arbre dont vient ­lhuile ­dolive qui est de couleur blonde.

444

746-749*

746 -que : et ; matertera :amica ; dici : id est vocari. 747 amanti : mihi amanti illam. 748 hunc : Mercurium ; oculis :illis ; quibus : oculis ; abdita : abscondita ; nuper : nondum est. 749 viderat : aspexerat ; Aglaros : proprium ; flave : candide ; Minerve :Palladis.

II 750-751

Ponderis aurum postulat (749-750) dicens : Si volueris quod ego tuis dictis de sorore mea acquiescam, da mihi pondus ­aure. Et, ­com ita postulasset, Pallas, videns hoc, revolvit in mente illud quod retexerat secretum suum ­contra illam. Mota fuit graviter, et hac de causa domum Invidie petiit.

750-756*

750 proque : et servicio. 751 postulat : interrogat ; tectis : domibus ; excedere : abire ; cogit : viget ; ut facilius ­concedat illi quod impetraret quod exclusus fuisset. 752 hanc : Aglaros ; torvi : crudelis ; bellica : Pallas ; luminis :oculorum ; orbes : aciem. 753 penitus : omnino ; motu : tanta ­commotione pectoris. 754 ut :quod ; pectus : suum ; positam : missam. 755 egida : clipeum ; subit : reminiscitur ; hanc : Aglaron ; archana : secreta ; prophana :prava. 756 manu : sua ; tunc : in illo tempore ; creatam : formatam et natam.

II 757

Quomodo Pallas collegit in odio Aglaron

Contra data : quia dederat firmum mandatum tamquam legem quod, si aliqua sororum videret hoc, male tractaretur, ut superius dictum est in hoc libro.

[f. 70r]

Lempniacam, quia de semine Vulcani natus fuit Eritonius, qui Vulcanus in Lempno insula colebatur.

757* Lempniacam : vulcaniam ; stirpem : prolem ; data : legem ; federa : datam ; vidit : a Pallade.

748* nondum] nondiu ms. | 751* quod2] de(inde) ? ms.

445

II 750-751

Ponderis aurum postulat (« elle demande un poids ­dor ») en disant : « si tu veux que je me fie à tes paroles ­concernant ma sœur, donne-moi un gros poids ­dor ». Pallas, qui ­lentendit faire cette demande, se rappela ­quelle avait découvert son secret en désobéissant à ses ordres. Elle fut prise ­dune grande colère et pour cela se rendit à la demeure ­dEnvie.

II 757

Comment Pallas prit Aglauros en haine

Contra data (« ­contre (la parole) donnée ») : parce ­quelle avait donné un ordre aussi ferme ­quune loi : si ­lune des sœurs voyait (le ­contenu du coffret), il lui arriverait malheur, ­comme on ­la lu plus haut dans le livre.

[f. 70r]

Lempniacam (« Habitant de Lemnos ») : parce ­quÉrichthonius naquit de la semence de Vulcain, lequel Vulcain vivait sur ­lîle de Lemnos.

446

II 758-759

Ita petierat Aglaros aurum a Mercurio, et tamen Aglaros melius amavisset quod Mercurius haberet rem ­com illa quam ­com sorore sua.

758-759*

758 ingratam : futuram ; deo : Mercurio ; sorori : Herse. 759 ditem : vidit illam ; sumpto : accepto ; poposcerat : si sumpsisset.

II 760-764

Descriptio domus Invidie

Vento (762) : quia inspiratio Sancti Spiritus non potest intrare corda invidorum nec illuminatio Sancti Spiritus.

760-762*

760 Protinus : cito ; Invidie : illius dee ; nigro : obscuro ; scalencia :obscura ; tabo : putredine. 761 tecta : domos ; antri : unius. 762 abdita :abscondita ; sole : et est claritate ; pervia : quia ventus non habet ingressum.

II 760-801

Invidia ad Aglaron

[ 1] Protinus (760) : in hoc loco agit actor de Invidia et dicit quod Pallas, que interpretatur sapientia, perrexit ad domum Invidie, imperans ei ut tangeret pectora Aglaros quoniam impediebat volumptatem Mercurii, qui interpretatur sermo, quia Mercurius cuiuslibet mens vel sermo interpretatur. [2] Tres enim erant sorores, scilicet Herse, Pandrasos et Aglaros. Hersem amavit Mercurius, et dicitur ab er, quod est lis, et sequor-ris, quasi sequens lites, quia Mercurius amavit eam ; nichil aliud est nisi quod per sermonem et sapientiam pacificantur lites. [3] Pandrasos interpretatur quod totum sibi ­condonans ; Aglaros sine memoria, id est oblivio. Ista Aglaros, que plena fuit invidia, volebat Mercurium repellere, id est sermonem sapientis, unde mutata fuit in lapidem nigrum, id est ad nichilum redigitur. [4] Domus Invidie est humana mens que omnibus bonis caret, unde versus : « Mens domus Invidie, Pallas sapiencia, sermo / aliger. Aglaros invida facta lapis ».

758-759 haberet] heret ms. | 760-801.3 Ista] istas ms. plena] plenus ms.

447

II 758-759

Ainsi Aglauros avait demandé de ­lor à Mercure, mais Aglauros aurait préféré que Mercure ­sunît à elle plutôt ­quà sa sœur.

II 760-764

Description de la demeure ­d Envie

Vento (« par le vent ») : parce que le souffle du Saint Esprit ne peut pénétrer les cœurs des jaloux, pas plus que la lumière du Saint Esprit.

762 pervia (« lieu reculé ») : parce que le vent ­ny a pas accès.

II 760-801

Envie se rend auprès ­d Aglauros

[ 1] Protinus (« Aussitôt ») : à cet endroit ­lauteur traite ­dEnvie et dit que Pallas, qui figure la sagesse, se rendit à la demeure ­dEnvie pour lui ­commander de toucher le cœur ­dAglauros, qui faisait obstacle au désir de Mercure, interprété ­comme le discours, parce que Mercure est ­compris ­comme ­lesprit ou le discours de tout un chacun. [2] Elles étaient trois sœurs, Hersé, Pandrasos et Aglauros. Mercure aima Hersé, dont le nom vient de –er, qui signifie « la querelle » et sequor-ris (« suivre »), en ­dautres termes « qui suit les querelles », parce que Mercure ­laima. Cela signifie simplement que, par le discours et la sagesse, les querelles sont apaisées. [3] Pandrasos signifie « qui se donne totalement sans réserve ». Aglauros est ­labsence de mémoire, ­loubli. Cette Aglauros, qui était pleine ­denvie, voulait chasser Mercure, ­cest-à-dire le discours du sage, et fut changée en pierre noire, ­cest-à-dire réduite à néant. [4] La demeure ­dEnvie est ­lesprit humain privé de tous les biens, ­doù les vers : « ­Lesprit est la demeure ­dEnvie, Pallas est la sagesse, le discours a des ailes. Aglauros la jalouse fut pétrifiée. »

448

II 763

Frigoris, quia invidus semper est frigidus : « Livor, inhers vicium, mores non exit in altum ».

763-764*

763 tristis : et est ; etignavi : mali ab effectu ; et que : est talis que. 764 ignevacet : claritate careat ; caligine : obscuritate.

II 765-766

Quomodo Pallas petiit invidiam

765 Huc : in hac domo ; metuenda : timenda ; virago : Pallas viriliter agens. 766 succederetectis : intrare tecta.

II 767

Fas habet : quia nomquam invidia intrat aliquem sapientem ; sapientia et invidia opposita sunt et Pallas est dea sapientie.

767-768*

767 fas : licet ; postes : domus ; extrema : vitima ; pulsat : frequenter. 768 Concusse : pulse ; fores : ianue ; intus : domum ; edentem : ­comedentem.

II 769

Vipereas dicit quia serpens est animal astutum atque fallax et invidie multe fallacie.

769-770*

769 vipereas : serpentinas ; alimenta : sustentamenta quibus aluntur ; suorum : vicia sua. 770 Invidiam : illam deam ; visaque : illa et ; oculos : suos ; avertit : Pallas ; illa : Invidia.

II 771

Pigre quia invidi sunt pigri ad bonum faciendum ; pigre adverbium.

Semesarum : dicitur a semis, quod est dimidium, et edo-es, et declinatur semesus-sa-sum, imperfecte ­comestarum.

763 mores] muros ms. | 769 serpens ex sarpens ms.

449

II 763

Frigoris (« de froid ») : parce que le jaloux est toujours glacé : « La pâleur inerte des vices ­nélève pas le caractère ».

II 765-766

Comment Pallas vint solliciter Envie

II 767

Fas habet (« Il (ne) lui est (pas) permis ») : parce que ­lenvie ne touche jamais le sage ; la sagesse et ­lenvie sont opposées, et Pallas est la déesse de la sagesse.

II 769

Il dit Vipereas (« De vipères ») parce que le serpent est un animal rusé et fourbe et que les ruses en tout genre sont le propre de ­lenvie.

II 771

Pigre (« paresseusement ») parce que les envieux sont paresseux pour faire le bien ; « pigre » est un adverbe.

Semesarum (« à moitié dévorés ») : le mot vient de semis, qui signifie « moitié », et edo-es (« manger »), et se décline semesus-sa-sum, « incomplètement mangé ».

450

771-772*

771 surgit : ab terra ; semesarum : parte ­comestorum ; relinquit : desinit. 772 corpora : id est carnes ; -que : et ; incedit : vadit ; inherti : malo.

II 773-774

Descriptio Invidie

Suspiria duxit (774) : ypallage est ibi ; duxit suspiria usque ad vultum Palladis, sed melius est sine ypallage, sicut possumus videre de aliquo suspirante, quod trahit vultus alterius ad sua suspiria ; vel ypallage vultus dee duxit illam ad suspiria, vel affertur ad vultum.

773-774*

773 utque : postquam ; deam : Pallada ; vidit : Invidia ; formaque : specie et ; armis : suis ; decoram : pulcram. 774 ingemuit : gemitum dedit ; dee : Palladis ; traxit : duxit.

II 775

Pallor in ore. Hic describit actor ­cultum Invidie, unde : « Invide, pallescis dum mea crescere scis ».

775* in ore :invidie ; -que : et.

II 776

Nusquam recta : quia homo invidus nonquam cernit recto lumine sed obliquo, et de corde venenosa exeunt verba.

776-778*

776 nusquam : in nullo loco ; acies : oculorum ; livent : invidi sunt ; rubigine : nigrescont. 777 pectora :sua ; felle : amaritudine ; lingua : sua ; suffusa : plena. 778 abest : deficit ; nisi : solum ; quem : iste ; fecere :sibi ; dolores : quia invidia solum ridet pro tristicia.

II 779

Nec fruitur : hoc verbum, fruor, signat in bona delectatione, sed qui invidus est, non fruitur bono licet dormiat.

775 pallescis dum] pallas cis de ms. crescere] et escere ms. | 776* livent]linentms.

451

II 773-774

Portrait ­d Envie

Suspiria duxit (« Elle tira des soupirs ») : il y a ici une hypallage ; elle tira des soupirs ­jusquau visage de Pallas, mais il vaudrait mieux supprimer ­lhypallage, ­comme nous pouvons le voir quand ­quelquun soupire, parce ­quil attire le visage de ­lautre vers ses soupirs. ­Sil y a hypallage : le visage de la déesse la tira vers les soupirs, ou elle se tourne vers le visage de la déesse.

II 775

Pallor in ore (« La pâleur sur ses traits »). ­Lauteur décrit la façon ­dêtre ­dEnvie : « Jaloux ! Tu pâlis quand tu apprends que mes biens ­saccroissent ».

II 776

Nusquam recta (« jamais droit ») : parce que ­lhomme envieux ne regarde jamais en face, mais jette des regards obliques, et son cœur ­német que des paroles fielleuses.

II 779

Nec fruitur (« Il ne goûte pas ») : le verbe fruor (« jouir ») ­semploie de façon positive pour désigner le plaisir ; mais ­lenvieux ne jouit ­daucun plaisir, même ­sil dort.

452

779-780*

779 sompno : dormitatione ; excita : ­commota est. 780 ingratos : non gratos ; intabescit : sibi deficit ; -que :et ; videndo : illos successus.

II 781

Carpit : id est dissipat bona. Carpitur : videndo aliquem habere aliquid bonum, unde versus : « Iustius invidia nichil est, que protinus ipsum / actorem rodit excruciatque sinum ».

781-782*

781 successus : bonos casus ; carpit : bona aliorum ; carpit : a bonisque ; una : videt. 782 supplicium : videre successus hominum ; est : tale ; illam :invidiam.

II 783

Tritonia : a Tritonide palude, in qua Pallas se balneare solebat, vel Tritonia, id est Trizonia, id est tres zonas, habens scilicet tres cellas : ymaginariam, rationabilem, memorabilem ; istas tres debet habere quislibet sapiens.

783* talibus : que secuntur ; affata : illam ; breviter : cito ; Tritonida : Pallas.

II 784-785

Ita loquta fuit Pallas ­com Invidia dicens : Infice (784), et cetera. Sicopusest (785) : Ita oportet fieri ex quo precipi ­tibi. Et quia plures filias habebat Cicrops, dicit Aglaros ea est (785) : his dictis, Pallas fugit (786), unde Invidia incepit illam ab obliquo cernere murmurando.

784-787*

784 infice :tinge ; tabe : putredine ; natarum : filiarum ; Cicropis : illius hominis. 785 opus : necesse ; plurima : alia. 786 fugit : vadit ; tellurem : terram ; hasta : sua. 787 Illa : Invidia ; deam : Pallada ; obliquo :non recto.

453

II 781

Carpit (« Elle cueille ») : ­cest-à-dire elle détruit les bonnes choses. Carpitur (« elle est cueillie ») : en voyant ­quelquun faire une bonne action, ­doù les vers : « Rien ­nest plus juste que ­lenvie, parce ­quelle ronge aussitôt celui-là même qui la ressent et le torture intérieurement. »

II 783

Tritonia (« La déesse du Triton ») : du nom du lac du Triton, dans lequel Pallas avait ­lhabitude de se baigner, ou Tritonia (« la déesse du Triton ») ­comme Trizonia, « trois zones », puisque (la sagesse) a trois cellules : ­limagination, la raison, la mémoire ; tout sage doit posséder les trois.

II 784-785

Ainsi Pallas parla avec Envie : Infice (« Infecte »), etc. Sicopusest (« ­Cest nécessaire ») : « il faut que cela arrive à la suite de mon ordre ». Et, parce que Cycrops avait plusieurs filles, elle ajoute « Aglaros ea est » (« ­cest Aglauros ») ; puis sur ces parolesPallas fugit (« ­senfuit ») et Envie la regarda ­dun regard oblique en marmonnant.

454

II 788

Successorumque : mos est grecorum genitivus pro ablativo ; hoc successum aliter est antitosis ; declinatur hic successus-si et successus-sus-sui.

788* successorum : bone fortune ; Minerve : Palladis.

II 789

De prosperitate Palladis indoluit quia invidia nigra est per factum.

789-791*

789 indoluit : intus in corde doluit ; -que : et ; quem : baculum ; spinea : spine. 790 cingebant : lustrabant ; adoperta : tecta ; atris : nigris. 791 quacumque : parte ; ingreditur :vadit ; florentia : plena florum ; poterit : dissipat ; arva : rura.

II 792-796

Papavera summa : herbe sunt crescentes in altum. Carpit : quia invidia maxime regnat in divitibus et magnis hominibus, unde Ovidius alibi : « summa petit livor ; perflant altissima venti », quia invidia non est nisi ventus existens maxime in divitibus. Cernit (796) : doluit quia nichil videbat triste secundum morem invidorum, unde : « Invidus alterius rebus macrescit opimis ».

792-793*

792 exurit : fetore et corruptione ; summaque : celsa et ; papavera : herbas illas ; carpit : dissipat. 793 afflatuque : hanelitu suo ; urbesque : civitates et ; -que : et.

II 794

Tritonida : declinatur hic Tritonis adiectivum relativum et non univoce in accusativo Tritonidem vel Tritonida, et omnia nomina patronomica sunt similia.

788 mos] mox ms. | 794 non univoce] novo voce ms.

455

II 788

Successorumque (« des succès ») : ­lusage grec est ­demployer un génitif au lieu ­dun ablatif. Autrement ce succès est employé par antiphrase. Le mot se décline successus-si, ou successus-sus-sui.

II 789

Indoluit (« Elle souffrit ») du bonheur de Pallas parce que, de fait, ­lenvie est noire.

II 792-796

Papavera summa (« les têtes des pavots ») : ce sont des plantes qui poussent en hauteur. Carpit (« Elle cueille ») : parce que ­lenvie règne surtout parmi les riches et les puissants, ­comme Ovide le dit ailleurs : « La jalousie recherche les sommets : le souffle des vents parcourt les hauteurs. », parce que ­lenvie ­nest rien ­dautre ­quun vent qui souffle surtout parmi les riches. Cernit (« elle voit ») : elle souffrait de ne rien voir de triste, selon les sentiments des envieux : « La bonne santé ­dautrui fait maigrir ­lenvieux ».

II 794

Tritonida (« Tritonienne ») : ce mot Tritonis se décline ­comme adjectif de relation, qui a deux formes à ­laccusatif, Tritonidem ou Tritonida ; tous les noms patronymiques se déclinent de la même façon.

456

794-797*

794 polluit : fedat ; tandem : ad ultimum ; Tritonida : Palladis ; ­conspicit : cernit ; arcem : turrem. 795 ingeniisopibusque : quia ibi erant studia diviciis ; ­festa : ­festiva ; nitentem :splendentem. 796 tenet : re(tenet) ; quia : et hec est causa ; nil : flebile ; cernit : videt. 797 postquam : quando ; thalamos : causas ; Cirope nate : id est Aglaros.

II 798

Com Invidia intravisset thalamos, Aglaros tam cito doluit de bonis alienis. Ferrugine : ferrugo est proprie rubigo ferri.

798-799*

798 iussa : precepta ; pectusque : Aglaros ; manuferrugine : sua rubigine. 799 tangit : palpat ; precordia : viscera.

II 800

Piceum : nigrum ad modum picis.

800* inspirat : sufflat ; nocens : nocivum ; virus : venenum ; perossa : Aglaros.

II 801

Pulmone : in pulmone sunt arterie, et ibi ­concipitur hanelitus ; propter hoc spargit venenum, quia de invidia exemit verba venenosa.

801-804*

801 dissipat : spargit ; medio : in. 802 Neve : quod non ; errent : vagentur. 803 germanam : sororem Hersem ; ante : ponit ; oculos : suos ; fortunatum : felix ; sororis : sue Herses. 804 ­coniugium : ponit ; deum : ponit ; ymagine : forma.

798 doluit] doluit Aglaros ms. | 801 arterie] alterie ms.

457

II 798

Dès ­quEnvie fut entrée dans sa chambre, Aglauros ressentit de la souffrance en pensant au bonheur des autres. Ferrugine (« couleur de rouille ») : ferrugo est proprement « la rouille du fer ».

II 800

Piceum (« la poix ») : noir ­comme la poix.

II 801

Pulmone (« poumon ») : dans les poumons sont les artères, où le souffle prend naissance ; ­cest pourquoi elle y répand son venin parce que de ­lenvie elle tira les paroles venimeuses.

458

[f. 70v]

II 805

Ut in brevi doleret Aglaros et haberet causam dolendi, quia dolet de bonis alienis, Invidia posuit ante illam sororem suam Hersem et ­coniugium illius et Mercurium in specie dei, unde tantis bonis cruciabatur et vix poterat nocte dieque stare quin gemeret. Cunctaquefacitmagna quia omnia faciebat apparere maiora quam in rei veritate erant.

805-806*

805 cuncta : omnia ; magna : invidia ; Quibus : magnis ; irritata : ­concita ; dolore : pena doloris. 806 Cicropis : filia Cicropis ; mordetur : vulneratur ; anxia : illa ; nocte : per noctem.

II 807

Tabe lenta : diu durante malo vicio.

807* anxia : curiosa ; luce : die ; tabe :putredine.

II 808

Liquitur, ut glacies : utitur actor duplici ­comparatione et dicit quod, sicut glacies ab ictu solis pallatim deficit, ita Aglaros deficiebat pallatim de bonis Herses sororis sue, et, sicut fenum spinosum uritur sine emissione flamme, ita Aglaros occulto dolore cruciabatur, unde melius amaret mori quam talia bona videret ; et sepe voluit dicere patri suo, quasi esset crimen, quod Herse haberet rem cum deo Mercurio.

808-813*

808 liquitur : deficit ; ut : sicut ; glacies : deficit ; saucia : vulnerata. 809 non : dolet etiam vita ; Herses : sororis sue. 810 quam : non aliter inquam ; spinosis : fit plenis spinarum. 811 que : herbe ; neque : non et ; que : et ; cremantur :uruntur. 812 Sepe : multociens ; quicquam : aliquid. 813 sepe : multociens ; velud crimen : sicut esset ­culpa ; rigidonarrare : astero vel religioso vel duro ; parenti : Cicropi.

805 gemeret] generet ms. | 807* die] diem ms. | 813* veludexvedludms.

459

[f. 70v]

II 805

Pour ­quAglauros souffrît rapidement et eût une raison de souffrir – parce que (­lenvieux) souffre du bonheur ­dautrui – Envie plaça devant ses yeux sa sœur Hersé et son union avec Mercure dans son apparence divine : aussi fut-elle tourmentée de tant de bonheur ; à peine pouvait-elle cesser nuit et jour de gémir. Cunctaquefacitmagna (« Elle amplifie tout ») parce que tout lui paraissait plus important que dans la réalité.

II 807

Tabe lenta (« une lente ­consomption ») : un méchant vice à ­leffet durable.

II 808

Liquitur, ut glacies (« Elle fond ­comme de la glace ») : ­lauteur utilise une double ­comparaison et dit que, ­comme la glace disparaît peu à peu sous les rayons du soleil, ainsi Aglauros se délitait peu à peu à cause du bonheur de sa sœur Hersé et, ­comme le foin des épineux brûle sans émettre de flamme, ainsi Aglauros était tourmentée par sa douleur secrète, au point ­quelle aurait préféré mourir que voir un tel bonheur. Souvent elle voulut dire à son père, malgré le parjure ­quelle aurait ­commis, ­quHersé avait une liaison avec le dieu Mercure.

460

II 814-818

Denique : ita erat Aglaros anxia propter bona Herses, unde denique voluit excludere Mercurium et, com Mercurius ita videret illam, incepit precari illam, unde respondit : Noli me precari, quia non abibo hinc nisi tu ­repellaris, et est ibi. Te repulso (817) : ablativo absolute positus. ­Stemus ait (818) : ita dixit Aglaros et Mercurius respondit : Teneamus istud pactum quod tu non movebis te quia mutata eris et prius movebo, et ita tenebimus ­pactum.

814-818*

814 denique : ad ultimum ; inadverso : ­contrario ; limine : vel limite. 815 exclusura :illa dico pulsura ; deum : Mercurium ; blandimenta : blandicias. 816 iactanti : dicenti ; mitissima : valde pia ; desine : me ; dixit : illa. 817 hincego :ab isto loco ; nisite : pro te ; repulso : remoto. 818 Stemus : astamus ; velox : citus ; Cillenius : Mercurius.

II 819-821

[ 1] Atilli. Construe : partesquascumque, id est in quascumque flectitursedendo, id est quascumque partes habet flexas sedendonequeuntmoverigravitate, id est ponderositate illi­conantisurgere ; vel aliter ­construitur et melius sic : partes nequeunt moveri illi ­conanti surgere quascumque partes flectitursedendo ; vel sic : partes quascumque flectitur – impersonaliter tenetur – sedendo nemo ignava gravitate illi cogit surgere. [2] Notandum quod, quando Aglaros inclinabat se flectendo ventrem versus terram vel quando alia membra flectebantur, sic remanebant, sic mutata erat ; et hoc intendit actor dicere in hoc loco.

819-823*

819 celatas : nobiles ; fores : portas ; illi : Agla(uro). 820 surgere : levare ; ­conanti : volenti. 821 ignava : mala ; nequeunt : non possunt ; gravitate : ponderositate. 821 Illa : Aglauros ; quidem : certe ; pugnat : certat ; attollere : levare. 822 genuum : suorum ; riget : rigida est ; ungues : suos. 823 labitur : vadit ; pallent : pallide sunt ; amisso : perdito.

814-818 excludere] includere ms. | 819-821.1 ignava] igna ms.

461

II 814-818

Denique (« Finalement ») : ainsi Aglauros était tourmentée par le bonheur ­dHersé, aussi denique (« finalement ») voulut-elle empêcher Mercure ­dentrer. ­Lorsquil la vit, Mercure ­commença à lui adresser des prières, mais elle répondit : « Inutile de me prier, je ne bougerai pas ­dici tant que tu ne te seras pas éloigné. » et elle reste là. Te repulso (« après ­tavoir repoussé ») : emploi en ablatif absolu. « Stemus », ait (« “Tenons-nous en”, dit-il ») ; à ces mots ­dAglauros, Mercure répondit : « Tenons-nous en à ce pacte, que tu ne bougeras pas ­dici : tu seras métamorphosée, et je bougerai le premier, ainsi nous nous en tiendrons au pacte ».

II 819-821

[ 1] Atilli (« mais elle »). ­Construire : partesquascumque (« quelque partie que ce soit ») (­cest-à-dire « dans quelque partie que ce soit ») flectitursedendo (« ­quon fléchit en ­sasseyant »), ­cest-à-dire « toutes les parties, quelles ­quelles soient, ­quil faut avoir fléchies », sedendonequeuntmoverigravitate (« en ­sasseyant, elle ne put les bouger à cause de leur pesanteur »), ­cest-à-dire de leur poids, illi­conantisurgere (« quand elle ­sefforça de se lever ») ». Ou ­construire autrement, et mieux : partes nequeunt moveri illi ­conanti surgere quascumque partes flectitursedendo (« les parties ne purent bouger, quand elle ­sefforça de se lever, quelles que soient les parties ­quon fléchit en ­sasseyant »), ou : toutes les parties, quelles ­quelles soient, ­quon fléchit (impersonnel, ­comme « on tient ») sedendo, nemo ignava gravitate illi cogit surgere (« (…) en ­sasseyant, personne ne peut la ­contraindre à les lever, car la pesanteur les engourdit »). [2] Il faut noter que, quand Aglauros voulait ­sincliner en penchant son buste vers la terre, ou quand elle voulait fléchir ses membres, ils restaient immobiles : elle avait été métamorphosée, et ­cest ce que ­lauteur veut dire dans ce passage.

462

II 825-827

Utque malum (825) : Cancer est morbus faciens membra rigescere et non potest, aut vix, medicinam habere, moribus interiora membra capiens, ut habet plura significata, unde versus : « Cancer habet morbum, piscem signumque notare ». Canceris est morbi casus cancri, quia duorum pisci vel signo dabitur hic, hoc addito morbo, vel aliter et sic : est animal Cancer-cancri signumque celeste, sed Cancer tibi sit morbus si carceris ­addis, et, sicut cancer corrumpit membra, ita letalis hyems (827), mortis et mutationis, illam capiebat.

825-833*

825 utque : sicut et ; immedicabile : sine medela. 826 serpere : ascendere ; illesas : non corruptas ; viciatis : corruptis. 827 sic : taliter ; letalis : mortalis ; hyemis : tempestas ; pallatim : diminutim ; pectora : Aglaros. 828 vitales :viventes ; clausit : ­conclusit. 829 Nec : et non ; sicognata : quamvis voluisset loqui. 830 vocis : sermonis ; iter : viam ; saxum : petram ; iam : tunc ; colla : sua ; tenebat : possidebat. 831 oraque : vultus sui ; diruerant : duri erant ; exangue : sine sanguine. 832 Nec : et non ; lapis : petra ; erat : quia ; infecerat : tinxerat ; illum : lapidem. 833 Has : supradictas ; ubi : postquam ; mentisque : prave ; prophane : vel illa Aglauros.

II 834

Quomodo Iupiter rapuit Europam ; incipit materia

A Pallade terras dictas : id est a sapientia, scilicet Athenas, et dicuntur ab a, quod est sine, et thanatos, quod est mors, quasi immortalis, quia ibi viget scientia et sapientia, que est immortalis. Pallas dicitur a pallore quia, quando clericus bene studet, pallidus est. Et ita tangit mutationem Iovis in taurum quando rapuit Europam, filiam Agenoris regis.

834* cepit : accepit ; Atlhantiades : Mercurius ; terras : Athenas.

463

II 825-827

Utque malum (« Et ­comme le mal ») : le cancer est une maladie qui rend les membres rigides et qui ne peut, ou qui peut difficilement, être soigné, car il saisit ­dhabitude les membres internes, ­comme le dit le vers : « Le cancer signifie la maladie, et peut désigner le signe du poisson ». Le cancer est le cas de la maladie du crabe, parce que le mot sera utilisé de deux façons, pour le crustacé23 ou pour ­lastre, et il faut y ajouter la maladie ; ou autrement on peut aussi ­comprendre ainsi : le cancer est un animal, et le signe céleste du cancer, mais « que le cancer soit pour toi une maladie si tu ajoutes “de la prison24” ». Et, ­comme le cancer infeste les membres, ainsi letalis hyems (« un froid mortel »), celui de la mort et celui de la métamorphose, ­semparait ­delle.

II 834

Comment Jupiter enleva Europe : début du récit

A Pallade terras dictas (« Les terres qui tiennent leur nom de Pallas ») : ­cest-à-dire de la sagesse, à savoir Athènes, ainsi nommée de a-, qui signifie « sans », et thanatos, « la mort », pour ainsi dire « immortelle », parce que la science et la sagesse, qui est immortelle, y sont vigoureuses. Pallas tire son nom de pallor, « pâleur », parce que, quand le clerc se ­consacre à ­létude, il est pâle. On arrive ici à la métamorphose de Jupiter en taureau quand il enleva Europe, la fille du roi Agénor.

464

II 835

[1] Maia fuit una de Pleiadibus, que fuit mater Mercurii et deificata fuit in stella ; et est in cauda tauri, quod signum aparet a parte sinistra illius terre. Et dicuntur Pleyades, quasi pluviades, quia in ortu illarum tempus est pluviosum, et vocantur vergilee quia illud signum non aparet nisi in vere, et in fronte tauri sunt Yades, in ortu quarum similiter tempus est pluviosum, quia in principio mensis et in fine in quo sol facit cursum suum. [2] Per illud signum tempus est pluviosum, unde versus de signo tauri : « Fronte tauri madent Yades septemque sorores / cauda Pleyades vergiliasque voces ».

835-836*

835 linquit : desinit ; ingreditur : intrat ; iactatis : positis ; pennis : suis. 836 Sevocat : seorsum vocat vel ad se vocat Mercurium Iupiter ; nec : et non ; fassusamoris : dicens quia illum diligebat.

II 837-842

Fabula talis est : ­com Mercurius mutavisset Aglaros in lapidem, Iupiter appellavit eum ad se, quia volebat rapere Europam, et dixit : Vade et duc armenta Agenoris regis ad ­lictus. Com ita dixisset illi, factum est ita. Iupiter, hoc videns, mutavit se in bovem niveum, et, ­com illum videret, Europa adamavit, et ad ultimum illum Iupiter rapuit ultra mare, et sic fuit defflorata ab illo.

837-846*

837 fide : fidelis famule ; ait : dixit ; iussorum : preceptorum ; nate : o fili ; meorum : quia quicquid dico tibi, facis. 838 pelle : remove ; solitoque : sicut ­consuevisti et ; delabere : labere. 839 queque : tellus ; tellus : terra. 840 suscipit : capit, suspicit ; indigene : inde geniti ; Sidonam : proprium nomen ; dicunt : appellant gentes. 841 hanc : Sidonam ; pete : posce ; -que : et ; procul : longe ; montano : montis ; gramine : herba ; pasci : nutriri. 842 regale : regis ; verte : duc. 843 Dixit : ita loqutus est Iupiter ; iamdudum : protinus ; monte : vel ­consequenter ; iuvenci : tauri. 844 iussa : dicta ; regis : Europa. 845 ludere : ire lusum ; virginibus : sociabus suis ; Tiriis : a Tiro ; solebat : ­consueverat. 846 ­conveniunt : ­convenientiam ; sede : pariter.

835.2 voces] notes ms. | 837-842 Europa ex Europam ms.

465

II 835

[1] Maïa était ­lune des Pléiades. Elle était la mère de Mercure, et fut déifiée : ­cest ­létoile qui se trouve à la queue du taureau, signe qui apparaît à gauche de notre terre. On les appelle les Pléiades, pour ainsi dire les « filles de la pluie », parce ­quà ­lépoque de leur lever le temps est pluvieux ; elles sont aussi appelées vergilee (« les penchées »), parce que cet astre ­napparaît ­quau printemps (ver). Au front du taureau sont les Yades (« Ioniennes »), astre au lever duquel le temps est également pluvieux, parce ­quelles apparaissent au début et à la fin du mois que prend le soleil pour accomplir sa révolution. [2] À la traversée de cet astre le temps est pluvieux, ­doù le vers sur le signe du taureau : « Au front du taureau dégoulinent les Ioniennes et à sa queue les sept sœurs, les Pléiades et celles ­quon appelle « Penchées ».

II 837-842

La fable est la suivante : Mercure avait changé Aglauros en pierre, quand Jupiter le fit venir parce ­quil voulait enlever Europe. Il lui dit : « Va-­ten ­conduire le troupeau du roi Agénor vers le rivage ». Son ordre fut aussitôt exécuté. Jupiter se transforma alors en un bœuf blanc ­comme la neige. Dès ­quelle le vit, Europe fut séduite. Finalement Jupiter ­lenleva par-delà la mer, et la déflora.

466

II 847

Maiestas et amor : duo sunt opposita quia maiestas est actoritas regalis et numquam debet extendi ad aliquam miseriam, et ille qui est in amore patitur multas miserias et multa vilia. Propter hoc dicit quod sunt duo ­contraria et Iupiter accepit iugum servile et reliquit dignitatem ; maiestas in exaltatione, amor in humilitate.

847-849*

847 maiestas : potestas regia ; ceptri : virge realis ; gravitate : actoritate. 848 illepater : admirative loquitur de Iove, id est orat Iovi ; trisulcis : propter tres proprietates fulminis. 849 ignibus : fulminibus ; qui : Iupiter ; nutu : voluntate ; ­concutit : movet.

II 850

Com ita loqueretur Iupiter, ut iusserat, tauri littora petierunt, quia Mercurius ad iussa Iovis vacas ad lictora duxit.

850-852*

850 induitur : vestitur ; : faciem : formam ; iuvencis : iuvencis. 851mugit : mugitus dat ; formosus : nobilis. 852 Quippe : certe ; color : suus est ; quam :nivem.

[f. 71r]

II 853-875

[1] Moralitas talis est : Iupiter, iuvans pater, id est Deus, misit Mercurium, id est facondiam, angelum suum, Europe, id est bone rippe ; Marie, que rippa et finis fuit Veteri Testamenti. Mutavit Iupiter in speciem tauri, quia deus assumpsit formam humanam, assumens quod non erat, non relinquens quod erat. Niveus erat. [2] Per nivem intelligimus virginitatem. Europa ascendit super eum quia Maria totam mentem in Deum posuit, unde mare, id est mondum, transivit, quia mundi viciis caruit, et Deus ex illa natus fuit. Sic dicitur. Iupiter rem ­com illa habuit non corrumpendo, sed ­conservando illam.

853* nec : et non ; aquaticus : plenus aqua ; Auster : ille ventus.

847 ­­contraria ex ­­contraria I ms. | 848* trisulcis]trifulcisms.

467

I 847

Maiestas et amor (« Majesté et amour ») : les deux ­sopposent parce que la majesté est ­lautorité du roi et ne doit jamais ­sabaisser vers quelque malheur ; or celui qui est amoureux souffre de nombreux malheurs et avilissements. ­Cest pourquoi ­lauteur dit que ce sont deux choses ­contraires, et que Jupiter reçut le joug de ­lesclave et abandonna sa dignité. La majesté est du côté de ­lélévation, ­lamour du côté de ­lhumilité.

II 850

Sur ces mots de Jupiter, ­comme il ­lavait ordonné, les taureaux gagnèrent le rivage, parce que Mercure les y ­conduisit sur ­lordre de Jupiter.

[f. 71r]

II 853-875

[1] La moralité est la suivante : Jupiter, le père aidant, ­cest-à-dire Dieu, envoya Mercure, ­léloquence, son ange, vers Europe, la bonne rive, Marie, qui fut la rive et la fin de ­lAncien Testament. Jupiter prit ­lapparence ­dun taureau, parce que Dieu revêtit la forme humaine, prenant ce ­quil ­nétait pas, sans laisser ce ­quil était. Il était blanc ­comme la neige. [2] Par la neige nous ­comprenons la virginité. Europe monta sur son dos parce que Marie posa tout son esprit en Dieu, et ainsi traversa la mer, ­cest-à-dire le monde, parce ­quelle fut exempte des vices de ce monde, et Dieu naquit ­delle. ­Cest ce qui est dit. Jupiter ­sunit à elle sans la corrompre, mais en ­conservant sa pureté.

468

II 854

Pallearia : sunt quedam pelles que pendent ad modum pallearum leves et moventur sepius et dicuntur de palo-las, id est vagor-aris.

854-862*

854 colla : sua ; thoris : replicationibus ; extant : habundant ; armis : humeris ; palearia : fanons gallice. 855 cornua : sua sunt ; quidem : certe ; sedque : sunt talia ; ­contendere : ­contendendo ; posses : probare. 856 fata : esse ; manu : alicuius ; -que : et. 857 nulle : sunt ; infronte : sua ; nec : et non ; formidabile : timorosum. 858 pacem : pacificus est ; vultus : suus ; Miratur : stupet ; nata : Europa. 859 quod : est ; formosus : pulcher et ; prelia : non ulla ; minatur : facit. 860 mittem : pium ; metuit : timuit ; ­contingere : tangere ; primo : primitus. 861 mox : ­consequenter ; adit : petit ; candida : alba ; porrigit : tendit. 862amans : Iupiter amator ; dum : donec ; sperata : quam sperabat ; voluptas : delectatio.

II 863

Vix ha cetera differt : quia vix detinebat se, Iupiter, com Europam basiaret, manus et serta sibi daret, quin raperet illam vi vel quin haberet coitum com illa.

863-867*

863 oscula : basia ; dat : donat ; manibus : Europe. 864 nunc : aliquando ; alludit : ludit ; exultat : salit. 865 nunc : aliquando ; fulvis : albis ; niveum : candidum ; deponit : sumitit ; harenis : sabulo. 866 metu : timore ; dempto : deposito ; nunc :aliquando ; pectora : sua ; prebet : donat. 867 virginea : id est Europe virginis ; palpanda : tenendum ; modo : aliquando ; cornua : sua.

854 pelles] pellis ms. | 864* exultatexexulittatms.

469

II 854

Pallearia (« Fanons ») : ce sont des peaux qui pendent à la façon de manteaux légers et ­sagitent souvent : ils tirent leur nom de palo-las (« aller à ­laventure »), équivalent de vagor-aris (« errer, aller çà et là »).

II 863

Vix ha cetera differt (« ­cest avec peine, hélas, ­quil remet le reste à plus tard ») : parce que Jupiter se retenait avec peine, pendant ­quil léchait Europe et ­quelle lui offrait ses mains et des couronnes de fleurs, de ­lenlever par la force et de ­sunir à elle.

470

II 868-869

Rei veritas est talis : Iupiter, rex cretentis, adamavit Europam filiam Agenoris regis, unde primo misit nuncios ad explorandum civitatem et ad ultimum in navi transfretavit, in qua quidam taurus pictus erat ; et sic dicitur rapuisse in specie tauri.

868-869*

868 impedienda : tenenda ; Ausa : audax ; quoque :certe ; regia : Europa. 869 premeret : tangeret ; ­consistere : sedere ; tauri : Iovis in taurum mutati.

II 870

Tunc deus : ­com Europa premeret Iovem mutatum in specie tauri, nesciebat quem tenebat, unde Iupiter intravit mare et sic illam rapuit, unde illa timuit et ad ultimum rapta fuit.

870-875*

870 -que : -que ; lictore : maris ; sensim : paulatim et successive. 871 pedum : suorum ; undis : maris. 872 inde : postea ; abiit : vadit ; ulterius : ultra ; equora : planicies ; ponti : maris. 873 fert : portat ; predam : suam ; pavet : timet ; ablata : rapta. 874 dextra : sua ; cornu : tauri ; dorso :manus tauri. 875 imposita : missa ; sinuantur : curvantur ; flamine : venti.

471

II 868-869

La réalité est la suivante : Jupiter, roi de Crète, aima Europe, fille du roi Agénor. Il envoya ­dabord des messagers pour explorer la cité et finalement ­lemporta dans un bateau, sur lequel était représentée ­limage ­dun taureau ; ­cest pourquoi ­lon dit ­quil ­lenleva sous ­lapparence ­dun taureau.

II 870

Tunc deus (« Alors le dieu ») : ­comme Europe ­saccrochait à Jupiter transformé en taureau, elle ne savait pas qui elle agrippait. Alors Jupiter entra dans la mer et ­lenleva, ­cest pourquoi elle eut peur et finalement fut enlevée.

1 Comme Jean-Marie Fritz qui suit Ghisalberti, nous ­considérons que le dystique a une structure en miroir : les sujets 1 – 2 – 3 régissent les verbes 3 – 2 – 1.

2 Notre ­conjonction causale « parce que » est ici en formation dans le « per quod ».

3 On songe au fameux jeu de mots du Roman de Tristan

4 Je reprends le jeu du texte latin, qui donne ­dabord la deuxième syllabe de chaque signe, puis reprend en donnant la première syllabe de chacun ­dentre eux. ­Lensemble est donné en trois parties, que je sépare par un point et un trait oblique, pour favoriser la reconstitution du puzzle.

5 Constellation de ­lAutel.

6 Le Septentrion.

7 En réalité ­cest le ­contraire : le roi des Gètes Charnabon tua ­lun des dragons qui ­conduisaient le char de Triptolème, chargé ­denseigner aux hommes la ­culture du blé. Comme Charnabon ­sapprêtait à tuer Triptolème, Déméter le châtia en ­lenlevant au ciel avec le dragon ­quil avait tué : il devint la ­constellation du Serpent.

8 « Arregere » : équivalent de « regere ».

9 Je ­comprends « obviant » ­comme « deviant ».

10 ­Cest le mont Haemus.

11 ­Cest-à-dire Thèbes.

12 « genas », « les joues », paraît incongru ici. Le texte des Métamorphoses a « fauces », « la gorge », que le glossateur ne ­comprend peut-être pas (la glose interlinéaire propose le même « genas » pour « fauces »).

13 « agalmata » : mot-à-mot « vos statues », mais le terme rend le terme ovidien « atria », métonymie pour « vos temples ».

14 Le Pô.

15 En réalité Cygnus le fils de Sthénélus, le roi de Ligurie.

16 Mot-à-mot : « le percevoir par des signes ».

17 On attendrait plutôt la mention de la ­constatation par Diane de la grossesse de Callisto (« ­com hoc vidisset »à tout le moins).

18 La Parrhasie est ­lun des cantons ­dArcadie.

19 Titus Manlius aurait vaincu en ­combat singulier ­lun des assaillants et gagné le surnom de « Torquatus » en ramassant et en portant le collier (ou torque) du gaulois vaincu.

20 Il y a peut-être un jeu de mots, difficile à rendre en français, entre « ales », « aile, oiseau » et « incalesco », « brûler, ­senflammer ».

21 Je ­considère ­quApollon avait donné à Ocyrhoé le don de prophétie au moment de sa promesse, et ­quensuite il se vengea de son parjure en la métamorphosant (­comme il le fit pour la Sybille, ­quil avait rendu immortelle mais à qui, pour se venger de ne pas avoir reçu son amour en retour, il retira ­léternelle jeunesse) : « ­com + subjonctif » me semble marquer ici une opposition.

22 Jean-Marie Fritz adopte la proposition de F. Ghisalberti, qui ­comprend « rationecaret (morte) » : « échappe à la mort grâce à la raison », ce qui a plus de sens.

23 Mot à mot « le poisson ».

24 ­Javoue que je ­comprends mal les jeux de mots ici…