In memoriam Pierre Maraval

(1936-2021)

Pierre Maraval nous a quittés le 6 mars 2021. Né le 31 août 1936 à Roquecourbe (Tarn), il était entré en 1954 dans la Congrégation des Rédemptoristes, puis avait fait notamment des études de théologie au Scolasticat de Dreux et de lettres aux Universités de Lyon puis de Paris-Sorbonne. Professeur de patristique au Scolasticat de Dreux (1966-1968), puis professeur invité de patristique à l’Institut de théologie morale de l’Université du Latran (1968-1970), il avait été ensuite chargé de cours de patristique à l’Institut catholique de Paris.

Remarqué par le Doyen François Wendel, il fut nommé en 1971 assistant d’histoire du christianisme médiéval et moderne à la Faculté de théologie protestante de Strasbourg. C’est là qu’il trouva le lieu où, durant plus d’un quart de siècle, il allait pouvoir développer ses recherches et faire épanouir ses talents de pédagogue. À partir de 1973, il y enseigna la patristique, discipline qu’il conserva en tant que maître-assistant puis maître de conférences et enfin professeur (1988) quelques années après la soutenance d’une thèse de doctorat ès-lettres remarquée sur les Lieux saints et pèlerinages d’Orient (publication, 1985). Auparavant, il s’était fait connaître comme éditeur de textes anciens en publiant dans la série des « Sources chrétiennes » la Vie de Sainte Macrine (1971) puis le Journal de voyage d’Égérie (1982). En 1974, il avait été admis au concours de l’Agrégation de lettres classiques. Relevons encore la publication, dans la collection « Nouvelle Clio », d’une synthèse consacrée au Christianisme de Constantin à la conquête arabe (1997).

Directeur du Centre d’Analyse et de Documentation Patristiques à partir de 1985, il a poursuivi, dans ce cadre, la direction de la fameuse « Biblia patristica ». De 1976 à 1998, il a été responsable de la Revue des Livres de la Revue d’Histoire et de Philosophie Religieuses (RHPR). Il n’hésitait pas à accorder sa confiance à de jeunes auteurs, leur donnant ainsi l’occasion d’exercer leur esprit critique. Lui-même a donné à la RHPR plusieurs articles ou études critiques et plus de 350 comptes-rendus.

Ses enseignements à la Faculté comme ses publications étaient à la fois extrêmement vivants et savants. Ils se rapportaient tant aux controverses christologiques des premiers siècles qu’aux pratiques de piété des chrétiens d’Occident et d’Orient. Dans ses comptes rendus, Pierre Maraval savait se montrer mordant, ne tolérant pas l’imprécision et moins encore l’anachronisme : « On souhaiterait au moins – écrivait-il ainsi à propos d’un ouvrage hagiographique sur le monachisme – que, vulgarisée ou non, cette histoire soit exacte. »

Nommé, en 1998, professeur d’histoire des religions à l’Université de Paris IV-Sorbonne, il y resta en fonctions jusqu’à son éméritat en 2004. Il n’en conserva pas moins des liens étroits avec la RHPR : il lui donna des recensions jusqu’en 2005 et resta jusqu’à la fin membre de son Comité de rédaction, participant à ses travaux tant que sa santé le lui permit. Au printemps de 2020, il avait songé à livrer une dernière étude à notre revue, mais cet article était hélas resté à l’état de projet.

Esprit fin, Pierre Maraval a contribué à ancrer l’enseignement et les recherches sur l’histoire de l’Antiquité chrétienne à la Faculté de théologie protestante de Strasbourg.

Matthieu Arnold

Directeur de la RHPR