Aller au contenu

Classiques Garnier

Résumés et présentations des auteurs

  • Type de publication : Article de collectif
  • Collectif : Sculpter l’espace, ou le théâtre d’Alexandre Dumas à la croisée des genres
  • Pages : 355 à 362
  • Collection : Rencontres, n° 356
  • Série : Études théâtrales, n° 4
  • Thème CLIL : 4028 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes de littérature comparée
  • EAN : 9782406074489
  • ISBN : 978-2-406-07448-9
  • ISSN : 2261-1851
  • DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-07448-9.p.0355
  • Éditeur : Classiques Garnier
  • Mise en ligne : 03/01/2019
  • Langue : Français
355

résumés
et présentations des auteurs

Florence Naugrette, « Lieu du genre et genres des lieux. Topique des espaces dans le théâtre romantique »

Florence Naugrette, professeur à luniversité Paris-Sorbonne, est lauteur de Le Théâtre romantique (Paris, 2001), Le Plaisir du spectateur de théâtre (Levallois-Perret, 2002), et Le Théâtre de Victor Hugo (Lausanne, 2016). Elle a codirigé Le Théâtre français du xixe siècle (Paris, 2008), et coordonne lédition en ligne de la correspondance de Juliette Drouet à Victor Hugo (www.juliettedrouet.org).

Le mélange des genres romantique passe aussi par le frottement lun contre lautre des espaces caractéristiques des genres constitués ou par linversion des actions censées sy accomplir : ces détournements troublent jusquà créer une impression dangoisse généralisée, en donnant à voir les obsessions de lépoque, notamment les hantises de lenfermement, de la surveillance, de la chute, de la mort qui rôde, de la fracture sociale, de la séparation des consciences, et du retour du refoulé.

Olivier Bara, « Des didascalies imprimées à lespace représenté. Archéologie scénique dHenri III et sa cour dAlexandre Dumas »

Olivier Bara, professeur de littérature française du xixe siècle et darts de la scène à luniversité Lumière – Lyon 2, est directeur de lIHRIM. Ses travaux, relevant de la poétique historique des formes et de la sociocritique, concernent le théâtre et lopéra au xixe siècle, ainsi que les liens entre littérature romantique, spectacle et discours social.

Le texte de théâtre projette une image idéale de la représentation, souvent en décalage avec la mise en scène de la création. Une « archéologie scénique » dHenri III et sa cour permet de saisir les usages de lespace et les significations politiques, philosophiques ou métaphysiques engagées lors de la première représentation au Théâtre-Français. La pièce imprimée doit donc être relue à laune des documents portant traces du spectacle originel : livrets de mise en scène et parodies.

356

Roxane Martin, « Espaces et musique dans La Tour de Nesle. Le drame “mélodramatisé” »

Roxane Martin, professeur à luniversité de Lorraine, est lauteur de La Féerie romantique sur les scènes parisiennes, 1791-1864 (Paris, 2007) et LÉmergence de la notion de mise en scène dans le paysage théâtral français, 1789-1914 (Paris, 2014). Elle a codirigé Les Arts de la scène à lépreuve de lHistoire (Paris, 2011) et dirige lédition critique des Mélodrames de Pixerécourt (Paris, depuis 2013).

Cet article analyse la musique de La Tour de Nesle dans sa capacité à produire de lespace (symbolique, métaphorique, scénique, extrascénique). Lidentification des procédés musico-spatio-dramatiques mis en œuvre dans la pièce permet de soulever la question générique, et de déterminer en quoi ils relèvent dun choix délibéré des auteurs, ou obéissent au contraire à un protocole scénique qui aurait fait subir au texte dAlexandre Dumas et Frédéric Gaillardet une sorte de « mélodramatisation » forcée.

Marion Lemaire, « Frédérick Lemaître et le façonnement de lespace dans Kean, ou Désordre et génie »

Marion Lemaire, docteur en études théâtrales, est lauteur de Robert Macaire : la construction dun mythe. Du personnage théâtral au type social (1823-1848) et darticles sur Robert Macaire et Frédérick Lemaître. Elle travaille sur lédition critique de LAuberge des Adrets et de Robert Macaire et prépare la publication numérique de la correspondance de Frédérick Lemaître.

Frédérick Lemaître tient un rôle déterminant lors de lécriture de Kean. Lanalyse des variantes décriture entre les différents manuscrits permet de comprendre comment se construit et se pense lespace dramatique chez lacteur et les dramaturges. Est alors particulièrement abordée la question de lapport de Frédérick Lemaître dans le façonnement dune dramaturgie alliant conventions décriture textuelle et conventions décriture scénique.

Marie-Pierre Rootering, « Une fille du Régent (1846) devient Le Capitaine Lajonquière (1850). Un nouvel espace scénique pour un nouvel espace dramatique… ou linverse ? »

Marie-Pierre Rootering est docteur en littérature française. Elle a consacré sa thèse aux adaptations théâtrales de romans français au xixe siècle. Chercheuse indépendante, ses travaux portent sur le rapport roman-théâtre, la poétique de la dérivation, le statut 357de lécrivain et les mécanismes de la production théâtrale au xixe siècle. Elle a publié en collaboration LOdéon, un théâtre dans lHistoire (Paris, 2010).

Létude comparative de deux variations théâtrales dun même thème permet dinterroger le rapport entre espace scénique et espace dramatique. Les différences génériques et structurelles des pièces influent-elles sur lespace linéaire de la représentation ? À la fois lieu et temporalité, lespace doublement significatif du théâtre est mué par Alexandre Dumas en un espace déducation politique, civique et morale prônant la suprématie de lamour sur lhorreur de la mort.

Jean-Claude Yon, « Les Mohicans de Paris. Les espaces politiques du drame dumasien au prisme de la censure »

Jean-Claude Yon est professeur dhistoire contemporaine à luniversité de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines. Spécialiste dhistoire des spectacles du xixe siècle. Il est directeur du Centre dhistoire culturelle des sociétés contemporaines, et directeur détudes cumulant à lÉcole pratique des hautes études. Il a publié Une histoire du théâtre à Paris de la Révolution à la Grande Guerre (Paris, 2012).

En août 1864, Alexandre Dumas fait jouer au Théâtre de la Gaîté une adaptation de son roman Les Mohicans de Paris. Le drame a toutefois été profondément mutilé par la censure, celle-ci refusant de montrer à la scène le Paris souterrain des sociétés secrètes de la fin de la Restauration. En détaillant les trois versions du drame, cet article sinterroge sur le rapport à lespace et au temps à lœuvre dans cette pièce, véritable méditation de Dumas sur le Paris de sa jeunesse.

Stéphane Arthur, « Les lieux et les scènes du seizième siècle dans le théâtre de Dumas »

Stéphane Arthur, enseignant en classes préparatoires au lycée Voltaire à Orléans, auteur dune thèse intitulée « La Représentation du xvie siècle dans le théâtre romantique », est lauteur darticles sur le théâtre romantique et lécriture de lHistoire. Il a collaboré au numéro des Nouveaux Cahiers de la Comédie-Française consacré à Hugo, et participe à la publication des œuvres de Pixerécourt (Paris, en cours depuis 2013).

Si lintérêt dAlexandre Dumas pour le xvie siècle est connu, on néglige linfluence du théâtre de ce siècle sur sa poétique, en particulier sur son traitement de lespace : lattention portée par Dumas aux mystères latteste. De 358fait, dans les nombreux drames que lauteur dHenri III et sa cour et de La Reine Margot a consacrés au xvie siècle français et européen, les lieux représentés sont avant tout des espaces symboliques, quinspire un temps fantasmé par Dumas et ses spectateurs.

Sophie Mentzel, « La fugue et le piège. Espace et royauté dans le théâtre de Dumas »

Sophie Mentzel est agrégée de lettres modernes et enseigne actuellement dans un lycée parisien ainsi quà luniversité. Elle est lauteur dune thèse sur la représentation de la royauté sur la scène romantique et a publié plusieurs articles sur le théâtre romantique.

Les pièces dAlexandre Dumas tissent un lien complexe entre espace et royauté, à travers les motifs privilégiés de la fugue et du piège. Elles mettent en scène une monarchie décentrée, littéralement désaxée. Le roi, la reine, ne cessent de déserter lespace du pouvoir qui les empiège. La place royale nest plus figée et en surplomb ; elle est un espace fluctuant, nomade, contesté et contestable qui signale que la royauté est désormais, sur scène comme à la ville, un lieu inhabitable.

Barbara T. Cooper, « Décors et corps en mouvement, ou Napoléon Bonaparte et Richard Darlington comme exemples dune esthétique dumasienne de lespace »

Barbara T. Cooper, professeure émérite de français à luniversité du New Hampshire (USA), est spécialiste du théâtre français de la première moitié du xixe siècle et de la représentation des Noirs sur les scènes parisiennes. Elle participe à lédition du Théâtre complet de Pixerécourt, de Dumas et de Lemercier. Elle a récemment publié Le Marché de Saint-Pierre, dAntier et Decomberousse (Paris, 2016).

Dans Napoléon Bonaparte et Richard Darlington, lesthétique dumasienne de lespace est marquée par une même tendance à animer lHistoire et les histoires par la multiplication et la juxtaposition des décors et par le mouvement des corps dans et à travers lespace. Symboles dambition et dimpermanence, de triomphes et de défaites, les lieux sont les signes dune esthétique qui reconnaît et reproduit linstabilité des institutions et des idéologies dans la période postrévolutionnaire.

359

Maurizio Melai, « Caligula, ou de la synthèse rêvée des genres dramatiques sous légide de lHistoire »

Maurizio Melai, agrégé et docteur en lettres, est professeur de français en classe préparatoire. Il a publié sa thèse sous le titre Les Derniers feux de la tragédie classique au temps du romantisme (Paris, 2015), et est lauteur de nombreux articles publiés par exemple dans Orages, Littérature et culture 1760-1830, dans LAnnée stendhalienne ou encore dans la Revue dHistoire du Théâtre.

En 1837, Alexandre Dumas place son Caligula, tragédie en cinq actes et en vers, sous le signe de lhybridité générique, afin de satisfaire aussi bien les classiques que les romantiques et dattirer au Théâtre-Français un public à la fois nostalgique des formes anciennes et friand du spectaculaire moderne. La résurrection de lHistoire, qui passe avant tout par une conception originale de lespace scénique, est pour Dumas la seule opération qui puisse permettre une synthèse entre les genres dramatiques.

Christine Prévost, « La mise en place du jeu électoral dans Catilina »

Christine Prévost, maître de conférences à luniversité dArtois, est lauteur dune thèse sur le théâtre de Dumas « LHomme sans nom et le roi sans couronne, (1827-1835) ». Elle participe à des publications collectives : « Dumas du texte à la scène » (Cahiers de lAIEF, 2012), Dumas critique (Limoges, 2013). Ses recherches portent sur les filiations entre scènes du xixe siècle et médias audio-visuels du xxe.

Dans le contexte du suffrage de 1848, la représentation de Catilina fut incomprise. Alexandre Dumas met en scène ce moment symbolique de la démocratie quest le vote des citoyens appelés aux urnes. Ainsi, machiné pour les besoins dune intrigue de corruption, lespace se veut aussi réaliste avec ses lieux de la vie parlementaire reconstitués. La tension entre ces deux aspects, machiné et réaliste, installe un jeu avec lespace théâtral : la politique a ses acteurs doués, son public, et ses trucages.

Anne-Marie Callet-Bianco, « DÉdith à Catherine Howard. La construction dun espace imaginaire »

Anne-Marie Callet-Bianco, maître de conférences à luniversité dAngers, travaille sur lœuvre romanesque dAlexandre Dumas, en particulier ses premiers romans dont elle a réédité plusieurs titres peu connus. Elle codirige avec Sylvain Ledda lédition de son Théâtre Complet.

360

Cette contribution aborde la question spatiale en comparant le drame Catherine Howard, joué en 1834, avec sa source, la tragédie Édith, non représentée. Dégagé des contraintes du genre tragique, Alexandre Dumas repense lespace selon les codes du drame romantique, associés à lesthétique et aux enjeux mélodramatiques. Enrichie dune dimension imaginaire qui fait éclater les limites de laction scénique, la pièce devient un drame intemporel et fantasmatique, reflétant la psychè perturbée de son héroïne.

Julie Anselmini, « Espaces réel et fantasmatique dans Teresa »

Julie Anselmini, maître de conférences à luniversité de Caen – Normandie et membre du LASLAR (EA 4256), est spécialiste dAlexandre Dumas. Elle est lauteur de Le Roman dAlexandre Dumas père ou La Réinvention du merveilleux (Droz, 2010), a édité Gaule et France (Paris, 2015) et dirigé Dumas critique (Limoges, 2013) ainsi quAlexandre Dumas critique dramatique (1836-1838) (Cahiers Alexandre Dumas, no 42, 2015).

Le lieu unique et lévolution vers un huis clos étouffant permettent de situer Teresa (1832) par rapport aux genres de la tragédie et du drame romantique ; le lieu réel souvre aussi à des espaces imaginaires qui exercent une influence déterminante sur les personnages et entraînent le drame vers le romanesque ; enfin, le travail de lespace permet dévaluer les déplacements quopère Teresa par rapport à des pièces antérieures dont ce drame sinspire.

François Vanoosthuyse, « Sur la route. Le “style spatial” de quatre pièces de Dumas (1830-1834) »

François Vanoosthuyse est professeur de littérature française à luniversité de Rouen-Normandie. Il est membre du Cérédi. Ses travaux portent principalement sur les littératures romantiques et réalistes. Il est directeur de publication de LAnnée stendhalienne.

Cet article essaie, à partir dune étude du rapport entre espace scénique et espace diégétique, de montrer lincidence du roman sur la conception dumasienne de lintrigue et de la représentation théâtrale. Lanalyse porte plus particulièrement sur quatre pièces : Antony, Angèle, Teresa, Richard Darlington.

361

Hélène Laplace-Claverie, « LAlchimiste de Dumas et Nerval (1839) ou la fabrique dun espace romantique »

Hélène Laplace-Claverie est professeur de littérature française à luniversité de Pau, membre du Centre de recherche poétique, histoire littéraire et linguistique. Elle étudie les arts du spectacle en France aux xixe et xxe siècles, avec une prédilection pour des formes réputées mineures comme le ballet, la féerie ou la pantomime. Elle a publié Écrire pour la danse (Paris, 2001) et Modernes féeries (Paris, 2007).

LAlchimiste (1839) ressemble moins, sur le plan de lintrigue, à un drame romantique quà un drame bourgeois à la façon du xviiie siècle. Mais le traitement de lespace apparaît quant à lui typique dune esthétique propre au premier xixe siècle. À la fois dynamique et polysémique, lespace dramatique et scénique peut se lire à différents niveaux (référentiel, symbolique, psychanalytique, métathéâtral). Il a pour finalité de rendre peu à peu ostensible le contenu latent de la fable.

Georges Zaragoza, « La pratique dumasienne du rideau de scène comme outil de la dramaturgie romantique »

Georges Zaragoza, professeur émérite de littérature comparée à luniversité de Bourgogne, comédien et metteur en scène, étudie le récit fantastique et le drame romantique. Il a notamment publié Le Personnage de Théâtre (Paris, 2006), édité Promenade de Dieppe aux montagnes dÉcosse de Nodier (Paris, 2003), Le Trouvère de Garcia Gutiérrez (Paris, 2011) et une Trilogie écossaise (Paris, 2013).

Le rideau de scène est attaché à un mode de représentation qui triomphe au xixe siècle, mais également à une dramaturgie propre à ce moment de lhistoire du théâtre. On peut dès lors étudier comment les dramaturges romantiques et particulièrement Alexandre Dumas ont su tirer parti de leffet que produit la chute du rideau de scène. Il devient une sorte de respiration du spectacle propre à rythmer les temps forts et à décupler les émotions, en même temps quil sert à structurer lespace dramatico-scénique.

Nicolas Manuguerra, « Para-espaces et praticabilité dans le théâtre de Dumas autour de 1830 »

Nicolas Manuguerra, doctorant en littérature française et chargé de cours à luniversité dUppsala, prépare une thèse sur les espaces praticables dans le théâtre de la période romantique. Il sintéresse aux théories de lespace en littérature et a 362publié dans la revue Orages (no 15, 2016) un article sur lobjet théâtral et son influence sur lespace dramatique et la question générique dans le Charles VII dA. Dumas.

Larticle met au jour la nature transitionnelle des espaces praticables. Leur présence et leur usage dans les pièces dAlexandre Dumas (dans le texte ou sur scène) permettent desquisser une théorie de la fonction « para-spatiale », qui éclaire des pertinences herméneutiques et symboliques. Assurant un rôle de médiation entre différents espaces au sein et au-delà de la perspective scénique, les praticables pourraient même avoir une incidence sur la formation ou la perception générique des pièces.

Sylvain Ledda, « Le lit dans le théâtre dAlexandre Dumas. Lespace de tous les dangers ? »

Sylvain Ledda est professeur de littérature française à luniversité de Rouen-Normandie et membre du Cérédi. Ses travaux portent sur le romantisme, en particulier le théâtre des années 1820-1840. Il a consacré une biographie à Alexandre Dumas (Paris, 2014), a édité Kean (Paris, 2017), Henri III et sa cour, La Tour de Nesle (Paris, 2015), La Reine Margot (Paris, 2014) et codirige le Théâtre complet de Dumas.

Élément de décor dans la représentation de la vie privée comme de la vie publique, le lit occupe une place essentielle dans la manière dont Alexandre Dumas conçoit lespace. Sur scène, le lit est un élément praticable, autour duquel peuvent se nouer des situations dramatiques ou comiques. Dans ses drames, Dumas en fait un micro-espace potentiellement dangereux. Cest le rôle dramatique du lit dans lespace que cet article propose détudier.