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Classiques Garnier

Résumés

  • Type de publication : Article de collectif
  • Collectif : Se promener au xviiie siècle. Rituels et sociabilités
  • Pages : 303 à 307
  • Collection : Rencontres, n° 426
  • Série : Le dix-huitième siècle, n° 32
  • Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
  • EAN : 9782406087663
  • ISBN : 978-2-406-08766-3
  • ISSN : 2261-1851
  • DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-08766-3.p.0303
  • Éditeur : Classiques Garnier
  • Mise en ligne : 05/11/2019
  • Langue : Français
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Résumés

Michel Delon, « Sasseoir. Des bancs et des paysages »

À travers trois domaines littéraires – traités et descriptions de jardins, récits romanesques et mémoires, opéras-comiques –, cet article sintéresse au geste consistant à sasseoir dans un paysage. Refus des cadences et des hiérarchies quimpose une société dordre, le fait de sasseoir constitue une discrète affirmation de liberté. Le banc, instrument de cette libération, permet tour à tour la délimitation dun point de vue, la protection dun échange, le déploiement dun paysage intérieur.

Aurélia Gaillard, « La promenade en labyrinthe (xviie-xviiie siècles). Usages et sociabilités »

Le labyrinthe de verdure, à la fois ornement de jardin et lieu de promenade, programme une relation particulière à lespace, façonnant un mode de sociabilité spécifique. On sintéresse ici, à partir de sources variées, écrits ou estampes, à lévolution des usages et modèles de sociabilité de ces bosquets au cours des xviie et xviiie siècles. Dabord réservés aux palais, ceux-ci tendent à se démocratiser jusquà devenir parfois des lieux touristiques ou de promenade urbaine.

Gilles Montègre, « De lart de se promener dans les jardins anglo-chinois. La traduction française des Observations on Modern Gardening de Thomas Whately »

Sont étudiées la genèse et la réception de la traduction française en 1771 des Observations on Modern Gardening de Thomas Whately par François de Paule Latapie. Les ajouts du traducteur éclairent la manière de concevoir les jardins modernes, ainsi que lart de sy promener. Cette traduction est analysée au prisme des transferts culturels franco-anglais, grâce à deux sources documentaires inédites : le journal du voyage en Angleterre de Latapie, et sa correspondance personnelle.

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Jean-Pierre Vittu, « “Cette récréation des yeux”. Promenade et étude au jardin de botanique dOrléans, 1781-1834 »

La municipalité dOrléans confia le jardin de la ville en 1781 à la Société de physique pour y établir un jardin de botanique, à condition dy maintenir la promenade publique. Conçu pour développer le goût de la botanique chez ses visiteurs, mais répondant aussi à la curiosité des botanophiles pour les espèces provenant des voyages lointains, ce jardin devait conjuguer lagrément avec la science.

Pauline Valade, « Se promener pour se réjouir ? Le cas des réjouissances à Paris au xviiie siècle »

Pour chaque événement heureux de la Couronne, létude des manifestations de joie ordonnées dans lespace public de la capitale permet de rendre compte des déplacements des Parisiens vers les lieux de réjouissances. Destinées à voir et à être vu ou à goûter aux plaisirs de la déambulation, les promenades occasionnent aussi de nombreux accidents. Se promener pour se réjouir fut une pratique permettant de sapproprier lespace de la ville autant que lévénement politique célébré.

Juan Manuel Ibeas et Lydia Vázquez, « La promenade nationale »

Les romans de la deuxième moitié du xviiie siècle montrent un intérêt croissant pour le thème national. Cette production romanesque de « goût national » vise moins à critiquer les défauts des différents peuples de notre continent quà les signaler pour les corriger. Un des éléments qui apparaît de manière récurrente est la promenade. Faisant partie des coutumes communes aux nations européennes, elle peut savérer salutaire ou, au contraire, pernicieuse, selon sa nature…

Gwénael Murphy, « Promenades coupables. Le spectacle des désordres conjugaux au xviiie siècle »

Certains promeneurs du xviiie siècle saffranchissent des codes sociaux qui régissent cette activité. Létude des désordres conjugaux, qui sexposent publiquement, permet une analyse de ces « promenades coupables ». Leurs représentations dans liconographie et la littérature sont confrontées à leurs évocations dans les archives judiciaires. Le procès retentissant de Victoire de La Pagerie, de 1769 à 1786, offre lexemple, rare, dune correspondance troublante entre représentations et pratiques.

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Rotraud von Kulessa, « La promenade pédagogique dans les littératures déducation des Lumières »

Sont analysées la mise en récit et la fonction de la promenade éducative ou pédagogique dans les textes de trois femmes éducatrices : Marie Leprince de Beaumont (Magasin des enfants, 1756), Louise dÉpinay (Conversations dÉmilie, 1773) et le roman épistolaire de Félicité de Genlis (Adèle et Théodore, 1782). Permettant lappropriation de lespace parcouru, la promenade favorise lapproche de la nature, des réflexions fondées sur lexpérience et des rencontres avec le monde des pauvres.

Timothée Léchot, « Lherborisation comme pratique sociale. Jean-Jacques Rousseau sous la loupe de François-Louis dEscherny »

Si Jean-Jacques Rousseau a laissé de lui limage dun promeneur solitaire, contribuant au processus dindividualisation de la promenade au xviiie siècle, les témoignages (souvenirs dun ancien compagnon, François-Louis dEscherny, 1733-1815) qui restent de ses herborisations collectives corrigent cette représentation et permettent denvisager la botanique comme une pratique sociale codifiée.

Laurent Turcot, « La commercialisation des loisirs dans les promenades parisiennes au xviiie siècle »

Cet article analyse les transformations quinduit dans la promenade le rôle non pas des édiles parisiens mais des entrepreneurs privés, qui se lancent dans la commercialisation des loisirs. Manifestant la sortie du modèle monopolistique de lAncien Régime, ces divertissements payants permettent de redéfinir la promenade, qui participe dès lors dune dynamique commerciale nouvelle dans les quartiers de loisirs que sont les boulevards et les Champs Élysées mais aussi dans les Vauxhalls.

Morgane Muscat, « Structure spatiale, structure narrative. La promenade dans Les Illustres Françaises »

On se promène beaucoup dans Les Illustres Françaises. Les rendez-vous des amants de Challe, sur le boulevard entre autres, marquent leur appartenance à la bonne société parisienne. Cet article étudie la promenade, 306non comme simple élément de vraisemblance, mais en tant que motif romanesque qui structure et nourrit le récit, à la fois mise en fiction de lespace urbain, centre de la topique amoureuse et principe dynamique déchanges et de hasards.

Gabriele Vickermann-Ribémont, « La mise en scène de la promenade dans The Clandestine Marriage (1766) de Colman et Garrick. Entre parodie et rituel de reconnaissance »

Est analysée la scène de la promenade au jardin de The Clandestine Marriage de Colman et Garrick dans le contexte historique du passage du jardin à la française au jardin paysager anglais. Celui-ci sert dhorizon pour des allusions parodiques qui permettent in fine la caractérisation des deux groupes sociaux réunis par un projet de mariage – car les rituels de la promenade sont pervertis par le vieil aristocrate et inconnus au marchand Sterling qui pratique dautres rituels de reconnaissance.

Juliette Fabre, « Folie du jour, Folie de la nuit. La promenade des boulevards »

Larticle porte sur un nouvel espace et une nouvelle façon de se promener au milieu du xviiie siècle, la promenade des boulevards. Adulée ou décriée chez quelques plumitifs du xviiie siècle, cette pratique correspond à une évolution des goûts et des modes de représentation de lespace urbain. Considérant un corpus de textes assez peu connus, cet article vise à montrer la circulation du boulevard, circulation littéraire et mondaine, qui pose la vitesse au centre des principes de la modernité.

Odile Richard-Pauchet, « Diderot et la promenade philosophique. Paris, Langres, Bourbonne, La Haye »

Diderot, philosophe connu pour sa sédentarité au rebours dun Rousseau « globe-trotter », manifeste en réalité une perception originale de lespace depuis La Promenade du sceptique (1747) jusquà dauthentiques récits de promenade (dans sa correspondance avec Sophie Volland, 1759-1774), au sein dune nature de plus en plus sauvage, capable de féconder une pensée en perpétuel mouvement.

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Nicole Masson, « Promenades perverties chez Rétif de La Bretonne »

Véritable rituel pour Rétif de La Bretonne, la promenade est dans son œuvre loccasion daventures toujours renouvelées et par là un ressort narratif de premier plan. Plusieurs modèles de promenades se distinguent : bucolique et diurne, collective dans la ville de province, parisienne et nocturne. En fait Rétif, loin de poursuivre ces schémas, choisit de les subvertir en les mêlant et dintroduire les plaisirs du sentiment et de linnocence au cœur même de ses excursions les plus libertines.

Arlette Kosch, « “Spaziergangvswanderung”. Deux modes dambulation dans les pays germanophones entre 1770 et 1840 »

Dans les pays germanophones, la mode de la promenade (Spaziergang) dans un parc à langlaise, qui débute vers 1764, va être concurrencée à partir de 1770 par celle de la Wanderung, une randonnée pédestre en pleine nature, calquée sur le Tour des Compagnons et présentant un caractère politiquement contestataire, tout autant que pédagogique, culturel et thérapeutique.

Takumi Taguchi, « Diderot et Rousseau. La promenade, le public et la postérité »

Dans ses fictions, avec la promenade, Diderot jauge la distance intellectuelle vis-à-vis du public dont il devrait lui-même être une des composantes. Rousseau se représente comme le premier individu qui se réorganise en tant que « source de résistance » à la bonne société grâce à une promenade atomisée. À travers la promenade, les deux philosophes critiquent les codes de civilité des cercles de sociabilité contemporains : ce que révèle lanalyse de leur idée de la postérité.