Aller au contenu

Classiques Garnier

Hic incipit quintus liber istius operis / Ici commence le cinquième livre de cet ouvrage

758

Hic incipit quintus liber istius operis

[1]Integumenta in metro sunt hec : Gorgoneum caput est regnum molimine cuius / vi cuius Perseus victor ab hoste redit. / Gorgoneis te diviciis ­converterat, Athlas, / in montem quando tu fugitivus eras. [2]De eo quod Pallas transtulit se ad Elicona : Post bellum Perseus studuit viditque Minerve / secretum, dulces Palladis hausit aquas. De ortu palladis : De cerebro trahit hec ortum, fontem colit. Hec est / rivos dispergens summa [f. 88r] sophia tuos. / Iste poetarum fons est, quia fama parentis / illos perpetuum nomen habere facit. [3]De pegaso fonte et casside Palladis et hasta. Pegasus admissus est fama volatilis. Hostem / terror prosternens, corda Medusa gelat. / Palladis est hasta pellens obiectio ; cassis / est ratio ; clipeus in ratione vigor. [4]Iterum aliud integumentum de Perseo. Est Perseus virtus ; arpe facundia fertur, / Stenio debilitas que nitet ense suo. / Signat in Euriale viciorum Musa profundum, / evacuans virtus quod rationes erat. / Ista Medusa boni vox est oblivio, virtus / hanc tamquam Perseus suppeditare solet.

1 vi Ghisalberti] in ms. te Ghisalberti] de ms. eras Ghisalberti] erat ms. | 2 Hec] hic Ghisalberti parentis] perhennis Ghisalberti | 3 pellens] pollens ms. | 4 Stenio debilitas] # debilitas ms. ense] in se ms. profundum] profundam ms.

759

Ici ­commence le cinquième livre
de cet ouvrage

[1] Les Integumenta en vers sont les suivants : « La tête de la Gorgone est le royaume par la force duquel, par la puissance duquel Persée revint vainqueur de ses ennemis. ­Cest par les richesses de la Gorgone ­quil ­tavait changé, Atlas, en montagne, quand tu te préparais à ­tenfuir. » [2]De eo quod Pallas transtulit se ad Elicona (« Sur le fait que Pallas se rendit sur ­lHélicon ») : « Après la guerre Persée étudia et découvrit le secret de Minerve, il but à satiété les douces eaux de Pallas. » De ortu Palladis (« Naissance de Pallas ») : « Elle tire son origine du crâne (de Jupiter), elle admire la fontaine. Elle est la sagesse suprême qui répand ­leau de tes ruisseaux. ­Cest la fontaine des poètes, parce que la renommée de celui qui ­la créée leur donne un renom éternel. » [3]De pegaso fonte et casside palladis et hasta (« Pégase, la fontaine, le casque et la lance de Pallas ») : « Pégase a été ­compris ­comme la renommée ailée. Méduse est la terreur qui terrasse ­lennemi, elle glace les cœurs. La lance de Pallas est ­lobjection qui repousse ; son casque est la raison ; son bouclier est la force dans le raisonnement. » [4]Iterum aliud integumentum de Perseo (« À nouveau une autre interprétation sur Persée ») : « Persée est la vertu ; par le cimeterre1 est signifiée ­léloquence. Sthéno est la faiblesse qui ­sappuie sur son épée. La Muse signifie par Euryalé la profondeur des vices, et la vertu qui les évacue représente ce qui était raisonnable. Ce mot de « Méduse » est ­loubli du bien, que la vertu, ­comme Persée, a ­lhabitude de fouler aux pieds. »

760

[5]De musis sicut habetur in ­compendiis actorum. Hec tibi succurrit Dircei ­concio fontis : / hestorica meditans carmina Clio pede, / Euterpeque tuba clangens, memoransque remota / Melpomene, ridens sponte Talia iocas ; / Tersicore ­com psalterii modulamine campum / intrat, adest Eratho res reperire potens, / verba polire venit edocta Polimia, stellas / Uranie numerat hiisque futura notat, / Calliopeque movet citharam mellitaque vocis, / organa sollicitat letificatque choros. [6]De Pyreneo. Invidus esse tuus, sapientia, iure Pyreneus / fertur et idcirco pronus ab arce cadit. De plutone et proserpina. Est seges alma Ceres, semen Proserpina, tellus / Pluto, quo sponso sponsa labore parit. / Inferior reliquis est luna planeta planetis, / quare tartarea fingitur esse dea. [7]De Cyane. Augmento lune Cyane se tollit in altum, / decrescit sicut Cinthia flusus aque. / Per que fructificat septem, dic grana, planetas ; / Ascalaphus vilis philosophator erat. De Alpheo Diligit Alpheus Haretusam cuius in undam / descendit libans oscula sicut amans. [8]De pieridibus mutatis in piscas. Garrulitatis onus designat garrula lingua / Piscarum fundens iurgia probra minas.

[9]Dumque ea Cephenum medio. Hic incipit quintus liber istius operis in quo ­continentur mutationes iste : Phinei et Persei prelium propter Andromedem ; mutatio Phinei et suorum in lapides ; Pretus in lapidem ; Polidetus in lapidem ; gute Gorgonis in Pegasum equum alatum. Pegasus, cum pede terram percutiens, emanere fecit fontem. Pireneus versus est in ruinam. Dii in diversas figuras : Iupiter in aquilam. Iuno in vacam. Diana in felem. Venus in piscem. Cillenius in ybidem. Proserpina in reginam infernalem. Cyane in fontem sui nominis. Stelles filius Misies in stellionem. Arethusa nimpha in aquam. Ascalaphus in bubonem. Acheloydes in arpias. Lincus rex in lincam feram. Pierides in picas.

5 ­­concio Ghisalberti] cauno ms. hestorica] hestorico Ghisalberti Clio Ghisalberti] Chio ms. psalterii Ghisalberti] psalteriis ms. stellas Ghisalberti] stella ms. | 6 reliquis Ghisalberti] reliquito ms. | 8 designat pro Piscarum et Piscarum pro designat Ghisalberti probra] proba ms. | 9 Pretus in lapidem] # in lapidem ms. rex] rerum ms.

761

[5]De musis sicut habetur in ­compendiis actorum (« Comment on parle des Muses dans les résumés des auteurs ») : « cette assemblée à la fontaine de Dircé te vient à ­lesprit : Clio qui prépare des chants à la métrique historique, Euterpe qui fait résonner ses trompettes, Melpomène qui rappelle des choses oubliées, Thalie qui rit de bon cœur de ses plaisanteries ; Terpsichore entre sur la scène accompagnée de la cadence du psaltérion, Érato est présente avec sa puissance ­dinvention, et voici Polymnie habile à orner le verbe ; Uranie ­compte les étoiles et grâce à elles ­consigne le futur, Calliopé joue de la cithare, active les doux organes de sa voix et réjouit les chœurs. » [6]De Pyreneo (« Pyrène ») : « On dit que Pyrène est à juste titre jaloux de toi, Sagesse, et ­cest pourquoi il se jette tête la première du haut de sa citadelle. » De plutone et proserpina (« Pluton et Proserpine ») : « Cérès nourricière est la moisson, Proserpine la semence, Pluton la terre, le mari par lequel ­lépouse enfante dans la douleur. La lune2 est une planète plus basse que les autres, ­cest pourquoi ­lon imagine ­quelle est la déesse du Tartare. » [7]De Cyane. (« Cyané ») : « Quand la lune est croissante Cyané se soulève vers le haut, le flux de ­leau décroît en même temps que Cynthia. Par ces sept planètes – disons ces graines – elle produit des fruits. Ascalaphe était un mauvais philosophe. » De Alpheo (« Alphée ») : « Alphée aime Aréthuse, il descend dans ses eaux en lui offrant des baisers ­comme un amant. » [8]De pieridibus mutatis in piscas. (« Métamorphose des Piérides en pies ») : « La langue bavarde des pies représente le poids du bavardage qui déverse querelles, insultes, menaces. »

[9]Dumque ea Cephenum medio (« Tandis que ces prodiges au milieu des Céphènes »). Ici ­comme le cinquième livre de cet ouvrage, dans lequel sont ­contenues les métamorphoses suivantes : Combat de Phinéus et de Persée à cause ­dAndromède ; pétrification de Phinée et de ses hommes ; pétrification de Prétus ; pétrification de Polydecte ; gouttes (de sang) de la Gorgone en cheval ailé. Pégase, en frappant la terre du pied, fait jaillir une fontaine. Pyrène ­sécrase en tombant. Les dieux prennent diverses formes : Jupiter en aigle, Junon en vache, Diane en chatte, Vénus en poisson, Cyllène en ibis ; Proserpine en reine des Enfers ; Cyané en une fontaine qui porte son nom ; Stellio fils ­dune habitante de Mysie, en lézard ; la nymphe Aréthuse en fontaine ; Ascalaphe en hibou ; les filles ­dAchéloüs en harpies. Le roi Lyncus en lynx sauvage ; les Piérides en pies.

762

[10] Et in hoc terminabitur liber iste, unde versus : « Quintus Cepheum, Persea, # tenet ; horum / prelia narrantur. Cepheus Elicona Tempe. / Pallas adit fontem Pegasi, tegit egide fratrem. / Com Musis loquitur ; Musarum Piereidumque narrat / certamen. Ille de morte Gigantum cantant, # canitur Proserpina rapta. / Est irata Ceres, natam per cuncta querit. / Ascalaphus bubo fit, Acheloydes volucres / virginis ora gerunt. Ditem retinet Arethusa ; / vertitur in fontem proprie de nomine dictum. / Mutatur Lincus in lincam, Piereydesque / sunt pice facte. Finitur in hoc liber iste ».

10 versus [] facte] versus add. m.d. eadem manus narrantur] mutantur ms. per cuncta] percucia ms.

763

[10] Et ainsi se termine ce livre, ­doù les vers : « Le cinquième ­contient (­lhistoire de) Céphée, Persée, (Phinée) ; les combats de ces hommes sont racontés. Céphée sur lHélicon, dans la vallée de Tempé. Pallas se rend à la fontaine de Pégase, elle a protégé son frère de son égide. Elle parle avec les Muses et ­lauteur raconte le ­conflit entre les Muses et les Piérides. Celles-ci chantent la mort des Géants ; le rapt de Proserpine est chanté3. Cérès est tourmentée, elle cherche sa fille partout. Ascalaphe devient un hibou, les Achéloïdes des oiseaux aux visages de vierges. Dis retient Aréthuse transformée en une fontaine qui porte son nom. Lyncus est transformé en lynx, les Piérides deviennent des pies. [12] Ainsi finit ce livre. »

764

V 1

Heros Daneius : id est Perseus, filius Danes filie Acrissii ; assimilare (6) dicit actor quod bene possent tumultus ­convivii ­comparari mari quod, multociens pacificatum, a ventis ­commovetur. Repentinos (5), id est subito ­conversum et motum sive prelium.

V 1-3

Partem istam ­continuabitis predicte particule dicentes, unde dictum est superius, quomodo in ­convivio nupciali Perseus loqutus est de interfectione Meduse et de visione simulacrorum et iterum quare angues in capite deferebat et quare Pallas habet angues in clipeo picturatos. Dum : ita heros Daneius, id est Perseus, ­commemorat (2) : dicit, ea supradicta medio agmine (1-2), id est ­com socio Cephenum, atria ­complentur (3), et cetera.

1-5*

1 Dumque : quando ; ea : supradicta ; Daneius : filius Danes ; heros : Perseus. 2 agmine : ­conspicio ; ­commemorat : memorabiliter dicit ; fremitu : tumultu. 3 nec : et non ; ­festa : id est nupcias. 4 canat : manifestet ; sedqui : clamor est ; fera : crudelia ; nonciet : ab effectu. 5 -que : et ; repentinos : subitos ; ­convivia : nupcie ; versa : mutare.

V 6-10

De lite orta in nupciis Persei

Primo Phineus, advunculus Andromedes, incepit bellum dicens : Ecce ego vindicabo mulierem raptam, id est ego pro ea ­pugnabo.

6-10*

6 assimulare : ­comparare ; freto : mari ; posses : tu ; quod : fretum ; seva : crudelis ; quietum : pacificatum. 7 rabies : ferocitas ; exasperat : ­commovet. 8 hiis : Cephenis ; Phineus : proprium ; temerarius : stultus ; actor : inceptor. 9 fraxineam : de fraxino factam ; erate : es habens ; hastam : suam. 10 en : ecce ; ait : dixit ; en : ecce ; assum : presens sum ; prerapte : ante rapte ; ­coniugis : Andromedes ; ultor : vindicatur.

1 ­­commovetur ex ­­commoventur ms. | 2* ­­commemoratex­­commemorantms.

765

V 1

Heros Daneius (« le héros fils de Danaé ») : ­cest-à-dire Persée, fils de Danaé, la fille ­dAcrisius ; ­lauteur dit assimilare (« ­comparer ») parce que le tumulte des ­convives pourrait bien être ­comparé à la mer qui, souvent calme, est agitée par les vents. Repentinos (« soudains »), ­cest-à-dire soudain un changement et un mouvement, ou un ­combat.

V 1-3

Vous ­continuerez cette partie en disant des morceaux de ce qui a déjà été raconté : plus haut on a dit ­comment, pendant le repas de ses noces, Persée a parlé du meurtre de Méduse, de sa vue qui transformait en statues, et encore de la raison pour laquelle Méduse portait des serpents sur la tête et pour laquelle Pallas avait des serpents peints sur son bouclier. Dum (« Tandis que ») : ainsi heros Daneius (« le héros fils de Danaé »), ­cest-à-dire Persée, ­commemorat (« rappelle ») raconte ea (« les choses ») sus-dites medio agmine (« au milieu de ­lassemblée »), ­cest-à-dire de la ­compagnie des Céphènes, atria ­complentur (« ­latrium ­semplit ») etc.

V 6-10

Un ­conflit ­s élève pendant les noces de Persée

­Cest Phinée, ­loncle ­dAndromède, qui fait naître le ­combat en disant : « Me voici prêt à me venger du vol de mon épouse », ­cest-à-dire « me voici prêt à me battre pour elle ».

766

V 11

Falsum dicit quia non verum est quod tu sis filius Iovis, imo fabula est quia Iupiter est pater non tuus verus, sed ­ficticius.

11-12*

11 Nec : et non ; michi : Phineo ; te : Persea ; nec : et non ; versus : mutatus. 12 eripiet : removebit ; Conanti : volenti ; mittere : iaculum ; Cepheus : proprium ; rex Cephenum.

V 13-29

Quomodo Cepheus castigat Phinea

Quid facis (13) : hec sunt verba Cephei ad Phinea ut redargueret illum de lite incepta.

13 que : quanta ; germane : o cognate ; furentem : stultum et furibundum.

V 13

Nota ­quid :Ecce sunt merita que habebit Perseus eo quo Andromedem filiam meam liberavit ? ; Quod tu moveas, Phineu ?.

14-16*

14 agit : deducit ; -ne : nomquid ; hec : talis. 16 Quam : Andromedam ; verum : veritatem ; queris : inquiris.

V 17

Hamon : nota quod, ­com Libia esset arida nec unquam undas habere posset, Iupiter huc advenit in specie arietis, et terram ­com pede suo tantum percussit quod natus fuit fons optimus, unde illo facto Iupiter in specie arietis colitur per totam Libiam et Hamon nomine appellatur.

13 Phineu] pre(?) ms. | 17 posset] possent ms.

767

V 11

Il dit falsum (« faux ») parce ­qu« il ­nest pas vrai que tu sois le fils de Jupiter, non, ­cest une fable car Jupiter ­nest pas ton vrai père, mais ton père fictif. »

V 13-29

Comment Céphée corrige Phinée

Quid facis (« Que fais-tu ? ») : tels sont les mots de Céphée à Phinée pour lui montrer ­quil a tort de ­commencer le débat.

V 13

Noter « quid » (« quoi ? ») : « Telle sera la récompense de Persée pour avoir sauvé ma fille Andromède ? Que cherches-tu à provoquer, Phinée ? »

V 17

Hamon : noter que, alors que la Lybie était aride et dépourvue de tout point ­deau, Jupiter y vint sous ­laspect ­dun bélier et frappa la terre avec son sabot ­jusquà ce que jaillisse une source excellente : ­cest depuis cet événement que Jupiter est honoré par toute la Lybie sous ­laspect ­dun bélier appelé Hamon.

768

17-22*

17 grave : autorizabile ; Nereidum : Nimpharum ; numen : deitas ; corniger : cornua gerens ; Hamon : Iupiter harenosus ; belua : monstrum. 18 ponto : mari ; respicit ad materiam superius tractatam de Andromedes liberatione. 19 suis : quia genui ;remota vel adempta, id est perfecte empta, quia bene emit qui eam a scopulo et belua liberavit. 20 quo : tempore ; peritura : moritura ; crudelis : tu ; ipsum : id solum. 21 exigis : petis ; utpereat : quod moriatur ; luctuque : nomquid ; levabere : gaudebis ; nostro : de nostro dolore. 22 Scilicet : certe ; haut : nomquid ; est : sufficit ; spectante : vidente ; revincta : liberata.

V 24-29

Quasi diceret Cepheus : Si tu velles illam habere, quare non liberasti ?. Liptote est. Certe tu non posses liberasse ­illam. Nunc sine (27) :Ergo, desine illum habere illam, qui liberavit illam quando non potuisti ­liberare. Prelatum (29) : Nos pro te illum non elegimus, sed propter timorem mortis ei filiam ­donavimus.

25-29*

25 -que : nomquid ; eripies : removebis ; Que : prima ; videntur : vel putantur. 26 ubi : in quibus ; affixa : ligata ; petisses : liberasses. 27 Nunc : in presenti ; sine : desine ; petiit : liberavit ; orba : orbata ; senectus : qui fecit in liberatione quod non sumus orbati. 28 ferre : ducere ; meritis : exigentibus ; voce : quia pepigisti ; eumque : Persea. 29 sed : in veritate.

V 30-33

Ita loqutus fuit Cepheus ad Phinea. Phineus pre superbia et indignatione tacuit, unde dubitavit quem illorum percuteret, alternatim eos respiciendo.

30-33*

30 Ille : Phineus ; nichil : non aliquid ; ­contra : supradicta ; hunc : Cephea. 31 spectans : cernens ; petat : percuciendo ; hunc : unum ; ignorat : nescit ; an : vel ; illum : alterum. 32 cunctatus : moratus ; brevi : parvo spacio ; ­contortam : agitatam ; viribus : tantis ; hastam : telum. 33 quantas : vires ; dabat : sibi ; necquicquam : invanum ; inPersea : ­contra ; misit : iecit.

24-29 liberasti] liberati ms. potuisti] postuisti ms. | 27* orbati] orbari ms.

769

18 Il revient à la matière traitée plus haut, celle de la libération ­dAndromède. 19 supprimée ou enlevée, ­cest-à-dire totalement achetée4, car il ­lacheta bien celui qui la libéra du rocher et du monstre.

V 24-29

Comme si Céphée disait : « Si tu la voulais, pourquoi ne ­las-tu pas libérée ? » ­Cest une litote. « En vérité tu ­naurais pas pu la libérer ». Nunc sine (« Maintenant sans ») : « Donc, laisse-la à celui qui ­la libérée puisque tu ­nas pas pu la libérer. » Prelatum (« Préféré ») : « Nous ne ­lavons pas préféré à toi, mais nous lui avons donné notre fille par peur de la voir mourir. »

27 Celui qui en la libérant a fait que nous ne sommes pas privés (de notre fille).

V 30-33

Telles sont les paroles de Céphée à Phinée. Phinée se tut par orgueil et par colère, et se demanda lequel ­dentre eux il frapperait, en les regardant ­lun après ­lautre.

770

V 34

Antiquitus moris erat divitum quod in lectis manducabant et divites tres habebant : unum sibi vel uxoribus et filiis, reliquum servientibus et famulis, tercium advenientibus et alienigenis.

34-36*

34 stetit : cecidit ; illa : hasta ; stratis : lectis ; tum denique : tunc primum. 35 exiliit : extra saliit ; telo : iaculo ; ferox : crudelis ; inimica : hostilia ; remisso : retro iactato. 36 pectora : Phinei ; rupisset : lacerasset ; nisi : si non.

[f. 88v]

V 37

Ac si diceret : Indignum est et perversum quod iniustis et excomunicatis loca sancta ­valeant.

37* isset : perrexisset ; indignum : est istud ; scelerato : quia excommunicato ; profuit : valuit ; ara : altare.

V 38-40

Mors Rethi

38 Rethi : proprium ; irrita : vana ; adhesit : remansit. 39 qui : Rethus ; cecidit ferrumque : mortuus fuit et ; revulsum : retractum. 40 aspersit : tinxit ; sanguine : suo.

V 41-45

Ex quo mortuus fuit Rethus, omnes pariter ­commoti et irati inceperunt obiurgare et dicere quod Cepheus deberet mori, unde Cepheus pre timore exierat iurans per deos omnes imparciales quod hoc erat motum se invito.

41-45*

41 vero : certe ; indomitas : impacificatas. 42 -que : et ; ­coniciunt : simul iactant ; qui : aliqui. 43 genero : suo Perseo ; limine : hostio ; tecti : domus. 44 Cepheus : proprium ; testatus : iuratus ; -que : et. 45 hospicii : nucialis ; ea : prelia ; prohibente : vetante.

37 indignum] ingnum ms. | 41-45 deberet] deberent ms. | 42 ­­coniciunt]­­coniuciuntms. | 45* vetante] vetate ms.

771

V 34

­Lhabitude des riches était autrefois de manger sur des lits ; ils en avaient de trois sortes : une sorte pour eux, ou leurs femmes et enfants, une autre sorte pour les serviteurs et familiers, une troisième sorte pour les invités et les étrangers.

[f. 88v]

V 37

En ­dautres termes : « il est indigne et anormal que des lieux sacrés soient propices à des hommes injustes et sacrilèges ».

V 38-40

Mort de Rhétus

V 41-45

Après la mort de Rhétus, tous les hommes présents, pareillement émus et en colère, ­commencèrent à récriminer et à dire que Céphée devait mourir. Céphée eut peur et sortit en jurant par tous les dieux impartiaux que ­cétait arrivé malgré lui.

772

V 46

Pallas venit in adiutorio Persei

Com, ut supradictum est, bellum inceptum fuisset, Pallas dea totius belli affuit, quo com clipeo suo invisibili Persea fratrem suum texit ne hostes timeret, et benedicit fratrem (46), quia Iupiter genuit Persea in Dane et ex percussione capitis genuit Pallada.

46-48*

46 Bellica : dea belli ; adest : venit ; egide : clipeo suo ; fratrem : Persea. 46 dat : Perseo ; animos : audaciam ; Atis : proprium ; quem : Athim ; Gange : proprium. 47 vitreis : claris ; undis : aquis. 48 creditur : dicit ; egregius : nobilis ; forma : pulcritudine ; ­cultu : habitu.

V 49-56

Mors Athidis et nobilitas eius

Hic tractat actor de morte Athis qui tantum pollebat pulcritudine et diviciis et ingenio et per habitum, quod mirum erat ; tamen Perseus hunc occidit.

49-56*

49 augebat : multiplicabat ; annis : quia sexdecim annos habebat Athis. 51 indutus : vestitus ; Tyriam : a Tiro ; clamidem : mantellum ; obibat : lustrabat. 52 aureus : ex aura ; aurata : in superficie. 53 curvum : curvatum ; crinale : capellum ; capillos : suos ornabat. Antiquitus moris erat quod nobiles de mirra crines suos ungebant. 54 Ille : Athis ; quidem : certe ; distantia : longica ; misso : iactato. 55 doctus : sapiens ; sed : erat. 56 hunc : Athim ; quoque : certe ; lenta : flexibilia ; manu : sua ; flectentem : tendentem ; cornua : arcus.

V 57

Quia ibi erat ara sacrificii nupcialis in qua adhuc sacrificia cremabantur vel forte in templo ­comedebant ­convivia nupciarum.

57* qui : stipes ; positus : missus ; ara : altari.

773

V 46

Pallas vient à ­l aide de Persée

La guerre avait ­commencé, ­comme on ­la dit plus haut, et la déesse Pallas y assista de bout en bout : avec son bouclier invisible elle y protégea son frère des ennemis ; le terme de fratrem (« frère ») est juste, parce que Jupiter engendra Persée en Danaé et Pallas en secouant la tête.

V 49-56

Mort ­d Athis et (éloge de) sa noblesse

Ici ­lauteur traite de la mort ­dAthis, qui avait tant de valeur, par sa beauté, ses richesses, son intelligence, son ­comportement, que ­cen était admirable ; pourtant Persée le tua.

49 annis (« années ») : parce ­quAthis avait seize ans. 53 capillos (« cheveux ») : ­cétait autrefois ­lhabitude des nobles ­denduire leurs cheveux de myrrhe.

V 57

Parce ­quil y avait là un espace dédié aux sacrifices nuptiaux, et les sacrifices y brûlaient encore, ou peut-être parce que les ­convives de la noce mangeaient dans le temple.

774

V 58

perculit ] Percello-cellis-perculi-lere.

58* perculit : percussit.

V 59-73

Mortuo Athi, Lichabas socius suus excellens voluit mortem suam vindicare eodem arcu quem tetenderat, inserta verba iurgiosa prius interserens, sed Perseus gladio suo hunc occidit.

59-62*

59 Hunc : Athim ; fedatos : turpe ; sanguine : suo. 60 Lichabas : proprium ; illi : Athi. 61 ­comes : socius ; dissimulator : quia vere diligebat, non simulata aliqua. 62 exalantem : eicientem ; acerbo : crudeli ; vulnere : plaga.

V 63

tetenderat arcus ] Antequam occideretur, unde dicit : Sed tendere doctior ­archus (55).

63-65*

63 Athim : proprium ; ille : Athis. 64 arripit : capit ; dixit : Lichabas. 65 pueri : Athis ; fato : morte ; letabere : gaudebis ; quo : fato ; plus : magis.

V 66-68

Quasi diceret : Tu invidebas illi propter spem et ­divicias, et, com fere talia dixisset, iaculavit sibi, sed telum in latitudine vestis moratum est.

66-68*

66 habes : tu ; omnia : supradicta ; nondum : non bene et perfecte. 67 emicuit : saliit ; nervo : corda ; penetrabile : ab effectu. 68 -que : et ; sinuosa : larga ; veste : Persei.

58 -lere] lare (?) ms. 58* perculit]pertulitms. | 59-73 Perseus] Perseu ms. hunc] hoc ms. | 61* simulata] simulate ms. | 66-68 latitudine] lotitutine ms.

775

V 58

perculit (« il frappa »)] (de) percello-cellis-perculi, lere.

V 59-73

Après la mort ­dAthis, Lycabas, le meilleur de ses ­compagnons, voulut le venger en utilisant le même arc ­quAthis avait bandé ; mais il prit le temps ­dajouter des paroles injurieuses, et Persée le tua de son épée.

61 dissimulator (« dissimulateur ») : parce ­quil ­laimait vraiment, sans aucune dissimulation.

V 63

tetenderat arcus (« ­larc (­qu)il avait bandé »)] avant ­dêtre tué, ­cest pourquoi il dit « Sed tendere doctior archus » (« mais plus habile à tendre ­larc »).

V 66-68

En ­dautres termes : « Tu le jalousais pour ses espérances et ses richesses » et il avait à peine dit cela ­quil lança son javelot sur lui ; mais le trait fut retenu dans les larges pans du vêtement.

776

V 69

Arpem spectatam : quia bene illam exprobaverat in occidendo Medusam. Arpis est gladius Mercurii curvatus.

69* Vertit : ­convertit ; in : ­contra ; arpem : gladium ; spectatam : probatam ; cede Meduse : morte Gorgonis.

V 70

Acrisionides : de genere Acrisii, quia Acrisius genuit Danem, Dane Persea.

70-73*

70 Acrisionides : Mercurius ; -que : et ; pectus : Lichabe ; ille : Licabe. 71 iam : in presenti ; nocte : obscuritate ; natantibus : vagantibus ; atra : nigra. 72 Atim : amicum ; inclinavit : vertit ; illum : Athim. Ibi notatur maxima dilectio quia pro eo moriebatur et in moriendo illum cernebat. 73 tulit : dedit ; manes : animas.

V 74-78

Mors Phorbanti et Libis

Com mortui essent isti duo, Athis et Lichabas, a parte Phinei existentes, Phorbas et Amphimedon advenientes ceciderunt, quos Perseus occidit.

74-78*

74 Suenites : a loco ; Phorbas : proprium. 75 Libis : a Libia ; Amphimedon : proprium ; avidi : cupidi ; ­committere : facere ; pugnam : prelium ; hii duo volebant pugnare. 76 quo : qua parte ; tellus : terra ; madefacta : madida ; quia tanta erat copia sanguinis morientium quod lapsi ceciderunt, et, dum vellent surgere, Perseus eos occidit. 77 ­conciderant : ceciderunt. 78 alterius : unius ; iugulo : guture ; Phorbantis : proprium ; adactus : agitatus.

V 79-84

Mors Erithi

Perseus non ense, sed cipho Eritum occidit, qui ciphus erat super mensam.

777

V 69

Arpem spectatam (« le cimeterre qui avait fait ses preuves ») : parce ­quil ­lavait bien éprouvé lors du meurtre de Méduse. Le cimeterre est ­lépée recourbée de Mercure.

V 70

Acrisionides (« Le descendant ­dAcrisius ») : de la famille ­dAcrisius, parce ­quAcrisius engendra Danaé, et Danaé Persée.

72 Ici est décrite une grande affection parce ­quil mourait pour lui et le regardait en mourant.

V 74-78

Mort de Phorbas et ­d un Lybien

Comme ces deux hommes, Athis et Lycabas, qui venaient du camp des Phinéens, étaient morts, Phorbas et Amphimédon qui arrivaient tombèrent (à leur tour), tués par Persée.

75 Ces deux hommes voulaient ­combattre. 76 Parce que ­labondance du sang des mourants était telle ­quils glissèrent et tombèrent, et Persée les tua.

V 79-84

Mort ­d Érytus

Persée tue Érytus non pas avec son épée, mais avec une coupe qui se trouvait sur la table.

82 Le fait ­quil dit duabus (« à deux (mains) » signifie ­quelle était très grande ­puisquil ne pouvait pas la soulever ­dune main.

778

79-84*

79 At : et ; Actoridem : a loco ; Eritum : proprium ; cui : Eritho ; bipennis : securis. 80 admoto : addito ; ense : suo. 81 Extantem : apparentem ; multeque : magne et. 82 ingentem : magnum ; tollit : levat ; crathera : ciphum ; duabus : in hoc quod dicit duabus, significat quod maximus erat quia non poterat una manu levare illum. 83 infligit : iactat ; viro : Eritho ; rutilum : rubeum ; cruorem : sanguinem. 84 humum : terram ; moribundo : moriente ; pulsat : pellit.

[f. 89r]

V 85-88

Mors Polidemonis et aliorum plurium

Inde (85) : ­com Perseus supradictos occidisset, ceteros occidit qui hic in littera ­continentur ; vel Caucasus est proprium nomen.

85-88*

85 Inde : postea ; Semiramio : a Babilonia ; Polidemona : proprium ; sanguine : progenie ; cretum : id est creatum vel cretenssem. 86 Caucaseumque : a Caucaso monte et ; Percheiadem : a loco ; Licetum : proprium. 87 intonsum : quia habebat longam cesariem ; ­comas : capillos ; Elicem : proprium ; Flegiam : proprium ; sternit ; Clitumque : proprium ; sternit. 88 sternit : occidit ; extructos : factos ; morientum : morientium ; calcat : supeditat.

V 89-96

Mors Yde

Videns Phineus quod Perseus tot de suis occidebat, non ausus fuit ei obviare, immo a longe astitit et ei iactavit telum, de quo Ydam occidit qui volebat pugnare.

88* supeditat] supedita ms. | 89-96 et ex et ait ms.

779

[f. 89r]

V 85-88

Mort de Polydegmon et de plusieurs autres

Inde (« De là ») : après avoir tué ces hommes, Persée en tua ­dautres dont le nom est cité dans le texte ; Caucase peut aussi être un nom ­dhomme.

V 89-96

Mort ­d Idas

Phinée, voyant que Persée tuait tous les siens, ­nosa pas ­laffronter, mais se tint loin de lui et lui jeta une lance, avec laquelle il tua Idas qui ­savançait pour ­combattre.

780

89-94*

89 Nec : et non ; ­concurrere : occurrere ; ­comminus : de prope ; hosti : Perseo. 90 iaculum : unum ; quod : iaculum ; detulit : portavit ; error : deviator ; in Ydam : ­contra, proprium. 91 expertem : sine belli parte ; frustra : invanum ; neutra : nec Persei nec Phinei. 92 Ille : Ydas ; tuens : cernens ; immitem : crudelem ; torvis : crudelibus. 93 quidem : certe ; ait : dixit ; accipe : cape. 94 hostem : me ; pensa : sustine ; hoc : pro ; vulnere : plaga ; vulnus : plaga.

V 95

Com vellet Ydas Phineo telum quo erat percussus reicere, non potuit, sanguine deficiente, sed mortuus fuit ; postea Climenus occidit Oditem de parte Persei.

95-96*

95 Iamque : tunc ; corpore : suo. 96 defectos : deficientes ; in artus : super omnia membra sua.

V 97-98

Mors Oditis et aliorum

97 hinc : postea ; quoque : certe ; primus : amicus ; Odites : a parte Persei. 98 iacet : mortuus ; Climeni : a parte Phinei ; Prothenora : proprium ; percutit : occidit ; Yrpseus : a parte Phinei.

V 99

Licides erat a parte Persei.

99* Licides : occidit ; grandevus : vetus ; inillis : inter illos.

V 100-106

Mors Emachionis presbiteri

Com mortuus esset Emachion, Proreus et Hamon fratres a parte Persei, a Phineo occisi fuerunt et Amphicus similiter qui erat sacerdos.

Com iuxta altare sacrificii esset, Cromis cedit sibi caput et sic iustus iuste finivit vitam suam.

95 vellet] velle ms. Oditem] editem ms. | 96* sua] sue ms. | 100-106 Phineo] Phinee ms. cedit] cidit ms.

781

V 95

Comme Idas voulait relancer à Phinée le trait dont il ­lavait frappé, il ­ny parvint pas, parce ­quil se vidait de son sang et mourut ; puis Clymène tua Hoditès qui était du camp de Persée.

V 97-98

Mort ­d Hoditès et ­d autres

V 99

Licides (« Le descendant de Lyncée ») était du camp de Persée.

V 100-106

Mort du prêtre Émathion

Après la mort ­dÉmathion, Prorée5 et Ammon, deux frères du camp de Persée, furent tués par Phinée, de même ­quAmpycus qui était prêtre.

Comme il se trouvait à côté de ­lautel de sacrifice, Chromis lui brisa la tête et ­cest ainsi que ce juste finit sa vie pour la justice.

782

100-106*

100 Emachion : proprium ; equi : equitatis ; timidusque : reverens et ; deorum : ex vi actus ­conversi in modum habitus. 101 quem : vel ­qui, Emachion ; prohibent : vetant ; loquendo : bellare gladio ; aliter : hoc manifestum est quod intus et antiquitus erat. 102 incessit : vadit ; scelerata : prava ; devovet : excommunicat. 103 huic : Emachioni ; Cromis : proprium ; pennis : palmis. 104 amputat : cedit. 105 semianimis : semimortuus ; execrancia : maledicencia. 106 edidit : dixit ; expiravit : expulit ; ignes : sacrificii.

V 107-108

Mors Prorei et Hamonis

Cestus sunt baculi fortes habentes plumbum in capite nexum quos isti duo portabant, et fratres erant.

107-109*

107 cestibus : plommees gallice. 108 vinci : superari ; cestibus : plommees gallice. 109 cicidere : occisi fuere ; Cereris : illius dee ; sacerdos : presbiter.

V 110

Mors Amphici presbiteri

110* albenti : alba ; alba dicit propter representationem castitatis Cereris dee. velatus : tectus.

V 111

Mors Iapecidis vielatoris

Mortuus fuisti, o Iapecide.

111-113*

111 quoque : similiter ; usus : quia non eras viellator preliorum sed ­conviviorum. 112 opus : scilicet ; voce : tua. 113 iussus : dictus ; celebrare : laudare ; dapes : nupcias.

100* reverens] revereni ms. | 101* gladio] gladi ms. | 104* cedit] cindit ms. | 107-108 Cestus] cestes ms. quos] quas ms. | 111* sed] se ms.

783

100 Les actes de violence deviennent un mode de ­comportement. 101 loquendo (« en parlant ») : ­combattre à ­lépée ; autre façon de ­comprendre : il est évident que ­cétait un homme âgé qui ne sortait pas pour se battre.

V 107-108

Mort de Prorée et Ammon

Les cestes sont des bâtons6 renforcés par des nœuds qui ­contiennent du plomb au sommet : ces deux hommes, qui étaient frères, portaient des cestes.

V 110

Mort du prêtre Ampycus

110 albenti (« blanche ») : il dit « blanche » pour représenter la chasteté de la déesse Cérès.

V 111

Mort de Lampétidès le joueur de vielle

Tu mourus, ô Lampétidès.

111 usus (« ces usages ») : parce que tu ­nétais pas un joueur de vielle pour les ­combats, mais pour les ­festins.

784

V 114

plectrum ] Plectrum est illud quo cithara tangitur vel lira temperatur.

*114 Quem : Iapeciem ; procul : longe ; plectrum : touche gallice ; inbelle : sine bello.

V 115

Com Iapecides caneret ­com cithara sua et prelium iam inceptum esset, Petalus : Vade cantatum in ­Inferno, et in capite percussit, et sic citharizando ille mortuus fuit. Tamen Licormas ­com quadam barra istum Petalum in ulcione Iapecidis prostravit.

115-119*

115 Stigiis : infernalibus ; cetera : que nobis non dixisti. 116 manibus : animabus ; levo : sinistro ; mucronem : ensem. 117 ­concidit : mortuus fuit ; morientibus : suis ; retemptat : sepe temptat. 118 fila : cordas ; lire : cithare ; casu : morte ; miserabile : triste. 119 sinit : desinit ; hunc : Iapecidem ; cecidisse : mortuum fuisse ; impugne : sine pena ; Licormas : proprium.

V 120-122

Mors Petali

Mors Licorme

120-123*

120 -que : et ; robusta : firmas ; repagula : barras. 121 immisit : iniecit ; cervicis : capitis ; ille : Licormas. 122 procubuit : cecidit ; mactati : occisi ; iuvenci : tauri. 123 Demere : remanere ; levi : sinistri ; quoque : similiter ; robora : barras.

V 124

Mors Pelathis

Pelates volebat capere ligamen vel laquear de quodam poste, sed Corthus iaculo manum suam fixit ­com poste. Tunc Habas illum occidit et sic non corruit, sed pependit.

114 quo] quia ms. cithara] cinara ms. | 115 cithara] athara ms.

785

V 114

Plectrum (« plectre »)]Le plectre est ­lobjet avec lequel on gratte la cithare ou qui permet de jouer de la lyre en mesure.

V 115

Comme Lampétidès chantait avec sa cithare et que le ­combat avait ­commencé, Pettalus lui dit : « Va-­ten chanter aux Enfers » et le frappa à la tête : ainsi il mourut en jouant de la cithare. Cependant Lycormas abattit ce Pettalus avec une barre pour venger Lampétidès.

V 120-122

Mort de Pettalus

Mort de Lycormas

V 124

Mort de Pélatès

Pélatès voulait saisir une corde ou un lacet depuis un battant de porte, mais Corythus ficha sa main dans la porte avec son javelot. Alors Abas le tua et ainsi il ne ­sécroula pas, mais resta pendu.

786

124-127*

124 Cinipheus : a loco ; Pelates : proprium ; temptanti : volenti demere. 125 cuspide : telo ; Marmoride : a loco ; Corithi : proprium ; lignoque : posti et ; cohesit : remansit. 126 herenti : pendenti ; hausit : percussit ; Abas : proprium ; nec : et non ; corruit : cecidit ; ille : Pelates. 127 manu : sua ; moriens : mortuus.

V 128

Mors Menali

128* Sternitur : occiditur ; et : etiam ; Menalus : proprium ; Perseia : Persei.

V 129-130

Mors Dorile

Repetit ut addat et in eplanando melius dictum sic.

129-130*

129 Nasamoniaci : a loco ; Dorilas : proprium. 130 Dorilas : proprium.

V 131

Totidem infinitum et admirative loquitur, quasi dicat : Tot acervos farris habebat quod mirum ­erat.

131-132*

131 lacius : magis late ; tollebat : habebat ; farris : frumenti. 132 Huius : Dorile ; in oblico : ­contrario.

[f. 89v]

V 133

Ille locus letifer : id est inguen, quia qui ibi vulneratur, vix aut nomquam sanatur.

133-134*

133 letifer : mortalis ; illelocus : scilicet inguen ; quem : Dorilam ; vulneris actor : quicumque esset ille, scilicet Alchioneus. 134 lumina : oculos.

129-130 sic ex sum ms.

787

V 128

Mort de Mélanée

V 129-130

Mort de Dorylas

Il reprend pour ajouter et en développant il dit mieux les choses.

V 131

Il parle de façon tout à fait exhaustive et admirative, ­comme ­sil disait : « Il avait tant de tas de froment que ­cétait admirable. »

[f. 89v]

V 133

Ille locus letifer (« Cet endroit mortel ») : ­cest-à-dire ­laine, parce ­quune blessure à cet endroit guérit mal ou ne guérit jamais.

133 vulneris actor (« ­lauteur de la blessure ») : qui ­quil fût, en ­loccurrence Halcyonée.

788

V 135-136

Tum multam possessionem terre habebas ; nunc habeas tantum quantum tu premis ­com corpore ­tuo.

135-136*

135 Bratheus : a loco ; Alchioneus : proprium ; inquit : dixit. 136 -que : et ; exsangue : sine sanguine ; reliquit : sinit.

V 137-139

Mors Brathei

137-139*

137 hunc : Bracheum ; vulnere : plaga ; raptam : eductam. 138 ultor : vindicator ; Abantiades : Perseus ; que : hasta. 139 exacta : deducta ; -queeminet : et apparet ; ambas : duas.

V 140-143

Mors Clicii et Dami

Mors Calidonis et Atrei 

Mortuo Dorila a parte Persey, Perseus illum voluit ulcisici et Bratheum occidit, et postea Clicium et Danum fratres a parte matris, et postea Calidon et Atreum.

140-143*

140 Dumque : quamdiu et ; manum : virtutem ; iuvat : adiuvat ; Cliciumque : proprium et ; Danumque : proprium et. 141 satos : natos ; una : ­com ; stravit : occidit. 142 nam : quia ; Clicii : proprium ; utrumque : quodlibet ; gravi : forti ; lacerto : brachio. 143 fraxinus : lancea de fraxino ; Clanis : proprium.

V 144-146

Mors Echionis vaticinatoris

Iste erat vaticinator, sed quedam avis sibi falsa dixerat, unde apparet quod garritus avium intelligebat.

135-136 Tum multam] tummultam ms. | 137* eductam] educta ms. | 140-143 Bratheum] Bracheus ms.

789

V 135-136

« Tu possédais alors des terres en abondance, maintenant que tes possessions soient limitées à ce que ton corps peut recouvrir. »

V 137-139

Mort du Bactrien 7

V 140-143

Mort de Clytius et Damis 8 .

Mort de Céladon et Astrée

Après la mort de Dorylas, qui était du camp de Persée, celui-ci voulut le venger et tua le Bactrien, puis Clytius et Damis, qui étaient frères par leur mère, ensuite Céladon et Astrée.

V 144-146

Mort du devin Éthion.

Éthion était devin, mais un oiseau lui avait révélé des faits erronés, ce qui prouve ­quil ­comprenait le gazouillis des oiseaux.

790

144-147*

144 Occiditet : mortuus fuit etiam ; Calidon : proprium ; Mindeius : a loco ; Atreus : proprium. 145 genitore : patre ; creatus : genitus. Quia mater sua fuerat publica meretrix palestini opidi et ita nesciebat populus quis esset pater illius, unde quidam ait : « Cui pater populus est, non habet ille patrem », quia ille occiderat patrem suum, unde infamis erat. 146 Echionque : proprium et ; sagax : sapiens. 147 regisque : Persei et ; Toantes : proprium.

V 148-149

Mors Agustis

Quamvis multi essent occisi, tamen plures remanebant ad prelium et erant ab utraque parte ­coniurati quod bene pugnarent.

148-149*

148 armiger : scutifer ; ceso : occiso ; genitore : patre ; infamis : male famosus ; Agutes : proprium. 149 hausto : occiso ; superest : remanet ; namque : quia ; omnibus : tam Persianis quam Phinianis.

V 150

Coniuratio omnium ­contra Persea

150-151*

150 opprimere : occidere ; animus : voluntates ; -que : et ; pugnant : certant. 151 meritum : iustis ; impugnantem : ­contradicentem ; fidemque : fiduciam.

V 152

Pius : deffendendo eam frustra, quia volebant eam deffendere.

152-153*

152 socer : Cepheus ; nova : Andromede. 153 genitrice : Calliope ; ululatuque : clamore et.

V 154

gemitus cadentum ] Quia sonus armorum, gemitus morientium vincebant voces defflentium.

145 palestini] palestum ms. populus] populus pater ms. | 154 voces] vocos ms.

791

145 Parce que sa mère était une femme publique ­dun bourg de Palestine et ainsi les gens ne savaient pas qui était son père, ­cest pourquoi ­quelquun avait dit : « celui dont le père est tout le monde ­na pas de père », parce ­quil avait tué son père, ­doù son déshonneur.

V 148-149

Mort ­d Agyrtès

Quoique de nombreux hommes aient été tués, cependant un grand nombre ­continuait à ­combattre, et de ­lun et ­lautre côté ils ­sétaient juré de bien ­combattre.

V 150

Coalition de tous ­contre Persée

V 152

Pius (« fidèle ») : en la défendant frustra (« en vain »), parce ­quils voulaient la défendre.

V 154

sonus…gemitus cadentum (« le fracas … et les gémissements des mourants »)] Parce que le fracas des armes et les gémissements des mourants surpassaient les voix de ceux qui pleuraient.

792

154-156*

154 superat : vincit ; cadentum : morientium. 155 pollutosque : fedatos et ; simul : pariter ; multo : magno ; Bellona : Pallas ; Penates : domos. 156 sanguine : mortalitate ; -que : et.

V 157

Unum : id est unicum, scilicet Persea, quia Phineus et omnes sive ­complices lustraverunt Persea ut eum occiderent, sed hic appodiavit se ad columpnam.

157-161*

157 circueunt : lustrant ; unum : unicum Persea ; Phineus : proprium ; mille : alii ; sequti : a parte Phinei. 158 plura : quia citius et inimicius grandine volabant tela circa Persea. 159 preter : circa ; preterque : circa et ; lumen : oculos ; aures : circa. 160 Applicat : iungit ; hic : Perseus ; humeros : suos ; columpne : id est ad columpnam magnam de saxo factam. 161 tuta : secura ; gerens : habens ; adversa : ­contraria.

V 163

Actor facit ­comparationem de Perseo ad tygridem dicens : Sicut tygris famelica, audiens duabus partibus armenta, nescit ire, sic Perseus nesciebat utrum a parte Malphei percuteret vel ­Ethemonis.

163-168*

163 Chaonius : a loco ; Molpheus : proprium ; Nabatheus : a loco ; Ethemon : proprium. 164 Tygris : fera ; ut : sicut ; valle : a parte. 165 mugitibus : vocibus ; armentorum : boum vel vacarum. 166 utro : in quo loco ; pocius : melius ; ruat : pergat ; ruere : pergere ; ardet : cupit ; utroque : in quolibet. 167 sic : taliter ; Perseus : proprium ; dextra : parte ; levane : sinistra vel ; feratur : agatur. 168 Molphea : proprium ; submovit : occidit ; vulnere : plaga.

V 169

Quia ei Perseo more tempus non ­concessit, sed voluit eum occidere ; tamen petendo illum, ­contra columpnam lapideam ensis suus fractus fuit.

154* vincit ex vincis ms.

793

V 157

Unum (« un seul ») : ­cest-à-dire unique, Persée, parce que Phinée et tous les siens, autant dire ses ­complices, entourèrent Persée pour le tuer, mais il ­sappuya sur une colonne.

158 plura (« plus nombreux ») : parce que les traits volaient en une grêle dense et hostile autour de Persée. 160 columpne (« à une colonne ») : ­cest-à-dire à une grande colonne de pierre.

V 163

­Lauteur ­compare Persée à un tigre : « De même, dit-il, ­quun tigre affamé qui entend des troupeaux à deux endroits différents, ne sait pas où aller, ainsi Persée ne savait pas de quel côté frapper, du côté de Molpée ou de celui ­dÉchemmon. »

V 169

Parce que, ­connaissant le ­comportement habituel de Persée, il ne lui laissa pas de temps, mais voulut le tuer ; cependant en cherchant à ­latteindre il brisa son épée ­contre la colonne de pierre.

794

169-171*

169 -que : et ; enim : certe ; dat tempus : ­concedit Perseo ; Ethemon : proprium. 170 furit : ­contra Persea ; alto : nobili ; vulnera : plagas. 171 circumspectis : provisis ; exactum : deductum ; ensem : suum.

V 172-173

Mors Ethemonis

Quamvis ita fractus esset ensis et frustum in guture Ethemon decissum fuisset, tamen illa plaga non erat mortalis, sed Perseus hunc insequens com gladio occidit.

173-178*

173 lamina : frustum ; desiliit : deorsum saliit ; in guture : scilicet Etheman. 174 letum : mortem ; valentes : potentes. 175 inhercia : prava ; frustra : id est vanuum quia Perseus suas preces tunc non exaudivit. 176 Cillenide : mercuriali ;arpe : gladio. 177 verum : certe ; ubi : postquam ; turbe : sue ; succumbere : minui. 178 Perseus : proprium ; quoniam : quia ; sic : taliter ; cogitis : facere.

[f. 90r]

V 179

Exaltatio Gorgonis a Perseo

Perseus, videns suos quasi devictos, dixit : Hostis meus quem devici, scilicet Medusa, mihi protinus dabit auxilium, sed, o amici mei, vertite vestros vultus, ne videatis ­Medusam et, hiis dictis, caput illius extulit.

179-180*

179 ab hoste : a Medusa ; advertice : ad aliam partem vertite. 180 quis : aliquis ; amicus : meus ; extulit : levavit.

V 181

Com Perseus caput Meduse levasset, dixit Thessalus deridendo illum : Quere alium ­quem (181), et cetera,quia ego non ero stupefactus propter tua ­monstra, et, ­com ita loqueretur, mutatus fuit in lapidem, et postea alii quorum nomina in textu ­continentur.

181* alium : a me ; miracula : facta mirabilia.

171* suum] sicum ms. | 172-173 frustum] frustrum ex fructum ms. | 173* frustum] frustrum ms. | 179tit. Exaltatio ex exaltationis ms. | 179 mei] me ms.

795

V 172-173

Mort ­d Échemmon

Bien que son épée se fût ainsi brisée et ­quun éclat fût tombé dans la gorge ­dÉchemmon, la plaie ­nétait pas mortelle ; mais Persée le poursuivit et le tua avec son épée.

175 frustra (« en vain ») : ­cest-à-dire vain, parce que Persée ­nexauça pas ses prières.

[f. 90r]

V 179

É loge de la Gorgone par Persée

Persée, voyant que les siens étaient quasiment vaincus, ­sécria : « Cet ennemi que ­jai vaincu, Méduse, me donnera de ­laide mais, mes amis, tournez la tête, pour ne pas voir Méduse. » et, sur ces mots, il sortit sa tête.

V 181

Comme Persée avait levé la tête de Méduse, Thescélus lui dit en se moquant de lui : « Quere alium quem (« Cherche ailleurs celui que… »), etc., parce que je ne serai pas frappé de stupeur par tes prodiges » et, ­comme il disait cela, il fut pétrifié, et à sa suite ­dautres dont les noms sont cités dans le texte.

796

V 182

Mutatio Thesali in lapidem

182-185*

182 Thessalus : proprium ; utque : sicut et ; manu : sua ; fatale : mortale. 183 mittere : ad Persea ; hoc : tali ; hesit : remansit ; gestu : opere. 184 huic : Thessalo ; Amphis : proprium ; animi : audacie. 185 Licide : proprium ; petendo : ut occideret.

V 186

Mutatio Amphidis in lapidem

186* dextra : sua ; neccitra : et non ab una parte ; nec : et non ; ultra : alia parte.

V 187

Nilus est quidam fluvius qui habet septem rivos et currit in Egyptum ; ab illo dictus erat Nileus iste, unde illum credebat esse suum patrem et auro argentoque septem flumina pinxerat, et dixit quod Persea occideret, sed mutatus fuit in lapidem.

187-190*

187 At : etiam ; Nileus : proprium ; qui : Nileus. 188 quoque : similiter. 189 partim : in parte ; partim : in parte ; celaverat : posuerat. 190 aspice : vide ; ait : dicit ; Perseu : o tu ; primordia : principia.

V 191-192

a tanto ] Quantus ego qui Nileus dicor sum.

191-192*

191 feres : portabis ; umbras : animas infernales. 192 cecidisse : mortuum esse ; vocis : sue.

186tit. Mutatio] mutato ms. | 191 Quantus] quatus ms.

797

V 182

Pétrification de Thescélus

V 186

Pétrification ­d Ampyx

V 187

Le Nil est un fleuve qui a sept bras et traverse ­lÉgypte ; ­cest de lui que Nilée tenait son nom, aussi croyait-il que le Nil était son père et avait-il fait peindre (sur son bouclier) les sept rivières en or et en argent ; il dit ­quil tuerait Persée, mais il fut pétrifié.

V 191-192

a tanto (« par un homme aussi grand »)] Aussi grand que moi ­quon appelle Nilée.

798

V 193-194

Mutatio Nilei in lapidem

Dum ita mutati essent, Thessalus et Amphis et Nileus, incepit illos Erix criminari et dixit : Curramus, et iuvenem ­prosternamus et, com vellet currere, non potuit, imo in lapidem mutatus fuit.

193-194*

193 adapertaque : patefacta et. 194 ora : sua ; nec : et non ; ea : ora ; verbis : aliquibus.

V 195

[1] Moralitas totius prelii hec est : Cephey filiam expositam monstris marinis Perseus, ­com arpe Mercurii et egide Palladis monstrum interficiendo, liberavit. Quam, dum interessent nuptiis, Phineus et sui ­complices, volentes ei surripere, viso capite Gorgonis, mutati sunt in lapides. [2] Per Cepheum habemus intelligere Creatorem, qui Cepheus dicitur a cephas, quod est caput. Creator enim caput est, et origo omnium rerum. Cuius filiam, id est animam quam creavit Deus expositam monstris, id est viciis, maris, id est istius seculi, quod mare potest appellari propter fluctuationes diversas peccatorum et temptationum, Perseus, id est virtus, et interpretatur similiter elatio virtuosa, a monstris, id est viciis, liberavit ­com arpe Mercurii. [3] Mercurius enim significat facondiam ; arpes sua similiter facondiam viri eloquentis significat, que in se recurva, id est in superbie sive iactancie supercilium non excedens ; et ­com egide Palladis, id est protectione sapiencie, vicia extirpans. [4] Eam sibi ­coniugem affirmavit et assumpsit. Anima enim, a viciis purgata, suo nubit Creatori et ­coniungitur. [5] Postea Phineus et sui ­complices, id est hostis dyabolus et sue fallacie, volunt surripere Perseo, id est virtuti, et hoc in ipsis nuptiis, id est in ipsa leticia. [6] Quando enim le tior est homo, tunc latenter dyabolus et vicia hunc subintrant, sed, ostenso capite Gorgonis a Perseo, id est cognito principio terroris – Gorgon siquidem terrorem significat –, id est, ­considerata bene causa quare metuendus sit viciosus, mutantur in lapides cogitationes viciose, id est stupidi sunt ad modum lapidis. [7] Sed mutatus est in lapidem qui erat a parte Persei, quia aliquando in multitudine tentationum ita sapientes et iusti stupent quod lapides dicuntur.

193-194tit. Nilei] Nili ms. | 193-194 mutati] mutari ms. | 195.1 liberavit] uberavit ms. | 195.6 le tior ] le # ms. terroris] erroris ms. sit ex est ms.

799

V 193-194

Pétrification de Nilée

Alors que Thescélus, Ampyx et Nilée avaient été pétrifiés, Éryx ­commença à leur faire des reproches et dit : « Courons terrasser ce jeune homme » et, ­comme il voulait courir, il ­ny parvint pas, mais fut pétrifié.

V 195

[1] La moralité de tout ce ­combat est la suivante : Persée libéra la fille de Céphée, exposée aux monstres marins, en tuant le monstre grâce au cimeterre de Mercure et à ­légide de Pallas. Alors ­quils participaient aux noces, Phinée et ses ­complices, qui voulurent la lui enlever, furent pétrifiés. [2] Par Céphée nous devons ­comprendre le Créateur, appelé Céphée de cephas qui signifie « tête ». Le Créateur est la tête en effet, et ­lorigine de toutes choses. Sa fille, ­cest-à-dire ­lâme que Dieu créa, exposée aux monstres, ­cest-à-dire aux vices, de la mer, ­cest-à-dire de ce monde, car il peut être ­comparé à la mer à cause des fluctuations diverses des péchés et des tentations, fut libérée par Persée, ­cest-à-dire la vertu (on peut aussi ­linterpréter par ­lélévation vertueuse de ­lesprit), des monstres, ­cest-à-dire des vices, grâce au cimeterre de Mercure. [3] Mercure signifie ­léloquence ; son cimeterre signifie de la même façon la faconde de ­lhomme éloquent, qui est recourbée, ­cest-à-dire qui ne soulève pas le sourcil par orgueil ou jactance ; et il extirpe les vices avec ­légide de Pallas, ­cest-à-dire avec la protection de la sagesse. [4] Il ­lépousa solennellement : ­lâme en effet, purifiée des vices, épouse son Créateur et ­sunit à lui. [5] Ensuite Phinée et ses ­complices, ­cest-à-dire ­lennemi, le diable, et ses pièges trompeurs, veulent ­lenlever à Persée, ­cest-à-dire à la vertu, et cela pendant les noces mêmes, ­cest-à-dire en pleine réjouissance. [6] ­Cest en effet quand ­lhomme est le plus heureux que le diable et les vices se glissent secrètement en lui. Mais, en montrant la tête de la Gorgone, ­cest-à-dire en ­connaissant ­lorigine de la terreur – si vraiment la Gorgone signifie la terreur – ­cest-à-dire en ­considérant bien la raison pour laquelle il faut avoir peur des vicieux, les pensées vicieuses sont pétrifiées, ­cest-à-dire paralysées à la façon ­dune pierre. [7] Mais un homme du camp de Persée fut pétrifié, parce que parfois, dans la multitude des tentations, les sages et les justes sont tellement étourdis ­quils ont ­lair ­dêtre des pierres.

800

[8] Sed quid est quod dicitur quod Phineus non audebat respicere Persea hunc precando ? Quia aliquando viciosi ­convertuntur et pre ­confusione viciorum virtuosos non audent respicere, quamvis viciorum suorum pondera relinquere iam procurent. Et hoc est quod moraliter intelligitur per prelia nuptiarum.

195-198*

195 Increpat : criminatur ; hos : supradictos ; vicio : pravitate ; animi : vestri ; viribus : virtutibus ; inquit : dixit. 196 Erix : proprium. 197 prosternite : iactate ; humi : ad terram ; magica : incantata. 198 Incursurus : volebat currere ; vestigia : cursum pedes ; tellus : terra.

V 199

Mutatio Ericis in lapidem

200* Hii : quatuor ; merito : causa bona ; unus : unicus.

V 201

Mutatio militis Persei in lapidem

201-203*

201 quo : Perseo ; dum : quando ; Acontes : proprium. 202 Gorgone : et hoc dico ; ­conspecta : visa ; ­concrevit : induruit. 203 Quem : Acontem ; ratus : putatus ; Astiages : proprium ; nunc : adhuc.

V 204

resonat tinitibus ] Quia tinniit ensis sicut ferrum supra petram percuciens, unde Astiages, admirans Persea, respexit, et similiter mutatus fuit in lapidem.

204-205*

204 ense : suo ; ferit : percutit. 205 Dum : quando ; Astiages : proprium ; traxit : habuit ; eandem : talem.

V 206

Mutatio Astiagis in lapidem

206* -que : et ; manet : rem ; vultus : similitudo.

195.8 ­­convertuntur] ­­convertantur ms. nuptiarum ex viciorum nuptiarum ms. | 197* incantata] incantatica ms. | 204 unde ex sicut unde ms.

801

[8] Mais que signifie le fait que Phinée ­nosait pas regarder Persée en le suppliant ? ­Cest que parfois les vicieux sont ­convertis et, par honte de leurs vices, ­nosent regarder les vertueux, ­quoiquils se préparent à quitter le poids de leurs vices. Voilà ce ­quon ­comprend du point de vue de la moralité dans ce ­combat des noces.

V 199

Pétrification ­d Éryx

V 201

Pétrification ­d un soldat de Persée

V 204

resonat tinitibus (« elle résonne de tintements »)] Parce que ­lépée tinta ­comme le fer frappant la pierre ; aussi Astyage, regardant Persée avec étonnement, fut à son tour pétrifié.

V 206

Pétrification ­d Astyage

802

V 207

Nomina : quamvis dixit Ovidius nomina aliquorum diversorum, dixerim mutatorum tediosum esset nomina medii populi numerare, sed biscentum remanebant ; que corpora mutata fuerunt in lapidem, et, ­com hoc videret Phineus, penituit eum prelii incepti, et incepit Persea deprecari quatinus caput Gorgonis removeret.

207-213*

207 longua : magna ; media : parva vel paupere. 208 bicentum : duocentum ; restabant : remanebant ; pugne : prelio. 209 biscentum : duocentum. 210 tumdemum : tunc ad proprium. 211 Sed : nescit ; agat : faciat. 212 agnoscitque : cognoscit et ; suos : homines ; quemque : quemlibet ; vocatum : appellatum. 213 opem : auxilium.

V 214

Oratio Phinei ad Persea

214-216*

214 marmore : corpora illa ; Advertitur : ad aliam partem vertitur ; atque : hoc facto ; super : ad Persea. 215 obliqua : non recta ; tendens : Phineus. 216 vincis : superas me ; ait : dixit ; Perseu : o tu ; monstra : caput monstruosum ; que : et remove.

V 217

Quecumque dicit, quia non viderat neque videre volebat illam Medusam.

217-221*

217 saxificos : saxa facientes ; quecumque : quando non vidi ; tolle : remove. 218 tolle : remove ; nos : ­commovit ; -que : et. 219 depulit : ­compulit ; ­coniuge : una muliere ; arma : prelia. 220 tempore : in illo tempore. 221 cessisse : succubuisse ; piget : mea ; nil : non aliquo ; preter : nisi ; quasi diceret : Accipe universa que ego habeo et tantummodo mihi vitam relinque, ne fiam lapis per ­Medusam.

208 remanebant] remanabant ms.

803

V 207

Nomina (« Les noms ») : ­quoiquOvide cite quelques noms différents, je dirais ­quil serait ennuyeux ­dénumérer les noms des hommes pétrifiés de la foule indifférenciée, mais il en restait deux cents, dont les corps furent pétrifiés ; voyant cela, Phinée se repentit ­davoir ­commencé la bataille, et ­commença à prier Persée ­denlever la tête de la Gorgone.

V 214

Discours de Phinée à Persée

V 217

Il dit Quecumque (« quelle ­quelle (soit) »), parce ­quil ne voyait pas et ne voulait pas voir cette Méduse.

221 En ­dautres termes : « Accepte tout ce que ­jai et laisse-moi seulement la vie, évite que je sois pétrifié par Méduse. »

804

V 222

Quasi diceret : Quamvis haberem causam aliquam, tamen tu habuisti causam meliorem mea.

222* sumpto : capto.

V 223

Com Phineus Persea rogasset, ut superius ­continetur, Perseus respondit ut in littera ­continetur. Tamen ad ultimum illum mutavit in lapidem.

223-231*

223 Talia : supradicta ; dicenti : Phineo ; nec enim : vel eum alia manus ; quem : Persea ; rogabat : precabatur. 224 vis tu : vel ait alia manus ; o tu ; timidissime : timorosissime. 225 possum : si voluero ; tribuisse : donavisse ; munus : donum ; inherti : pravo. 226 pone : depone ; metum : timorem ; tribuam : donabo ; nullo : non ullo. 227 Qum : insuper ; etiam : certe ; mensura : re ; monimenta : monitiones ; perevum : id est in eternum. 228 soceri : Cephei ; spectabere : videbere. 229 ut : quod ; sponsi : Phinei ; soletur : ­confortetur ; ymagine : mutata ; ­coniunx : Andromedes. 230 Dixit : ita loqutus ; Phoronida : caput Gorgonis ; transtulit : duxit ; illam : versus illam partem ad quam Phineus erat versus, et, ­com nollet aspicere, tamen fugiendo vidit, et sic mutatus fuit in lapidem solo visu timoroso. 231 quam : Phoronida ; Phineus : proprium ; ore : vultu.

V 232

Mutatio Phinei in lapidem

232-235*

232 ­conanti : volenti ; cervix : caput. 233 diriguit : rigida facta fuit ; saxoque : petra et ; induruit : durus fuit. 234 os : vultus ; -que : et est. 235 submisseque : inclinate et ; manus : sue ; faciesobnoxia : id est remunerativa ; manxit : remansit.

222 mea] in ea ms. | 223 Tamen] tam ms. | 227* in eternum] ineternum ms.

805

V 222

En ­dautres termes : « Quoique ­jaie eu une raison, ta raison était meilleure que la mienne. »

V 223

Comme Phinée avait fait à Persée la prière ­quon a dite, Persée répondit ce qui est ­contenu dans le texte. Mais finalement il le pétrifia quand même.

230 transtulit illam (« il la transporta ») : il la ­conduisit du côté vers lequel Phinée était tourné et, bien ­quil ne voulût pas la regarder, il la vit tout de même en fuyant, si bien ­quil fut pétrifié avec le même regard effrayé.

V 232

Pétrification de Phinée

806

[f. 90v]

V 236

Regressio Persei ­com Andromede ­coniugi

[ 1] Victor : ­com Perseus Andromedem liberasset et Phinea devicisset, ivit in patriam et ibi invenit Pretum, qui Accrisium superaverat et vi expulerat eum a regno suo. Perseus, volens avo suo regnum restituere, certamen fecit com Preto et ad ultimum mutavit in lapidem illum. [2]Te tamen Polidete (242) : Iste Polidetus invenit Danem in lictore maris com Perseo puero suo. Cepit eos et duxit ad domum suam, et, ut liberius posset uti Dane, misit Persea ad Medusam interficiendam, ut ibi periret, et accepit Danem uxorem et, com Perseus ­com Andromede venisset, iste tamen habebat semper Persea in odium et dicebat impossibile esse quod Medusa a Perseo vinceretur. [3] Hoc audiens, Perseus illum regem Polidetem, viso capite Gorgonis, mutavit in lapidem.

236* Abanciades : Perseus.

V 237

Vindex : auferendo Preto regnum quod male aquierat et restituendo illud Acrisio. Ultor : mutando Pretum in lapidem Meduse capite ab eo prius viso.

237-240*

237 etimmeriti : non promeruerat. 238 agreditur : invadit ; Pretum : proprium ; nam : quia ; fratre : suo ; arma : sua. 239 Acrisioneas : Acrisii ; Pretus : proprium ; possederat : habuerat ; arces : turres. 240 neque : non ; ope : uxilio ; nec : et non ; male : iniuste ; arce : turri.

236.1 devicisset] devicisse ms. | 236.2 duxit] dixit ms. | 237 Meduse] mese ms. viso] visum ms.

807

[f. 90v]

V 236

Retour de Persée et de sa femme Andromède

[1]Victor (« Vainqueur ») : après avoir libéré Andromède et vaincu Phinée, Persée partit vers sa patrie. Il y trouva Prétus, qui avait vaincu Acrisius et ­lavait chassé de son règne par la force. Voulant rendre le royaume à son grand-père, Persée ­combattit Prétus et finalement le pétrifia. [2]Te tamen Polidete (« Et toi pourtant, Polydecte ») : ce Polydecte trouva Danaé sur le rivage de la mer avec son fils Persée. Il les recueillit et les ­conduisit chez lui mais, pour pouvoir user plus librement de Danaé, il envoya Persée tuer Méduse, dans le but de le faire mourir, et prit Danaé pour femme. Comme Persée était revenu avec Andromède, il ­continuait à le haïr et prétendait ­quil était impossible que Persée eût tué Méduse. [3] Entendant cela, Persée pétrifia ce roi Polydecte en lui faisant regarder la tête de la Gorgone.

V 237

Vindex (« garant de la justice ») : en enlevant à Prétus le royaume ­quil avait mal acquis et en le restituant à Acrisius. Ultor (« vengeur ») : en faisant voir la tête de Méduse à Prétus pour le pétrifier.

808

V 241-249

Mutatio Preti in lapidem

[ 1] Moralitas hec est : per Pretum intelligimus quemlibet tyrannum, id est quodlibet victum. Pretus enim dicitur a procul et theos, quod est deus, quasi procul a deo. Quislibet enim tyrannus terrore virtutis mutatur in lapidem, id est in impotentem, ne suam exerceret tyrannidem. [2] Polidetus quoque mutatur in lapidem ; polis interpretatur pluralitas, et Polimia dicitur Musa, quasi recordans plura. Per Polidetum pluralitatem habemus viciorum. Qui etiam pro Gorgone visa mutatur in lapidem, id est obstupescit, sicut et singula vicia vel singuli tyranni terrore virtutis mirabiliter ­congelantur.

241-249*

241 torva : crudelia ; colubriferi : colubre ferentis ; superavit : devicit ; monstri : Gorgonis. 242 rector : gubernator ; Seriphi : illius opidi vel populi ; quia Gorgonem occiderat, Andromedem liberaverat, Phinea devicerat, Pretum mutaverat. 244 nec : et non ; memorabile : non pacificabile ; durus : tu. 245 Exerces : ­contines ; nec : et non ; iniqua : prava. 246 detractat : minuit ; etiam : certe ; Meduse : Gorgonis. 247 arguis : probas ; necem : mortem ; veri : veritatis. 248 Parciteluminibus : claudite oculos ; ait : dixit ; -que : et. 249 silicem : petram.

V 250-254

Disgressio Palladis a Perseo

Hactenus (250) : visum est superius quomodo Perseus, Pallade existente ­comite, multos mutavit ­com capite Gorgonis in lapides ; nunc ­continetur in sequentibus quomodo ivit ad fontem Pegasi et quomodo ­com Musis loquta fuit de fonte et de equo, de quo talis est fabula.

250-254*

250 Hactenus : usque huc ; aurigene : genito auro ; ­comitem : sociam ; Tritona : Pallas ; fratri : per se. 251 dedit : tribuit ; inde : postea ; cana : candida ; circondata : tecta ; Seriphon : insulam illam. 252 destitit : desinit ; dextra : parte ; Cipro : insula ; Graro : insula ; -que : et. 253 quaque : ea parte ; pontum : super mare ; Tebas : civitatem. 254 virgineumque : a virginibus habitatum et ; Elicona : montem ; monte : Elicone ; petita : usa.

241-249.1 ne] nec ms. 241-249.2 Musa ex lima Musa ms. singula…singuli] angula vicia vel ms. | 242* populi] opuli ms. | 246* minuit] minuis ms.

809

V 241-249

Pétrification de Prétus

[1] La moralité est la suivante : par Prétus nous ­comprenons un tyran, ­cest-à-dire quelque chose de vaincu. Pretus tire son nom de procul (« loin de ») et theos,qui signifie dieu, en ­dautres termes « loin de dieu ». Car tout tyran est pétrifié par la peur ­quil a de la vertu, ­cest-à-dire ­quil est rendu impuissant, ce qui ­lempêche ­dexercer sa tyrannie. [2] Polydecte aussi est pétrifié ; polis ­sinterprète ­comme « la pluralité » – une Muse est appelée Polymnia, ­comme pour dire « qui garde de nombreux faits en mémoire ». Par Polydecte nous avons la pluralité des vices. Celui-ci est pétrifié en regardant la Gorgone, ­cest-à-dire ­quil est paralysé, ­comme chaque vice et chaque tyran est engourdi de façon extraordinaire par la terreur que lui inspire la vertu.

242 Parce ­quil avait tué la Gorgone, libéré Andromède, vaincu Phinée, et pétrifié Prétus.

V 250-254

Pallas quitte Persée

Hactenus (« ­Jusqualors ») : on a vu plus haut ­comment Persée, accompagné par la présence de Pallas, pétrifia un grand nombre ­dhommes avec la tête de la Gorgone ; dans les vers qui suivent, le récit porte maintenant sur la façon dont la déesse se rendit à la source de Pégase et parla avec les Muses de la source et du cheval : telle est la matière de cette fable.

810

V 255-256

Incipit de Pireneidibus et IX Musis Elichonis

Bellorofons habuit Pegasum equm alatum qui, ­com receptus esset in hospicio Preti, peramatus est a Scenobia uxore Preti, sed, com nollet ei ­consentire, illa accusavit eum erga Pretum dicens quod ei vellet vim inferre, et ideo a Preto missus est ad Chimeram interficiendam, quam devicit auxilio Pegasi oblato sibi a Pallade. Qui Pegasus natus fuit de sanguine Gorgonis, cuius de pede ictu fons in Elicone monte emanavit, quem equm vidit Pallas nasci, quia ­com Perseo erat dum Medusam interfecit.

255-263*

255 ­constitit : stetit ; doctas : sapientes ; sic : taliter ; sorores : Musas ; ecce quomodo alloquta est illas. 257 Medusei : a Medusa nati ; prepetis : fontem equi ; ungula : ralla. 258 Is : fons ; mirabile : mirum. 259 cernere : videre ; ipsum : equm ; materno : Gorgonide. 260 Exipit : incipit ; Uranie : loqui nimpha. 261 diva : o. 262 fama : de fonte ; Pegasus : equs alatus ; origo : principium. 263 latices : aquas ; deducit : agitat.

V 264-265

De sanguine Gorgonis natus est equus alatus, scilicet Pegasus, id est de terroris oppressione facta a Perseo, id est a virtute, nata est bona fama, que ideo fingitur equus, quia velociter currit et alas dicitur habere, quia non solum dicitur currere, sed volare. Pegasus vero fingitur fontem creasse Musis sacratum, quia quicumque Musis et studio vacat, pro fama et virtute hoc facit, aut ut ipse famam habeat aut ut illi de quibus tractat habeant. Hoc dicitur de Pegaso.

264-267*

264 Que : Pallas ; diu : longe. 266 antra : foveas ; distinctas : divisas. 267 vocat : appellat ; pariter : simul ; -que : et ; -que : et.

V 268-271

Loqutio Musarum ­com Pallade

Certe nisi tu esses appellata ad maiora, tu bene posses esse de ­consorcio ­nostro.

255-256 peramatus] preamatus ms.

811

V 255-256

Début du récit sur Pyrène, les Piérides 9
et les neuf Muses de ­l
Hélicon

Bellérophon possédait un cheval ailé, Pégase. Alors ­quil était ­lhôte de Prétus, la femme de ce dernier, Sthénébée10, tomba amoureuse de lui mais, ­comme il ne voulait pas lui céder, elle ­laccusa devant Prétus de vouloir la violenter : ­cest pourquoi Béllerophon fut envoyé par Prétus tuer la Chimère. Il la vainquit avec ­laide de Pégase que lui avait procurée Pallas. Ce Pégase était né du sang de la Gorgone, et ­cest lui qui, ­dun coup de pied, avait fait jaillir une source du mont Hélicon. Pallas avait vu naître ce cheval, parce ­quelle était aux côtés de Persée quand il tua Méduse.

255 Voici ­comment elle parla aux Muses.

V 264-265

Du sang de la Gorgone naquit le cheval ailé, Pégase, ­cest-à-dire : de la violente terreur exercée par Persée – la vertu –, naquit la bonne renommée, qui est figurée par le cheval, parce ­quelle court vite et ­quon la dit ailée : on dit non seulement ­quelle court, mais ­quelle vole. On raconte que Pégase fit jaillir la fontaine ­consacrée aux Muses, parce que quiconque se ­consacre aux Muses et à ­létude le fait pour la renommée et par vertu, soit pour avoir lui-même bonne renommée soit pour en apporter à ceux dont il parle. ­Cest ce qui est dit sur Pégase.

V 268-271

Conversation des Muses avec Pallas

« Certes, si tu ­navais pas été appelée vers de plus grandes dignités, tu pourrais bien faire partie de notre troupe. »

812

268-271*

268 Quam : Pallada ; sic affataest : taliter appellavit. 269 virtus : dignitas ; opera : qua nostra ; tulisset : id est extulisset quia nos sumus Muse, tu es dea. 270 Ventura : futura ; chori : ­consorcii ; Tritonia : Pallas. 271 Refers : dicis ; merito : iuste ; probas : laudas.

[f. 91r]

V 272

Iuste , Pallas, laudas locum et artem, quia, si nos essemus perfecte secure, nos haberemus placidam sortem, sed virgines multa ­timent.

272* gratam : placidam ; tute : parenthesis ; habemus : nos.

V 273-275

Si nos essemus tute, nos essemus ­felices, unde accedit nimpha vel Musa ad fabulam, que talis est : ­com Muse irent sacrificatum Palladi, imber erat, unde voluerunt latitare se, et intraverunt penes Pirenea iussu suo. Que, ­com vellent discedere, Pireneus violenter voluit has capere, sed ille, acceptis alis, fugerunt, et ille turrim ascendit, et, volens illas sequi, precipitavit se a turri, et mortuus fuit. Usque ad illum locum : Musa loquebatur (294).

273-275*

273 adeo : certe ; sceleri : impietati ; nichil : non aliquid. 274 virgineas : virginum ; dirusque : crudelis et ; ora : nostra ; Pireneus : proprium. 275 nondum : non adhuc ; totamente : quia non sum secura.

V 276-279

Incipit Musa describere locum in quo Pireneus morabatur dum domum suam intraverunt.

276-279*

276 Traicio : Tracensi ; Phocea : a Phoco. 277 ille : Pireneus crudelis ; tenebat : quia per violentiam intraverat ; Parnasia : a Parnaso monte ; euntes : nos pergentes. 279 -quefallaci : et deceptorio ; vultu : ore.

271* iuste] haste ms. laudas] lambas ms. | 272 quia] qui ms. | 276* Tracensi] tracesi ms.

813

269 tulisset (« ­tavait portée ») : ­cest-à-dire « ­tavait portée aux nues, car nous sommes des Muses, et toi tu es une déesse. »

[f. 91r]

V 272

« Tu as raison, Pallas, de louer ­lendroit et notre travail, parce que, si nous étions en parfaite sécurité, nous aurions un sort agréable ; mais les vierges ont bien des sujets de crainte. »

V 273-275

« Si nous étions en sécurité, nous serions heureuses », et alors la nymphe, ou la Muse, ­commence à raconter cette histoire : ­comme les Muses allaient faire un sacrifice à Pallas, il se mit à pleuvoir, et elles voulurent ­sabriter ; elles entrèrent chez Pyrène sur son invitation. Mais ­lorsquelles voulurent ­sen aller, Pyrène voulut les garder par la force. Elles prirent leurs ailes et ­senfuirent. Il monta en haut de sa tour et, voulant les suivre, se précipita de cette tour et mourut. Le récit se prolonge ­jusquaux mots Musa loquebatur (« La Muse parlait »).

V 276-279

La Muse ­commence à décrire le lieu dans lequel résidait Pyrène quand elles entrèrent dans sa maison.

277 tenebat (« il occupait ») : parce ­quil y était entré par la force.

814

V 280

Deceptio Musarum a Pireneo

Memnonides. Construe : dixit O Memnonides – quia cognoverat nos –, precor, non dubitate intrare meo tecto grave ­sidus, id est ecce grave ­sidus vel propter grave sidus et ­ymbrem, id est propter ymbrem, quia, supple, ymber erat.

280-281*

280 Memnonides : o nos ; a Memione ; coronat : parenthesis ; enim : et ; dixit : Pireneus. 281 dubitate : de me ; precor : vos ; tecto : domo ; grave : ponderosum ; ymbrem : pluviam.

V 282-293

Mors Pirenei

[1] Pireneum habemus intelligere magistrum in novitate sui magisterii ferventem. Nam hoc ex ipso nomine perpendi potest. Pireneus dictus est a pir, quod est ignis, et neos, quod est novum. Pireneus ergo est novus ardens vim faciens Musis vel facere volens, id est de scientia presumens. [2] Com parum sciat, vertitur in ruinam, quia caret pennis, volare volens, sed volare nequiens, sed ille fugerunt alis captis, quia scientia ab illo recessit qui per superbiam volebat eam obtinere, unde quidam versificator dixit : « Garcio quisque duas ­com scit ­coniungere partes, / sic stat, sic loquitur velud omnes noverit artes ».

282-293*

282 imber : parenthesis ; subiere : intravere. 283 casas : domos ; superi : dei ; Dictis : suis ; tempore : pluvioso ; mote : nos. 284 annuimus : ­concessimus ; viro : Pireneo ; edes : primas edes, id est porticus ; domos : edes. 285 Desierant : finiti erant ; imbres : lumbi ; Aquilonibus : ventis illis ; Austro : vento. 286 fusca : obscura ; nubila : nubes ; celo : ethere. 287 Impetus : voluntas ; ire : pergere ; fuit : nobis ; suatecta : suas domos ; Pireneus : proprium. 288 vim : violentiam ; quam : violentiam ; sumptis : captis ; effugimus : evasimus. 289 stetit : ascendit ; arduus : altus ; arce : turri ; quaque : ea parte et ; via : parte ; vobis : Musis ; erit : hac ; michi : Pireneo. 291 -que : et ; vecors : veniens ; summo : celso ; ­culmine : cacumine. 292 in : super ; vultus : suos ; discussis : fractis ; oris : sui. 293 tondit : verberat ; humum : terram ; scelerato : execrabili.

283* nos] vos ms.

815

V 280

Les Muses sont trompées par Pyrène

Memnonides (« Filles de Mnémosyne »). Construire : « Il dit O Memnonides (« Ô Filles de Mnémosyne ») – parce ­quil nous avait reconnues –, precor, non dubitate intrare meo tecto (« je vous en prie, ­nhésitez pas à entrer sous mon toit ») grave sidus (« la dure saison ») – ­cest-à-dire « voici une dure saison » ou « à cause de la dure saison et de la pluie11 », ­cest-à-dire à cause de la pluie parce que – ­compléter – il pleuvait.

V 282-293

Mort de Pyrène

[1] Nous ­comprendrons Pyrène ­comme un maître plein ­dardeur dans la nouveauté de son enseignement. Car cela peut être déduit de son nom : Pyrène vient de pyr, qui est le feu, et neos, qui signifie « nouveau ». Pyrène est donc celui qui, brûlant ­comme un néophyte, fait violence aux Muses et désire leur faire violence, ­cest-à-dire présume de sa science. [2] Comme il a peu de savoir, il se précipite dans ­labîme, parce ­quil ­na pas ­dailes et ­quil veut voler mais ne le peut pas. Les Muses ­senfuirent en prenant leurs ailes, parce que la science ­séloigna de lui qui voulait ­lobtenir par orgueil. ­Cest pourquoi un versificateur a dit : « Tout garçon qui sait unir deux points se tient debout et parle ­comme ­sil ­connaissait tous les arts. »

816

V 294-298

Adventus Pieridum dum mutantur noviter in picas

[1] Sicut supradictum est, mortuus fuit Pireneus, et, com ita Palladi Musa loqueretur, venerunt ibi pice quas Pallas, mirans, interrogavit, unde tam certa vox sonaret et Urania respondit : Nuper facte fuerunt volucres qui nobiscum voluerunt certare et nos similiter com illis incepimus certare. [2] Protinus una illarum incepit primo cantare de bellis deorum et dixit quod quidam Gigas insurrexit ­contra deos, et erat Typhoeus nomine, et dixit quod omnes dei a facie illius fugerunt usque in Egyptum et qui pro timore mutaverunt se in diversas figuras. [3] Quia Iupiter fuit pastor et aries, Phebus fuit corvus, Bachus fuit caper, hircus, Diana fuit cerva, Iuno fuit vaca, Venus fuit piscis, Mercurius fuit ­ybis, et sic locuta fuit, usque ad illum locum : Hactenus ad citharam (332).

294-298*

294 Musa : Uranie ; loquebatur : ut supra dicitur ; auras : ethera. 295 vox : una ; salutantum : salutem dicentium. 296 Suspicit : sursum aspicit ; querit : interrogat ; lingue : Pallas. 297 sonent : sonitum dent ; -que : que ; putat : credit ; loqutum : fuisse. 298 Ales : volucris ; novem : et erant ; sua : propter.

V 299

Imitantes omnia : quantum ad garrulitatem linguarum suarum, et significat quantum ad colores, quia in albo et nigro omnes colores colorantur.

299-301*

299 institerant : steterant ; imitantes : sequentes. 300 sic : taliter ; orsa : est ; dee : Palladi Uranie ; iste : volucres quas cernis et audis. 301 auxerunt : multiplicaverunt ; volucrum : avium ; turbam : ­consorcium.

V 302-331

Narratio Uranie Palladi de mutatione Pieridum

294-298.1tit. Pieridum] Pirenei ms. mutantur] mutarum ms. | 294-298.1 Urania ex Uranie ms. 294-298.2 quod2] qui ms. | 302-331 Pieridum] Pireneidum ms.

817

V 294-298

Arrivée des Piérides récemment changées en pies

[1] Comme on ­la dit plus haut, Pyrène était mort et, alors que la Muse parlait avec Pallas, arrivèrent des pies qui étonnèrent Pallas : elle demanda pourquoi leurs voix résonnaient avec tant de clarté. Uranie répondit : « ­Cest récemment ­quelles ont été changées en oiseaux : elles voulurent rivaliser avec nous et nous acceptâmes de rivaliser avec elles. [2] Aussitôt ­lune ­dentre elles se mit à chanter les guerres des dieux : elle dit ­quun géant, du nom de Typhoée, se rebella ­contre les dieux, que tous les dieux en le voyant prirent la fuite ­jusquen Égypte et que par peur ils se cachèrent sous diverses figures. [3] Ainsi Jupiter fut un berger ou un bélier, Phébus un corbeau, Bacchus un mouton, un bouc, Diane une biche, Junon une vache, Vénus un poisson, Mercure un ibis ». ­Cest ainsi ­quelle parla, ­jusquaux mots Hactenus ad citharam (« jusque-là, à la cithare »).

V 299

Imitantes omnia (« qui imitent tout ») : du point de vue de leurs langues bavardes, mais cela signifie aussi du point de vue des couleurs, parce que toutes les couleurs ­contiennent du blanc et du noir.

300 iste (« celles-ci ») : les oiseaux que tu vois et entends.

V 302-331

Récit ­d Uranie à Pallas : métamorphose des Piérides

818

302-307*

302 has : aves ; agris : campis. 303 Peonis : a Peonia regione ; mater : sua ; illa : Agnipe. 304 Lucinam : deam partus ; novies : novem vicibus ; vocavit : quia novies peperit et novem filias habuit. 305 Intumuit : superbuit ; numero : multitudine ; stolidarum : stultarum. 306 -que : et ; Emonias : a loco ; Acaidas : grecas ; urbes : civitates. 307 huc : ad vos ; ­committit : incepit ; voce : ut sequitur.

V 308-314

Quasi diceret : O Muse, ad quid decipitis populum vestris fallaciis ? Certate nobiscum, et, si vicerimus, nos discedetis ab isto loco, et, si fuerimus victe, cedemus usque ad ultimum locum Sicie, et vos estis IX et nos similiter ­IX.

308-314*

308 indoctam : stultam ; vana : non bona ; vulgus : populum. 309 fallere : decipere ; siqua : aliqua ; fiducia : fides. 310 Tespiades : a loco et patre ; Nec : et non ; voce : nostra ; arte : nostra. 311 vincemur : superabimur ; totidem : in minimo ; -quesumus : quot estis. 312 Hiantea : ab Hiante rege ; Aganipe : monte vel silva vel valle ab domina sic dicta et ibi sepulta. 313 Emachiis : a loco ; Panapas : insulas vel montes. 314 cedemus : discedemus ; dirimant : dividunt iudicando ; nimphe : electe sunt recte iudicare.

V 315

Com ita una Pireidum loquta fuisset, turpe fuit nobis certare, sed, si cecidissemus, illius turpius, et ita litem insequi nos ­affirmavimus ; hoc totum dicit Palladi Uranie.

315* quidem : certe ; ­contendere : certare ; cedere : ­concedere.

V 316-317

Nimphis situatis ad iudicandum de lite Musarum et Pieridum, una Pieridum incepit litem et cantilenam de deis et Gigantibus, ut se quitur in processu textus et littera dicens.

317* sedilia : sedes.

308-314 decipitis] decipias ms. Certate] certare ms. | 312* valle] valse ms. | 314* sunt] se ms. | 316-317 se quitur ] se # ms.

819

304 Parce ­quelle enfanta neuf fois et ­quelle eut neuf filles.

V 308-314

En ­dautres termes : « Ô Muses, dans quel but trompez-vous le peuple par vos supercheries ? Faites un ­concours avec nous : si nous sommes victorieuses, vous quitterez cet endroit, si nous sommes vaincues, nous partirons ­jusquau fin fond de la Scythie. Vous êtes neuf mais nous sommes neuf aussi. »

312 Aganipe (« Aganippe ») : à cause ­dune montagne, ­dune forêt, ou ­dun val portant le nom ­dune dame enterrée là. 314 nimphe (« les nymphes ») : elles sont choisies pour juger avec droiture.

V 315

Comme ­lune des Piérides avait fait ce récit, « il aurait été turpe (« honteux ») pour nous de rivaliser, mais si nous avions reculé, cela aurait été plus honteux encore, ­cest pourquoi nous avons affirmé que nous relevions le défi. » Voilà ce ­quUranie dit à Pallas.

V 316-317

Une fois les nymphes installées pour arbitrer le ­concours entre les Muses et les Piérides, ­lune des Piérides entra en lice et ­commença un chant sur les dieux et les géants, ­comme le texte écrit le raconte ensuite en détail.

820

V 318-320

De principio ­contentionis Pireidum et cantu suo

[1] Com ista Pieridum insurrexisset, de Gigantibus cepit canere. [2] Gigantes enim surrexerunt ­contra deos. Gigantes dicuntur a ge, quod est terra, quia peccatores terrenis inhiantes ­contra deos, id est ­contra voluntatem supernorum surrexerunt. Dicitur quod dei fugerunt in Egyptum, quia ibi maxima copia ydolatrarum apparet, vel hoc potest totum legi de Herode et Christo. [3] Quod dicitur quod dei mutaverunt se in diversas figuras, nichil est nisi quod in diversis figuris ibi adorantur. Quod Iupiter mutavit se in arietem, nihil est nisi quod in specie arietis colitur, quia Bacho sicienti in specie arietis apparuit, monstrans ei fontem. [4] Phebus in corvum, quia avis illa, ut superius diximus, propter suam sapientiam Phebo est deputata. Bachus in caprum, quia ei sacrificatur ut habeatur memoria de eo qui rodit vineam. Dyana in cervam, quia illa est dea venationis. Iuno in vacam, quia potestatem habuit super Yo et vaca sibi sacrificatur. [5] Venus in piscem, quia de mari nata fuit et habuit eos pisces magis domesticos vel quia inter cetera animalia pisces frequentius coeunt. Mercurius in ybidem, quia caro illius valde dulcis est ad representandam eloquentiam, quia Mercurius eloquentia interpretatur.

318-320*

318 sorte : iussu ; prior : soror ; professa est : ­confessa est. 319 canit : dicit ; superum : deorum ; falsoque : non vero et. 320 extenuat : minuit ; facta : opera.

[f. 91v]

V 321-325

De Thyphoeo, quomodo terruit deos.

321 yma : profunda ; Typhoea : proprium ; narrat : dicit. 322 celitibus : deis ; metum : timorem ; cunctos : omnes deos. 323 terga : sua ; donec : quoadusque ; ­fessos : lassatos ; Egyptia : Egypti ; tellus : terra. 324 ceperit : susceperit ; discretus : divisus ; hostia : flumina ; Nylus : fluvius est Egypti qui semel in tribus annis per totum Egyptum fluit et eam reddit fertilem. 325 Huc : in Egyptum ; quoque : certe ; terrigenam : terra ; Typhoea : Gigantem ; narrat : dicit.

318-320.1 Com ista Pieridum insurrexisset] Dum ista Pireneus insurrexisse ms. | 318-320.4 Bachus] caput ms.

821

V 318-320

Entrée en lice de la Piéride : son chant

[1] Cette Piéride, ­sétant levée, ­commença un chant sur les géants. [2] Les géants ­sétaient rebellés ­contre les dieux. Les géants tirent leur nom de ge, « la terre », parce que les pécheurs, aspirant aux biens terrestres, se rebellèrent ­contre les dieux, ­cest-à-dire ­contre la volonté des êtres supérieurs. On dit que les dieux ­senfuirent en Égypte, parce ­cest là ­quapparaît la plus grande foule des idoles, ou cela peut être interprété à propos ­dHérode et du Christ. [3] Quant au fait que les dieux, dit-on, se cachèrent sous diverses figures, ­cest tout simplement ­quils sont adorés là sous diverses figures. Le fait que Jupiter se changea en bélier ­nest rien autre que le fait ­quil est honoré sous ­laspect ­dun bélier, parce que quand Bacchus eut soif, Jupiter lui apparut sous ­laspect ­dun bélier et lui montra une source. [4] Phébus transformé en corbeau, ­cest que cet oiseau, ­comme nous ­lavons dit plus haut, est attribué à Phébus à cause de sa sagesse ; Bacchus en bouc, parce ­quon lui sacrifie pour garder la mémoire de celui qui ronge la vigne ; Diane en biche, parce ­quelle est la déesse de la chasse ; Junon en vache, parce ­quelle fut la maîtresse ­dIo et ­quon lui sacrifie une vache ; [5] Vénus en poisson, parce ­quelle naquit de la mer et que ces poissons lui étaient très familiers ou parce que les poissons sont des animaux qui ­sunissent plus fréquemment que les autres ; Mercure en ibis, parce que la chair de cet oiseau, très agréable, est apte à représenter ­léloquence, puisque Mercure est interprété ­comme ­léloquence.

[f. 91v]

V 321-325

Comment Typhoée terrifia les dieux

324 Nylus (« Le Nil ») : est un fleuve ­dÉgypte qui, une fois tous les trois ans, répand ses flots sur tout le territoire égyptien, ce qui le fertilise.

822

V 326-331

Mutatio deorum in diversas formas

Mutatio Iovis in arietem

Mutatio Phebi in corvum

Mutatio Bachi in caprum

Mutatio Dyane in cervam

Mutatio Iunonis in vacam

Mutatio Veneris in piscem

Mutatio Mercurii in ibidem, scilicet ciconiam

326-331*

326 mentitis : falsis ; superos : deos ; celasse : mutasse. 327 dux : aries ; gregis : ovium ; dixit : Pirenei ; fit : filia ; unde : qua causa ; recurvis : curvans. 328 nunc : in presenti ; Hamon : Iupiter harenosus. 329 Delius : Phebus latuit ; Semeleia : Bachus latuit. 330 soror : Diana latuit ; Saturnia : Iuno latuit. 331 pisce : in ; Venus : latuit ; Cillenius : Mercurius ; ybidis : Ciconie.

V 332-336

Hactenus ad cytharam (332) : hucusque de Gigantibus cecinit filia Pieri. Dicit Musa Palladi : Tunc exorate fuimus a nimphis de lite iudicantibus, ut ­diceremus, sed parenthesim facit Musa dum dicit : O Pallas, forsitan occia tibi non sunt (333) ut nos audias de cantu ­nostro. Pallas autem respondit : Immo ­certe, et ­consedit in umbra nemoris. Tum accedit quomodo Calliope incepit canere de Cerere et raptu Prosperpine ; prolissa est valde cantilena sua.

332-338*

332 Hactenus : usque huc ; citharam : liram suam ; vocalia : resonantia. 333 Aonides : nos Tebane ; sed : interpositio ; forsitan : forte ; sunt : tibi, o Palla. 334 nec : et non ; prebere : donare ; vacat : placet ; vocibus : cantilenis ; aures : tuas. 335 Nec : et non ; -que : sed dic ; carmen : certaminis vestri. 336 Pallas : proprium ; ait : dixit ; levi : dulci. 337 Musa : Uranie ; refert : dicit ; dedimus : ­concedimus ; uni : Musarum. 338 immissos : pendentes serto hedere ; capillos : synodoche est.

326-331 Phebi] Phinei ms. | 326* falsis ex falcis ms. | 332-336 hucusque] hucusca ms. Pieri] Pirenei ms. Musa] nimpha ms.

823

V 326-331

Métamorphose des dieux en diverses formes

Métamorphose de Jupiter en bélier

Métamorphose de Phébus en corbeau

Métamorphose de Bacchus en bouc

Métamorphose de Diane en biche

Métamorphose de Junon en vache

Métamorphose de Vénus en poisson

Métamorphose de Mercure en ibis, ­c est-à-dire en cigogne

V 332-336

Hactenus ad citharam (« Jusque-là, à la cithare ») : ­jusquà ce moment-là la fille de Piéros avait chanté ­lhistoire des géants. La Muse dit à Pallas : « Nous fûmes alors exhortées par les nymphes qui jugeaient le ­concours de prendre la parole » ; mais la Muse introduit une parenthèse en disant : « Ô Pallas, forsitan occia tibi non sunt (« peut-être ­nas-tu pas le loisir ») ­dentendre notre chant. – Mais si, sans aucun doute », répondit Pallas, et elle ­sassit à ­lombre des arbres. On en vient alors à la façon dont Calliopé se mit à chanter ­lhistoire de Cérès et du rapt de Proserpine ; son chant est très long.

824

V 339

[1] De raptu Proserpine ad honorem Cereris incipit Calliope canere et post laudem illius describit locum in quo Tiphoeus a Iove prostratus fuit, sed, ­com ille Typhoeus vellet surgere, terra tremuit, unde Pluto exivit, et, ­com in quodam monte Venus exisset et sedisset, vidit Plutonem vacantem, et blandita est Cupidini filio suo ut illum Plutonem sagitis amoris sagitaret. [2] Et tam cito sagitavit, unde Pluto adamavit Proserpinam filiam Cereris, et describit actor locum in quo erat Proserpina dum Pluto hanc rapuit, et postea quomodo rapuit, postea loca per qua preteriit, et postea quomodo Ciane cognovit Proserpinam, et quomodo loquta fuit com Plutone ut ei obstaret. Sed tantum Pluto voluit facere velle suum et terram percussit, et sic ­com vergine Infernum intravit. [3] Ciane hac dea tantum flevit quod mutata fuit in fontem. Hoc totum cecinit Calliope et aliud quod sequitur, sed usque huc : Interea pavide necquicquam (438), et cetera.

339-340*

339 querulas : resonantes ; pollice : suo ; cordas : lire. 340 atque : hoc facto ; carmina : hec que secuntur ; nervis : cordis.

V 341

Cantus Calliopes de laudibus Cereris

Quod autem dicitur Ceres dea frugis nichil aliud est quod fuit regina, in cuius regno primo inventus fuit usus aratri.

341-344*

341 Ceres : dea ; unco : curvo ; glebam : terre. 342 dedit : ostendit ; fruges : blada ; alimentaquemitia : nutrimenta, id est dulcia. 343 leges : iura ; munus : de munire, quia quasi omnia sustinet. 344 Illa : Ceres ; canenda : laudanda ; michi : a me ; utinam : vellem ; modo : in presenti.

V 345-350

De morte Tiphoei

Tynacris (347) : a tribus montibus, ­com circondata esset Peloro, Pachino, Lilibeo.

Ausonio (350) : nota quia esset in Ausonia, sed quia excisus erat in monte qui erat in Ausonia.

339.1 sagitaret] sagitarent ms. | 343* munire] munere ms. | 344* laudanda] laudenda ms. | 345-350 circondata esset] circondata ms.

825

V 339

[1] Calliopé ­commence son chant sur le rapt de Proserpine en rendant hommage à Cérès ; après son éloge elle décrit le lieu où Typhoée fut terrassé par Jupiter mais, ­comme Typhoée voulait se relever, la terre trembla : alors Pluton sortit et, ­comme Vénus était sortie aussi et ­sétait assise sur une montagne, elle vit Pluton errer et caressa son fils Cupidon pour ­quil blessât Pluton ­dune flèche ­damour. [2] Aussitôt Cupidon décocha sa flèche, et Pluton tomba amoureux de Proserpine, la fille de Cérès. ­Lauteur décrit ­lendroit où se trouvait Proserpine quand Pluton ­lenleva, puis la façon dont il ­lenleva, puis les lieux par lesquels il passa, puis la façon dont Cyané reconnut Proserpine, et dont elle parla avec Pluton pour lui faire obstacle. Mais Pluton ne pensait ­quà assouvir son désir et, ayant frappé la terre, il entra dans les Enfers avec la vierge. [3] Cyané pleura tant pour la déesse ­quelle fut changée en fontaine. Voilà tout ce que chanta Calliopé, avec ­dautres récits qui suivent, ­jusquaux mots Interea pavide necquicquam (« Pendant ce temps, éperdue, en vain »), etc.

V 341

Chant de Calliopé en ­l honneur de Cérès

Cérès est appelée déesse des moissons pour la seule raison ­quelle était reine et que ­cest ­dabord dans son royaume ­quon inventa ­lusage de la charrue.

342 munus (« présent ») : de munire (« munir ») parce que ­cest elle qui soutient tout pour ainsi dire.

V 345-350

Mort de Typhoée

Tynacris (« Trinacris ») : du nom des trois monts dont elle était entourée : le Péloros, le Pachynos, et Lilybée.

Ausonio (« ausonien ») : non parce ­quil serait en Ausonie, mais parce ­quil avait disparu sous une montagne qui était en Ausonie.

826

345-350*

345 carmina : cantilenas ; certe : in veritate ; carmine : laude. 346 Vasta : magna ; Giganteis : Gigantis Tiphoei ; insula : una. 347 subiectum : subdictum ; molibus : ponderositatibus ; urget : ­constringit. 348 Sidereas : stelliferas ; sperare : tangere, putare ; Typhoea : proprium. 349 ille : Tiphoeus ; quidem : certe ; temptat : cupit. 350 Ausonio : a loco vel civitate ; subiecta : subdita ; Poloro : monte.

V 351

Quod autem dicitur quod Gigas iste Tiphoeus ­comprimitur nichil est aliud nisi quod peccatores, multitudine peccatorum sepulti, in Inferno cruciantur oppressione tormentorum, sed volunt surgere et non possunt, quando tarde penitet illos. Iuxta illud de divite dampnato : « Operari dum licuit, / voluntas mihi defuit. / Nunc voluntas tribuitur, / sed facultas amittitur » ; iam paratur supplicium, fletus et stridor dentium.

351-355*

351 leva : est subdita ; Pachine : mons ; Lilibeo : mons ; crura : illis. 352 degravat : premit ; Ethna : mons ; caput : suum ; qua : Ethna. 353 Eiectat : evomit ; -que : et ; fero : crudeli ; Tiphoneus : proprium. 354 remoliri : removere ; luctatur : certat ; pondera : ponderositatem. 355 opidaque : castella et ; montes : luctatur ; devolvere : removere ; corpore : suo.

V 356

Inde tremit tellus : tangit motum terre qui per inclusionem caloris et ventorum in terra quando exeunt seu exire volunt habet fieri.

356-358*

356 inde : hac causa ; tellus : terra ; rex : Plute ; pavet : timet. 357 nepateat : quod non appariatur ; -que : et ; hiatu : rima. 358 immissus : intus missus ; dies : claritas ; trepidantes : a tormento ; umbras : animas infernales.

345* carmineexcarminams. | 351 ­­comprimitur ex ­­comprimitur que ms. oppressione] oppressive ms. amittitur] amitturi ms. | 354* ponderaexpondereams.

827

V 351

On dit que ce géant Typhoée est écrasé, tout simplement parce que les pécheurs, enterrés sous la multitude de leurs péchés, sont torturés en Enfer par ­loppression des tourments ; ils veulent se lever mais ne le peuvent pas ­puisquils se repentent tardivement. Parallèlement il est question de la ­condamnation de ­lhomme riche : « Tant ­quil ­métait possible ­dagir, la volonté me manquait. Maintenant que ­jai la volonté, la faculté ­mest enlevée. » Déjà sont préparés le supplice, les larmes et les grincements de dents.

V 356

Inde tremit tellus (« Alors la terre tremble ») : ­lauteur traite du mouvement de la terre qui peut se produire quand la chaleur et les vents, emprisonnés dans la terre, en sortent ou tentent ­den sortir.

828

V 359

Exitus Plutonis ab Inferis

359-362*

359 Hanc : supradictam ; metuens : timens ; cladem : pestilenciam ; tenebrosa : obscura ; tyrannus : Pluto. 360 curruque : quadriga et ; atrorum : nigrorum ; provectus : portatus. 361 sicule : Sicilie ; cautus : sapiens ; fondamina : fundamenta. 362 Postquam : ex quo ; exploratum : provisum est ; nulla : non ulla ; labare : vacillare.

V 363

Ericina : a quodam monte qui dicitur Erix, unde in Remedio amoris : « Imposuit templo nomina celsus Erix », templo Veneris.

363-364*

363 deposito : remoto ; metu : timore ; Ericinia : Venus ; vagantem : huc illuc euntem. 364 monte : Erice ; residens : sedens ; natumque : filium Cupidinem ; volucrem : citum.

V 365-370

Petitio Veneris ad Cupidinem filium suum

Ecce quomodo blanditur Venus filio suo Cupidini et laudat ipsum a parte sue potestatis ad hoc ut sagitet cupidinem.

365-368*

365 manus : fortitudo ; nate : o fili. 366 illa : arma ; quibus : telis ; superas : vicis ; omnis : deos. 367 dei : Plutonis ; celeres : citas ; molire : iacta. 368 cui : deo Plutoni ; novissima : ultima.

[f. 92r]

V 369-371

Dividitur mondus in tribus : in celum, mare et in Infernum, et Pluto habuit Infernum pro parte, ut superius ­continetur.

364* filium] fitum ms.

829

V 359

Pluton sort des Enfers

V 363

Ericina (« la déesse de ­lÉryx ») : du nom ­dune montagne ­quon appelle Éryx, ­doù le vers des Remèdes à ­lamour : « le mont Éryx a donné son nom au temple », le temple de Vénus.

V 365-370

Demande de Vénus à son fils Cupidon

Voici ­comment Vénus caresse son fils Cupidon et le loue pour son pouvoir, afin ­quil décoche la flèche du désir.

[f. 92r]

V 369-371

Le monde est divisé en trois : le ciel, la mer et les Enfers, et Pluton reçut les Enfers en partage, ­comme on ­la vu plus haut.

830

369-371*

369 Tu : vincis ; -que : et ; Iovem : vincis ; ponti : maris. 370 victa : superata ; ipsumque : Phebum domas. 371 Tartara : Inferna ; quid : quare ; cessant : vacant ; Cur : ab amore ; matris : mei existentis tue matris.

V 372

Tercia mondi : quia Pluto, qui tenet terciam partem mondi, non amat, et sic agitur sine auxilio suo, et hoc est quod dicit ; vel agitur : id est agit aliquid ut removeatur amor ; vel agitur, id est vacat ab amore, vel agitur, id est fit in actu amandi tempus pro tempore.

372-374*

372 imperium : divinum ; profers : exaltas. 373 quoque : similiter. 374 spernimur : a Plutone ; vires : virtutes ; minnuitur : adnichilatur.

V 375

Quia Pallas, non occiosa, ad amorem aspirare non potuit, iuxta illud : « Occia si tollas, periere Cupidinis artes », et similiter Dyana, unde illud : « Sepe recessit / turpiter a Phebi victa sorore Venus ».

375* Pallada : proprium ; deam belli ; nonne : nonquid ; iaculatricem : venatricem.

V 376-377

Transitus Plutonis ­com Proserpina

[1] Allegoria tocius Cereris et Proserpinae usque ad finem libri talis est : Ceres interpretatur sapientia dei, et dicitur creans ­res, quia in sapientia dei omnia facta sunt. Habuit filiam, id est Proserpinam, et interpretatur animam corporatam, quam Pluto adamavit, id est adversator hostis cupivit decipere. [2] Que dicitur iuxta stagnum marinum, id est in hoc mondo, flores legere, id est intenta esse delectationibus carnis, et pocius violas et lilia quam alios, quia magis penetrant odore quam ceteros flores ; similiter vicia penetrant et corrumpunt animas. [3] Pluto rapuit, quia totum genus antiquum Dryadum antiquitus rapiebat, sed Cyane obstitit. Cyane, fons existens, dicitur misericordia, qua misericordia tanta predatio rehabilitata fuit, et dixit quod amata fuit ab Anapi.

372 terciam] tercia ms. | 375 Pallas] Palla ms. | 376-377.2 legere] legeret ms. esse] esset ms. | 376-377.3 Dryadum] dyaus ms.

831

V 372

Tercia mondi (« un tiers de ­lunivers ») : parce que Pluton, qui détient la troisième partie du monde, ­nest pas amoureux, et ainsi les choses vont sans ­laide de Cupidon, et ­cest ce ­quelle dit ; ou bien agitur « est fait », ­cest-à-dire ­quil fait quelque chose pour écarter ­lamour ; ou bien « est poussé », ­cest-à-dire est exempt ­damour ; ou bien « se passe », ­cest-à-dire que dans ­lacte ­damour le temps passe (tempus, « le temps », pour tempore, « pendant le temps »).

V 375

Parce que Pallas, qui ­nest pas oisive, ne peut aspirer à ­lamour, ­conformément à ce vers : « Si tu supprimes ­loisiveté, ­lart12 de Cupidon est perdu » ; il en est de même pour Diane, ­doù les vers : « Souvent, vaincue par la sœur de Phébus, Vénus lui céda la place ».

V 376-377

Traversée de Pluton et Proserpine

[1] ­Lallégorie de ­lensemble de ­lhistoire de Cérès et Proserpine, ­jusquà la fin du livre, est la suivante : Cérès ­sinterprète ­comme la sagesse de Dieu, et on la dit creans res (« créant les choses »), parce que dans la sagesse de Dieu sont créées toutes choses. Elle avait une fille, Proserpine, qui est ­comprise ­comme ­lâme corporelle, que Pluton aima, ­cest-à-dire que ­ladversaire, ­lennemi, désira séduire. [2] On dit que Proserpine se trouvait près ­dun lac marin, ­cest-à-dire dans notre monde, et cueillait des fleurs, ­cest-à-dire ­sadonnait aux plaisirs de la chair, et préférait les violettes et les lys aux autres fleurs, parce que leur odeur est plus pénétrante que celle des autres fleurs. De même les vices pénètrent les âmes et les corrompent. [3] Pluton ­lenleva, parce ­quil avait autrefois enlevé toute(s les nymphes de) ­lespèce antique des Dryades, mais Cyané lui résista. Cyané, devenue fontaine, est appelée miséricorde ; ­cest par cette grande miséricorde que le rapt fut racheté. ­Lon dit ­quelle fut aimée par ­lAnapis.

832

[4] Anapis interpretatur sursum ­contemplativus, qui misericordiam appetivit, unde Cyane dixit Cereri quod rapta erat filia, quia misericordia ­commovit sapientiam dei ut quereret animam captivam ; et nocte dieque quesivit, quia in nube Veteris Testamenti et in luce Novi advenit et sitivit. [5] Quia pati noluit, intravit casam Ceres, quia sapientia dei carnem assumpsit, et vetula case illius dicta erat Melie, a melos, quod est dulce, vel a melan, quod est nigrum, quia magistri legis et domini temporanei nigri erant propter ignorantiam peccati vel dulces eo quod divinam Scripturam habebant. [6] Dederunt sibi turbidum polenta et dulce ad bibendum, id est Scripturam obscuram ad intelligendum et dulcem quando intelligitur apposuerunt sibi. [7] Unus eam derisit ; per puerum improbum intelligimus Iude os qui divinam sapientiam deriserunt, et sic in vermes stelliones mutati fuerunt, quia terrenis magis quam celestibus adheserunt, et in stelliones quia diversis fallaciis pleni erant. [8] Tandem rogavit patrem Iovem quia sapientia divina rogavit patrem Cristum pro fragilitate humana, ut habetur in Euvangelio, et tamen aliquando est in celo, aliquando in Inferno, quia anima aliquando circa divina eloquentia ­contemplatur, aliquando in viciis cecidit, per que itur apud Inferos. Et hoc est quod dicitur ; crescit et decrescit totum. Usque huc : Exigit alma Ceres (572). [9] Reliquum est fabula.

376-378*

376 abcessisse : discedisse ; michi : a me ; Cereris : illius dee ; quoque : similiter ; filia : Proserpina. 377 si : non ; nam : quia ; spes : voluntates ; affectat : cupit ; easdem : tales, ut sit virgo. 378 At : sed ; qua : aliqua.

V 379

Patruo dicit quia Iupiter et Pluto erant fratres et Proserpina erat filia Iovis et Cereris.

379-381*

379 iunge : per amorem ; deam : Proserpinam ; patruo : advunculo ; dixit : ita loquta est ; ille : Cupido. 380 solvit : deligavit ; arbitrio : iudicio ; matris : Veneris. 381 seposuit : divisit ; sed : talis erat ; nec : non ; ulla : aliqua.

376-377.4 erat ex fuit erat ante ms. dieque] deique ms. | 376-377.6 turbidum] turbidem ms. | 376-377.7 Iude os ] iude # ms.

833

[4] ­LAnapis ­sinterprète ­comme un homme qui ­contemple les hauteurs, qui cherche à atteindre la miséricorde. Cyané dit à Cérès que sa fille avait été enlevée, parce que la miséricorde pousse la sagesse de Dieu à aller chercher ­lâme captive ; elle la chercha jour et nuit, parce ­quelle vint et voulut boire dans les nuages de ­lAncien Testament et dans la lumière du Nouveau. [5] Parce ­quelle ­nen pouvait plus de souffrir, Cérès entra dans une cabane, parce que la sagesse de Dieu revêtit la chair humaine ; la vieille femme de cette cabane ­sappelait Méliès13, de melos qui signifie « doux », ou de melan qui veut dire « noir », parce que les maîtres de la loi ou les seigneurs temporels14 étaient noirs à cause de ­lignorance due aux péchés ou doux parce ­quils ­connaissaient ­lÉcriture divine. [6] Ils lui donnèrent un bouillon trouble, mêlé de farine ­dorge et agréable à boire, ­cest-à-dire ­quils lui présentèrent ­lÉcriture qui est obscure quand elle est à ­comprendre, et douce quand on ­la ­comprise. [7] ­Quelquun se moqua ­delle : par ­lenfant malpoli nous ­comprenons les Juifs qui se moquèrent de la sagesse divine et furent changés en vers parce ­quils ­sattachèrent aux biens terrestres plus ­quaux biens célestes, en lézards parce ­quils étaient pleins de fourberies de toutes sortes. [8] Finalement elle pria son père Jupiter parce que la sagesse divine demanda à son père le Christ, à cause de la fragilité de ­lâme humaine, de fixer son ­comportement par ­lÉvangile ; cependant elle est tantôt dans le ciel, tantôt en Enfer, parce que ­lâme est tantôt en pleine ­contemplation grâce à la parole divine, tantôt tombée dans les vices, par lesquels on accède en Enfer. ­Cest ce qui est dit : elle croît et décroît perpétuellement. Cela se poursuit ­jusquaux mots Exigit alma Ceres (« La bienveillante Cérès exige »). [9] Le reste ­nest que fable.

V 379

Il dit Patruo (« à son oncle ») parce que Jupiter et Pluton étaient frères et que Proserpine était la fille de Jupiter et de Cérès.

834

V 382-383

Vulneratio Plutonis a Cupidine

Opposito (383) : ibi notatur esse maxima dificultas et violentia arcus quia non potuit eum tendere sine genu.

382-384*

382 necminus incerta : et ulla non est minus incerta ; nec que magis : et non ulla est melius. 383 -que : et ; flexile : lentum ; cornu : arcum. 384 -que : et ; hamata : replicata ; harundine : sagita ; Ditem : Plutonem, deum Inferni.

V 385-391

Descriptio loci in quo erat Proserpina qum rapta fuit

Describit actor locum in quo erat Proserpina flores legens dum Pluto vidit eam et visam amavit et amatam rapuit.

385-391*

385 Haut : non ; procul : longo ; Ethneis : a loco ; lacus : stagnum ; menibus : muris ; altus : profundum. 386 Pergusa : proprium ; illo : lacu ; Auster : fluvius est signis habitatus. 387 carmina : cantus ; labentibus : fluentibus. 388 coronat : circuit ; tingens : lustrans. 389 frondibus : ramis ; ut : sicut ; velo : cortina ; Phebeos : solares ; submovet : removet ; ignes : calores. 390 Frigora : refrigerium ; varios : diversos ; humus : terra dat ; humida : madens. 391 perpetuum : eternum ; ver : tempus ; dum : quando ; Proserpina : dea ; luco : nemore.

V 392

Ceres dea est, unde dicitur creans ­res, cuius filia dicitur Proserpina vel luna quia ceteris inferior planetis est et terre proprior, unde Proserpina dicitur a pro et serpo-pis, quia prope serpens, et ideo fingitur esse rapta ad Inferos, quia circulum habet inferiorem ceteris et aliquando non videtur, et hoc est quod dicitur.

389* Phebeos] Phebros ms. removet] remove ms. | 392 pro ex pro que ms.

835

V 382-383

Pluton est blessé par Cupidon

Opposito (« en lui opposant ») : ici est notée la très grande difficulté et la puissance indomptable de ­larc, ­quil ne pouvait tendre sans (­lappuyer sur) son genou.

V 385-391

Description du lieu où se trouvait Proserpine au moment de son enlèvement

­Lauteur décrit le lieu où Proserpine était en train de cueillir des fleurs quand Pluton la vit, et que, ­layant vue, il ­laima, et, ­layant aimée, ­lenleva.

V 392

Cérès est une déesse qui tient son nom de creans res (« qui crée les choses ») ; sa fille est appelée Proserpine, ou lune, parce que ­cest une planète plus basse que les autres et plus proche de la terre : Proserpine tire son nom de pro (« pour ») et serpo-pis (« ramper »), parce ­quelle ressemble à un serpent, ­cest pourquoi ­lon invente ­quelle fut enlevée et ­conduite aux Enfers, parce ­quelle a une révolution inférieure à celle des autres planètes et que parfois on ne la voit pas : ­cest ce qui est dit.

836

392-404*

392 ludit : iocatur ; candida : alba ; carpit : colligit. 393 dumque : quando et ; puellari : puellarum ; studio : more ; sinus : sus. 394 equales : ­comites ; certat : cupit ; superare : vincere ; legendo : colligendo. 395 pene : fere ; simul : pariter ; dilectaque : amata et ; Diti : Plutoni. 396 mesto : tristi. 397 matrem : clamat Cererem ; ­comites : socias ; matrem : Cererem. 398 clamat : appellat ; ut : postquam. 399 flores : ab illa ; remissis : lapsatis vel laceratis. 400 Tantaque : tam magna ; simplicitas : stulticia. 401 quoque : certe ; iactura : dampnum. 402 raptor : Pluto ; agit : ducit ; currus : suos ; quem : equum ; vocando : appellando. 403 exortatur : admovet ; quorum : equorum. 404 obscura : nigra ; habenas : lora.

V 405

Perque : describit actor locum per quem Pluto rapuit Proserinam. Palisci erant filii Iovis et Ethne qui totidem crescebant ad magnitudinem unius palme et hanelitu suo omnia corrumpebant. Iupiter, hoc videns, eos fulminavit, et propter hoc olent campi in illis partibus et per illam partem descendit Pluto ad Infernum.

405-406*

405 altos : profundos ; olencia : fetencia. 406 Paliscorum : illorum fratrum ; rupta : cor ; fervencia : calentia.

V 407-408

Bachiade (407) : Bachiade sunt quidam populi qui, de Corintho in Siciliam venientes, fecerunt muros quos posuerunt inter Pelorum et Pachinum. Portus inequales (408) : quia Pachinus maior est Peloro ; portus sunt ibi, quia ab utraque parte est mare. Menia (408), id est interpositum inter illos portus.

407-412*

407 etqua : ea parte ; bachaiade : a Bacho ; bimari gens orta : inter duo maria nata ; Corintho : civitate. 408 menia : castella. 409 medium : ea parte ; Pisee : a Pisa ; Aretuse : proprium. 410 coit : ­coniungitur ; angustis : districtis ; equor : et perrexit vel fertur per equor. 411 hic : Ciane ; quoque : certe. 412 Cicilidas : a Cicilia.

397* Cererem] Cerere ms. | 403* equorum] equor ms. | 407-408 Bachiade] Bacheri ms.

837

V 405

Perque (« Et à travers ») : ­lauteur décrit le lieu que traverse Pluton qui a enlevé Proserpine. Les Paliques étaient fils de Jupiter et ­dAetna, ils atteignaient la hauteur ­dun palmier, et souillaient tout par leurs émanations. Jupiter, voyant cela, les foudroya ; ­cest pourquoi les champs de cette région sentent (le soufre), et ­cest par là que Pluton descendit vers les Enfers.

V 407-408

Bachiade (« les Bacchiades ») : les Bacchiades sont des peuples qui, venus de Corinthe en Sicile, ­construisirent des remparts entre le Péloros et le Pachynos. Portus inequales (« des ports inégaux ») : parce que le Pachynos est plus grand que le Péloros ; il y a là des ports, car la mer se trouve de chaque côté. Menia (« des remparts »), ­cest-à-dire un obstacle entre ces ports.

838

V 413-416

Elevatio Ciane ­contra Plutonem

[ f. 92v]

Quia petenda fuit et non violenter rapienda eo quod dea magna erat.

413-416*

413 que : Cyane ; extitit : levavit ; alvo : ventre. 414 agnovitque : et ; deam : Proserpinam ; longius : plus longe ; ibitis : pergentes ; inquit : dixit. 415 nec : et non ; invite : non volentis ; gener : Pluto ; roganda : petenda. 416 ­componere : ­comparare.

V 417

Si dignum est ut me parvam ­comparem dee tam magne quam tu es, Proserpina, Anapis me amavit, sed me petiit, nec ­rapuit ; ergo Plutoni : Tu debuisses petiisse istam, non ­rapuisse.

417-426*

417 fas : licitum ; et : etiam ; dilexit : amavit ; Anapis : proprium. 418 exorata : petita ; nec : et non ; ut : sicut ; hec : dea. 419 Dixit : ita loquta est Cyane ; brachia : sua ; tendens : ex(tendens). 420 obstitit : nocuit Plutoni ; ultra : non plus ; Saturnius : Pluto filius Saturni. 421 terribiles : turpes ; ortatur : que admovet ; ima : profunditatem. 422 valido : magno ; lacerto : brachio. 423 ­condidit : abscondit ; icta : percussa ; tellus : terra ; Tartara : Infernum. 424 pronos : curvos. 425 At : et ; Cyane : proprium ; deam : Proserpinam ; ­contempta : despectio esse. 426 merens : plorans ; inconsolabile : impossibile ­consolari ; vulnus : plagam.

V 427

Quando vidit Cyane quod ita Pluto rapiebat Proserpinam et se ipsam Cyanem despiciebat et fontem, incepit flere, et tamdiu flevit quod mutata fuit in fontem.

427* gerit : habet ; lacrimis : fletibus ; absumitur : devastatur ; omnis : tota.

414* Proserpinam] Proserpina ms. pergentes] pergens ms. | 417 est] es ms. magne] mane ms. Plutoni] Pluto ms.

839

V 413-416

Cyané ­s insurge ­contre Pluton

[f. 92v]

Parce ­quelle devait être demandée et non enlevée par la force, vu ­quelle était une grande déesse.

V 417

« ­Sil est juste que je me ­compare, moi qui suis petite, à une déesse aussi grande que toi, Proserpine, ­lAnapis ­maima, mais me demanda, et ne ­menleva pas » et à Pluton : « Tu aurais dû la demander, et non ­lenlever. »

420 Saturnius (« Saturnien ») : Pluton fils de Saturne.

V 427

Quand Cyané vit que Pluton enlevait Proserpine et la méprisait elle-même, Cyané, ainsi que sa fontaine, elle ­commença à pleurer, et pleura si longtemps ­quelle se changea en fontaine.

840

V 428-432

Mutatio Cyanes in fontem

Hic tangitur tota mutatio Cyanes.

428-438*

428 quarum : aquarum ; modo : nuper ; numen : deitas. 429 extenuatur : minuitur ; Molliri : mollia fieri ; membra : sua ; videres : videre posses. 430 ossa : videres sua ; ungues : videres ; posuisse : de removisse ; -que : et ; de : se ; tenuissima : minima ; queque : umiles. 432 cerulei : a cera ; crines : capilli ; digitique : liquescunt ; crura : liquescunt ; pedes : liquescunt. 433 brevis : parvus ; exilibus : gracilibus ; membris : suis. 434 hec : supradicta ; humeri : liquescunt ; tergum : liquescit ; latus : liquescit. 435 pectora : sua ; tenues : parvos ; abeunt : liquescunt. 436 denique : ad ultimum ; vivo : naturali ; viciatas : corruptas. 437 limpha : aqua ; restat : remanet ; nichil : non aliquid ; prendere : capere in manu. 438 Interea : in qua ita ; pavide : factum est timide ; quicquam : frustra quia rapta erat Proserpina ; matri : Cereri.

V 439-445

Quomodo Ceres quesivit Proserpinam filiam suam

Dictum est superius quomodo Cyane mutata fuit in limpham et, ­com ita mutaretur, Ceres querebat filiam suam in terra et in mari, nocte lumine pini, die lumine solis, a solis ortu usque ad occasum.

439-441*

439 profundo : mari. 440 Illam : Cererem ; udis : madidis ; capillis : Aurora dicitur habere capillos madidos propter rorem matutinum. 441 cessantem : ab investigatione ; hesperus : vidit stella vespertina illam cessantem.

V 442

In Ethna monte faciebat ignem nocte ut filiam suam videret, quia sapientia divina in celo fecit duo luminaria : luminare maius, id est sol ; luminare minus, id est luna, ut nata sua, id est anima, ad illam ­converteretur, et illa sibi famularetur.

430* videres] viceres ms. | 439-445 Ceres] Cere ms. pini] bino ms. | 442 famularetur] famularentur ms.

841

V 428-432

Métamorphose de Cyané en fontaine

Ici il est question de la métamorphose ­complète de Cyané.

438 En vain parce que Proserpine avait été enlevée.

V 439-445

Comment Cérès rechercha sa fille Proserpine

On a dit plus haut ­comment Cyané fut changée en eau. Tandis ­quelle était métamorphosée, Cérès cherchait sa fille sur terre et sur mer, la nuit à la lumière ­dune torche, le jour à la lumière du soleil, du lever au coucher du soleil.

440 Capillis (« aux cheveux ») : on dit que ­lAurore a les cheveux humides à cause de la rosée du matin. 441 hesperus (« Hesperus ») : ­létoile du soir (ne) la voit (pas) ­sinterrompre.

V 442

Sur le mont Etna elle faisait du feu la nuit pour voir sa fille, parce que la sagesse divine allume dans le ciel deux astres : un grand astre qui est le soleil, un petit astre qui est la lune, pour que sa fille, ­cest-à-dire ­lâme, se tourne vers elle, et devienne sa servante.

842

442-445*

442 flammigeras : flammam ferentes ; pinnus : tirsos de pinu ; succedit : accendit ; Ethna : monte.443 pruinosas : gelidas ; tulit : gessit ; inrequieta : sine requie. 444 rursus : iterum ; ubi : postquam ; alma : sacra ; hebetavit : fugavit ; sidera : stellas. 445 adoccasum : in occidentem ; adortum : in orientem.

V 446

[1] Ceres, querendo filiam suam raptam apud Inferos, collegit sitim. Que, veniens ad domum Melies, ­com quoddam turbidum biberet, filius Melies, deridens eam, mutatur in stellionem. [2] Ceres, id est terra in estate arida, querit filiam suam, id est lunam, id est humorem raptum ad Inferos, quia omnis humor in superficie terre non remanens in estate, quasi in venis terre latitat, unde terra, colligens sitim, venit ad domum Melies, id est aptomnalem temperiem. [3]Mele enim grece interpretatur medium, unde et quedam vena que est in medio brachio mela vocatur. Per Meliam ergo aptomnum accipe, qui est medius inter calorem estatis et frigus hyemis. [4]Mele ergo, id est aptomnus, Cereri, id est terre sicienti, quoddam turbidum, id est aquam propter pluviam turbidam ­confert ad potandum, quia tunc terra humetatur, sed illud est turbidum, id est humor ille a Deo bonus est ad ­concipiendum sicut humor veris. [5] Quando omnia incipiunt moveri, vel creari, creantur tandem per humorem. Aptomnaliter quidam fructus ex pululatione, sed quod abortivi non multum crescunt et pereunt ; durant qui filii aptomni sunt, id est Melies, sed quia parvi sunt et quia degenerant, videntur deridere terram. [6] Est enim quasi deridiculum quod terra proferat talem fructum, unde a terra mutatur in vermen, id est similis est vermi qui latet in hyeme, quia post aptomnum non durant fructus, sicut vermes, et tunc exeunt, et inde dicuntur vermes quia vere meantes.

445* orientem] orietem ms. | 446.1 ­­com] de ms. | 446.3 est2] et ms. | 446.5 ex pululatione] expululatione ms. filii] filius ms. deridere ex de genere deridere ms.

843

V 446

[1] Cérès, cherchant sa fille enlevée aux Enfers, fut prise de soif. Arrivée à la maison de Méliès, alors ­quelle buvait un breuvage trouble, le fils de Méliès se moqua ­delle, et fut changé en lézard. [2] Cérès, ­cest-à-dire la terre aride en été, cherche sa fille, ­cest-à-dire la lune, ­cest-à-dire ­lhumidité enlevée aux Enfers, parce que toute ­lhumidité disparaît de la terre, ­comme si elle se cachait dans les veines de la terre ; aussi la terre, prise de soif, vient-elle à la maison de Méliès, ­cest-à-dire à la température de ­lautomne. [3]Mele est en effet ­compris en grec ­comme « au milieu », ­cest pourquoi une veine qui se trouve au milieu du bras est appelée mela. Par Méliès donc ­comprends ­lautomne, qui est intermédiaire entre la chaleur de ­lété et le froid de ­lhiver. [4]Mele donc, ­cest-à-dire ­lautomne, apporte à boire à Cérès, ­cest-à-dire à la terre assoiffée, un breuvage trouble, ­cest-à-dire de ­leau trouble à cause de la pluie, parce ­quainsi la terre est mouillée, mais ce breuvage est trouble, ­cest-à-dire que cette bonne humidité envoyée par Dieu est à ­concevoir ­comme la vérité qui désaltère. [5] Quand tout ­commence à bouger, ou à être créé, tout est mené à son terme grâce à ­lhumidité. En automne certains fruits, produits en abondance mais avant leur terme, ne croissent pas beaucoup et périssent ; subsistent ceux qui sont fils de ­lautomne, ­cest-à-dire de Méliès, mais parce ­quils sont petits et parce ­quils dégénèrent, ils semblent se moquer de la terre. [6] Il est en effet ridicule, pour ainsi dire, que la terre produise de tels fruits ; ­cest pourquoi la terre les transforme en vers, ­cest-à-dire les rend semblables à des vers qui se cachent pendant ­lhiver, parce ­quaprès ­lautomne il ­ny a plus de fruits, ­comme il ­ny a plus de vers ; ensuite ils ressortent, et ­cest de là ­quils sont dits « vers », parce ­quils sont vere meantes, ­quils « circulent au printemps ».

844

446-449*

446 Fessa : lassa ; labore : questionis ; ­conceperat : habuerat ; oraque : sua et ; nulli : non ulli ; quia fontem non invenerat ubi sitim suam posset extinguere ­competenter. 447 colluerant : tetigerant ; tectam : coopertam ; stramine : gladio. 448 casam : domum parvam ; fores : portavit ; pulsavit : depulit ; inde : a domo. 449 prodit : exit ; anus : vetula ; divam : Cererem ; limpham : aquam ; roganti : petenti.

V 450

Construe : dedit dee querenti limpham dulce quod dulce coxerat testa ante, id est antequam sibi daret, scilicet polenta, et ita polenta erit feminini generis, vel sic : dedit roganti limpham polenta dulce, et ita polenta erit neutri generis, iuxta illud neutrum : « muliebre polenta ». Polenta dicitur a polis, quod est pluralitas, et lentos, quod est molle.

450-455*

450 testa : vase testeo ; ante : scilicet. 451 Dum : quando ; illa : dea ; datum : dulce ; duri : pravi ; oris : unus ; et audax : stultus securus. 452 ­constitit : stetit ; deam : Cererem ; risit : de(risit) ; vocavit : dixit ; 453 epota : potata. 454 liquido : claro ; mixta : ­coniuncta ; diva : Ceres. 455 Combibit : capit ; os : vultus ; que : illa ; modo : nuper.

V 456

Mutatio pueri in stellionem

membris ] Hic tangitur tota mutatio filii Melies a Cerere in stellionem.

456-457*

456 gerit : portat ; mutatis : variatis ; membris : suis. 457 ne : quod non ; sit : ei virtus.

V 458

lacerta est ] lacerta est vermis aquaticus et similiter vermis nemorum.

458 lacerta]laceratams.

845

V 450

Construire : dedit (« elle donna ») à la déesse querenti limpham (« qui demandait de ­leau ») dulce (« un doux ») – parce ­quelle avait doucement coxerat testa ante (« cuisiné dans un pot avant »), ­cest-à-dire avant ­quelle le lui donne, de la bouillie de farine ­dorge (polenta sera alors du genre féminin) ; ou alors ­construire dedit roganti limpham (« elle donna à celle qui demandait de ­leau ») une douce bouillie de farine ­dorge (et alors polenta sera du genre neutre), ­comme dans ­lexpression au neutre muliebre polenta (« une bouillie de femme »). Polenta vient de polis, qui désigne la pluralité, et de lentos, qui signifie « mou ».

V 456

Métamorphose de ­l enfant en lézard

membris (« à ses membres »)] Ici il est question de la totale métamorphose, par Cérès, du fils de Méliès en lézard.

V 458

lacerta est (« le lézard est »)] lacerata est (« le lézard est ») un ver aquatique, semblable aux vers des bois.

846

458-467*

458 ­contrahitur : abreviatur ; -que : et ; mensura : permensura. 459 flentem : plorantem ; paventem : timentum. 460 fugit : victat ; anum : vetulam ; latebras : repositoria ; aptum : ­congruum ; quia ille dicitur stellio a stellis, id est maculis quas in corpore portat ; moron gallice. 461 variis : diversis ; stellatus : maculatus. 462 dea : Ceres ; et : per ; erraverit : perrexerit. 463 longua : magna ; deffuit : defecit ; orbis : mondus. 464 Sicaniam : Siciliam ; -que : et ; lustrat : circuit ; eundo : pergendo. 465 et : etiam ; Cyanem : proprium ; Ea : Cyane ; mutata : nisi. 466 omnia : de filia sua ; narrasset : dixisset ; et : etiam ; os : buca ; volenti : dicere. 467 nec : et non ; quo : ore.

[f. 93r]

V 468-470

Quomodo Ceres invenit zonam Proserpine

Quamvis Cyane non posset dicere ore proprio, tamen per signa ostendit quod rapta erat apud Inferos. Ceres dicitur habere capillos propter inequalitatem spicarum et frondium inornatos.

468-473*

468 notam : cognitam ; parenti : Cereri. 470 Persephones : Proserpine ; zonam : cingulum ; summis : profundis ; ostendit : monstravit. 471 Quam : zonam ; simul : postquam ; tum : tunc ; denique : primum. 472 scisset : vere per insignia ; laniavit : laceravit ; diva : Ceres ; capillos : crines. 473 repetita : iterum percussa ; percussit : feriit ; pectora : sua ; palmis : ­com. 474 ubi : quo loco ; increpat : criminatur.

V 475-477

Quomodo Ceres irata fuit ­contra terram

Com Ceres invenisset in Trinacria zonam filie sue, in illa terra totum opus ­culture dissipavit, et etiam homines, ­cultores et boves, et adnichilavit sata et etiam gramina pessima pervenerunt.

460* vetulam] vetula ms. | 473* iterum] iter ms.

847

460 Parce ­quil est appelé stellio de stellis (« étoiles »), ­cest-à-dire les taches ­quil porte sur le corps.

[f. 93r]

V 468-470

Comment Cérès trouva la ceinture de Proserpine

Bien que Cyané ne pût formuler de paroles articulées, elle montra par signes que Proserpine avait été enlevée aux Enfers. On dit que Cérès avait une chevelure sans apprêt à cause de ­linégalité des épis et des feuillages.

V 475-477

Colère de Cérès ­contre la terre

Comme Cérès avait trouvé en Sicile la ceinture de sa fille, elle détruisit tout travail de ­culture sur cette terre, et même les hommes, les ­cultivateurs et les bêtes ; elle anéantit les récoltes et même les plantes devinrent infectes.

848

475-479*

475 -que : et ; vocat : dicit ; nec : et non ; frugum : bladorum ; munere : dono. 476 Alias : terras ; qua : Trinacria ; vestigia : insignia. 477 repperit : invenit ; Ergo : tunc ; illic : Trinacria ; seva : crudeli.478 manu : sua ; parili : pari ; colonos : ­cultores. 479 ruricolas : colentes rura ; leto : morti ; arva : campos ; iussit : Ceres.

V 480

arva / fallere]Arva fallunt : traditum sic quando bladum optimum seritur et ibi non multiplicatur, unde aliquando ex deffectu pinguedinis in terra in herbis moriuntur ; aliquando ex maximo calore suffocantur. Demerguntur ­com ex aqua et calore proporcionaliter habitis omnia procreantur.

480* fallere : decipere ; depositum : traditum ; viciata : corrupta.

V 481-485

Istis omnibus causis adnichilantur segetes : per calorem, per humorem, per ­concursum planetarum, per rubiginem aeris, id est ventum nocivum, per volucres, per lolium, per tribulos, per gramina multa nocua et inexpurgabilia.

481-486*

481 Fertilitas : multiplicitas ; latum : magnum ; vulgata : dispersa ; orbem : mondum. 482 sparsa : adnichilata est ; seges : segetes ; moriuntur : adnichilantur. 483 modo : aliquando ; sol : calor ; corripit : modo suffocat ; imber : pluvia. 484 Sidera : planete ; venti : fumositates aeris ; volucres : aves. 485 iacta : iactata ; legunt : colligunt ; lolium : herba mala ; tribuli : cardones. 486 triticias : frumenta ; inexpugnabile : non purgabile ; gramen : Haretusa.

V 487

Quomodo Cyane locuta fuit ­com Cerere

Eleys : nota quod Elis et Pisa civitates sunt vicine in Grecia ; inter eas oritur Aretusa et transit per meatus subterraneos de Grecia in Siciliam et ibi cadit in mari. Alpheias : dicta sic a nomine amici sui Alphei fluvii, cuius ortus est in Delo, et in Delo sorbetur a terra, et iterum oritur in Sicilia.

479* colentes rura ex colentes cri rura ms. | 481* multiplicitas ex multiplicatas ms. | 485* cardones] cadones ms. | 486* frumenta] frumentuas ms. | 487tit. Cyane locuta] Cyone loqutus ms. 487 in Delo] videbo ms.

849

V 480

arva / fallere (« (elle ordonne) aux labours ­dêtre trompeurs »)]Les terres labourées déçoivent ­lattente : on fait ce récit quand les semences sont excellentes, mais ne poussent pas, et tantôt meurent en herbes parce que la terre ­nest pas assez grasse, tantôt sont étouffées par un excès de chaleur. Elles sont écrasées, puisque tout est produit grâce à15 une égale proportion ­deau et de chaleur.

V 481-485

Pour toutes ces raisons les moissons sont anéanties : par la chaleur, par ­lhumidité, par la rencontre des planètes, par la rouille de ­lair, ­cest-à-dire des souffles nocifs, par les oiseaux, par ­livraie, par les nombreuses graines nuisibles et impossibles à éradiquer.

V 487

Comment Cyané ­communiqua avec Cérès

Eleys (« de ­lÉlide ») : noter ­quÉlide et Pise sont des cités voisines en Grèce. ­Cest entre elles que naît Aréthuse, qui passe par des méandres souterrains de Grèce en Sicile, où elle se jette dans la mer. Alpheias (« ­lAlphéiade ») : ainsi appelée du nom de son ami le fleuve Alphée, elle prend sa source à Délos, où elle est absorbée par la terre (on peut observer là le phénomène), et elle jaillit à nouveau en Sicile.

850

487-488*

487 Tunc : in illo tempore ; caput : suum ; Eleis : a loco ; Alpheias : ab Alphe ; extulit : levavit. 488 rorantes : rore fluentes ; ­comas : capillos ; fronte : sua ; ad : usque.

V 489-508

Ex quo ita semina et patria a Cerere cruciabantur, accedit actor ad loqutionem Cereis et Aretuse ; quomodo insimul loqute fuerunt in textu ­continetur usque huc : Mater ad auditas (509).

489-491*

489 atque : et ; ait : dixit ; quesite : investigate ; virginis : Proserpine. 490 frugum : mesium ; genitrix : mater ; immensos : magnos ; labores : tuos. 491 neve : non ; fide : fideli ; violenta : tu crudelis ; terre : quia hec est ratio.

V 492

Invita : quia non vellet quod ad tantum raptum filie tue patuisset.

492-496*

492 nichil : non aliquid ; patuit : patens fuit. 493 Nec : et non ; patria : ista tibi ; supplex : supplicans ; hospita : aliena. 494 Pisa : terra ; Elyde : civitate ; duximus ortum : habui principium. 495 Siccaniam : Siciliam ; peregrina : avena ; colo : habito ; omni : tota. 496 solo : patria ; en : ecce ; Haretusa : ego ; Penates : sedes privatas.

V 497

habeo sedem ] Quasi dicat : Requiesce in hac sede quia alias dicam tibi cur ego moveor hoc loco et quare mutata fui, quando tu eris ­letior, et respicit ad hoc quod sequitur inferius : Exigit alma Ceres (572).

497-498*

497 quam : sedem ; tu : o. 498 Mota : ­concita ; cur : quare.

497 moveor] moveror ms.

851

V 489-508

Alors que les moissons et le pays étaient ainsi torturés par Cérès, ­lauteur en vient à la ­conversation entre Cérès et Aréthuse ; la façon dont elles parlèrent ensemble est racontée dans le texte ­jusquaux mots Mater ad auditas (« En entendant ces paroles, la mère »).

V 492

Invita (« malgré elle ») : « parce ­quelle ­naurait pas voulu ­souvrir devant le ravisseur de ta fille. »

V 497

habeo sedem (« ­jai mon séjour »)] En ­dautres termes : « repose-toi dans ce séjour parce que je te raconterai une autre fois pourquoi ­jai été ­conduite dans cet endroit, et pourquoi ­jai subi une métamorphose, quand tu seras plus heureuse. », et elle songe à ce qui est raconté plus bas : Exigit alma Ceres (« La bienfaisante Cérès exige »).

852

V 499

Ortigiam : Asterie soror erat Latone, quam Iupiter voluit cognoscere. Illa autem mutavit se in coturnicem et Iupiter in aquilam ; postea mutavit illa se in terram, et tandem crevit quod facta est insula que dicitur Ortigia, ab ortim grece, quod est vix latine.

499-505*

499 advehor : adportor ; Ortigiam : terram ; narrantibus : dictis. 500tempestiva : ­competens ; ­com : quando ; cura : tuaque. 501 tellus : terra. 502 prebet : dat ; iter : viam ; subterque : infra et ; ymas : profundas ; ablata : portata ; cavernas : fossas. 503 huc : in hoc loco ; caput : meum ; disueta : non ­consueta ; sidera : stella ; cerno : video. 504 Ergodum : ex quo ita est ­com ; Stigio : infernali ; labor : defluo. 505 tua : filia ; Proserpina : proprium.

V 506

Quia adhuc est territa de raptu, et tamen est regina omnium infernalium et uxor Plutonis avunculi sui.

506-508*

506 illa : Prosperpina ; quidem : certe ; nec : et non ; interrita : sine terrore. 507 regina : est ; sed : est ; opaci : obscura. 508 tamen : est ; pollens : resplendens ; matrona : ­coniunx.

[f. 93v]

V 509-510

Narratis ab Arethusa supradictis omnibus Cerere, Ceres stupuit quasi esset ipsa lapidea et quod filia sua rapta erat apud Inferos, et, ­com parum more fecisset, venit ante Iovem quasi tota furibunda ; et ­continetur in littera quomodo de raptu filie sue ­com Iove ­conquesta et ut iterum illam ab Inferno revocaret.

509-512*

509 Mater : Ceres ; ceusaxea : sicut esset de saxo. 510 attonite : stupefacte ; fuit : Ceres ; utque : postquam. 511 vehementia : vel amentia ; curribus : suis. 512 exit : scandit ; ubi : in quo loco ; stetit : astitit.

503* ­­consueta] ­­consuetas ms. | 509-510 quasi] quod ms.

853

V 499

Ortigiam (« à Ortygie ») : Astérie était une sœur de Léto. Jupiter voulut ­sunir à elle. Elle se changea alors en caille, mais Jupiter prit la forme ­dun aigle. Elle se changea ensuite en terre, et grossit ­jusquà devenir une île, ­quon appelle Ortygie, du grec ortim16, qui signifie vix (« à peine ») en latin.

V 506

Parce ­quelle est encore terrifiée à la suite de son enlèvement, lors même ­quelle est reine de tous les habitants des Enfers et épouse de Pluton son oncle.

[f. 93v]

V 509-510

Quand Aréthuse eut raconté à Cérès tous ces événements, Cérès fut stupéfaite, ­comme si elle était elle-même pétrifiée et parce que sa fille avait été enlevée aux Enfers ; et, après un bref délai, elle vint trouver Jupiter ­comme une femme folle furieuse. Le texte raconte ­comment elle se plaignit à Jupiter de ­lenlèvement de sa fille et dit ­quelle la ferait revenir des Enfers.

854

V 514-522

Oratio Cereris ad Iovem pro Proserpina

Hic ­continetur quomodo Ceres loquta est ­com Iove de raptu Proserpine filie sue.

514* que : etiam ; suplex : supplicans ; Iupiter : o tu ; inquit : dixit.

V 515

gratia matris ] Mei existentis matris, quasi diceret : Posito quod tu Iupiter non tangaris pro me amica tua, tamen et tu debes tangi pro filia ­tua.

515-516*

515 sanguine : genere ; -que : et ; nulla : non aliqua. 516 nata : Proserpina ; matrem : te existentem ; neu : quod non ; precamur : ego et illa.

V 517

partu ] Quasi diceret : Ego precor te quatinus non habeas illam viliorem eo quod ego illam ­peperi. Hoc totum dicebat acquirendo benivolentiam Iovis.

517-518*

517 quod : ideo ; edita : genita ; partu : puerperio. 518 Enquesita : ecce investigate ; tandem : ad ultimum ; nata : a me filia.

V 519-520

Quasi diceret : Siscire ubi sit est reperire, ego reperi, quia scio ubi ­est ; vel si vocas amittere reperire, ego reperi, quia perdita est, et ego scio ubi, scilicet apud Inferos ­est.

519-521*

519 vocas : dicis ; si : vocas. 520 ubi : in quo loco ; quasi debemus pati quod rapta sit ? Certe ­non. 521 dum : donec ; reddat : raptor ; eam : Proserpinam ; nec : non ; enim : certe.

514-522 Proserpine] Cereris ms. | 517 viliorem ex meliorem ms. | 519 est1] et ms. scio ex sic ms.

855

V 514-522

Prière de Cérès à Jupiter pour Proserpine

Ici est raconté ­comment Cérès parla à Jupiter de ­lenlèvement de Proserpine sa fille.

V 515

gratia matris (« la faveur de la mère »)] La mienne, la faveur de celle qui est sa mère, en ­dautres termes : « Admettons que toi, Jupiter, tu ne sois pas touché pour moi, ton amie, cependant tu dois être touché pour ta fille. »

V 517

partu (« enfantement »)] En ­dautres termes : « Je te prie de ne pas la mépriser parce que je ­lai enfantée ». Toutes ces paroles étaient destinées à acquérir la bienveillance de Jupiter.

V 519-520

En ­dautres termes : « Siscire ubi sit (« Si savoir où elle est ») équivaut à reperire (« la trouver »), je ­lai trouvée, parce que je sais où elle est. Ou si vocas amittere reperire (« si tu appelles la trouver le fait de la perdre »), je ­lai trouvée, parce ­quelle est perdue, et je sais où elle est : elle est dans les Enfers. »

520 En ­dautres termes : « Devons-nous supporter ­quelle ait été enlevée ? Certes non. »

856

V 522

filia non est ] Posito quod non sit filia mea, tamen est filia tua, et, quia tua est et tu rex omnium, non deberet rapi, ymo com honore maximo ­desponsari.

522* iam : quamvis.

V 523-532

Responsio Iovis ad Cererem

Loquta Cerere, ut superius ­continetur, Iupiter incepit loqui, ut sequitur, securificando et pacificando Cererem de raptu filie sue.

523-525*

523 excepit : incepit loqui ; ­commune : par ; pignus : amor ; onus : cura. 524 nata : Proserpina ; michi : Iovi ; tecum : Cerere. 525 addere : dare ; licet : licitum est ; hoc : tale est.

V 526

Iupiter erga Cererem excusat fratrem suum de raptu, dicens quod non iniuriam fecit, sed amorem, et preterea dicit ille : Gener nobis dedecus non generabit, sed honorem ; ita dico, posito quod tu ­velis.

526* verum : sed est ; nec : et non ; ille : Pluto.

V 527

Ut desint cetera. Quasi dicat : Posito quod Pluto pauper esset et nichil haberet, nonne est magnum quod ille est frater Iovis ?. Certe ­sic. Et tamen non est pauper quia rex est sicut ego ­sum. Dicit Iupiter : Verumptamen, si tu velis quod redeat, Proserpina redibit, nisi tantum in Inferno ­gustaverit. His ­concessis, Ceres habere filiam estimavit.

527-530*

527 modo : tantummodo ; diva : o ; Ut : quamvis ; desint : deficiant ; quantum : quam magnum. 528 esse : aliquem ; quid : est ; desunt : deficiunt ; quia dives est et rex. 529 cedit : ­concedit ; cupido : voluntas. 530 discidii : divorcionis ; Proserpina : filia nostra ; celum : firmamentum.

527 ­­concessis ex ­­concessito ms.

857

V 522

filia non est (« elle ­nest pas ma fille »)] « Admettons ­quelle ne soit pas ma fille, cependant elle est la tienne et, parce ­quelle est la tienne et que tu es roi de ­lunivers, elle ­naurait pas dû être enlevée, mais elle aurait dû être épousée avec les plus grands honneurs. »

V 523-532

Réponse de Jupiter à Cérès

Après les paroles de Cérès ­quon a rapportées ci-dessus, Jupiter prit la parole, ­comme on le lit ensuite, en rassurant et en apaisant Cérès sur ­lenlèvement de sa fille.

V 526

Devant Cérès Jupiter justifie son frère de ­lenlèvement, en disant ­quil ­na pas ­commis ­dinjure, mais un acte ­damour, et il ajoute : « Ce gendre ne nous procurera pas de déshonneur, mais nous honorera ; je le dis, en admettant que tu ­lacceptes. »

V 527

Ut desint cetera (« Quand manquerait tout le reste »), en ­dautres termes : « Admettons que Pluton fût pauvre et ne possédât rien, ­nest-ce pas une grande chose que ­dêtre le frère de Jupiter ? Certes, ça ­lest. Et par ailleurs il ­nest pas pauvre, mais il est roi ­comme je le suis. » Jupiter ajoute : « Cependant, si tu veux ­quelle revienne, Proserpine reviendra, à la seule ­condition ­quelle ­nait rien mangé aux Enfers. » Avec cet accord, Cérès estima ­quelle retrouvait sa fille.

528 Parce ­quil est riche et ­quil est roi.

858

V 531-532

Quia statutum est quod, quisquis in Inferno ­comederit, nomquam exibit, id est quis sine penitentia peccaverit, dampnabitur.

531-533*

531 certa : perhabita ; nullos : non ullos ; ­contigit : gustavit ; illic : in Infernum. 532 namsic : quia taliter ; Parcharum : fatorum ; federe : lege ; cautum : statutum est. 533 Dixerat : ita loqutus fuerat Iupiter ; Cereri : dee ; educere : ab Inferno filiam suam Proserpinam.

V 534-538

[1] Com esset ieiuna Proserpina, id est com casta esset anima in ortis (535) Inferni, id est inherendo ubi fructus mortales peccatorum habundant, accepit pomum (536) ubi erant septem grana (537), id est cognitionem masse septem peccatorum mortalium habuit, et unum granum ­comedit, id est in uno peccato peccavit, et virginitatem innocentie amisit, et, ­com deberet reverti ad celum post mortem, inventa est in illo peccato ab Ascalapho, id est ab dyabolo accusatore, et dampnata est in perpetuum, quanto magis illi dampnabuntur qui in peccatis omnibus ­commiserunt. [2] Ascalaphus dicitur mutari in avem noctis quia hostis accusator in opera peccatorum semper studet ut in tenebras trahat animas peccatorum.

534-540*

534 ita : taliter ; sinunt : desinunt fieri ; virgo : Proserpina. 535 solverat : fregerat ; dum : quando ; simplex : sine ­consorcio. 536 puniceum : rubicundum ; curva : curvata ; decerpserat : collegerat ; pomum : vinum. 537 sumptaque : capta et. 538 presserat : ­comederat ; Solusque : sine alio et ; omnibus : infernalibus ; illud : factum. 539 Ascalaphus : proprium ; quem : Ascalaphum ; Orne : ninpha illa. 540 Avernales : infernales ; haut : non ; innotissima : immo bene nota.

V 541

Acheronte : Acheron dicitur ab a, quod est sine, et chere, quod est salus, quia ibi nulla salus habetur.

532* lege] legere ms.

859

V 531-532

Parce ­quil a été décidé que, quiconque aura mangé dans les Enfers, ­nen sortira jamais, ­cest-à-dire que celui qui aura péché sans faire pénitence sera damné.

533 educere (« faire sortir ») : sa fille Proserpine des Enfers.

V 534-538

[1] Alors que Proserpine était affamée, ­cest-à-dire alors que ­lâme chaste était in ortis (« dans les jardins ») de ­lEnfer, ­cest-à-dire ­sattardait là où abondent les fruits mortels des pécheurs, elle cueillit pomum (« un fruit ») qui ­contenait septem grana (« sept grains »), ­cest-à-dire ­quelle eut ­connaissance de ­lensemble des sept péchés mortels, et mangea un grain, ­cest-à-dire ­commit ­lun des péchés, et perdit la pureté de ­linnocence et, alors ­quelle devait rejoindre le ciel après sa mort, elle fut découverte en train de ­commettre ce péché par Ascalaphe, ­cest-à-dire par le diable accusateur, et ­condamnée pour toujours : ­dautant plus seront ­condamnés ceux qui se sont abandonnés à tous les péchés. [2] On dit ­quAscalaphe fut métamorphosé en oiseau de nuit parce ­lennemi accusateur ­sefforce toujours ­dattirer vers les ténèbres les âmes des pécheurs au moment où elles ­sadonnent aux péchés.

V 541

Acheronte (« ­lAchéron ») : ­lAchéron tient son nom de a qui signifie « sans » et chere, qui est « le salut », parce ­quil ­ny a là aucun salut.

860

541-542*

541 exAcherunte : fluvio infernali ; fulvis : pallidis ; undis : aquis. 542 vidit et indicio : repetit, ut addit demonstratione ; crudelis : ipse ; ademit : removit, denegavit.

V 543-550

Mutatio Aschalaphi

Ascalaphus : quia perhibuit Proserpinam gustasse de fructu infernali, dicitur reditum ademisse, unde in bubonem mutatus fuit. Re vera Aschalaphus quidam philosophus fuit qui de ­compoto lune tractans, eam in Inferno esse perhibuit, unde fingitur ea de fructu infernali gustasse, inde dicitur mutatus esse in bubonem, quia est avis noctis que de nocturnis cursibus, id est de luna, tractavit, et de nocte studuit.

543-550*

543 Ingemuit : gemitum dedit ; regina : Proserpina ; Herebi : Inferni ; testem : Ascalaphum ; prophanum : pessimum. 544 sparsumque : aspersum et ; caput : suum ; Flegetuntide : infernali ; limpha : aqua. 545 plumas : in ; etgrandia : in magna. 546 Ille : Ascalaphius ; fulvis : pallidis ; amictitur : tegitur. 547 inquecaput : quia grossum caput habet ; longuos : in. 548 -que : et ; inhercia : prava ; brachia : sua. 549 feda : immunda ; volucris : avis ; luctus : doloris. 550 ignavus : pravus ; bubo : nomen illius ; dirum : crudele.

V 551-563

De Acheloidibus

Hic tamen (551) dicit actor : verum est quod iste penam promeruit, sed o vobis Acheloides ? (552) Quare mutate fuistis ? Et intrat fabulam de mutatione Acheloidum, que talis est : ­com rapta esset Proserpina a Plutone, Acheloides socie sue tantum illam per terram quesierunt quod quasi per universum orbem fuerunt, et, ut monstrarent se perfecte amare illam, super mare voluerunt illam investigare, sed miseratione deorum mutate fuerunt in Syrenes secundum quosdam ; secundum alios et melius in Arpias.

541* pallidis] palladis ms. | 551-563 mutate1] mutare ms. in Sirenes secundum] in # secundum ms.

861

V 543-550

Métamorphose ­d Ascalaphe

Ascalaphus (« Ascalaphe ») : parce ­quil rapporta que Proserpine avait goûté du fruit infernal, il empêcha, dit-on, son retour, ­cest pourquoi il fut transformé en hibou. En vérité Ascalaphe était un philosophe qui, traitant de la position de la lune, rapporta ­quelle se trouvait dans les Enfers, ­cest pourquoi ­lon imagine ­quelle goûta du fruit infernal ; et ­lon dit ­quil fut changé en hibou, qui est un oiseau de nuit, parce ­quil traitait des révolutions des astres nocturnes, donc de la lune, et ­quil faisait des études sur la nuit.

V 551-563

Les filles ­d Achéloüs

­Lauteur dit Hic tamen (« Celui-là cependant ») : « il est vrai que celui-là mérita son châtiment mais o vobis Acheloides (« ô vous, filles ­dAcheloüs ») ? Pourquoi avez-vous été métamorphosées ? » Et il aborde la fable de la métamorphose des filles ­dAchéloüs, qui est la suivante : alors que Proserpine avait été enlevée par Pluton, les filles ­dAchéloüs, ses ­compagnes, la cherchèrent tellement à travers la terre ­quelles traversèrent presque tout ­lunivers et, pour montrer ­quelles ­laimaient parfaitement, elles voulurent aussi la chercher sur la mer, mais la pitié des dieux les transforma en Sirènes selon certains ; selon ­dautres en Harpies – ­cest une meilleure version.

862

551-552*

551 Hic : Ascalapius ; indicio : demonstratione mutationis ; linguaque : sua et. 552 unde : qua de causa.

[f. 94r]

V 553-554

Mutatio Acheloidum in Arpias

[1] Syrenes, filie Acheloi et Calliopes, mutate sunt in monstra marina. Syrenes re vera fuerunt puelle bene cantantes, unde finguntur filie Acheloy, qui deus est cuiusdam aque. Bona enim sonoritas vocis sine humore non potest haberi, et tamen vocis sonoritas parum valet sine artificio canendi ; ideo dicitur Calliope mater earum esse, que est una de Musis. [2] Muse enim idem sonantie dicte sunt, a mois, quod est aqua. Syrenes ergo, vocis dulcedine hominibus blandientes, eos alliciebant, et sibi nomen acceperunt a siren, quod est tractus, unde evincitur quod naves attrahunt. Rei veritas est quod sunt monstra marina dulcedine vocum nautas decipientia et habitant iuxta loca in quibus naves, dum venerunt, periclitantur.

553-560*

553 pluma : fuit ; pedes : fuerunt ; ­com : quamvis ; virginis : hominis ; ora : vultus ; geratis : habeatis. 554 legeret : colligeret ; vernos : novos. 555 in ­comitum : sociarum ; Syrenes : o. 556 Quam : Proserpinam ; frustra : invanum ; orbe : terra. 557 protinus : ­consequenter ; ut : quod. 558 fluctus : maris ; alarum : vestrarum ; insistere : stare ; remis : remigiis. 559 optastis : voluistis ; facilesque : favorabiles et ; artus : membra. 560 flavescere : candere.

V 561

Allegoria talis est : iste arpie sunt Syrenes socie Proserpine, id est anime peccatricis. Dum flores legerent, id est dum in delectationibus seculi morarentur, secute fuerunt querendo Proserpinam per totum modum, quia publice meretrices fuerunt, et cantu, id est fallacia loquele et sermonum, homines decipiunt ; unde dicuntur habere vultus virgineos, quia fallaces sunt meretrices, pedes gallinaceos, quia semper verrunt hominem spoliando, et alas avium, quia labiles sunt valde.

553-554.2 idem] id est ms.evincitur] vingitur ms. | 555* Syrenes]Syneresms. | 561 modum ex mondum ms. gallinaceos] gallinaces ms.

863

[f. 94r]

V 553-554

Métamorphose des filles ­d Achéloüs en Harpies

[1] Les Sirènes, filles ­dAchéloüs et de Calliopé, furent transformées en monstres marins. Les Sirènes étaient en réalité des jeunes filles qui chantaient bien, ­cest pourquoi ­lon imagine ­quelles étaient filles ­dAchéloüs, le dieu ­dun certain cours ­deau. Car la bonne sonorité de la voix ne peut exister sans humidité, mais en même temps la sonorité de la voix ­na pas grande valeur sans la maîtrise de ­lart du chant ; ­cest pourquoi ­lon dit que leur mère était Calliopé, qui est ­lune des Muses. [2] En effet les Muses, qui ont également, dit-on, une voix sonore, tirent leur nom de mois, qui désigne ­leau. Les Sirènes donc, caressant les hommes par la douceur de leur voix, les attiraient vers elles ; elles tiennent leur nom de siren, qui est le fait de tirer17, ­doù ­lon arrive à la ­conclusion ­quelles attirent les bateaux. En réalité ce sont des monstres marins qui trompent les marins par la douceur de leurs voix et vivent près des endroits par où il est dangereux de passer en bateau.

V 561

­Lallégorie est la suivante : ces Harpies sont les Sirènes, ­compagnes de Proserpine, ­cest-à-dire de ­lâme pécheresse. En cueillant des fleurs, ­cest-à-dire en ­sattardant dans les plaisirs de ce monde, elles parcoururent le monde entier à la recherche de Proserpine, parce ­quelles étaient des femmes publiques ; par leur chant, ­cest-à-dire par les pièges de leurs paroles et de leurs discours, elles trompent les hommes ; ­cest pourquoi ­lon dit ­quelles ont des visages de vierges, parce ­quelles sont de perfides courtisanes, des pieds de poules, parce ­quelles cherchent sans cesse à dépouiller les hommes, et des ailes ­doiseaux, parce ­quelles sont ­complètement insaisissables.

864

561-566*

561 Necnon : insuper ; mulcendas : leniandas. 562 -quedos : et pulcritudo. 563 humana : quia adhuc ; remansit : canutit bene ut prius. 564 Atmedius : et mediator ; fratrisque : Plutonis et ; mesteque : tristis et ; sororis : Cereris, quia Saturnus de Cibele matre deorum genuit Cererem. 565 equo : equitate. 566 dea : proprium ; numen : deitas ; ­commune : scilicet Inferni et terre.

V 567-569

Lex instituta Proserpine

Quia, quando luna decrescit, dicitur est com ­­coniuge ; quando est plenissima ­com ­matre, et terrenis bene apparere.

567-569*

567 matre : Cerere ; totidem : per messes ; ­coniuge : Plutone. 568 Vertitur : mutatur ; extimplo : protinus ; facies : sua ; mentis : facies sue. 569 nam : quia ; modo : nuper ; que : frons ; Diciquoque : id est Plutoni tristis ; mesta : tristis.

V 570-571

Quia prius pro dolore filie sue rapte tristis erat ; nunc autem ex pace ­comformata de filia letatur, et ­comparat actor illam soli, ut littera manifestat.

570-571*

570 leta : vel Cereris ; dee : Proserpine ; ut : quasi.

V 572

Quia Arethusa superius dixerat de mutatione sua in fonte, promittendo narrare : veniet narrantibus hora / tempestiva meis (499-500).

572* Exigit : interrogat ; alma : sancta ; nata : et hoc dico ; reperta : Proserpina inventa.

V 573

Nunc interrogat Ceres, leta pro filia sua reperta, quare mutata fuit in fontem sacrum.

573* tibi : Arethuse ; cur : quare ; sis : tu ; Arethusa : o tu.

570-571 letatur ex mutatur ms. soli] solis ms. | 572* inventa] in vento ms.

865

564 sororis (« de sa sœur ») : de Cérès, parce que Saturne eut Cérès avec Cybèle la mère des dieux.

V 567-569

Disposition prise à propos de Proserpine

Parce que, quand la lune décroît, on dit ­quelle est « avec son époux », et quand elle est pleine, on dit ­quelle est « avec sa mère », et alors elle est bien visible de la terre18.

V 570-571

Parce que ­dabord la souffrance de ­lenlèvement de sa fille la rendait triste ; mais maintenant, elle se réjouit de ­laccord passé à propos de sa fille, et ­lauteur la ­compare au soleil, ­comme le texte le montre clairement.

V 572

Parce ­quAréthuse avait parlé plus haut de sa métamorphose en fontaine, en promettant ­den raconter ­lhistoire : veniet narrantibus hora tempestiva meis (« le moment favorable viendra pour mes récits »).

V 573

Maintenant Cérès, qui est heureuse ­davoir retrouvé sa fille, demande pourquoi elle fut changée en fontaine sacrée.

866

V 574-575

Com Ceres Arethusam de mutatione sua interrogasset, aque sibi ­consecrate tacuerunt, et ita denotatur maxima reverentia, ut ­com Cerere loqueretur, unde Arethusa vultum suum levavit et sequitur com Cerere, quomodo loquta fuit.

574* ­conticuere : tacuere pariter ; quarum : aquarum ; deasustulit : Arethusa levavit.

V 575-576

Virides dicit propter naturam aque que semper viridis est. Veteres dicit, quia a longuo tempore retracto illam adamaverat.

575-576*

575 fonte : suo ; caput : suum ; manu : sua. 576 Alphei : proprium ; veteres : antiquos ; narravit : dixit.

V 577-642

Demonstratio Arethuse Cerere quomodo illa Arethusa mutata fuit in fontem

[ 1] Pars ego (577) : hic incipit Arethusa narrare Cereri de mutatione sua, de qua talis est fabula : Arethusa fuit nimpha Dyane ­consecrata et, dum quadam die de venatione reverteretur, in quodam fluvio illa, lassa, volens se reffrigescere propter calorem, intravit et spoliavit. Et, ­com ibi se balnearet, Alpheus, deus illius fluvii, eam iampridem adamans, insequi volens, amore voluit eam capere, unde illa nuda incepit fugere et Alpheus eam insequtus est. [2] Per multa loca fugit ; ad ultimum, lassa, rogavit Dyanam quod sibi succurreret ; et fecit sic : texit eam ­com nube, unde in nube, sudore defluens, mutata fuit in fontem. Mutatio et hoc totum patet in littera usque huc : Hac in Arethusa tenus (642).

577* ego : Arethusa ; que : nimphe ; inAquaide : in Grecia.

V 578

una fui ] Quasi diceret : Ego eram optima ­veneratrix.

578* nec : et non ; studiosius : curiosius ; altera : alia nimpha ; saltus : landes gallice.

577-642tit.Arethusa] rethusa ms. | 577-642.1 nimpha ex filia nimpha ms. quadam ex quadam Dyane ­­consecrata ms. amore] amores ms. et Alpheus eam] et # eam ms. | 577-642.2 loca ex loquta ms.

867

V 574-575

Comme Cérès avait interrogé Aréthuse sur sa métamorphose, les eaux qui lui étaient ­consacrées se turent, et ici est montré le très grand respect ­dAréthuse quand elle ­sadresse à Cérès : Aréthuse leva son visage. Suit sa ­conversation avec Cérès.

V 575-576

Il dit Virides (« verts ») à cause de la nature de ­leau qui est toujours verte. Il dit Veteres (« anciennes ») parce ­quil ­lavait aimée longtemps auparavant.

V 577-642

Aréthuse explique à Cérès ­comme elle fut transformée en fontaine

[ 1] Pars ego (« ­Jappartenais »). Ici Aréthuse ­commence à raconter à Cérès sa métamorphose, dont la fable est la suivante : Aréthuse était une nymphe ­consacrée à Diane ; un jour où elle revenait de chasser, elle voulut se rafraîchir dans un fleuve, parce ­quelle était lasse et ­quil faisait chaud. Elle se déshabilla et entra dans ­leau19. Comme elle se baignait, Alphée, le dieu de ce fleuve, qui ­laimait depuis longtemps, voulut la poursuivre et la prendre par amour ; elle sortit nue de ­leau et ­senfuit ; Alphée la poursuivit. [2] Elle traversa bien des endroits dans sa fuite ; finalement, épuisée, elle demanda à Diane de la secourir : ­cest ce que fit la déesse, en ­lentourant ­dune nuée ; mais dans cette nuée elle transpira tant ­quelle devint une fontaine. La métamorphose et tout le récit se lisent en détails ­jusquaux mots Hac in Arethusa tenus (« Ainsi parla Aréthuse »).

V 578

una fui (« je fus ­lune »)] En ­dautres termes : « ­jétais une excellente chasseresse ».

868

V 579

Quasi diceret : Ego eram fortis et tamen iudicabar ­pulcra.

579* legit : elegit ; nec : et non ; posuit : tetendit ; studiosius : curiosius ; altera : aliqua nimpha ; casses : retia.

V 580-581

Quia non mihi placebat quando audiebam me laudari a pulcritudine nec gaudebam sicut cetere puelle faciunt que gaudent reputari pro pulcris.

580-586*

580 forme : pulcritudinis ; numquam : non unquam ; michi : a me ; fama : laus. 581 formose : pulcre ; nomen : famam. 582 Nec : et non ; facies : pulcritudo ; nimium : multum. 583 quaque : dote ; alie : puelle ; ego : Arethusa ; rustica : pudibunda ; dote : pulcritudine. 584 crimen : esse criminosum ; placere putavi : quia putabam, quando gentes dicebant quod ego eram placens, quod hoc esset crimen. 585 revertebar : redibam ; memini : recolo ; Stiphalide : a loco ; silva : nemore. 586 estus : calor ; labor : venationis ; geminaverat : dupplicaverat ; estum : calorem.

V 587-589

Ita erant clare – dicit Arethusa Cereri – quod tu posses numerare sabulum in fundo et vix crederes quod aliquantulum ­deffluerent.

587-591*

587 euntes : fluentes. 588 prospicuas : claras ; ad : usque ; humum : terram ; quas : aquas. 589 calculus : sabulum ; omnis : totus ; ire : fluere ; putares : si presens esses. 590 (591 T) declivibus : tortis ; umbras : verba Arethuse. 591 (590 T) Cana : canuta ; salicta : salictum est locus ubi crescunt salices ; populus : arbor ; unda : aqua.

V 592-594

Quia primum pedes, postea tibias usque ad genu, postea spoliam.

580* laus] lanx ms. | 587-589 erant] rerant ms. | 591* salictaexsalistams.

869

V 579

En ­dautres termes : « ­Jétais courageuse et pourtant on me trouvait belle ».

V 580-581

Parce ­quil ne me plaisait pas ­dentendre ­quon me louait pour ma beauté, et je ne me réjouissais pas ­comme les autres jeunes filles qui aiment être réputées pour leur beauté.

584 Parce que je pensais, quand les gens disaient que ­jétais plaisante, que ­cétait une faute.

V 587-589

« Ses eaux étaient si claires, dit Aréthuse à Cérès, ­quon aurait pu au fond ­compter les grains de sable et ­quon aurait eu de la peine à croire ­quelles coulaient un tant soit peu. »

V 592-594

­Dabord (elle trempe) les pieds, ensuite les jambes ­jusquaux genoux, ensuite (elle quitte) ses vêtements.

870

592-594*

592 Accessi : huc veni ; primumque : prime et ; pedis : medii ; tinxi : ab aqua. 593 poplice : tinxi ; deinde : postea ; tenus : genu ; nec : et non ; eo : tanto ; ­contempta : sum. 594 -que : et ; salici : arbori ; velamina : pannos ; curve : curvate.

V 595

Arethusa, nimpha in aqua, quam adamavit Alpheus, deus cuiusdam fluvii, admiscet se eius aquis. Re vera quedam est aqua Arethuse que, permeatus subterraneos transiens, apud Ortigiam illic emergit. Quam dicitur Alpheus fluvius adamare, quia cadit in aquis ipsius seque sibi admiscet. Reliquum totum est fabula.

595* -que : et ; aquis : in ; Quas dum ferioque : aquas quando percutio et ; trahoque : ad me et.

V 596

Hic tangitur modus puerorum balneantium se in fluviis.

596-598*

596 labens : me ducens ; -quebrachia : et mea. 597 quod : quale ; sensi : audivi ; gurgite : aqua. 598 territa : stupefacta ; insisto : asto ; propioris : plus proxima ; rippe : vel fontis.

V 599-600

Amor Alphei et Arethuse

Ecce quomodo Alpheus fluvius Arethusam appellabat, ut ea verteretur. Rauco (600) dicit propter sonum aque raucum.

599-600*

599 properas : vadis ; Alpheus : fluvius. 600 properas : vadis.

V 601

Fuga Arethuse

593* tinxi] tinxe ms. | 595 Arethuse] Arethusa ms. | 599* fluvius] fluvio ms. | 601tit. Fuga] fuga et ms.

871

V 595

Aréthuse est une nymphe aquatique aimée ­dAlphée, dieu ­dun fleuve, qui se mélange à ses eaux. La réalité est ­quil y a une fontaine ­dAréthuse qui, traversant des passages souterrains, émerge là en Ortygie. On dit que le fleuve Alphée ­laime, parce ­quil se jette dans ses eaux et se mélange à elles. Tout le reste ­nest que fable.

V 596

Ici il est question de la façon dont les enfants se baignent dans les rivières20.

V 599-600

Amour ­d Alphée et ­d Aréthuse

Voici ­comment le fleuve Alphée appelait Aréthuse, pour ­quelle revienne. Il dit rauco (« rauque ») à cause du son rauque de ­leau.

V 601

Fuite ­d Aréthuse

872

601-604*

601 vestibus : meis. 602 magis : plus ; ardet : ardenter me cupit. 603 nuda : sine veste ; paratior : promptior ; illi : Alpheo. 604 sic : taliter ; ferus : crudelis ; premebat : sequebatur de prope.

[f. 94v]

V 605-606

Comparat Arethusam fugientem et Alpheum illam sequentem ad columbas ancipitrem fugientes.

605-606*

605 (606 T) ut : sicut ; timidas : timorosas ; urgere : sequi. 606 (605 T) utfugere : sicut solent ; ancipitrem : avem, ostor gallice.

V 607-609

Hic enumerantur loca per que fugit Arethusa a facie Alphei hanc sequentis.

607-612*

607 Orchomenon : civitatem ; Sephida : civitatem ; Cillenem : civitatem. 608 Menalios : sunt Menala loca solitaria ; Erimanthon : mons est ; Helym : mons est. 609 ille : Alpheus. 610 tolerare : pati ; diu : longe ; impar : quia mulieres non sunt ita fortes in cursu sicut etiam sunt homines, et similiter facilius devincuntur. 611 longi : magni. 612 etcampos : etiam cucurri ; oppertos : tectos ; arbore : cucurri.

V 613

cucurri ] Quamvis per supradicta loca cucurrissem, tamen adhuc per ista loca cenia et saxosa ­cucurri.

613-614*

613 saxaque : per, et ; ruppes : per ; etqua : ea parte ; via : parte ; nulla : non ulla. 614 longuam : quia iamque dies exacta erat et sol a parte inferiori percuciebat et ita umbra longua erat.

605-606 Arethusam] Arethusa se ms. fugientes] facientes ms.

873

[f. 94v]

V 605-606

Il ­compare Aréthuse en fuite et Alphée qui la poursuit à des colombes qui fuient un épervier.

V 607-609

Ici sont énumérés les endroits par lesquels Aréthuse fuit la présence ­dAlphée qui la suit.

610 impar (« inégales ») : parce les femmes ne sont pas aussi fortes dans la course que les hommes, et également parce ­quelles sont plus facilement vaincues.

V 613

cucurri (« ­jai couru »)] « Bien que ­jaie traversé en courant les endroits énumérés ci-dessus, je ­continuai à courir à travers ces lieux boueux et empierrés. »

614 longuam (« longue ») : parce que déjà le jour était achevé et que le soleil frappait du point le plus bas, donc ­lombre était longue.

874

V 615

Nisi si, quasi dicat : Ego credo quod non erat vere umbra, sed timebam timore magno, et ita putavi ­videre.

615-617*

615 oculos : meos ; nisi si : nisi ; ille : vel ista. 616 sedcerte : in veritate ; -que : etiam ; ingens : magnus ; quia hanelitus magnus erat ex spiratione maxima aeris astracta in currendo. 617 crinales : a crine ; vittas : pepla ; hanelitus : spiritus.

V 618-620

Oratio Arethuse ad Dyanam

Ecce invocatio Arethuse ad Dyanam ut illam protegeret.

618-620*

618 Fessa : lassa ; fer opem : da auxilium ; inquam : dixi. 619 armigere : scutifere ; Dyana : vel Dittina ; dedisti : ­concedisti. 620 ferre : portare ; -que : et.

V 621-622

Exaudicio orationis

Finita petitione ad Dyanam ab Arethusa, Dyana hanc nube texit, et sic, ­com in nube lateret, Alpheus locum lustravit et illam advocavit, quasi nesciret ubi esset.

621-623*

621 dea : Dyana ; spissis : turbidis ; ferens : portans ; nubibus : suis. 622 lustrat : circuit ; tectam : me. 623 amnis : Alpheus ; ignarus : nescius ; circum cava : circumcirca cavata ; querit : investigat.

V 624-625

Hic ostenditur affectus amoris maximus in eo quod bis eam ­convocavit.

624-625*

624 quo : loco ; dea : Dyana ; inscius : vel nescius ; ambit : lustrat. 625 vocavit : appellavit.

618-620 Arethuse] Arethusa ms.

875

V 615

Nisi si (« sauf si »), en ­dautres termes : « Je crois que ce ­nétait pas vraiment une ombre, mais ma terreur était grande, et je crus voir une ombre. »

616 ingens (« immense ») : grand, parce que son essoufflement était grand, car quand on court on exhale de très grandes quantités de ­lair ­quon aspire.

V 618-620

Prière ­d Aréthuse à Diane

Voici ­linvocation ­dAréthuse pour obtenir la protection de Diane.

V 621-622

La prière est exaucée

À la fin de la demande ­dAréthuse à Diane, la déesse la couvrit ­dune nuée et ainsi, ­comme elle était cachée dans la nuée, Alphée explora les lieux et ­lappela, ­comme ­sil ne savait pas où elle était.

V 624-625

On a ici la description ­dun très grand sentiment amoureux, car il ­lappela deux fois.

876

V 626

Anne : pro ­nomquid ; Nonquid fuit illud animi mihi quod animi est agne, vel minime : Tantum animi fuit mihi quod, id est quantum animi est ­agne, et cetera.

626* Quid : quantum ; animi : audacie ; misere : tristi ; anne : nomquid ; quod : quantum.

V 626-629

Construe sic : quid, id est quantum, animi, id est ausus et audacie fuit tunc mihi Arethuse misere ? Anne, id est nomquam, non quid tantum animi fuit tunc mihi quod, id est quantum, est agne,si qua, id est si aliqua audiat et cetera. Aut : tantum animi fuit mihi, quod, id est quantum, est lepori, qui lepus latens vepre, id est dumo cernit hostilia canum.

627-631*

627 qua : agna ; alta : profunda. 628 aut lepori : tantum animi quantum est ; qui : lepus ; vepre : dumo ; cernit : videt. 629 nullos : non ullos ; dare : facere ; corpore : suo. 630 tamen : Alpheus ; abcedit : discedit ; nec : et non ; enim : quia ; cernit : videt. 631 longius : alibi ; ulla : aliqua ; pedum : meorum ; nubemque : ­contra tecta eram sed ; -que : et.

V 632-638

Mutatio Arethuse in fontem

Dum ibi diu morarer, incepi pro fuga prius habita sudorem emittere, et totum corpus meum gutis incepit distillare, et, ubicumque eram, rivi defluebant, et ­com moror, mutor valde cito in ­aquam. Hoc totum dicit Arethusa Cereri.

631* ullaexillams. | pedumex pedem ms. | 632-638 ­­com] cur ms.

877

V 626

Anne (« Est-ce que… ne… pas… ») : pour numquid (« est-ce que … quelque chose ») ; « est-ce que mon cœur ne ressentit pas quelque chose de ce que ressent le cœur de ­lagnelle ? » ou du moins « mon cœur ressentit autant que celui de ­lagnelle », etc.

V 626-629

Construire ainsi : « Quid (« Que »), ­cest-à-dire « ­combien grand », animi (« pour mon âme »), ­cest-à-dire pour mon courage et ma hardiesse, fuit tunc mihi (« fut alors pour moi »), Aréthuse, misere (« malheureuse que ­jétais ») ? anne (« Est-ce que… ne … pas »), ­cest-à-dire est-ce que jamais mon cœur a ressenti un trouble aussi grand quod (« que »), ­cest-à-dire aussi grand ­quest agne (« est celui ­dune agnelle »), Si qua (« si laquelle »), ­cest-à-dire si ­quelquune, entend etc. Ou bien : ­jeus autant de trouble dans le cœur, quod (« que »), ­cest-à-dire aussi grand que, lepori (« un lièvre »), un lièvre qui, latens vepre (« caché dans une épine »), ­cest-à-dire dans un buisson, cernit ora hostilia canum (« voit les museaux hostiles des ­chiens »).

V 632-638

Métamorphose ­d Aréthuse en fontaine

« Tandis que je ­mattardais là longtemps, je ­commençais, à cause de la course de ma fuite, à dégouliner de sueur, et tout mon corps se mit à couler : où que ­jaille, je répandais de ­leau, et, ­comme je ­mattardais, je fus très vite changée en fontaine. » Voilà tout ce ­quAréthuse raconta à Cérès.

878

632-638*

632 Occupat : capit ; artus : membra. 633 ceruleeque : clare et ; cadunt : stillant ; corpore : meo. 634 quaque : ea parte, parte ; movi : duxi ; manat : stillat ; lacus : aqua ; eque : de ; capillis : meis. 635 cadit : fluit ; fata : mea vel facta ; renarro : dico. 636 lattices : aquas ; mutor : ego ; enim : certe. 637 annis : Alpheus ; positoque viri : remoto et humanitatis ; sumpserat : ceperat ; ore : vultu. 638 proprias : suas ; ut : ad hoc quod ; misceat : ­coniungat ; aquas : undas.

V 639

Delya dicit Arethusa : Com ego sic mutata essem – ut dictum est –, Dyana terram perforavit, et sic per cavernas subterraneas vehor ad Ortigiam et in ea evehor in ­ethera.

Hoc totum canebat Musa in presentia Palladis.

639-641*

639 Delia : Dyana ; ruppit : perforavit ; humum : terram ; cecisque : obscuris et ; cavernis : foveis. 640 advehor : id est vehor ad Ortigiam ; tantum valet prepositio ­com verbo et cetera ; me cognomine : Ortygia ; orti ; dive : asteries. 641 superas : summas ; prima : vel primo.

V 642

Hucusque locuta est Arethusa ­com Cerere de mutatione sua ; nunc tacuit, et Ceres ab illa recessit, et venit in Athenis et ibi Tritholemo iussit sata prius dispersa reedificari, et Tritholemus ivit in pluribus partibus, et, ­com in Siciam devenisset, penes regem hospitatus est, qui, cognoscens illum esse noncium Cereris, voluit eum interficere, sed Ceres liberavit et regem in lincam mutavit.

642* HacArethusa : themesis est ; proprium ; tenuis : loquta fuit ; geminos : duos ; dea : Ceres ; angues : serpentes.

642 esse ex esse ms.

879

V 639

Delya (« La déesse de Délos »). « Alors que, dit Aréthuse, ­javais été métamorphosée ­comme on ­la vu, Diane fendit la terre et je fus emportée à travers des grottes souterraines vers Ortygie et ­cest là que je ressortis à ­lair libre. »

Tels sont tous les récits que la Muse chanta en présence de Pallas.

640 Advehor (« Je suis transportée ») : ­cest-à-dire je suis ­conduite à Ortygie ; la préposition a la même valeur en ­composition, avec le verbe etc.

V 642

­Jusquà cet endroit Aréthuse avait raconté à Cérès sa métamorphose ; à ce moment-là elle se tut, et Cérès la quitta. Elle se rendit à Athènes, où elle ordonna à Triptolème de replanter les récoltes qui avaient été détruites. Triptolème visita plusieurs régions et, parvenu en Scythie, il fut hébergé chez le roi qui, apprenant ­quil était le messager de Cérès, voulut le tuer. Mais Cérès le libéra et métamorphosa le roi en lynx.

880

V 643-649

Disgressio Cereris

[1] Hic ­continetur per quem locum Ceres a ­consorcio Arethuse discessit eundo Athenas. Re vera iste Tritolemus fuit optimus philosophus ; in ­cultura terre bene studuit, et, ­com esset Athenis, dicitur quod Ceres currum anguinibus ­coniunctum tradidit, quia bino tempore blade debent coli. Tempore primo et ultimo venit in Libiam, sed Lincus rex Libie legatum Cereris noluit admittere, sed interficere voluit. [2] Quia Libia adeo est terra calida quod ibi non possunt segetes pervenire, unde et terra illa feris frequentissima est et raro incolitur, sed quia ibi melius proveniunt vinee quam segetes, ideo in lyncam pocius fingitur mutari quam in aliud animal, quia linx est animal inter alia animalia valde bibulus, vel bibens.

643-649*

643 curribus : suis ; admovit : addidit ; -que : et ; cohercuit : frenavit ; ora : serpentum. 644 celi : ethereis ; -que : et ; vecta : portata. 645 Atque : et ; levem : velocem ; currum : suum ; Tritonida : Palladium ; misit : transmisit ; urbem : civitatem. 646 Partim : in parte ; rudi : scilicet arate. 647 spargere : seminare ; humo : in terra ; partim : in parte ; reculte : interculte.648 Europam : terram ; sublimis : altus ; et Allida : silva est. 649 vectus : portatus ; iuvenis : Tritolemus ; Sciticas : libicas ; oras : regiones.

V 650

De Tritolemo et Linco rege

[f. 95r]

650-651*

650 ibi : in Siticis ; Lincus : proprium ; regis : Linci ; subit : intrat ; ille : Tritholemus ; Penates : domos. 651 Qua : de qua terra ; -que vie : quare venit ; -querogatus : et ; interrogatus in Linco rege.

643-649.1 anguinibus] agnibus ms. | 643-649.2 bibulus] bilculum ms.

881

V 643-649

Départ de Cérès

[1] Ici est ­contenue la description du lieu par lequel Cérès se rendit à Athènes après son entretien avec Aréthuse. En réalité ce Triptolème était un excellent philosophe ; il étudia avec soin la ­culture de la terre et, ­comme il se trouvait à Athènes, on dit que Cérès lui remit un char attelé de serpents, parce que les blés doivent être ­cultivés en deux temps. Au début et à la fin il vint en Lybie21, mais Lyncus, le roi de Lybie, refusa de recevoir ­lenvoyé de Cérès et voulut le tuer. [2] Parce que la Lybie est une terre si chaude que les moissons ne peuvent y pousser, ­cest pourquoi cette terre est peuplée de nombreuses bêtes sauvages et rarement ­cultivée, mais parce que les vignes y poussent mieux que les moissons, pour cela on imagine ­quil fut changé en lynx plutôt ­quen un autre animal, parce que le lynx est un animal plus assoiffé, ou qui boit plus que les autres animaux.

V 650

Triptolème et le roi Lyncus

[f. 95r]

882

V 652

Athene : Athene dicuntur ab a, quod est sine, et thanathos, quod est mors, quasi immortales propter scientiam, et ibi studentes, que scientia est immortalis.

652* patriam : suam ; clare : famose ; dixit : respondit ; Athene : civitas.

V 653

Tritolemus dicitur a tris, quod est tres, et tolos, quod est missio, quia triplex missio propter triplicem naturam messis : viridis primo, secondo pallens, tercio matura.

653-660*

653 nomen : est meum ; nec : et non veni ; pupe : navi ; undas : mare. 654 necpede : et non veni ; patuit : imo sed ; ether : aer. 655 fero : porto ; Cereris : messis ; que : dona ; spersa : seminata ; agros : campos. 656 frugiferas : graniferas ; alimentaque : nurimentaque id est ; micia : dulcia. 657 Barbarus : Lincus ; tantique : quantum minus est dare ; muneris actor : semina. 658 ipse : Lincus ; hospicio : suo ; recipit : hospitatur ; sumpno : dormicione ; gravatum : ponderosum. 659 agreditur : invadit ; ferro : ense ; ­conantem : volentem ; pectus : Tritolemi. 660 linca : alia ; Ceres : dea ; rursusque : iterum et.

V 661

Mutatio Linchi in lincham que dicitur lupa cervina

Mesopium ] Mesopio dictum qui fuit rex tocius Grecie.

661* Mesopium : a loco ; iuvenem : Tritolemum ; agitare : ducere ; iugales : currus.

V 662

Finis cantus novem Musarum

Ita dicit Uranie Palladi. Loquta fuit Calliope in disputatione Pieridum, unde nimphe dixerunt quod nos habebamus ­victoriam, et totum istud sibi dixit quod ­continetur ab illo loco, excipit Uranie (260), usque in fine libri.

655 porto] porte ms. | 662 Palladi] balladi ms.

883

V 652

Athene (« Athènes ») : Athènes tire son nom de a qui signifie « sans », et thanatos qui est « la mort », autrement dit « immortelle » grâce à la science et aux hommes qui viennent y étudier, parce que la science est immortelle.

V 653

Triptolème vient de tris, qui veut dire « trois » et tolos, qui est « la mission », parce que sa mission était triple à cause de la triple nature du blé : ­dabord vert, puis jaune pâle, puis mûr.

V 661

Métamorphose de Lyncus en Lynx,
appelé aussi loup-cerf

Mesopium (« de Mopsopus »)] : de Mopsopus qui, dit-on, fut roi de toute la Grèce.

V 662

Fin du chant des neuf Muses

Tel est le récit ­dUranie à Pallas. Calliopé avait parlé pendant le ­concours avec les Piérides, aussi les nymphes dirent que « nous avions la victoire », et ­cest tout le récit qui est ­contenu depuis les mots Excipit Uranie (« Uranie prend la parole après elle »), ­jusquà la fin du livre.

884

662-669*

662 doctos : sapientes ; maxima : scilicet Calliope. 663 at nimphe : et que electe erant iudices ; deas : nos ; Elichona : montem ; colentes : habitantes. 664 ­concordi : ­concordabili ; sono : sentencia. 665 ­com : ille quamvis ; dixi : ego Uranie. 666 supplicium : tormentum ; parum : non sufficit ; maledicta : ­convicia ; ­culpe : peccato. 667 Libera : bona ; vobis : superatis a nobis. 668 ibimus in penas : non pugniemus ; qua : parte ; ira : nostra ; sequemur : vos. 669 Rident : id est irridet ; avipedes : ille ; verba : nostra.

V 670

Per novem Musas novem ­consonancias habemus ­com quibus novem filie Pierei, id est novem dissonancie vocis dissonancias habent sibi proximas, sed devicte a Musis, id est ­conite, mutari in picas finguntur, id est minus valere propter garrulitatem picarum ad quarum discordantiam garriunt discordantes.

670* Conateque : volentes et ; protervas : prava.

V 671-678

Mutatio Pieridum in picas

Hic exequitur de mutatione Pieridum in picas propter hoc, quod devicte a Musis penitentiam recusaverunt.

671-678*

671 intemptare : plangere ; manus : suas ; exire : apparere. 672 aspexere : videre ; operiri : tegi ; brachia : viderunt. 673 alteraque : una et ; alterius : vidit ; ­concrescere : fieri. 674 volucres : ille. 675 dumque : quando et ille ; plangi : percuti. 676 nemorum : ille existentes ; pice : dicte pice. 677 quoque : similiter ; alitibus : avibus ; prisca : antiqua ; remansit : quia adhuc volunt loqui, sed non possunt. 678 raucaque : rauce sunt et ; garrulitas : remansit ; studiumque : remansit ; inane : vanum.

Actor Ovidius se expedivit de mutatione Pieridum quam narravit Uranie Palladi venienti visum fontem infusum ictibus Pegasi. Et sic tractatus fuit quintus liber istius operis.

664* sentencia] sentecia ms. | 670 picas] sicas ms. | 671-678tit. Pieridum] avipedum ms. | 671-678 penitentiam] patientiam ms.

885

663 Nimphe (« Les nymphes ») : et celles qui avaient été choisies ­comme juges.

V 670

Par les neuf Muses nous ­comprenons les neuf ­consonnes avec lesquelles les neuf filles de Piérus ­rivalisent, cest-à-dire les neuf sons qui, rapprochés de ces ­consonnes, provoquent des dissonances ; mais, vaincues par les Muses, ­cest-à-dire ­confondues, on dit ­quelles furent changées en pies, ­cest-à-dire ­quelles eurent moins de valeur à cause du bavardage des pies : ceux qui sèment la discorde parlent avec la voix discordante des pies.

V 669-678

Métamorphose des Piérides en pies

Suit le récit de la métamorphose des Piérides en pies parce que, vaincues par les Muses, elles refusèrent la sentence.

677 remansit (« resta ») : parce ­quelles veulent encore parler, mais ­quelles ne le peuvent plus.

­Lauteur Ovide a terminé le récit de la métamorphose des Piérides, ­quUranie raconta à Pallas quand celle-ci vint voir la fontaine jaillie sous le coup de sabot de Pégase. Telle est la matière du cinquième livre de cet ouvrage.

1 « arpe » = « harpe » (« harpe, harpes », « cimeterre »), don de Mercure à Persée. Voir la glose en V 69.

2 Born édite une autre leçon : « intra » au lieu de « luna » : la phrase renvoie alors à Proserpine (éd. citée p. 89).

3 Sous-entendu, « par Calliopé ».

4 Jeu de mots difficile à rendre en français entre « adempta »(« enlevée ») et « empta » (« achetée »).

5 « Broteas » dans ­lédition des Belles Lettres.

6 En réalité ce sont des sortes de gants tressés et renforcés de plomb. Le glossateur propose le mot « plommées » ­comme équivalent en langue romane.

7 Il ­sagit ­dHalcyonée. « Bactrien », habitant de Bactres ou de la Bactriane, région ­dAsie.

8 « Clanis » dans la version des Belles-Lettres.

9 « Pireneidibus » : il y a ­confusion entre les deux fables qui suivent : ­lhistoire de Pyrène et celle des Piérides.

10 Appelée par Homère « Anteia » (Iliade, VI, 164).

11 Le texte des Métamorphoses est « vitare grave sidus et imbrem »(« échapper à la dure saison et à la pluie ») ; ­comme le manuscrit donne « intrare »(« entrer ») au lieu de « vitare »(« échapper à »), le glossateur semble ne plus savoir quoi faire de « grave sidus et imbrem » (« la dure saison et la pluie »).

12 Le manuscrit a bien « periere … artes », variante à « periit … arcus » (« ­larc est brisé »).

13 Ovide ne donne pas le nom de la vieille femme. Voir la note de ­lédition Lafaye, tome I, p. 140, n. 1 : « Nicandre avait raconté cette histoire dans ses Métamorphoses. Chez lui la vieille femme ­sappelait Mismé et la scène se passait en Attique. »

14 Je ­comprends « temporanei » ­comme « temporales ».

15 « habitis » : ablatif pluriel qui ­saccorde à « aqua » et « calore » : « quand on dispose ­deau et de chaleur ».

16 Je ­nai pas retrouvé ce mot grec.

17 Létymologie est exacte : « σύρω » en grec signifie bien « tirer ».

18 Mot-à-mot « des hommes de la terre ».

19 Je ­comprends « intravit et spoliavit » ­comme un usteron proteron.

20 ­Cest la deuxième fois que ­lauteur parle de cette façon ­quont les enfants ­dentrer et de nager dans ­leau des rivières (voir la glose à la fable ­dHermaphrodite en IV 353).

21 Voir la glose interlinéaire V 649, où « Sciticas » est glosé par « libicas ».