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Classiques Garnier

Résumés

  • Type de publication : Article de collectif
  • Collectif : Rituels de la vie publique et privée du Moyen Âge à nos jours
  • Pages : 361 à 366
  • Collection : POLEN - Pouvoirs, lettres, normes, n° 27
  • Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
  • EAN : 9782406114895
  • ISBN : 978-2-406-11489-5
  • ISSN : 2492-0150
  • DOI : 10.48611/isbn.978-2-406-11489-5.p.0361
  • Éditeur : Classiques Garnier
  • Mise en ligne : 13/07/2021
  • Langue : Français
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Résumés

Philippe Haugeard, « Introduction »

Louvrage entend saisir le rituel à lintersection du public et du privé afin de définir les différents phénomènes dinteraction et/ou de translation en jeu dans la ritualité entre ces deux espaces. La démarche pluridisciplinaire fait apparaître lintérêt heuristique et herméneutique du croisement des diverses sciences humaines et la perspective transhistorique permet de mettre en valeur variance et invariance dans une ritualité toujours tributaire de son contexte historique et culturel.

Sylvia Mullins, « Ex membris sanctis. Myroblytes et usage rituel de lhuile sainte en Europe médiévale »

Larticle porte sur le culte des saintes myroblytes (dont le modèle serait sainte Catherine dAlexandrie) dans lOccident médiéval et aux rituels privés et publics qui étaient associés à leur pouvoir de produire corporellement, de leur vivant ou après leur mort, une huile sainte et miraculeuse. Cet article étudie ce faisant le contenu et la fonction idéologiques du discours hagiographique construit par lÉglise autour de ces figures particulières de saintes.

François Wallerich, « Pratiques et usages “profanes” de la communion. Transgressions privées dun rituel public au Moyen Âge (1170-1230) »

Entre 1170 et 1230, de nombreux textes évoquent des fidèles qui, au lieu davaler lhostie à la communion, la conservent pour sen servir à des fins jugées « profanes » par lÉglise. Ayant pour but de combattre ces pratiques, la documentation doit être déconstruite pour comprendre les enjeux de cette réappropriation. Lopposition entre public et privé, qui ne sapplique ici que partiellement, permet dinsister sur la publicité du rituel comme condition de son contrôle par linstitution.

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Fannie Caron-Roy, « Icône publique, dévotion privée. La Madonna della Clemenza dans le palais du cardinal Altemps à Rome »

En 1584, le cardinal Altemps amorce le projet de construction de sa chapelle funéraire dans léglise Sainte-Marie-du-Trastévère. La Madonna della Clemenza, une icône du viiie siècle qui y fera office de retable, est également le motif choisi par le prélat quelques années plus tard pour orner le plafond du studiolo de son palais. Cet article mettra en lumière lextension des rituels, du domaine public à la demeure privée, que permet ce déplacement iconographique.

Jean-Patrice Boudet, « Un charivari tragique à la cour de Charles VI. Le bal des Ardents »

Le bal des Ardents, sorte de charivari organisé par Charles VI à loccasion du remariage dune dame dhonneur de la reine, en janvier 1393, se termine par la fin tragique de quatre nobles de lentourage royal. Les récits de Froissart et du Religieux de Saint-Denis permettent de distinguer rituels semi-publics au sein de la cour et rituels publics de réparation de la faute. Larticle cherche à préciser la portée de lévénement, dans son contexte historique et anthropologique.

Gabriele Vickermann-Ribémont, « Staging marriage, la réinvention dun rituel de mariage sur la scène comique (fin xviie et xviiie siècles) »

Le motif structurant de la comédie quest le mariage nest pas pour autant représenté sur scène, mais signifié par une action en coulisses ou des rituels de substitution. Ceux-ci sont ancrés dans une réalité juridique précise et entretiennent par leur langage symbolique une affinité avec celui des genres dramatiques, comme le montre lexemple de la bénédiction paternelle, rituel laïque et privé qui bénéficie de lefficacité du geste nourrie par lhistoire du rituel religieux et public.

Aïcha Salmon, « Les rites de la nuit de noces bourgeoise en France au xixe siècle »

Au xixe siècle, on commence à accorder davantage dintimité aux époux durant leur nuit de noces. La volonté deffacement des rites traditionnels, jugés trop intrusifs, dans les nuits de noces bourgeoises se manifeste à travers la coïncidence de plus en plus fréquente entre la première nuit du mariage 363et le début du voyage de noces et aboutit au renforcement du secret autour de « réalités » du mariage auxquelles sont confrontées subitement certaines jeunes filles non préparées.

Anne Verdet, « Bals de campagne, de la place du village à la clandestinité. Des années vingt à la Libération »

Le rituel du bal fut très longtemps constitutif de la formation des couples, rituel social impliquant tout un groupe. Sous lOccupation, il dut évoluer pour se maintenir, paradoxe inhérent aux rituels, les mariages étant repoussés à un après indéfini. La version clandestine des bals composait avec linsécurité : instrumentarium sommaire et cadre spatio-temporel fluctuant. Rituel public devenu caché, sinon privé, il était laffirmation de la vitalité dune jeunesse doublement en mal de liberté.

Aubrée David-Chapy, « Linvention de rituels, mettre en scène et servir le pouvoir au féminin. Le cas des régences de Louise de Savoie (1515-1531) »

La question de la régence féminine, telle quelle sinvente pour Louise de Savoie, mère de François Ier, est étroitement liée à celle des pratiques et des représentations. Louise de Savoie ne dispose dabord que dune auctoritas sexerçant dans la sphère privée, comme éducatrice et conseillère du roi, mais rapidement certains rituels de la vie privée sont reproduits et démultipliés dans la sphère publique afin de conférer à Louise de Savoie une dignité et des pouvoirs spécifiques.

Nicolas Lombart, « Réinventer les rituels politiques au Nouveau Monde. Usages privés et publics de la “promesse” dans LHistoire notable de la Floride de René de Laudonnière (1586) »

Sur quelle base juridique négocier avec les indiens du Nouveau Monde ? La question prend une résonance particulière dans LHistoire notable de la Floride de René de Laudonnière (1586) en raison de la place centrale accordée aux rites de promesse improvisés avec les Timucua dans la Floride française (1562-1565). Ni vraiment privée, ni totalement publique, la promesse permet à Laudonnière, sincère ou duplice, de naviguer entre les rois indiens, en expérimentant de nouvelles pratiques machiavéliennes.

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Fanny Giraudier, « Le baptême des enfants de France. Rituel politique et religieux, entre sphère privée et publique »

Célébration monarchique, le baptême des enfants royaux, qui possède une dimension familiale forte, se situe à la croisée de lintime et du politique. Si on y fait des gestes de soin du quotidien qui sont des rituels de purification et dentrée dans la communauté chrétienne, la cérémonie possède aussi une portée politique forte : en elle sentremêlent enjeux dynastiques, diplomatie et affirmation des positions nobiliaires au sein de la cour.

Marianne Cailloux, « La ritualisation de limage mémorielle dans lespace domestique. Lexemple de lensemble gravé de la Maison Tracq à Bessans en Maurienne »

La maison Tracq à Bessans est décorée de gravures collées sur mobilier, témoignant de la pratique dune famille sur plusieurs générations : linvestissement visuel de lespace domestique régule le rapport aux évènements personnels et contextuels. Comment limage sert-elle de support de médiatisation de pratiques rituelles ? Ces gravures nous renseignent sur la régulation normative sociale par limage, personnelle et collective, dindividus et de communautés de la fin du Moyen Âge à la révolution industrielle.

Myriam Watthee-Delmotte, « Commémorer pour légitimer. Du Tombeau des gloires au cénotaphe des obscurs »

Les tombeaux littéraires reposent sur la logique du don/contre-don. Célébrer les morts, dans la littérature contemporaine, cest leur offrir la reconnaissance qui leur faisait défaut et inciter à la mémoire sereine. En retour, en soulignant des aspects qui coïncident avec leurs propres difficultés dêtre, les auteurs instaurent une communauté symbolique dhommes souffrants, sintègrent dans une fratrie imaginaire décrivains, et assignent aux lecteurs leur place dans le rite de commémoration. 

Rémi Dalisson, « Rituel officiel, rituel subversif. La question de la commémoration de la guerre dAlgérie en France »

Depuis 1962, aucun consensus ne règne sur la mémoire de la guerre dAlgérie. Cest que la commémoration de ce conflit reste complexe tant il 365résume les problèmes de la mémoire de guerre, de la colonisation et du rapport au postcolonial. Pour réussir la commémoration, la rendre cathartique et compréhensible, il est nécessaire de lui trouver un langage qui fasse sens, un rituel fédérateur. Il sagit ici de comprendre la construction de ce rituel, les problèmes quil soulève et ses interprétations.

Chantal Senséby, « Les rituels documentaires. Variations et facteurs de variabilité (Anjou et Touraine, xie et xiie siècles) »

Le rituel documentaire constitue le dernier moment dune transaction effectuée en trois séquences spatio-temporelles complémentaires. Pour quune transaction faite en privé par un laïc et une abbaye, dans la domus du laïc puis dans la secreta pars du monastère, se réalise pleinement et obtienne une reconnaissance sociale, elle doit associer la société locale, être divulguée publice et être respectueuse de la res publica. La limite entre privé et public sestompe, mais sans jamais disparaître.

Cécile Lignereux, « Une marque de savoir-vivre. Les assurances de souvenir dans la pratique épistolaire du xviie siècle »

Parmi les rituels épistolaires destinés à préserver les liens damitié, celui des assurances de souvenir laisse aux épistoliers des marges de manœuvre considérables, même si cest une pratique de civilité codifiée. Les assurances de souvenir constituent une catégorie de lettres dotée dun protocole persuasif propre ; elles fonctionnent comme une séquence textuelle capable de sintégrer dans différents schémas rhétoriques ; elles se présentent comme une figure à forte teneur phraséologique.

Valérie Jacob-Blanchemanche, « Une lecture ethnocritique des rituels funéraires dans La Table-aux-Crevés (1929) »

Dans le quatrième roman de Marcel Aymé, la « mauvaise mort » occupe une place centrale. Une lecture ethnocritique des rituels funéraires souligne les dérèglements durant chaque phase des rites. En outre, ces pratiques obéissent à la fois à une coutume locale (orale et communautaire) et à des manifestations urbaines (écrites et extérieures). Le texte littéraire éclaire lefficacité symbolique pour des enjeux multiples et opposés et permet de dépasser lapproche sociohistorique de lentre-deux-guerres.

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Pascal Lardellier, « Un anthropologue au GIGN. Rites dhier et daujourdhui au sein de lunité délite de la Gendarmerie nationale »

Le GIGN est une unité délite structurée en profondeur par un éventail de rites renvoyant notamment à des univers symboliques chevaleresques. Ce chapitre, issu dun terrain de plusieurs années au sein du GIGN, analyse spécifiquement certains de ces rites : la « remise du MR », le « tir de confiance » et le « tour de la garnison » apparaissent comme autant de résurgences de rites plus anciens, exhumés à des fins dintégration, de cohésion, de défi, ou de réassurance.

Anne Friederike Delouis, « Conclusion. Un regard anthropologique sur les rituels de la vie publique et de la vie privée »

Lanthropologie a développé depuis la fin du xixe siècle un impressionnant corpus théorique sur le rituel, de sorte quelle pourrait se croire sur ce sujet comme en terrain réservé. Ce que nous rappelle ce volume dans sa diversité, cest que le récit historique entre en résonance avec lanalyse anthropologique, et quun échange, portant notamment sur larticulation du privé et du public, est susceptible, au-delà des modes et des déplacements thématiques forcés et vite datés, denrichir chacune des disciplines.