Glossaire

Charte : Après la Révolution de 1830, le pouvoir est confié à Louis Philippe, Roi des Français, sur la base de la Charte Constitutionnelle du 14 aout 1830. Cette charte définit la structure des pouvoirs en place et les grands principes fondamentaux : les Français sont égaux devant la loi ; liberté individuelle, religieuse et d’expression (article 7 – La censure ne pourra jamais être rétablie) ; inviolabilité de la personne du Roi ; exercice collectif du pouvoir (Article 14. – La puissance législative s’exerce collectivement par le roi, la Chambre des pairs et la Chambre des députés). Les Pairs de France sont nommés par le Roi, les Princes du sang sont, de droit, membre de la Chambre des Pairs, les Députés sont élus par un collège électoral (suffrage censitaire). Du point de vue même de Pierre-Joseph Proudhon, le Peuple, lors de la Révolution de 1848, violait la charte : « …le Peuple, faisant prévaloir sa volonté par la force, au lieu de s’en tenir à un acte juridique comme le voulait l’Opposition, foulait aux pieds toutes les lois ».

Communiste : En 1848, le terme ne fait pas référence au matérialisme dialectique ou au « socialisme scientifique » de Karl Marx et Friedrich Engels dont les travaux sont inconnus. À cet égard, il convient de remarquer que le Manifeste du Parti Communiste, qui ne deviendra célèbre que beaucoup plus tard, publié pour la première fois le 21 février 1848, soit à la veille de la Révolution de 1848, commence par ces mots : « Un spectre hante l’Europe, le spectre du communisme ». Ainsi, aux yeux même de Karl Marx et de Friedrich Engels, les organisations comme les idées communistes préexistent nettement, elles sont déjà largement diffusées. En fait, à l’époque, le mot s’applique dès lors que l’on parle d’organisation de communautés, autour de l’idée fondamentale que les intérêts de la communauté priment sur les intérêts individuels de ses membres. Les principales tendances communistes présentes en France sont celles qui se constitue autour de l’Icarie d’Étienne Cabet, connu sous le nom de communiste icarien et autour du communisme égalitaire de Théodore Dézamy. Ces mouvements d’idées croisent souvent la route des mouvements babouvistes révolutionnaires : Étienne Cabet, Théodore Dézamy appartenait, comme Philippe Buonarroti au mouvement de la charbonnerie française. Il n’est pas jusqu’aux conceptions issues des travaux de Robert Owen qui sont, parfois, et pour les dénoncer ou les décrédibiliser, qualifiées de communistes. À l’inverse, si les fouriéristes cherchent bien à établir des communautés, ils ne sont jamais qualifiés de communistes : dans le phalanstère, c’est la libre expression des passions individuelles qui construisent la communauté. Les premières véritables communautés communistes, icariennes, se sont établies en 1847 aux États-Unis d’Amériques.

Icariens : Pour Étienne Cabet, l’auteur du Voyage en Icarie, il s’agit des habitants de l’Icarie. Par extension, le terme s’est étendu à tous les partisans et militants du communisme icarien.

Jacobinisme : Référence à la doctrine révolutionnaire qui soutenait les actions politiques du mouvement des Jacobins (République Une et Indivisible, Souveraineté du Peuple). L’esprit jacobin deviendra plus tard (mais pas encore en 1848) synonyme d’une volonté centralisatrice.

Phalanstérien : Synonyme de Fouriériste, mais, plus particulièrement parmi ceux-ci, ceux qui militent pour des expérimentations pratiques.

République : Ne représente pas une réalité politique ou institutionnelle, mais plutôt une idée, voire un idéal in-atteignable. Pour Pierre-Joseph Proudhon démocratie et république sont antinomique puisque la démocratie suppose la sujétion de la minorité à une majorité (elle suppose donc, comme la monarchie, un principe d’autorité), alors que le principe républicain suppose que tout le monde règne et gouverne, en conséquence de quoi, alors, mais alors seulement, la loi devient l’expression d’une volonté unanime.

Révolution de juillet : La révolution de 1830 qui fit tomber Charles X et mis sur le trône Louis Philippe, Roi des Français.

Socialiste : En 1848, le mot socialiste (ou socialisme) est encore un néologisme récent. Il s’est imposé dans la langue française par l’usage qu’en as fait d’abord Pierre Leroux (socialisme humanitaire). Puis son sens s’est diversifié au point qu’en 1848, il recouvre une grande diversité d’écoles de pensée dès lors que celles-ci mettent au cœur de leurs préoccupations la question sociale. Parmi ces écoles de pensée, en 1848, il faut attirer l’attention sur les socialistes du Luxembourg à la tête desquels se trouvent Louis Blanc.