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Classiques Garnier

Introduction à la troisième partie

  • Type de publication : Chapitre d’ouvrage
  • Ouvrage : Théorie(s) de l’ecphrasis entre Antiquité et première modernité
  • Pages : 201 à 201
  • Collection : L'Univers rhétorique, n° 7
  • Thème CLIL : 3154 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Linguistique, Sciences du langage -- Stylistique et analyse du discours, esthétique
  • EAN : 9782406085881
  • ISBN : 978-2-406-08588-1
  • ISSN : 2271-703X
  • DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-08588-1.p.0201
  • Éditeur : Classiques Garnier
  • Mise en ligne : 19/04/2019
  • Langue : Français
201

« Il ny a rien qui ne puisse être décrit », affirme le P. Masen dans sa Palæstra oratoria. Morceau de bravoure et séquence pathétique, en effet, le discours descriptif ne se cantonne pas aux seuls passages décoratifs. Il peut également assumer une fonction argumentative et participer dune visée plus faiblement informative. Tout peut être revêtu de léclat de lenargeia, tout peut devenir un spectacle, pour charmer, émouvoir, persuader. De ce fait, la description constitue lun des ressorts le plus puissants de larsenal de lorateur. Elle peut rehausser les objets les plus infimes, comme anéantir les plus élevés. Mais si tout peut être décrit, comment maîtriser une matière aussi ample ? Car on la vu, si tout peut faire lobjet dune représentation énargique, tout ne doit pas pour autant être mis devant les yeux.

Les mises en garde des théoriciens contre lexcès des détails dénoncent notamment le risque dune hypertrophie descriptive aussi bien que de lintroduction dimages malséantes. Les rhéteurs antiques le faisaient déjà remarquer, il ne faut pas sattarder sur certains détails ouvrant la voie à la représentation de lhorreur ou de ce qui nest pas moralement ou socialement tolérable. La description, en effet, qui est dautant plus efficace quelle sinsinue dans limagination, voire lenvahit, se rapproche dangereusement des limites de lacceptable. Pour endiguer cette prolifération dimages, et pour donner aux écoliers et futurs orateurs des inventaires raisonnés de thèmes descriptifs, les théoriciens ont recensé des catégories générales dobjets le plus fréquemment décrits.

Pour mieux cerner les traits de lecphrasis telle quelle parvient aux écrivains et aux lecteurs dAncien Régime, il nous semble utile de nous pencher sur la théorie de la description dans cette perspective thématique, autrement dit de passer en revue les objets de la description tels quils ont été traités dans les ouvrages sur lesquels sappuie notre étude. Pour ce faire, nous nous proposons daborder dans le détail les principales catégories descriptives proposées par les traités et Progymnasmata antiques, et leur réception à lâge prémoderne : descriptions de personnes, dactions et choses, de lieux et de moments.