Éditorial
- Type de publication : Article de revue
- Revue : Revue Nerval
2019, n° 3. Nerval « naïf » et « sentimental » – Varia - Auteurs : Illouz (Jean-Nicolas), Scepi (Henri)
- Pages : 13 à 14
- Revue : Revue Nerval
- Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
- EAN : 9782406092162
- ISBN : 978-2-406-09216-2
- ISSN : 2554-8948
- DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-09216-2.p.0013
- Éditeur : Classiques Garnier
- Mise en ligne : 28/05/2019
- Périodicité : Annuelle
- Langue : Français
Éditorial
Le troisième numéro de la Revue Nerval offre une riche moisson de contributions qui attestent à la fois la constance et le renouveau des recherches universitaires consacrées à Nerval et l’empreinte séminale que l’auteur des Chimères a laissée dans la mémoire des écrivains et critiques des xxe et xxie siècles. Par là la Revue demeure fidèle à sa vocation initiale : non seulement elle rend compte de l’état actuel des travaux sur les écrits de Nerval, mais de plus elle accueille des points de vue qui, en faisant valoir les enseignements de la réception sur la longue durée, permettent d’évaluer avec finesse l’incidence d’une œuvre, et d’un ethos poétique particulier, dont les effets conjugués sont générateurs de sensibilité, d’invention et de pensée. Ainsi, Antonin Artaud – dont l’article de Jean-Louis Cornille fait ici résonner de façon éloquente le dialogue qu’il a en quelques occasions noué avec Nerval – est convaincu que le rêveur d’Aurélia, tout comme lui, était en quête d’un « langage vrai » et qu’il s’était attaché, coûte que coûte, à « conserver son individualité intrinsèque […], au lieu de devenir […] l’entonnoir de la pensée de tous1 ». Mais c’est toujours au croisement de l’individualité et de la collectivité (sinon de la communauté), selon une dynamique d’échanges dont les règles ne sont pas fixées d’avance, qu’ont chance d’apparaître les lignes ordonnatrices, fussent-elles d’ailleurs un peu fuyantes et obliques, qui déterminent la valeur ou du moins la spécificité d’une démarche créatrice. Il est heureux que la rubrique des Varia, qui compose le deuxième volet de cette livraison, associe des réflexions qui s’emploient à réinscrire Nerval dans l’histoire (médicale et politique notamment) de son temps et des enquêtes plus directement vouées à évaluer certains pans de la représentation de l’Orient dans son œuvre. Il comporte en outre une gerbe d’articles ayant Les Chimères – ou l’entourage immédiat 14des Chimères – pour objet privilégié. À ce propos, nous sommes particulièrement honorés de publier dans ce volume l’état d’un travail de Paul Bénichou tout entier consacré à la suite des sonnets de Nerval, étude que l’auteur avait entreprise, mais que sa mort, survenue en 2001, a laissée inachevée. Nous devons à la généreuse amitié de Bertrand Marchal de pouvoir faire paraître ces pages aujourd’hui, et nous l’en remercions vivement.
Ce troisième numéro s’ouvre sur un dossier qu’on pourra qualifier de thématique et dont l’orientation tient à la remise en œuvre, descriptive autant que critique, des catégories schillériennes de « naïf » et de « sentimental ». C’est par là une approche – moins convergente d’ailleurs que plurielle et diversifiée – du romantisme de Nerval qui est proposée. Romantisme qui s’origine, comme on sait, aux sources de la poésie et de la philosophie allemandes, mais qui se distingue aussi par un rapport au temps, un « régime d’historicité » qui favorise une dialectisation des notions d’innocence et d’intelligence, de plénitude et de mélancolie, d’expression et de réflexion, et qui invite à penser sur nouveaux frais les enjeux du lyrisme nervalien, entre naïveté et sentimentalité. Cet ensemble d’études prolonge les travaux du séminaire annuel Gérard de Nerval, organisé par les universités de Paris 3 et de Paris 4. Il s’inscrit en outre dans le cadre d’un programme de recherches pluriannuel lancé par le Centre de Recherches sur les Poétiques du 19e (CRP19) de Paris 3.
Jean-Nicolas Illouz et Henri Scepi
Nous remercions Filip Kekus pour l’aide qu’il nous a apportée lors de la phase de relecture de ce numéro de la Revue Nerval.
1 « Lettre sur Lautréamont », dans Suppôts et Suppliciations, éd. E. Grossman, Poésie/Gallimard, 2006, p. 53.