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Classiques Garnier

Avant-propos

  • Type de publication : Article de collectif
  • Collectif : Rimbaud. Des Poésies à la Saison
  • Auteur : Guyaux (André)
  • Pages : 7 à 8
  • Collection : Rencontres, n° 4
  • Thème CLIL : 3633 -- LITTÉRATURE GÉNÉRALE -- Poésie
  • EAN : 9782812444531
  • ISBN : 978-2-8124-4453-1
  • ISSN : 2261-1851
  • DOI : 10.15122/isbn.978-2-8124-4453-1.p.0007
  • Éditeur : Classiques Garnier
  • Mise en ligne : 15/04/2010
  • Langue : Français
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Avant-propos

On connaît le retournement d’André Breton, qui dans le premier Manifeste du surréalisme, en 1924, désignait Rimbaud parmi les précurseurs de son école, « surréaliste dans la pratique de la vie et ailleurs1 », et citait pour s’en réclamer la forte parole de « Mauvais sang » : « c’est oracle, ce que je dis2 », avant de se rétracter quelques années plus tard, en 1930, dans le Second manifeste :

Inutile de discuter encore de Rimbaud : Rimbaud s’est trompé, Rimbaud a voulu nous tromper. Il est coupable devant nous d’avoir permis, de ne pas avoir rendu tout à fait impossibles certaines interprétations déshonorantes de sa pensée, genre Claudel3.

Ce propos abrupt, injuste, a conservé quelque résonance. Cette culpabilité supposée n’a cessé, au fil de générations, de trouver de nouvelles occasions de s’illustrer. En octobre 1991, à Chypre, où les autorités culturelles de la partie grecque de l’île avaient organisé une rencontre internationale, on pouvait entendre tels poètes insulaires parler de l’auteur d’Une saison en enfer comme du prophète de leurs combats autonomistes. Rimbaud n’avait peut-être pas rendu tout à fait impossible ce détournement-là.

Aujourd’hui, qu’en est-il ? L’« oracle » rimbaldien n’a rien perdu de sa puissance attractive et le clivage se recrée entre une inflexion interprétative qui se coordonne à quelques certitudes bien ancrées et postule dans l’œuvre de Rimbaud un message militant, et une

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lecture plus exigeante et plus libre, qui donne toute sa force et toute sa pertinence d’arbitrage au texte poétique et en appelle à la diversité des méthodes et des points de vue.

Je crois pouvoir dire que c’est à cette seconde option que se rattachent les quinze études qui suivent. Aucune chaîne ne les relie les unes aux autres sinon l’attention qu’elles accordent au texte de Rimbaud.

André Guyaux

[1] André Breton, Manifeste du surréalisme, [octobre] 1924 ; Œuvres complètes, Gallimard, Bibl. de la Pléiade, t. I, 1988, p. 329.

[2]Ibid., p. 344.

[3]Second manifeste du surréalisme, [juin] 1930 ; ibid., p. 784.