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Classiques Garnier

Résumés

  • Type de publication : Article de collectif
  • Collectif : Samuel Beckett et la culture française
  • Pages : 369 à 373
  • Collection : Carrefour des lettres modernes, n° 9
  • Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
  • EAN : 9782406096351
  • ISBN : 978-2-406-09635-1
  • ISSN : 2494-7520
  • DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-09635-1.p.0369
  • Éditeur : Classiques Garnier
  • Mise en ligne : 17/12/2019
  • Langue : Français
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Résumés

Llewellyn Brown, « Note liminaire »

Si venir en France, pour Samuel Beckett, pouvait signifier rejoindre un bouillonnement culturel, il nen va pas de même aujourdhui, depuis que la langue française est devenue “mineure”. On note ainsi un déséquilibre entre les études beckettiennes au plan international, où la contribution francophone est désormais marginalisée. Cependant, affirmer le lien entre Beckett et le domaine français permet aussi de préserver linscription de cet auteur dans une certaine tradition intellectuelle et culturelle.

Yann Mével, « Introduction. Beckett et la question des frontières nationales »

Cette introduction présente un état des lieux dune critique beckettienne de plus en plus soucieuse de rendre compte des dimensions littéraires, linguistiques, culturelles et socio-politiques de lœuvre. Loin de toute appropriation nationale, ce volume analyse le positionnement de Samuel Beckett et de son œuvre par rapport à la littérature et la pensée de langue française, invite à sinterroger sur certaines spécificités de la critique beckettienne de langue française et sur lhéritage de lœuvre.

Angela Moorjani, « Beckett et la littérature française. Les années dapprentissage »

Cet essai sonde le début de la passion de Beckett pour la littérature française : sa « jeunesse studieuse » à Trinity College Dublin, suivie dun séjour parisien et la composition dun poème sur René Descartes, dune étude sur Marcel Proust, avant de se lancer dans une carrière brillante, et vite avortée, denseignant à TCD. Ces années dapprentissage nous renseignent et sur les auteurs français que Beckett se plaît à persifler et, ce qui importe davantage, sur ceux quil reconnaît comme ses précurseurs.

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Thomas Hunkeler, « Beckett et la poésie française, de Ronsard à Rimbaud. “Des mots quà lair je jette” »

Cet article analyse les multiples façons dont la poésie de langue française, de Scève et Ronsard à Baudelaire, Apollinaire et Éluard, a marqué lœuvre de Samuel Beckett. On y observe notamment comment lauteur passe dun mode allusif très marqué, notamment dans ses œuvres de jeunesse, à des échos plus discrets, mais non moins efficaces, dès la fin des années trente. Par ce recours à la poésie, Beckett se montre sensible à des tonalités lyriques, qui forment souvent un contrepoint marqué à sa prose.

Yo Fujiwara, « La définition de la musique dans le Proust de Beckett, à travers sa lecture de Schopenhauer et de Proust »

Dans le dernier paragraphe de Proust, si Samuel Beckett pense lessence de la musique en se fondant sur un chapitre du Monde comme volonté et comme représentation dArthur Schopenhauer, sa démarche ne correspond pas tout à fait à celle du philosophe. Les termes avec lesquels Beckett définit la musique ne viennent pas moins du lexique de Proust que de celui de Schopenhauer. Cest sa lecture des scènes consacrées à lécoute de la musique dans le texte proustien qui fait lobjet de notre analyse.

Amanda Dennis, « Samuel Beckett et la langue maternelle. Ambivalence et expatriation linguistique »

Cette étude interroge les raisons pour lesquelles Samuel Beckett a écrit en français après la Seconde Guerre mondiale. Son expatriation linguistique signale une ambivalence à légard de son paysage dorigine, son identité nationale, sa mère et son maître littéraire, James Joyce. La liberté décrire en français mène Beckett à une exploration profonde et personnelle, donnant ainsi naissance à un style littéraire qui accède à ce qui est le plus proche par le biais de ce qui semble le plus étranger.

Matthijs Engelberts, « Beckett et la France, stratégies (de la liberté) dappartenance. Le cas dEleutheria »

Une analyse intertextuelle dEleutheria montre que cette pièce sinscrit dans un dialogue avec le théâtre davant-garde français. Tout en évitant daffirmer 371que Samuel Beckett serait « a specifically French writer », cette contribution tente ensuite de déterminer le rôle que la France a pu jouer pour Beckett. Paris en tant que capitale dune république laïque rivalise à cet égard avec Paris en tant que capitale culturelle internationale, chaque ville permettant certaines formes de liberté.

Jean-Baptiste Frossard, « Samuel Beckett et limaginaire de la clarté française »

Pourquoi Samuel Beckett choisit-il décrire en français ? Les possibilités quoffre une langue étrangère, qui rompt le rapport naturel à la langue, pourraient à elles seules justifier ce choix. Pourtant, cette démarche repose également sur un imaginaire qui fait du français une langue susceptible dappuyer la recherche dépure et dappauvrissement entreprise par lécrivain : cet imaginaire plonge ses racines dans lesthétique classique, qui détermine la façon dont Beckett envisage la langue.

Stéphanie Smadja, « La “Trilogie” de Beckett dans lhistoire de la prose française »

Marquée très fortement par louverture à la langue parlée et influencée par un patron endophasique, la “Trilogie” en français de Samuel Beckett entretient un rapport complexe avec lhistoire de cette catégorie esthétique quest la prose. Inscription dans certaines tendances novatrices, subversion de ces dernières, la prose de Beckett soulève la question des frontières génériques et sinscrit dans un lien de proximité et de distance avec une forme encore novatrice : le monologue intérieur.

Izumi Nishimura, « Molloy de Beckett et LÉtranger de Camus à la recherche du maternel absent »

LÉtranger dAlbert Camus sinscrit comme ouvrage de référence sur le thème de la « mère absente » et source dinspiration pour Samuel Beckett dans lécriture de Molloy, fonctionnant comme une norme intériorisée. Lanalyse pragmatique et textuelle met en évidence les points communs de cette relation, mais lanalyse de la genèse littéraire montre que ces normes maternelles similaires mènent Molloy à leffacement du traumatisme, et Meursault à la nostalgie, révélant ainsi loriginalité de chaque écrivain.

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Noriko Takayama, « Poésie invisible et pensée cachée dans lœuvre de Beckett »

Quil y ait parenté entre lunivers de Samuel Beckett et des penseurs, qui peut en douter ? Mais dans quelle mesure ces derniers ont-ils inspiré Beckett et contribué à la formation de son écriture, peu susceptible dêtre ramenée à la simple expression philosophique ? Cette contribution se propose dinterroger la poétique de lécriture chez Beckett dans son lien à la problématique de lacte décrire.

Osamu Yoshino, « Beckett et Lévinas. Lespace et la respiration »

Cet article se propose de montrer que lœuvre de Samuel Beckett et la pensée dEmmanuel Levinas se rencontrent dans « lau-delà de lêtre », et comment la langue et la pensée continuent à fonctionner en dépit de leur incapacité. Cet argument se fonde sur les idées dexpression telles que « lobligation dexprimer » chez Beckett et « la responsabilité pour autrui » chez Levinas. En ce qui concerne la question de lexpression, lespace et la respiration font particulièrement sens.

Llewellyn Brown, « Quel Lacan pour quel Beckett ? Étude de la critique anglophone et française »

Les lectures lacaniennes de Samuel Beckett révèlent un destin français dans la réception de lœuvre, dont cette étude cherche à établir les lignes de force. Certaines utilisations de Jacques Lacan négligent la cohérence spécifique de lapproche psychanalytique ou se limitent à son registre symbolique. Or nous observons une proximité entre Lacan et Beckett à légard du réel et du corps.

Martin Mégevand, « Avec Ludovic Janvier. Au fil du théâtre beckettien »

La disparition de Ludovic Janvier imposait un hommage au pionnier de létude critique de lœuvre de Samuel Beckett en France. La présente relecture – à partir de sa pensée du théâtre –, cherche à en dégager lactualité : celle dune lecture non totalisante, fragmentaire mais non dispersée, ambitionnant de saisir lœuvre à la fois dans son inchoativité et dans sa dynamique, en vue dapprocher au plus près le noyau du « drame » (à entendre aussi dans un sens existentiel) de la création beckettienne.

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Bruno Clément, « Lœil et loreille. Samuel Beckett et la question des figures »

Dans cet article, les thèmes de la vue et de louïe ont été retenus pour deux raisons. Dabord parce quils concernent aussi bien, quoique différemment, la littérature et la philosophie. Ensuite parce que le traitement que leur réserve Samuel Beckett permet de repenser la logique de deux figures traditionnelles majeures : la prosopopée (pour la voix) et lhypotypose (pour lœil). Ce sont de nouveaux termes pour penser la question de limagination – à laquelle la philosophie est peut-être redevable.

François Noudelmann, « Écouter la musique de Samuel Beckett. “Chut !” »

La musique nest pour Samuel Beckett ni une source dinspiration, ni un modèle décriture, mais elle fournit des composants à lexpérience créatrice. Bien quattiré par des pièces romantiques, Beckett oriente son œuvre vers linexpressivité. Alliant la série, lépuisement, la répétition, lamoindrissement, il privilégie le matériau sonore, la résonance, celle de la voix et du souffle, et construit des dispositifs sonores. Ses œuvres relèvent dune pensée de la composition musicale.

Sjef Houppermans, « Samuel Beckett et la littérature française daujourdhui »

Rejoindre la voie beckettienne en tant quauteur créateur implique une discipline de refus, une ascèse autoréflexive, une forme dironie qui dérape, une exigence de lecture radicale. Parmi les nombreux écrivains qui, dune façon ou dune autre, veulent rejoindre cette tradition, Valère Novarina pour son théâtre multiforme et Éric Chevillard pour son inlassable exploration des virtualités narratives, comptent parmi les plus convaincants.