Aller au contenu

Classiques Garnier

Résumés

  • Type de publication : Article de collectif
  • Collectif : Rhétorique de la requête (xvie-xviie siècles)
  • Pages : 277 à 280
  • Collection : Rencontres, n° 607
  • Série : Rhétorique, stylistique, sémiotique, n° 12
  • Thème CLIL : 3154 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Linguistique, Sciences du langage -- Stylistique et analyse du discours, esthétique
  • EAN : 9782406158448
  • ISBN : 978-2-406-15844-8
  • ISSN : 2261-1851
  • DOI : 10.48611/isbn.978-2-406-15844-8.p.0277
  • Éditeur : Classiques Garnier
  • Mise en ligne : 31/01/2024
  • Langue : Français
277

Résumés

Francis Goyet, « Préface »

Dans le sillon du rhetorical turn des années 70-90, le présent ouvrage ouvre une voie dexploration prometteuse en ne sintéressant pas aux grandes orationes, mais aux petits types de discours, très fréquents dans les corpus des littéraires. Ils ne sont pas moins techniques que les orationes, se situent certes hors contexte institutionnel mais dans un cadre dAncien Régime très hiérarchisé. Létude de leur pratique relève de la rhétorique et confine à lanthropologie.

Ellen Delvallée et Cécile Lignereux, « Introduction »

Les types de discours tels que la requête sont théorisés et illustrés aux xvie et xviie siècles par les traités de rhétorique et manuels dart épistolaire. Si le nombre et la place des séquences argumentatives de la requête semble stable, lexploration méthodique de textes épistolaires, poétiques ou dramatiques montre comment les auteurs et locuteurs sapproprient les conventions en exploitant les ressources rhétoriques offertes par le genre littéraire dans lequel le discours sinscrit.

Cécile Tardy, « Pratiques de la lettre de demande. Le florilège de François de Fenne (Secrétaire à la mode réformé, 1684) »

Dans le Secrétaire à la mode réformé de François de Fenne, le corpus de lettres de demande repose bien sur un même acte de langage (directif) mais frappe par son caractère composite, notamment parce quil associe modèles fictifs et lettres réelles. Nous nous interrogerons sur cette hybridité pour montrer que la spécificité des stratégies rhétoriques mises en œuvre par les auteurs prend sens quand on les confronte aux lettres fictives qui sont aussi données à lire.

278

Adeline Desbois-Ientile, « Lemaire de Belges épistolier. Lart de la demande »

Au cours de sa carrière, Lemaire a adressé plusieurs requêtes à sa protectrice, Marguerite dAutriche, et aux grands de sa cour. Ces lettres sinscrivent dans un contexte asymétrique et hiérarchisé qui influence les formes décriture : aux revendications dhumilité du demandeur correspond lexaltation du bon plaisir de la destinataire, de façon à faire aboutir la négociation tout en préservant les places respectives des participants à léchange.

Agnès Cousson, « Demander, prier, conjurer. La petitio dans les lettres de Racine »

Les lettres de Racine manifestent une variété de stratégies stylistiques et de postures éthiques en fonction du destinataire, dans des requêtes tendres et plaintives à sa sœur, des requêtes humbles à Mme de Maintenon, des requêtes accompagnées de reproches spirituels aux amis lettrés ou encore des requêtes directives à son fils. Plaintes, reproches, offres de service, assurances de souvenir et autres protestations damitié sont ainsi mobilisés en soutien aux différents lieux de la requête.

Laure Depretto, « “Au service de Sa Majesté”. Les lettres au roi de Bussy-Rabutin, entre demande de grâce et offre de service »

Contrairement à ce que laisserait penser sa position de disgracié, Bussy-Rabutin na pas uniquement écrit au roi des lettres de demande : si ses lettres visent à éviter la qualification jugée dégradante de placet, elles participent de plusieurs types de lettres recensés par les traités et manuels épistolographiques, en particulier loffre de service et la remontrance. La situation oblige pourtant lépistolier à présenter comme une grâce ce quil considère comme un dû, eu égard à son mérite.

François Rouget, « Une espèce discursive de la rhétorique de la requête. La réclamation en vers au xvie siècle »

Larticle examine les objets et acteurs de la requête dans les pièces où les poètes réclament un dû, montrant les différentes hiérarchisations possibles entre un prince supérieur et un poète dépourvu mais dans son bon droit. Parmi les composantes de la stratégie argumentative de ces requêtes, figurent 279narrationes, images et autres jeux desprit. La nature poétique de ces pièces innerve lensemble des lieux de la requête, par la concision et léclat ou bien lamplification et la grandiloquence.

Pauline Dorio, « La requête dans les Epistres morales et familieres de Jean Bouchet »

Jean Bouchet, homme de loi, est rompu à lusage des manuels épistolographiques et se montre soucieux de présenter ses requêtes épistolaires comme honorables. Toutefois, dans certaines épîtres, Bouchet met en avant son statut de poète à titre de captatio benevolentiae, voire propose de petits morceaux de bravoure poétiques en guise de rémunération anticipée de la demande, quitte à bouleverser lordre canonique de la requête.

Robert J. Hudson, « “De style trop mince”. Lhumilité hyperbolique de la requête dans les épîtres lorraines de Clément Marot »

Pour Clément Marot, lépître était la forme poétique qui se prêtait le mieux aux enjeux de la rhétorique. Quelle présente lhumiliation fougueuse de la tapinose ou bien lhumilité hyperbolique de lamplification, la missive en vers devient le véhicule par excellence pour abaisser ses rivaux ou bien pour obtenir lobjet de sa requête. Dépouillé de la prophylaxie de la familiarité, ce pathos sesquisse encore plus nettement, comme dans les épîtres adressées à la cour de Lorraine.

Pascale Mounier, « Les requêtes répétées dans les Cent rondeaulx / Et cinq avec. Enjeux de la reformulation en série discursive »

Dans les Cent rondeaulx / Et cinq avec, la requête est configurée à laune dun genre original mêlant récit, dialogue et lyrisme, alors que les personnages la reformulent dune pièce à lautre. Larticle dégage les enjeux rhétoriques de la production sérielle de demandes à partir des principes de lepistolapetitoria. La description et lanalyse du corpus tiennent compte de trois échelles où la reformulation agit sur la requête : lénoncé, le poème à forme fixe et léchange à deux voix.

280

Véronique Adam, « Le discours de la requête dans lanthologie poétique du premier xviie (1597-1627). Compilation hétérogène ou pratique unifiée ? »

Les anthologies du premier xviie siècle font figurer des requêtes dans la poésie lyrique, héroïque et polémique, mais limitées au point dêtre déséquilibrées. La ténuité de lobjet de la requête est frappante dans le genre de lépigramme. En outre, la représentation du requérant prend le dessus sur les autres lieux de la requête (éloge du destinataire ou justification de lobjet de la demande), si bien que la requête disparaît parfois au profit de linvective ou du monologue.

Christine Noille, « Le traitement de la petitio dans lintrigue dramatique »

La petitio concourt à la dynamique de la scène, en ce quelle prend en compte les réactions du destinataire, présupposé récalcitrant. Elle shybride alors en plainte ou en défense. En outre, comme le destinataire de la requête réagit selon différentes modalités allant de lacceptation ou du refus à la poursuite dautres fins rhétoriques, la petitio acquiert un effet sur la conduite de lintrigue. Il existe ainsi une catégorie de pièces où les scènes de requête constituent le nœud de laction.

Christiane Deloince-Louette, « Astyanax ou la paix. La requête tragique dUlysse à Andromaque dans La Troade de Garnier (1579) »

Lanalyse de la séquence dans laquelle Ulysse demande à Andromaque de livrer son fils cristallise les enjeux de la constitution des personnages et de la portée de lintrigue. Reconfigurée chez Garnier daprès ses sources latines, cette séquence révèle des personnages proches de la civilité courtisane de la Renaissance. La brutalité de la tragédie se trouve atténuée dans cette requête proche de la conciliatio et ouvrant la possibilité dune réconciliation entre vaincus et vainqueurs.

Lauriane Maisonneuve, « La petitio au théâtre. Un patron rhétorique pour les tragédies du xviie siècle ? »

Le genre théâtral accueille difficilement lensemble des lieux de la requête en une seule tirade : les dramaturges comme Corneille ou Racine privilégient linsertion de ces lieux sous forme de séquences comparables à des figures de pensée. La tragédie, par nature réticente à voir accorder des demandes, est ainsi riche de postures énonciatives plus ou moins masquées qui nourrissent des séquences de requêtes et participent à la constitution de la logique de la pièce.