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Classiques Garnier

Préface

  • Type de publication : Chapitre d’ouvrage
  • Ouvrage : Satires
  • Pages : 1 à 10
  • Réimpression de l’édition de : 1932
  • Collection : Société des Textes Français Modernes, n° 77
  • Thème CLIL : 3436 -- LITTÉRATURE GÉNÉRALE -- Oeuvres classiques
  • EAN : 9782406103462
  • ISBN : 978-2-406-10346-2
  • ISSN : 2777-7715
  • DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-10346-2.p.0051
  • Éditeur : Société des Textes Français Modernes
  • Mise en ligne : 06/03/2020
  • Diffusion-distribution : Classiques Garnier
  • Langue : Français
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PRÉFACE


Comme c'est icy vrai-semblablement la dernjere Edi- tion de mes Ouvrages que je reverrai; &qu'il n'y a pas d'apparence, qu'âgé, comme je suis, de plus de soixante & trois ans, cC accablé de beaucoup d'infirmités, ma 5 course puisse estre encore fort longue, le Public trou- vera bon, que je prenne congé de luy dans les formes, & que je le remercie de la bonté qu'il a euë d'acheter tant de fois des ouvrages si peu dignes de son admiration. Je ne sçaurois attribuer un si heureux succez qu'au soin xo que j'ay pris de me conformer tot3jours à ses sentimens, & d'attraper autant qu'il tn'a esté possible, son goust en toutes choses. C'est effectivement à quoy il me semble que les Ecrivains ne sçauroient trop s'étudier. Un ouvrage
TxrttE. — Cette préface est celle, rappelons-]e, de la deruiére en date
des éditions authentiques de ses ouvres données par Boileau lui-méme (tBuvres ~ diverses ~ du S~ Boileau Despréaux ~ ¢vee ~ le Tr¢i!é I du ~ Sublinu ~ ou ~ du Merveilleux ~ dans le discours, ~ Trndaiil du Grec de Longin. ~ Nouvelle Editiove, reveue et augmentée. ~ A Pris, ~ chez Denys Thierry, ruë s¢int jncques, devnoit ~ les M¢thurins, n I¢ ville de Y¢ris. ~ bfDCCI. ~ Avec Privilé;e du Roy). Nous avons cru, quoiqu'elle soit relative à l'e~rsemble des t~uvres, et non pas seulement aux Satires, devoir la donner tout entière, d'autant plus que c'est le souvenir des Satires et des combats auxquels elles ont donné lieu qui y tient la plus grande place. Au reste on trouvera, à l'appendice, le texte des préfaces des éditions particulières des Sntires (x666-1668) et le Disco¢rs sur la Satire, publié avec la premiére éditimr de la Satire IX (x668), mais que, depuis la premiére édition de ses ouvres diva~ses (x674), Boileau joignit à ses wuvres en prose.
-.1. Cette préface doit donc avoir été écrite un peu avant la fin de x~oo, Boileau devait avoir soixante-quatre ans le rai novembre : à cette date l'impression de l'édition de r7or devait déjà être en cours.
~-8. L'édition de x^or est la sixiéme des tBuvres diverser. Il y faut ajou- ter les éditions collectives ou particulières des Satires et les éditions par- ticulières de quelques-unes des Epitres.
52 a beau estre approuvé d'un petit nombre de Connois-
rç seurs, s'il n'est plein d'un certain agrément &d'un cer- tain sel propre à piquer le goust general des Hommes, il ne passera jamais pour un bon ouvrage, & il faudra à la fin que les Connoisseurs eux-mesures avouënt qu'ils se sont trompés en luy donnant leur approbation. Que
zo si on me demande ce que c'est que cet agrément & ce sel, Je répondray, que c'est un je ne sçay quoy qu'on peut beaucoup mieux sentir, que dire. A mon avis nean- moins, il consiste principalement à ne jamais presenter au Lecteur que des pensées vraies & des expressions
Zç justes. L'Esprit de l'Hotntne est naturellement plein d'un nombre infini d'idées confuses du Vrai, que souvent il n'entrevoit qu'à demi; &rien ne lui est plus agreable que lorsqu'on luy offre quelqu'une de ces idées bien éclaircie, &mise dans un beau jour. Qu'est-ce qu'une
3o pensée neuve, brillante, extraordinaire? Ce n'est point, comme se le persuadent les Ignorans, une pensée que personne n'a jamais euë, ni dû avoir. C'est au contraire une pensée qui a dû venir à tout le monde, &que quel- qu'un s'avise le premier d'exprimer. Un bon mot n'est
;5 bon uiot qu'en ce qu'il dit une chose que chacun pensoit, & qu'il la dit d'une maniere vive, fine & nouvelle. Considerons, par exemple, cette replique si fameuse de Loüis Douzième à ceux de ses Ministres qui luy conseil- loient de faire punir plusieurs Personnes, qui sous le
¢o regne precedent, &lorsqu'il n'estoit encore que Duc d'Orléans, avoient pris à tâche de le desservir. Un Roy de France, leur répondit-il, rte venge point les injures d'un Duc d'Orléans. D'où vient que ce mot frappe d'abord ?
¢r-¢;. « On rapporte, dit Bayle, dans son Dictionnnire, plusieurs bons mots u de ce roi. Mais on a discuté sur les circonstances oit celui que Boileau rappelle aurait été prononcé, et même sur son authenticité. Le
53 PRÉFACE 3
N'ést-il pas aisé de voir que c'est pare qu'il presente
.t5 aux yeux une verité que tout le monde sent, &qu'il dit mieux que tous les plus beaux discours de Morale, Qu'un grand Prince, lorsqu'il est une fois .cur le thrône, ne doit plus agir par des mouvemens particuliers, ni avoir d'autre veuë que la gloire ér le bien general de son Estat P Veut-on
ço voir au contraire combien une pensée fausse est froide & puerile ? Je ne sçaurois rapporter un exemple qui le fasse mieux sentir, que deux vers du Poëte Theophile dans sa Tragedie intitulée Pyrâme & Thysbé; lorsque cette malheureuse Amante ayant ramassé le poignard
5 S encore tout sanglant dont Pyrâme s'estoit tué, Elle querelle ainsi ce poignard,
Ahl voici le poignard qui du sang de son Maistre
S'est souillé lâchement. Il en rougit le Traüre.

Toutes les glaces du Nord ensemble ne sont pas, à
6o mon sens, plus froides que cette pensée ? Quelle extra- vagance, bon Dieu ! de vouloir que la rougeur du sang, dont est teint le poignard d'un Homme qui vient de s'en tuer lui-mesure, soit un effet de la honte qu'a ce poi- gnard de t'avoir tué ? Voici encore une pensée qui n'est
6Ç pas moins fausse, ni par consequent moins froide. Elle est de Benserade dans ses Métamorphoses en rondeaux,
dernier en date, aa rune siécle, des historiens qui le rapportent, Varillas, dans son Histoire de Louis XII (Livre XI), le donne, sous une forme moins lapidaire, comme une réponse â ceux qui lui conseillaient de se venger de Louis de la Trémoille, son ancien vainqueur â la bataille de Saint- Aubin-du-Cormier.
Sz-SS. Sur Théophile, voir Snt. III, riz, et IX, r~ç. La tragédie de Pyrame et "Thisbé, imprimés en r6z;, a dG être représentée un peu plus tbt. Les vers dont Boileau fait la critique sont tirés de la scéne finale de l'acte V (vers tu-uz de la scéne II).
66. Les Mitamorphoses d'Ovide en rondrntas ont paru en r6g6. Bense- rade avait alors soixanre-quatre ans et le goilt était passé du genre d'es- prit qui avait fait, dans la génération précédente, sa réputation. Au moment oit Boileau publiait son édition de r~or, Benserade était mort depuis dis ans.
54 4 PRÉFACE
où parlant du Déluge envoyé par les Dieux pour châtier l'insolence de l'Homme, il s'exprime ainsi,
Dieu lava bien la teste à son Image.

~o Peut-on à propos d'une aussi grande chose que le Déluge, dire rien de plus petit, ni de plus ridicule que ce quo- libet, dont la pensée est dautant plus fausse en toutes manières, que le Dieu dont il s'agit en cet endroit, c'est Jupiter, qui n'a jamais passé chez les Payons pour avoir
95 fait l'Homme à son image :l'Homme dans la Fable estant, comme tout le monde sçait, l'ouvrage de Pro- methée.
Puis donc qu'une pensée n'est belle qu'en ce qu'elle est vraye; &que l'effet infaillible du Vray, quand il est
so bien énoncé, c'est de frapper les Hommes; Il s'ensuit que ce qui ne frappe point les Hommes, n'est ni beau, ni vray, ou qu'il est mal énoncé : &que par consequent un ouvrage qui n'est point gotàté du Public, est un trés- méchant ouvrage. Le gros des Hommes peut bien, durant
s5 quelque temps, prendre le faux pour le vrai, &admirer de méchantes choses :mais il n'est pas possible qu'à la longue une bonne chose ne luy plaise ; & je deffie tous les Auteurs les plus mécontens du Public, de me citer un bon Livre que le Public ait jatnais rebutté : à moins
90 qu'ils ne mettent en ce rang leurs écrits, de la bonté desquels Eux seuls sont persuadez. J'avoüe neanmoins, & on ne le sçauroit nier, que quelquefois, lors que d'excellens ouvrages viennent à paroistre, la Cabane & l'Envie trouvent moyen de les rabbaisser, &d'en rendre
95 en apparence le succez douteux :mais cela ne dure guères; & il en arrive de ces ouvrages comme d'un morceau de bois qu'on enfouce dans l'eau avec la main : il demeure au fond tant qu'on l'y retient, mais bien-tost la main
55 PRÉFACE S
venant à se lasser, il se releve &gagne le dessus. Je
Ioo pourois dire un nombre infini de pareilles choses sur ce sujet, & ce seroit la matiere .l'un gros Livre :mais en voilà assez ce me semble, pour marquer au Public tua reconnoissance, & la haute idée que j'ay de son goust & de ses jugemens.
Io5 Parlons maintenant de mon édition nouvelle. C'est la
plus correcte qui ait encore paru ; &non seulement je
l'ay reveûë avec beaucoup de soin, mais j'y ay retouché
de nouveau plusieurs endroits de tues ouvrages. Car je
ne suis point de ces Auteurs fuians la peine, qui ne se

I-IO croient plus obligez de rien racomtnoder à leurs écrits, dès qu'ils les ont une fois donnés au Public. Ils alleguent
pour excuser leur paresse, qu'ils auroient peur en les
trop remaniant de les affoiblir, S~ de leur oster cet air libre &facile qui fait, disent-ils, un des plus grands
III charmes du discours :mais leur excuse, à mon avis, est très-mauvaise. Ce sont les ouvrages faits à la hâte, &, comme on dit, au courant de la plume, qui sont ordinai- rement secs, durs &forcés. Un ouvrage ne doit point paroistre trop travaillé ; mais il ne sçauroit estre trop
Izo travaillé, &c'est souvent le travail tnêtne qui en le polissant luy donne cette facilité tant vantée qui charme le Lecteur. Il y a bien de ]a difference entre des vers faciles, &des vers facilement faits. Les Ecrits de Virgile, quoi qu'extraordinairement travaillez, sont bien plus
Izç naturels que ceux de Lucain, qui écrivoit, dit-on, avec une rapidité prodigieuse. C'est ordinairement ]a peine que s'est donnée un Auteur à limer & à perfectionner ses Ecrits, qui fait que le Lecteur n'a point de peine en
I25-Iz6. Nous savons que Lucain, qui est mort âvingt-six ans, et dont il ne nous reste que le poéme de la Pharsale, avait beaucoup écrit, et dans tons les genres.
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les lisant. Voiture qui paroist si aisé, travailloit extréme-
r;o ment ses ouvrages. On ne voit que des gens qui font aisément des choses médiocres; mais des gens qui en fassent, mesme difficilement, de fort bonnes, on en trouve tres-peu.
Je n'ai donc point de regret d'avoir encore employé
~;S quelques-unes de tues veilles à rectifier mes Ecrits dans cette nouvelle Edition, qui est, pour ainsi dire, mon Edi- tion favorite. Aussi y ai-je mis mon nom, que je m'estois abstenu de mettre à toutes les autres. J'en avois ainsi usé par pure modestie :mais aujourd'huy que mes ouvrages
rqo sont entre ]es mains de tout le monde, il m'a paru que cette modestie pouroit avoir quelque chose d'affecté. D'ailleurs j'ai esté bien aise, en le mettant à la teste de mon Livre, de faire voir par là quels sont précisément les ouvrages que j'avoue, &d'arrêter, s'il est possible, le
:4S cours d'un nombre infini de méchantes pièces qu'on répand par tout sous mon nom, &principalement dans les Provinces &dans les Païs étrangers. J'ay mesme, pour mieux prévenir cet inconvenient, fait mettre au commen- cement cle ce volume, une liste exacte & detaillée de tous
i5o mes Ecrits, & on la trouvera immediatement aprés cette Préface. Voilà dequoy il est bon que le Lecteur soit instruit.
rzq. Sur Voiture, voir Sat. III, r8r. Pellisson, dans son Histoire de l'Acadiraie frnnçaise (V, x), dit de la prose de Voiture qu'elle est « ce qu'il y â de plus châtié et de plus exact », et il en loue d'ailleurs le « naturel n et la finesse. Ses vers lui semblent «plus négligés n, sans btie, ajoute-t-il, moins beaux.
r43-rç6. A certaines éditions des Satires de Boileau avaient en effet été ajoutées d'autres satires, qui sont du P. Sanlecque (mort en r~r4) ou dont l'attribution est contestée (voir ci-dessus, page xxtr, note 4, et Bibliograpbie de M. Em. Magne, t. II, Index alphabitique, au nom de Losme daMonchesnny, de Sanlecque et au, mot Safirr.).
r4g-rço. Nous n'avons pas jugé qu'il y etit lieu de reproduire ici, dans cette édition particuliére des Sabres, cette liste de tous les ouvrages de notre auteur.
57
PRÉFACE

I1 ne reste plus presentement qu'à luy dire quels sont les ouvrages dont j'ay augmenté ce volume. Le plus-
~55 considérable est une onzième Satire que j'ay tout récem- ment composée, &qu'on trouvera à la suite des dix pré- cédentes. Elle est addressée à Monsieur de Valincour mon illustre Associé à l')-iistoire. J'y traite du vrai 2St du faux Honneur, & je l'ai composée avec le même soin que tous
r6o mes autres Ecrits. Je ne sçaurois pourtant dire si elle est bonne ou mauvaise :car je ne l'ai encore communiquée qu'à deux ou trois de mes plus intimes Amis, à qui même je n'ay fait que la réciter fort vîte, dans la peur qu'il ne luy arrivast ce qui est arrivé à quelques autres
r6ç de mes pieces, que j'ay vû devenir publiques avant même que je les eusse mises sur le papier :plusieurs personnes, à qui je les avois dites plus d'une fois, les ayant retenuës par coeur, & en ayant donné des copies. C'est donc au Public à m'apprendre ce que je dois penser de cet ouvrage,
rio ainsi que de plusieurs autres petites pieces de Poësie qu'on trouvera dans cette nouvelle Edition, & qu'on y a mêlées parmi les Epigrammes qui y estoient déjà. Ce sont toutes bagatelles, que j'ai la plûpart composées dans ma premiere jeunesse :mais que j'ay un peu rajus-
r75 tées, pour les rendre plus supportables au Lecteur. J'y ai fait aussi ajoûter deux nouvelles Lettres, l'une que j'écris à Monsieur Perrault, & où je badine avec ]ui sur n8tre démêlé Poëtique, presque aussi-tost éteint qu'allumé.
r5S et suie. Sur la satire XI, v. p. r8q, note r, et l'Itttrod:ufima, PP• xxxt-xxxv,
r6z. Texte de l'édition in-8° (v. IittTo(l7lftt0+t, p. rxx, note r) : e deux ou trois de tires amis ».
ryo et suie. Il est inutile sans doute d'avertirgne les æuvres diverses dont il va étre question ici ne figurent pas dans le présent volume.
ryy. Sur les rapports de Boileau et de Charles Perrault, voir p. ryo, note du vers qsz. I,a lettre dont parle ici Boileau était insérée dans l'édition de r~or it la suite des Réflexions critiques de Longin. Elle a, dans l'édition Berriat-Saint-Prix, pris place parmi la Correspnndattce.
58 ô PR)4rACE
L'autre est un Retnercîment à M. le Comte d'Ericeyra,
Iso au sujet de la Traduction de mon Art Poëtique, faite par luy en vers Portugais, qu'il a eu la bonté de m'envoyer de Lisbonne avec une Lettre &des vers François de sa composition, où il me donne des louanges tres-délicates, & ausquelles il ne manque que d'estre appliquées à un meil-
Isç leur sujet. J'aurois bien voulu pouvoir m'acquitter de la parole que je luy donne à la fin de ce Remercîment, de faire imprimer cette excéllente traduction à la suitte de mes Poësies ; mais malheureusement un de mes Amis à qui je Pavois prestée m'en a égaré le premier Chant, &
Igo j'ay eu la mauvaise honte de n'oser récrire à Lisbonne pour en avoir une autre copie. Ce sont là à peu près tous les ouvrages de ma façon bons ou méchans, Bouton trouvera icy mon Livre augmenté :Mais une chose qui sera seurement agreable au Public, c'est le present que je
t95 luy fais dans ce mesure Livre, de la Lettre que le celebi•e Monsieur Arnaud a écrite à Monsieur Pte` à propos de ma dixiéme Satire, & où, comme je l'ay dit dans l'Epistre à mes vers, il fait en quelque sorte mon apologie. J'ay mis cette Lettre la derniere de tout le Volume, afin qu'on
soo la trouvast plus aisément. Je ne doutepoint que beaucoup de Gens ne m'accusent de temerité, d'avoir osé associer à mes écrits l'ouvrage d'un si excellent Homme, & j'avouë que leur accusation est bien fondée. Mais le mayen de resister à la tentation de montrer à toute la
:os Terre, comme je le montre en effet par l'impression de

Iyg. La lettre â M. d'Ericeyra, général et écrivain portugais (t673-

Iyq¢), écrite r environ quatre ans n avant le Io juillet Iyol, dit Boileau lui-même dans une lettre de cette date envoyée â Brossette, prend place, en 1~OI, dans les CEuvres ett prose avant le Remerciemart à MM. de L'Académie.
rg6. P***, Charles Perrault. I.a lettre d'Arnauld prend place â la fin de la publication de 1~OI.
59 PRÉFACE i
cette Lettre; que ce grand Personnage tue faisoit l'hon- neur de m'estimer & avoit la bonté mess esse aliquid putare nugas ?
Au reste comme malgré une apologie si authentique,
sro &malgré les bonnes raisons que j'ai vingt fois alleguées en vers & en prase, il y a encore des gens qui traitent de médisances les railleries que j'ai faites de quantité d'Au- teurs modernes, &qui publient qu'en attaquant les de- fauts de ces Auteurs, je n'ai pas rendu justice à leurs
zts bonnes qualitez; je veux bien, pour les convaincre du contraire, repeter encore ici les tn@mes paroles que j'ai dites sur cela dans la Préface de mes deux Editions pré- cedentes. Les voici. Il est bon que le Lecteur soit averti d'une chose ; C'est qu'en attaquant dans mes ouvrages les
zzo defauts de plusieurs Écrivains de nôtre Siecle, je n'ai pas prétendu. pour cela ôlev à ces Écrivains le mente et les bonnes qualite~ qu'ils peuvent avoir d'ailleurs. Je n'ai pas pretendu, dis-je, nier que Chappelain, par exemple, quoi que Poëte fort dur, za'ait fait autre fois, je ne sçay comment, une assez belle
szs Ode; &qu'il n'y ait beaucoup d'esprit dans les ouvrages de Monsieur Quinaut, quoi que si éloigné de la perfection de Virgile. J'ajoüeteray même, sur ce dernier, que dans le temps oie j'écrivis contre luy, nous estions tous deux fort jeunes, qu'il n'avoit pas fait alors beaucoup d'ouvrages, qui lui ont
z;o dans la suitte acquis une juste reputation. je veux bien aussi
goy-zoé. « ,..de penser que mes bagatelles étaient quelque chose. »

C'est un vers de Catulle, dans la dédicace qui est en tête dtt recueil de ses poésies.
zr~. Editions de 1685 et de 1694.
zz;-zzq. Le texte original portait : a ...quoy qu'assez méchant Poëte. n zz.I-zzs. L'Ode d Richelieu (r6;;), dont le succés fut a immense n (Georges Collas, JeanChnpelnin, Paris, rgxr, p. rrz).
zzs-zz6. Dans le texte original : rc ...les ouvrages de M. Q**. zz6-zzy. Allusion aux vers zo de la Satire II et z88 de la Satire IX. zzy-z;o. Allusion aux opéras de Quinault, dont aucun n'est antérieur
â r6yz. La derniére des satires de la jeunesse de Boileau, la satire IX, est
de r668.
60 IO PRÉFACE
avouer qu'il y a du genie dans les écrits de Saint-Amand, de Brebeuf, de Scuderi, de Cotin mesure & de plusieurs autres que j'ay critiquez. En un nrot, avec la mesure sincerité que j'ay r. aillé de ce qu'ils ont de blâmable, je suis prest à convenir de
z;ç ce qu'ils peuvent avoir d'excellent. Voilà ce me semble leur rendre justice, &faire bien voir que ce n'est point un esprit d'envie & de médisance qui m'a fait écrire contre eux.
Après cela, si on m'accuse encore de médisance, je ne sçai point de Lecteur qui n'en doive aussi estre accusé
zqo puis qu'il n'y en a point qui ne dise librement son avis des écrits qu'on fait imprimer, &qui ne se croye èn plein droit de le faire du consentement même de ceux qui les mettent au jour. En effet, qu'est-ce que mettre un ouvrage au jour? N'est-ce pas en quelque sorte dire au
aqç Public, Jugez-moy ? I'ourquoy donc trouver mauvais qu'on nous juge? Mais j'ai mis tout ce raisonnement en rimes dans ma neuvième Satire, & il suffit d'y renvoyer mes Censeurs.
z;z. Les mots n de Cotiu mesure n ne sont pas dans le texte original. Rappelons que l'abbé Cotin était mort en x682.
z;;. Texte de 1694 : n .,.que j'ay critiquez, et qui sont en effet d'ail- leurs, aussi bien que moy, trés-dignes de critique. En un mot... u