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Classiques Garnier

The RHPR and 16th and 17th Century Dissidents

  • Publication type: Journal article
  • Journal: Revue d’Histoire et de Philosophie Religieuses
    2020 – 1, 100e année, n° 1
    . varia
  • Author: Lienhard (Marc)
  • Abstract: The Radical Reform is opposed to the Magisterial Reform. It is present in a communitarian way in Anabaptism or represented by some great figures such as Frank and Schwenckfeld. We attempt here to show how, from 1920 to the present day, the RHPR has dealt with this subject, what inputs have been provided and what interpretations have been proposed.
  • Pages: 85 to 109
  • Journal: Journal of Religious History and Philosophy
  • CLIL theme: 4046 -- RELIGION -- Christianisme -- Théologie
  • EAN: 9782406103721
  • ISBN: 978-2-406-10372-1
  • ISSN: 2269-479X
  • DOI: 10.15122/isbn.978-2-406-10372-1.p.0085
  • Publisher: Classiques Garnier
  • Online publication: 04-01-2020
  • Periodicity: Quarterly
  • Language: French
  • Keyword: Alchemy, Anabaptism, dissidents, spirit, faith, humanism, mystic, Radical Reform, spiritualism, tolerance
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La RHPR et les dissidents
des XVIe et XVIIe siècles

Marc Lienhard

Doyen honoraire

Université de Strasbourg – Faculté de Théologie Protestante (UR 4378)

Au xvie siècle, de grands réformateurs tels que Luther, Zwingli, Bucer et Calvin suscitèrent, pensèrent et organisèrent une Réforme que lon a souvent qualifiée de « magistérielle » parce quelle fut mise en place de concert avec les magistrats des villes ou les princes des territoires, cest-à-dire les autorités civiles. Mais à côté de ce type de Réforme apparaît un autre phénomène, divers et varié, qui, le plus souvent, soppose à la Réforme magistérielle. On parle à ce propos de « Réforme radicale », d« aile gauche de la Réforme », de « dissidents » ou de « non-conformistes ». À vrai dire, ce mouvement fut loin dêtre uniforme, au point que, de Troeltsch1 à Williams2 et à Fast3, les historiens ont proposé des typologies de plus en plus affinées. Dans les pages qui suivent, nous ne voulons pas exposer le mouvement comme tel, présent de manière communautaire dans lanabaptisme ou représenté par quelques grandes figures telles que Franck et Schwenckfeld. Notre propos sera plus restreint. Il sagit de montrer comment, de 1920 à nos jours, la RHPR a traité de ce sujet, quelles informations ont été transmises et quelles interprétations ont été proposées.

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De 1920 à la Seconde Guerre mondiale

Quelques rares recensions sont à signaler ainsi que trois articles.

Les recensions

En 1922, Jacques Marty présente un ouvrage de Charles Mathiot sur les anabaptistes de Montbéliard et dAlsace4. Il relève quil sagit dun « domaine jusquici presque totalement ignoré des historiens de langue française ». En fait, louvrage traite avant tout des mennonites dans la longue durée, que lauteur prend soin de distinguer des « révolutionnaires apparus en Allemagne et aux Pays-Bas dans les premières années de la Réforme ». Pacifistes, ils se rattachent à Menno Simons. Il est question surtout de leur situation précaire au xviiie siècle. Le dossier sera repris en 1977 dans létude magistrale de Jean Séguy sur laquelle nous reviendrons ultérieurement.

Dans une recension de 19285, R. Centlivres présente une édition du Dialogue de la doctrine chrétienne de Juan de Valdés, publiée en 1925.

En 1931, Jean Héring recense La Philosophie de Jacob Boehme, volumineux ouvrage (523 pages)6 consacré par Alexandre Koyré à ce dissident original quétait le savetier autodidacte de Görlitz (1575-1624). Par ses emprunts à lastrologie, à lalchimie et à dautres branches de la philosophie de la Renaissance, cest un auteur difficile à cerner, mais dune érudition impressionnante. Lauteur a adopté une méthode chronologique pour étudier successivement les divers écrits. Mais louvrage débouche sur une présentation systématique. Héring apprécie la concentration de létude sur les rapports entre la Divinité et le monde. Il relève le souci de Boehme d« assurer à Dieu la plénitude de vie, [si bien] quil réclame pour lui une corporéité ; celle-ci ne consiste pas dans le monde des idées, ni dans le monde créé, mais dans un monde en quelque sorte intermédiaire quil appelle la nature éternelle de Dieu. Cest cette nature qui contient les forces créatrices divines, ainsi que la matière de la création », mais aussi « la possibilité du mal ». Selon Héring, « la valeur particulière de louvrage réside dans la combinaison 87heureuse dune rare pénétration philosophique avec une excellente méthode historique » (p. 450).

Les trois articles dAlexandre Koyré

En 1928, Alexandre Koyré publie la première des trois études quil a fait paraître dans la RHPR. Elle porte sur Valentin Weigel (1533-1588), quil qualifie de « mystique protestant » et de « maître7 ».

Conscient des difficultés que comporte lapproche de ce personnage, il relève que peu douvrages ont été publiés sous son nom. Et certains parmi ceux qui lui sont attribués ne sont pas de sa plume. Selon Koyré, on la, à tort, interprété trop souvent à la lumière de lidéalisme allemand du xixe siècle. Il voit en Weigel « un premier essai dinterprétation des courants didées du xvie siècle » (p. 228) tels que la Réforme luthérienne ou le courant spiritualiste incarné par Schwenckfeld, ou encore la magie alchimique dun Paracelse. Mais Weigel est tributaire aussi de la mystique médiévale et de textes de la scolastique médiévale, des Pères latins et dAristote, sans pour autant perdre son originalité. Koyré écarte le reproche quon lui faisait au xvie siècle de panthéisme ou de dualisme gnostique. En fait, « il cherche une vie religieuse profonde et personnelle, une doctrine religieuse qui tiendrait compte de la nécessité dune transformation réelle de lhomme régénéré » (p. 232), en rejetant sa concrétisation dans le cadre de lÉglise visible. Comme Schwenckfeld, Weigel oppose lesprit à la lettre et, comme Franck, il pense quil y a des vrais chrétiens partout, les confessions nétant que des œuvres humaines. Mais, à la différence de Franck, les influences humanistes disparaissent presque entièrement chez lui. Il ne parle pas des païens illuminés. Il met laccent non sur la morale, mais sur la vie religieuse et labandon de soi (Gelassenheit). Selon Weigel, « laction morale, en tant quelle affirme et pose lindépendance de lhomme, léloigne de Dieu, [] [lhomme] espère une récompense par les actes quil croit avoir accomplis lui-même » (p. 234). Lhomme régénéré, par contre, ne sattribue aucun mérite et sabandonne à Dieu. Se fondant sur un dialogue entre un prédicateur et un auditeur qui figure dans lun des derniers écrits de Weigel, Koyré expose la confrontation entre les conceptions de Weigel et celles de lorthodoxie luthérienne. Relevons ce quil dit du Christ. Ce dernier est à la fois pour nous 88et en nous. Il a réconcilié les hommes avec Dieu et non Dieu avec les hommes. « Il a révélé la vraie nature de Dieu et a montré aux hommes la voie qui pourra les ramener au Père » (p. 238). À limage du Christ, lhomme doit mourir à lui-même et faire le vide en soi, cest alors que le Christ sera en lui et lhomme en Christ.

Koyré expose ensuite longuement la doctrine métaphysique et celle de la connaissance que lon trouve chez Weigel, en soulignant le rôle du sujet. Cest en elle-même que lâme trouve les différentes vérités. Il y a une gradation dans la connaissance : 1. la perception sensible, 2. la pensée rationnelle et 3. la connaissance intellectuelle (par le Verstand). La foi ne vient pas de lécoute, mais de lintérieur de lâme. En dernière instance, le sujet et lobjet ne font quun.

En ce qui concerne le monde, Weigel écarte les catégories spatiales. Le paradis et lenfer sont dans lâme. Lunivers est visible et invisible. Dieu, qui est indéfinissable, est la source et lessence de tout être. Il se connaît en lhomme et dans lhomme il devient personne, pensée et volonté. Le mal est inhérent à la créature, qui est limitée et comme telle imparfaite. Mais Weigel peut dire aussi que le mal est pur accident ou encore que, sans la chute, le monde naurait aucun sens en tant que monde réel et temporel. Quant à lhomme, image de Dieu, il est libre, mais imparfait puisque composé dêtre et de rien. Selon Weigel, le péché na aucune réalité véritable. Du point de vue de Dieu, il nexiste pas.

En 1931, Koyré aborde une autre grande figure en la personne de Sébastien Franck (1499-1542)8. Il se fonde sur une bonne connaissance des écrits de Franck, y compris ceux qui nétaient pas encore disponibles dans des éditions scientifiques. De nombreuses citations étayent le propos de lauteur. Daprès lui, Franck est « le seul homme raisonnable parmi les dissidents, au-dessus de la mêlée » (p. 353). Mais il fut solitaire et détesté de beaucoup. À la différence de Luther, il nest pas taraudé par la question du péché et du salut, mais il cherche à spiritualiser la vie religieuse et la morale. Quand Luther cherche à établir une Église évangélique visible et que la division et lintolérance prennent le dessus, Franck prend ses distances. Amour éternel, son Dieu est aimable et doux. Mais on ne peut le définir. Il est comme lair dans lequel nous vivons. Tout est en Dieu. Il ny a pas dautre révélation que la révélation naturelle. Opposé au principe scripturaire, Franck souligne que Dieu est présent de manière immédiate à lesprit quil 89illumine. Aucun moyen extérieur ne peut agir sur lesprit humain. Le Christ qui nous sauve nest pas en dehors de nous, mais cest le Christ esprit en nous. La Bible prise au pied de la lettre est un tissu derreurs et de contradictions. Seul lEsprit peut linterpréter à travers ses paradoxes. Après le temps des apôtres, il ny a plus dÉglise visible, cest un corps invisible. Les opinions humaines sont relatives. Lerreur est multiple, la vérité est une. Les religions sont nombreuses, chacune ne contient quune part de vérité. Selon Franck, lhomme est bon par nature. Le péché nest quune négation, une tendance de lêtre fini à se séparer de Dieu. Franck affirme la liberté humaine. Lhomme doit faire le vide pour que Dieu puisse agir. Proche des mystiques, Franck souligne plus nettement linnéité de lEsprit et le caractère divin de la nature de lâme.

Koyré évoque aussi lattention prêtée par Franck à lhistoire, qui est pour lui une seconde Bible. Les chroniques de Franck ne sont pas des œuvres historiques à proprement parler, mais des écrits de combat qui veulent montrer laction de Dieu dans lhistoire. Cette dernière est le champ de combat entre Adam et le Christ. La contrainte fait partie des forces adamiques auxquelles il faut résister. Selon Franck, les hommes ne supportent pas la liberté, ils veulent trouver leur salut dans les rites et dans lintolérance. Franck est tributaire de lapport des mystiques médiévaux et dÉrasme. Selon Koyré, il manque de grandeur et doriginalité. Et pourtant, il a su construire un ensemble cohérent qui séduira bien des hommes du xvie siècle et des temps modernes.

En 1933, Koyré propose une volumineuse étude sur Paracelse9, personnage du xvie siècle au retentissement considérable, jusque dans le mouvement théosophe des temps modernes. Médecin, théologien, docteur en droit, Paracelse était un esprit empirique plutôt quun savant, influencé par le naturalisme hylozoïste de la Renaissance et par la mystique allemande. Porté vers lalchimie et lastrologie, il veut tout connaître, non pas dans les livres mais dans le monde. « Un génie barbare, mais génie quand même », affirme Koyré (p. 51) en proposant « une analyse exacte et patiente de ses idées » qui, daprès lui, faisait défaut jusque-là.

Dentrée de jeu, il met en évidence les grands thèmes de Paracelse que sont la Vie et la Nature, cette dernière étant comprise comme force vitale et magique. LHomme est un microcosme du monde. En parenté avec lui, il le connaît en sidentifiant à lui. La réalité du 90monde et de lhomme est à la fois visible et invisible, tangible et intangible. À la différence de lidéalisme, Paracelse affirme quil ny pas dextérieur sans intérieur, et pas dintérieur sans extérieur, pas de corps sans esprit et pas desprit sans le corps. Et « Dieu est dans le monde comme lesprit est dans le corps » (p. 58, note). « Lâme est une source de force quelle dirige elle-même en lui proposant par son imagination [que Paracelse distingue de la fantaisie] un but à réaliser » (p. 64). Cest de la même manière que sopère la création du monde par Dieu. Selon Koyré, « le monde est pour lui [Paracelse] une expression et une incarnation organique de la divinité » (p. 68). Mais « il ne faut pas identifier Dieu et la nature, [] cette dernière appartient à lordre divin autant que lâme et le corps appartiennent à la nature de lhomme » (p. 69). Il ne faut pas confondre la nature en général avec le monde physique qui est pensable.

Selon Paracelse, le monde actuel est lobjet dun double mouvement : un mouvement de descente, produit de la chute de Lucifer et de ses anges, et un mouvement ascendant grâce à laction de la puissance divine. De curieuses pages évoquent la situation dAdam avant la chute. « Il ne mangeait pas, navait pas besoin dintestin, pas de parties sexuelles, il nétait pas sujet à la mort []. Lhomme actuel est un déchet comme lunivers matériel en est un. Il na quun temps à vivre » (p. 74).

En évoquant la place de lalchimie chez Paracelse, lauteur note que toute lévolution de lunivers est une sorte de transmutation. Celle-ci ne sapplique pas seulement aux métaux, mais à tout lunivers. « La vie tout entière nest quun processus alchimique, y compris la renaissance spirituelle » (p. 149). Confronté à la question de lorigine du péché et du mal, Paracelse avoue son ignorance, mais estime que le mal est quelque chose dessentiel à lêtre des choses créées. Il peut dire que ce ne sont pas les substances elles-mêmes qui sont mauvaises, mais quelles le deviennent par leurs rapports avec les autres substances. Paracelse évoque aussi le désordre cosmique, effet de la chute de Lucifer qui se traduit par légoïsme individuel des êtres. Heureusement, ce monde temporel ainsi que lhomme seront transfigurés par une déification déjà à lœuvre, attestée par le Christ ressuscité.

Paracelse distingue la philosophie, fondée sur une révélation naturelle de Dieu, et la théologie, fondée sur une autre révélation et qui traite des œuvres du Christ. Mais il magnifie les deux types de sagesse qui en découlent. La première sexprime par la pensée et 91traduit la supériorité de lhomme par rapport à la nature. La seconde consiste dans laction directe de la grâce sur lâme dont elle réveille les forces spirituelles. Il y a trois types de foi, celle qui sattache à Dieu et se nourrit du Christ, présent dans les sacrements, foi qui sauve. Mais il y a aussi la foi dans le diable et celle dans la nature, qui ne sauvent pas. Selon Paracelse, lhomme, à limage de Dieu, est « un petit Dieu » et il est libre. « Tout est en lui : le paradis et lenfer, le mal et le bien, Dieu et Satan. Sa foi, son imagination le porte vers lune ou lautre de ces régions » (p. 162). « Curieuse doctrine, reconnaît Koyré, confuse à coup sûr. Mélange de mystique, de magie, dalchimie ? Très belle toutefois, parce que représentant un effort sincère de voir le monde en Dieu, Dieu dans le monde et de voir lhomme participant aux deux et “comprenant les deux” » (p. 163).

Signe de lintérêt rencontré par les trois études de Koyré, la réédition de deux dentre elles dans les Cahiers de la RHPR10, puis en 1955 dans les Cahiers des Annales, avec laccord des éditeurs de la RHPR ; cette publication contient aussi une étude sur Schwenckfeld et comporte une préface de Lucien Febvre. Ce dernier félicite lauteur de sêtre attaqué à un sujet difficile,

Si parfaitement, que je ne connais pas de meilleure introduction à lintelligence de ce siècle germanique dentre 1550 et 1620 que les trente pages, si pleines de richesses dégagées de leurs gangues quil a consacrées à Paracelse, « génie barbare, mais génie quand même ». (P. vi.)

On notera toutefois que ce dernier était mort en 1541. Mais son influence se faisait toujours sentir.

Nul doute que Koyré a su transmettre à lespace francophone des informations précises et suggestives sur les idées de ces dissidents, unis surtout dans lopposition aux orthodoxes, en opposant la lettre à lesprit et en élaborant des conceptions, étranges par bien des côtés, mais ouvertes à des approches nouvelles qui nallaient pas rester sans effet au-delà de lAllemagne, dans laquelle elles avaient vu le jour, et au-delà de Luther, qui, dans ses premières années, avait contribué, un peu malgré lui, à léclosion de ce monde quil allait, quelques années plus tard, combattre avec vigueur, de même que ses successeurs.

En étant les premiers à publier les études de Koyré, les éditeurs de la RHPR ont contribué à leffort dinterprétation et de transmission, 92au-delà des frontières culturelles allemandes, entrepris par lauteur. On peut certes regretter que ce dernier se soit contenté en 1955 de republier des textes vieux de plus de vingt ans. De nombreux travaux sur le sujet ont paru après les années trente et les éditions scientifiques des textes se sont multipliées. Pour autant, les interprétations de Koyré gardent, à nos yeux, toujours leur pertinence.

De 1954 à 1974

Dans les années quarante et de manière régulière dans les années cinquante, ce sont des historiens et théologiens strasbourgeois qui vont sintéresser aux divers dissidents et publier des recensions et des articles éclairants dans la RHPR.

Une étude de Rodolphe Peter

En 1954 paraît une étude de Rodolphe Peter11 consacrée au maraîcher strasbourgeois Clément Ziegler. Elle est fondamentale à plus dun titre. Tout dabord, elle traite dun dissident strasbourgeois peu connu, mais influent par ses écrits et ses prises de position. On appréciera la familiarité de Peter avec les sources, dont quatre écrits restés manuscrits, alors que six autres ont été publiés. Lenracinement dans les sources est dautant plus méritoire que le premier volume des Quellen zur Geschichte der Täufer concernant les anabaptistes strasbourgeois ne paraîtra quen 1959. Par ailleurs, Rodolphe Peter ne sest pas contenté dexposer la pensée de Ziegler, souvent difficile à saisir dailleurs, mais il évoque aussi de manière précise le contexte strasbourgeois, les liens de Ziegler avec la Réforme officielle, même sil la critique, et avec les paysans.

Simple maraîcher, conscient de ses limites, Ziegler a pourtant lu Luther et dautres auteurs. Il connaît même Origène et reprend sa conception de salut universel. Il parle et il écrit. Peter le qualifie d« agitateur de la Guerre des paysans ». Il prône la liberté chrétienne à la veille du soulèvement paysan, mais se retire de ce mouvement quand celui-ci devient violent. Proche des anabaptistes dont il partage le biblicisme et le rejet du baptême des enfants, mais non 93la distance quils prennent à légard de la société, il ne se contente pas de critiquer les prêtres et lÉglise romaine, mais il stigmatise aussi les atermoiements des prédicateurs protestants. Il plaide pour un nouvel ordre social fondé sur légalité et la fraternité. Il se fonde sur la Bible quil connaît remarquablement. Mais, de plus en plus, il fait place à linspiration directe des croyants par le Saint-Esprit. Selon Peter (p. 263), une fusion sopère chez lui entre deux courants : la mystique spiritualiste et le biblicisme communautaire. Il le rapproche à ce propos de Carlstadt et de Hubmaier, ce qui pourrait se discuter.

Alors que ses écrits de 1524-1525 le situent encore dans lorbite du mouvement réformateur, les traités manuscrits de 1532 à 1552, qualifiés par Peter d« incohérents, parfois même étranges », se fondent en particulier sur des visions. « Sa foi personnelle et linspiration divine prennent le pas sur la Parole écrite » (p. 277). Convoqué au synode de 1533, il insiste sur la tolérance, mais se soumet aux injonctions de lautorité civile. Dans ses derniers écrits, il plaide pour lunion de toutes les confessions et pour une religion commune fondée sur le salut universel. Larticle de Peter aurait sans aucun doute pu faire lobjet dun livre, tant il apporte dinformations sur un personnage hors du commun et sur le courant multiforme quil incarne.

Quatre ans plus tard, Jean Erbès12 recense un livre consacré aussi à un dissident spiritualiste du xvie siècle : Ludwig Hätzer. Il fut dabord disciple de Zwingli, puis dŒcolampade, avant de finir comme spiritualiste, proche de Denck et de Franck. Avant Luther, il a traduit les livres prophétiques de lAncien Testament. En 1529, il meurt sur léchafaud.

Les recensions de François Wendel

François Wendel (1905-1972), professeur dhistoire de lÉglise à la Faculté de théologie protestante de Strasbourg, sest fait connaître surtout par ses travaux sur Calvin et Bucer. Mais en 1942 il avait publié un livre, devenu un classique, sur LÉglise de Strasbourg, 1532-153513. Cet ouvrage contient une présentation concise et suggestive de ceux que Wendel appelle « les représentants des diverses sectes “hérétiques” ». En quelques pages (32-40), il expose la diversité 94sociale et théologique des courants et des figures présentes dans laire strasbourgeoise. Il distingue les « spiritualistes, les anabaptistes et ceux que Bucer qualifie dépicuriens » (p. 34). Wendel na pas publié darticles ou de livres sur le sujet. Mais diverses recensions attestent lintérêt que lui inspiraient les dissidents, même si, à titre personnel, ils ne lui étaient guère sympathiques.

En 1944, il avait attiré lattention sur deux numéros de The Mennonite Quarterly Review de 1938 dans lesquels John Wenger, faisant suite à des travaux plus anciens de Timotheus Wilhelm Röhrich, Camill Gerbert et Johann Loserth, analysait la théologie de lanabaptiste strasbourgeois Pilgram Marbeck14.

En 1958, il recense un ouvrage de Robert Stupperich sur lanabaptisme à Munster15. Pour lui, cest « un exposé bref, mais substantiel, [qui] constitue une excellente initiation aux problèmes des origines de la tendance particulière de lanabaptisme qui sest manifesté à Munster, de ses relations avec les autres rameaux du mouvement et de sa place dans lhistoire religieuse, sociale et politique ».

En 1960, Wendel présente le premier volume de sources relatives à lhistoire des anabaptistes à Strasbourg entre 1522 et 153116, publié en 1959 par Manfred Krebs et Hans Georg [= Jean] Rott. Après avoir rappelé la genèse de ce volume, achevé au dernier stade de son élaboration par léminent historien strasbourgeois Jean Rott, Wendel évoque la difficulté de lentreprise, en particulier « la destruction de la plupart des documents judiciaires, des procès-verbaux du Conseil antérieurs à 1535 et des procès-verbaux de la commission pour les affaires anabaptistes antérieures à 1556. Ces lacunes ont été comblées dans toute la mesure du possible par des copies anciennes, malheureusement fragmentaires, et par des emprunts faits à la correspondance du Magistrat ou des réformateurs » (p. 420).

Wendel souligne que lon trouve dans ce volume « tout ce qui concerne les spiritualistes, les libertins, les épicuriens, bref tous ceux qui ont vécu en marge de lÉglise officielle []. Cest tout un monde, encore fort peu connu, qui apparaît ici, à côté des réformateurs et, le plus souvent, en opposition violente avec eux » (ibid.). Il relève aussi « la crainte que les sectaires inspirèrent pendant de longues années aux défenseurs de lÉglise établie » (ibid.).

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En 1961, il recense le second volume de cette collection de sources consacrée aux anabaptistes de Strasbourg entre 1533 et 1535, paru en 196017. Il est question ici largement du synode de 1533, qui devait non seulement organiser lÉglise de Strasbourg, mais aussi écarter le péril anabaptiste. Les documents publiés dans le volume éclairent lattitude des anabaptistes et des spiritualistes et leurs disputes avec les représentants de la nouvelle Église qui bénéficiait du soutien des autorités civiles. Wendel espère « quune suite sera donnée à ces deux premiers volumes, tant pour la ville de Strasbourg que pour les territoires qui en dépendaient ». Cet espoir sest en partie réalisé en 1986 et 198818.

En 1962, Wendel publie deux autres recensions douvrages consacrés aux dissidents du xvie siècle. Il présente brièvement un ouvrage de Gottfried Maron sur Schwenckfeld19, un des dissidents les plus célèbres de ce siècle qui fera encore plusieurs fois lobjet détudes publiées dans la RHPR. Selon Wendel, louvrage de Maron « permet au lecteur de se faire une idée généralement exacte de la personnalité de ce spiritualiste, plus célèbre que véritablement connu » (p. 366). Il est question de la « christosophie » de Schwenckfeld, de limmédiateté des rapports entre Dieu et lhomme et de la critique des sacrements qui en découle. « Lindividualisme foncier de Schwenckfeld le conduit à rejeter non seulement les Églises multitudinistes, mais même les communautés qui se créèrent en marge de celles-ci » (ibid.). Proche de Sébastien Franck, Schwenckfeld incarne « une mystique bibliciste, gnosticisante et christosophique ». Un autre ouvrage, publié par George Williams et consacré à la Réforme radicale, a plus longuement retenu lattention de Wendel20 (p. 366-368). Il souligne que de nombreuses études ont porté au xxe siècle sur les dissidents du xvie siècle, en relevant toutes les étiquettes quon leur accole. Il note qu« ils attirent de nombreux sympathisants qui, dans certaines régions et à certaines époques pouvaient atteindre près de la moitié de la population » (p. 367). Mais il manquait une étude densemble sur les divers dissidents et les courants quils ont engendrés. Doù limportance de la synthèse réalisée par George Williams, qualifié par Wendel de « très remarquable » (p. 367). Daprès lui, « ce nest pas seulement une 96synthèse utile, [] elle restera pendant longtemps, nous en sommes certain, létude fondamentale en ce domaine » (p. 368). Il souligne « lampleur et la variété exceptionnelles » du tableau brossé par lauteur, « la précision et la clarté » de lexposé sur lorigine et le développement des différentes tendances, en respectant lordre chronologique. « En toute objectivité, il a essayé de comprendre les opinions les plus diverses et les plus contradictoires » (p. 367). Lauteur fait preuve de sympathie envers les protagonistes de son livre, sans justifier pour autant leurs positions.

Relevons un dernier regard porté par Wendel en 1968 sur les dissidents quand, dans une recension dun livre de Miriam Usher-Chrisman sur la Réforme à Strasbourg21, il félicite lauteure « davoir dépassé le point de vue unilatéral qui consistait à ne sintéresser quaux seuls partisans des réformateurs. Une place importante a été faite aux dissidents, anabaptistes et autres, ainsi quaux catholiques qui avaient pu se maintenir dans la ville » (p. 86).

1974-1977 : Un nouveau départ

Un article dAndré Sciegienny

Vingt ans après Rodolphe Peter, André Sciegienny (Séguenny après 1975) présente dans la RHPR22 Caspar Schwenckfeld (1489-1561), dissident influent du xvie siècle. Il récuse le rapprochement opéré par certains historiens, dont Alexandre Koyré, entre les conceptions de Schwenckfeld et celles de Luther. Tout au plus peut-on évoquer une certaine parenté avec le jeune Luther qui était encore, comme le pensait Lortz, pleinement catholique et chez lequel Sciegienny pense trouver, à tort daprès nous, du semi-pélagianisme et lidée, chère aussi à Érasme, que la nature de lhomme nétait pas entièrement dépravée. En fait, Sciegienny défend la thèse, que lon retrouvera dans tous ses travaux23, quil faut surtout rapprocher les spiritualistes, dont Schwenckfeld, dÉrasme, sans les identifier pour autant avec toutes les positions de ce dernier. Aussi bien Schwenckfeld quÉrasme sefforcent, daprès lui, de 97maintenir une certaine autonomie de lhumain face à Dieu, alors que Luther, à part dans ses premières années, nie toute faculté de lhomme de se positionner devant Dieu. Une autre différence entre Schwenckfeld et Luther réside dans ce que lun et lautre entendent par Réforme. Schwenckfeld veut améliorer la piété, Luther œuvre pour létablissement dune nouvelle Église, alors que, dans ses premières années, il mettait en avant lÉglise invisible. Avec Érasme, le premier souligne le rôle de lesprit, mais un esprit soutenu par la grâce de Dieu et qui est libre de choisir.

Le Christ historique envoyé par Dieu est pour lhomme un exemple moral. Devenu dans sa vie terrestre un nouveau Christ, Fils de Dieu, son incarnation fait apparaître quun changement ontologique peut toucher lêtre humain. Un processus de déification commence dans la vie du croyant qui affecte non seulement lâme, mais aussi la chair. Uni au Christ, le croyant a accès à la chair céleste du Christ, sans avoir besoin pour cela de la médiation de lÉglise, des prêtres et des rites.

1977 : un numéro entier de la RHPR
consacré aux dissidents du xvi
e siècle

Un avant-propos souligne limportance des questions que les dissidents posent et les avancées dans linterprétation du phénomène24. Le volume comporte deux parties. Il traite, dune part, de quelques figures de la mouvance dissidente et, dautre part, il expose les projets dun groupe de recherche qui a vu le jour à la Faculté de théologie protestante de Strasbourg en 1975 et qui a pris de nom de « Groupe de recherche sur les non conformistes des xvie et xviie siècles et lhistoire des protestantismes » (GRENEP).

Dans son étude sur Hans Denck (ca 1500-1527)25, un des spiritualistes les plus intéressants du xvie siècle, Jean Orcibal attire lattention sur ses Hauptreden qui forment la conclusion dune édition de la Theologia Deutsch publiée en 1528. Selon Denck, « lUnité [Dieu] ne peut être connue que dans son contraire ou objet, la créature » (p. 144). Quant à la liberté humaine, « elle nexiste que par son contraire qui ne peut être que Dieu. Celui qui limite, circonscrit ou sapproprie ce qui est libre et doit lêtre, commet le péché » (p. 145). Lhomme, image de Dieu, ne cesse de désirer la liberté, manifestée en Jésus Christ. Il la retrouve grâce à lintervention 98de lUn. Denck est aussi, semble-t-il, partisan du salut universel. Comme la Théologie germanique et dautres auteurs spirituels, il prône la Gelassenheit, cet abandon de soi vécu parfaitement par le Christ. Mais les théologiens contemporains ont plutôt relevé ce qui dans dautres passages des Hauptreden semble sécarter des dogmes christologiques et trinitaires classiques.

James MacLean, dont nous avons présenté la thèse sur Les premiers théoriciens du christianisme non institutionnel26, évoque Jean Buenderlin27, un personnage moins connu qui, en 1529 et 1530, a publié quatre traités dans lesquels il veut prouver que

les institutions religieuses et le culte extérieur, y compris ceux de lépoque apostolique, appartenaient à lordre charnel de lAncienne Alliance. Dieu sest incarné dans le Christ pour nous ramener à la parole divine qui demeure au fond de lâme, nous libérant ainsi de tout intermédiaire extérieur. Les anabaptistes ont tort de vouloir reconstituer lÉglise territoriale déchue, car la seule Église authentique est la communauté invisible et universelle des régénérés. (P. 153.)

André Séguenny, qui a rejoint en 1975 le GRENEP, contribue au volume par un article sur Christian Entfelder28 dont il rappelle les rares éléments biographiques connus et analyse les trois traités quil a publiés. Le premier évoque des divisions dans la foi qui viennent de surgir et qui sont en contradiction avec les principes du christianisme. Est-ce parce que les uns et les autres se réfèrent seulement à une parole humaine ? Il est question ensuite de laspiration humaine au bonheur : lhomme ne peut y parvenir quen acceptant lincertitude et linquiétude et en renonçant à soi. Comme tous les spiritualistes, Entfelder relativise lÉcriture. Comme telle, elle est morte alors quil y a la Parole vivante, identifiée à lEsprit, qui sadapte au temps et aux circonstances. Ce nest pas lÉcriture qui est responsable du morcellement de la chrétienté, mais les mauvais usages dinterprétation que les hommes en font. Entfelder admet que le christianisme peut revêtir diverses formes, mais il rejette la prétention de chaque Église à avoir le monopole de la vérité. De toute manière, ce qui apporte le salut, cest de participer à lEsprit et non dappartenir à une quelconque Église. Dans son second traité, consacré à la piété, Entfelder affirme que lhomme doit délaisser le monde créé et son propre moi et sengager sur le chemin de la 99croix en acquérant la Gelassenheit, si importante pour les mystiques et les spiritualistes. Le troisième écrit traite de Dieu et de sa manifestation sous laspect de trois forces.

Selon Séguenny, tout en sopposant aux institutions ecclésiales et à leur exclusivisme, Entfelder ne rejette pas les communautés de chrétiens réellement croyants dans lesquelles les fidèles peuvent saider mutuellement dans leur cheminement spirituel. « Son climat général, sa subjectivité et ses motivations sapprochent de la théologie du jeune Luther » (p. 180). Mais cest surtout dÉrasme quil faut le rapprocher. « Ce qui frappe chez Entfelder, cest labsence de la théorie de la grâce irrésistible, le passage au premier plan de la volonté de lhomme, le fait quil ne soit pas mention – ne serait-ce que dun mot – du péché originel » (ibid.). Par ailleurs « il refuse au Christ historique le titre de Dieu, et même sil lappelle Dieu, le fait au sens où chaque homme véritablement croyant peut être appelé Dieu » (ibid.)

Dans une étude sur la liberté de conscience chez Franck et Schwenckfeld29, Joseph Lecler montre comment ces deux auteurs ont modifié le sens et lapplication de ce principe. Il ne suffit pas de récuser les ordonnances de lÉglise romaine, il faut écarter aussi un usage de lÉcriture qui, chez les théologiens de la Réforme luthérienne, en fait une lettre oppressante. Franck et Schwenckfeld sopposent aussi à la contrainte exercée par les autorités envers les Églises. Mais ils séloignent de lanabaptisme en nattachant aucune importance au baptême et à une organisation stricte ou à des visées révolutionnaires. Par ailleurs, « ils mettent laccent sur la religion de la conscience personnelle plutôt que sur les expériences de la vie intérieure » (p. 192). Lecler évoque aussi « des sympathies évidentes [chez Franck] pour les antitrinitaires » (ibid.). Il conclut : « Le spiritualisme de Franck serait en définitive une religion de la conscience sorientant vers le rationalisme, comme on lobserve plus tard chez les sociniens » (ibid.).

Dans une évocation fouillée, bien fondée sur les sources, manuscrites pour la plupart, Lorna Jane Abrey présente le cas de Michael Meckel30, anabaptiste strasbourgeois de la seconde moitié du xvie siècle. Elle expose aussi bien les raisons qui lamènent à rejoindre lanabaptisme que lattitude du Convent ecclésiastique et du Magistrat à son égard.

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Dans une seconde partie du volume de la RHPR, plus restreinte (p. 209-227), Bernard Roussel et André Séguenny présentent les résultats dune enquête et les objectifs du GRENEP31. Dans le prolongement du colloque de 1975 sur les débuts de lanabaptisme dont les Actes comportaient aussi une bibliographie32, quelque cent-cinquante lettres et questionnaires relatifs aux travaux en cours sur les non conformismes aux xvie et xviie siècles avaient été envoyés. Un bilan est publié dans le volume ; il indique par ordre alphabétique les champs de recherches de 97 spécialistes (p. 212-221).

Par ailleurs, nous présentons, quant à nous, le projet de recherches propre au GRENEP33. Le champ étudié devait être celui des non conformistes ayant résidé à Strasbourg ou dont des écrits ont été publiés à Strasbourg, ou encore qui ont été en relation avec Strasbourg, et ce entre 1520 et 1648. Il sagissait détablir un répertoire de leurs écrits quel que soit leur lieu de dépôt, de mettre en œuvre une description bibliographique ainsi quune analyse thématique et une indexation de ces écrits, enfin un inventaire de la littérature secondaire. À cet effet, nous avons créé une collection : la Bibliotheca Dissidentium, dont le premier volume a paru en 1986 et le trentième en 2016. Une collection adjacente, intitulée Scripta et Studia, comportant des Actes de colloques et des travaux individuels, allait voir le jour en 1983. Huit volumes ont paru entre 1983 et 2000. Peu à peu la concentration sur lespace strasbourgeois allait être élargie à dautres espaces.

Par ailleurs, dans le même numéro de la RHPR, nous avons recensé deux volumes de sources relatives aux anabaptistes en Suisse34 ainsi que la publication des écrits de Bernhard Rothmann par Robert Stupperich en tant que premier volume dune série consacrée aux écrits des anabaptistes de Munster-en-Westphalie et de leurs adversaires35. De son côté, Marthe Westphal a présenté lédition dun écrit resté manuscrit de Juan de Valdés36.

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De 1978 à 2018

Dans une thèse publiée en 1975, André Sciegienny (Séguenny) avait prolongé et développé larticle sur Schwenckfeld paru en 1974 dans la RHPR. En 1978, Bernard Gorceix publie une étude critique37 sur ce livre et sur lapproche de Séguenny. Dun côté, il estime que

[lauteur] a tout à fait raison de rapprocher sur bien des points Caspar Schwenckfeld et Érasme. La réhabilitation de la connaissance, la conception du péché originel, le rôle donné au Christ historique, le refus de toute prédestination, laccent placé sur la liberté de lhomme, une certaine foi en la grandeur des possibilités humaines, autant de points qui relient lEnchiridion [dÉrasme] et le Corpus Schwenckfeldianorum. Il paraît hors de doute que le gentilhomme silésien a lu (comme tout le monde à lépoque) les écrits du Hollandais. (P. 219.)

Toutefois, à la suite dailleurs de Koyré, Gorceix évoque aussi des différences entre Érasme et Schwenckfeld.

[Il y a entre eux] une différence fondamentale : celle de lharmonie et du tragique, celle de lévidence et de lambigüité, celle dune théologie [] plutôt “platonisante” et celle dune théologie encore et toujours christianisante. LEnchiridion établit somme toute un cheminement équilibré qui conduit de la nature et de lhomme vers Dieu par lexemple du Christ. Caspar Schwenckfeld essaie surtout de surmonter un abîme entre le monde de lhomme et le monde de la grâce. Lhomme est incapable de sidentifier à Dieu sans un bouleversement radical, total, complet, presque absurde. » (Ibid.)

Selon Gorceix, litinéraire de Schwenckfeld est plus proche de Luther que dÉrasme.

Se pose alors la question de la proximité entre Schwenckfeld et Érasme. Elle serait moins de lordre de la concordance que dune communauté de sources. Les deux hommes étaient dépendants dune « théologie mystique vulgarisée telle quelle prend naissance dans lAllemagne du xve siècle, à partir du mysticisme rhénan du xive siècle, au travers du spiritualisme des Frères de la vie commune, au travers de la Théologie germanique que traduit Luther » (p. 220). Cest chez eux que lon trouve « une réhabilitation de la connaissance, 102un certain optimisme religieux de départ, une conception autre du péché, lappréciation de la nature » (ibid.). Mais la lecture quen ont faite les deux auteurs nétait pas la même. Érasme la faite en tant que chrétien et humaniste, Schwenckfeld en tant que simple chrétien moins marqué par lhumanisme.

Dans un article publié en 198138, nous avons relevé combien le jugement porté sur les dissidents du xvie siècle par les historiens strasbourgeois du xixe siècle variait selon leurs orientations théologiques. Alors que les historiens marqués par le confessionnalisme luthérien condamnaient fermement les dissidents, le jugement de Röhrich et de Baum, dobédience libérale, était moins critique. Selon eux, on aurait dû laisser ces dissidents tranquilles. Certaines de leurs conceptions préfiguraient ce qui sera admis trois cents ans plus tard.

En 1986, nous avons fait paraître une étude sur le Strasbourgeois Othon Brunfels39, figure énigmatique dont le livre de prières publié en 1528 est ouvert à plusieurs courants. Comme les anabaptistes, Brunfels pense que la Réforme devrait être avant tout morale plutôt que doctrinale et institutionnelle. Comme les spiritualistes, il souligne la liberté de lEsprit et relativise les cérémonies. Ce qui importe, cest le contenu de la prière, qui est pour lui une démarche personnelle plus que communautaire. Pour autant, Brunfels na pas quitté lÉglise protestante officielle qui lemployait comme enseignant et dont il partageait aussi des conceptions telles que laffirmation de la permanence du péché et celle de la justification par la foi.

La même année paraissait dans la RHPR un article de José C. Nieto40 qui reprenait le dossier des premiers Alumbrados en Espagne au xvie siècle. Contrairement aux interprétations répandues depuis les travaux de M. Bataillon, Nieto est davis que ces dissidents religieux nétaient pas des mystiques, héritiers de la mystique médiévale, mais « des penseurs originaux dont la doctrine senracine dans le monde de la Renaissance et de la Réforme ».

En 1994, Séguenny reprenait le dossier de Schwenckfeld quil avait abordé en 1974 et 1975. Il ne cite pas létude critique de Gorceix, mais dans létude de 1994, consacrée à la christologie de Schwenckfeld41, il souligne que, à la différence des autres spirituels, ce dernier « dépasse léthique comme telle » (p. 130). « Schwenckfeld se soucie de présenter lœuvre du Christ dans une perspective autre 103que morale ou sotériologique (Luther) ; en cela il séloigne aussi des humanistes » (p. 132). « Il ne cherche pas ses sources dinspiration dans la philosophie, fût-elle platonique ou stoïcienne [] ; la Bible seule fournit les idées à Schwenckfeld » (p. 130).

Pour Schwenckfeld, le Christ est le modèle de ce que lhomme naturel doit devenir, non au sens moral, mais au sens ontologique, comme passage du premier Adam vers la vie dun être spirituel. « Être sauvé », dira-t-il, « cest être divinisé ». La foi doit saisir cela, le comprendre et laccepter. Non une foi en une justification par Dieu, mais une foi qui est conversion de lhomme. Quand il parle de lincarnation, Schwenckfeld souligne lorigine spirituelle de la chair du Christ qui en fait une chair bénie, « contenant en elle le germe de sa propre spiritualisation et pouvant la transmettre aux autres » (p. 140), sans être pour autant différente de celle de lhomme naturel ni dune autre qualité. « Lincarnation représente la nature de lhomme []. La chair du Christ glorifié demeure ce quelle était sur terre sans subir de changements substantiels, [] mais elle est devenue éternelle, et immortelle chair divine » (p. 137-138). « Le corps du Christ glorifié peut transmettre ses qualités à celui de lhomme. La question de la chair du Christ est, par conséquent, inséparable de celle de la béatification de lhomme » (p. 136). Quant à la croix du Christ, elle est, à la différence de celle des humains, « lultime terme de la glorification de la chair » (p. 146).

Dans ses conclusions, Séguenny veut, une fois de plus, bien distinguer la démarche de Schwenckfeld de celle de Luther. Schwenckfeld récuse le sola scriptura. Cest Dieu seul qui donne la foi, et non la lettre de lÉcriture.

Elle est le fruit dune grâce méritée et méritante, contrairement aux idées de Luther, parce que le malaise existentiel ressenti par lhomme mérite la foi, même sil ne saccompagne pas nécessairement de la conscience du péché ; elle est méritante si lhomme persiste à sortir de ce malaise en suivant le Christ. (P. 150.)

Par contre, Séguenny voit dans les doctrines schwenckfeldienne et romaine

une volonté commune de penser la religion dans des termes intellectuels et de laisser la sentimentalité à la religion populaire. Ces deux doctrines se ressemblent aussi par leur effort pour construire un pont par-dessus labîme qui sépare le créateur de sa création. Elles se ressemblent encore par leur souci commun de conserver à lhomme son libre-arbitre, comme par leur approche philosophique de la question de Dieu. (P. 151.)

104

Par la suite, Séguenny semble avoir délaissé quelque peu Schwenckfeld pour se tourner davantage vers Franck, comme le montre sa thèse de 2000.

En 1998, nous avons repris le dossier relatif aux relations entre les radicaux du xvie siècle et Érasme42. Faut-il souligner avant tout la proximité avec Érasme, dans lattention portée au renouveau moral plus quaux cérémonies et dans linsistance sur la vie plutôt que sur la doctrine ? Notre étude évoque la diversité des points de vue sur ce sujet. Des convergences apparaissent assurément, dues sans doute à une influence diffuse de la devotio moderna. Mais il y a aussi les différences : un biblicisme plus net chez les anabaptistes et leur pacifisme, leur conviction de réaliser la vraie Église de Jésus Christ alors quÉrasme na jamais quitté lÉglise romaine. Au-delà de lanabaptisme, des grandes figures de la dissidence, telles que Hubmaier, Franck, Denck, Carlstadt, Schwenckfeld et Müntzer, ont été marquées par lhumanisme dÉrasme. Des similitudes existent en ce qui concerne la conception de lhomme et la sotériologie. Mais, à la différence dÉrasme, ils critiquaient le plus souvent toute Église institutionnelle.

En 2000, Marjolaine Chevallier a publié un article stimulant sur Pierre Poiret, théologien protestant français qui, sous linfluence de la « prophétesse » Antoinette Bourignon, a pris ses distances vis-à-vis des doctrines luthéro-réformées43. Célèbre dans lEurope des xviie-xviiie siècles, il fut oublié par la suite. Larticle met en évidence loriginalité de sa conception de la Trinité. Selon Poiret, lhomme, à limage de Dieu, est dabord désir, ce qui détermine lanthropologie et la pédagogie. Marjolaine Chevallier évoque également « lœcuménisme » de Poiret. Daprès lui, on nest pas sauvé selon son « parti ». Il pense aussi que les différentes conceptions de leucharistie ont chacune leur vérité dans la foi.

En 2006, Jean-Michel Rietsch a publié une étude très fouillée sur Paracelse et limage44. Interprétant trois textes de cet auteur hors du commun, il expose la démarche de Paracelse. Se fondant aussi bien sur une approche médicale que sur la lecture de lÉcriture, ce dernier cherche à préciser comment le corps, la matière, sont des signes de lintériorité,

lâme et lesprit entraînant, en retour, une nouvelle approche de lœuvre-fruit comme expression extérieure dune foi intérieure [] ; 105lhistoire de la création divine devient alors cet enchevêtrement de signes divins ou diaboliques, quil appartient au chrétien de déchiffrer pour son édification et son salut. Limage, création artificielle, humaine, peut dépasser ses ambiguïtés initiales (qui débouchent souvent sur lidolâtrie) et intégrer lensemble signifiant quest la création divine. Le chrétien doit aussi devenir le lieu de création, en son cœur, de sa propre image, tout à la fois spirituelle et matérielle. (P. 213.)

En 2017, Wolfgang Breul a fait paraître dans la RHPR un article sur Bucer et les anabaptistes de Hesse45. Il éclaire la manière dont Bucer, par lOrdonnance de Ziegenhain relative aux mœurs, a réalisé lun des rares accords du siècle entre les anabaptistes et la grande Église protestante dans le landgraviat. Cette Ordonnance traite de la discipline ecclésiastique, du ministère des anciens et de la confirmation, en opérant des avancées sur ces sujets, toujours pertinentes, selon lauteur, pour les Églises protestantes daujourdhui

Notes et recensions

Diverses notices de la rubrique « Vient de paraître » informent sur lavancement de la Bibliotheca Dissidentium. La publication du premier volume, paru en 1980, est signalée en 1980 dans la rubrique « Vient de paraître46 ». Nous y rappelons lobjectif bio-bibliographique de la collection et nous citons les auteurs traités dans ce volume : Johannes Campanus et Christian Entfelder (par André Séguenny), Justus Velsius (par Philippe Denis), Catherine Zell-Schütz (par Marc Lienhard).

En 1986, un autre « Vient de paraître47 » évoque les volumes V à VII de la collection, parus en 1985 et 1986. Ils traitent de Pierre Poiret, de Valentin Crautwald, dAndreas Fischer, de Jan Kalenec, de Sigmund Salminger, dEloy Pruystinck, de Sébastien Franck et dAntonio del Corro. En 1987, la Revue signale à deux reprises (p. 108-109 et 237-238) les publications du GRENEP parues entre 1977 et 1987 : les huit premiers volumes de la Bibliotheca Dissidentium, les Actes 106Anabaptistes de Strasbourg (1536-1542), les Actes de Colloques réunis à Strasbourg, le catalogue de lexposition sur lanabaptisme dans la vallée du Rhin. Par ailleurs, un volume de la collection Scripta et Studia, également publié par le GRENEP, est signalé en 1984 dans la rubrique « Vient de paraître ». Il sagit de louvrage collectif, Actes dun colloque réuni en 1982 (20 contributions) et consacré à la place des dissidents entre lhumanisme et le catholicisme48.

Tournons-nous maintenant vers des recensions plus étoffées, en adoptant un ordre thématique plutôt que chronologique. En premier lieu, il faut évoquer les publications de sources. Une recension de 1985 évoque ainsi les écrits protestants contre les anabaptistes publiés par Robert Stupperich49. Mentionnons ensuite le 3e volume des sources relatives aux anabaptistes strasbourgeois (1245 documents) présentées en 198750. Lutilisation et linterprétation des sources ont suscité diverses présentations de communautés anabaptistes.

En 1980, nous avons recensé la volumineuse et stimulante présentation des Assemblées anabaptistes mennonites de France par Jean Séguy51. Quatre des dix chapitres concernent lhistoire, lorganisation et la vie religieuse de ces anabaptistes.

En 1991, nous avons présenté brièvement lopuscule consacré à la liberté religieuse à Strasbourg au xvie siècle, qui traite aussi des anabaptistes52. En 2003, Matthieu Arnold a présenté louvrage de John D. Derksen sur deux générations de radicaux à Strasbourg entre 1529 et 157053. En 2008, il a également recensé un livre consacré aux anabaptistes zurichois54 et, en 2010, un autre traitant du royaume anabaptiste de Munster55.

Les grandes figures ont, elles aussi, retenu lattention des recenseurs de la RHPR. En 1978, ce fut le cas de Thomas Müntzer et de la grande biographie que lui a consacrée Walter Elliger56, ainsi que dune présentation de Müntzer sous un angle culturel par Dieter Fauth. Nous avons recensé louvrage de Klaus Deppermann consacré à Melchior Hoffman57. La figure fascinante de Paracelse 107a fait lobjet de deux recensions réalisées par Gérard Siegwalt58 et Lucien Braun59. Par ailleurs, nous avons recensé louvrage collectif (15 contributions) consacré à Sébastien Franck et publié par Jan-Dirk Müller en 199360. De son côté, Matthieu Arnold a présenté en 201261 et 201362 plusieurs écrits de Weigel publiés par Horst Pfeffel, dont lédition scientifique des écrits de Weigel fait désormais autorité. Un autre personnage a retenu notre attention, Daniel Suderman (1550-1631), « représentant dun spiritualisme mystique » selon Monica Pieper dont nous avons recensé le livre quelle lui a consacré63. Plusieurs recensions ont porté sur Juan Valdés, lun sur une recension par ce dernier dun manuscrit de Juan Sanchez64, lautre sur une édition anglaise de son Dialogue sur la doctrine chrétienne65, une troisième sur la première traduction française de ce Dialogue, réalisée par Christine Wagner66. Noublions pas la présentation par Marjolaine Chevallier du volume décrits de Poiret sur la théologie mystique, publié en 200567.

Citons encore la recension dun ouvrage de Séguenny par Bernard Roussel en 198168, la présentation que nous avons faite en 1996 dun ouvrage collectif composé de 24 études sur des démarches alternatives du xvie au xviiie siècle et qui éclaire aussi les conceptions des dissidents69.

Ainsi, par des articles et des recensions, la RHPR a participé largement à leffort dinformation sur les dissidents des xvie et xviie siècles et à linterprétation de ce phénomène multiforme dont lexistence et les conceptions, au-delà des grandes Églises, continuent à susciter beaucoup dintérêt.

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Bibliographie
(limitée aux seuls livres et articles)

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Breul, Wolfgang, « Martin Bucer et les anabaptistes de Hesse. Lordonnance relative aux mœurs de Ziegenhain (1539) », RHPR 97, 2017/4, p. 497-526.

Chevallier, Marjolaine, « Pierre Poiret (1646-1719). Une pensée, une œuvre originales », RHPR 80, 2000/4, p. 503-525.

Fast, Heinold, Der linke Flügel der Reformation, Bremen, Carl Schünemann Verlag, 1962.

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Séguenny, André, Philosophie et religion chez les jeunes humanistes allemands au seizième siècle, Baden-Baden – Bouxwiller, Valentin Koerner, coll. « Bibliotheca Dissidentium, Scripta et Studia » 8, 2000.

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1 Troeltsch, 1912.

2 Williams, 1962.

3 Fast, 1962.

4 RHPR 2, 1922/2, p. 167-169.

5 RHPR 8, 1928/1, p. 98-99.

6 RHPR 11, 1931/4-5, p. 449-451.

7 Koyré, 1928.

8 Koyré, 1931.

9 Koyré, 1933.

10 Sur Weigel, « Cahiers de la RHPR » no 21, 1930 ; sur Franck, « Cahiers de la RHPR » no 24, 1932.

11 Peter, 1954.

12 RHPR 38, 1958/4, p. 394.

13 Wendel, 1942.

14 RHPR 24, 1944, p. 100-101.

15 RHPR 38, 1958/4, p. 394.

16 RHPR 40, 1960/4, p. 419-420.

17 RHPR 41, 1961/4, p. 427.

18 Lienhard – Nelson – Rott, 1986, 1988.

19 RHPR 42, 1962/4, p. 366.

20 RHPR 42, 1962/4, p. 366-368.

21 RHPR 48, 1968/1, p. 86.

22 Sciegienny, 1974.

23 En particulier dans sa thèse publiée en 1975 et dans celle publiée en 2000.

24 Lienhard, 1977b.

25 Orcibal, 1977.

26 RHPR 55, 1975/4, p. 593-594.

27 MacLean, 1977.

28 Séguenny, 1977.

29 Lecler, 1977.

30 Abrey, 1977.

31 Roussel – Séguenny, 1977.

32 Lienhard, 1977a.

33 Lienhard, 1977c.

34 RHPR 57, 1977/2, p. 232-233.

35 RHPR 57, 1977/2, p. 231-232.

36 RHPR 57, 1977/2, p. 234-238.

37 Gorceix, 1978.

38 Lienhard, 1981.

39 Lienhard, 1986.

40 Nieto, 1986.

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