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Classiques Garnier

Note sur l'établissement du texte

  • Type de publication : Chapitre d’ouvrage
  • Ouvrage : Œuvres en prose
  • Pages : 21 à 23
  • Collection : Bibliothèque du xixe siècle, n° 76
  • Thème CLIL : 3440 -- LITTÉRATURE GÉNÉRALE -- Oeuvres classiques -- XIXe siècle
  • EAN : 9782406099949
  • ISBN : 978-2-406-09994-9
  • ISSN : 2258-8825
  • DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-09994-9.p.0021
  • Éditeur : Classiques Garnier
  • Mise en ligne : 09/09/2020
  • Langue : Français
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NOTE SUR LÉTABLISSEMENT DU TEXTE

Cinq contes de Samain ont été prépubliés de son vivant dans des revues, ce qui permet de les classer chronologiquement, et cest ainsi quon les trouvera ici. « Le Bout de loreille » et « La Jarretière » ont paru dans Le Bonhomme flamand de Lille les 2 octobre et 6 novembre 1881 ; « Xanthis ou la Vitrine sentimentale », « Divine Bontemps » et « Hyalis, le petit faune aux yeux bleus », dans La Revue hebdomadaire des 17 décembre 1882, 11 mai 1895 et 20 juin 1896. Ces trois derniers contes furent réunis en volume et publiés par Jules Mouquet (1878-1949) en 1902, au Mercure de France, avec un quatrième conte inédit, complet, mais auquel « lauteur navait pas donné sa forme définitive » : « Rovère et Angisèle ». Ce sont ces quatre récits que le public connaissait jusquà présent sous le titre de Contes, qui nest pas de Samain mais que nous reprenons.

Ne possédant pas dautres sources, « Le Bout de loreille » et « La Jarretière » ont été retranscrits à partir des prépublications ; « Xanthis », « Divine Bontemps » et « Hyalis », à partir de lédition originale de Jules Mouquet, laquelle se fondait sur les pré-originales, que nous avons pris le soin de relire et de comparer avec la version quen propose Mouquet. Quand des différences, heureusement fort rares, apparaissaient, nous avons tranché en faveur du bon sens et des usages imposés par la langue, notamment en ce qui concerne la ponctuation, très changeante chez Samain et à laquelle son cousin avait probablement déjà lui-même apporté des modifications, si bien que la vérité absolue en la matière reste impossible à déterminer. Nous avons par ailleurs pris soin de respecter les sauts de lignes, les lignes ou demi-lignes de points ainsi que les tirets qui, chez Samain, sont très fréquents et participent pleinement de son écriture en prose, volontiers surponctuée, flirtant sans cesse avec lellipse, lindicible et le silence chers à Rodenbach et à Mallarmé. Les sauts de page ont en revanche été remplacés par des séparateurs (astérisques).

« Rovère et Angisèle » a lui aussi été repris de lédition originale et relu sur manuscrit, dans la mesure où la Bibliothèque municipale de 22Lille (désormais BmL) en conserve deux états, dont le plus abouti semble très nettement celui coté « B 233 ». Une lettre à Samain du 20 mai 1895 du journaliste artésien René Le Cholleux (1856-1930), conservée sous la cote « B 229 », permet par ailleurs de le dater, puisquelle servit de brouillon au poète, en manque de papier, pour la rédaction de son texte. Mais nous ne savons pas précisément à quel moment il y mit la touche finale, ni sil la mit jamais. Ce texte étant demeuré inédit du vivant de lauteur, nous sommes en droit de nous demander si Samain en fut vraiment satisfait, et il en va de même pour tous les autres contes de notre édition.

« La Petite Princesse Gélide », dont le titre fut peut-être tiré dun hexamètre de lÉglogue X des Bucoliques – Hic gelidi fontes, hic mollia prata, Lycori1 – fut composé en juillet 1892 et est donc contemporain de « Xanthis ». Nous en avons la certitude grâce à une lettre du 19 juillet 1892 de Samain à Raymond Bonheur, qui permet également de situer à la même époque lécriture du conte « Angôn et Glaïs2 », dont les noms de personnages semblent cette fois-ci directement extraits de lAnthologie grecque et auquel manquent les dernières lignes :

Je me décide à vous jeter ces pages à la poste. Cest la mise en prose du conte de La Petite Princesse Gélide. Jaurais voulu la recopier à nouveau, mais je nen ai pas eu le temps, ayant eu une succession de sorties qui me prenaient mes soirées, seuls moments où je puisse travailler. Je ne sais ce que cela vaut ; en tous les cas, je nai nullement vu le moyen dy insérer cette ironie à la Laforgue dont vous me parliez, qui ne peut avoir son prix quà la condition dêtre absolument naturelle. Peut-être en mettrai-je dans le conte du chèvre-pieds et de la petite naïade que je compte essayer de mettre sur pied ces jours-ci.

Mais Samain nen fut vraisemblablement jamais totalement satisfait puisquil poursuit ainsi :

Je ne vais moralement ou intellectuellement que dune aile, ayant toujours ce dégoût qui me rend vraiment honteux de prendre une plume. Jai beau me mettre en colère contre moi-même, cela ne me fait pas avancer plus vite3.

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« La Petite Princesse Gélide » fut prépublié dans le numéro spécial Noël de LIllustration, le 6 décembre 1941, et ce conte fut donc opportunément joint à celui d« Angôn et Glaïs » en 1947 par Jules Mouquet – ce fut là sa dernière contribution à lœuvre de Samain – aux éditions de lAncre dOr. Cest cette ultime édition, aujourdhui épuisée, qui nous a servi de référence pour la transcription de ces textes dont nous navons pas retrouvé les autographes. Lédition pré-originale, illustrée des compositions de Lucien-Victor Guirand de Scévola, noffre que très peu de variantes, imputables à des erreurs de typographes.

« Jean Caudry » fut quant à lui prépublié en août 1903 par Léon Bocquet et Alphonse-Marius Gossez dans leur revue lilloise du Beffroi. Ce texte est considéré par ces derniers comme « inachevé » et de « premier jet ». Nous nous sommes fondé sur cette édition pré-originale pour établir le texte de la nôtre, et nous en avons comblé quelques lacunes grâce à la consultation dun brouillon, conservé à la BmL, sous la cote « C 194-I-12 ».

Notre édition, la plus complète à ce jour, sachève sur deux contes totalement inédits et qui sont tous deux de première facture, le premier (« Le Carnaval de Jean »), vraisemblablement doctobre 1895, étant nettement plus travaillé et abouti que le second (« [Stella] »), conte de Noël datant de 1881, sans titre et à létat de brouillon, avec ratures, surcharges, biffures, renvois, rajouts, lensemble dune écriture fine, rapide et souvent pâlie. Nous nous sommes malgré tout efforcé de sauver cette ébauche de loubli.

Cette édition critique, partiellement originale, naurait pu voir le jour sans les lumières et le concours de Bertrand Vibert, qui, avec laide de Marc Béghin, a fourni la présentation générale des contes. On lui doit les notices introductives et les annotations des onze récits en prose de Samain. Létablissement du texte des contes, la note le concernant ainsi que la réalisation de lAppendice sont de Christophe Carrère.

1 Vers 42 : « Ici, ma Lycoris, sont de fraîches fontaines, de molles prairies… »

2 L« angôn » est une « lance franque ». Ce terme est par ailleurs proche du grec « agônia » qui a donné le verbe « agoniser ». « Glaïs » semble quant à lui un prénom issu du latin « gladius » signifiant « glaive ». (Voir infra, p. 129, n. 1.)

3 BmL, fonds Jules Mouquet, ms. B 259, f. 16. Oblitération postale : Paris, Hôtel de Ville, 20 juillet 1892.