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Classiques Garnier

[Introduction de la troisième partie]

  • Type de publication : Article de collectif
  • Collectif : Rituels de la vie publique et privée du Moyen Âge à nos jours
  • Pages : 151 à 151
  • Collection : POLEN - Pouvoirs, lettres, normes, n° 27
  • Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
  • EAN : 9782406114895
  • ISBN : 978-2-406-11489-5
  • ISSN : 2492-0150
  • DOI : 10.48611/isbn.978-2-406-11489-5.p.0151
  • Éditeur : Classiques Garnier
  • Mise en ligne : 13/07/2021
  • Langue : Français
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Parce quils sont une mise en scène de lautorité et posent la question de la délégation du pouvoir à un individu ou à un groupe donnés, les rituels politiques sont nombreux – intronisation, sacre, investiture, passation, délégation, défilé, serment, etc. – et se déploient au cours de cérémonies et de protocoles, qui sont de lordre de la représentation et reposent sur une valeur performative de la parole1. Ces rituels appartiennent par essence à la sphère publique et leur écho est dailleurs dûment orchestré, à partir de lavènement de lâge médiatique, dans les organes de presse. Quadvient-il lorsque la ritualité politique se tisse aux frontières du public et du privé ? Le privé peut-il faire bouger les lignes de lofficialité du rituel public ?

Aubrée David-Chapy explore le cas de Louise de Savoie, la mère de François Ier, premier cas de régence féminine officielle de la monarchie française, lors des expéditions du roi à létranger : parce que Louise de Savoie connaît une évolution déterminante (mère de grand seigneur, elle devient mater regis avec lavènement de François Ier), elle détourne les rituels royaux et instaure de nouveaux rites destinés à consacrer sa légitimité et sa dignité dans la sphère officielle, individualisant en somme les ressorts des protocoles publics à travers la mise en scène de sa personne exceptionnelle.

Dans un second temps, Nicolas Lombart étudie le cas de la promesse dans les rituels politiques du Nouveau Monde, à travers le récit de LHistoire notable de la Floride de René de Laudonnière (1586) qui raconte les relations de lauteur avec les Indiens timucua. Le capitaine français met en scène la manière dont il a instrumentalisé le caractère informel de la promesse, entre sphères publique et privée – distinction sinon non opératoire dans la société indienne, du moins fortement déplacée, comme en témoigne au premier chef la question de la nudité.

Enfin, Fanny Giraudier sintéresse à la question du baptême des enfants de France en 1606, cérémonie rituelle qui ressortit dabord à la famille et à lintimité du souverain, mais que Henri IV déploie du côté de la sphère politique et publique : le baptême de ses trois enfants, dont notamment le dauphin, lui permet dasseoir la légitimité de la toute nouvelle monarchie bourbonienne.

1 Voir entre autres, Marc Abélès, « Mises en scène et rituels politiques », Hermès, La Revue, CNRS Éditions, 1991, no 8-9, p. 241-259.