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Classiques Garnier

Glossaire

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Ce que nous pûmes faire alors, ce fut d’envoyer promptement un de nos captifs rachetés à ces deux bons religieux, les exhorter de notre part de recourir à Dieu en cette rencontre où il s’agissait de sa gloire et de notre sainte religion ; et d’y recourir aussi nous-mêmes, nous prosternant à genoux dans notre chambre avec nos pauvres captifs et recommandant cette affaire à la divine majesté. Chacun peut juger si nous ne devions pas nous attendre d’être compagnons de la mort de ce confrère, puisque les Barbares nous voyaient tous les jours ensemble depuis deux mois et que même il sortait d’avec nous quand il s’en alla prêcher dans la mosquée. Mais le Ciel ne nous voulait pas favoriser d’une grâce si particulière.

Environ les quatre heures du soir, ledit chiaoux fut envoyé par les messoulagas ou conseillers de ville quérir le prisonnier pour le reproduire devant eux, afin de l’examiner une seconde fois. Il sortit avec une grosse chaîne au pied et portant sur l’épaule une bûche à laquelle il était attaché. Ils lui demandèrent s’il persistait en ses premières réponses et s’il n’était conseillé de personne d’entrer ainsi dans leur mosquée. Il répondit qu’il y persistait et qu’il ne croyait être entré en leur mosquée que par l’inspiration divine.

Le lendemain, samedi 18 juin, sur les dix heures du matin, l’abominable renégat susdit fut envoyé au prisonnier pour l’interroger secrètement et pressentir s’il adhérait toujours à ses premières réponses, s’il ne voudrait pas bien se faire turc, pour obtenir grâce et éviter une horrible mort. Il trouva un rocher et un homme inébranlable, qui protestait* de souffrir plutôt feux et flammes et tous les tourments imaginables que d’être infidèle à Jésus-Christ son maître, en protestant la détestable superstition mahométane. Telles réponses étaient capables de faire renier une seconde fois ce malin esprit de renégat et ce tentateur, ou plutôt de le convertir, qui se vit obligé de laisser ce constant personnage pour revenir faire le rapport aux juges impies de son cœur inflexible.

Enfin, le lendemain, dimanche 19 juin, environ les neuf heures du matin, jour que les Barbares choisissent ordinairement pour faire quelque tragédie contre les chrétiens, le Divan (synagogue des méchants1) s’assembla, où assistèrent le moufti, qui est comme l’évêque, une vingtaine de graves marabouts en grande cérémonie, s’y agissant d’une affaire plus spirituelle que politique et civile. Ils envoyèrent quérir

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monsieur Dubourdieu, consul de la nation française, homme qui s’est entièrement consacré à Dieu sous la direction de messieurs les vénérables prêtres de la mission de Saint Nicolas du Chardonnet de Paris, et qui assiste généralement tous les captifs, autant qu’il en a le pouvoir. Ces juges lui ordonnèrent de faire savoir en Espagne, pour empêcher d’user de représailles envers les turcs qui y étaient, qu’ils ne faisaient mourir ce papas2 que pour être entré en leur mosquée et y avoir prêché contre leur loi, ce que jamais homme n’avait osé faire depuis qu’Alger était Alger. Ensuite ils envoyèrent ledit renégat avec les mesouars quérir ce prisonnier pour le présenter devant eux la troisième et dernière fois. Ce renégat redoubla ses artifices et ses charmes pour le faire devenir son compagnon, l’avertissant de prendre garde à ce qu’il allait répondre, qu’il serait jugé définitivement d’être brûlé tout vif à petit feu, à moins que de rétracter sa prédication et d’expier son crime par une profession solennelle de l’Alcoran*. Mais cet invincible, levant les yeux au ciel, la main sur la poitrine, réitéra la même protestation que ci-dessus pour la foi de Jésus-Christ et la même détestation de l’impiété turquesque et obligea ce Satan de se retirer tout confus, pendant que les bourreaux le traînèrent au milieu de la cour, pleine de juges iniques et de criminels marabouts qui, lui ayant fait ôter ses fers, lui remontrèrent que son crime était si énorme que, suivant leurs lois, il ne pouvait dignement en faire satisfaction, à moins d’être brûlé tout vif à petit feu, ou faisant abjuration de sa foi chrétienne et papale pour embrasser la vraie loi de leur grand prophète Mahomet, qu’il eût à répondre lequel des deux il optait et choisissait.

Ô c’était en cet auditoire qu’il faisait beau écouter ce docte prédicateur de Jésus-Christ répondre avec une hardiesse admirable qu’il était prêt de souffrir, pour l’amour de son maître et la défense de la foi de son Église, tous les supplices que la rage, la furie et la cruauté des bourreaux de l’antéchrist Mahomet pourraient inventer !

Il fut aussitôt ordonné aux mesouars et bourreaux de l’aller brûler tout vif à petit feu, sans autres formalités, car on n’écrit point de procès en ce pays-là.

Au même instant, ces bourreaux se jetèrent sur ce juste condamné, le tirèrent à quartier3 par les cheveux et par sa barbe vénérable, le

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dépouillèrent tout nu, à la réserve d’un méchant haillon qu’ils avaient même regret de lui laisser pour couvrir sa pudeur. Les saintes reliques, le saint scapulaire de notre ordre et autres marques de religieux qui étaient cachées sous ses habits séculiers, allumaient leur fureur. Une ceinture piquante de fil d’archal4, large de quatre doigts, qu’ils trouvèrent autour de ses chastes reins, dont il les affligeait nuit et jour, ne leur fit point appréhender sa sainteté. Ils lui jetèrent une grosse chaîne au col et un poteau sur l’épaule pour porter au lieu de son bûcher, qui était déjà préparé dans le cimetière des juifs, hors de la ville, à cent pas de la porte de Babalouet5. Ils lui garrottèrent les bras derrière le dos, de telle façon cependant qu’il pût tenir d’une main ledit poteau sur son épaule. Nu-tête, sinon qu’elle était couronnée d’étoupes6, nu-pieds ainsi que le reste du corps, on le fit sortir en cet état dans la rue pour le conduire au supplice.

Il y allait allègrement, même il y courait ; les mesouars qui lui tenaient derrière la chaîne au col avaient peine à le suivre, tant s’en fallait7 qu’ils fussent obligés de le traîner. Il rendait le long des rues des bénédictions aux impitoyables turcs, qui lui donnaient des malédictions, le voyant passer devant eux. On l’entendait continuellement produire des actes de foi, d’espérance et de charité, et se recommander à la très sainte Trinité. Ce qu’ayant ouï le plus cruel des Barbares et renégats, le voyant passer devant la porte de sa boutique, il alla lui décharger trois grands coups de bâton sur son dos tout nu et découvert, qui le terrassèrent, sans qu’il témoignât aucunement s’en ressentir, sinon qu’en se relevant il pria ses bourreaux de ne pas permettre qu’il fût privé de la peine du feu, puisqu’il y était condamné. Et en effet, pour l’empêcher, ils criaient à la foule de ses ennemis conjurés qu’ils lui feraient grâce s’ils l’accablaient ainsi de coups et le faisaient mourir avant que d’être au lieu de son bûcher. Où étant enfin arrivé, il déchargea son poteau et aussitôt le baisa, comme aussi la place où il allait être planté et, les yeux élevés au ciel, pendant qu’on le plantait, il s’écria par ces paroles : « Loué soit le très saint sacrement de l’autel et l’immaculée conception de la très sainte Vierge mère de Dieu ! Beni soit ce jour auquel la divine bonté me fait la grâce de voir ce que j’ai tant désiré ! » Puis, commençant à exhorter les pauvres

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captifs à la patience dans leurs tribulations, il fut lié au poteau et on alluma deux monceaux de bois devant lui et deux derrière, d’une distance proportionnée pour le faire mourir à petit feu et le rôtir sans le consumer. Plus ces bûchers s’enflammaient, plus ce généreux athlète témoignait de satisfaction de se voir mourir de la sorte. Les marabouts lui criaient incessamment grâce, s’il voulait promettre de changer sa couronne* en turban, et lui réciproquement leur criait que Dieu leur ferait miséricorde si, jetant leurs turbans dans le feu, ils embrassaient la foi de Celui pour lequel il donnait sa vie. Ces colloques8 et autres semblables durèrent trois quarts d’heure, pendant que le sang bouillait dans les veines de ce valeureux soldat de Jésus-Christ, sans qu’il permît à la nature de jeter aucun cri, ni de donner aucun signe d’impatience dans les cuisantes ardeurs de cet élément qui l’environnait. Enfin, n’en pouvant plus, il finit par ces paroles qu’il poussa vers le ciel : « Ô anges bienheureux ! Je vous prends à témoin comme je n’ai rien fait que pour accomplir la volonté de mon Dieu ». Et un de ses bras s’étant détaché, il s’efforça d’élever la main au ciel, comme voulant offrir son âme à Dieu avec l’holocauste de son corps mais, tombant en bas et tâchant de se relever, les bourreaux, qui étaient dans la dernière impatience de le voir consumé, approchèrent les flammes de cette pure matière pour la réduire en cendres, suivant qu’il leur était ordonné, laquelle, étant dans la disposition prochaine de recevoir le feu, s’enflamma en un instant. Les Barbares, voyant que le bois manquait, tournèrent en quérir de nouveau, lequel ils jetèrent dessus, mais enfin, lassés de telles offrandes et voulant se reposer après trois heures de temps passées à attiser le feu, ils ramassèrent les reliques de ce corps qui n’était pas encore tout à fait réduit en cendres, du poids d’environ vingt livres, et afin qu’il passât aussi bien par l’eau que par le feu, les allèrent jeter dans le plus profond rivage de la mer, en signe de son doux rafraîchissement dans les célestes rosées9 pendant une éternité bienheureuse.

Or, n’étant pas juste que les précieuses reliques de celui qui avait tant enduré pour retirer ces Barbares de l’abîme de leur infidélité demeurassent ensevelies au fond de la mer, monsieur Dubourdieu, consul de France, son intime et très familier ami, fit en sorte d’obtenir permission à force d’argent de les faire repêcher pour les embaumer et les

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envoyer, à la première commodité10, en notre couvent de Madrid en Espagne. Et d’autant que la méchante canaille et les bourreaux avaient menacé, faisant brûler ce grand serviteur de Dieu, de nous faire aussi brûler ensuite nous-mêmes avec nos deux autres confrères espagnols, comme étant tous cinq ses compagnons, selon le rapport qui nous en fut fait par des captifs, lesquels avaient été présents à ce spectacle, le sieur consul eut parole du Divan qu’il ne nous ferait aucun tort, ni en nos personnes, ni en notre argent. D’où l’on reconnaît combien notre ordre est obligé à mon dit sieur Dubourdieu d’avoir si bien agi en cette rencontre* inopinée, tant de son pieux mouvement qu’à notre supplication, car s’il était fort important de conserver notre vie, il ne fallait pas que nous parussions en personne pour faire nos poursuites, ainsi nous avions besoin d’un tel médiateur auprès de ces infidèles.

Voilà de quelle sorte les turcs et Barbares traitent les chrétiens qui entrent dans leurs mosquées et qui y prêchent contre le mahométisme. Mais aussi voilà comme la grâce de Jésus-Christ, qui avait rendu ce bon religieux tout séraphique, a triomphé de leurs supplices. Beau sujet de panégyrique à nos pères d’Espagne, qui connaissent entièrement la sainteté de vie du vénérable frère Pierre de la Conception, auxquels on a envoyé d’Alger le procès-verbal de son heureuse mort, signé de trente-trois captifs, qui en ont été les témoins oculaires. Mort vraiment heureuse puisqu’elle a été volontairement endurée pour l’amour de Dieu et le salut du prochain et qu’il est constant que la haine de la foi et le mépris du christianisme ont été les seuls ou principaux motifs pourquoi ces tyrans de Barbares et renégats l’ont fait souffrir avec tant d’inhumanité à cet athlète de notre religion, lequel, pour s’y être exposé de la manière que nous venons de faire voir, ne doit pas être condamné ni d’amour propre ni d’indiscrétion11, et ne le peut que par des personnes peu clairvoyantes et de peu de foi, dont le jugement serait très injuste. Mort par conséquent qui a toutes les conditions essentielles et nécessaires pour être appelée un véritable martyre.

Cette mort toucha si vivement le cœur des misérables renégats que nous apprîmes de nos captifs que plusieurs d’eux, incontinent* après, ne purent dissimuler leurs remords de conscience, se disant secrètement les uns aux autres qu’il fallait pourvoir sans aucun délai à leur

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conversion, quand bien même il arriverait qu’il fallût souffrir le feu comme frère Pierre de la Conception. Et en effet, peu de jours après, on nous assura que sept ou huit s’étaient sauvés en terre chrétienne, au grand péril de leur vie, pour y faire pénitence de leur apostasie. Et qui peut savoir combien de fruit a causé cette glorieuse mort et combien elle en causera à l’avenir, confirmant les pauvres chrétiens captifs dans notre vraie foi, et empêchant qu’ils ne se laissent aller à un malheureux désespoir dans leurs souffrances ? Mort donc enfin vraiment précieuse devant Dieu et utile à Son Église et qui a, s’il nous est permis de le dire hardiment, rendu martyr en effet notre très cher confrère, le vénérable frère Pierre de la Conception, au lieu que le dévot saint Antoine de Padoue n’a été martyr que d’affection12, duquel nous savons qu’il imitait la vie, et on le reconnaît par le jour de la fête du même saint Antoine, auquel il commença son martyre, qui n’a été consommé que le troisième jour après.

Que si quelqu’un avait le moindre doute de cette vérité, il serait facile, pour l’en délivrer, de le prier de lire le martyrologe, où il trouverait que ce nouveau martyr entre fort à propos en comparaison, particulièrement avec saint Menas, lequel fut martyrisé pour être monté publiquement sur un théâtre en la ville de Cute, et y avoir invectivé contre la superstition des Gentils* ; et avec sainte Catherine, mise à mort d’autant que, poussée par l’amour de son divin époux, elle entra dans un temple de la ville d’Alexandre où était l’empereur Maximin avec plusieurs idolâtres et là commença à prêcher le vrai Dieu et Jésus-Christ Son fils crucifié ; en un mot avec saint Thomas de Cantorbie, saint André, saint George, saint Sabbé, saint Longis, saint Vincent, saint Ignace, sainte Eulalie, sainte Apollonie, et plusieurs autres saints et saintes qui, ayant donné leurs corps pour l’amour de Dieu aux supplices, ont mérité d’avoir des couronnes perpétuelles et sont parvenus à la palme du martyre.

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Glossaire

Abel et Caïn : fils d’Adam et Ève. Caïn tue par jalousie son frère Abel et devient par ce geste le premier homicide.

Abord : approche.

Abraham : patriarche biblique dont l’histoire inaugure celle du peuple d’Israël.

Abrahamite, -s : qui se rapporte à Abraham*.

Accointer (s’) : se lier.

Accoiser : apaiser.

Accort/e : courtois.

Accortement : de manière courtoise, poliment.

Accortise : courtoisie.

Accoutumer : (verbe transitif) avoir l’habitude de faire quelque chose.

Acravanter : écraser, accabler sous un poids excessif.

Accroire : croire.

Acertener : 1. informer de façon certaine ; 2. affirmer quelque chose comme vrai.

Achéron : l’un des cinq fleuves des Enfers*, fleuve de l’Affliction. Les âmes doivent le traverser pour parvenir au royaume des morts : celles des corps demeurés sans sépulture sont condamnées à errer sur ses bords pendant cent ans. Achéronique / achérontide /achérontique : de l’Achéron, et par extension, des Enfers.

Achille : héros homérique. Enfant, il est rendu invincible par sa mère qui le plonge dans le Styx*. Roi des Myrmidons, il est dépeint comme le plus brave, le plus puissant et le plus impulsif guerrier de la guerre de Troie. Il meurt d’une flèche qui l’atteint au talon, le seul point vulnérable de son corps.

Acquêt : avantage, gain.

Acteur : personnage.

Adamite : 1. qui se rapporte à Adam ; 2. Adamites : mouvement religieux chrétien dont les membres tentent d’imiter la vie dans le jardin d’Eden, vivant nus et ne reconnaissant pas le péché. Persécutés en Europe de l’ouest, ils se réfugient dès le début du xve siècle en Pologne et surtout dans l’actuelle république tchèque où des sensibilités différentes (Hussites et Picards) font scission. Condamnés pour hérésie, ils disparaissent progressivement jusqu’au milieu du xviie siècle.

Adextre : adroit.

Admonestement : admonestation, sévère réprimande.

Admonester : reprocher avec dureté.

Admonition : reproche.

Adonc : donc.

Adouber : 1. Armer chevalier ; 2. Arranger, apprêter ; 3. Soigner, panser.

Affecter : 1. affectionner ; 2. rechercher avec zèle.

Affection : ardeur, zèle, mais aussi dévouement envers quelqu’un.

Affété, -ée : 1. affecté, emprunté ; 2. hypocrite.

Aigrement : avec force.

Aigrir (s’) : 1. agiter (s’), courroucer (se) ; 2. aggraver (s’).

Ains / ainçois / ainsois : 1. mais ; 2. au contraire, plutôt ; 3. si ce n’est ; 4. (rarement, après élision du « i » final) ainsi.

Airain : bronze.

Alarmes : inquiétudes, appréhensions.

Alcide : autre nom d’Hercule*.

Alcoran : le Coran.

Alecton : voir Furies*.

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Alentir : 1. ralentir ; 2. apaiser.

Alexandre III le Grand : (356-323 av. J.-C.) roi de Macédoine de 336 à 323. À l’âge de vingt ans, il accéda au trône de Macédoine et devint maître de la Grèce. Il conquit l’Empire perse avant de mourir à trente-trois ans de la malaria ou, selon la légende, d’un empoisonnement.

Alme : bienfaisant, nourricier, doux.

Amphitrite : reine de la Mer qui entoure le Monde. Elle est l’épouse de Neptune*.

Anabaptiste : de l’anabaptisme, mouvement religieux allemand du début du xvie siècle, qui prônait une vie selon les Saintes Écritures et le baptême pour les seuls adultes. Ils prirent part au soulèvement des paysans allemands (1521-1525) puis se réfugièrent à Münster pour former leur communauté. Persécutés, ils furent dispersés en 1535 et sont à l’origine de nombreuses sectes dissidentes.

Anne : Anân ben Seth, grand prêtre du Temple de Jérusalem. Il est l’un des protagonistes de la Passion du Christ : on lui présenta Jésus pour qu’il l’interroge. Il fit par ailleurs lapider Jacques, frère de Jésus.

Apertement : ouvertement.

Apollon : voir Phébus*.

Appareiller : préparer à.

Apparoir : apparaître.

Appas : charmes physiques d’une femme.

Ardre : brûler.

Arène : sable.

Arrêt : décision, jugement.

Arrêter : décider, juger.

Arroi : équipage, apparat. Être en mauvais arroi : être en mauvaise posture.

Ars, -e : brûlé.

Assiette : état, situation. Ne pas garder d’assiette : ne pas tenir en place.

Assignation : rendez-vous.

Astrée : symbole de la Paix, fille de Jupiter* et de la déesse de la Justice Thémis, sœur de la Pudeur. Elle répand parmi les hommes les sentiments de justice et de vertu, mais se retire du monde des mortels à la fin de l’Âge d’or pour se fixer dans les cieux et devient la constellation de la Vierge.

Atropos : voir Parques*.

Atterrer : mettre à terre, renverser, abattre.

Aucun, -e, -s, -es : quelque, quelques, quelqu’un, quelqu’une, quelques-uns, quelques-unes.

Aucunement : en quelque façon.

Augustin (saint) : philosophe et théologien chrétien (354-430), Père et Docteur de l’Église. Ses œuvres et sa doctrine donnent naissance à l’augustinisme.

Avecques : avec

Aventure (d’, par) : par hasard.

Averne : lac italien considéré comme l’une des entrées des Enfers*. Avernal : de l’Averne, infernal.

Aveu : accord, soutien.

Bacchant, -e, -s, -es : serviteur de Bacchus*.

Bacchus : dieu latin du vin.

Badin : sot, niais.

Bagage : 1. ensemble des biens et des personnes d’une maison ; 2. par extension, butin de guerre.

Bailler : donner.

Baiser : embrasser.

Barbotter : marmotter.

Bellone : déesse romaine de la Guerre.

Bénigne : doux, clément, attentionné.

Bénignement : avec douceur.

Bénin : doux.

Bernard (saint) : moine français (1090-1143). Abbé de Clairvaux, il réforme en profondeur l’ordre cistercien, prônant la mortification pour l’amour du Christ.

Bienheurer : 1. donner un bon heur*, de la chance ; 2. protéger.

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Blandices : caresses, douceurs trompeuses et dangereuses.

Blandissement, -s : voir blandices*.

Bluette : étincelle.

Borée : dieu grec du vent du Nord.

Bouillant, -e : transporté de passion.

Bourreler : tourmenter, torturer, tenir au supplice.

Bourrèlerie : supplice, souffrance.

Bourrelle : qui fait souffrir, qui tourmente.

Brandon : 1. morceau de tissu enflammé ; 2. par extension, flambeau, torche.

Branlement : mouvement.

Briarée : l’un des trois Hécatonchires, géants à cent bras et à cinquante têtes dans la mythologie grecque.

Brutal : qui a des appétits déréglés, qui vit en bête.

Busire / Busiris / Bussière : roi légendaire d’Égypte. Il est tué par Hercule* pour son extrême cruauté.

But : cible.

Çà : interjection qui désigne un commandement, une exhortation.

Çà-bas : ici-bas.

Cadène : 1. chaîne ; 2. par extension, esclavage.

Caïn : voir Abel* et Caïn.

Caïphe : grand prêtre des Juifs de 18 à 36, chef du sanhedrin qui condamne le Christ.

Calamiteux : malheureux.

Calvin, Jean : théologien français du protestantisme (1509-1564). Il est l’un des initiateurs de la Réforme protestante par opposition aux rites et aux dogmes catholiques.

Carré : place bordée de bâtiments sur les quatre côtés.

Carreau : coussin carré.

Carrière : cours, direction.

Castor et Pollux : les Dioscures, fils jumeaux de Tyndare et Léda. Héros de la mythologie grecque qui prennent part à la chasse du sanglier de Calydon et à l’expédition des Argonautes.

Catherine de Médicis : reine de France (1519-1589). Femme de Henri* II, elle fut la mère des trois derniers rois Valois. Régente en 1560 à l’avènement de son deuxième fils Charles* IX encore mineur, elle eut dans les mains les rênes du pouvoir et tenta de négocier avec les protestants. Elle fut surtout considérée comme l’instigatrice du massacre de la Saint-Barthélemy*.

Caton d’Utique : homme politique romain (95-46 av. J.-C.), modèle du stoïcisme. Tribun puis sénateur, il s’opposa à Pompée et César*. Il se suicida pour ne pas voir le triomphe de César et la fin de la République.

Caut, -e : fin, rusé.

Cautèle : rouerie, fourberie, ruse.

Cauteleux : rusé.

Céans : ici, en ce lieu.

Celer : cacher, dissimuler.

Celebre : pour un lieu : courru, fréquenté.

Celle : cette.

Cependant : pendant ce temps

Ceps : fers portés par les prisonniers, chaînes.

Cerbère : chien monstrueux à trois têtes et au cou hérissé de serpents, gardien des Enfers* mythologiques.

César : nom porté par tout empereur romain.

César, Jules : grand général et homme d’État romain (100 ou 101-44 av. J.-C.). Il devint par ses conquêtes maître du monde méditerranéen et gouverna à Rome en maître absolu.

Cestui-ci, -là / cettui-ci, -là / cette-ci : celui-ci, -là / celle-ci, -là.

Champion (du Christ) : représentant du Christ dans le combat judiciaire qu’est le martyre.

Champs-Élysées / Champs Élyséens / Champs Élysiens : séjour des âmes des héros et

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des hommes vertueux aux Enfers* dans la mythologie grecque et latine.

Charles IX : (1550-1574) roi de France de 1560 à 1574. Deuxième fils de Henri* II et de Catherine* de Médicis, il succéda à son frère François* II. Le début de son règne fut marqué par la régence de sa mère. Majeur il demeura sous son influence. Après la paix de Saint-Germain (1570), il se rapprocha du chef protestant Coligny* mais ne fit rien pour empêcher son assassinat et le massacre de la Saint-Barthélemy*.

Charme : enchantement.

Charon : génie du monde infernal mythologique. Il est chargé de faire passer aux âmes des défunts les fleuves qui les séparent de leur demeure éternelle aux Enfers*.

Chef : tête. Mettre à chef : accomplir, achever.

Chétif : 1. captif, prisonnier ; 2. qui est de peu de valeur, vil, méprisable.

Chrysostome (saint) : voir Jean* Chrysostome (saint).

Cil : 1. celui ; 2. celui-ci.

Circé / Circe : personnage de l’Odyssée. Magicienne rencontrée et aimée d’Ulysse*, elle transforme ses compagnons en porcs pour le garder auprès d’elle.

Cléopâtre : nom attribué par nos auteurs à toute reine d’Égypte

Clothon / Clotho : voir Parques*.

Cocyte / Cocite : l’un des cinq fleuves des Enfers*, fleuve des gémissements. Ses eaux s’accroissent des larmes des injustes et des méchants*.

Cœur : courage.

Cohorte : troupe militaire.

Coligny, Gaspard de : amiral de France (1519-1572). Au service de Henri* II, il servit la France contre les Espagnols. Converti à la Réforme, il devint l’un des chefs du parti protestant à partir de 1559. Il mourut lors du massacre de la Saint-Barthélemy*.

Combien que : bien que.

Condé, Louis Ier de Bourbon, prince de : prince du sang (1530-1569). Il se convertit au protestantisme et devint avec Gaspard de Coligny* l’un des chefs du parti protestant en lutte contre l’influence des Guise. Instigateur de la conjuration d’Amboise en 1560, il fut assassiné à la bataille de Jarnac en 1569.

Condé, Henri Ier, prince de : prince du sang (1552-1588), fils de Louis de Condé. Il dut abjurer à la Saint-Barthélemy. Dès sa libération, fuit avec (et parfois contre) son cousin Henri de Navarre, un militant zêlé du Parti protestant.

Confort : aide, réconfort, consolation, soutien.

Conjouissance: joie partagée.

Conjurer : 1. prêter serment parmi ou avec d’autres ; 2. décider.

Conquerre/Conquester : conquérir.

Consommer : consumer.

Constamment : avec constance, avec tranquillité d’esprit.

Contemner : mépriser, dédaigner.

Contemnement : avec mépris, dédaigneusement.

Contrecarre : contrecarrer, faire obstacle, empêcher.

Contrister (se) : s’affliger.

Corrival : rival.

Coulpe : faute.

Coup : effet.

Coupeau : 1. plus haut sommet d’une chaîne de montagne ; 2. par extension : haut d’une tour.

Couper, broche : abréger, changer de sujet.

Courage : 1. valeur, bravoure ; 2. constance, fermeté ; 3. ardeur, affection, peut être un synonyme de cœur*.

Couronne : récompense pour une victoire, en particulier attribuée aux martyrs par Dieu.

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Créance : croyance, opinion, foi. Donner créance : donner foi.

Crédit : 1. estime des autres envers soi ; 2. par extension, puissance, autorité.

Cuider : 1. croire ; 2. penser à tort, présumer.

Cupide : désireux.

Cupidon : dieu romain de l’Amour, fils de Vénus*.

Cure : soin, souci.

Curée : terme de vénerie. Bas morceaux de gibier distribués aux chiens de chasse. Par extension, repas.

Cyprien (saint) : évêque de Carthage (200-martyr en 258). Docteur et Père de l’Église. Ses écrits contribuèrent à former la notion chrétienne de martyre.

Cyprin, -e : de Cypris*, de l’amour. Cyprine : Vénus*.

Cypris : c’est-à-dire la Chypriote, Aphrodite – Vénus*, déesse de l’Amour, appelée ainsi en raison du principal centre de son culte se trouvant sur l’île de Chypre*.

Cythère : île de Grèce de la mer Égée, entre le Péloponnèse et la Crête, séjour mythologique de la déesse Vénus*, surnommée parfois Cythérée.

Dagon : dieu de la Fertilité, adoré par les Philistins*.

Dam : 1. dommage, atteinte, préjudice ; 2. par extension, regret.

Daniel : prophète biblique, conseiller de Nabuchodonosor puis de Darius. Tombé en disgrâce, il est jeté aux lions mais sa foi le fait échapper au supplice.

Darder : lancer avec la main.

David : deuxième roi d’Israël (xe siècle av. J.-C.). Considéré comme l’auteur des Psaumes de la Bible. Roi et prophète, David se montre aussi adultère et criminel : convoitant Bethsabée, il se débarrasse de son mari en l’envoyant se faire tuer au siège de Rabba.

Débile : faible.

Débilité : faiblesse physique.

Débonnaire : généreux, noble, mais aussi, clément, pacifique.

Déceler : révéler, trahir un secret, raconter ce qu’on ne devrait pas.

Décepteur : trompeur, fourbe.

Décevoir : tromper.

Déclinaison : déclin.

Déconfort : affliction, découragement.

Déduire : énumérer, exposer en détail.

Déduit : plaisir.

Défaire : tuer, faire mourir. Se défaire : se suicider.

Défaut : 1. manque ; 2. faute ; 3. condamnation en l’absence des accusés.

Dégâter : gâter

Degré, -s : marches, escaliers.

Délibérer : décider.

Départir : attribuer en partage. Se départir : verbe intransitif, se détacher.

Dépêcher : débarrasser, tuer.

Dépit, -e : 1. attristé, sujet au déplaisir, à la fâcherie mêlée de colère ; 2. sans pitié.

Dépiter : mépriser.

Déplaisir : profonde douleur, désespoir.

Déplorable : triste, que l’on pleure.

Déportement : acte, comportement.

Dépouille : proie, butin.

Dépouiller : déshabiller, prendre les vêtements de quelqu’un.

Déprier : prier, supplier.

Dépriser : déprécier, mépriser.

Depuis (du) : depuis ce moment, du moment où.

Derechef : 1. à nouveau ; 2. immédiatement.

Désastrer : désoler.

Desseigner : 1. projeter, prévoir ; 2. pour un crime, préméditer.

Dessein : projet, but.

Destraper / détraper (se) : débarrasser (se).

Détester : 1. avoir en horreur ; 2. maudire, faire des imprécations sur quelque

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chose ; 3. certifier le contraire de ce qui a déjà été dit.

Détraction : mensonge.

Deuil : affliction, douleur, profonde tristesse.

Devant, devant que : avant, avant de.

Devers : envers.

Dévider : dérouler un fil.

Devis : discussion.

Dévoyer (se) : perdre (se).

Dextre : main droite.

Dextrement : adroitement.

Diane : déesse romaine de la Chasse, de la Nature et de la Lune, en opposition à son jumeau Apollon - Phébus*.

Didon : fondatrice légendaire et première reine de Carthage et personnage de l’Énéide de Virgile. Amoureuse d’Énée*, elle se suicide, incapable de supporter son abandon.

Diligence (en) : rapidement, sans tarder.

Diligent, -e : rapide.

Dioclétien : (245-313) empereur romain de 284 à 305. D’humble naissance, il s’éleva peu à peu dans la hiérarchie militaire. Il fut proclamé empereur par ses soldats. Sous son empire fut menée la plus forte vague de répression contre les chrétiens.

Dire / dires : autre nom des Furies*.

Discord : 1. dispute, désaccord ; 2. (rarement) discours.

Dispos : disposé à.

Dits : paroles.

Divertir : détourner de.

Dol : tromperie, fraude, ruse, mauvaise foi.

Dolent : souffrant, triste, affligé.

Doler : tromper, abuser.

Douloir : 1. comme verbe, souffrir ; 2. comme nom, souffrance.

Douter : redouter.

Duit, -e : habitué.

Éaque : héros grec, fils de Jupiter*. Après sa mort, il devient juge des Enfers*, exerçant cette fonction avec Minos* et Rhadamante.

Ébat / ébatement : divertissement.

Écharsement : équitablement.

Efféminé : sans courage.

Effigie (exécution en) : à la suite d’une condamnation par contumace, le bourreau affiche sur un poteau de la place publique l’extrait du jugement, lisible par tout passant. Aux xvie et xviie siècles, on allait jusqu’à pendre ou trancher la tête à un mannequin.

Effort : fait accompli avec violence ou sous la contrainte.

Égypte :Lieu de l’esclavage d’Israël, sous la tyrannie de Pharaon*, dont Moïse le libéra. Par extension, toute servitude du mal.

Ejouir (s’) : se divertir, se réjouir.

Émerveiller (s’) : s’étonner.

Émouvoir : bouleverser, ébranler.

Empeiné : qui pose des difficultés, des obstacles.

Empyrée : le Paradis, le plus haut des cieux, où les Bienheureux jouissent de la vision de Dieu.

Ému, -e : 1. au sens propre, mis en mouvement ; 2. au sens figuré, troublé.

Enaigrir : rendre plus douloureux.

Encliner : inciter.

Enclore : enfermer.

Encores que : quoique.

Énée : prince troyen. Il échappe au saccage de sa ville et part avec son père et son fils vers l’Italie, annonçant la fondation de Rome.

Enfers : séjour mythologique des morts, gouverné par Pluton* et sa femme Proserpine. Ce lieu auquel on accède par des cavernes ou des grottes est divisé en trois parties distinctes : l’Érèbe*, lieu de passage pour toutes les âmes où elles expient leurs fautes pendant un certain temps, le Tartare* et les Champs-Élysées*. Il est parcouru par

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cinq fleuves, l’Achéron*, le Cocyte*, le Léthé*, le Phlégéthon* et le Styx*.

Enforger : enchaîner.

Ennui : au sens fort, chagrin, tristesse, souci, déplaisir, contrariété.

Ennuyé, -e : profondément triste, soucieux.

Ennuyer : attrister, contrarier.

Ensemble, ensemblement : tous ensemble.

Enserrer : enfermer.

Enter : allier, joindre, unir.

Entreparleur : personnage d’un poème dramatique.

Éole : roi des Vents.

Épancher : verser.

Épernon, Jean-Louis de Nogaret de La Valette, duc d’ : gentilhomme français et amiral de France (1554-1642). Favori du roi Henri* III, il était favorable aux négociations avec les protestants et pour cette raison haï par les Ligueurs qui l’accusèrent de sorcellerie. Il fut témoin direct de l’assassinat d’Henri* IV. En 1610, il demanda au Parlement d’accorder la régence à Marie de Médicis pendant la minorité de Louis XIII.

Époinçonnement : excitation.

Epoinçonner : exciter, attiser, affecter profondément.

Époindre : exciter, attiser, affecter profondément.

Érèbe : voir Enfers*.

Érinyes / Érinnes : voir Furies*.

Ès : en ce lieu, dans les.

Esclandre : malheur, accident fâcheux.

Escourgées : fouet composé de plusieurs cordes ou liens de cuir.

Èsquel / -le / -ls / -les : dans lequel, laquelle, lesquels, lesquelles.

Estoc : 1. épée droite et longue, faite pour transpercer ; 2. terme ancien pour désigner l’estomac* ; 3. lignée.

Estomac : cœur, poitrine, ventre.

Estour / étour : combat.

Ethnique : païen.

Étienne (saint) : premier martyr chrétien (Ier siècle) lapidé par les juifs à Jérusalem.

Étonnement : stupeur

Étonner : frapper de stupeur et d’effroi, comme le fait le bruit de tonnerre.

Étrange : étranger.

Étranger : éloigner.

Euménides : littéralement les « bienveillantes ». Autre nom des Furies*.

Évader : évacuer.

Excogiter : réfléchir, méditer.

Extoller : louer, magnifier.

Exquis, -e : choisi.

Extrémité : 1. dernière limite, point extrême ; 2. agonie.

Fâcheux : pénible, qui pose des problèmes, des difficultés.

Faconde : éloquence.

Facultés : fortune, disponibilité d’argent.

Faillir : manquer.

Fantaisie : 1. imagination ; 2. perception personnelle d’un fait selon sa sensibilité ; 3. caprice, bizarrerie, par opposition à la raison.

Fantastique : imaginaire.

Faux, -sse : trompeur.

Féal, -aux : 1. comme nom, vassal ; 2. comme adjectif : dévoué, fidèle, zélé.

Fémelot : articulation en métal entre le gouvernail et l’étambot par lequel il est fixé au navire.

Férir : porter un coup.

Fiance : confiance, foi.

Fier, -ère : (adjectif) sauvage, cruel, barbare.

Finement : avec ruse.

Fol : fou.

Forclore : 1. évincer, chasser ; 2. fermer ; 3. interdire, exclure. Participes passé : forclos, forclus.

Forfaire : commettre une faute, un délit, un crime.

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Forligner : dégénérer, ne pas suivre les bons exemples de ses ancêtres.

Fors : sauf, excepté.

Fortune : 1. bonheur ou malheur qui arrive par hasard, de manière fortuite ou imprévue ; 2. situation, biens que l’on a acquis soit par le mérite, soit par le hasard.

Fortune : divinité romaine du Destin, représentée aveugle et chauve — il est dur de l’attraper —, tenant à la main une roue qui symbolise les changements du destin et les revers de la chance.

Fortuné, -ée : heureux.

Fourbe : tromperie.

Franc : libre

Franchise : liberté.

François d’Anjou : prince de France, cinquième et dernier fils d’Henri* II et Catherine* de Médicis (1554-1584). Il porta le titre de duc d’Alençon jusqu’à l’avènement de son frère Henri* III. Sa tentative de soutenir la révolte des Flamands contre Philippe II se solda par un échec peu glorieux.

François Ier : (1494-1547), roi de France de 1515 à 1547, de la dynastie des Valois. Père de Henri* II.

François II : (1544-1560), roi de France de 1559 à 1560. Fils aîné de Henri* II et Catherine* de Médicis, il fut le premier époux de Marie Stuart. Il subit l’influence des Guise, oncles de sa femme, dans leur lutte contre le parti protestant.

Funéreux / funeureux : funeste, néfaste.

Furies : divinités du monde infernal dans la religion romaine. Elles sont très tôt assimilées aux Érinyes grecques. Nommées Alecto, Tisiphone et Mégère, elles châtient les forfaits, plus particulièrement la démesure, l’homicide et les crimes contre la famille ou contre l’ordre social. Avec leur corps ailé, leur chevelure de serpents, munies de torches et de fouets, elles tourmentent leurs victimes et les frappent de folie. Dans la tradition tardive, elles jouent le même rôle aux Enfers* où elles torturent les âmes des injustes.

Galant : 1. compère, complice rusé et sans scrupule ; 2. honnête homme, personne intelligente et distinguée ; 3. plus tardivement, amoureux.

Galanterie : amourette.

Garni : doué de, qui possède.

Gauchir : contourner par la gauche, dépasser.

Géhenne : torture appliquée aux criminels.

Géhenner : torturer.

Gendarme : soldat, cavalier armé au service du roi.

Gendarmerie : armée, cavalerie, corps composé de gens en armes.

Gêne / gêner : voir géhenne, géhenner.

Généreux : 1. de bonne race ; 2. par extension courageux.

Géniture : enfant, descendance.

Gent : (nom) race, famille.

Gent, -e : (adjectif) gentil, joli.

Gentil : païen.

Gentilité : communauté de païens.

Gésir : 1. Coucher, se reposer, et, par extension, être mort ; 2. S’accoupler, accoucher ; 3. Être situé, être placé.

Giron : partie du corps comprise entre la ceinture et le genou chez une personne assise.

Gloire : au sens religieux, révélation de la majesté divine, spectacle de la toute-puissance de Dieu.

Gorgone : à l’origine, trois filles – Méduse*, Euriale et Sthéno – de divinités marines d’une exceptionnelle beauté. Seule Méduse était mortelle. Méduse s’étant unie à Poséidon dans un temple d’Athéna, elles subissent la vengeance de cette déesse qui les transforme en monstres fabuleux à chevelure de serpents, aux dents de sanglier et aux ailes d’or, qui changent en pierre quiconque les fixe.

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Gracieux : aimable, bien disposé. Plein de grâce, à tous les sens de ce terme

Grégoire le grand (saint) ou Grégoire Ier : (vers 540-604) Docteur et Père de l’Église. Pape en 590.

Grief, -ève : douloureux, pesant, lourd.

Grièvement : douloureusement.

Grison : 1. gris ; 2. vieillard.

Grotton : grotte. Par extension : cachot

Guerdon : récompense.

Guerdonner : récompenser.

Guise : famille de grands seigneurs catholiques, parents des ducs de Lorraine. Ils furent de 1562 à 1588 les animateurs de la Ligue ; Henri III fit assassiner en 1588 le duc Henri et son frère.

Hanter : fréquenter.

Hantise : fréquentation assidue.

Hard / hart : corde avec laquelle on étrangle les criminels.

Harpies : divinités grecques de la génération pré-olympienne. Monstres à tête de femme et à corps de vautour, aux griffes acérées, elles sont des ravisseuses d’enfants et d’âmes.

Hasard : accident funeste, danger, péril.

Hasarder : 1. risquer, mettre en péril, exposer au danger ; 2. tenter le sort.

Hécate : déesse lunaire tricéphale, titanide terrifiante et néfaste, première épouse d’Hadès. Parfois assimilée à Diane ou Proserpine, elle se livre à la magie et la divination et peut convoquer des fantômes pour tourmenter les humains.

Hector : prince troyen, héros de l’Iliade. Hector est le plus vaillant défenseur de Troie* et le chef de son armée. Il tue plusieurs guerriers grecs, notamment Patrocle et encourt ainsi la vengeance d’Achille* qui le tue à son tour avant de traîner son corps autour des murailles de la ville.

Hélio / Hélios : divinité personnifiant le Soleil, il traverse le ciel sur un char de feu.

Henri II : (1519-1559) roi de France de 1547 à 1559. Fils de François* Ier, époux de Catherine* de Médicis et père de François* II, Charles* IX et Henri* III. Il reçut un éclat de lance mortel lors d’un tournoi contre Montgomery.

Henri III : (1551-1589) dernier roi de France de la dynastie des Valois (1574-1589). D’abord Henri de Valois, duc d’Anjou, il fut élu roi de Pologne mais rentra en France à la mort de son frère Charles* IX. Après avoir hésité entre les protestants et la Ligue, il se livra à une foi catholique mystique mais, trahi et humilié par les Guise, il les fit assassiner aux États généraux de Blois en 1588. Il se réconcilia avec Henri* de Navarre et entreprit avec lui de reconquérir Paris dont il avait dû fuir et qui était aux mains des catholiques. C’est au cours de ce siège qu’il mourut poignardé par le moine Jacques Clément.

Henri IV / Henri de Navarre / Henri le Grand : (1553-1610) roi de Navarre de 1572 à 1610 puis roi de France de 1589 à 1610. Époux en premières noces de Marguerite de Valois (1572). Protestant, il échappa au massacre de la Saint-Barthélemy* en abjurant une première fois. Héritier légitime de la couronne il succèda à Henri* III en 1589, mais ne fut accepté par la majorité des sujets qu’après son abjuration. Il rétablit la paix intérieure et extérieure et gagna en popularité. Après l’annulation de son mariage infécond avec la reine Marguerite, il épousa Marie de Médicis en 1600. Il mourut assassiné par Ravaillac le 14 mai 1610.

Hercule : héros romain assimilé à l’Héraclès grec. Fils de Jupiter*, il personnifie la force guerrière. Pour expier le meurtre de sa femme et de ses enfants, les dieux

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le condamnent à exécuter douze travaux, parmi lesquels tuer l’Hydre* de Lerne, tuer Diomède, combattre et tuer Géryon et lui prendre ses troupeaux ou encore enchaîner Cerbère*. Le centaure Nessos ayant tenté de violer sa seconde femme Déjanire, il le tue. Le centaure avait offert à Déjanire une tunique trempée dans son sang pour qu’elle en fasse cadeau à son mari. Lorsque Hercule revêt l’habit, il est dévoré par un feu invisible. Pour mettre fin à ses souffrances il se jette dans un bûcher sur le mont œta.

Hérode : Hérode Antipas, roi des Juifs et tétrarque de Galilée (37-4 avant J.-C.). Les Évangiles lui attribuent le massacre des Innocents, au moment de la naissance du Christ.

Hespérides : personnages mythologiques. Les Hespérides sont les trois filles d’Atlas et d’Hespéris, habitantes d’un jardin fabuleux situé aux confins du monde qui recèle un arbre donnant des pommes d’or gardé par un dragon à cent têtes. Cueillir des pommes de leur jardin est l’un des douze travaux d’Hercule*.

Heur : bonheur, chance.

Heure, à l’- : à ce moment-là. Dès l’heure : dès ce moment-là. Tout à l’heure : à l’instant.

Heuré, -ée : chanceux, heureux.

Heurer : destiner avec plus ou moins de chance.

Hippolyte : héros mythologique. Fils de Thésée, roi d’Athènes, il consacre à Diane* sa virginité ; il repousse les avances de Phèdre*, sa belle-mère. Pour se venger, celle-ci l’accuse de viol, ce qui pousse Thésée à maudire son fils. La colère de Neptune entraîne sa mort.

Holopherne : personnage biblique. Général de Nabuchodonosor*, il assiège la ville juive de Béthulie. Il est séduit par l’une de ses habitantes, Judith*, qui l’enivre et le décapite.

Honnir : mépriser, couvrir de honte.

Hospitalement : avec hospitalité.

Huer : terme de chasse : poursuivre à grands cris. Par extension : se moquer de quelqu’un.

Hydre : monstre femelle en forme de serpent à plusieurs têtes qui repoussent quand on les coupe. Hydre de Lerne : monstre à sept têtes vivant dans les marais putrides, terrassé par Hercule* et son neveu : alors que le premier tranche stratégiquement chaque tête, le second en brûle la base.

Hyménée / hymen : mariage, noces.

Hyrcanie : région d’Asie mineure, au sud-est de la mer Caspienne, réputée pour sa sauvagerie. Hyrcanien : d’Hycarnie.

Ibères / Ibériens : peuple établi dans une partie de l’Espagne à l’époque de la conquête romaine.

Ibérie : nom latin de l’Espagne.

Icelui / icelle / iceux / icelles : celui-ci / celle-ci / ceux-ci / celles-ci.

Illec : 1. celui-ci ; 2. en ce lieu.

Imbécile : faible.

Imbécillité : faiblesse physique et morale.

Impétrer : obtenir.

Impieux : impie, sacrilège.

Impiteux : cruel, impitoyable.

Impolu, -e : pur, non souillé.

Impudent : audacieux, insolent.

Incontinent : immédiatement, tout de suite. Incontinent que : dès que.

Indice : preuve.

Indiscret : manque de discernement, imprudent.

Indiscretion : imprudence.

Industrie : 1. habileté, dextérité, adresse ; 2. fonctionnement du corps humain, anatomie.

Infidele : païen ou musulman.

Inhospital, -aux : inhospitalier.

Injure : mal, blessure.

Intéresser : sensibiliser à, émouvoir.

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Iphigénie : fille d’Agamemnon sacrifiée par son père.

Ire : colère.

Ireux, -se : courroucé, irrité.

Isaac : fils d’Abraham* et père de Jacob. Second des grands patriarches bibliques.

Isacides : descendants d’Isaac*.

Israelites : fils d’Israël. Dans la Bible, après l’Exil, la dénomination est plus solennelle que « Juifs » et évoque leur passé fameux.

Ixion : prince thessalien qui, pour ses multiples sacrilèges, est condamné par Jupiter* à être éternellement lié à une roue enflammée sans cesse en mouvement.

 : contraction de l’adverbe déjà.

Jaçoit : encore que, bien que. Jaçoit que : bien que, quoique.

Janus : dieu italien gardien des portes de Rome. Son temple possède deux entrées fermées en temps de paix et ouvertes en temps de guerre pour que le dieu puisse porter secours aux Romains.

Jean l’Évangéliste (saint) : un des principaux des douze Apôtres de Jésus, et auteur de l’Évangile de Jean et de l’Apocalypse.

Jean Chrysostome (saint) : (vers 344-407) archevêque de Constantinople et l’un des Pères de l’Église grecque. Modèle des prédicateurs, il est reconnu pour son zèle et sa rigueur envers les mauvais chrétiens et les hérétiques, il est condamné à la demande de Théophile, patriarche d’Alexandrie, et meurt en exil.

Jérôme (saint) : Jérôme de Stridon (vers 340-420). Un des Pères et Docteur de l’Église vénéré tant des catholiques que des orthodoxes. Il est le premier traducteur de la Bible en latin depuis l’hébreu et le grec.

Joseph : 1. Onzième des douze fils de Jacob. L’ « Histoire de Joseph » rend compte de l’installation en Égypte des peuples d’Israël ; 2. Époux de Marie et « père de Jésus ».

Jourdain : fleuve de Palestine que les Hébreux traversent à pied sec pour entrer en Canaan.

Judith : héroïne juive. Pour sauver la ville de Béthulie assiégée par les soldats de Nabuchodonosor, elle séduit le général ennemi Holopherne* et lui coupe la tête alors qu’il est ivre. Cet épisode est utilisé de nombreuses fois dans les pamphlets anti-royaux pour justifier le tyrannicide.

Julien l’Apostat : empereur romain (361-363). Il rejeta le christianisme et rétablit la religion païenne à Rome. Il mourut en 363 en combattant les Perses.

Junon : déesse romaine de la Nature féminine, du Mariage et de la Fertilité, assimilée à l’Héra grecque. Épouse de Jupiter*.

Jupin : diminutif de Jupiter*.

Jupiter : dieu romain assimilé au Zeus des Grecs, principale divinité du panthéon romain. Nos textes désignent souvent sous ce nom le Dieu chrétien.

Là-bas : en enfer.

Lac / Lacs : 1. lacet, corde servant à la pendaison ; 2. filet ou piège avec un lien coulissant. Lachésis : voir Parques*.

Lairra / lairront : forme future du verbe laisser.

Las : hélas.

Lato : mère de Phébus* et de Diane*, maîtresse de Jupiter*. Poursuivie par Junon*, elle trouve refuge sur l’île de Délos où elle accouche.

Laurier : symbole de gloire et de succès.

Lestrygons : 1. peuple anthropophage habitant près de l’Etna qu’Ulysse* rencontre dans l’Odyssée ; 2. par extension, au singulier, être sanguinaire.

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Léthé : fleuve glacé des Enfers*, charriant les eaux de l’oubli. En buvant de son eau, les âmes des morts perdent tout souvenir de leur vie.

Ligue : association des villes et seigneurs catholiques contre le protestantisme, dirigée par la famille de Guise*. Elle s’oppose par les armes à Henri de Navarre jusqu’à son abjuration en 1593, et localement jusqu’en 1598.

Lors : alors.

Los : louange, gloire, renommée.

Loth : personnage biblique, neveu d’Abraham*. Jugé par Dieu le seul homme juste de Sodome, il est le seul épargné lors de la destruction de la ville.

Louvre : par extension, palais royal, voire paradis où trône le Dieu.

Loyer : rétribution, récompense.

Lucine : déesse romaine qui protège la maternité et préside aux accouchements.

Lucrèce : héroïne légendaire romaine, modèle de vertu. Sextus, fils du roi Tarquin le Superbe, viole Lucrèce qui se suicide ; en représailles, les Romains chassent le roi et établissent la République.

Lusitain : de Lusitanie*.

Lusitanie : province romaine d’Espagne correspondant à l’actuel Portugal.

Lys / Lys d’or : 1. ensemble des sujets du royaume de France ; 2. la famille royale dont le blason est d’azur à trois fleurs de lys d’or ; 3. les enfants royaux.

Madeleine ou Marie-Madeleine (sainte) : femme libérée par Jésus de « sept démons », ou prostituée, elle le suivit pour se mettre à son service. Elle est l’une des Saintes femmes qui accompagnent le Christ au moment de la Passion. Elle est la première à voir le Christ ressuscité et finit sa vie dans la pénitence.

Mahom / Mahon : Mahomet.

Malencontreux : qui apporte le malheur, la mauvaise fortune.

Malice : méchanceté perverse.

Malicieux : qui a rapport avec le Diable, du Malin.

Maltalent : mauvaise intention.

Mander : faire venir.

Maniaque : fou, pris de folie furieuse.

Manie : folie.

Marrir : contrarier, fâcher.

Mars : dieu romain de la guerre. Champ de Mars : champ de bataille.

Martyrer : martyriser, torturer.

Martyrologe : liste des martyrs.

Mavors : nom archaïque et poétique de Mars*, dieu de la guerre.

Méchant : 1. Mauvais, qui ne vaut rien, qui ne mérite aucune estime ; 2. Mécréant, impie.

Méchanceté : impiété.

Méchef : malheur, accident, grand crime.

Mécompter (se) : tromper (se).

Médée : magicienne célèbre pour ses crimes. Éprise de Jason, elle l’aide à s’emparer de la Toison* d’or et s’enfuit avec lui. Pour retarder la poursuite engagée par son père, elle dépèce son propre frère et jette un à un ses membres sur la route. Répudiée par Jason en faveur d’une autre femme, Médée égorge ses propres enfants.

Méduse : une des trois Gorgones*. Son regard a la capacité de pétrifier quiconque la regarde. D’abord présentée comme monstrueuse, on lui attribue ensuite une beauté remarquable.

Mégère : voir Furies*.

Menée : 1. intrigue, cabale ; 2. piste d’un animal fuyant.

Merci : 1. pitié ; 2. pardon.

Mercure : fils de Jupiter*, dieu du commerce, des échanges, des voleurs et de la parole. Il est réputé pour sa ruse. Il est identifié à l’Hermès grec.

Merveilleux : saisissant, étonnant.

Mignard : gracieux, délicat.

[1] Méchant : impie.

[2] Papas : religieux, prêtre.

[3] Tirer à quartier : déchirer, mettre en pièces.

[4] Fil d’archal : fil de laiton.

[5] Bab el Oued.

[6]Étoupe : chanvre, très inflammable.

[7] Comprendre : ils étaient loin de devoir le traîner.

[8] Colloque : conversation.

[9] Citation du Psaume lxv, 11.

[10] Commodité : occasion.

[11] Indiscrétion : manque de discernement

[12] Saint Antoine de Padoue est mort d’épuisement en prêchant (martyr par vertu et zèle) et non d’une mort violente.