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Classiques Garnier

[Introduction de la première partie]

  • Type de publication : Article de collectif
  • Collectif : Rituels de la vie publique et privée du Moyen Âge à nos jours
  • Pages : 15 à 16
  • Collection : POLEN - Pouvoirs, lettres, normes, n° 27
  • Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
  • EAN : 9782406114895
  • ISBN : 978-2-406-11489-5
  • ISSN : 2492-0150
  • DOI : 10.48611/isbn.978-2-406-11489-5.p.0015
  • Éditeur : Classiques Garnier
  • Mise en ligne : 13/07/2021
  • Langue : Français
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Le religieux est incontestablement le point focal de la ritualité, dune ritualité collective et/ou communautaire, même quand cette ritualité suppose le mystère ou mobilise des initiés. Si elle engage dabord le groupe, ou un groupe, la pratique religieuse implique aussi lindividu, et ce plus particulièrement dans le christianisme, lequel suppose une intériorisation de la croyance et une piété personnelle accompagnant, complétant ou prolongeant les cérémonies cultuelles collectives. La religion chrétienne constitue ainsi un espace où le rituel se déploie conjointement dans lespace public et dans la sphère privée, phénomène étudié par les trois contributions de cette partie.

Sylvia Mullins sintéresse ainsi, en les resituant dans le cadre plus large de lusage de lhuile sainte dans le christianisme, aux différents rituels, privés et publics, recourant à lhuile miraculeuse des saints et saintes myroblytes dans lOccident médiéval et aux rituels qui étaient associés à leur pouvoir de produire corporellement, de leur vivant ou après leur mort, une huile sainte et miraculeuse. Si ce pouvoir est globalement partagé entre figures saintes masculines et féminines, il apparaît que le nombre et la popularité des saintes myroblytes vont croissant avec le temps, atteignant une sorte dacmé à la fin du Moyen Âge, grâce au développement volontaire et idéologique dun discours hagiographique véhiculé par lÉglise autour de ces figures particulières de saintes.

François Wallerich étudie pour sa part plusieurs récits de cas de détournement de leucharistie, ces détournements constituant autant de transgressions dun rituel aussi éminemment sacré et public que celui de la communion. Ces récits, tous dorigine cléricale, qui se multiplient entre les années 1170 et 1230 environ et qui présentent à peu près un même schéma narratif, visent à combattre, en affirmant son nécessaire échec, une pratique apparemment en développement et par laquelle des laïcs, sans esprit de sacrilège, cherchent plutôt à capitaliser à leur profit, pour des fins domestiques et dans un espace privé, un pouvoir dévolu aux prêtres et à lÉglise, laquelle réagit par une condamnation dautant plus ferme quelle sinscrit dans un mouvement plus vaste de lutte contre lignorance et la superstition.

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Fannie Caron-Roy porte quant à elle son attention sur un geste de piété personnelle, tout fait spectaculaire et signifiant, celui du cardinal Marco Sittico Altemps (1533-1595) qui commanda pour le studiolo de son palais romain un ensemble de fresques organisé autour dune copie de la Madonna della Clemenza, dont loriginal, une icône du viiie siècle, était lobjet dune grande vénération populaire. Larticle montre que loriginal et sa copie occupent une place centrale au sein de programmes iconographiques célébrant chacun à leur manière les pouvoirs sotériologiques de la Vierge Marie, lun destiné au public de fidèles, lautre à lusage privé du cardinal Altemps.