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Classiques Garnier

Résumés

  • Type de publication : Article de collectif
  • Collectif : Théophile Gautier et la religion de l’art
  • Pages : 247 à 250
  • Collection : Rencontres, n° 306
  • Série : Études dix-neuviémistes, n° 37
  • Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
  • EAN : 9782406060765
  • ISBN : 978-2-406-06076-5
  • ISSN : 2261-1851
  • DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-06076-5.p.0247
  • Éditeur : Classiques Garnier
  • Mise en ligne : 23/03/2018
  • Langue : Français
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Résumés

Christopher Bains, « Un regard interdisciplinaire. Gautier et le Beau fantastique »

Théoricien avisé de la modernité, Baudelaire est lun des premiers à identifier la relation entre la critique de Gautier et son œuvre littéraire. Comment donc expliquer ce retour constant de lauteur au mode fantastique dans son œuvre littéraire et son engagement à sen inspirer pour influencer, fertiliser, ou « contaminer » dautres sphères de sa création ? Ceci conduit à se questionner sur la nature des ouvertures interdisciplinaires que lon peut reconnaître dans son œuvre critique.

Corinne Bayle, « La célébration européenne du théâtre dans LArt moderne. La rémanence des images »

Dans LArt moderne (1856), « Shakespeare aux Funambules », « Le Théâtre à Munich », et « Le Théâtre du Psi de Cassiopée » interrogent lart dramatique comme rite social et religieux, à travers la célébration dune culture européenne, faisant revivre le passé, exaltant le présent, en une modernité romantique. Par-delà lactualité des spectacles, Gautier questionne la persistance des images dans la mémoire, en comparant les mises en scène éphémères à des tableaux de rêve, propices aux fantômes.

Barbara Bohac, « Le Barbare face au civilisé. Une figure de la religion de lart chez Théophile Gautier »

Dans ses articles sur les sections orientales de lExposition universelle de Londres comme dans le roman Fortunio, Gautier fait du barbare la figure dune religion de lart et le repoussoir du civilisé contemporain, en qui lesprit protestant et bourgeois a tué le goût de lidéal. Revenir à lart barbare en pleine modernité est certes chimérique : la fin de Fortunio le montre ; mais une religion de lart au présent reste possible, fondée sur un syncrétisme artistique et un sens de la mesure.

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Wolfgang Drost, « Laesthetica in nuce de Gautier et sa recension de Töpffer. Du beau et de sa subversion »

Gautier profite de son compte rendu des Réflexions et menus propos dun peintre genevois par Rodolphe Töpffer, pour esquisser sa propre théorie de lart. Il y défend lart pour lart attaqué par auteur suisse, formule sa réserve face au christianisme, religion de la souffrance et du laid, et se refuse à « lidéalisme effréné » de Kant. Daccord avec Töpffer, il condamne tout art se bornant à une simple reproduction de la réalité : à la beauté du monde réel convient une place importante dans la création artistique.

Anne Geisler-Szmulewicz, « Gautier et le bel objet »

Peinture sur verre, éventails, céramique, orfèvrerie, les formes variées des beaux objets qui retiennent lattention de Gautier durant toute sa carrière critique témoignent de la force et de la constance de sa passion pour eux. La beauté où quelle soit produit toujours le même saisissement. Létude des textes permet de mettre en lumière dune part la transmutation opérée par lart, dautre part de comprendre comment lauteur dépasse lopposition entre le beau et lutile associée trop souvent à son nom.

Pierre Georgel, « “Aussi bien un peintre quun poète”. Gautier et les dessins de Victor Hugo »

En 1838, Théophile Gautier a été le premier critique à révéler lexistence dune partie méconnue de lœuvre de Victor Hugo : ses dessins. Quatorze ans plus tard, il en reparle dans un simple paragraphe du bel article sur la vente du mobilier de lexilé ; encore dix ans plus tard, il publie un avant-propos à lunique album de dessins publié du vivant de Hugo. Le génie de Hugo se révèle à travers toutes les formes dexpression. Cest pourquoi Gautier senthousiasme des dessins dun poète qui « est aussi un peintre ».

Marie-Hélène Girard, « Théophile Gautier et léternité de lart »

La conviction que la Beauté confère léternité aux œuvres dart est lun des dogmes de la religion de lart de Gautier, qui létaya sur lApothéose dHomère dIngres, et sur la lecture du Second Faust de Goethe, dont il retint lidée que la création nest jamais quun retour rétrospectif aux archétypes de lantique 249beauté hérités des Grecs. Il en conçut une conception vivante et opératoire de la tradition, propre à garantir limmortalité des œuvres par leur faculté dabstraire lhomme des contingences de lhistoire.

Lois Cassandra Hamrick, « Être un autre. Au-delà de la théorie dans la critique dart de Gautier »

« Nous navons pas dautre religion que lart lui-même … les arts ne sont pas des systèmes », écrit Gautier en 1836. En 1856, il semble aller plus loin, en proposant de rencontrer lartiste sur son propre terrain : « Pourquoi se priver du plaisir dêtre pour quelque temps un autre ? » Comment comprendre une telle esthétique paradoxale qui, en rejetant la théorie en faveur de la « religion » de lart, annonce la notion de Baudelaire selon laquelle le poète « peut à sa guise être lui-même et autrui » ?

Martine Lavaud, « Le syndrome dOctavien et le complexe de Candaule »

Intrigué par la nature de lart, lémotion quelle suscite, sa capacité à nouer lesthétique à lérotique, luniversel au singulier, le public au privé, Gautier met en évidence deux phénomènes : le syndrome dOctavien, qui tout en évoquant celui de Stendhal sen différencie et ancre lart dans le réel où se poursuit la quête du modèle et du geste créateur ; et le complexe de Candaule, qui pointe du doigt la question de lexposition du Beau et par là-même, celle de son utilité publique.

Alain Montandon, « Théophile Gautier, un admirateur enthousiaste. De la critique dart comme exercice dadmiration »

Admirer, leitmotiv récurrent dans la critique dart de Gautier, a pour fonction de redonner sa valeur à lart pour le public contemporain. Le terme admirable a une fonction dindexation, de focalisation, de jugement, mais aussi de stéréotype pour éviter de plus longues descriptions tout en ayant une fonction performative. Le romantique se livre à lobjet de son enthousiasme, mais lart dans sa dimension sacré nest plus apprécié par ce siècle et le soleil de lenthousiasme se teinte de nostalgie.

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Myriam Robic, « “Des dieux que lart toujours révère”. Lhellénisme dÉmaux et camées »

Dans Émaux et camées, lhellénisme, à première vue discret lorsque lon consulte le sommaire du recueil, occupe une place stratégique : le fort potentiel autobiographique des textes vient ainsi sassocier audacieusement à lhellénisme par le truchement dallusions et de métaphores mythologiques disséminées dans lensemble du recueil, et de références artistiques antiques ou contemporaines qui créent un pont entre lantiquité et la modernité.

Thierry Roger, « Culte de lArt et liturgie funèbre. Lecture de La Comédie de la Mort »

Il sagit ici de tenir ensemble « le problème de la mort » et « la consolation par les arts », en situant Gautier au sein dune histoire littéraire de la finitude. En interrogeant lhistoire de la réception de La Comédie de la mort, comme la structure du recueil, trop peu commentée, cet article montre que cet opus édifie poétiquement un livre-cathédrale, plus quil ne dresse un Kolossos daprès la mort de Dieu.

Marie-Claude Schapira, « Théophile Gautier, dévot de lart ? »

De religion, Gautier ne connaît que lart dont il est un fervent dévot en ce sens quil développe une sorte didolâtrie addictive qui le conduit à chercher ailleurs et autrefois les modèles de ses fictions. La critique a longtemps loué, non parfois sans condescendance, une œuvre impressionnante de perfection formelle. Aujourdhui, il reste à approcher, par-delà la virtuosité langagière, une poétique sophistiquée qui duplique sans imiter et fait de la lucidité ironique un instrument au service de la modernité.

Paolo Tortonese, « La ruse de lart. Gautier, lesthétique et la civilisation »

Au cœur de lœuvre de Gautier, se creuse une scission de lart et de la civilisation, et la revendication dune sympathie secrète entre lart et la barbarie. Mais à la fin de sa vie, lhistoire contraint lauteur de Mademoiselle de Maupin à renverser son opinion. Les événements parisiens de lhiver 1870-1871, notamment la Commune et surtout la semaine sanglante fin mai 1871, ont poussé Gautier à sexprimer autrement. Cet article démêle lécheveau des rapports entre lart, la barbarie et la civilisation dans sa pensée.