Aller au contenu

Classiques Garnier

Avant-propos

  • Type de publication : Article de revue
  • Revue : Romanesques Revue du Cercll / Roman & Romanesque
    2022, n° 14
    . L’humain devant et dans la nature
  • Auteur : Adler (Aurélie)
  • Pages : 11 à 12
  • Revue : Romanesques
  • Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
  • EAN : 9782406133216
  • ISBN : 978-2-406-13321-6
  • ISSN : 2271-7242
  • DOI : 10.48611/isbn.978-2-406-13321-6.p.0011
  • Éditeur : Classiques Garnier
  • Mise en ligne : 29/06/2022
  • Périodicité : Semestrielle
  • Langue : Français
11

AVANT-PROPOS

Coordonné par notre collègue Catherine Grall, spécialiste de littérature générale et comparée, membre de léquipe « Roman & romanesque » et responsable de laxe « Littératures et cultures du vivant » du laboratoire Cercll à lUniversité de Picardie – Jules Verne, ce numéro de la revue Romanesques entend poursuivre la réflexion très contemporaine sur « lhumain devant et dans la nature » en interrogeant « les écritures de la situation critique » suivant une perspective pluriséculaire et selon des corpus de littératures francophones et étrangères1. La richesse dun tel dossier, dont lintroduction de Catherine Grall donne une idée2, tient à la diversité des approches retenues pour étudier les rapports au vivant. Si les approches philosophiques et épistémocritiques permettent denvisager la façon dont sont pensés de façon contrastée les liens entre lhumain et la nature du xviie siècle au xxie siècle, les approches littéraires, empruntant notamment à lécopoétique ou à la zoopoétique, montrent à quel point les imaginaires de la nature et de lenvironnement, tels quils sont mobilisés et réinventés par les romanciers, chevillent étroitement le questionnement formel au débat dordre éthique et politique quant à la responsabilité de lhumain, et plus modestement (?) des écrivains et de leurs lecteurs, face à la crise écologique contemporaine. Si certains articles du dossier mettent laccent sur lengagement écologique des romanciers contemporains, les entretiens menés par Catherine Grall avec le romancier Antoine Volodine et avec Pierre Schoentjes, professeur à luniversité de Gand et spécialiste décopoétique, affirment, pour leur part, lautonomie de la littérature au regard des discours militants.

Suivant lusage de notre revue, ce dossier est précédé de deux articles liminaires de varia, rubrique dédiée plus spécifiquement à la réflexion sur la catégorie du « romanesque ». Ces contributions, issues des séances 12du séminaire « Modernité et antimodernité du libéralisme romanesque » (2018-2020) et du séminaire « Ce que lenquête fait au romanesque » (2021-2022), explorent à nouveaux frais des corpus familiers aux membres de léquipe « Roman & romanesque » : Walter Benjamin et Jules Verne.

Cest en effet « Le Narrateur » de Walter Benjamin, quétudie notre collègue Carlo Arcuri, dans la perspective ouverte par sa précédente contribution à la rubrique varia sur « léthos dans La Théorie du roman de Georg Lukács3 ». Revenant sur le défaut de transmission qui caractérise, selon Benjamin, le roman « à lépoque de lindividu désocialisé et de la finitude », Carlo Arcuri montre comment Benjamin insiste a contrario sur loralité du conte. En reprenant la conception de lépos comme Ur-genre, caractérisé par linterchangeabilité des rôles entre le conteur et son auditoire, Benjamin œuvre à un décloisonnement entre domaine esthétique et vie quotidienne et renoue, ce faisant, avec le projet initial de La Théorie du roman de Lukács.

Dans « Enquête sur le Danube. Verne père et fils et le paradigme indiciaire », Christophe Reffait met en évidence le rapport « antiromanesque » que Jules Verne entretient avec le genre policier en sappuyant sur une analyse approfondie du Beau Danube jaune, écrit par Jules Verne, puis remanié par Michel Verne pour devenir Le Pilote du Danube. Outre des écarts scénariques significatifs, ces deux romans investissent le paradigme indiciaire et jouent du soupçon de manière fondamentalement différente. Alors que Michel semble sefforcer de satisfaire les conventions thématiques du genre policier, Jules Verne les infléchit ironiquement, instaurant une écriture du soupçon qui gomme de façon savoureuse la distinction entre indices et effets de réel, pour reprendre lanalyse, faite par Jacques Dubois, du roman policier arrivé à sa maturité.

Aurélie Adler

Université de Picardie – Jules Verne

Axe « Roman & romanesque »

1 Catherine Grall a précédemment coordonné le numéro de la revue sur « Le roman français vu de létranger » (Romanesques no 9, Classiques Garnier, 2017).

2 Voir infra, p. 55 à 59.

3 « Éthologie épique, éthique romanesque ? Grandeur et décadence dans La Théorie du roman de Georg Lukács » dans Aurélie Adler et Anne Coudreuse (dir.), « Romanesques et écrits personnels : attraction, hybridation, résistance (xviie-xxie siècles) », Romanesques no 11, Classiques Garnier, 2019, p. 43-57. Carlo Arcuri a aussi coordonné avec Andréas Pfersmann le numéro de la revue consacré au centenaire du la Théorie du roman de Georg Lukács (Romanesques no 8, Classiques Garnier, 2016).