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Classiques Garnier

[Introduction à la première partie] La genèse intellectuelle de Simone de Beauvoir

  • Type de publication : Chapitre d’ouvrage
  • Ouvrage : Simone de Beauvoir, l’existence comme un roman
  • Pages : 39 à 45
  • Collection : Études de littérature des xxe et xxie siècles, n° 62
  • Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
  • EAN : 9782406059073
  • ISBN : 978-2-406-05907-3
  • ISSN : 2260-7498
  • DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-05907-3.p.0039
  • Éditeur : Classiques Garnier
  • Mise en ligne : 27/06/2016
  • Langue : Français
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Cest de la rentrée 1925, soit il y a trois ans, que je date ma naissance. Et parce que, dans une apparence identique, au fond de moi je découvre léclosion dune vie autre, dun accomplissement succédant à ce qui fut apprentissage, je veux de ce premier cycle, celui du départ difficile, tracer un rapide résumé. (CJ, 509)

Ce passage inaugure lontogenèse de « Simone de Beauvoir » dans le cadre de ses Cahiers de jeunesse1. On assiste bien au développement progressif dun être unique jusquà sa forme mûre, avec toutes les transformations structurelles qui laccompagnent. Ce nest pas sans peine que lapprentie-écrivaine accède, par lécriture journalière, à une distance salutaire par rapport à soi, lui permettant de réinventer, en ce mois doctobre 1928, ce qui touche de plus près à lhistoire de sa vie : sa naissance. Comme dans de nombreux passages de son journal « intime2 » – appelons-le ainsi, pour rendre compte de ce quil y a de plus profond dans lœuvre de la diariste –, la jeune Beauvoir narrativise son histoire et propose un éclaircissement de sa vie, à mi-chemin entre histoire et fiction. Cest à partir de cette hypothèse de lecture que nous aborderons létude dune œuvre personnelle complexe, véritable « chambre secrète » de Simone de Beauvoir : elle nous ouvrira des perspectives essentielles pour comprendre la genèse et la maturation de son projet romanesque.

Le procédé de réinterprétation fictionnelle de sa vie nest pas unique dans les Cahiers. Dans les nombreux autoportraits brossés par la diariste transparaît un certain degré de « fictionnalité », de construction imaginaire, qui donne à lexistence de Beauvoir une épaisseur romanesque. Lécriture, en lui permettant de voir plus clair en elle, réinscrit 40sa présence au monde dans une temporalité réaménagée, réagencée, avec sa courbe originelle ascendante, épousant différents états : celui du « départ difficile », de l« apprentissage », puis de l« éclosion » aboutissant à l« accomplissement », dernier état dun être dont on peut fixer la date : 1929. La réussite éclatante de létudiante à lagrégation signe la fin des années dapprentissage qui coïncide aussi avec lépuisement du journal intime à partir de 19303.

Comment expliquer ce besoin exigeant de se raconter, de se réapproprier son histoire personnelle, à partir de cette rupture radicale au seuil de sa dix-septième année ? Quelle histoire est en train de sécrire en cette année 19254 ? La reconstitution imaginaire du 31 octobre 1928 signale une grande rupture historique dans litinéraire moral et intellectuel de Beauvoir. Dans les Mémoires dune jeune fille rangée, il nest fait nulle part mention de cette cassure originelle. Lauteure dit y avoir « raconté lhistoire de [sa] vocation décrivain » (FA, 12) en commençant le récit autobiographique selon les conventions du genre, le 9 janvier 19085. Ce que lon trouve dans les Cahiers présente un visage très différent du premier volume des Mémoires et, bien que la mémorialiste se soit servie de ses écrits de jeunesse au moment de la rédaction de son premier volet autobiographique, le journal demeure une source de premier ordre pour comprendre la naissance fictive et le devenir-écrivain de Beauvoir.

Cest un document précieux pour comprendre le lent travail de construction de soi : récollection de citations, analyses minutieuses des textes lus, auto-analyses, esquisses dautoportrait, bilans réguliers de vie, tous ces éléments apportent un nouvel éclairage sur la période précédant 41lentrée en littérature de Beauvoir. Les Cahiers forment le moteur, longtemps caché, de toute lœuvre de Beauvoir, comme le sont, à leur manière, les Carnets de la drôle de guerre pour celle de Sartre6. Document hybride, mixte, à la fois « journal-confidence », « journal-réflexion » et atelier décriture, les Cahiers se présentent avant tout comme une tentative de représentation de soi et une exploration psychologique dont la visée est métaphysique, voire ontologique : linterrogation de soi conduit à linterrogation du monde et dautrui.

Lanalyse des Cahiers7, dans ce premier temps de notre étude, se donne pour tâche dexpliquer la naissance dune vocation décrivain en répondant à la question si bien formulée par Sartre : « comment un homme [ou une femme] devient-il [ou devient-elle] quelquun qui écrit, quelquun qui veut parler de limaginaire8 » ? Rédigés entre la dix-huitième et la vingt-deuxième année de Beauvoir, les Cahiers relatent lexpérience de fondation de son identité. Définir cette identité nest pas chose aisée, parce quelle nest pas seulement une question de personne, dindividu singulier, avec toutes les qualifications qui sy rattachent (un être en chair et en os disposant dun caractère, ayant sa propre manière de penser et se différenciant par là même dautrui) mais elle a partie liée, indissolublement, à lensemble des motifs, des motivations qui conduiront Beauvoir à choisir le métier décrivain et à se dire écrivain. En 1925, elle est une jeune femme en construction, qui vit, mûrit, forme son caractère, acquiert des connaissances et les consolide, en même temps quune vocation voit le jour, vocation dont il faudra interroger la pertinence. Lentreprise 42de subjectivation est mêlée de manière inextricable à lécriture de soi. Les enjeux dune telle entreprise, à lintérieur de ses écrits, sont donc de taille : « Il sagit de gagner le droit de dire “Je”9 », écrit la préfacière des Cahiers de jeunesse. Ce nest que par la négation de ce que lon a fait delle, une enfant sage, née dans un milieu bourgeois parisien, que Beauvoir pourra accéder au « Je » substantiel, celui « qui ne se tient plus des autres, mais de soi seul », et ainsi grandir dans son unité :

Désormais sa tâche consiste – difficulté majeure que beaucoup esquivent – à transformer cette première personne du singulier purement formelle en un « Je » substantiel, expression dun ego, qui saura pourquoi il donne valeur aux valeurs, pourquoi il désire ce quil désire, pense ce quil pense, aime ce quil aime, refuse ce quil refuse10.

Dans lhistoire de la littérature, Beauvoir nest pas la première à se consacrer à un tel projet de construction de son identité11. « Linvention du moi » est une des motivations principales du diariste, comme le note Béatrice Didier : « Enfermé, protégé dans cette prison matricielle du journal, lécrivain va tenter de se constituer en tant quunité, en tant que “moi”. Il voudrait sortir de lindéterminé, pour être vraiment12 ». Kierkegaard nexprime pas autre chose lorsquil prépare sa seconde naissance :

Je vais tâcher maintenant de fixer tranquillement mon regard sur moi-même et de commencer à agir du dedans, car, comme lenfant à qui sa première entreprise consciente fait se servir du « je », ce nest que cela qui me mettra moi aussi en état de lemployer moins superficiellement13.

La naissance dune subjectivité est intimement liée à un autre événement : lémergence de la parole singulière, où le « je » ne se trouve plus en position dimposture mais peut être employé, proféré « moins superficiellement ». « Comme il est magnifique que cette bouche prononce 43son Je14 », sexclame Simon dans Tête dOr. Simone retient la leçon claudélienne. Lécriture du journal est le lieu privilégié de la transcription du discours intérieur, un discours multiple, complexe, qui, loin de senfermer dans un solipsisme aride, pourrait bien être une ouverture perpétuelle à lautre.

Lapprentissage de soi et du monde ne peut se faire que par la médiation de lécriture, dabord parce que les pages du journal fixent, supportent les changements, les variations du moi et en éclairent le sens, ensuite parce que lécriture elle-même, en tant quappel intérieur, suscite le désir décriture : une vocation est en train de naître. La mission individuelle, dauto-fondation dune identité personnelle, dans laquelle la jeune Simone se lance en acceptant cette « grande aventure dêtre [soi]15 », est liée à une autre mission, plus invisible celle-ci, et pourtant latente, celle de trouver sa vocation, une quête personnelle qui cherche son nom dans les pages du journal et dont le moi-écrivant tente de percer le secret. Si Beauvoir reconnaît ultérieurement avoir voulu très jeune devenir écrivain, cette vocation sexprime ici dans toute son ambiguïté et sa profondeur. Le temps des Cahiers de Jeunesse est en effet celui des grandes interrogations existentielles, comme celles évoquées par Judith Schlanger dans lessai quelle consacre à La Vocation :

Autrement dit, la question « que dois-je faire de moi, de mes forces et de mon temps de vie ? », cette question doit dabord recevoir sa réponse dans lintimité du for intérieur. Cest en percevant mieux qui je suis, ou qui je peux devenir, que je découvrirai aussi à travers quel type dactivité je vais pouvoir me réaliser16

Ce « moment subjectif » de lécriture du journal intime, qui cherche des réponses à cette question, porte dune manière décisive « la signification et la responsabilité de la suite17 », pour reprendre les termes de lessayiste. À cet égard, le journal beauvoirien, tout entier tendu vers un présent « habitable » et un avenir possible, présente un caractère exploratoire, mais aussi anticipatoire, grâce à cette protension qui pousse lécriture de soi « en-avant ».

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La temporalité propre au journal intime présente de nombreux intérêts pour qui sintéresse à la genèse dune œuvre. À la différence de lautobiographie et des mémoires qui sont écrits après lévénement – près de trente ans après dans le cas des Mémoires dune jeune fille rangée – le journal a pour condition dêtre au plus près de lévénement. Comme le rappelle Béatrice Didier, « [l]a distance de lécriture à lévénement existe [], mais [elle est] relativement réduite18 ». Beauvoir fait partie des rares auteurs qui ont pratiqué les deux registres du journal et de lautobiographie19. On sait que leur divergence de nature et de structure impose un mécanisme de lécriture totalement différent : le caractère fondamentalement discontinu et tâtonnant du journal intime contraste avec la perspective rétrospective et reconstructive de lautobiographie. Le mémorialiste exerce sur certains faits de sa vie une censure dont le diariste, pris dans le flux des événements et sans le recul nécessaire, ignore généralement lexistence20.

Le journal beauvoirien néchapperait sans doute pas, après analyse précise, à une telle distinction des genres. Mais comparé à dautres journaux intimes, tels que la littérature nous en offre à lire, il recèle au lecteur une surprise, et de taille : si « [l]es journaux sont une preuve éclatante, la plupart du temps, de la constance du tempérament et du “moi”21 », celui de Beauvoir dément, assurément, une telle loi du genre. Lagrégée de 1929 ne ressemble que de loin à la jeune étudiante de 1926. Dans le corpus de journaux intimes quelle a choisi pour son étude, Béatrice Didier sest interrogée sur les raisons dune telle permanence : « Est-ce parce que le journal oblige à cette cohérence, ou bien le fait décrire un journal est-il un signe de cette continuité ou du moins déjà dune volonté de continuité ? » La démarche beauvoirienne sinscrit en faux contre linterprétation de continuité : la diariste nécrit ni pour se rassurer, ni pour consolider un « moi » déjà établi. Cest bien plutôt une volonté de rupture qui préside à lécriture. « Nous ne sommes pas devant un auteur créant son ouvrage, mais devant un ouvrage en train 45de créer son auteur22 » écrit très justement Sylvie Le Bon de Beauvoir à louverture des Cahiers de Jeunesse.

Enfin, une précaution simpose : nous ne nous intéresserons pas à la prétendue sincérité attachée habituellement à lécriture spontanée du journal intime. Nous rejoignons à cet égard le point de vue de Béatrice Didier :

On sait à quel point est vaine et inadéquate la querelle sur la « sincérité » du journal. Le journal est insincère, comme toute écriture ; il a le privilège sur dautres écritures de pouvoir être doublement insincère, puisque, encore une fois, le « moi » est en même temps sujet et objet [de son discours]23.

Le diariste se crée doublement un personnage, en tant quécrivain et en tant que matière de son écriture. En ce sens, le journal apparaît comme un lieu de retrait par rapport au monde qui ne manifeste pas une attitude « réelle » par rapport à la vie. Cest bien plus lexpérience existentielle mise en jeu par lécriture du journal – de la même manière que lécriture dun roman manifeste une certaine expérience existentielle – qui retiendra notre attention. En effet, il serait certainement vain de rechercher lindividu « réel » derrière le moi qui écrit et de tenter de démêler le vrai du faux. Il ne sagit pas de déduire du journal certaines qualités ou certains défauts – un prétendu narcissisme, un égoïsme éventuel –, bien que ceux-ci aient pu avoir quelque rapport avec lidentité du futur écrivain, mais bien de cerner la position et laffirmation du Sujet depuis le journal intime, ainsi que la position accordée à Autrui. Enfin, en raison de la tentation ou du besoin « fictionnel » de cette mise en scène de soi dans les Cahiers, retrouver une cohérence dans cette construction morcelée opérée par Beauvoir savère particulièrement utile pour notre étude : la part dimagination, daffabulation accompagnant le discours de soi peut nous révéler beaucoup de la réalité du moi qui écrit et de lécrivaine en puissance.

1 La parution des Cahiers date de 2008. Il existe peu de travaux qui leur sont consacrés.

2 Le journal « intime » soppose au journal « extime », dans lequel le diariste revendique lexpulsion de lintimité de ses écrits. Le journal, dans sa seconde acception, est tourné vers le dehors, journal des autres plus que de soi, journal relationnel ou « externe ». Les écrits beauvoiriens appartiennent davantage à la première catégorie et se situent dans le sillage des écrits personnels dAmiel et de Gide, bien que les niveaux dintimité soient différents selon les journaux et même à lintérieur de lœuvre dun seul diariste. Comme elle le dit elle-même, Beauvoir sintéresse à ses états dâme bien plus quau monde extérieur. On trouve une définition du journal « intime » dans lexcellente étude de Françoise Simonet-Tenant, Le Journal intime, genre littéraire et écriture ordinaire, avant-propos de Philippe Lejeune, Téraèdre, coll. « Lécriture de la vie », 2004, p. 17-19.

3 Le début de La Force de lâge revient sur la fin de lépoque des carnets : « Je ne tenais plus de journal intime, mais il marrivait encore de jeter des mots sur un carnet [] » (FA, 81). Lannée 1930 ne comporte en effet que quatorze entrées.

4 Il nous manque malheureusement une partie de cette histoire, puisque le premier cahier de son journal, qui serait antérieur au 6 août 1926, a été perdu, comme laffirme Sylvie Le Bon de Beauvoir dans une note des Cahiers (Cahiers de jeunesse, Paris, Gallimard, coll. « Blanche », 2008, p. 52). Dautre part, Beauvoir aurait commencé à rédiger un carnet en 1922 (jusquen 1924), alors quelle est élève de linstitution religieuse du cours Desir. Daprès un article du Monde des livres daté du 30 mai 1986, ce carnet aurait été retrouvé en 1981 par un libraire de Caen. Grâce à larticle paru dans la presse à cette occasion, quelques citations de Beauvoir permettent de tracer un premier portrait de la jeune fille, qui connaît alors, daprès le rédacteur de larticle, Jean-Pierre Barrou, « ce passage crucial de la foi à lathéisme ».

5 Lincipit est désormais célèbre : « Je suis née à quatre heures du matin, le 9 janvier 1908, dans une chambre aux meubles laqués de blanc, qui donnait sur le boulevard Raspail ».

6 Nous reprenons volontairement la même interprétation que celle de Jean-François Louette dans son introduction aux Mots et autres écrits autobiographiques de Sartre (Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 2010, p. xlix) : « Les Carnets de la drôle de guerre forment le moteur, longtemps caché, de toute lœuvre de Sartre – voire dune partie de celle de Beauvoir ? » Bien entendu, les Cahiers ne sauraient, à linverse, éclairer lœuvre de Sartre, puisque la date de leur rencontre est postérieure à la majeure partie de la chronologie des Cahiers. Néanmoins, nous nous autoriserons une lecture parallèle des Carnets, écrits entre septembre 1939 et mars 1940, soit une dizaine dannées après le journal de Beauvoir, et des Cahiers, qui peuvent être considérés tous deux comme les premiers textes autobiographiques de leurs auteurs respectifs.

7 Le journal, rédigé « au porte-plume » sur « dépais cahiers décole à couverture cartonnée, achetés à la papeterie Gibert, étaient numérotés par Beauvoir de 2 à 7 ». Voir Sylvie Le Bon de Beauvoir, « Introduction. Simone de Beauvoir avant Simone de Beauvoir ou Naissance du Castor », dans Cahiers de jeunesse, op. cit., p. 15.

8 Jean-Paul Sartre, « Sartre par Sartre », dans Situations, IX. Mélanges, Paris, Gallimard, coll. « Blanche », 1972, p. 134.

9 Sylvie Le Bon de Beauvoir, op. cit., p. 11.

10 Ibid.

11 On pourrait citer avant elle George Sand, Katherine Mansfield, Stendhal, Maine de Biran, Michelet ou encore Amiel.

12 Béatrice Didier, Le Journal intime [1976], Presses Universitaires de France, coll. « Littératures modernes », 2002, p. 116.

13 1er août 1835. Sören Kierkegaard, Journal (extraits), trad. par K. Ferlov et J.-J. Gateau, Paris, Gallimard, p. 1941-1961. Cité par Béatrice Didier, op. cit., p. 90.

14 Paul Claudel, Tête dOr [deuxième version, 1959], Paris, Gallimard, coll. « Folio », 1981, p. 37.

15 Elle écrit le 21 juillet 1929, donc à la fin du processus de construction de soi : « Jaccepte la grande aventure dêtre moi ».

16 Judith Schlanger, La Vocation, Paris, Seuil, 1997, p. 10.

17 Ibid.

18 B. Didier, op. cit., p. 9.

19 À cet égard, elle complète la liste des autobiographes et diaristes : Stendhal, Sand, Gide, Green, Borel ou encore Leiris.

20 Il est vrai que certaines formes dautocensure régissent également lécriture du journal, notamment lorsquil est par nature conçu dans une perspective de publication, ce qui nest pas le cas du journal beauvoirien.

21 B. Didier, op. cit., p. 11.

22 S. Le Bon de Beauvoir, op. cit., p. 12.

23 B. Didier, op. cit., p. 117.