Présentation des auteurs et résumés
- Type de publication : Article de collectif
- Collectif : Roland Barthes. Création, émotion, jouissance
- Pages : 171 à 176
- Collection : Rencontres, n° 274
- Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
- EAN : 9782406064169
- ISBN : 978-2-406-06416-9
- ISSN : 2261-1851
- DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-06416-9.p.0171
- Éditeur : Classiques Garnier
- Mise en ligne : 12/09/2017
- Langue : Français
PRÉSENTATION des auteurs
ET RÉSUMÉS
Tomislav Brlek, « Écrilecture selon et chez Barthes »
Tomislav Brlek, maître de conférences en littérature comparée à l’université de Zagreb, est l’auteur de Lekcije : studije o modernoj književnosti [Leçons : études sur la littérature moderne] (Zagreb, 2015). Il a publié sur T.S. Eliot et Don DeLillo aussi bien que sur Lyotard et Derrida et a traduit des livres.
Vu que l’indissociable connexion entre écriture et lecture est une vieille histoire, cet article montre que selon et chez Barthes il s’agit précisément d’un incessant renversement, d’une réponse réciproque inventant chaque fois sa forme.
Granted that the indissoluble connection between writing and reading is nothing new, this paper demonstrates that what is at stake according to Barthes no less than in his own writing is precisely a ceaseless reversal, a two-way response that each time invents its proper form anew.
Thomas Clerc, « La Chambre à moitié claire »
Thomas Clerc est écrivain. Son dernier livre s’intitule Intérieur (Paris, 2013). Il est également critique et maître de conférences en littérature française à l’université de Paris Ouest – Nanterre – La Défense. Éditeur scientifique du cours de Roland Barthes au Collège de France, Le Neutre (Paris, 2000), il est également chroniqueur radio à France-Inter et chroniqueur mensuel à Libération.
La Chambre claire pâtit d’une réception univoque, qui vise à figer Barthes dans une posture mélancolique (le « dernier Barthes »). Or il s’agit là d’une approche réductrice, notamment développée par Jacques Rancière. La lecture de ce dernier est dans cet article partiellement déconstruite.
Camera Lucida suffered a univocal reception, which froze Barthes in a melancholy posture (the “final Barthes”). But such an approach approach, developed in particular by Jacques Rancière, is reductive. His reading is here deconstructed to a certain extent.
172Alexandre Gefen, « Le jeune homme et la mort : Barthes et la création »
Alexandre Gefen est chercheur au Centre d’étude de la langue et des littératures françaises (CNRS-université Paris-Sorbonne). Directeur de la Nouvelle revue esthétique, fondateur de Fabula.org, il travaille sur la théorie littéraire, les cultures contemporaines et les humanités numériques, notamment au sein du directoire du Laboratoire d’excellence OBVIL (Sorbonne) et du Conseil scientifique du CNRS/INSHS.
Cet article s’intéresse aux multiples définitions de la littérature proposées par Barthes comparée au « vaisseau Argo qui gardait toujours le même nom bien que toutes les pièces en eussent été changées peu à peu » en faisant l’hypothèse qu’elles nous renvoient à une vision ancienne, intime et tragique de l’écriture.
The paper explores the multiple definitions of literature proposed by Barthes comparing them to “the ship Argo which always retained the same name although each of its pieces was gradually replaced” in order to propose that they direct us toward an ancient, intimate, and tragic vision of writing.
Nenad Ivić, « Jouir de penser. Archéologie d’une métaphore »
Nenad Ivić est professeur de littérature française à l’université de Zagreb. Il a publié des livres sur l’historiographie médiévale et antique : Domišljanje prošlosti (Zagreb, 1992), Textus. Istraživanja o Amijanu Marcelinu (Zagreb, 2002) et sur la littérature, poésie et musique moderne : Napulj i druga imaginarna mjesta (Zagreb, 2009), Augurium (Zagreb, 2012) et Grč sirene (Zagreb, 2014).
Cet article explore l’idée barthésienne de l’amour à partir de la métaphore de critique augure et ses ramifications philosophiques (platonisme, goût, événement comme impossibilité) et littéraires (projet du roman, érotographie, écriture, plaisir, jouissance).
The paper explores the Barthesian idea of love through his metaphor of the critic as augur in its philosophical (Platonism, taste, event as impossibility) and literary (project of a novel, erotography, writing, pleasure, bliss) ramifications.
Laura Marin, « De la “vitalité désespérée” du Neutre »
Laura Marin enseigne à l’université de Bucarest au Centre d’excellence dans l’étude de l’image (CESI). Elle a obtenu son doctorat d’histoire et sémiologie du texte et de l’image en 2011 avec une thèse préparée en cotutelle à l’université Paris-Diderot 173– Paris 7 et à l’université de Bucarest, publiée sous le titre Le Neutre. Lire Blanchot dans les traces de Levinas et Derrida (Bucarest, 2013).
Dans cet article il s’agit d’interroger le neutre de Barthes dans son rapport au pathologique, et plus largement, à la tradition médicale du neutre, pour analyser, dans sa fidélité et ses glissements de sens, une formule qu’il emprunte à Pasolini et par laquelle il désigne l’activité (acte et affect) du neutre : « la vitalité désespérée ».
This article attempts to explore Barthes’ understanding of the “neutral” in its relation to the pathological and, more generally, to the medical tradition within which this notion has been articulated. My analysis will focus on the vitalité désespérée, a phrase that Barthes takes from Pasolini in order to describe, by means of successive displacements, the active and effective dimensions of the neutral.
Alexandru Matei, « La Délicatesse contre/avec l’Engagement. Barthes en Roumanie »
Alexandru Matei enseigne la culture française à l’université Lumina, Bucarest. Il fait des recherches sur la jeunesse de Roland Barthes, notamment sur ses années passées en Roumanie. Il a publié Jean Echenoz et la distance intérieure (Paris, 2012) et fait paraître quelques articles sur Roland Barthes, notamment dans les revues Romance Studies et http://www.roland-barthes.org/revue.html.
La délicatesse est une des figures du neutre : une qualité requise par le vivre-ensemble de l’individu, en dehors ou du moins en marge du pouvoir. Comment peut-on qualifier alors sa délicatesse dans son double exercice, public et privé, et en quoi cette délicatesse est-elle responsable d’un relatif oubli de Barthes en Roumanie, aujourd’hui ?
Delicacy is a figure of the Neutral. It is a quality required by the living-together of the individual, outside or at least on the fringes of Power. How then is delicacy to be qualified in its twofold practice, public and private, and to what extent is such delicacy responsible for the relative oblivion of Barthes in post-communist Romania?
Codruța Morari, « Le Cinéma comme festival d’affects. Roland Barthes et le septième art »
Codruța Morari est maître de conférences à Wellesley College, aux États-Unis, où elle enseigne la théorie et l’histoire du cinéma français. Elle est titulaire d’une 174thèse de doctorat en études cinématographiques (université de la Sorbonne nouvelle – Paris 3, 2008) et l’auteure d’un texte intitulé The Maniacs of Truth : French Film Authorship in the Wake of Robert Bresson.
Les écrits de Roland Barthes sur le cinéma témoignent d’une forte résistance au septième art qui ne cesse de le fasciner. En examinant la tension entre ces deux attitudes, cet essai trace un dialogue virtuel avec André Bazin et fait le bilan de l’impact de Barthes dans la théorie du cinéma.
Roland Barthes’s writings on film testify to a strong resistance to the 7th art which, however, never ceases to fascinate him. Exploring the tension between these two attitudes, this essay traces a virtual discussion with André Bazin and assesses Barthes’s impact on film theory.
Dominique Rabaté, « Que reste-t-il du Plaisir du texte ? »
Dominique Rabaté est professeur de littérature française à l’université Paris-Diderot – Paris 7. Membre de l’Institut universitaire de France, il a écrit de nombreux livres sur Quignard, NDiaye, des Forêts, sur le récit au vingtième siècle, ou le sujet lyrique. Ses derniers titres parus sont Le Roman et le Sens de la vie (Paris, 2010) et Gestes lyriques (Paris, 2013), et Désirs de disparaître (Québec, 2015).
Cet article considère l’héritage possible et la postérité du Plaisir du texte. Il s’agit donc de faire la part de ce qui relève du climat de l’époque et de la démarche originale et toujours féconde de ce livre charnière publié en 1973.
This paper considers the possible inheritance and the legacy of The Pleasure of the Text. It distinguishes between what this pivotal book published in 1973 owes to the period in which it was written and what constitutes Barthes’ original and still fruitful approach.
Maïté Snauwaert, « L’exercice lucide du deuil »
Maïté Snauwaert est l’auteure de Philippe Forest, la littérature à contretemps (Nantes, 2012) et d’études sur le deuil et la fin de vie dans la littérature contemporaine. Elle mène une recherche intitulée « Apprendre à mourir au xxie siècle : la contribution littéraire » avec le soutien du Conseil de recherches en sciences humaines du Canada. Elle est professeure à l’université de l’Alberta.
175Ce texte explore la dimension privilégiée du journal comme genre du pathétique, à même d’exprimer les émotions du deuil en même temps qu’il conserve le silence. Par son écriture quasi-quotidienne, il crée une mesure de l’expérience du deuil qui donne sa portée au Journal de deuil en tant que texte d’élucidation personnel en chemin vers une œuvre.
The privileged dimension of the diary as a genre which is pathetic but also enables the expression of mourning even as it keeps silent is explored in this paper. The very practice of writing almost daily provides a certain measure of the experience of mourning, which makes Mourning Diary a personal document on its way toward becoming a work.
Frédéric Sounac, « Fragments d’une jouissance sonore. Expérience musicale et sexualité chez Roland Barthes »
Frédéric Sounac est maître de conférences à Toulouse où il se consacre principalement à l’étude des relations entre littérature et musique. Auteur de plusieurs ouvrages dans ce domaine, il collabore avec l’orchestre de Paris, et est un partenaire régulier de la pianiste Maria João Pires, à l’occasion de projets artistiques et pédagogiques.
Si l’érotique de Barthes est partout, le discours sur la sexualité est chez lui beaucoup plus rare. Cet article émet l’hypothèse que ce discours transparaît dans ses études sur la musique, qu’il s’agisse de méditations sur la pratique musicale ou de considérations plus directement esthétiques.
Although Roland Barthes’ erotics are everywhere, his discourse about sexuality, however, seems to be almost absent. This essay is based on the hypothesis that such a discourse is actually mataphorically present in Barthes’ texts devoted to music: reflexions on music making or aesthetic views.
Maja Vukušić Zorica, « “So much for pathos” – “Cueillir des roses au milieu des épines”. (Sade et Barthes) »
Maja Vukušić Zorica, maître de conférences à l’université de Zagreb, a soutenu sa thèse à l’université Paris-Diderot – Paris 7 sous la direction d’Éric Marty. Elle est l’auteur d’André Gide : les gestes d’amour – l’amour des gestes (Paris, 2013). Elle a publié sur Gide, Sade, Barthes, Haendel, Chopin, Pierre Louÿs et a traduit quatorze livres dont Naissance de la biopolitique de Foucault.
176Le Sade barthésien déploie la figure et le pli du désir, de Monty Python à Valéry, de « Mettre de l’ordre » à Mallarmé, de « Cacher la Femme » au « pur signe » de Beauté, des roses à la fille de Marty, et la jouissance du corps figural d’autrui, le neutre du plaisir et la délicatesse presque impossible.
Barthes’s Sade deploys the figure and the fold of desire, from Monty Python to Valéry, from Bringing order to Mallarmé, from Hide the Woman to the “pure sign” of Beauty, from roses to Marty’s girl, and the bliss of the figural body of the other, the neutral of pleasure, and the almost impossible delicacy.