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Classiques Garnier

Note sur l'établissement du texte

  • Type de publication : Chapitre d’ouvrage
  • Ouvrage : Œuvres en prose
  • Pages : 177 à 180
  • Collection : Bibliothèque du xixe siècle, n° 76
  • Thème CLIL : 3440 -- LITTÉRATURE GÉNÉRALE -- Oeuvres classiques -- XIXe siècle
  • EAN : 9782406099949
  • ISBN : 978-2-406-09994-9
  • ISSN : 2258-8825
  • DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-09994-9.p.0177
  • Éditeur : Classiques Garnier
  • Mise en ligne : 09/09/2020
  • Langue : Français
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NOTE SUR LÉTABLISSEMENT DU TEXTE

On trouvera dans cette section les Carnets intimes de Samain, « Notes – Sensations », « Portraits littéraires » et « Notes diverses ». Ces sous-sections sont groupées sous le titre général Carnets intimes, dabord par référence à lédition pionnière de Jules Mouquet1, dont notre édition suit la distribution densemble, et parce que ce regroupement obéit à une évidente nécessité interne : les Carnets intimes comportent de nombreuses notations qui ressortissent à la critique littéraire, ou qui, du moins, permettent de cerner dun peu près les lectures de Samain. À linverse, les « Notes diverses » complètent, en particulier avec « La Nuit », léclairage quoffrent sur la psychologie du poète les Carnets proprement dits.

La présente édition des Carnets trouve sa justification principale dans le fait que lédition de Jules Mouquet, outre son ancienneté et la faiblesse de son appareil critique – réduit à une brève note liminaire sur les sources et à un index, au demeurant très utile –, nest pas complète. Or, il existe de ces carnets, pour la période 1887-1888, une transcription par la sœur de Samain consultable à la Bibliothèque municipale de Lille2 et rassemblée dans trois cahiers que Christophe Carrère a découverts et photographiés. Le texte que nous présentons ici a été revu daprès ces documents nouveaux, qui constituent un ensemble assez aisément lisible de 400 pages3.

Létablissement du texte et son annotation sont le fruit dune collaboration entre Christophe Carrère et Marc Béghin. La note sur létablissement du texte, la présentation générale des Carnets et les notices introductives aux recensions de Samain contenues dans les sections « Portraits littéraires » et « Notes diverses » sont du seul Marc Béghin.

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Malgré le caractère incomplet de lédition Mouquet, nous avons pris le parti – et cest là, après le choix du titre général Carnets intimes, un autre choix éditorial majeur – de lannexer dans son intégralité – sans correction aucune, coquilles exceptées4 – à notre propre saisie des retranscriptions dAlicia Soulisse, et ce, pour deux raisons. La première, évidente, tient au fait que lédition Mouquet vient elle-même en complément de celles-ci, et quil naurait pas été satisfaisant, dun point de vue philologique, disoler cette partie du reste. La deuxième est connexe à la première : on pourrait sétonner de ne pas retrouver dans une édition appelée à faire référence lédition matricielle des Carnets intimes telle quelle a été donnée par Jules Mouquet puisque celle-ci, même parfois identique à notre saisie, présente des éléments qui ne se trouvent nulle part ailleurs.

Lédition Mouquet comporte au surplus des richesses et des difficultés dont il est difficile de faire la part. Elle a sa logique et ses libertés propres, qui sont de tous ordres, y compris typographique5. Ces libertés, permises en un temps moins exact que le nôtre, confinent même parfois à la réécriture6 et justifient quon suive ici plus scrupuleusement Alicia Soulisse. Au nombre de ces libertés, il faut compter aussi, sans préjudice de lauthenticité des ajouts qui viennent suppléer de-ci de-là un texte – celui dAlicia Soulisse – marginalement lacunaire, lépineuse question de la ponctuation. Celle-ci, dAlicia Soulisse à Jules Mouquet, varie dans des proportions importantes, et la faute en incombe dabord à Samain lui-même, qui lui témoigne en prose une indifférence inversement proportionnelle au soin maniaque quil y apporte dans ses vers et dont gardent trace les multiples variantes détaillées dans les Œuvres poétiques complètes. Il a été nécessaire, par conséquent, de trancher de nombreux points de ponctuation.

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De lédition Mouquet, lon doit savoir enfin quelle suit un ordre – y compris chronologique – quil aurait été hasardeux de chercher à faire coïncider avec le manuscrit dAlicia Soulisse, probablement antérieur et plus fidèle en dépit de son absence de logique apparente. Probablement seulement, car il se peut que Jules Mouquet ait eu sous les yeux les originaux et quil ait pu revoir à leur lumière les retranscriptions dAlicia Soulisse. En font foi, dans celles-ci, les nombreuses corrections et surcharges à lencre noire, dont tout laisse à penser quelles sont de la main de Jules Mouquet7. Dans la mesure, cependant, où les originaux ont disparu, rien ne permet dêtre sûr que sa leçon est la bonne. Du moins dispose-t-on dune table de concordance, établie par ses soins, entre lui et Alicia Soulisse. Elle se présente comme suit :

Mouquet

Cahiers

II

Carn. 1

31 oct. Quai de Solférino

[absent]

2

Bouddha

IV

3

F. me disait

VI

4

Petites questions et hypothèses

VII

5

Cest la seule succursale…

[absent]

6

Léon Bloy

V

7

Est-ce une crise que je traverse

I

9

Dîné hier soir avec Stéphane

III

10

Plus javance, plus je suis effrayé

Tous les textes ont été revus sur manuscrit, quand cela était possible, ou sur les éditions pré-originales. « Notes – Sensations », par exemple, – le « léger cahier de Pensées et Réflexions » dont parle Léon Bocquet dans sa biographie intellectuelle de Samain, et quil évoque à nouveau en 1933, pour former le vœu quil paraisse un jour8, – a été revu sur le 180manuscrit. Il apparaît ainsi que Mouquet a retiré quelques aphorismes et en a tronqué dautres. Compte tenu de ces difficultés, le texte des Carnets a été restitué aussi fidèlement que possible par nos soins.

Explication des abréviations et des signes

Labréviation « qq. » a été systématiquement remplacée par « quelque(s) », dans le but de ménager un agrément de lecture auquel elle aurait été préjudiciable. Il en va de même pour « tj », que nous rétablissons en toutes lettres, selon lusage : « toujours ».

Lédition des Carnets intimes au Mercure de France est désignée par « Mouquet » quand il sagit pour nous, à des fins de comparaison, de renvoyer directement à cette édition. Sa transcription, par les soins de Marc Béghin et Christophe Carrère, apparaît ici, dans les renvois internes, sous le sigle « JM » (pour : « Jules Mouquet », revu et corrigé par les mêmes). Quant à la transcription dAlicia Soulisse, elle figure ici sous « Soulisse » ou « ms. Soulisse » (pour « manuscrit Soulisse »).

1 Albert Samain, Carnets intimes, éd. Jules Mouquet, Paris, Mercure de France, 1939.

2 BmL, fonds Jules Mouquet, ms. C 194-I-19.

3 Copie manuscrite dAlicia Soulisse. Trois cahiers de notes : Cahier I. 280 pages (17 x 22 cm), dont 150 blanches. Cahier II. 350 pages (17 x 22 cm), dont 175 blanches. Cahier III. 220 pages (17 x 22 cm), dont 177 blanches.

4 Ce respect de lédition Mouquet dans sa lettre même explique que soit réduite au seul nécessaire, aux pages 267-341 du présent volume, lannotation des parties des Carnets non comprises dans le manuscrit Soulisse. (Font partie de ce nécessaire, à notre avis, les renvois à la riche étude de Léon Bocquet parue dans la même décennie que lédition Mouquet : Autour dAlbert Samain, op. cit.) Cest au bas de notre propre saisie du manuscrit Soulisse que lon trouvera toutes les remarques qui concernent les écarts significatifs entre celui-ci et Mouquet, de quelque nature quils soient.

5 Ainsi de lajout dastérisques entre les apophtegmes de « Notes – Sensations », Jules Mouquet sétant senti obligé de les ajouter, ainsi quil était dusage, à lépoque, dans les recueils de maximes.

6 Il semble, en particulier, que le passage du quai Solférino ait été réécrit, en raison, peut-être, de la poésie du lieu.

7 De cela, nous avons pu nous convaincre en comparant ces rajouts en marge à lencre noire avec un envoi autographe de Jules Mouquet à Yves-Georges Le Dantec sur un exemplaire des Carnets intimes en notre possession.

8 « Cest dun périodique où lapprenti écrivain navait aucun genre dappui ni la moindre intervention quil obtient sa première grande satisfaction littéraire. En ouvrant LIllustration un samedi, M. Salomonsohn découvre quon y a retenu et publié, sous la rubrique de bas de page : “Pensées et réflexions”, quelques lignes de la prose de son ami [27 août et 3 septembre 1881]. Ce nétait pas beaucoup, mais Samain est tout de même, au secret de lui, très flatté. Et qui sait ? Peut-être faut-il voir là lorigine de ce Cahier resté inédit, bien quil paraisse avoir été préparé pour limpression, dans lequel le poète a consigné et condensé en formules paradoxales et frappantes des observations sur la vie, la morale, lart et la littérature. Le livre neût point valu, assurément, celui de Pascal ; il neût point fait oublier les maximes de La Rochefoucauld, ni même fait pâlir la gloire de Vauvenargues ou concurrencé Joubert, car les réminiscences de tous ceux-là sont apparentes. Mais il aurait aidé à la compréhension psychologique dun poète qui aimait les sentences présentées sous un angle original et les aphorismes dun tour piquant. Ce recueil verra-t-il le jour ? Avec les réserves que jindique, le renom dAlbert Samain ne risque pas den être diminué. » (Léon Bocquet, Autour dAlbert Samain, op. cit., p. 22-23.) Voir aussi Albert Samain. Sa vie, son œuvre, op. cit., p. 113 et 235-249.