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Classiques Garnier

The Origins of Christianity: Event, Memory and Faith II. The Christian Identity in the Lukan Work and in John’s Gospel

  • Publication type: Journal article
  • Journal: Revue d’histoire et de philosophie religieuses
    2020 – 4, 100e année, n° 4
    . varia
  • Author: Butticaz (Simon)
  • Abstract: Following the first part of a study which uncovered three dimensions at work in the construction of identity in Pauline Christianity – event, memory and faith – (RHPR 100, 2020, p. 335-362), this second part extends the exploration to Luke and John, in order to verify their presence elsewhere in the origins of the Church. Finally, at the end of the investigation, the article unfolds the consequences for the study of the New Testament understood as a scientific discipline.
  • Pages: 467 to 485
  • Journal: Journal of Religious History and Philosophy
  • CLIL theme: 4046 -- RELIGION -- Christianisme -- Théologie
  • EAN: 9782406112792
  • ISBN: 978-2-406-11279-2
  • ISSN: 2269-479X
  • DOI: 10.15122/isbn.978-2-406-11279-2.p.0005
  • Publisher: Classiques Garnier
  • Online publication: 12-21-2020
  • Periodicity: Quarterly
  • Language: French
  • Keyword: Nouveau Testament, exégèse, histoire, mémoire, herméneutique, méthodes, Luc, Jean, New Testament, exegesis, history, memory, hermeneutics, methods, Luke, John
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Aux origines du christianisme :
lévénement, la mémoire et la foi1

II. Les christianismes de Luc et de Jean

Simon Butticaz

Université de Lausanne –
Faculté de théologie et de sciences des religions

In memoriam François Butticaz (1942–2016).

Lévénement, la mémoire et la foi : une constante dans les origines du christianisme ?

Rappels et remarques préliminaires

Dans le premier volet de notre étude, nous sommes partis en quête de ce qui, dans le cadre du christianisme paulinien, était réputé fonder de manière durable et originale lexistence croyante. Trois piliers ont pu être exhumés, dessinant les contours du courant paulinien dans son milieu ambiant de naissance : lévénement, la mémoire et la foi.

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Quen est-il ailleurs dans le christianisme des origines ? dans dautres milieux socioculturels et à une distance temporelle dune génération ? Peut-on y reconnaître le même triptyque fondationnel ? Deux autres textes-miroir à dater de la fin du ier siècle2 – la préface que Luc situe en tête de son diptyque et la conclusion dont est pourvu lévangile selon Jean – se prêtent à une démarche de vérification. Cest cette entreprise que nous souhaitons conduire dans cette deuxième partie de notre enquête, avant den déployer les incidences épistémologiques et méthodologiques pour létude du Nouveau Testament au seuil du IIIe millénaire.

Une fenêtre ouverte sur le christianisme asiate :
la préface de Luc

Démarrons par la préface de Luc :

11 Puisque beaucoup ont entrepris de composer un récit au sujet des faits accomplis parmi nous, 2comme nous les ont transmis ceux qui ont été témoins oculaires à partir de lorigine et sont devenus serviteurs de la Parole3, 3il a paru bon, à moi aussi, après avoir retracé toutes choses jusquau début, décrire pour toi avec acribie et dans lordre, excellent Théophile, 4afin que tu reconnaisses, au sujet des paroles qui ont résonné à tes oreilles, la solidité. (Luc 1,1-4.)

À la lecture de cette préface dont les parentés avec les pratiques littéraires de lAntiquité ont été soigneusement étudiées par Loveday Alexander4, Knut Backhaus5 et dautres6, la composante événementielle des origines chrétiennes simpose comme une évidence7. Le seul terme grec par lequel lauteur du troisième évangile choisit de nommer le thème des nombreux récits désormais en circulation 469dans les milieux croyants des origines est celui de πράγματα (Lc 1,1), en français courant : des « faits » ou des « événements8 ». Un terme qui, sil na pas aux oreilles dun Grec de lAntiquité léclat et le prestige héroïques des πράξεις9, les « hauts-faits » des hommes illustres, sinscrit probablement dans un autre héritage : celui de la Bible grecque des Septante. Totalisant quelque 125 occurrences, le mot πρᾶγμα y rend le plus souvent lhébreu דבר (davar10). Il nest dès lors pas exagéré de dire avec François Bovon que :

le pluriel πράγματα est probablement léquivalent grec du concept sémitique de ῥήματα (דְּבָרִים) “paroles-actes” de Dieu (Ac 5,32), donc événements de lhistoire du salut tels que Luc les conçoit : où Dieu, par sa parole et par le message de ses envoyés, agit avec les humains11.

La courte préface qui chapeaute les Actes des apôtres (Ac 1,1-2)12, suite déclarée de lévangile selon Luc13, en apporte confirmation. Rappelant le contenu de son premier volume, lauteur en délimite la matière, dit-il, aux « choses que Jésus a commencé à faire et à enseigner » (Ac 1,1). Dans cette perspective, on en conviendra sans peine, les récits en circulation aux origines de lÉglise, auxquels Luc ajoute sa propre production littéraire, concernent la geste de Jésus. Et cela, même si, dans lesprit de lauteur lucanien, cette geste semble désormais appeler une continuation, celle précisément dont il entreprend la chronique dans son second tome : les « Actes des apôtres14 ». Indéniable, cette modification naffecte pas tant lancrage événementiel de lidentité croyante que la représentation que le mouvement de Luc se fait de son passé fondateur. Comme lécrit Daniel Marguerat :

Lécriture dune œuvre double « Jésus + apôtres » signifie [] que Luc est le premier à formuler le fondement de la foi chrétienne sous légide de lεὐαγγέλιον καὶ ἀποστολικόν, lÉvangile et lApôtre. Le premier, il donne à entendre quune anamnèse de lhistoire fondatrice du christianisme doit englober Jésus et les apôtres. Le premier, il lie dans la tradition Jésus et Paul. Est-il besoin de dire que le canon du Nouveau Testament ratifiera ce choix théologique15 ?

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En même temps, ces « événements » du passé sont ici, comme dans la première lettre aux Thessaloniciens, accessibles à travers des médiations seulement16. La préface du troisième évangile en signale deux, à commencer par la notion de tradition. En effet : lauteur lucanien nest ni un témoin oculaire des origines chrétiennes ni un croyant de la première génération ; il ne fait aucun mystère à ce propos. Au contraire : cest par le truchement dune histoire de transmission quil situe son rapport à l« origine », ce quil nomme lἀρχή (Lc 1,2). Et surtout, une histoire de transmission dorénavant ordonnée à un groupe de porteurs autorisés, ceux que Luc appelle les « témoins oculaires devenus serviteurs de la parole » (Lc 1,2), entendez : la génération des apôtres Pierre, Jacques et Jean. En somme, cest la genèse dune tradition apostolique, appelée à réguler laccès à lorigine, qui se met en place à la fin du ier siècle dans le christianisme éphésien17.

La seconde médiation nommée par Luc est celle de lécriture : sil nest pas un témoin oculaire du ministère de Jésus, Luc nest pas non plus le premier auteur à composer ce quil nomme une diégèse, soit une composition suivie dévénements18. « Beaucoup », dit-il, lont précédé dans cette entreprise (Lc 1,1). La critique des sources du troisième évangile reconnaît derrière ces « nombreux » autres lévangile de Marc, lhypothétique source des paroles de Jésus ainsi quun ensemble de traditions propres au milieu confessionnel de Luc19. Leur emboîtant le pas, le troisième évangéliste souhaite, lui aussi, offrir à l« excellent Théophile » un récit « ordonné » des « faits advenus parmi nous » (Lc 1,1-4).

La définition de porteurs autorisés dune tradition tout comme le transfert de loral vers lécrit participent, selon légyptologue allemand et sociologue de la mémoire Jan Assmann, dun même processus : le glissement de ce quil nomme une « mémoire communicationnelle », par définition personnelle et quotidienne, en direction dune mémoire traduite dans un corps défini de textes et de rites ; dorénavant confiée à un collège de spécialistes, cette 471forme du souvenir collectif ressortit, dans la taxinomie dAssmann, à la « mémoire culturelle20 ».

Tirant de loubli les travaux de Maurice Halbwachs sur la « mémoire collective21 », Jan Assmann a soigneusement décrit ce cap décisif que doit négocier tout groupe social lorsque séteint la génération de ses mémoires vivantes. Je le cite :

La mémoire communicationnelle embrasse des souvenirs qui se rapportent au passé récent, et que lhomme partage avec ses contemporains. Le cas typique est la mémoire générationnelle, que le groupe reçoit historiquement en partage ; elle naît dans le temps et périt avec le temps, ou plus exactement avec ses propres porteurs. Une fois que ces derniers sont morts, elle cède la place à une autre22.

Et de poursuivre, quelques lignes plus loin :

Il sagit là de deux modes mémoriels, de deux fonctions du souvenir du passé [] qui doivent être soigneusement distingués [] : celui du souvenir fondateur, qui se rapporte à des origines, et celui du souvenir biographique, qui se rapporte à des expériences propres []. Le souvenir fondateur se constitue toujours plus institutionnellement que naturellement [] ; pour le souvenir biographique, le ratio est inverse. Contrairement à la mémoire communicationnelle, la mémoire culturelle est une affaire de mnémotechnie institutionnalisée23.

Cest une telle crise et transformation de sa mémoire collective que le christianisme naissant dut affronter au tournant du ier siècle24 : coup sur coup, les grands apôtres, témoins oculaires de lévénement Jésus et garants naturels de sa transmission, disparaissent de la scène de lhistoire, dans des conditions brutales le plus souvent. Comment, dès lors, faire mémoire des origines, en labsence de ces garants naturels du passé ? Et en quoi ces événements remémorés sont-ils, encore et toujours, porteurs de foi et despérance dans le présent ? Loin de satténuer avec le temps, cest à une intensification du travail de mémoire quil faut compter au crépuscule du ier siècle, les premiers 472croyants en Jésus empruntant et prolongeant une rhétorique et des pratiques mémorielles attestées ailleurs dans le monde antique25.

Comme nous la notamment rappelé Yosef Hayim Yerushalmi, limpératif zakhor revient pas moins de 169 fois dans la Bible hébraïque, élevant le souvenir du Dieu des patriarches et de lexode en véritable injonction spirituelle pour lIsraël ancien, alors que loubli devient synonyme de péché26. Du côté de la Rome ancienne également, lart de la mémoire infiltre largement la culture commune, des prétoires à lespace domestique, en passant par les cérémonies et rites religieux27. Cest, au reste, dans la rhétorique latine que lhistorien français Pierre Nora a puisé sa célèbre formule des « lieux de mémoire28 ». Dans cette culture où la mémoire et loubli avaient été érigés en véritables institutions publiques, le souvenir du passé participait centralement de léducation politique et de la construction morale du citoyen, comme nous le rappelle Plutarque au seuil du iie siècle de lère commune29 :

Mais il est possible de civiliser et de corriger ceux daujourdhui en racontant bien dautres choses au sujet des Grecs de jadis, comme en rappelant, à Athènes, plutôt que les guerres, des faits comme le décret damnistie pour les Trente []. Cest en essayant dimiter de tels actes quil est possible encore aujourdhui de se rendre semblable aux ancêtres. (Plutarque, Conseils aux politiques pour bien gouverner 1730.)

Revenons à Luc. Sil sengage à faire mémoire de Jésus et des apôtres, pourquoi donc ? Le diagnostic établi à propos de 1 Thessaloniciens, et reconnu aussi dans le monde méditerranéen de lAntiquité, se confirme ici : en aucun cas, lanamnèse des origines chrétiennes et le rapport à lhistoire qui la fonde ne sont motivés par un réflexe darchiviste ; comme Paul ou les orateurs de la Rome antique, lambition de Luc nest pas muséale31. En témoigne la préface du troisième évangile : cest pour que Théophile, le dédicataire de son œuvre, reconnaisse la « solidité des paroles entendues » que Luc compose son récit (Lc 1,4). Et cela, à une époque où, je lai dit, non le trop peu, mais le trop plein de traditions sur 473Jésus guettait la cohésion de lÉglise (cf. Lc 1,1.4) : lἀσφάλεια, la « solidité » de rudiments de foi, tel est donc le but que linstance auctoriale assigne à sa remémoration des origines32. Une nouvelle fois, le projet est confessant : cest à mettre en scène « tout ce que Dieu a fait avec [les humains] » (Ac 14,2733) que lauteur lucanien sengage dans lécriture de son œuvre double et dont il propose la lecture rassurante au bien-nommé Théophile34.

Au miroir du quatrième évangile :
une église syrienne du ier siècle finissant35

Un regard jeté sur le quatrième évangile, celui que la tradition de lÉglise a attribué à lapôtre Jean36, nous permet de reconnaître une semblable gestion identitaire dans le christianisme de Syrie37. Dans ce cas, cest au stade de la clôture que linstance auctoriale ramasse, en quelques mots, son projet décriture38 ; citons, en le traduisant, le chapitre 20 aux versets 30 et 31 :

30Certes, Jésus a aussi fait de nombreux autres signes devant [ses] disciples, lesquels nont pas été écrits dans ce livre. 31Mais, ceux-là ont été écrits afin que vous croyiez que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu, et, afin quen croyant, vous ayez la vie dans son nom. (Jean 20,30-31.)

À lidentique de la préface des Actes, Jésus est campé en sujet dun verbe daction, le verbe grec ποιεῖν : cest son faire, et non une simple sagesse ou une doctrine, dont il convient de garder la mémoire (v. 30a). Et à linstar de lœuvre de Luc toujours, ce travail danamnèse se matérialise, désormais aussi, dans un βιβλίον, un « livre » en grec (v. 30b39).

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Un autre passage, rencontré plus haut dans le même évangile, latteste explicitement. À propos de la parole de Jésus sur le Temple, le Christ johannique annonçant sa destruction et son redressement en trois jours, le narrateur vient greffer un commentaire explicite, déclarant en Jean 2,2240 :

Quand donc il [Jésus] fut réveillé dentre les morts, ses disciples se souvinrent quil avait dit cela, et ils crurent lÉcriture et la parole dite par Jésus. (Jean 2,22.)

Cest dire si, aux côtés des Écritures juives, se constitue dans le cadre de la mouvance johannique une autre parole autorisée ou, si lon préfère, scripturaire, dans laquelle se condense désormais la mémoire de Jésus41. Et cela, avec un enjeu assumé42 : favoriser une authentique foi christologique, incarnation et résurrection incluses, le verbe πίστευω totalisant pas moins de 98 occurrences dans le quatrième évangile43. Avec raison, Jean Zumstein reconnaît là un premier « livre de foi » des origines chrétiennes44.

En résumé : dans le cadre original de la tradition johannique souvent localisée en Syrie, un milieu dont on sait les importants écarts tant matériels que théologiques face aux autres évangiles du Nouveau Testament, se reconnaît un même dispositif de fondation ; ancrée dans un passé érigé en mythe45 ou, si lon veut parler avec lévangile de Jean, un passé à valeur de « signe » (Jn 20,30), la mémoire – désormais livresque – des premiers chrétiens sattache à confesser, à travers une sélection narrative de faits rapportés à Jésus, lagir salutaire de Dieu dans lhistoire46.

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étudier les origines chrétiennes :
lhistoire, lexégèse et la théologie47

Lévénement, la mémoire et la foi : cest sur ces trois principaux fondements que, à en croire notre brève enquête, sest édifiée lÉglise des origines. Sans nier la pluralité, pour ne pas dire les conflits, qui ont marqué au fer le développement du christianisme à ses débuts48, ces fondements se reconnaissent autant chez Paul que deux générations plus tard, dans le christianisme synoptique ou dans la mouvance rattachée à la mémoire de lapôtre Jean49. Les passages auto-réflexifs de la secunda Petri, un écrit pseudépigraphe parmi les plus récents du Nouveau Testament50, auraient aussi pu être pris en exemples, sans modifier substantiellement ce constat. Convoquant une prégnante rhétorique mémorielle (1,12-15 ; 3,1-2), lauteur encourage « ceux qui ont reçu une foi dégale valeur » (1,1) à persévérer en sadossant au témoignage rendu non à des « fables savantes » mais à « la puissance et la présence de notre Seigneur Jésus Christ » (1,16) ; avec, dans ce cas aussi, une foi rapportée à un événement passé – représenté par lépisode de la transfiguration (1,17-18) – et dont laccès est désormais ordonné à des témoins autorisés (1,16 ; cf. 3,2)51.

Ainsi exhumé et défini, notre objet détudes appelle des outils appropriés pour en analyser les caractéristiques et en décrire les constantes comme les singularités. À commencer par des méthodes adaptées au caractère événementiel du christianisme naissant52. Comme le soulignait lancien professeur zurichois Gerhard Ebeling dans un article consacré à lapproche historico-critique en exégèse, le rapport à lhistoire nest pas en option dans la définition de soi de la religion chrétienne :

Le christianisme tient et tombe en fonction de son lien à son origine historique [] Le christianisme est une grandeur historique. Il procède 476dun passé historique déterminé et se situe, ce faisant, dans un rapport historique avec ce passé53.

Pour honorer cette composante inhérente à notre objet détudes, la critique historique et la philologie simposent comme un passage obligé54. Ou pour le dire avec toute la clarté requise : il ne sagit pas simplement de sacrifier à une exigence humaniste héritée du siècle des Lumières, mais dun impératif dicté par la nature même de lobjet en cause. Face aux fondamentalismes de tout poil qui écrasent la contingence du réel55 et face à la désinformation qui se moque de toute dimension référentielle56, létude de la religion chrétienne ne peut faire fi dune approche objectivante de type historique57 : il en va non seulement de sa pertinence sociale et de sa légitimité démocratique, mais de la nature même cette discipline, si elle veut être scientifique58.

En même temps59, contrairement à une illusion positiviste à laquelle lexégèse du xixe siècle a largement succombé, laccès au passé nest pas à penser par démarcation et négation du travail de transmission et de réception quil a engendré. Comme on a pu sen rendre compte, les médiations mémorielles sont à la fois la condition de possibilité et les limites mêmes de lenquête historienne60.

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Mieux encore : contrairement à une hypothèse aussi spontanée que simpliste, le phénomène de tradition nest pas une conséquence du canon biblique, mais son présupposé61. Dans les lettres de Paul déjà, les premières communautés fondées par lapôtre sont les bénéficiaires de traditions sur Jésus qui circulent dans le microcosme ecclésial des origines et en reconstruisent la mémoire en réponse aux besoins du temps présent (1 Co 11,23ab ; 15,1-3b)62. Prendre au sérieux cette composante proprement mémorielle du christianisme simpose à lexégète du Nouveau Testament. Pierre Bonnard, professeur dans cette Université après avoir enseigné à la Faculté de théologie libre de Lausanne63, lavait correctement perçu dans un article fameux intitulé : « Lanamnèse, structure fondamentale de la théologie du Nouveau Testament64 ».

Pour mettre au jour ces jeux de mémoire et doubli qui balayent les origines chrétiennes et se cristallisent dans différents « lieux de mémoire65 » – que ce soit des livres, des rites ou des fêtes66 –, là encore, des méthodes et des outils adaptés sont à mobiliser : les différentes approches intéressées aux processus de réception en sont les plus sûrs candidats67, à commencer par les « social memory studies » largement pratiquées de nos jours dans le domaine des sciences humaines et sociales68. Avec comme agenda, déjà au bénéfice de belles réalisations69, lécriture dune histoire mémorielle 478du christianisme naissant ou, pour reprendre une catégorie de Jan Assmann, une « mnémo-histoire70 ».

Last but not least : cest autour dun lexique en particulier, le lexique du « croire » que fonde le radical grec πιστ-, que se sont également fédérées les premières communautés chrétiennes, allant jusquà en faire leur nom de ralliement. Pour cette raison, la critique théologique du Nouveau Testament et des traditions chrétiennes anciennes ne peut être tenue pour une quantité négligeable de lexégèse, un passe-temps à bien plaire71. Car lexamen des discours et des pratiques de foi à lœuvre dans les différents milieux des origines chrétiennes72 nest pas un simple desideratum des Églises, linféodation du bibliste à un magistère ou à un milieu confessionnel73. Cest, ici aussi, la prise au sérieux de lobjet qui nous fait face74 : un objet à la fois historique, littéraire et religieux75.

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Bibliographie

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1 Cette étude contient le texte révisé de ma leçon inaugurale donnée à lUniversité de Lausanne (Unil) le 19 septembre 2019 à loccasion de la cérémonie douverture des cours de la Faculté de théologie et de sciences des religions. Je profite de cette note pour remercier le prof. Christian Grappe de son attentive relecture de létude : notre étude a bénéficié de ses stimulants commentaires de lecture et de ses révisions formelles. Ma gratitude va aussi à Mme Anaïs Reichard, assistante-étudiante à lInstitut romand des sciences bibliques (Unil), qui a mis larticle aux normes de la revue éditrice. Enfin, dans lensemble de létude, le texte grec du Nouveau Testament est cité et traduit à partir de la 28e édition critique de Aland – Aland, 2012. Sauf indications contraires, la traduction des citations bibliques est nôtre.

2 Pour les questions dintroduction (auteurs, destinataires, datation, localisations, sources, genre, etc.) entourant le quatrième évangile, lon se reportera à Zumstein, 2008. Sagissant du diptyque de Luc, on consultera pour ces mêmes questions : Marguerat, 2008a, p. 105-126 (pour lévangile de Luc) et p. 127-150 (pour les Actes des apôtres), respectivement.

3 Pour la justification grammaticale-syntaxique de notre traduction du v. 2, voir Wolter, 2008, p. 63.

4 Alexander, 1993.

5 Backhaus, 2012.

6 Cadbury, 1922 ; Schmidt, 1999 ; Aune, 2002 ; Wolter, 2009.

7 Voir, par exemple, les judicieuses remarques de Christophe Theobald en tête dun volume thématique que la revue Recherches de Science Religieuse a consacré à la notion dévénement : « À lire le prologue de Luc (Lc 1,1), on se convainc aisément de ce que les “événements” sont lélément le plus propre des Écritures juives et chrétiennes et ce qui les a suscitées. » (Theobald, 2014, p. 5.)

8 Dans ce sens, voir aussi Alexander, 1993, p. 112, ainsi que Bovon, 1991, p. 37.

9 Cf. Alexander, 1999, en particulier p. 22-23.

10 Voir Butticaz, 2016a, p. 613-614.

11 Bovon, 1991, p. 37.

12 À ce propos, voir Wolter, 2009, p. 490-494.

13 Cf. Marguerat, 2008a, p. 127-150.

14 À ce sujet et pour ce qui suit, voir déjà Butticaz, 2016a.

15 Marguerat, 2003, p. 65.

16 À ce sujet et pour ce qui suit, avec Wolter, 1988, p. 13-15 ; Clivaz, 2009, p. 241, 251-253 ; Butticaz [à paraître].

17 Avec Sterling, 1992, p. 311-389 et, moyennant une datation basse des Actes des apôtres, avec Mount, 2009, p. 380-392 (pour la datation de lœuvre lucanienne à lépoque de Papias : ibid., p. 386, note 13). Pour une localisation du mouvement de Luc dans le christianisme post-paulinien dÉphèse, voir Löning, 1981, en particulier p. 203-209.

18 Cf. Fitzmyer, 1981, p. 292 ; Bovon, 1991, p. 37.

19 À ce sujet, les références données supra en note 2.

20 Assmann, 2010, p. 43-51.

21 Halbwachs, 1994 [1925] ; Halbwachs, 1968 [1959].

22 Assmann, 2010, p. 45 (italiques originaux).

23 Assmann, 2010, p. 46-47 (italiques originaux).

24 Cela a été bien démontré, à lusage des catégories susnommées de Jan Assmann ainsi quà partir de sa notion de « Traditionsbruch » (inter alia), par Kelber, 2005, surtout p. 234-244, et Keith, 2014. Cf. aussi Norelli, 2007 ; Huebenthal, 2011 ; Butticaz, 2016a ; Huebenthal, 2018 ; Butticaz [à paraître]. Pour la notion assmanienne de « Traditionsbruch », voir Assmann, 1992, p. 32, 157, 218, 293-294. Ce qui suit sadosse à ces différentes études.

25 Cf. Michel, 1942 ; Hedrick Jr., 2000 ; Benoist – Daguet-Gagey – Hoët-van Cauwenberghe, 2016 ; Schröter, 2018a.

26 Yerushalmi, 1989. Cf. aussi Horbury, 2007.

27 Cf. Benoist – Daguet-Gagey – Hoët-van Cauwenberghe, 2016.

28 Sur cet emprunt, voir Nora, 1996, ici p. xv. Nora, lui-même, renvoie à létude de Yates, 1966. Sur les différentes acceptions de la formule, on lira den Boer, 2008.

29 Cf. Gangloff, 2016.

30 Cité à partir de Plutarque, 2007, p. 102-103 (trad. Lemonde).

31 Cf. aussi Zumstein, 2018, p. 315-318.

32 Pour lensemble de notre propos (notamment, les enjeux et lintention de la double œuvre lucanienne, à lexamen de Lc 1,1-4 et de la notion dἀσφάλεια usitée en Lc 1,4), voir : Schneider, 1990 ; Spicq, 1991, p. 220-227, 806-808 ; Clivaz, 2009 ; Backhaus, 2012.

33 Au sujet de la sémantique de l« événement » dans lœuvre lucanienne, on lira Butticaz, 2016a.

34 Sur lécriture confessante de Luc, voir : Marguerat, 2004.

35 Pour lensemble de cette section, voir aussi le texte publié de lallocution présidentielle de Jean Zumstein donnée dans le cadre du congrès annuel de la SNTS qui se tenait à Athènes en août 2018 : Zumstein, 2019, p. 123-138 ainsi que, désormais, Linda Sibuet, février 2019.

36 Cf. Zumstein, 2007, p. 319-320.

37 Cf. Zumstein, 2018, p. 317-318.

38 Pour lexégèse de ce passage, nous renvoyons à Zumstein, 2007, p. 294-297.

39 À propos de cette transformation à lœuvre dans le milieu johannique, on lira Zumstein, 2017, p. 101-127.

40 Pour lexégèse de ce texte, voir Zumstein, 2014, p. 100-107.

41 Ici et après, avec Zumstein, 2017, p. 101-127. Ce dernier a également reconnu lavènement, dans le milieu johannique, de porteurs qualifiés du souvenir collectif : Zumstein, 2018, p. 323-325.

42 Cf. Zumstein, 2018, p. 317-318.

43 Cf. Trebilco, 2012, p. 114-117.

44 Zumstein, 2017, p. 120.126-127.

45 Sur cette mythification du passé, voir Assmann, 2010, p. 47 : « Pour la mémoire culturelle, ce nest pas lhistoire factuelle qui compte, mais lhistoire telle quon sen souvient. On pourrait dire aussi que la mémoire culturelle transforme lhistoire factuelle en objet du souvenir et, par là, en mythe. Le mythe est une histoire fondatrice, une histoire quon raconte pour éclairer le présent à la lumière des origines. »

46 Voir, pour de plus amples détails, létude de Frey, 2018, p. 261-284.

47 Cf. aussi : Grappe, 2018.

48 Cf. Vouga, 1997.

49 Voir aussi, sur ces différents courants distincts composant le christianisme des origines, Theissen, 2002, p. 400-413.

50 Pour létat de la question et les problèmes dintroduction entourant cette lettre, lon se reportera à Schlosser, 2008.

51 Pour de plus amples détails, voir Kaestli, 1993 ; Butticaz, 2016b ; Butticaz, 2016c.

52 Cf. aussi Frey – Rothschild – Schröter – Watson, 2010.

53 Ebeling, 1960, p. 12-13 (la traduction française est nôtre).

54 Cf. aussi Marguerat, 1987, p. 155-156.168. Avant lui, et en appui à son propos, Ebeling, 1960 et Senft, 1964.

55 Grappe, 2018, p. 377-392.

56 Faillet – Ezrati, 2018. Nous nous adossons à la saine recommandation lue dans les lignes de ce petit opuscule : « Lenseignement de la rhétorique renforce la vigilance à légard des discours, celui de lesprit scientifique permet la vérification ou réfutation rigoureuse. » (Ibid., p. 115.)

57 Dans sa leçon inaugurale datée du 22 octobre 1985, Daniel Marguerat voyait déjà dans lapproche fondamentaliste de la Bible un oubli fautif de lhistoire (Marguerat, 1987, p. 157). À ce piège, sest, de nos jours, ajouté linquiétant phénomène des contre-vérités dont nous submergent les médias sociaux : Faillet – Ezrati, 2018, p. 9-62. Cf. aussi Nicolet [à paraître].

58 Voir, dans ce sens, les valeurs énoncées dans la charte de lUniversité de Lausanne : https://www.unil.ch/central/fr/home/menuinst/organisation/documents-officiels/charte-unil.html (dernier accès : 23 février 2020).

59 Ici et pour ce qui suit, avec Marguerat, 1987, p. 160-163 ; Frey – Rothschild – Schröter – Watson, 2010, p. 1-2.

60 Cest à Maurice Halbwachs, lancêtre des travaux sur la mémoire sociale, que revient le mérite de nous avoir rendus attentifs à ces contraintes mémorielles que sont « les cadres sociaux de la mémoire » : Halbwachs, 1994 [1925]. Sur cette dialectique féconde entre histoire et mémoire, voir aussi Ricœur, 2000. Cette dépendance (à la fois positive et critique) de lhistoire à la mémoire a été récemment reconnue et valorisée dans la recherche sur le Jésus historique. Ainsi, par exemple : Schröter, 1997, p. 459-486 ; Schröter, 2018b, p. 115-153. Sur le cadre mémoriel, traversé de traditions chrétiennes multiples (cf. Lc 1,1.4), de lécriture historienne de Luc dans sa double œuvre, sur les possibilités et limites induites par ce cadre sur son historiographie (cf. Lc 1,1.4) et sur le traitement critique par lauteur lucanien de cette mémoire partagée dans son milieu de communication (cf. Lc 1,3-4), voir Clivaz, 2009, en particulier p. 251-253.

61 Dans ce sens, aussi : Marguerat, 1987, p. 163. Dans une perspective de théologie systématique, voir Gisel, 1986, en particulier son chapitre 4.

62 Cf. Fusco, 2001, p. 61-151 ; Norelli, 2007 ; Butticaz, 2018a. Sur cette dialectique entre passé et présent dans le travail de mémoire, voir, outre les études de Halbwachs (supra, notes 21 et 60) et de Assmann (2010) déjà nommées, Schwartz, 1991, p. 221-236 ; Schwartz, 2005, p. 43-56.

63 À son sujet, voir Marguerat, 2019.

64 Bonnard, 1980. Voir aussi létude de détail entreprise par Fusco, 2001.

65 Nora, 1984, p. xvii–xlii.

66 Cf. Assmann, 2010, p. 51-55. En application à lœuvre de Luc, voir Butticaz [à paraître].

67 Cf. Räisänen, 1990, p. 103-104 ; Fusco, 2001, p. 17.

68 Sur cette catégorie et pour un état de la question à ce propos, on lira Olick – Robbins, 1998. En application aux origines chrétiennes, voir notamment Kirk – Thatcher, 2005 ; Barton – Stuckenbruck – Wold, 2007 ; Thatcher, 2014 ; Butticaz – Norelli, 2018.

69 Dans ce sens, voir Kelber, 2005 et, surtout, Schröter, 1997 ; Norelli, 2015 ; Ehrman, 2017, ainsi que Keith – Bond – Jacobi – Schröter, 2020. Avant eux, sans lusage des « memory studies », voir Koester – Robinson, 1971 et Fusco, 2001.

70 Assmann, 1997 (voir, singulièrement, le premier chapitre intitulé : « Mnemohistory and the Construction of Egypt » ; ibid., p. 1-22) ; dans la traduction française, il est question d« histoire de la mémoire » : Assmann, 2003, par exemple p. 15. Dans la version allemande, il est question de « Gedächtnisgeschichte » : Assmann, 1998, p. 26ss. Nous faisons donc le choix dune traduction mot à mot de la version anglaise.

71 Ici et après, avec Zumstein, 2017b, p. 70-72.

72 De toute évidence, la foi des premiers chrétiens ne fut pas une simple abstraction religieuse, comme nous la notamment rappelé Morgan, 2015. De ce point de vue, une approche de nature théologique ne se cantonnera pas aux seuls discours sur Dieu, mais intègrera dans son champ danalyse les expressions éthiques et rituelles de la foi. Avec Theissen, 2002. Maintenant, cest précisément une conception strictement discursive/idéelle de la théologie qui a conduit Theissen à lui préférer une approche de sciences des religions plus à même, selon lui, dinclure les composantes pratiques du christianisme dans son périmètre détude, en plus de ses dimensions mythologiques : Theissen, 2002, p. 11-43.

73 Contra Räisänen, 1990, p. 93-100.

74 Cf. aussi Frey, 2007, p. 9.42-45.

75 Cest là, déjà, lapproche du Nouveau Testament retenue dans Marguerat, 2008b.