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Classiques Garnier

Revue des livres

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revue des livres

Vient de paraître

Matthieu Arnold, Gilbert Dahan, Annie Noblesse-Rocher (dir.), 1 Timothée 2, 9-15. Les femmes, Paris, Cerf, coll. « Lectio divina – Études dhistoire de lexégèse » 19, 2022, ISBN 978-2-204-15455-0, 24 €.

Voici le 19e volume de la collection qui rassemble les actes des Journées dexégèse biblique organisées par le Centre détudes patristiques de lInstitut détudes augustiniennes, le Laboratoire détudes des monothéismes (CNRS-EPHE-Sorbonne Université-PSL) et lunité de recherche de Théologie protestante (UR 4378, Université de Strasbourg). Il porte sur un thème – la soumission des femmes – qui entre en résonnance avec certains mouvements sociétaux actuels, féministes notamment. Comment aborder dune manière méthodologiquement rigoureuse ce texte dont la misogynie, si lon sen tient à la sensibilité contemporaine, a fait couler beaucoup dencre et suscité des réactions virulentes, sans tomber dans lécueil consistant à lériger en norme, comme certains courants de lÉglise se sont employés (ou semploient encore) à le faire, ou à projeter sur 1 Timothée 2 des catégories et des idéologies contemporaines ?

Dans la première contribution, Christian Grappe évoque, en exégète, plusieurs points déterminants : la tonalité du silence demandé aux femmes, lenseignement et lautorité quelles ne pourraient revendiquer, la soumission subie ou délibérée qui devrait être la leur. La contradiction apportée par le texte d1 Corinthiens 11, qui mentionne la possibilité dune prophétie féminine, crée une dialectique et ouvre une autre série de questionnements sur le contexte synagogal et la pseudépigraphie du texte qui nous occupe. José Costa donne ensuite un éclairage rabbinique particulièrement utile, qui relance les interrogations : sommes-nous face à un texte 108patriarcal ? quelle est linfluence du contexte gréco-romain sur ce texte ? Les Pères, étudiés par Françoise Vinel, insistent sur laspect théologique et notamment sotériologique – la femme est sauvée par la maternité – et érigent la femme d1 Timothée 2 en modèle de comportement face à un paganisme échevelé. Les médiévaux, dont les principaux commentaires sont rassemblés et analysés par Gilbert Dahan en partant de lemblématique Pierre de Tarentaise, tiennent que la femme est soumise à Dieu, au prélat et à son époux. Dans les deux premiers cas, elle partage cette soumission à égalité avec les hommes. Reste le problème de la soumission à son époux : lui est-elle soumise par nature ou en conséquence de la faute dÈve ? Thomas dAquin propose la réflexion la plus systématique sur la question : la femme est imparfaite par nature, et cette imperfection fonde sa sujétion. Avec la Réforme, la question, sinon de la parité, du moins dune certaine égalité, se fait jour. Les femmes font pleinement partie du nouveau projet ecclésial, comme le souligne Matthieu Arnold en se fondant sur les commentaires de Musculus et de Bugenhagen, mais la pudeur reste une vertu recommandée, même aux femmes de pouvoir dont Martin Luther se plaît à rappeler limportance dans la Bible et dans la société nouvelle quil promeut.

Ainsi, létude de ce texte, lequel pose de sérieuses questions dordre philologique, met aussi en lumière son importance socio-historique : outil de réflexion autant que pierre dachoppement, il a surtout constitué un défi interprétatif à toutes les époques envisagées ici et a finalement été loccasion, pour les commentateurs, daffronter lune des questions les plus redoutables posées par la Bible.

Annie Noblesse-Rocher

André Birmelé, La Concorde de Leuenberg. Cinquante ans de communion ecclésiale 1973-2023. Introduction dÉlisabeth Parmentier ; postface de Joseph Famerée, Paris, Cerf – Lyon, Olivétan, coll. « Unam Sanctam. Nouvelle série »10, 2023, 247 pages, ISBN 978-2-204-15417-8, 25 €.

Ce livre est publié à loccasion du cinquantenaire de la Concorde de Leuenberg qui déclare la communion ecclésiale entre les Églises 109européennes de traditions luthériennes et réformées. Cette concorde est entrée en vigueur en 1974 après avoir été approuvée par les synodes de ces Églises. Elle donna naissance, après la ratification par la famille méthodiste, à la Communion dÉglises Protestantes en Europe (CEPE) en 2002.

Communion ecclésiale signifie unité de lÉglise. Les Églises participantes se reconnaissent mutuellement comme des expressions authentiques de lunique Église de Jésus-Christ, dans le respect des histoires, des spiritualités, des piétés et des accents théologiques particuliers. Elles se déclarent en communion, une communion qui inclut la possibilité dun passage dune famille à lautre pour tout croyant et aussi pour les ministres.

Après avoir retracé lhistoire qui a permis de dépasser les oppositions du xvie siècle, on présente le texte de la Concorde assorti dun commentaire théologique. Est ensuite abordée lévolution de la CEPE à travers lévocation des assemblées générales rassemblant, tous les six ans, les Églises participantes. Un chapitre particulier, qui comprend une analyse de LÉglise de Jésus-Christ (un document majeur de 1994), est consacré à lecclésiologie (la compréhension de lÉglise, de ses marques, de ses ministères et de son unité).

Ce modèle dunité vécue a dépassé les frontières de lEurope et engendré des accords analogues en Amérique du Nord et au Moyen-Orient. Il a aussi dépassé les limites confessionnelles et servi de modèle à des accords avec la communion anglicane. Loption dun consensus différenciant a également permis des progrès dans le dialogue avec Rome.

Le dernier chapitre de cet ouvrage évoque les progrès et aussi les défis. Lhistoire de la Concorde de Leuenberg et de la CEPE est à la fois un aboutissement et un point de départ. Il serait fatal de se contenter de lacquis. La démarche exige toujours la prise en compte denjeux nouveaux, voire des réorientations. Le souci dune catholicité réellement vécue et, notamment, la nécessité dun synode commun sont les défis majeurs à relever.

André Birmelé

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Isabelle Grellier-Bonnal (dir.), Communication et communion. Huit itinéraires de théologie pratique. Textes rassemblés par Jérôme Cottin et Isabelle Grellier-Bonnal, Strasbourg, Association des publications de la Faculté de Théologie protestante, coll. « Travaux de la Faculté de Théologie Protestante de Strasbourg » 20, 2022, 185 pages, ISBN 978-2-9538635-4-3, 12 €.

Communication et communion : ces deux termes très proches ont la même étymologie et ils ont longtemps été utilisés quasiment comme des synonymes. Dailleurs, comment pourrait-il y avoir communion sans communication ?

La relation entre ces deux réalités nest pourtant pas évidente dans un monde où les moyens techniques de communication facilitent les relations, certes, mais en même temps les modèlent, voire les régissent, et dans une société marquée par lindividualisme, où la solitude subie par beaucoup et la nécessité imposée à chacun de se construire lui-même incitent à rechercher une communion qui peut être factice.

Chacune à sa façon, les huit études rassemblées dans cet ouvrage explorent les relations et les tensions entre ces deux réalités.

Les premières contributions concernent plutôt la vie interne des Églises – en loccurrence catholique ou protestantes. Talitha Cooreman-Guittin examine les questions théologiques, ecclésiologiques et pratiques soulevées par la participation à leucharistie dun enfant handicapé qui ne peut rien avaler, soutenant que la communauté ecclésiale serait incomplète si elle ne faisait pas place aux personnes en situation de handicap. Joan Charras-Sancho senquiert des formes et des langages liturgiques qui peuvent le mieux favoriser la communication de lÉvangile aux fidèles et la communion avec Dieu ; elle plaide pour une liturgie à la fois intelligible et ouverte au mystère, répétitive et innovante, expressive et silencieuse. Jérôme Cottin analyse les modifications que la pandémie du coronavirus a conduit à introduire dans la vie et le culte communautaires ; il en fait une évaluation plutôt positive, estimant que la communication numérique peut déboucher sur une certaine communion ; il laisse cependant ouverte la question de la possibilité dune communion sacramentelle à distance. Constatant les réactions parfois très polémiques à une décision synodale pourtant prise à la quasi-unanimité, Isabelle Grellier-Bonnal analyse les conditions qui ont permis, dans le cas de la bénédiction des couples de même sexe, 111la communion en synode – en soulignant en particulier la nécessité de faire pleinement place aux différences – et les effets, plutôt négatifs, qua eus la communication médiatique de cette décision.

Dautres études concernent des situations ou expériences qui se tiennent plus à distance des structures ecclésiales. Ainsi, Chantal Paisant étudie des groupes de lecture biblique qui rassemblent des participants divers ; elle montre comment la communion peut naître dun partage entre égaux à lécoute du texte, de soi-même et des autres. Étudiant des sessions pour des couples, Sylvie Barth sintéresse surtout, quant à elle, à une forme de communication qui y est très largement utilisée, le témoignage, et elle montre comment un témoignage en vérité, qui faisait place aux failles du couple témoin, a pu tout particulièrement favoriser la communion entre les participants. Cest à partir de son poste daumônier en hôpital quAnnick Vanderlinden interroge les dangers de lutopie actuelle de la communication, qui ne prend pas suffisamment en compte la fragilité, la béance de la parole ; il ny a pas de communion possible sans reconnaissance de lécart qui nous sépare de nous-mêmes, des autres et de Dieu, estime-t-elle. Enfin, Otto Schaefer propose délargir la compréhension chrétienne de la communion à lensemble du vivant, et en particulier aux plantes dont il montre, à travers quelques exemples, comment elles peuvent favoriser la rencontre et la communication entre les personnes.

Sinscrivant dans une démarche de théologie pratique, ces études sappuient donc toutes sur des situations ou des expériences concrètes dont elles essayent danalyser les enjeux théologiques ; avec, en arrière-plan, la question plus ou moins explicitée, de savoir de quel Dieu ces pratiques témoignent, de quelles relations, de quelle communion la foi en lui peut être porteuse.

Isabelle Grellier-Bonnal

Marc Lienhard, Les religions abrahamiques, Lyon, Olivétan, 2022, 478 pages, ISBN 978-2-35479-601-3, 24 €.

Le présent livre traite du judaïsme, du christianisme et de lislam. Les trois religions se réfèrent à Abraham, doù le fait quelles sont souvent qualifiées de « religions abrahamiques ». Les trois sont monothéistes et parfois appelées aussi « religions du Livre », étant 112donné le lien quelles entretiennent toutes, de manière différente certes, avec la Bible ou le Coran.

Dans une première partie, il est dabord question de ces deux livres et des lectures quen ont faites les trois religions, à la fois convergentes et différentes. Le deuxième chapitre propose un bref survol des origines historiques et de laffirmation de ces religions à travers les siècles.

Une deuxième partie présente chacune dentre elles séparément, en faisant place à leur histoire, à leurs croyances et à leur insertion dans la société. Le christianisme est subdivisé en trois confessions : lÉglise catholique romaine, lÉglise orthodoxe et le protestantisme.

Une troisième partie évoque les relations entre les diverses religions et entre les confessions. Elle présente en particulier les dialogues menés à lintérieur du christianisme, mais aussi les relations entre chrétiens et juifs, entre chrétiens et musulmans, ainsi que celles qui ont eu lieu entre les juifs et les musulmans.

Une quatrième partie est consacrée aux courants culturels tels que la modernité et la postmodernité. Elle traite également de la sécularisation et de la déchristianisation.

La cinquième partie noue en quelque sorte la gerbe en exposant les apports à la société et à la culture contemporaines des religions abrahamiques, quil sagisse des apports propres à chacune ou de leurs apports conjoints. Il y est question successivement de la foi, du vécu, des fêtes et de léthique.

Le présent livre est destiné non seulement aux théologiens et historiens de métier, mais aussi à tous ceux qui, de plus en plus nombreux, attachent de limportance au dialogue interconfessionnel ou interreligieux, et au dialogue entre croyants et non-croyants.

Marc Lienhard

Frédéric Rognon (dir.), avec la collaboration de Marc Feix et Marie-Jo Thiel, Droits de lhomme : quelle universalité ?, Strasbourg, Presses universitaires de Strasbourg, coll. « Chemins déthique », 2022, 434 pages, ISBN 978-2-86820-765-4, 28 €.

Issu de trois années du séminaire interdisciplinaire « Éthique et droits de lhomme », cet ouvrage collectif explore les différentes problématiques afférentes à luniversalité des droits de lhomme. Riche de vingt-et-une contributions rédigées par dix-neuf auteurs 113relevant de diverses disciplines (philosophie, droit, anthropologie, éthique, théologies catholique et protestante, islamologie), il est structuré en quatre grandes parties.

La première partie fait état des critiques et plaidoyers philosophiques, depuis les paradoxes du principe duniversalité jusquà la question des droits de la terre, en passant par le positionnement de Hannah Arendt (Gilbert Vincent, Vincent Lefebve, Philippe Capelle-Dumont, Frédéric Rognon).

La deuxième partie déploie les critiques et plaidoyers théologiques, en rendant compte des évolutions dans lévaluation des droits de lhomme par les diverses confessions chrétiennes et en exposant les conceptions musulmanes des droits en question (Valentine Zuber, Frédéric Trautmann, Mgr Bruno-Marie Duffé, Marc Feix, Frédéric Rognon, Mohammed Amin Al-Midani, Jean-François Collange).

La troisième partie aborde la question des critiques et plaidoyers culturels, en soulignant la dialectique entre droits culturels, principe duniversalité et universalisation, et en proposant des études de cas chez des peuples premiers (Jean-Bernard Marie, Frédéric Rognon, Léonard Amossou Katchekpele, Patrice Meyer-Bisch).

Enfin, la dernière partie traite des critiques et plaidoyers juridiques, depuis la défense des génocidaires jusquau problème du droit à mourir, de linterrogation du pluralisme et du particularisme jusquaux mesures de protection des minorités (Me François Roux, Jean-Marie Woehrling, Musa Nabirire, Marie-Jo Thiel, Peggy Ducoulombier, Ivan Boev).

Ce volume offre au lecteur une reprise à nouveaux frais dun débat ouvert depuis trois décennies, en croisant les regards et les épistémologies disciplinaires, pour une meilleure intelligence des enjeux à saisir et des défis à relever dès lors que lon pose le problème de luniversalité des droits de lhomme dans toute son ampleur.

Frédéric Rognon

Frédéric Rognon, Jacques Ellul. Exister cest résister, Maisons-Laffitte, Éditions Ampélos, coll. « Résister », 2022, 212 pages, ISBN 978-2-35618-220-3, 16 €.

Ce petit ouvrage est la première biographie intellectuelle de Jacques Ellul (1912-1994). Il retrace les principaux axes de la vie 114du penseur bordelais, depuis son enfance, sa conversion brutale au christianisme à lâge de dix-sept ans, sa fréquentation des cercles personnalistes dans les années trente, ses premiers textes précurseurs de lécologie radicale (1935), jusquaux dernières années, après sa retraite (1980), marquées par une inflexion anarchisante de sa pensée politique, une prise de distance par rapport à lÉglise et ladoption de plus en plus nette dune posture prophétique face aux défis environnementaux et aux risques dun chaos planétaire.

Entre ces deux extrémités de sa trajectoire, le livre sarrête sur quelques moments peu connus des engagements de Jacques Ellul : le transfert de lUniversité de Strasbourg à Clermont-Ferrand, sa révocation de lenseignement supérieur après quil eut critiqué publiquement le maréchal Pétain, son engagement dans la Résistance et le sauvetage de familles juives (ce qui lui valut la médaille des Justes), sa brève expérience politique comme adjoint au maire de Bordeaux (1944-1945), la création dun des tout premiers clubs de prévention de la délinquance et son engagement auprès des jeunes de la rue, enfin sa participation aux synodes de lÉglise réformée de France (1947-1970), et notamment son rôle décisif pour laccession des femmes au ministère pastoral (1965). Ces développements narratifs alternent avec dautres chapitres qui présentent de manière systématique les lignes de force de sa pensée, en insistant sur la teneur dialectique de larchitecture de son œuvre, entre sociologie et théologie, critique de la société technicienne et élaboration dune éthique chrétienne pour notre temps.

Loin de toute hagiographie, le livre se termine par lévocation de quelques positions problématiques prises par Jacques Ellul (au sujet de lislam et dIsraël) et même de ses errements (légitimation de lApartheid, identification de lhomosexualité et de la pédophilie).

Le sous-titre : « Exister cest résister », citation tirée de Lillusion politique, justifie à lui seul la parution de ce livre dans la collection « Résister ». Car lorientation générale du texte vise à montrer en Jacques Ellul une figure emblématique de la notion de « résistance » : une résistance qui se décline au pluriel, depuis la prise de risques sous loccupation nazie jusquà lanalyse critique des formes les plus subtiles de la propagande en régime démocratique, depuis la dénonciation de la dévastation des territoires naturels jusquà ladoption dun style de vie réellement 115révolutionnaire susceptible dincarner, à ses yeux, la résistance comme une raison de vivre.

Louvrage se termine sur une bibliographie des 67 livres de Jacques Ellul.

Frédéric Rognon

Frédéric Rognon, Pour comprendre la pensée deJacques Ellul, Lyon, Olivétan, coll. « Figures protestantes », 2022, 400 pages, ISBN 978-2-35479-611-2, 24 €.

Ce livre veut être un manuel, facile à consulter, pour guider autant le grand public que les chercheurs dans le dédale de lœuvre ellulienne. Les deux premiers chapitres présentent en quelques pages les grandes lignes de la vie et de lœuvre du professeur de Bordeaux. Suit un dictionnaire de cinquante entrées, classées par ordre alphabétique, qui exposent sous forme synthétique chacun des grands thèmes traités par Jacques Ellul (technique, espérance, propagande, violence, Église, amour, écologie, non-puissance…) et des principaux personnages qui lont inspiré (Calvin, Kierkegaard, Marx, Barth, Bonhoeffer…), quil a côtoyés (Jean Bosc, André Chouraqui, Bernard Charbonneau, Gabriel Vahanian…) ou quil a critiqués (Teilhard de Chardin, Sartre, Billy Graham…) ; chaque notice se termine par un encart intitulé « Pour en savoir plus », qui recense toutes les occurrences du concept ou de la figure en question dans lœuvre publiée du professeur de Bordeaux, ainsi que dans quelques études à son sujet.

Le livre se poursuit par un panorama de lœuvre ellulienne, sous forme de vignettes consacrées chacune, suivant un ordre chronologique, à lun des 67 livres de Jacques Ellul publiés à ce jour (de son vivant ou à titre posthume) : ses différentes éditions, sa mise en contexte et son statut dans lœuvre globale, et enfin un résumé de son propos. Le manuel se termine par une bibliographie intégrale (en cinquante-trois pages) des livres et des 1160 articles de Jacques Ellul.

Le lecteur peut ainsi, par une consultation sélective ou par une lecture suivie, prendre connaissance de tel ou tel aspect de litinéraire de Jacques Ellul, de ses sources dinspiration, du contenu de tel ou tel livre, ou des thèses quil a défendues et qui font débat aujourdhui. 116Chercheurs et étudiants devraient pouvoir être orientés dans leurs investigations, en fonction de leurs centres dintérêt.

Frédéric Rognon

Frédéric Rognon, Jacques Ellul aujourdhui. Générations Ellul – Volume 2, Genève, Labor et Fides, 2022, 276 pages, ISBN 978-2-8309-1797-0, 29 €.

Le premier volume de Générations Ellul était paru en 2012 (voir RHPR 92/2, 2012, p. 369). Dix ans plus tard, un second volume tente de faire état dune réception qui sest affirmée et diversifiée. Lhéritage de la pensée ellulienne a en effet gagné de nouveaux milieux, a pénétré le monde catholique, sest implanté dans lunivers de la néo-orthodoxie calvinienne et a connu une remarquable croissance en Corée du Sud et, dans une moindre mesure, en Italie ou aux Pays-Bas. Après une introduction qui brosse le tableau de la réception de Jacques Ellul vingt-huit ans après sa mort, louvrage procède comme le premier volume, en présentant, classées par ordre alphabétique, une cinquantaine de figures elluliennes daujourdhui. Pour chacune dentre elles, le parcours biographique, intellectuel et, éventuellement, spirituel est relaté en mettant en valeur limpact de la rencontre avec la pensée de Jacques Ellul. Les témoignages font alterner exposés narratifs et citations issues dentretiens.

Deux personnalités politiques, Georgina Dufoix et Pierre Hurmic, racontent le rôle décisif joué par Jacques Ellul dans leurs engagements. Jérôme Ellul, lun des petits-enfants du professeur de Bordeaux, rend compte dun cheminement familial qui la conduit à devenir lambassadeur de lœuvre de son grand-père en France et à létranger. Des militants technocritiques (Pierre Thiesset, Félix Tréguer, Anthony Laurent) font droit à la part qui revient à Jacques Ellul dans les raisons de leur activisme. Bat Yeor rend hommage au soutien que le penseur lui a accordé dans son combat contre lantisémitisme et contre lislamisme.

Louvrage présente également un inventaire presque exhaustif des traductions des livres de Jacques Ellul dans différentes langues. Il se termine par trois bibliographies : la première concerne les études parues sur la pensée ellulienne depuis 2012 (20 pages), la deuxième les 1160 articles de Jacques Ellul et ses contributions 117à des ouvrages collectifs (38 pages) et la troisième les 67 ouvrages de Jacques Ellul parus à ce jour (3 pages).

En articulation avec le premier volume et dans le prolongement de celui-ci, le présent ouvrage offre au lecteur un panorama de la scène ellulienne, dans ses mutations et son foisonnement.

Frédéric Rognon