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Classiques Garnier

Principales sources

  • Publication type: Book chapter
  • Book: Sous la leçon des vents. Le monde d’André Thevet, cosmographe de la Renaissance
  • Pages: 567 to 572
  • Collection: World Geographies, n° 28
  • CLIL theme: 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
  • EAN: 9782406112365
  • ISBN: 978-2-406-11236-5
  • ISSN: 1775-3503
  • DOI: 10.15122/isbn.978-2-406-11236-5.p.0567
  • Publisher: Classiques Garnier
  • Online publication: 02-15-2021
  • Language: French
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PRINCIPALES SOURCES

« Le mythe de François Ier, de Clément Marot à André Thevet », Humanism and Letters in the age of François Ier. Proceedings of the Fourth Cambridge French Renaissance Colloquium, 19-21 September 1994, Cambridge, Clare College, Cambridge French Colloquia, 1996, p. 55-72.

« Le Paris des cosmographes (xvie siècle) », Paris, carrefour culturel autour de 1500, sous la direction dOlivier Millet et Luigi-Alberto Sanchi, Cahier Saulnier no 33, Paris, Presses de lUniversité Paris-Sorbonne, 2017, p. 7-14.

« Le portrait et la vie de Jean de Meung par André Thevet (1584) », La Question du sens au Moyen Âge. Hommage au professeur Armand Strubel, études réunies par Dominique Boutet et Catherine Nicolas, Paris, Honoré Champion, 2017, p. 137-149.

« Autour du portrait de Michel de LHospital : Bèze et Thevet », De Michel de LHospital à lédit de Nantes. Politique et religion face aux Églises, sous la direction de Thierry Wanegffelen, Clermont-Ferrand, Presses Universitaires Blaise-Pascal, 2002, p. 137-150.

« André Thevet et les Guises », Le Mécénat et linfluence des Guises. Actes du Colloque tenu à Joinville du 31 mai au 4 juin 1994. Études réunies par Yvonne Bellenger, Paris, Honoré Champion, 1997, p. 211-231.

« La Religion dAndré Thevet : Nicole Aubry et lillustre Bérenger ».

Ce chapitre est la version refondue et amplifiée dun fragment de thèse soutenue à lUniversité de Paris XII-Val-de-Marne en octobre 1988 : André Thevet, cosmographe, t. I, p. 287-302 : « Épilogue de la Première Partie ».

« Linvention du tombeau de Cicéron à Zante : une fiction archéologique à la Renaissance, de Hugo Favolius à André Thevet », Inventions et Découvertes au temps de la Renaissance, éd. M. T. Jones-Davies, Paris, Klincksieck, 1994, p. 89-105.

« De lOlive à la Cosmographie : Joachim du Bellay et André Thevet », Du Bellay. Actes du Colloque international dAngers (mai 1989), Angers, Presses de lUniversité dAngers, 1990, t. I, p 103-118.

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Le texte de la communication était suivi de la transcription du débat, reproduite ci-après :

Geneviève Demerson : Je vous trouve un peu sévère pour les auteurs de pièces liminaires. Jean Dorat, par exemple, était-il « stipendié », comme vous dites ? Toujours est-il que son Ode latine à Thevet est un texte magnifique. Au-delà du prétexte que lui a offert Thevet, il reste quil a su exprimer dans ces vers une vision du monde dune rare puissance.

Frank Lestringant : Je crois, comme vous, quil faut prendre très au sérieux cette poésie encomiastique, qui aboutit, avec lOde de Dorat dont vous parlez ou celle de Guy Le Fèvre de La Boderie, adressée au même Thevet, à des réussites incontestables. La condition de poète « stipendié » ou pensionné, si vous préférez, ninterdit nullement la réussite esthétique et philosophique de ces pièces de commande. Du reste, il faut sentendre sur les mots. Je nai pas voulu dire que Dorat ou Du Bellay avaient été payés pour la composition de ces poèmes. Thevet et Dorat avaient des protecteurs communs, et cela suffit.

Limportant me paraît être le fait que ces liens de clientélisme ont favorisé une rencontre qui sest effectivement produite entre la poésie nouvelle de la Pléiade et la révolution géographique découlant des Grandes Découvertes. Contrairement à ce qui a été dit parfois (je pense à la préface de Roger Le Moine à son anthologie LAmérique et les poètes français de la Renaissance), cette rencontre a bien eu lieu, même si elle nest pas allée parfois sans malentendus ni sans limites. À preuve, dans le sonnet de Du Bellay retouché par Thevet, le remplacement du mot « Orient » par le mot « Univers ». Il y a un changement de paradigme. LOrient est plus riche du point de vue mythologique, mais inexact du point de vue cosmographique.

G. D.  : Cette confusion me paraît très profonde. Quand on lit les épopées sur la découverte du Nouveau Monde, on est constamment dans cette ambiguïté entre lAncien et le Nouveau, lOrient et lOccident, le légendaire traditionnel et la géographie nouvelle. On sait que les conquérants ont trouvé à lOuest ce quils sattendaient à trouver à lEst. Le ver est dans le fruit. Ça me paraît impossible de penser autrement.

F. L.  : Daccord. Mais il est intéressant de voir que Thevet, à la date de 1575, sest senti obligé de remplacer ce mot d« Orient » par celui 569d« Univers », qui est effectivement beaucoup plus plat et plus pâle, et qui na pas le rayonnement quasi magique de l« Orient ».

André Stegmann  : Il est certain que très tôt, bien avant 1575, la découverte de lAmérique est passée relativement au premier plan, au détriment de ce qui était la connaissance de lOrient. Précisons bien que lOrient ne veut pas dire le Proche-Orient, mais lExtrême-Orient. Alors, dans la mesure où on a bien connu les découvertes portugaises et espagnoles, il est certain quà ce moment-là lévolution sest faite très vite, et cela explique le passage du mot « Orient » au mot « Univers ».

F. L. : Je ne suis pas sûr que lévolution se soit faite aussi vite que vous le dites. Il y a un tropisme oriental qui demeure très tard dans le siècle. Dans ses Nouveaux Horizons de la Renaissance française, livre discutable par certains côtés, Geoffroy Atkinson a recensé beaucoup plus douvrages sur lOrient, et surtout le Proche-Orient, que sur les Indes Occidentales, sur lesquelles il y avait peu à dire1.

Michel Simonin : Je voudrais attirer lattention sur une particularité intéressante : cest cette vie (on ne peut pas parler de survie) active de Du Bellay longtemps après sa mort. À la lecture du dossier qui nous a été remis, je vois lample « Discours des quatre Etats », publié en 15882. Ce nest pas là une date banale, et il ne sagit pas dune réimpression commerciale. Laspect frappant, que confirme lexposé que lon vient dentendre, cest lactualité durable de Du Bellay. Il est fascinant de voir quun homme mort en 1560, alors que la situation politique est très différente, demeure aussi présent.

Seconde remarque, et cest une question pour lorateur : il y a dans les vers de Ronsard une allusion à la politique quHenri III aurait voulu conduire outre-mer. Cest un sonnet encomiastique, dans lequel il félicite le roi pour ses intentions colonialistes vers lAmérique.

F. L. : Oui. II existe à ce moment-là un projet de reconquête du Brésil. À la suite de la mort de Dom Sébastien, roi du Portugal, Catherine de Médicis ambitionne de récupérer au profit de son fils, le duc dAnjou, 570cette colonie jadis convoitée par les Français. Cest ce que Charles de La Roncière a pompeusement appelé « le secret de la Reine ». Un plan doccupation du Nordeste et de la baie de Rio est élaboré dès 1579. Laffaire va échouer après une défaite française retentissante, la bataille navale de la Terceira en juillet 1582. Le Brésil, qui est un peu oublié après 1560, revient donc au premier plan de lactualité au tournant des années 1580. Cest dans ce contexte que Montaigne écrit le chapitre « Des Cannibales ». On ne parlait plus du Brésil depuis vingt ans, et tout dun coup il revient en force. 

« Pour une lecture politique du théâtre de Robert Garnier : le commentaire dAndré Thevet en 1584 », Parcours et Rencontres. Mélanges offerts à Enea Balmas, Paris, Klincksieck, 1993, t. I, p. 405-422.

« Histoires tragiques et Vies des hommes illustres : la rencontre des genres. À propos de quelques histoires orientales chez Belleforest et Thevet », Travaux de littérature, t. XIII, 2000, p. 49-67.

« Étrange Afrique : de Ca da Mosto à Thevet », in M. T. Jones-Davies éd., LÉtranger : identité et altérité au temps de la Renaissance, Université de Paris-Sorbonne, Colloque du SIRIR, Paris, Klincksieck, 1996, p. 37-47.

« Le récit de voyage et la question des genres : lexemple des Singularitez de la France Antarctique dAndré Thevet (1557) », Revue française dhistoire du livre, no 96-97, 3e et 4e trimestres 1997, p. 249-264.

« Tremblements chez Thevet », Figurations du volcan à la Renaissance. Actes du Colloque international du CERHAC de lUniversité Blaise Pascal, 8-9 octobre 1999, éd. Dominique Bertrand, Paris, Champion, 2001, p. 75-87.

« Lexpérience dAndré Thevet : empire de la cosmographie et refus de lalchimie », Alchimie et philosophie à la Renaissance, sous la direction de Jean-Claude Margolin et Sylvain Matton, Paris, Vrin, 1993, p. 289-306.

« La “Chasse de poissons”. Un emblème de lhumaine condition dans lhistoire naturelle à la Renaissance », LUomo e la natura nel Rinascimento (Chianciano-Montepulciano, 20-23 luglio 1992), a cura di Luisa Rotondi Secchi Tarugi, Milan, Nuovi Orizzonti, 1996, p. 331-353.

« Les Animaux qui vivent de vent », LAnimal sauvage à la Renaissance. Colloque international organisé par la Société française détude du xvie siècle 571et Cambridge French Colloquia (Cambridge, 3-6 septembre 2004). Actes réunis et édités par Philip Ford, Cambridge, Cambridge French Colloquia, 2007, p. 357-380

« La flèche du Patagon ou la preuve des lointains : sur un chapitre dAndré Thevet », Voyager à la Renaissance, éd. Jean Céard et Jean-Claude Margolin, Paris, Maisonneuve et Larose, 1987, p. 467-496.

« Nouvelle-France et fiction cosmographique dans lœuvre dAndré Thevet », Études littéraires (Québec), 10, 1977, p. 145-173.

Ce tout premier article consacré à André Thevet porte la marque de deux grands maîtres aujourdhui disparus, Michel de Certeau, qui la suscité, et Louis Marin, qui la lu. Tout en introduisant les corrections et les allègements nécessaires, jai souhaité lui conserver son style dépoque, inutilement contourné parfois, mais riche daudace théorique. Ce morceau dapprentissage était accompagné de cette note liminaire :

Le présent chapitre sinscrit dans un travail plus vaste consacré au genre de la cosmographie au seizième siècle, et plus particulièrement à lœuvre dAndré Thevet. On se propose danalyser le processus par lequel le cosmographe, courtisan et en même temps – de par le règne quil prétend exercer sur lensemble des objets du savoir – homologue du souverain, peut introduire la fiction dans un texte prétendu scientifique, jusquà substituer à la relation des « données objectives » de lépoque une œuvre dauteur. Cette étude de genre implique pour corollaire une analyse du rapport du texte au pouvoir politique. Lautorité du monarque garantit le discours du cosmographe-sujet et interdit le départ que nous pourrions tracer entre science et fiction, ou, pour être plus exact, entre linterprétation générale du monde que se donne à elle-même la société de la Renaissance, et linterprétation subjective que le cosmographe, en son nom propre, vient greffer sur la précédente.

« Voyage dédoublé, voyage éclaté. Le morcellement des Terres Neuves dans lHistoire de deux voyages dAndré Thevet (c. 1586) », Études françaises (Montréal), 22-2, 1986, p. 17-34.

« Le Grand Insulaire et Pilotage, source pour lhistoire maritime », Pour une histoire du “fait maritime”. Sources et champ de recherche, sous la direction de Christiane Villain-Gandossi et Éric Rieth, Paris, Éditions du Comité des Travaux historiques et scientifiques, 2001, p. 385-399.

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Cette étude souvrait par un paragraphe dhommage à la mémoire de Michel Mollat du Jourdin, omis pour ne pas briser lenchaînement du propos :

« La dernière fois que jai vu Michel Mollat, cétait en 1994 sur le quai de la gare dAngoulême, par un dimanche gris et froid de décembre, en milieu daprès-midi. Nous attendions le train pour Paris, après un colloque très suivi de deux jours à Cognac, à loccasion du demi-millénaire de la naissance en cette ville de François Ier. La veille Michel Mollat nous avait parlé, avec son érudition, sa simplicité et son entrain habituels, dun sujet quil connaissait bien : “Jean Verrazane découvreur de La Nouvelle Angoulême”. Jignorais que cet entretien serait le dernier. Du quai on pouvait apercevoir lassez laid immeuble des archives départementales, revêtu de carreaux de céramique bleue, à mi-pente de la vieille ville. Cest là quune vingtaine dannées plus tôt javais commencé mes recherches sur André Thevet “Angoumoisin”, ce personnage-clef de la Renaissance dont lapport à la connaissance des “nouveaux horizons” est resté longtemps controversé. Conscient quant à lui de limportance dun cosmographe injustement méprisé, Michel Mollat, à deux reprises, mavait invité à venir en parler à son séminaire de la Sorbonne3. Je voudrais ici ajouter une sorte de codicille à ces échanges poursuivis sur deux décennies. »

« Argus à la sphère, ou la mélancolie du cosmographe (xvie siècle) », Bulletin du Comité français de cartographie, no 148, juin 1996, p. 46-53 ; version refondue et augmentée sous le titre : « La sphère entourée dyeux : géographie et religion au déclin de la Renaissance », Sciences et religions. De Copernic à Galilée (1540-1610). Actes du colloque international (Rome 12-14 décembre 1996), Rome, École française de Rome, « Collection de lÉcole française de Rome », 1999, p. 473-488.

1 Geoffroy Atkinson, LesNouveaux Horizons de la Renaissance française, Paris, Droz, 1935.

2 Joachim Du Bellay, Discours des quatre Etats, Paris, 1588.

3 Michel Mollat, qui connaissait bien lœuvre de Thevet, a tiré du Grand Insulaire de ce dernier la carte des Malouines, reconnaissables sous la dénomination d« Isles de Sanson ou des Geantz ». Voir Michel Mollat du Jourdin et Monique de La Roncière, Les Portulans. Cartes marines du xiiie au xviie siècle, Fribourg, Office du Livre, et Paris, Nathan, 1984, p. 34.