Résumés
- Type de publication : Article de collectif
- Collectif : Sciences humaines, foi et religion
- Pages : 235 à 238
- Collection : Constitution de la modernité, n° 13
- Thème CLIL : 4127 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Philosophie -- Philosophie éthique et politique
- EAN : 9782406082897
- ISBN : 978-2-406-08289-7
- ISSN : 2494-7407
- DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-08289-7.p.0235
- Éditeur : Classiques Garnier
- Mise en ligne : 14/09/2018
- Langue : Français
RÉSUMÉS
Yves Krumenacker, « Le chercheur et la foi. Quelle distance avoir ? »
Alors que certains pensent qu’il faut être croyant pour étudier la religion, la plupart des chercheurs préconisent plutôt un gnosticisme méthodologique. Une empathie avec son sujet est nécessaire, car la connaissance est toujours relation interpersonnelle. Mais il faut aussi s’en détacher pour combiner analyses interne et externe. L’important est surtout de pouvoir réfléchir à sa pratique et d’être capable de la théoriser.
Jean-Philippe Pierron, « La dialectique vive de la conviction et de la critique »
Foi et recherche en sciences humaines ne peuvent être ni confondues ni séparées, mais sans cesse confrontées. La recherche philosophique est désir et attention constante, ce qui lui donne une dimension spirituelle. Mais la foi du chercheur doit passer au crible de la raison. Elle lui permet d’aspirer à la recherche de la vérité dans ce qu’elle a de plus universel, mais aussi de plus personnel, rejoignant ainsi la quête existentielle du chercheur.
Pierre-François Moreau, « Le savoir et l’appartenance »
S’il faut être croyant pour parler de religion, cela interdit toute recherche, car on n’est jamais exactement de la religion étudiée. Cela revient en réalité à s’opposer à ce que l’autre pénètre dans sa propre croyance. C’est souvent une exigence des dominés dont l’histoire est confisquée. Mais toute croyance est vécue subjectivement, ce qui nécessite aussi un regard extérieur attentif aux points communs et aux variations, capable d’échapper aux formes dominantes de la croyance.
236Céline Borello, « Histoire confessionnelle et histoire scientifique. Enjeux et jalons autour du protestantisme »
Le propos vise à comprendre comment l’histoire de la Réformation en France s’est progressivement émancipée d’une plume engagée dans la défense de la foi protestante pour adopter des méthodes conformes aux pratiques scientifiques de la discipline historienne. Cette interrogation croise diverses questions : celle des enjeux d’une écriture historique, celle d’une scientifisation de la narration du passé et celle de l’appartenance confessionnelle des historiens.
Noémie Recous, « De la sympathie à l’étude. Faire l’histoire religieuse des individus »
Travailler sur la religion d’un individu, son rapport au sacré et à la transcendance permet de mettre en lumière ces structures plus générales, tout en questionnant les appropriations et reformulations personnelles. Si une certaine sympathie peut se développer entre l’historien.ne et son objet d’étude, un des enjeux majeurs de l’écriture historienne réside dans la distance, qui permet de trouver un équilibre entre une familiarité perçue et l’étrangeté irrémédiable liée à la distance temporelle.
Cherif Ferjani, « Étude des faits islamiques et combat contre l’islamisme et l’islamophobie »
Des engagements politiques peuvent amener à l’étude scientifique des faits islamiques pour lutter contre l’islam radical. Grâce à l’islamologie orientaliste, il est possible de se dégager des approches théologiques traditionnelles. Mais elle a souvent étudié les faits islamiques à travers le prisme des orthodoxies dominantes. C’est pourquoi il est nécessaire d’explorer de nouvelles approches historicisant les catégories de la pensée musulmane comme celles des autres religions et cultures.
Éric Geoffroy, « L’écriture académique est-elle “objective” ? »
L’objectivité n’existe dans aucune science, toute recherche est à la fois académique et personnelle. La spiritualité musulmane montre que toute réalité a plusieurs aspects, une idée partagée par bien des scientifiques actuels. Il s’agit donc de reconnaître sa propre subjectivité et d’accepter une réalité plurielle, 237d’articuler l’approche doctrinale et l’approche historique, sociologique ou anthropologique.
Sébastien Tank-Storper, « Le judaïsme comme un autre. Identité, réflexivité et sciences sociales du judaïsme »
Les études juives ont longtemps été soupçonnées d’être fermées aux non-Juifs et de viser à élaborer une identité juive. Y échapper suppose de poser un écart par rapport à l’identité juive, de penser le judaïsme comme pluriel, aux identités multiples et mouvantes dont la légitimité est revendiquée par diverses institutions ; cela conduit à remettre en cause les classifications habituelles des courants juifs, à partir de concepts internes et externes.
Christine Barralis, « La déconfessionnalisation de l’histoire du christianisme en France »
Le processus de déconfessionnalisation de l’histoire du christianisme à l’œuvre au cours du xxe siècle en France peut s’observer à travers deux phénomènes distincts : le « décentrement » du regard des historiens et la part décroissante au fil du temps, non seulement des clercs mais même des croyants, parmi les historiens du christianisme. Cela a permis de penser l’histoire du religieux comme un simple élément d’une histoire plus large.
Olivier Chatelan, « Catholicisme et sociologie en France, des années 1880 aux années 1960. Réflexions d’ensemble »
La « sociologie catholique » a-t-elle existé en France ? Au début du xxe siècle, des clercs s’essaient à une science du social souvent largement inspirée des enseignements de l’Église. Restée peu visible et marginale, elle est à rapprocher de méthodes d’enquête, qui inspirent plusieurs mouvements. Les années 1950 sont marquées par les questions de l’institutionnalisation et de la déconfessionnalisation. Coexistent alors plusieurs manières de « faire de la sociologie ».
Lionel Obadia, « Regards (de) civilisés sur les religions (de) sauvages. L’anthropologie, l’anthropologue et la croyance de l’autre »
La question du rapport de l’anthropologue à la religion en général serait moins délicate qu’ailleurs, en raison de la distance qu’il entretient avec les 238systèmes de croyances de sociétés traditionnelles supposées pleines de sacré. Mais ce rapport est bien plus complexe, et oscille entre scepticisme plus ou moins froid et affirmé, adhésion plus ou moins clandestine, ou, le plus souvent, attitude bienveillante mais épistémologiquement réservée.
Pierre Gisel, « De la théologie aux sciences religieuses. Quels déplacements et quelle relance pour chacun ? »
Au cœur des déplacements de la théologie aux sciences religieuses est d’abord en cause la question du type d’interrogation, ainsi que le passage de réalités religieuses vues pour elles-mêmes à leur articulation à la scène sociale, dont elles sont notamment un lieu de symptômes, ouvrant du coup la question de leur régulation, interne et externe. Les déplacements indiqués peuvent, enfin, être l’occasion d’une relance de questions de fond, pour chacun et sur son terrain propre, différemment donc.
Olivier Servais, « De l’objet religieux à distance à l’engagement à objectiver sa subjectivité »
Le positionnement du chercheur s’explique par sa trajectoire, qu’il doit pouvoir lire et dire. Missionnaires, ethnologues, anthropologues revendiquent en effet presque tous un engagement, religieux, ou pour une cause temporelle. La subjectivité est donc toujours présente, mais il faut l’objectiver, déconstruire ses propres catégories afin de se rapprocher de celles des autres et avec l’intention de les exposer le mieux possible, ceci pour établir les faits dans la vérité d’autrui.