Résumés
- Type de publication : Article de collectif
- Collectif : Traduction et culture. France - Îles britanniques
- Pages : 273 à 276
- Collection : POLEN - Pouvoirs, lettres, normes, n° 11
- Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
- EAN : 9782406080831
- ISBN : 978-2-406-08083-1
- ISSN : 2492-0150
- DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-08083-1.p.0273
- Éditeur : Classiques Garnier
- Mise en ligne : 05/11/2018
- Langue : Français
RÉSUMÉS
Jean-Philippe Genet, « Translation, traduction »
Les médiévistes préfèrent translation à traduction, connoté de normes modernes ; ce mot exprime transfert de structures culturelles ou politiques (translatio studii, translatio imperii). N’est-ce pas le cas de toutes les traductions, comme le montrent les linguistes en évaluant leur impact sur les transferts culturels ? Acteur d’un grand remplacement, vecteur d’influence ou agent de la guerre linguistique, le traducteur est devant un dilemme, fidélité littérale ou tentation du commentaire.
Jean-Philippe Genet, « The translation of political texts in English and French. A comparative view »
On traduit pour être compris. Pour la théorie politique, la traduction est nécessaire pour ceux qui ignorent le latin : le contenu des bibliothèques privées indique les groupes sociaux qui avaient besoin de traductions en Angleterre. Les politiques royales étaient différentes en France et en Angleterre : les rois français ont patronné la traduction en français de Philippe iii au xve siècle, quand les rois anglais ont laissé le patronage de la traduction en anglais aux élites sociales.
Yong-Jin Hong, « Langue et politique à la cour de Philippe VI et de Jean II »
La stratégie langagière de Philippe VI et de Jean II, en soutenant la production d’actes en français et la traduction en français, montre l’essor du français dans la société politique, l’installation de nouveaux usages linguistiques en fonction de opportunités, le recours à différentes tactiques de l’emploi de langues pour l’autorité royale selon les règnes, et enfin le rôle de la cour royale dans le développement d’une osmose entre les cultures cléricale et laïque.
274Aude Mairey, « Poetic translatio in England at the end of the Middle Ages »
Sont analysées dans cet article les œuvres poétiques d’auteurs importants (tels le Regement of Princes d’Hoccleve ou le Fall of Princes de Lydgate) de la première moitié du xve siècle. L’étude montre que leur recours à la versification doit être mis en relation non seulement avec un projet littéraire et le thème important de la translatio studii, mais aussi avec les contextes politique et culturel troublés de la période, marqués par l’usurpation lancastrienne et l’hérésie lollarde.
Pierre Kapitaniak, « Reginald Scot and the use of translations in early modern England »
Plusieurs des auteurs étrangers cités par Reginald Scot ont été traduits en anglais quand Scot écrit sa The Discoverie of Witchcraft (fin 1582 – début 1584). Cet article analyse les stratégies de Scot en matière de traduction (recours à l’original, à la traduction ou aux deux). Cet examen permet quelques remarques sur la façon de transmettre un texte, alors que le concept de propriété intellectuelle ne s’est pas encore imposé, et où la liberté prise par rapport au texte-source est très variable.
Christophe Tournu, « Paradise Lost de Milton (1674), “chef-d’œuvre de la poésie, mais désespoir réel de la traduction.” Abbé Le Roy, Le Paradis perdu, poëme traduit de l’anglois, de Milton, en vers françois (1775) »
Cet article analyse la première traduction en vers du Paradis perdu de Milton. Œuvre de l’abbé Le Roy, elle est révélatrice des « traductions-adaptations » de l’époque. Le traducteur obéit au classicisme du temps, pour adapter l’œuvre étrangère à ce que Voltaire appelle le goût de la nation. Les choix peuvent être subjectifs, mais obéissent à une logique extérieure, comme ici où le traducteur est homme d’Eglise, prédicateur du roi et membre d’une Académie dans un siècle en pleine mutation.
Robert Mankin, « Gibbon, Headington Hill and the ‘Versions of the East’ »
En 1752, contemplant la vue d’Headington Hill à Oxford, Gibbon cherchait dans la philologie la solution à la stérilité de son éducation. Ignorant les langues orientales, il écrivit son History of the Decline and Fall of the Roman Empire 275à partir de versions en latin, français et anglais. Déplaçant le problème de la traduction, il use positivement de l’ignorance. Les transferts de connaissance via la traduction permettent de s’accommoder de l’ignorance, thème récurrent dans cette discussion.
Edmond Dziembowski, « Tentation libérale et propagande radicale. La traduction des écrits politiques britanniques par le secrétariat d’État des Affaires étrangères dans la seconde moitié du xviiie siècle »
Pendant la guerre de Sept Ans, puis lors de la révolution américaine, le ministère français lance une campagne de propagande fondée sur la traduction de pamphlets et de journaux politiques britanniques. Les effets idéologiques de cette stratégie de persuasion publique ne sont pas négligeables. En publiant en français les écrits de l’opposition britannique puis ceux des Insurgents d’Amérique, Versailles favorise la diffusion en France d’idées contraires aux fondements doctrinaux du régime.
Sylvie Kleinman, « ‘In the service of two masters’. Irish translators as power mediators and nationalist agitators in Revolutionary France, 1792-1798 »
Les révolutionnaires irlandais s’allièrent à la France en 1793 contre l’ennemi commun, la Grande-Bretagne. Cet épisode de l’histoire du nationalisme irlandais montre des bilingues devenus traducteurs pour faciliter la stratégie militaire et diffuser la propagande révolutionnaire. Pourtant, les exilés irlandais en France travaillant officiellement comme traducteurs étaient aussi libres d’agir pour la souveraineté nationale irlandaise, servant ainsi deux maîtres ouvertement.
Marcella Frisani, « A bit too French. Usages et constructions de la Frenchness dans le marché britannique de la contemporary fiction en traduction, au xxie siècle »
La circulation de la fiction contemporaine de langue française dans le marché britannique de la traduction, constitue un enjeu et un terrain de confrontation sur lequel se positionnent et prennent position plusieurs agents de la médiation. Dans un champ extrêmement compétitif et peu enclin à la prise de risque, la Frenchness guide les choix d’éditeurs et d’acteurs institutionnels. Cet article analyse les gains, symboliques et distinctifs, associés aux usages de cette catégorie abstraite.
276Gisèle Sapiro, « Le déclin de la littérature anglaise sur le marché mondial de la traduction. L’exemple des éditions Gallimard »
Prenant pour appui le catalogue des prestigieuses éditions Gallimard, cet article montre que la position de la littérature anglaise, autrefois dominante, a décliné au profit de la littérature américaine, même si elle conserve cette position dans le domaine des classiques. Cette évolution est étudiée par une analyse quantitative du catalogue depuis la création de la maison en 1911, focalisée sur les collections Du monde entier, Série noire, Bibliothèque de la Pléiade, et Poésie.