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Classiques Garnier

Introduction

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Introduction

De Hercule quidem, uti fabulas narrare perfacile est, sic ystoriam texere difficillimum. Multos enim fuisse Hercules seu potius herculeos viros, quin etiam cunctos fortes herculeos vocitatos auctore Varrone didicimus. Id cause est quod de Hercule tam incerta, tam varia scripta sint ut velut laberinthi ambagibus implicitus lector exitum non inveniat. Sane quantum ingenii funiculo datum erit, inter caliginosas vetustissime rei semitas, vitatis multiplicium perplexitatibus errorum, per certiora tradentium, licet rara, vestigia ad verum quam propinquius licebit accedam.

Pétrarque, De viris illustribus, chap. 12. « Hercules1 ».

Qui na jamais entendu le nom dHercule, le héros par excellence de lAntiquité gréco-romaine ? On le connaît comme demi-dieu, fils de Jupiter et de la mortelle Alcmène, comme personnage à la force redoutable qui a accompli douze formidables travaux. On le voit combattre le monstrueux lion de Némée, affronter lhydre aux têtes proliférantes et nettoyer les écuries dAugias. Ce sont des scènes qui ont été immortalisées sur des vases de la Grèce antique, dans des statues de la Rome impériale 14et qui résonnent dans les œuvres des grands auteurs de lAntiquité – dans les « bibliothèques » de mythologie grecque dun Apollodore ou dun Diodore de Sicile, dans les œuvres de la latinité classique comme lÉnéide de Virgile et les Métamorphoses dOvide. Or, ces épisodes de la vie du célèbre héros ont fait beaucoup de chemin avant darriver jusquà nous. Ils ont traversé plus de deux millénaires dhistoire, parcourant des contextes culturels bien divers. Lidée quHercule a également existé au Moyen Âge peut surprendre au premier abord. Que devient un héros issu de la mythologie polythéiste païenne dans un monde dominé par le christianisme ? un héros qui a grandi sous lEmpire romain après lécroulement de ce dernier, quand il se retrouve au milieu de la société féodale de lEurope médiévale ? Nous ne nous intéresserons ici, en fait, quà une portion bien petite et circonscrite du long chemin qua parcouru Hercule, même à lintérieur de lépoque médiévale. Nous étudierons les traces que ce personnage a laissées dans certains ensembles de textes, et, en particulier, des textes qui ont circulé entre le xiie et le xve siècle dans le territoire qui correspond, en gros, à la France médiévale.

Le lecteur aura peut-être remarqué que nous avons mélangé dans les lignes précédentes des références à lHercule romain et à son ancêtre grec, Héraclès (Ἡρακλῆς). Sintéresser à l« Hercule médiéval » nous amène naturellement à réfléchir aux prédécesseurs de ce personnage. Or, un tel projet peut rapidement atteindre des proportions monumentales : de lHercules latin à lHéraclès grec, on est tenté de remonter aux ancêtres archaïques de ce dernier2 ; des comparaisons avec dautres héros similaires dans dautres cultures sinstaurent et on pénètre dans les régions obscures de la mythologie indo-européenne3. Une telle étude dHéraclès et de ses 15homologues plus anciens ne fait pas partie des objectifs de cette monographie. Nous aurons toutefois loccasion de considérer ce qui se rapproche le plus dune version « canonique » du mythe dHéraclès-Hercule, telle quon peut la glaner dans certains textes survivants de lAntiquité classique, sur lesquels sappuient, à leur tour, les ouvrages de référence modernes sur la mythologie gréco-romaine4. Les synthèses du mythe que lon rencontre dans la littérature critique tendent à segmenter la vie du héros en différentes étapes ou, mieux, à regrouper les éléments qui en font partie dans différents ensembles dépisodes, tels :

la naissance dHercule et ses exploits de jeunesse ;

ses douze travaux (appelés aussi athloi), accomplis sur lordre du roi Eurysthée ;

ses exploits annexes (ou parerga) accomplis parallèlement aux douze travaux ;

ses expéditions guerrières (ou praxeis) ;

les événements menant à la fin de sa vie, de son mariage avec Déjanire à ses amours extraconjugales jusquà sa mort, suivie de son apothéose.

Sans encore entrer dans le détail des différentes aventures du héros, retenons que déjà dans lAntiquité gréco-latine, « le mythe dHercule », si lon choisit de le désigner au singulier, ne prend pas la forme dun récit unique quon pourrait facilement résumer. LHercule antique se présente plutôt comme une mosaïque de différentes composantes, de micro-récits mythologiques si lon veut5. Étant donné la complexité de cette matière, 16il nest pas surprenant que lon retrouve, déjà dans lAntiquité, lidée quil y a eu plusieurs personnages du nom dHercule – impression qui se reflète encore – ou à nouveau – dans la citation du De viris illustribus de Pétrarque donnée en tête de cette introduction6.

De cette mosaïque herculéenne, tous les éléments nétaient pas visibles de manière égale tout au long de lépoque qui nous intéresse. Le Moyen Âge occidental a en effet hérité son savoir sur Hercule, et sur la mythologie antique en général, de la littérature latine en premier lieu – dun ensemble de textes dont aucun ne paraît offrir une synthèse cohérente, en bloc, de la vie du héros comparable à celle quont faite les mythographes grecs7. Les œuvres de ces derniers ne sont devenues généralement accessibles quà travers des traductions latines à lextrême fin de lépoque médiévale. En conséquence, certains éléments « canoniques » en rapport avec Hercule se sont perdus ou atténués dans les textes et la culture médiévaux, alors que dautres, « non canoniques », ont pu prendre une place de premier plan. Qui sattend, par exemple, à trouver de nombreuses références au nettoyage des écuries dAugias par Hercule au Moyen Âge sera déçu – et peut-être surpris, dun autre côté, par la multitude des œuvres traitant de lintervention du héros dans la guerre contre le roi troyen Laomédon, épisode qui a pris son élan dans la longue lignée de textes descendant du De Excidio Troiae de Darès le Phrygien, datant peut-être de la fin du ve ou du début du vie siècle8. 17Un épisode a pu bénéficier dune large diffusion, alors quun autre est resté confiné à très peu de textes. La thématique dHercule à la croisée des chemins – allégorie du choix que devait faire le jeune Hercule entre Vice et Vertu – semble a priori aussi absente des textes médiévaux quelle létait de lart de lépoque, comme lavait déjà constaté Erwin Panofsky dans sa monographie de 1930 dédiée à la redécouverte du motif à la Renaissance9.

Mais revenons à notre mosaïque. À part le fait de ne pas être visible dans son intégralité, les composantes qui ont survécu ont pu être présentées sous différents éclairages selon les contextes dans lesquels elles ont été actualisées. Parfois ces composantes ont été déformées au point que les chercheurs se sont demandé si elles représentaient toujours le même personnage. Que reste-t-il de lancien héros dans un Herculés en pleine armure médiévale, monté à cheval, tenant sa lance face à une armée dAmazones, dans les miniatures dun manuscrit de lHistoire ancienne jusquà César ? De telles réflexions émanaient du discours critique qui a pris de lampleur suivant la parution de létude de Jean Seznec sur la Survivance des dieux antiques (1940). Seznec argumentait en effet que le Moyen Âge, lépoque charnière entre lAntiquité et la Renaissance navait pas éclipsé les divinités païennes10. Les réactions à cette étude ont remis en question lidée de cette « survivance », qui se réduirait à la persistance des noms, en tant que vestiges des dieux de lAntiquité païenne, alors quils étaient « morts » en essence. Si nous nentendons pas reprendre ici ce débat ancien, il est néanmoins utile de passer en revue une sélection des études portant sur Hercule dans les textes médiévaux qui ont vu le jour à la suite de louvrage de Seznec, dans la mesure où elles ont contribué à éclairer les cheminements dHercule à travers la littérature médiévale et parce quelles peuvent nous aider à situer notre propre approche.

Dans un article pionnier intitulé « LAvventura di Ercole », paru en 1954, lhistorien italien Franco Gaeta a esquissé lévolution du mythe herculéen de lAntiquité à la Renaissance, tout en illustrant les aspects frappants que le personnage peut assumer11. Hercule est réduit au statut 18dun homme à la force brute sous la plume des Pères de lÉglise, mais revalorisé en tant quindividu exemplaire en vertu morale dans lœuvre des mythographes de lAntiquité tardive et du Moyen Âge. LOvide moralisé, vaste poème du xive siècle qui adapte les Métamorphoses dOvide au contexte christianisé de la France médiévale, va jusquà mettre le héros en analogie avec le Christ12. Il est représenté sous laspect dun héros chevaleresque dans le Recoeil des histoires de Troyes de Raoul le Fèvre au xve siècle, avant de retrouver ses anciens contours de demi-dieu dans lœuvre des premiers humanistes italiens comme Pétrarque et Coluccio Salutati. Gaeta a argumenté, entre autres, que la figure extrême de lHercule-Christ qui apparaît dans lOvide moralisé sest formée sous linfluence de la tradition des commentaires dOvide foisonnant à partir du xiie siècle, époque désignée parfois comme aetas ovidiana13. Limage de lHercule-chevalier qui simpose dans la composition historico-romanesque de Raoul le Fèvre représenterait, à son tour, le résultat dune évolution parallèle, selon laquelle le mythe classique, plutôt que dêtre « réconcilié » avec le mythe chrétien, a été « soumis » à ce dernier. La grille typologique établie par Gaeta (avec lHercule homme fort, lHercule homme vertueux, lHercule-Christ et lHercule chevalier) lui servait en fin de compte à « démontrer » la mort de lancien demi-dieu Hercule au Moyen Âge. Si une telle position paraît aujourdhui dépassée, sil est nécessaire de considérer largumentation de Gaeta avec un certain degré de circonspection, ses constats ont néanmoins servi de base fondamentale aux recherches postérieures portant sur Hercule à lépoque médiévale et renaissante.

Lidée quil y a eu différents « types » dHercule se reflète encore dans la monographie de Marc-René Jung sur Hercule dans la littérature française du xvie siècle, issue de sa thèse de doctorat et publiée en 196614. Dans cette étude, le romaniste suisse a dressé un riche tableau des différentes représentations du héros, de lHercule courtois à lHercule baroque, comme son sous-titre le spécifie. Bien que Jung se soit concentré avant tout sur la littérature renaissante, certaines représentations dHercule quil a 19étudiées reflètent, selon lui, des prolongements de lHercule médiéval : « Les Histoires de Troie et lOvide moralisé se trouvent [] à la base du développement ultérieur de la fable ; les premiers [sic] préparent le Roman dHercule, tandis que le deuxième fraye le chemin à lHercule chrétien15. » On reconnaît dans ces lignes les traces de deux portraits du héros dressés par Gaeta : lHercule chevalier et lHercule-Christ. De ce fait, il ne surprend pas que Jung ait consacré un chapitre entier à l« Hercule courtois », qui comprend un résumé détaillé de la vie dHercule daprès le Recoeil des histoires de Troyes, et un autre à l« Hercule chrétien », qui souvre sur la fortune chrétienne du héros dans lart et la littérature antique et médiévale avant détudier sa présence dans des textes du xvie siècle. Dans son ensemble, la monographie de Jung se veut un panorama de la richesse littéraire dHercule dans la France de la Renaissance. Louvrage traite de portraits, tels « lHercule de Libye » ou « lHercule Gaulois », et de thématiques comme les travaux ou les amours du héros. Son intérêt central ne porte cependant pas sur lévolution des différentes composantes du mythe herculéen.

Depuis ces études pionnières, un ensemble considérable et toujours grandissant de travaux sest intéressé au personnage dHercule, dans les littératures et cultures de toutes les époques16. Les contributions qui 20accordent une place centrale aux textes médiévaux, et, à plus forte raison, aux textes de la France médiévale, restent cependant ponctuelles17. Cest encore à Jung que lon doit une étude publiée presque quarante ans après sa thèse et intitulée « Hercule dans les textes du Moyen Âge : essai dune typologie » (2002)18. Cette contribution offre une vue densemble de la présence du héros dans la littérature de lEurope médiévale. Hercule apparaît, il est vrai, dans une large gamme de textes différents que Jung cherche à organiser de manière approximative, en distinguant les groupes suivants :

« les mythographes », de Fulgence aux humanistes italiens, en passant par les Trois Mythographes du Vatican et les traités isolés comme le De natura deorum du mythographe dit « de Digby » ou le Fabularius de Konrad von Mure, qui rapportent certains exploits du héros, parfois en interprétant les contenus mythologiques sur un plan allégorique ou moralisateur ;

l« Hercule historique », dabord selon des témoignages en latin comme le De rebus Hispaniae de Rodrigo Jiménez de Rada et le De viris illustribus de Pétrarque, suivis dexemples tirés de la littérature en langue vernaculaire, en particulier le Roman de Troie de Benoit de Sainte-Maure et la General Estoria espagnole, textes qui tendent à historiciser et/ou romancer le mythe dHercule, en présentant ce dernier comme guerrier, homme illustre ou fondateur de peuples ;

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le héros en France au xive siècle, dun côté dans les adaptations vernaculaires de la Consolatio Philosophiae, qui présentent les exploits et lapothéose dHercule comme reflet des vertus chrétiennes permettant laccès au ciel, et, de lautre, dans lOvide moralisé, qui relate les derniers faits, la mort et lapothéose du héros et qui va jusquà créer une analogie entre la vie de ce dernier et celle du Christ ;

une série dœuvres françaises du xve siècle, qui tendent à être plus extensives et composites, qui tentent décrire une véritable viedu héros, mêlant différents fils antérieurs, comme la Bouquechardière de Jean de Courcy ou la traduction française par Laurent de Premierfait du De casibus virorum illustrium de Boccace.

Ce qui ressort donc de ce rapide tour dhorizon des études principales sur Hercule au Moyen Âge, cest que le personnage se façonne à partir de sources mythographiques ou mythico-allégoriques, dautres plutôt historiographiques ou historico-romanesques, et encore dautres qui reprennent des composantes aux deux ensembles.

Une étude qui tenterait dapporter une lumière plus nuancée sur les différents filons de la « vie textuelle » de lHercule médiéval, sintéressant en plus à leur évolution et tenant compte de la variation manuscrite, na pas été menée depuis. La recherche sur les différents ensembles textuels concernés a cependant considérablement avancé au cours des dernières décennies. Du côté des textes historico-romanesques, Jung a lui-même fait avancer de manière significative létat des connaissances sur la « matière de Troie », où Hercule intervient de manière généralisée. Dans sa monographie sur Lalégende de Troie en France au Moyen Âge (1996), Jung a classé et décrit plus de cinq cents témoins de diverses œuvres, comprenant, outre les différentes versions du Roman de Troie, ainsi que toute une série de compositions dhistoire universelle en langue française qui intègrent, entre autres, des segments correspondant à cette tranche dhistoire mythologique19. De manière plus générale, la réception de la matière antique et son statut à lintersection entre lhistoire et le romanesque, ou encore entre lhistoire et le mythe, continue à intéresser la critique20. En outre, 22certaines œuvres dhistoriographie vernaculaire française dans lesquels intervient Hercule ont bénéficié déditions partielles qui ont rendu des segments de leurs riches contenus accessibles au monde scientifique. On pense en premier lieu aux textes réunis sous le titre générique dHistoire ancienne jusquà César, en réalité un ensemble de compositions dhistoire ancienne et universelle transmises sous forme de différentes « rédactions » et conservées dans plus de quatre-vingts manuscrits21. Dautres compilations historiographiques en français médiéval font aujourdhui lobjet déditions en cours ou projetés22. Le site internet dédié au projet de recherche canadien sur les « Histoires universelles en français au xve siècle » (HU15), dirigé par Anne Salamon, réunit des informations actualisées sur des textes historiographiques du Moyen Âge tardif23.

Un autre domaine de recherche qui a connu un regain dintérêt et bénéficié détudes importantes dans les décennies récentes est la réception dOvide au Moyen Âge. La transmission des œuvres du poète latin et leurs adaptations à lépoque médiévale ont retenu lattention tant des médiévistes que des classicistes24. Au nombre de ces derniers, 23citons notamment Frank Coulson, dont les travaux ont mis en évidence limportance des commentaires latins dOvide. Parmi de nombreuses publications de référence, il a co-signé avec Bruno Roy lIncipitarium Ovidianum. A Finding Guide of the Study of Ovid in the Middle Ages and Renaissance (2000), catalogue qui répertorie 483 témoins (manuscrits et imprimés) et identifie plus de cent textes en rapport avec Ovide25. Le spécialiste a approfondi et complété ces données dans une contribution au Catalogus Translationum et Commentariorum portant plus spécifiquement sur la fortune textuelle des Métamorphoses (2022)26. LOvide moralisé lui-même a reçu une attention accrue depuis les années 1990 en ce qui concerne sa tradition textuelle, son importance littéraire et culturelle ainsi que ses sources27. Les travaux menés en conjonction avec le projet de recherche Ovide en Français (OEF, 2014-2017)28 ont fait progresser létat 24des connaissances sur la tradition manuscrite de lœuvre, comprenant 21 témoins et plusieurs rédactions. Le projet Sources de lOvide moralisé (SOM) (2018-2021)29 a fait autant pour les sources de lœuvre. À terme, lancienne édition de lOvide moralisé procurée par Cornelis de Boer entre 1915 et 1938, qui ne tient compte que dun nombre restreint de manuscrits, sera remplacée par une nouvelle édition critique intégrale, actuellement prise en charge par léquipe qui sest constituée autour du projet OEF30. Le projet SOM a, à son tour, servi de cadre pour lancer lédition intégrale de deux commentaires latins – le commentaire dit « Vulgate » des Métamorphoses et lanonyme commentaire contenu dans le manuscrit Vat. lat. 1479 de la Bibliothèque vaticane – jugés particulièrement intéressants du fait quils contiennent des gloses allégoriques et morales qui résonnent dans lOvide moralisé31.

La présente monographie sinscrit dans la continuité de ces différentes recherches. Notre objectif primaire est dapporter un nouvel éclairage sur la mosaïque hétérogène de la vie textuelle dHercule au Moyen Âge. Les textes que nous aborderons, et à partir desquels nous chercherons à faire ressortir différentes trajectoires et déclinaisons du mythe, restent pour une partie importante inédits et/ou peu étudiés. En les incorporant dans cette recherche, il sera possible déclairer aussi quelques recoins mal connus et obscurs de la matière herculéenne. En outre, nous espérons mettre en lumière, sur un plan méthodologique, les défis et enjeux liés à létude dun personnage dont le mythe est – comme lont déjà observé divers auteurs et chercheurs avant nous – dune complexité remarquable. Pour ce faire, nous serons amenée à aborder un large éventail de textes. Un intérêt particulier sera cependant accordé aux représentants de deux 25ensembles textuels que lon présentera plus en détail le moment venu. Le premier ensemble est constitué de textes qui ont transmis le savoir sur le mythe dHercule de lAntiquité au Moyen Âge : la tradition des commentaires latins aux classiques – à lœuvre dOvide en particulier – et les traités de mythographie que les commentaires ont alimentés. Le deuxième ensemble comprend les histoires universelles en langue française dont la tradition sest formée en interaction avec, entre autres, les romans dAntiquité. Dans ces compositions vernaculaires, certaines tranches de la vie dHercule ont pu acquérir un statut particulier et de nouvelles biographies du héros ont pu prendre forme. Le choix de ces deux ensembles a priori très distincts permet de couvrir une large gamme de matériaux (en termes dépisodes herculéens) intégrés dans différents cadres interprétatifs (mythographico-allégoriques et historico-romanesques), de relever les tendances propres et/ou communes aux ensembles de textes et didentifier leurs éventuels points de contact. Outre ces deux ensembles textuels, nous avons choisi comme troisième point de focalisation une œuvre particulière, lOvide moralisé. Ce dernier se situe, pour ainsi dire, au croisement des différentes traditions. Il sagit dune « mise en roman » moralisante des Métamorphoses dOvide qui interpole dans la trame principale ovidienne des matériaux provenant de diverses autres œuvres, sinspirant de différentes sources.

Le présent livre sera divisé en trois parties principales : la première explorera la manière dont le mythe dHercule a été transmis au Moyen Âge, tout en abordant les défis méthodologiques liés à létude de son évolution. Nous commencerons par une vue densemble de la vie de lHéraclès-Hercule antique, en nous appuyant principalement sur les témoignages des mythographes grecs. Nous examinerons ensuite lévolution dun thème constitutif de ce mythe : les douze travaux du héros. Nous regarderons dabord les travaux dans leur ensemble, puis quelques exploits individuels, en essayant de retracer leur fortune à travers des textes relevant avant tout des commentaires aux classiques latins et de la mythographie antique et médiévale. Une attention particulière sera prêtée au savoir mythographique transmis par les commentaires de Servius (ve siècle) et ceux de son continuateur, dit Servius auctus (ca. viie siècle) à propos de lÉnéide, aux trois Mythographes du Vatican (ixe-xiie siècle) ainsi quaux commentaires médiévaux en rapport avec les Métamorphoses ovidiennes ayant vu le jour entre le xie et le xive siècle. Nous tenterons de faire ressortir les différents mécanismes qui ont contribué à la désintégration et à la refonte de lancien mythe et de ses composantes, tant sur le plan structurel que thématique et symbolique, 26tout en essayant dexpliquer comment certaines de ces récritures ont trouvé leur chemin jusque dans la littérature vernaculaire.

La deuxième partie sintéressera à la constitution et à la transmission de biographies dHercule dans le cadre de lhistoriographie médiévale. Après un bref aperçu sur la présence de mentions dépisodes herculéens dans les chroniques latines, à commencer par le Chronicon dEusèbe-Jérôme, nous nous concentrerons principalement sur des histoires en langue française datant dentre le xiiie et le xve siècle qui intègrent des épisodes de la vie du héros. Un relevé des épisodes impliquant Hercule dans ce quil est convenu dappeler la « première rédaction » de lHistoire ancienne jusquà César (HAC1) nous servira de point de départ pour exemplifier différents angles sous lesquels la matière en question peut être étudiée. Dans la suite, nous nous pencherons sur les épisodes herculéens dans une série dœuvres dérivées de lHAC1, en accordant, selon les cas, plus dattention à leurs sources, leur tradition manuscrite, ou le « portrait » quelles font dHercule. Les textes qui nous occuperont sont la « deuxième rédaction » de lHistoire ancienne (HAC2), la Chronique dite de Baudouin dAvesnes (CBA) ainsi que certains textes associés ou dérivés de cette dernière, dont notamment quelques compilations hybrides désignées par « tresors des histoires » et, enfin, ce que la critique qualifie parfois de « troisième rédaction de lHistoire ancienne » (HAC3). Létude de ces textes montrera de quelle manière une « vie » dHercule peut se constituer à lintérieur dun texte propre, ou à travers différents textes appartenant à lhistoriographie, et comment cette dernière interagit avec dautres traditions. Un intérêt particulier sera accordé aux effets de compilation qui régissent les œuvres concernées et qui ont également marqué lévolution de l« histoire » dHercule. En tirant profit de ces observations, nous conclurons ce chapitre sur létude dune compilation historique du xve siècle, LaBouquechardière de Jean de Courcy, qui comporte un traitement de la figure dHercule à la fois plus étendu, plus construit et plus hybride.

La troisième partie prendra comme point de départ la matière herculéenne dans lOvide moralisé (OM)en vers du xive siècle, en se concentrant avant tout sur les sources de lœuvre. Lanalyse portera principalement sur les vers 1-1036 du livre IX de lOM, qui comportent leur propre biographie du personnage, relatent ses derniers exploits, ses amours et sa mort. Après une présentation des épisodes herculéens, nous tenterons dévaluer dans quelle mesure les commentaires latins dOvide ont pu fournir des matériaux à lauteur de ladaptation française. Lépisode de la lutte entre Hercule et Achéloüs en début du livre IX nous permettra 27dillustrer lutilité de lire lOM à la lumière des commentaires. Nous ciblerons ensuite trois cas dinnovations particulières : lénumération augmentée des exploits du héros (OM IX, 717-748), linterpolation à propos dHercule « filandier » et la complainte de Déjanire (IX, 507-599) ainsi que lallégorie finale qui présente Hercule comme avatar du Christ (IX, 873-1029). En éclairant lapport des commentaires et des autres sources éventuelles, nous jetterons une nouvelle lumière sur la provenance et la raison dêtre de ces innovations dans lOM.

Il convient dajouter quelques remarques liminaires sur le corpus textuel et la façon dont nous labordons.

Malgré lampleur du corpus, dont nous avons pleinement conscience, nous ne traiterons ici que dune partie restreinte de la vaste réalité textuelle dans laquelle apparaît Hercule au Moyen Âge. Le choix de nous concentrer, outre sur la mythographie latine et lhistoriographie vernaculaire, sur lOvide moralisé et létude de ses sources a abouti à une certaine orientation « ovidienne » de lensemble de létude. Cest ainsi que nous avons accordé une place particulière aux commentaires dOvide dans la première partie de ce livre, en renonçant à traiter la question de la tradition pourtant très riche des gloses et traductions de Boèce. Les points de focalisation choisis nous ont aussi amenée à écarter de létude un nombre important de textes médiévaux de divers genres dans lesquels Hercule se manifeste. Nous ne parlerons ainsi pas du Roman dHector et Hercule, de lessentiel de lœuvre de Christine de Pizan ou de celle de Guillaume de Machaut. Dautres œuvres encore, qui relèvent de lhistoriographie, de lhistorico-romanesque ou de la biographie dhommes illustres, seront seulement évoquées quand elles sont impliquées dans certaines trajectoires textuelles du mythe dHercule que nous avons choisi détudier de près. En font partie, entre autres, le Recoeil des histoires de Troyes de Raoul Lefèvre et la traduction française par Laurent de Premierfait du De casibus virorum illustrium de Boccace. Ajoutons que le choix des textes dont nous parlerons effectivement sest fait sur la base dun dépouillement plus vaste de matériaux inédits que nous navons pas pu intégrer tous dans notre travail, en raison surtout des contraintes de temps. Nous névoquerons ainsi que très accessoirement les différentes versions de la Fleur des histoires de Jean Mansel, la chronique universelle tardive dite parfois « quatrième rédaction » de lHistoire ancienne jusquà César et nous ne parlerons pas de lanonyme Livre des histoires du miroir du monde, qui comportent pourtant des chapitres herculéens très intéressants. Nous espérons revenir sur ces différentes œuvres dans des études ultérieures.

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Notre approche de lHercule médiéval est philologique dans le sens où nous travaillons primairement sur des données textuelles envisagées sous langle de leur transmission. Nous parvenons ainsi à la fois à étudier lévolution dune thématique à travers différents textes et traditions et à déceler les mécanismes et cheminements évolutifs qui jouent à lintérieur dune tradition. Finalement, cette approche permet aussi didentifier et danalyser les différentes sources réutilisées et réactualisées à lintérieur dune œuvre. Tout au long de létude, nous accordons, on le verra, une importance particulière à la varia lectio, qui nous permet de déceler, selon les cas, les rapports entre les témoins dune même œuvre, les textes appartenant à une même tradition ou les représentants de différentes traditions qui se recoupent au fil du temps. La variation est le moteur de linnovation. Cette idée directrice justifie lexamen, pour certains textes qui ont connu une tradition manuscrite riche, de données provenant de multiples témoins. Selon les cas, nous en fournirons des transcriptions ou nous en indiquerons les variantes relevant dune collation des segments en rapport avec Hercule. Généralement, nous avons (sauf indication contraire) respecté les principes suivants : les abréviations ont été résolues sans être signalées par des italiques ; nous avons fait la distinction entre i/j et u/v, séparé les mots et introduit des majuscules et une ponctuation légère selon lusage moderne.

1 « À propos dHercule, en effet, il est aussi facile de raconter des mythes quil est difficile de tisser lhistoire. Car comme nous avons appris de lauteur Varron, il y a eu de multiples Hercule, ou, mieux, de multiples hommes herculéens, parce que tous les hommes forts ont été appelés Hercule. Voilà pourquoi tant de choses incertaines et variées ont été écrites à propos dHercule, de façon que le lecteur, comme impliqué dans les circuits alambiqués dun labyrinthe, ne trouve plus lissue. Dans la mesure où le permettra le fil de mon inspiration, je mapprocherai, sur les sentiers nébuleux dune matière ancienne, évitant les obscurités des erreurs multiples et suivant les rares témoignages fiables, le plus possible de la vérité. » (Francesco Petrarca, De viris illustribus. II. Adam-Hercules, éd. et trad. C. Malta, Florence, Le Lettere, 2007, p. 84 ; la traduction française est de nous.)

2 Pour une vue densemble des différents cultes et légendes autour dHéraclès, voir L. Preller et C. Robert, Griechische Mythologie, vol. 2 : Die Griechische Heldensage, éd. C. Robert, Berlin, Weidmannsche Buchhandlung, 1921 [4e éd.], entrée « Herakles », p. 422-675. Une volumineuse section sur des cultes du personnage dans différentes aires géographiques se trouve sous lentrée « Herakles » de O. Gruppe, Paulys Realencyclopädie der classischen Altertumswissenschaft, Supplement III, éd. G. Wissowa et W. Kroll, Stuttgart, A. Druckenmüller, 1918, col. 910-1121, ici col. 910-1000 (« III. Örtliche Verbreitung der H.-Kulte und -Sagen »).

3 On pense à létude classique de M. Bréal, Hercule et Cacus. Étude de mythologie comparée, Paris, A. Durand, 1863, qui met en comparaison le mythe dHercule et celui du héros védique Indra. Dautres chercheurs ont suivi lexemple de Bréal, entre autres, L. von Schroeder, Herakles und Indra. Eine mythenvergleichende Untersuchung, Vienne, A. Hölder, 1915. G. Dumézil a étendu le cadre comparatif afin de comprendre, en outre, le personnage de Starkadr de la mythologie nordique, en étudiant le schéma des « trois péchés du guerrier », structure thématique basée sur une série de transgressions commises de la part des différents héros. Voir, pour la dernière version revue de son étude, Heur et malheur du guerrier. Aspects mythiques de la fonction guerrière chez les Indo-européens, Paris, Flammarion, 1985 [2e éd.]. Diverses perspectives sur le mythe dHéraclès aux marges du domaine grec sont proposées dans le volume collectif Héraclès dune rive à lautre de la Méditerranée. Bilan et perspectives, éd. C. Bonnet et C. Jourdain-Annequin, Bruxelles/Rome, Institut historique belge de Rome, 1992. Jourdain-Annequin a elle-même consacré de nombreuses études à Hercule, dont une qui aborde le syncrétisme entre Héraclès et le personnage syrien de Melqart dans sa monographie Héraclès-Melqart à Amrith. Recherches iconographiques. Contribution à létude dun syncrétisme, Paris, P. Geuther, 1992.

4 Ainsi dans lentrée « Héraclès » de P. Grimal, Dictionnaire de la mythologie grecque et romaine, Paris, Presses Universitaires de France, 1951, p. 187-203. Un traitement plus approfondi du mythe du héros grec est offert par L. Preller et C. Robert, Griechische Mythologie, op. cit., p. 422-675, et O. Gruppe, « Herakles », art cité, col. 910-1121, en part. col. 1015-1090 (« vii. Sagen »). Pour un résumé succinct et plus accessible du mythe qui sappuie sur Apollodore, voir E. Stafford, Herakles, Londres / New York, Routledge, 2012, p. 4-8.

5 Dans les mots du mythographe grec Diodore de Sicile, Bibliothèque historique, livre IV, § 8 : « Οὐκἀγνοῶδ᾿ὅτιπολλὰδύσχρηστασυμβαίνειτοῖςἱστοροῦσιτὰςπαλαιὰςμυθολογίας, καὶμάλιστατὰςπερὶἩρακλέους. τῷμὲνγὰρμεγέθειτῶνκατεργασθέντωνὁμολογουμένωςοὗτοςπαραδέδοταιπάνταςτοὺςἐξαἰῶνοςὑπερᾶραιτῇμνήμπαραδοθέντας·δυσέφικτονοὖνἐστιτὸκατὰτὴνἀξίανἕκαστοντῶνπραχθέντωνἀπαγγεῖλαικαὶτὸνλόγονἐξισῶσαιτοῖςτηλικούτοιςἔργοις, οἷς 2διὰτὸμέγεθοςἔπαθλονἦνἀθανασία. » (« Je nignore pas que lhistoire des mythes antiques et surtout celui dHercule, offre de grandes difficultés à résoudre : ce dieu a surpassé par la grandeur de ses exploits tout ce qui sest jamais fait de mémorable parmi les hommes ; il est donc difficile de raconter dignement chacune de ces actions dont limmortalité a été le prix. ») (Diodorus of Sicily, éd. C. H. Oldfather et al., 12 vol., Cambridge (MA), Harvard University Press / Londres, W. Heinemann, 1933-1967, ici vol. 2, 1935, livre IV, chap. 8, 1 ; trad. F. Hoefer, t. 1, Paris, A. Delahays, 1851, livre IV, chap. 8).

6 À noter que Pétrarque cite lauteur antique Varron, selon qui il y aurait eu quarante-trois personnages nommés Hercule. Il fait vraisemblablement référence aux Antiquitates rerum humanarum et divinarum libri LXI, qui ne nous sont parvenues que par des citations indirectes. Le passage à propos des multiples Hercule est cité par divers auteurs dont Servius dans son commentaire à lÉnéide, Augustin dans La Cité de Dieu, et le Troisième Mythographe du Vatican.

7 Marc-René Jung a relevé ce fait important dans son article sur « Hercule dans la littérature de la France médiévale : Essai dune typologie », Rinascite di Ercole. Atti del convegno internazionale di Verona (29 maggio-1 giugno 2002), éd. A. M. Babbi, Verona, Fiorini, 2002, p. 9-69, ici p. 9-11. Cette dernière étude a servi de base importante pour lélaboration de nos propres axes de recherche dans le cadre de cette monographie.

8 Voir L. F. dArcier, Histoire et géographie dun mythe : la circulation des manuscrits du De excidio Troiae de Darès Le Phrygien : (viiie-xve siècles), Paris, École nationale des chartes, 2006, p. 3.

9 E. Panofsky, Hercules am Scheidewege und andere antike Bildstoffe in der neuen Kunst, Berlin, B. G. Teubner, 1930.

10 J. Seznec, La survivance des dieux antiques. Essai sur le rôle de la tradition mythologique dans lhumanisme et dans lart de la Renaissance, Paris, Flammarion, 1980 [2e èd.]. Voir notamment B. Croce, « Gli dei antichi nella tradizione mitologica del Medio Evo e del Rinascimento », Varietà di storia letteraria e civile : serie seconda, éd. B. Croce, Bari, G. Laterza, 1949, p 50-65, et E. Garin, « Le favole antiche », Medioevo e Rinascimento : studi e ricerche, Bari/Rome, G. Laterza, 1954, p. 63–84, ainsi que larticle de Franco Gaeta que nous présenterons dans la suite.

11 F. Gaeta, « Lavventura di Ercole », Rinascimento, 5, 1954, p. 227-260.

12 Lévolution des attitudes et réactions de la tradition chrétienne envers les dieux païens, et le rapprochement Hercule-Christ en particulier, a été étudié sous un angle historico-comparatif par M. Simon, Hercule et le Christianisme, Paris, Les Belles Lettres, 1955, abordant les possibles influences entre mythologie païenne et théologie chrétienne de lAntiquité à la première Modernité.

13 Ibid., p. 240 sqq. Le terme daetas ovidiana a été introduit par le philologue allemand L. Traube, Einleitung in die lateinische Philologie des Mittelalters, Munich, Lehmann, 1911, p. 3.

14 M.-R. Jung, Hercule dans la littérature française du xvie siècle : de lHercule courtois à lHercule baroque, Genève, Droz, 1966.

15 Ibid., p. 13.

16 Ce nest pas le lieu ici de présenter une bibliographie complète des études qui abordent Héraclès-Hercule dans ses différentes manifestations à travers lhistoire. Un répertoire bibliographique allant jusquau début des années 1990 a été tenté par R. Kray, Herakles, Herkules. Medienhistorischer Aufriss, Repertorium zur intermedialen Motivgeschichte, Bâle et al., Stroemfeld / Roter Stern, 1994. Parmi les études monographiques du mythe dHercule intégrant une perspective diachronique, il convient de citer avant tout K. Galinsky, The Herakles Theme. The Adaptations of the Hero in Literature from Homer to the Twentieth Century, Oxford, Blackwell, 1972 et Stafford, Herakles, Londres, Routledge, 2012. Il existe ensuite certaines monographies et volumes consacrés à Hercule dans des périodes spécifiques. Voir, sur Hercule dans lAntiquité tardive, A. Eppinger, Hercules in der Spätantike : die Rolle des Heros im Spannungsfeld zwischen Heidentum und Christentum, Wiesbaden, Harrassowitz, 2015. Sur Hercule au haut Moyen Âge, cf. L. Nees, A Tainted Mantle : Hercules and the Classical Tradition at the Carolingian Court, Philadelphia, University of Pennsylvania Press, 1991 et les contributions de N. Staubach, « Herkules in der Karolingerzeit », Gli umanesimi medievali. Atti del II Congresso dellInternationales Mittellateinerkomitee (Florence, Certosa del Galluzzo, 11-15 settembre 1993), éd. C. Leonardi, Florence, SISMEL-Edizioni del Galluzzo, 1998, p. 673-690, et « Herkules an der Cathedra Petri », Iconologia sacra. Mythos, Bildkunst und Dichtung in der Religions- und Sozialgeschichte Alteuropas. Festschrift für Karl Hauck zum 75. Geburtstag, éd. H. Keller et N. Staubach, Berlin / New York, De Gruyter, 1994, p. 383-402. Hercule entre lépoque médiévale et la Renaissance est au centre du volume Rinascite di Ercole, éd. A. M. Babbi, op. cit. On peut citer aussi Le strade di Ercole. Itinerari umanistici e altri percorsi. Seminario internazionale per i centenari di Coluccio Salutati e Lorenzo Valla (Bergamo, 25-26 ottobre 2007), éd. L. C. Rossi, Florence, SISMEL-Edizioni del Galluzzo, 2010. Citons enfin le Hercules project, initié par Emma Stafford, sintéressant à la réception dHercule dans la culture occidentale jusquà nos jours et qui a donné lieu à une série de congrès et de volumes collectifs publiés dans la série Metaforms : Studies in the reception of Classical Antiquity chez Brill : Herakles inside and outside the Church : from the first apologists to the end of the Quattrocento, éd. A. Allan, E. Anagnostou-Laoutides et E. Stafford, Leiden/Boston, Brill, 2020, The modern Hercules : Images of the Hero from the Nineteenth to the Early Twenty-First Century, éd A. Blanshard et E. Stafford, Leiden/Boston, Brill, 2020, et The Exemplary Hercules from the Renaissance to the Enlightenment and Beyond, éd. V. Mainz et E. Stafford, Leiden/Boston, Brill, 2021. Voir la description du projet sur www.herculesproject.leeds.ac.uk (dernière consultation le 09/06/2023).

17 On peut citer, par exemple, K. Atkinson, « Les travaux dHercule moralisés au xive siècle », Mélanges de langue et littérature médiévales offerts à Alice Planche. Annales de la faculté des Lettres et Sciences Humaines de Nice, Nice, 1984, p. 41-50, qui sintéresse aux adaptations vernaculaires de la Consolatio Philosophiae de Boèce, ou L. Dulac, « Le chevalier Hercule de lOvide moralisé au Livre de la mutacion de fortune de Christine de Pizan », Cahiers de recherches médiévales 9, 2002, p. 115-130, ainsi que les études réunies dans les actes Rinascite di Ercole, éd. A. M. Babbi, op. cit., qui sintéressent en particulier à lœuvre boécienne au Moyen Âge, offrant en annexe des transcriptions des vers dédiés à Hercule dans douze adaptations françaises de la Consolatio Philosophiae.

18 M.-R. Jung, « Hercule dans la littérature de la France médiévale », art. cité, p. 9-69.

19 M.-R. Jung, La légende de Troie en France au Moyen Âge, Bâle/Tübingen, Francke, 1996. Voir aussi, du même auteur, Die Vermittlung historischen Wissens zum Trojanerkrieg im Mittelalter, Fribourg, Universitätsverlag, 2001.

20 Voir, par exemple, Entre fiction et histoire : Troie et Rome au Moyen Âge, éd. E. Baumgartner et L. Harf-Lancner, Paris, Presses de la Sorbonne Nouvelle, 1997 ; Conter de Troie et dAlexandre : pour Emmanuèle Baumgartner, éd. L. Harf-Lancner, L. Mathey-Maille et M. Szkilnik, Paris, Presses de la Sorbonne nouvelle, 2006 ; Mythe, histoire et littérature au Moyen Âge, éd. C. Croizy-Naquet, J.-P. Bordier et J.-R. Valette, Paris, Classiques Garnier, 2017 ; Figures littéraires grecques en France et en Italie aux xive et xve siècles, éd. C. Gaullier-Bougassas, Turnhout, Brepols, 2020.

21 Nous reviendrons dans la deuxième partie de cette étude aux différentes « rédactions » de lHistoire ancienne et leurs éditions partielles ainsi que les diverses études consacrées à ces dernières (cf.infra p. 153 sqq.).

22 La Bouquechardière de Jean de Courcy fait lobjet dune édition en cours sous la direction de Catherine Gaullier-Bougassas. Le premier tome de cette édition, contenant la première partie dune biographie dHercule, est paru en 2020 : La Bouquechardière de Jean de Courcy.Tome 1 : Introduction générale. Des origines de la Grèce jusquà Hercule, éd. C. Gaullier-Bougassas, Turnhout, Brepols, 2020. Le second (que nous navons pas encore pu consulter) en contient la suite : La Bouquechardière de Jean de Courcy. Tome II : Jason, Thésée, Œdipe, éd. E. Koroleva, Turnhout, Brepols, 2022.Le projet déditer la Chronique dite de Baudouin dAvesnes, œuvre anonyme du xiiie siècle, a été annoncé par Anne Rochebouet.

23 Voir la description du projet, lancé en 2014 : http://hu15.github.io/histoires-universelles-xv/index.html (dernière consultation : 07/06/2023). Le site offre aussi des transcriptions partielles de plusieurs manuscrits du Livre des histoires du miroir du monde, chronique anonyme du xve siècle.

24 Voir létude pionnière de P. Demats, Fabula : Trois études de mythographie antique et médiévale, Genève, Droz, 1973 ; R. J. Hexter, Ovid and Medieval Schooling. Studies in Medieval School Commentaries on Ovids Ars Amatoria, Epistulae ex Ponto, and Epistulae Heroidum. 1986 ; Ovidius redivivus. Von Ovid zu Dante, éd. B. Zimmermann et M. Picone, Stuttgart, J. B. Metzler, 1994 ; Ovide métamorphosé : les lecteurs médiévaux dOvide, éd. L. Harf-Lancner, L. Mathey-Maille et M. Szkilnik, Paris, Presses de la Sorbonne nouvelle, 2009 ; Ovid in the Middle Ages, éd. J. G. Clark, F. T. Coulson et K. L. McKinley, Cambridge, Cambridge University Press, 2011 ; Les translations dOvide au Moyen Âge. Actes de la journée détudes internationale à la Bibliothèque royale de Belgique, Bruxelles, le 4 décembre 2008, éd. A. Faems, V. Minet-Mahy et C. van Coolput-Storms, Louvain-la-Neuve, Publications de linstitut détudes médiévales, 2012, Ovidius explanatus. Traduire et commenter les Métamorphoses au Moyen Âge, éd. S. Biancardi, P. Deleville, F. Montorsi et M. Possamaï-Pérez, Paris, Classiques Garnier, 2018 ; Traire de latin et espondre. Études sur la réception médiévale dOvide, éd. C. Baker, M. Cavagna et E. Guadagnini, Paris, Classiques Garnier, 2021 ; Ovide en France du Moyen Âge à nos jours. Études pour célébrer le bimillénaire de sa mort, éd. S. Cerrito et M. Possamaï-Pérez, Paris, Classiques Garnier, 2021 ; Ovid in the Vernacular : Translations of the Metamorphoses in the Middle Ages & Renaissance, éd. G. Prades et M. Balzi, Oxford, Medium Aevum Monographs / SSMLL, 2021.

25 F. T. Coulson et B. Roy, Incipitarium Ovidianum. A Finding Guide to the Study of Ovid in the Middle Ages, Turnhout, Brepols, 2000. Voir aussi les nombreux articles de Frank Coulson à propos des commentaires médiévaux dOvide, dont, sur les commentaires de provenance française en particulier, « Ovids Transformations in Medieval France (ca. 1100-ca. 1350) », Metamorphosis : The Changing Face of Ovid in Medieval and Early Modern Europe, éd. A. Keith et S. Rupp, Toronto, Centre for Reformation and Renaissance Studies, 2007, p. 33-60, et « Ovids Metamorphoses in the School Tradition of France, 1180-1400 », Ovid in the Middle Ages, op. cit., p. 48-82.

26 F. T. Coulson, H. Anderson, H. L. Levy, « Ovid. Metamorphoses », Catalogus Translationum et Commentarorium, éd. G. Dinkova-Bruun, H. Gaisser et J. Hankins, Toronto, Pontifical Institute of Mediaeval Studies, 2022, p. 1-558.

27 À propos du statut littéraire de lœuvre, voir les études de Marylène Possamaï-Pérez, dont « Les métamorphoses dOvide : une adaptation du début du xive siècle », Bien dire et bien aprandre, 14 (Traduction, transposition, adaptation au Moyen Âge. Actes du colloque du Centre dÉtudes Médiévales et Dialectales de Lille III. 22 au 24 septembre 1994), p. 139-153, L’‘Ovide moralisé. Essai dinterprétation, Paris, Champion, 2006, et Nouvelles Études sur lOvide moralisé, éd. M. Possamaï-Pérez, Paris, Champion 2009. À propos de la tradition textuelle de lœuvre, voir M.-R. Jung, « Ovide, texte, translateur et gloses dans les manuscrits de lOvide moralisé », The Medieval Opus : Imitation, Rewriting, and Transmission in the French Tradition. Proceedings of the Symposium held at the Institute for Research in Humanities, October 5–7 1995, éd. D. Kelly, Amsterdam/Atlanta, Rodopi, 1996, p. 75-98 et « Les éditions manuscrites de lOvide moralisé », Cahiers dHistoire des Littératures Romanes, 20, p. 251–274, ainsi que, plus récemment, F. Mora, M. Possamaï-Pérez, T. Städtler et R. Trachsler, « Ab ovo. Les manuscrits de lOvide moralisé : naissance et survie dun texte », Romance Philology, 65 :1, 2011, p. 121-142, et M. Cavagna, M. Gaggero et Y. Greub, « La tradition manuscrite de lOvide moralisé. Prolégomènes à une nouvelle édition », Romania, 132, 2014, p. 176-213.

28 Projet de recherche international, co-financé par le Fonds national de la recherche scientifique suisse (projet no 150149), la Deutsche Forschungsgemeinschaft et lAgence Nationale de la Recherche. La branche suisse du projet était co-dirigée par Richard Trachsler (Université de Zurich) et Olivier Collet (Université de Genève).

29 Projet financé par le Fonds de la recherche scientifique (projet no 178899), co-dirigé, comme le volet suisse du projet OEF, par Richard Trachsler et Olivier Collet.

30 Lancienne édition qui sera remplacée est Ovide moralisé. Poème du commencement du quatorzième siècle, publié daprès tous les manuscrits connus, éd. C. de Boer, 5 vol., Amsterdam, J. Müller, 1915-1928. La nouvelle édition du premier livre de lœuvre est parue récemment : Ovide moralisé. Livre I, éd. C. Baker, M. Besseyre, M. Cavagna, S. Cerrito, O. Collet, M. Gaggero, Y. Greub, J.-B. Guillaumin, M. Possamaï-Pérez, V. Rouchon Mouilleron, I. Salvo, T. Städtler, et R. Trachsler, 2 t., Paris, SATF, 2018.

31 Voici les volumes des deux éditions qui ont déjà parus : Commentaire Vulgate des Métamorphoses dOvide. Livres I-V, éd. F. T. Coulson et P. A. Martina, trad. P. A. Martina et C. Wille, collab. M. Busca, Paris, Classiques Garnier, 2021, Un commentaire médiéval aux Métamorphoses. Le Vaticanus Latinus 1479. Livres I-V, éd. L. Ciccone et M. Possamaï-Pérez, collab. P. Deleville, Paris, Classiques Garnier, 2020, et Uncommentaire médiéval aux Métamorphoses. Le Vaticanus Latinus 1479. Livres IV-X, éd. L. Ciccone et M. Possamaï-Pérez, collab. I. Salvo García, Paris, Classiques Garnier, 2022.