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Classiques Garnier

[Introduction de la quatrième partie]

  • Type de publication : Article de collectif
  • Collectif : Rituels de la vie publique et privée du Moyen Âge à nos jours
  • Pages : 207 à 207
  • Collection : POLEN - Pouvoirs, lettres, normes, n° 27
  • Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
  • EAN : 9782406114895
  • ISBN : 978-2-406-11489-5
  • ISSN : 2492-0150
  • DOI : 10.48611/isbn.978-2-406-11489-5.p.0207
  • Éditeur : Classiques Garnier
  • Mise en ligne : 13/07/2021
  • Langue : Français
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La mémoire, phénomène dabord purement individuel, peut devenir collective, à loccasion de grands événements politiques ou de traumatismes touchant une population entière : on a même pu montrer que la dimension collective de la mémoire modelait profondément sa configuration individuelle, que lexpérience dailleurs soit réellement vécue ou en partie mythifiée. Cest encore plus flagrant avec la commémoration, rituel public qui fonctionne comme une patrimonialisation du souvenir privé, et qui a fait lobjet depuis plusieurs décennies dentreprises de plus en plus élaborées et diversifiées, à toutes les échelles des diverses communautés humaines1. Aussi ces questions autour du mémorable et de son envers, loubli, sont-elles essentielles pour appréhender la spécificité de la ritualité lorsquelle sarticule entre le public et le privé.

Marianne Cailloux sintéresse à la manière dont limage permet la circulation entre mémoires privée et publique, à travers létude de la Maison Tracq à Bessans de Maurienne, où la famille, sur plusieurs siècles, a transformé son lieu dhabitation en monument mémoriel domestique par lencollage destampes récoltées et relevant notamment des pratiques de dévotion – ce qui témoigne dune véritable perméabilité entre sphères publique et privée.

Myriam Watthee-Delmotte étudie la commémoration des défunts et le culte des morts à travers trois récits, Le Tombeau de Romain Gary de Nancy Huston, Joseph de Yun Sun Limet, Le Quatrième mur de Sorj Chalandon, relevant tous trois de la logique rituelle du don et du contre-don. Ces tombeaux littéraires offrent aux défunts une mémoire apaisée, et en échange consacrent le rôle et lidentité des auteurs au sein dune communauté donnée.

Dans un dernier temps, Rémi Dalisson aborde la délicate question de la commémoration de la guerre dAlgérie en France : il sagit en loccurrence délaborer un rituel collectif qui fédère les mémoires communautaires et les affects individuels, et qui vise à dépasser le conflit des mots, entre les discours officiels normatifs et les prises de parole privées. De là une guerre de rituels et de contre-rituels, qui traduit le fait que cette mémoire est loin dêtre apaisée.

1 Voir Maurice Halbwachs, La Mémoire collective, Paris, Albin Michel, 1950 ; Pierre Nora (éd.), Les Lieux de mémoire, Paris, Gallimard, 1984-1992 (3 tomes).