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Classiques Garnier

Résumés

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Résumés

Alexandra Merle, « Introduction »

Après avoir situé louvrage dans lensemble des travaux récemment consacrés à létude des révoltes dans lEurope moderne, lintroduction met en valeur sa spécificité : lanalyse des interactions entre certaines de ces révoltes et la réflexion politique menée dans des écrits de nature variée, débattant de leurs causes, des moyens dy remédier et de les prévenir, de leurs effets néfastes ou régénérateurs. Les 21 contributions, articulées en quatre parties, sont ensuite présentées en détail.

Angela Ballone, « Informar y ocultar en el Atlántico ibérico. El caso del Tumulto de México de 1624 »

À partir de lexemple du tumulte mexicain de 1624, et en mettant laccent sur certaines sources tardives et peu connues, cet article cherche à démontrer que les révoltes étaient traitées de manière similaire quel que soit le lieu où elles se produisaient. Ainsi, le tumulte mexicain de 1624 représente un exemple précoce du lent développement des stratégies de négociation autour des tumultes et des révoltes successifs que connut la monarchie espagnole.

Javier Revilla Canora, « La huella de un asesinato en la Dissertación de Rafael de Vilosa »

Ce travail cherche à analyser la Dissertación ivridica y política sobre si el que mata al Lvgarteniente General de sv Magestad de alguno de los reynos de la Corona de Aragón cometa crimen de Lesa Magestad in primo capite, publiée en 1670 par le juriste catalan Rafael de Vilosa suite à lassassinat du vice-roi de Sardaigne, pour souligner le rapport de cet événement historique avec les problèmes internes de la Monarchie Hispanique et lenvironnement politique international de lépoque.

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Marina Torres Arce, « Los discursos de fidelidad de Sicilia a Felipe V. Comunicación política en tiempos de guerra entre dinastías y gobierno extraordinario »

Ce travail met en lumière le fonctionnement des discours que la ville de Palerme composa pour proclamer la loyauté des sujets siciliens au roi Bourbon non seulement comme des instruments de propagande mais aussi comme des canaux de communication politique du royaume avec la Monarchie espagnole et des vecteurs essentiels de lexpression des valeurs, des principes politiques et de la perception que leurs promoteurs avaient de la situation politique toute particulière de ce début du xviiie siècle.

Lisa Kattenberg, « Experience, Conscience, Necessity. Reason of State and the Dutch Revolt »

Cet essai explore linfluence de la révolte hollandaise sur les débats espagnols sur lopportunité de signer la paix ou une trêve avec les rebelles pendant la seconde moitié de la guerre de Quatre-vingts ans. Face à la tension entre les principes de souveraineté et de religion et les considérations pragmatiques, cet essai montre comment lexpérience de la sédition a influencé la raison dÉtat, et comment ce discours a contribué à son tour à façonner le cours de la guerre elle-même.

Alberto Scigliano, « Antimonarchical Uses of Jewish Sources in the XVIIth century Political Literature of Holland and England »

Cet essai analyse lemploi des sources et de la rhétorique bibliques dans le discours politique antimonarchique néerlandais et anglais du xviie siècle. Par la médiation des protestants, les sources juives contribuent à la formation de modèles politiques alternatifs au modèle monarchique : la prétendue république des Juifs a justifié lopposition et le régicide de Charles Ier en Angleterre, tandis quelle a contribué à jeter les bases de la mythopoïèse nationale des Provinces-Unies.

Éric Durot, « LÉcosse révoltée. Un laboratoire politique pour le royaume de France au tournant des guerres de Religion »

Entre 1559 et 1560, une Reformation Rebellion éclata en Écosse. Elle fut menée victorieusement par des Lords et le réformateur calviniste John Knox qui luttèrent contre le catholicisme et contre lautorité envahissante du roi 461de France Henri II qui souhaitait intégrer le royaume de Marie Stuart à celui des Valois. Rétrospectivement, cette révolte constitue un véritable laboratoire politique en France, dès 1559 jusquà la prise darmes nobiliaire menée par le prince de Condé en 1562-1563.

Camille Desenclos, « Devoir dobéissance ou raison dÉtat. Lambivalence de la littérature politique française face à la révolte de Bohème (1618-1623) »

La révolte de Bohême constitue une véritable onde de choc politique et informationnelle à léchelle de lEurope. Dans le royaume de France surgissent nombre doccasionnels qui relatent la nouvelle et exposent les arguments des deux partis. Sils affirment avec force le devoir dobéissance au souverain légitime, ils tendent progressivement à se parer de la même ambiguïté que la politique extérieure française et redéfinissent devoir dobéissance et droit dassistance à laune de la raison dÉtat.

Giuseppe Mrozek Eliszezynski, « Napoli nelle Turbolenze di Europa. Riflessioni sulla rivolta del 1647-1648 e sul “tradimento” dellarcivescovo »

Tout au long du xviie siècle, la révolte napolitaine de 1647-1648 a été la source dune vaste littérature dhistoriographie et de mémoires. Ce travail analyse les réflexions des auteurs qui ont mis en rapport la révolte napolitaine avec les révolutions qui touchaient dautres régions dEurope à la même époque. Certains thèmes reviennent également dans les mémoires qui conformaient la longue bataille politique entre le cardinal et archevêque de Naples, Ascanio Filomarino, et les vice-rois espagnols.

Giovanni Florio, « “Acciocché i popoli tutti maggiormente si sdegnino e si sollevino contro il Prencipe”. Una prospettiva sullInterdetto veneziano del 1606-1607 »

Cet article considère les corps sujets de la Sérénissime comme un troisième pôle dialectique dans la guerre des écritures qui opposait Venise et la papauté en 1606-1607. La suspension des sacrements était destinée à susciter le mécontentement des sujets, que lexcommunication du doge et du sénat légitimait, même sous la forme dune sédition ouverte. Face au risque deffondrement interne, Venise a dû sengager dans un dialogue asymétrique avec les dominions afin de (re)légitimer sa souveraineté.

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Vincent Challet, « “Selon miséricorde qui vault plus aucune fois que ne fait rigueur”. De linfluence des rébellions dans quelques miroirs politiques français de la fin du xive siècle »

À travers lanalyse de textes politiques majeurs – Le Songe du Vergier dEvrart de Trémaugon, LArbre des Batailles dHonorat Bovet et Le Songe du Viel Pèlerin de Philippe de Mézières – tous trois composés à la toute fin du xive siècle, cet article entend mettre en exergue linfluence des rébellions sur lélaboration progressive dune nouvelle réflexion politique qui place désormais la miséricorde au centre des vertus princières et en fait le nécessaire contrepoids de la rigueur de justice.

Fabrice Micallef, « Les puissances étrangères au secours des rebelles ? Un problème politique et juridique européen (xvie-xviie siècles) »

Cette contribution interroge la réflexion des Européens des xvie et xviie siècles sur une pratique alors fort répandue : les rebelles font fréquemment appel à des puissances étrangères pour les secourir. Il sagit de présenter ici un panorama non-exhaustif des doctrines élaborées autour de cette question et détudier la manière dont ces idées sont utilisées dans la communication politique des différents acteurs pendant les crises. On constate ainsi la grande fluidité et plasticité des arguments.

Vincent Grégoire, « La doctrine coloniale de John Locke et la rébellion de Nathaniel Bacon en Virginie »

Nous interrogeons le lien entre la rébellion menée par Nathaniel Bacon en 1776 en Virginie et lévolution de la doctrine politique de John Locke entre la Constitution de Caroline et le Second traité. La diversité de ses acteurs (propriétaires, petits blancs, libres de couleurs, esclaves) et la nature de ses revendications (reconnaissance dune assemblée, droit de faire la guerre aux Indiens et de sapproprier les terres par le travail) trouvent écho dans les thèses majeures du Second traité.

Francesco Toto, « Il Behemoth e la sedizione »

Cet article est consacré au traitement que le Béhémoth de Hobbes réserve au problème de la sédition. Se concentrant autant sur ses causes passionnelles, 463institutionnelles et cognitives que sur ses possibles remèdes, il démontre non seulement la primauté attribuée par Hobbes aux facteurs de nature « idéologique » de lérosion et la consolidation de lordre légitime, et notamment le rôle central attribué aux universités, mais aussi les implications démocratiques du lien entre pouvoir et consentement.

Jacques-Louis Lantoine, « Spinoza et la sédition généralisée »

Lanalyse spinoziste des causes, de la matière et de la forme des séditions relève dune anthropologie politique structuraliste. Elle met en évidence les mécanismes qui les produisent et cherche à dégager ceux qui les empêchent. Les passions naturelles des hommes font que le vulgaire comme les « élites » sont tous spontanément disposés à faire sédition. Néanmoins, les causes des séditions sont à rechercher dans les institutions politiques.

Isabelle Brancourt, « De Pascal (après la Fronde) à dAguesseau (sous la Régence), séditions et révoltes comme mal “absolu”. Aux origines du conservatisme »

Dès Pascal sexprime une haine de la sédition. Le contexte explique ce postulat partagé. Une pensée entrée en relation avec les contrecoups des guerres de religion et de la Fronde. Doù une conceptualisation de lordre comme antithèse du/des désordre(s). Autour des notions de Lois fondamentales et dÉtat, se développe une proto-constitutionnalisation qui contribue et au renforcement de la monarchie absolue, et à lémergence de sa critique. Naissance, ambigüe, de ce quon appelle le conservatisme.

Adrian Guyot, « Prévention et répression des révoltes dans les Empresas políticas de Saavedra Fajardo »

Dans son Idea de un Príncipe político cristiano (1640), Diego Saavedra Fajardo aborde nombre de questions relatives au pouvoir princier et à son exercice, en particulier dans des contextes de crise. La 73e empresa est consacrée à létude des révoltes, et aux meilleurs moyens pour le détenteur de lautorité dy faire face. Il en ressort que penser la révolte et sa gestion pour le pouvoir, cest assumer le paradoxe de rationnaliser un phénomène spontané, insaisissable, et variable à lextrême.

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Sara Decoster, « Lécriture et laction. La raison dÉtat chez Guez de Balzac et Gabriel Naudé »

Cet article consiste à rapprocher Le Prince (1631) de Jean-Louis Guez de Balzac (1597-1654) et les Considérations politiques sur les coups dÉtat (ca. 1639-1642) de Gabriel Naudé (1600-1653). Il sagit de montrer comment les lettrés se posent en conseillers philosophes contribuant à la théorisation de la Raison dÉtat. Un équilibre précaire sinstalle entre le soutien, un pouvoir fort qui lemporte irrémédiablement sur le bien-être particulier dune part, et la volonté de prévenir la tyrannie dautre part.

Gaëlle Demelemestre, « Droit de résistance versus tolérance ? La théorisation althusienne du droit de résistance au regard du conflit entre Lubbertus et Grotius sur le ius circa sacra »

La présente contribution propose dexpliciter les fondements et les implications des deux thèses alternatives du droit de résistance et de la tolérance développées dans le contexte de la controverse, dans les Provinces-Unies du début du xviie siècle, entre le gomariste Sibrandus Lubbertus et Hugo Grotius, défenseur des arminiens.

Romain Descendre, « Révolte, sédition, rébellion dans la pensée politique de “lâge baroque”. Les formes ambiguës dun héritage juridique »

À partir de lexamen des œuvres de plusieurs penseurs politiques italiens parmi les plus représentatifs de lâge dit « baroque » (Botero, Ammirato, Frachetta, Boccalini), cet article remet en question lidée selon laquelle le « discrédit de la rébellion » conduirait ces auteurs à ôter toute valeur au principe de « résistance à loppression et à la tyrannie » (Rosario Villari) pour montrer quils ménagent, au contraire, un espace de légitimité possible, pour la résistance comme pour la révolte.

Jean-Louis Fournel, « Empire et révoltes chez Campanella. Les raisons de se révolter »

Tommaso Campanella développe, dun côté, une vision en partie providentialiste et fatale que lon pourrait qualifier d« impériale » ; de lautre, pointe lémergence dévénements singuliers, « libres » qui sapent toute prétention 465unitaire de lhistoire et du gouvernement du monde. Lauteur pense ainsi ces événements que sont les « révoltes » ou « séditions », comme un instrument et un levier pour aider à penser une autre rationalité du gouvernement juste et la permanence de la liberté humaine.

Pierre Girard, « Le récit de la révolution dans la Partenope liberata de Giuseppe Donzelli »

Cette étude propose de revenir sur la Partenope liberata (1647) du médecin napolitain Giuseppe Donzelli, qui fait le récit de la « révolution » de Masaniello au cœur des événements mêmes. Il sagit de montrer quelle est la spécificité rhétorique et politique de ce texte, en mettant en avant sa dimension républicaine, mais aussi en montrant quil a pu inspirer le rôle du conflit dans le dispositif mis en place par Vico au sein de sa Scienza nuova.