Résumés et présentations des auteurs
- Type de publication : Article de collectif
- Collectif : Romans et récits français, entre nationalisme et cosmopolitisme
- Pages : 551 à 562
- Collection : Rencontres, n° 168
- Série : Littérature des xxe et xxie siècles, n° 24
- Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
- EAN : 9782406057185
- ISBN : 978-2-406-05718-5
- ISSN : 2261-1851
- DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-05718-5.p.0551
- Éditeur : Classiques Garnier
- Mise en ligne : 20/10/2017
- Langue : Français
Résumés
et présentations des auteurs
Didier Alexandre, « Petite histoire des usages de la notion du cosmopolitisme au xixe siècle »
Didier Alexandre est professeur de littérature française à l’Université Paris Sorbonne où il coordonne le Labex OBVIL, centré sur les humanités numériques. Il travaille sur des poètes du xxe siècle, notamment sur Paul Claudel dont il a édité le théâtre dans la collection de la Pléiade, sur la critique d’auteurs, et sur les concepts de légitimation et de construction de la littérature.
Bien que la notion de cosmopolitisme ne fasse pas l’objet d’une réflexion théorique, comme ce peut être le cas pour le nationalisme ou le patriotisme, il s’agit de proposer quelques temps forts de son histoire du xixe siècle au début du xxe siècle à partir d’une recherche faite à l’aide de Philologic 3 et des bases de textes de bibliothèques numériques. Les questions de l’idéal cosmopolite, de l’universalisme cosmopolite, du couple cosmopolitisme/nationalisme et de l’étranger cosmopolite sont ainsi tour à tour abordées.
Blaise Wilfert-Portal, « La “querelle du cosmopolitisme” des années 1890. Une perspective socio-historique »
Blaise Wilfert-Portal, maître de conférences en histoire contemporaine à l’École normale supérieure, est spécialiste de l’histoire sociale de la littérature, des nationalismes, et de l’histoire du livre et de la traduction. Il est l’auteur de nombreux articles sur la traduction, le cosmopolitisme, et les transferts de littérature.
L’analyse de la circulation des biens littéraires met en question l’opposition traditionnelle entre les importateurs de littérature étrangère, novateurs, et les protectionnistes, méfiants et nationalistes. Il ne s’agit pas d’un débat idéologique qui réagirait à une réalité éditoriale, mais d’une évolution générale, celle de la transnationalisation de la vie éditoriale : la littérature étrangère s’intègre au paysage national selon un mécanisme d’institutionnalisation avant tout identitaire.
552Nicolas Di Méo, « Cosmopolitisme et harmonie. Un aspect du discours identitaire français dans la littérature de la première moitié du xxe siècle »
Docteur en littérature française, Nicolas Di Méo est conservateur des bibliothèques à l’université de Strasbourg. Spécialiste de la littérature française de la première moitié du xxe siècle, il a notamment publié Le Cosmopolitisme dans la littérature française (2009), ainsi que de nombreux articles sur la littérature de l’entre-deux-guerres et sur les littératures africaines contemporaines.
Dans les années 1870 se développe l’idée que les Français sont citoyens du monde et qu’aucun pays ne leur est étranger. La France serait le pays d’un « harmonieux équilibre » et le cosmopolitisme serait même l’une des composantes de l’identité française. Si ce postulat a été remis en cause, il n’en a pas moins imprégné de nombreuses œuvres littéraires. L’étude panoramique proposée ici interroge cette idée d’une affinité étroite entre identité française et cosmopolitisme.
Vital Rambaud, « Paul Bourget, peintre et critique du cosmopolitisme »
Vital Rambaud, maître de conférences à l’université Paris-Sorbonne, est directeur du département d’Études françaises à l’université Paris-Sorbonne Abu Dhabi. Spécialiste de Maurice Barrès, il a édité ses œuvres principales et lui a consacré de nombreux articles. Il prépare l’édition de plusieurs romans cosmopolites de Paul Bourget et, avec Denis Pernot, une anthologie des articles de guerre de Maurice Barrès.
Paul Bourget se rêve comme « le peintre définitif » du cosmopolitisme, qu’il soit intellectuel, littéraire ou mondain. Cette étude retrace le parcours de l’auteur de Cosmopolis et d’Une idylle tragique, de la fascination première pour la société cosmopolite à la dénonciation des figures de la décadence qui la composent.
Jean-Pierre Ricard, « Nationalisme et cosmopolitisme dans l’œuvre de Paul Bourget »
Jean-Pierre Ricard, docteur ès lettres, consacre ses recherches à la littérature de la fin du xixe siècle, en particulier aux résistances françaises au cosmopolitisme au cours de cette période. Traducteur de nombreux ouvrages de langue anglaise, il enseigne la traduction littéraire à l’université Bordeaux Montaigne.
Paul Bourget occupe une place centrale dans les débats sur le cosmopolitisme qui ont agité les milieux littéraires français à la fin du xixe siècle. Considéré comme le chantre infatigable de la vie cosmopolite, il en avait dénoncé les dangers 553dès son entrée dans la vie littéraire, avant de se rapprocher plus nettement du nationalisme et de devenir un chantre du traditionalisme. C’est l’évolution de Bourget et ses apparentes contradictions que retrace la présente étude.
Jessica Desclaux, « Maurice Barrès et la querelle des nationalistes et des cosmopolites (1887-1896) »
Jessica Desclaux, agrégée de lettres modernes, docteure ès lettres (2016), est chercheuse en post-doctorat au Centre Vivant-Denon du musée du Louvre et à l’Université Paris-Sorbonne. En fondant son étude sur le fonds manuscrit conservé à la BnF, elle a consacré sa thèse aux voyages de Maurice Barrès, sous la direction de M. Antoine Compagnon.
Durant la période comprise entre Les Taches d’encre et Les Déracinés, Barrès défend une création littéraire déracinée, fruit d’un moi enrichi par les voyages et par les œuvres étrangères. Si l’éloge de la culture cosmopolite est l’occasion de réactiver des grands principes humanistes, le cas des arts allemands en montre cependant les limites : la haute culture ne parvient pas tout à fait à gommer les blessures de guerre.
Alexandra Delattre, « Le Vice errant de Jean Lorrain, récits cosmopolites et “acclimatation” littéraire. Un art du roman ? »
Alexandra Delattre, agrégée de lettres modernes, est actuellement doctorante contractuelle, chargée d’enseignement à l’université Nice Sophia Antipolis et travaille sous la direction de Jean-Marie Seillan sur le roman catholique dans le second xixe siècle.
Jean Lorrain, n’a pas fait du Vice errant un roman « du cosmopolitisme », c’est-à-dire un roman à thèse sur les effets dissolvants du cosmopolitisme, mais un roman qui essaie de fonder une esthétique cosmopolite, où la profusion des références artistiques propose une symbiose sur le modèle végétal. Cette conception de la littérature montre la conscience du caractère inévitable des transferts culturels dans l’art au tournant du xxe siècle.
Thanh-Vân Ton-That, « À la recherche du temps perdu ou les tentations du cosmopolitisme, de l’affaire Dreyfus à la Grande Guerre »
Thanh-Vân Ton-That est professeure de littérature comparée et francophone à l’université Paris Est – Créteil – Val-de-Marne. Elle a publié une édition critique 554des Pas effacés de Robert de Montesquiou et l’œuvre poétique complète d’Anna de Noailles (Paris, 2013), des traductions (de Gogol, Tchekhov) et des essais, notamment Proust ou l’écriture prisonnière, Léon Cladel et l’écriture de la Commune (Paris, 2007).
La modernité serait-elle liée à ce qui ne s’appelle pas encore le roman cosmopolite ? Proust serait alors un pionnier du genre plus proche de Paul Morand et de Maurice Dekobra que d’Anatole France et de Paul Bourget. La dimension cosmopolite d’À la recherche du temps perdu est appréhendée à travers l’étude des lieux et des personnages. Le roman de Proust illustre une esthétique de la rupture et du déracinement, qui dépasse le particulier pour tendre vers l’universel.
Amélie Auzoux, « Valery Larbaud dans le siècle. Une éthique cosmopolite au “temps de la guerre des nations” ? »
Amélie Auzoux, agrégée de lettres modernes, achève actuellement un doctorat en littérature et civilisation françaises sur le cosmopolitisme de Valery Larbaud, écrivain, critique et traducteur à l’université Paris-Sorbonne sous la direction de Didier Alexandre. Ses recherches portent sur la vie littéraire de l’entre-deux-guerres ainsi que sur la question de l’étranger en littérature.
Valery Larbaud est souvent considéré comme le dernier auteur cosmopolite français, restant à la crête des événements grâce aux voyages permis par sa fortune. Pourtant, Larbaud n’a pas pu s’extraire complètement du monde. L’œuvre larbaldienne échappe-t-elle alors vraiment au temps qui la produit ? N’existe-t-il pas une idéologie cosmopolite, une éthique internationale défendue souterrainement par cet écrivain en apparence détaché de son temps ? C’est à ces questions que la présente étude entend répondre.
Aude Leblond, « Romain Rolland ou l’identité française dans la tourmente »
Aude Leblond, maître de conférences en littérature française à l’université Sorbonne nouvelle – Paris 3, consacre ses recherches et son enseignement à la poétique romanesque, en particulier du début du siècle. Elle a publié Sur un monde en ruines. Esthétique du roman-fleuve (Paris, 2015).
Romain Rolland occupe une position singulière au sein des intellectuels français qui réfléchissent à la question d’une communauté nationale. Loin de développer une mystique de la nation, ce romancier de la « sensation océanique », pacifiste et internationaliste, rêve, dans l’ensemble de ses écrits, d’une 555compréhension élargie de l’idée de nation et revendique un cosmopolitisme qui lui permette de se tenir « au-dessus de la mêlée ».
Michèle Touret, « Réticences romanesques, Le Guerrier appliqué et La Guérison sévère de Jean Paulhan »
Michèle Touret †, professeure émérite de l’université de Rennes 2, est l’auteure de Blaise Cendrars, le désir du roman (Paris, 1998), Histoire de la littérature française du xxe siècle (Rennes, 2008), L’Atelier de Louis Guilloux avec Madeleine Frédéric (Rennes, 2012). Elle a participé au Dictionnaire Beckett (Paris, 2011) et au Dictionnaire Claude Simon (Paris, 2013).
Cette étude est consacrée aux deux premiers romans de Paulhan, Le Guerrier appliqué (1917) et La Guérison sévère (1919), qui forment le cycle Jacques Maast. Ces textes silencieux forment le diptyque énigmatique d’un romancier rare et réticent. L’écriture audacieuse de Paulhan y met pourtant l’événement bouleversant de la guerre à l’épreuve de la conscience et de l’écriture, tout en interrogeant les possibilités, la force et les mensonges du genre romanesque, qu’il participe ainsi à renouveler.
Clarisse Barthélemy, « Jean Paulhan : le roman, patrie commune »
Clarisse Barthélemy, ancienne élève de l’École normale supérieure, agrégée de lettres modernes et docteure de littérature française, travaille sur Jean Paulhan et la poésie. Elle a organisé un colloque sur « La littérature selon Jean Paulhan », dont les actes ont paru en 2014.
Que pensait Jean Paulhan du roman ? Cette étude entend interroger l’évaluation critique du roman français par cet écrivain prolixe, défiant les classements institués, qui propose, à travers ses écrits, une réflexion souterraine sur le romanesque, avec ce qu’il exige de travail stylistique et d’intégrité dans la relation de l’auteur à la communauté linguistique.
Hélène Baty-Delalande, « Désenchantement du roman et décadence nationale chez Drieu la Rochelle »
Hélène Baty-Delalande, maître de conférences en littérature française à l’université Paris-Diderot – Paris 7, s’intéresse au roman français du xxe siècle, et particulièrement aux rapports entre littérature, histoire et politique. Elle a notamment publié Une politique intérieure. La question de l’engagement chez Roger Martin du Gard (Paris, 2010) et La Correspondance entre Drieu et Jean Paulhan (2017).
556Drieu la Rochelle interroge l’identité du roman français à l’heure des guerres mondiales. Soulignant la décadence de la nation, il écrit un roman – dont les codes s’éloignent de la définition du roman à la française donnée par Thibaudet –, Gilles, qui est moins un roman français qu’un roman désenchanté sur la France, sur l’avenir de la nation et sur celui du genre romanesque lui-même.
Clément Sigalas, « Quel roman français de la guerre en 1945 ? Le cas de Drôle de jeu de Roger Vailland »
Agrégé de Lettres modernes, Clément Sigalas est PRAG à l’IUT de Meaux (Université Paris-Est Marne-la-Vallée). Il a soutenu en Sorbonne sa thèse, intitulée « La Guerre manquée. Représentations de la Seconde Guerre mondiale dans le roman français (1945-1960) » (prix de la Chancellerie 2016). Il travaille sur les liens entre littérature et politique, l’autonomie littéraire et le statut de la fiction.
En septembre 1945, alors que les tentatives de redéfinition du roman français se multiplient, paraît Drôle de jeu, de Roger Vailland, qui échoue de peu au Goncourt. Pourtant, Drôle de jeu est l’œuvre d’un résistant, un livre nourri de références allant du classicisme au surréalisme, en passant par Stendhal. Comment se fait-il que ce roman de forte tradition française n’ait pas été sacré roman de la communauté nationale ? C’est ce paradoxe que la présente étude interroge.
Ann Jefferson, « L’(inter-)nationalisation du roman français dans l’après-guerre »
Ann Jefferson, professeure émérite de littérature française à l’université d’Oxford, est spécialiste du roman du xxe siècle et de la biographie. Elle a participé à l’édition des œuvres complètes de Nathalie Sarraute et a récemment publié Le Défi biographique : la littérature en question (Paris, 2012).
Au sortir des années de guerre, le sentiment de table rase motive un désir de renouveau de la littérature, dans l’espace national mais aussi dans une ouverture au monde littéraire, auparavant empêchée pendant la guerre. Le roman semble devoir porter ces aspirations ; il se redéfinit alors en grande partie à travers la confrontation avec les romans étrangers, et surtout américains, dont la publication, dans l’édition et dans les revues, explose dans les années d’après-guerre.
557Gil Charbonnier, « L’invention d’un nouveau romanesque cosmopolite chez Valery Larbaud et Paul Morand »
Spécialiste de Valery Larbaud et de Paul Morand, Gil Charbonnier est maître de conférences à l’université d’Aix-Marseille où il enseigne la littérature et la culture générale. Ses travaux traitent du cosmopolitisme et de l’idée de l’Europe chez les écrivains français (1900-1940). Il a publié en collaboration avec A. Auzoux, Valery Larbaud citoyen du monde, Cahier Valery Larbaud, no 53 (mai 2017).
À partir du point de passage que constitue la lecture de Larbaud par Morand peuvent s’envisager et se comprendre les tribulations de l’idée de cosmopolitisme dans l’entre-deux-guerres, dans les liens qu’elle entretient notamment avec le « nouveau mal du siècle » et le « deuil de l’Europe ». Le rapport de séduction et de rejet qui lie Morand à Larbaud l’amène à élaborer un renouvellement romanesque du cosmopolitisme qui se nourrit, aussi, d’un discours identitaire.
Sophie Fischbach, « Essai de géographie romanesque. De l’œuvre romanesque américaine de Jules Supervielle à l’adoption de la posture du hors-venu »
Sophie Fischbach, ancienne élève de l’École normale supérieure, est docteure en littérature française (université Paris-Sorbonne). Professeure en classe préparatoire, elle est spécialiste de l’œuvre de Jules Supervielle.
La géographie de l’écriture supervillienne connaît dans les années 1920 un profond bouleversement dont témoignent L’Homme de la pampa et Le Survivant. L’attrait pour les lieux insolites de la pampa et de l’océan, explorés dans ces romans, engage l’écrivain à expérimenter un style plus audacieux, où dominent la violence et la fantaisie, et qui entraîne la redécouverte des codes de la littérature gaucho ainsi que l’utilisation de procédés définis par Ortega y Gasset comme typiques de la déshumanisation.
Riccardo Barontini, « Roger Caillois dans le miroir de l’Amérique latine. Dialectiques et ambiguïtés d’un cosmopolitisme littéraire »
Riccardo Barontini, ancien élève de l’École normale supérieure, est doctorant à l’université Paris-Sorbonne. Ses travaux portent sur l’histoire des idées dans l’entre-deux-guerres, les rapports entre littérature et sciences humaines et les transferts interculturels. Membre du CELLF 19-21 (Université Paris-Sorbonne, CNRS), il collabore avec l’Institut de recherches philosophiques de Lyon.
558Le rôle de passeur joué par Roger Caillois, pour l’enrichissement des échanges culturels avec l’Amérique du Sud, doit se comprendre en lien étroit avec une production littéraire et une réflexion intellectuelle qui manifestent les contradictions d’un cosmopolitisme pris, dans le deuxième après-guerre, entre universalisme et hantise de l’uniformisation.
Simon Bréan, « Le roman d’anticipation français. Une tradition sans avenir ? »
Simon Bréan est maître de conférences en littérature française des xxe et xxie siècles à l’Université Paris-Sorbonne, membre du CELLF. Il est spécialiste de littérature de science-fiction française (La Science-fiction en France, Théorie et histoire d’une littérature, 2012) et de l’anticipation française. Il étudie en particulier les apports de ces littératures à la théorie de la fiction.
Avant l’arrivée de la science-fiction américaine en France dans les années 1950, il existe un genre spécifiquement français : celui du roman d’anticipation. Si l’influence de Jules Verne est prégnante au début du siècle, c’est peu à peu celle de Wells qui prévaut, et qui instille des questionnements plus graves. La méfiance à l’égard de la science, le pessimisme, les dangers de l’altérité radicale sont autant de thèmes qui font du roman d’anticipation à la française une exception.
Christophe Pradeau, « La Comédie humaine de la IIIe République »
Christophe Pradeau, maître de conférences à l’université Paris-Sorbonne, consacre ses travaux aux formes longues du roman et à la critique littéraire. Il a édité, avec Antoine Compagnon, les Réflexions sur la littérature d’Albert Thibaudet (2007) et codirigé Où est la littérature mondiale ? (2005). Il est aussi l’auteur, notamment, des Vingt-quatre Portes du jour et de la nuit (2017).
Le roman-fleuve de Jules Romains, Les Hommes de bonne volonté, entend être un roman retraçant l’histoire du présent – sur le modèle balzacien – tout autant qu’un grand récit national fédérant une communauté de lecteurs. C’est sur la genèse de l’entreprise de Romains, sur l’écriture du roman et sur ses conséquences dans l’histoire littéraire française que revient cette étude.
Nathalie Froloff, « Radiguet, lumière des étoiles, entre tradition romanesque et modernité »
Nathalie Froloff, maître de conférences à l’IUT de Tours, a écrit une thèse intitulée La chronique poétique dans La Nouvelle Revue Française de 1919 à 1939 (Lille, 5592003). Elle a travaillé sur les réseaux de revues françaises et européennes, et sur la littérature contemporaine et la photographie.
Le Bal du Comte d’Orgel et Le Diable au corps sont analysés à la lumière de la nouvelle querelle des Anciens et des Modernes, qui a voulu repenser la question du classicisme après le traumatisme de la Grande Guerre. Entre imitation, réécriture et parodie, le style de Radiguet, auréolé par Cocteau, joue avec et contre les formes d’une littérature héritée du xviie siècle. C’est cette puissance romanesque de répétition et d’invention que cette étude met en valeur à travers l’œuvre de Radiguet.
Sylvie Cadinot-Romerio, « Le monde national de Vous les entendez ? de Nathalie Sarraute »
Sylvie Cadinot-Romerio, professeure agrégée, mène des travaux de recherche sur l’œuvre de Nathalie Sarraute, sous la direction de Didier Alexandre à l’université Paris-Sorbonne. Elle s’intéresse aussi à la littérature du xxie siècle, notamment à Tanguy Viel.
La présente étude est consacrée à Vous les entendez ? de Nathalie Sarraute. Elle montre comment, par un dispositif reposant sur le dévoilement progressif de « plis » au sens deleuzien du terme, Sarraute fictionnalise, non pas un moment de l’histoire nationale, mais un moment du « monde national », non pas les événements de mai 1968, mais leur onde de choc, souterraine et latente, recouverte par le quotidien et qui ne se manifeste qu’obscurément, à l’occasion d’un minuscule incident.
Carole Auroy, « Albert Cohen et Julien Green, ces romanciers “français” venus d’ailleurs »
Carole Auroy, professeure à l’université d’Angers, consacre ses recherches au roman du xxe siècle, à l’écriture autobiographique, au lien de la littérature avec la spiritualité et la philosophie. Elle est l’auteur d’Albert Cohen. Une quête solaire (Paris, 1996), Julien Green. Le Miroir en éclats (Paris, 2000) ; elle a codirigé avec Alain Schaffner les actes du colloque Julien Green et alii (Dijon, 2011).
Romanciers de l’inquiétude existentielle, Albert Cohen et Julien Green ont une identité duelle, voire cosmopolite. Tiraillés entre terre d’origine et terre d’accueil, ces écrivains venus d’ailleurs partagent des expériences intérieures similaires et un même sentiment d’étrangeté dans le monde. 560Ce trouble identitaire, placé au cœur de la fiction, a porté avec acuité le questionnement sur la langue littéraire, et plus largement sur l’identité du roman au xxe siècle.
Henriette Levillain, « Marguerite Yourcenar et “le génie français” »
Henriette Levillain, professeure émérite à l’université Paris-Sorbonne, est l’auteure de nombreux ouvrages et articles sur Saint-John Perse, ses origines antillaises et son contexte littéraire, parmi lesquels : Sur deux versants, La création poétique chez Saint-John Perse (Paris, 1987). Elle a publié en 2013 une biographie de Saint-John Perse.
Qui est vraiment Marguerite Yourcenar ? Sous la forme d’un entretien fictif, cette étude interroge l’identité complexe du roman historique yourcenarien. Si l’écrivaine se revendique de langue française, elle se montre hostile à toute idée de francité et de nation. Sa position dans le champ littéraire français est tout aussi problématique : entre Flaubert, Gide et Montaigne, la romancière est peut-être moins à chercher du côté du roman français que des sagesses antiques.
Florent Helesbeux, « Identité de l’homme moderne au crépuscule du néolithique (1950-1980). Les figures du néolithique et de l’écrivain chez Pierre Bergounioux et Jean-Loup Trassard »
Florent Hélesbeux a étudié la philosophie et les lettres à Rennes, Paris et Berlin. Il enseigne la philosophie au lycée de Saint-Jean-de-Maurienne (Savoie). Il consacre sa thèse de doctorat à l’œuvre de Jean-Loup Trassard, sous la direction de Didier Alexandre (université Paris-Sorbonne).
Miette de P. Bergounioux et Dormance de J.-L. Trassard nous convient à une rencontre étrange entre la figure du néolithique et celle de l’écrivain. Comment ces deux romans interrogent-ils notre rapport à l’humanité et donc à l’identité biologique de l’espèce humaine, en nous projetant au début de notre histoire ? À l’ère des fins, les romanciers semblent avoir emprunté deux voies différentes : la dramatisation de l’existence pour l’un et l’écriture du corps et de la perception pour l’autre.
561Vladimir Kapor, « Le cosmopolitisme à l’épreuve de la Grande France. La critique du roman cosmopolite dans les écrits sur la littérature coloniale de Marius-Ary Leblond »
Vladimir Kapor, maître de conférences en études françaises à l’université de Manchester (Royaume-Uni), est l’auteur de Pour une poétique de l’écriture exotique (Paris, 2007) et Local Colour – A Travelling Concept (Bern, 2009). Il est également l’éditeur scientifique d’un choix d’Écrits sur la littérature coloniale de Marius-Ary Leblond (Paris, 2012).
Dans les années 1920, les Leblond formulent une critique virulente du roman cosmopolite dans Après l’exotisme de Loti, le roman colonial (1926) et dans de nombreux textes publiés dans la revue La Vie. Cette étude porte sur l’articulation de leurs enjeux esthétiques et idéologiques, en examinant d’abord la place attribuée au cosmopolitisme au sein du programme esthétique des critiques réunionnais, puis les socles idéologiques et esthétiques de celui-ci, et les moyens rhétoriques utilisés pour le formuler.
Anne Douaire-Banny, « Propositions alternationalistes. Le cosmopolitisme vu par les francophonies »
Anne Douaire-Banny est professeure de littératures francophones à l’université Rennes 2 et à l’Institut Catholique de Paris. Elle s’intéresse aux expressions littéraires des imaginaires du monde. Elle est l’auteure de Remembrances. La nation en question ou l’autre continent de la francophonie (Paris, 2014).
Ouvrir la littérature française à la littérature francophone, c’est concevoir au-delà du nationalisme un alternationalisme. Les romanciers francophones interrogent de fait l’histoire de leur nation autrefois dominée, la place de la culture française mais aussi la langue française dans ses usages et ses normes. Passer de la nation au Tout-Monde est un moyen de penser à nouveaux frais le national en évitant l’écueil du nationalisme, en intégrant l’altérité dans un cosmopolitisme renouvelé.
Danielle Perrot-Corpet, « La “nation nommée Roman”. Un nouveau cosmopolitisme (depuis 1960) »
Danielle Perrot-Corpet, maître de conférences à l’université Paris-Sorbonne, est l’auteure de Georges Bernanos et Miguel de Unamuno : deux écrivains devant l’absolu (Paris, 2005) et de Don Quichotte, figure du xxe siècle (Paris, 2005). Elle a codirigé Citer la langue de l’autre : mots étrangers dans le roman, de Proust à W. G. Sebald (Lyon, 2007) et La Nation nommée Roman face aux histoires nationales (Paris, 2011).
562L’exploration critique, postcoloniale, du lien entre littérature et identité nationale, peut se comprendre comme une nouvelle forme de cosmopolitisme. Il s’opposerait ainsi au cosmopolitisme du premier xxe siècle, qui, en tant qu’il repose sur la croyance dans la nation, est en réalité un internationalisme ; le nouveau cosmopolitisme, au contraire, ne produit pas une littérature mondialisée, mais fait des questions d’identité son objet majeur.
Michel Collomb, « De Tokyo à la Corse. Mondial et local dans le “cycle de Marie” de Jean-Philippe Toussaint »
Michel Collomb est professeur émérite de littérature comparée à l’université Paul-Valéry – Montpellier III. Éditeur des œuvres de Paul Morand, il est aussi spécialiste des relations entre littérature et radio et entre littérature et photographie.
L’abandon des idées de progrès et de révolution, et l’échec des idéologies utopistes depuis la chute du mur, ont reconfiguré le cosmopolitisme dans un contexte mondialisé. L’analyse critique du phénomène, dans le « cycle de Marie » de Jean-Philippe Toussaint, passe par la construction narrative, et notamment par l’articulation entre les décors standardisés des hôtels internationaux, et l’enracinement identitaire des protagonistes.
Pierre Schoentjes, « Ironie, écologie et écriture de la nature. Vers un nouveau cosmopolitisme »
Pierre Schoentjes, professeur de littérature française à l’université de Gand, est spécialiste de l’ironie et de la représentation littéraire de la Grande Guerre. Il a notamment publié Silhouettes de l’ironie (Genève, 2007), « J’ai tué ». Violence guerrière et fiction (Genève, 2010). Il interroge la littérature des xxe et xxie siècles dans une perspective européenne. Ses derniers travaux portent sur l’écopoétique.
C’est à la prise en compte d’un genre littéraire récent que s’attache cet article : celui de l’écopoétique. Nombreux sont en effet les romans, depuis les années 1970, à s’interroger sur la nature, son devenir et les menaces qui pèsent sur elle. Envisageant les enjeux éthiques et les modalités d’écriture de ces textes, l’article interroge, à travers un panorama international, la position des écrivains de la nature writing, entre réalisme et ironie.