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Classiques Garnier

Résumés

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Résumés

Nicole Gengoux, « Lathéisme au xviie siècle : une aporie morale ou politique ? La naissance douloureuse de lidée de tolérance dans le Theophrastus redivivus »

Cet article aborde la question de laporie morale et politique de lathéisme au xviie siècle chez les libertins érudits, qui partagent majoritairement la thèse de limposture des religions. Létude sintéresse principalement à lauteur athée et (donc) anonyme du Theophrastus redivivus (1659) qui démontre quil nexiste aucun dieu, aucune « transcendance », mais affirme dans le même temps quil faut chasser lathéisme de la cité.

Antony McKenna, « Pierre Bayle, liberté de conscience, liberté de penser »

Cet article insiste sur le rationalisme moral de Bayle afin de mettre en question son supposé scepticisme, de délimiter le domaine des droits de la conscience, de dissiper le faux problème du persécuteur de bonne foi, danalyser les termes dans lesquels il bannit lathéisme de la Cité, et enfin afin de mieux saisir la contradiction entre le rationalisme moral du Commentaire philosophique où est fondée la doctrine baylienne de la tolérance et le fidéisme extrême du Dictionnaire.

Jacques-Louis Lantoine, « Tolérer pour tenir en respect ? La défense de la liberté de philosopher chez Spinoza »

Cette contribution montre comment Spinoza tente de constituer politiquement un champ épistémologique de la pensée libre, et non pas simplement un champ politique de coexistence respectueuse des croyances. Sil sagit bien de constituer un champ, cest parce que le problème est posé dans les termes dun rapport de forces : il faut instituer le principe de la liberté de philosopher pour autoriser la raison à lutter contre les préjugés, institution qui passe par lÉtat.

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Alain Sandrier, « Tolérer [selon] lathéisme. Les leçons du baron dHolbach »

Cet article soulève deux questions : il sagit aussi bien de savoir si le débat didées pouvait « tolérer lathéisme » dans cette expression franche et tranchée que lui a donnée le baron dHolbach ; mais aussi quel pourrait être un point de vue athée sur la tolérance religieuse : malgré lintolérance religieuse dont on les accuse, les athées sont-ils bien placés pour parler de tolérance et que peuvent-ils entendre par là ?

Francine Markovits Pessel, « Figures de lathéisme »

Cette étude aborde la question de lidentification de lathée par le biais des accusations, cest-à-dire comme une imputation. Cette démarche croise les déterminations de lathéisme et du scepticisme, en considérant que lathéisme nest pas seulement la négation de la personnalité de Dieu ni labsence de croyance, mais suppose toute une systématicité conceptuelle que cet article met en évidence.

Sophie Wahnich, « Quelle place pour lathéisme après le décret sur lÊtre suprême du 18 floréal an II ? »

La question de lathéisme dans le moment révolutionnaire français prend une acuité particulière après le décret du 18 floréal an II (7 mai 1794), dans lévénement lui-même puis dans lhistoriographie qui le considère comme un décret théocratique. De fait il affirme un rapport intense à ce qui est tantôt nommé « Être suprême » tantôt « Divinité ». Cet article analyse le présent de ce décret et de la fête de lÊtre suprême, et défend lidée dune place pour le fait religieux en République.

Frédéric Brahami, « Comte : pourquoi la religion ? »

Cet article rend compte de la solution apportée par Comte au problème posé par la Révolution française. Ce problème est celui de linadéquation entre les principes idéaux dégalité et de liberté et la réalité brutalement hiérarchisée des rapports sociaux dans le monde industriel, inadéquation qui produit la dissolution de la société ainsi que la dégradation des individus. Or pour Comte, la solution à ce problème ne peut être quune solution religieuse.

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Lucie Rey, « La critique de lathéisme philosophique et du protestantisme dans lEncyclopédie nouvelle »

Cette étude sintéresse à un héritage méconnu de la philosophie des Lumières et de la Révolution française au xixe siècle : lEncyclopédie nouvelle de Pierre Leroux et Jean Reynaud. Cet ouvrage constitue une interprétation riche et complexe de la modernité qui vient brouiller les lignes de compréhension ordinaires, tout particulièrement en ce qui concerne la question de lathéisme et de la place de la religion dans la société post-révolutionnaire.

Louise Ferté, « La critique de lathéisme chez Quinet »

Edgar Quinet croit en la force de la religion sur la scène politique pour sceller la Révolution française : lathéisme, en privant la politique républicaine de ses fondements religieux, représente un danger. Cette contribution montre ainsi que la critique virulente de Quinet à légard de toute institution ecclésiastique saccompagne dune foi profonde et dune pensée religieuse qui rejette tout autant lidée dune société athée que celle de lathéisme au sein de la société religieuse.

Georges Navet, « Lantithéisme de P.-J. Proudhon »

Cet article interroge les raisons qui ont poussé Proudhon à introduire le mot « antithéisme » en philosophie : en quoi désigne-t-il une idée nouvelle distincte de lathéisme ? En effet, Proudhon se défend dêtre athée : pour lui, lexistence de Dieu ne peut ni être prouvée, ni être récusée par la raison. Cette étude éclaire cet antithéisme à partir dune citation du Système des contradictions économiques dans laquelle Proudhon affirme son besoin de l« hypothèse de Dieu ».

Jacqueline Lalouette, « La morale laïque et le religieux. Débats entre républicains (1880-1905) »

Cette étude rend compte dun problème essentiel pour les figures majeures de la IIIe République, celui des fondements de la morale et de ses liens avec les religions positives, notamment dans le domaine scolaire. Les républicains divergent à ce sujet. Larticle analyse ces divergences à partir de la présentation de six pensées républicaines : celles de Jules Ferry, Paul Bert, Jules Simon, Ferdinand Buisson, Émile Combes et Jean Jaurès.

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Anne-Claire Husser, « Ferdinand Buisson et lathéisme. Une reconnaissance ambiguë »

La question de lathéisme offre un observatoire privilégié des tensions qui sous-tendent lapproche buissonienne de la laïcité : elle invite à interroger les conditions de possibilité ainsi que le coût théorique de sa tentative de conciliation des options spirituelles les plus éloignées. Cet article rend compte de leffort engagé par Ferdinand Buisson pour jeter les bases dune spiritualité laïque à même de susciter ladhésion des croyants comme des athées.