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Classiques Garnier

Note sur l'établissement du texte

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NOTE SUR LÉTABLISSEMENT
DU TEXTE

Nous éditons le premier traité contenu dans les Problemata / Iani Matthaei Durastantis, philosophi, / et medici Sanctoiustani. / I. / Daemones an sint, et an morborum sint / causae, pro theologorum, philoso / phorum, et medicorum sententiis. / II. / An virium imbecillitati iuncta cacochy / mia per epicrasim curanda sit. / III. / Et an rhabarbarum ob lienterian, dysenterian, et astrictionem sit comburendum. / Venetiis, ex officina Stellæ, Iordani Ziletti, MDLXVII. Les Problemata sont aussi connus sous un autre titre Daemones an sint / et an morborum sint causae, / tam pro Theologorum Sapientia, quam pro su / pranaturalium, naturalium, et moralium, / philosophorum Scientia, Dogmati/corumque Medicorum opinionem. / An virium imbecillitati / iuncta cacochymia per epicrasim curanda sit. / Et an rhabarbarum, ob / lyenteriam, dysenteriam & astrictionem, sit comburendum. / Iano Matthaeo Durastante, philosopheraste, et medico sanctoiustano, autore. Venetiis, ex officina Stellæ, Iordani Ziletti, MDLXVII. Sauf le titre, tout reste inchangé tant du point de vue matériel de limprimé que de son contenu ; sont reproduites même les erreurs de pagination, 64 au lieu de 66, 66 au lieu de 68, 68 au lieu de 70 et 64 au lieu de 70. Rien ne nous permet détablir laquelle de ces deux pages de titre a été la première, ni pourquoi lune a remplacé lautre. Toutefois, on peut noter que Durastante, dans la liste de ses œuvres établie par lui-même dans LAceto scillino1, mentionne le premier des trois traités qui composent le livre avec le titre suivant : Daemones, an sint, anque morborum sint causae, & Theologis, & Methaphisicis, Physicis, Moralibus, Medicinalibusque Philosophis et le place dans la rubrique In theologali, metaphysicali, physicali, morali, medicinalique, philosophia. Les deux autres sont catalogués dans la rubrique In medicina et respectivement intitulés : Rhabarbarum quatenus ob, lienterian, dysenterian, astrictionem, et corroborationem, sit comburendum lib. I. ; An virium imbecillitati 36iuncta, cacochymia per epicrasin curanda sit. Consil. Le volume Problemata, ou Daemones [], rassemble donc trois traités distincts, probablement conçus et rédigés à des époques différentes. Si nous prenons en compte le fait quil sagit dun recueil, il est certain que le titre le plus approprié était celui de Problemata car, se rattachant à la tradition aristotélicienne, il avait lavantage dannoncer la diversité des sujets abordés tout en les réunissant sous un dénominateur commun, à savoir la médecine. Cest la raison pour laquelle nous émettons prudemment lhypothèse que le titre de Daemones [] ait été rapidement, sinon immédiatement, remplacé par celui de Problemata pour une raison dopportunité éditoriale.

Nous avons modernisé la ponctuation en remplaçant les deux points – sauf lorsquils ont une valeur démonstrative – par le point, la virgule ou le point-virgule selon le cas et, pour les citations, introduit les deux points suivis des guillemets. Nous avons résolu les abréviations, distingué le u du v, uniformisé la graphie selon les critères usuels, sauf lorsque deux graphies différentes mais acceptées alternaient – dans ce cas nous les avons gardées (ex. causa, caussa) –, et nous avons harmonisé lusage des majuscules et des minuscules. Nous avons mis entre crochets droits les pages de lédition originale et entre crochets obliques nos intégrations.

Les notes de la traduction française contiennent notre commentaire. Pour les sources textuelles signalées dans ces notes, nous avons pris en compte celles qui sont mentionnées à lintérieur du texte ou bien dans les marginalia. Cependant, lorsquelles nous ont paru insuffisantes, nous les avons complétées. Les sources sont citées à partir déditions antérieures à 1567, date de la parution des Problemata, à savoir celles que lauteur aurait pu consulter. Cest un choix méthodologique, partagé par nombre de philologues, qui vise à reconnaître non seulement le texte mentionné, mais surtout le témoin même de ce texte. Bien que le résultat soit loin dêtre toujours acquis, cette démarche a lavantage de repérer le texte cité sous la forme qui circulait le plus fréquemment dans le milieu auquel appartenait lauteur de lœuvre en question2. Comme on le faisait couramment à lépoque, les citations sont parfois données de mémoire, ou évoquées ou même réélaborées en acquérant ainsi une forme fragmentaire. Mais, même quand elles se veulent fidèles au texte de la source (annoncées dans la plupart des cas par iuxta illud, ut inquit 37et des verbes déclaratifs), elles peuvent se présenter abrégées et remaniées pour sadapter à lagencement du discours et aux exigences de lauteur.

Laccumulation de références dans les marginalia na pas toujours un rapport explicite avec le passage auquel elles se réfèrent et pourtant, si on regarde de près, on comprend leur fonction : celle damplifier la portée du raisonnement en suggérant des développements et des approfondissements à lintérieur toutefois dun cadre donné. Cela est particulièrement évident avec Aristote et Averroès, dont les citations de certains ouvrages sont tirées de traductions latines différentes. Tel est le cas de lÉthique à Nicomaque mentionnée, le plus souvent, à partir de la traduction de Leonardo Bruni, mais également, de façon plus ponctuelle, de celle dArgyropoulos. Même procédé pour Galien. Parfois les citations sont de seconde main comme pour Porphyre, souvent mentionné à partir de la Praeparatio Evangelica dEusèbe de Césarée.

1 Voir supra p. 8, note 9.

2 Francesco Bausi, « Citazioni “infedeli” e citazioni “sbagliate”. Un problema ecdotico », Medioevo e Rinascimento, XXIV / n.s. XXI, 2010, p. 185-214.