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Classiques Garnier

L’Antiquité chrétienne dans la RHPR Remarques sur un siècle de recherches

  • Type de publication : Article de revue
  • Revue : Revue d’Histoire et de Philosophie Religieuses
    2020 – 1, 100e année, n° 1
    . varia
  • Auteur : Aragione (Gabriella)
  • Résumé : Les années 1920-1930 et 1960-1980 marquent un tournant dans l’histoire de la recherche sur l’Antiquité chrétienne, en raison, respectivement, de l’essor de la méthode historico-critique et du renouvellement des études patristiques. Les travaux publiés dans la RHPR contribuent activement aux débats scientifiques de l’époque, tantôt en suivant les modèles épistémologiques existants, tantôt en en suggérant des nouveaux.
  • Pages : 9 à 22
  • Revue : Revue d'Histoire et de Philosophie religieuses
  • Thème CLIL : 4046 -- RELIGION -- Christianisme -- Théologie
  • EAN : 9782406103721
  • ISBN : 978-2-406-10372-1
  • ISSN : 2269-479X
  • DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-10372-1.p.0009
  • Éditeur : Classiques Garnier
  • Mise en ligne : 01/04/2020
  • Périodicité : Trimestrielle
  • Langue : Français
  • Mots-clés : Antiquité chrétienne, histoire du christianisme ancien, Pères de l’Église, exégèse patristique, littérature chrétienne ancienne, méthode historico-critique, sciences religieuses, théologie protestante, Eugène de Faye, André Benoît
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LAntiquité chrétienne dans la RHPR

Remarques sur un siècle de recherches

Gabriella Aragione

Université de Strasbourg – Faculté de Théologie Protestante (UR 4378)

Dès la parution de son premier volume, en 1921, la RHPR a réservé une place non négligeable à lhistoire de lAntiquité chrétienne : celle-ci est en fait bien représentée non seulement dans les articles, mais aussi dans de nombreuses études critiques, chroniques et comptes-rendus douvrages. Lintensité des publications a néanmoins été assez inégale : plutôt faible jusquaux années 1950, elle a été beaucoup plus importante durant les années 1960-1990 ; ces deux dernières décennies, le nombre de contributions est moins élevé, quoique constant.

Comme nous essayerons de le montrer dans la présente contribution, lanalyse des publications de la RHPR ayant trait à cette période de lhistoire chrétienne offre un aperçu intéressant de la manière dont le statut de lhistoire du christianisme ancien a évolué au cours du xxe et de ce début du xxie siècle. En traversant des changements épistémologiques profonds, lhistoire des premiers siècles chrétiens est en fait devenue un domaine détudes spécialisé et une discipline universitaire à part entière, dont les fondements théoriques ne cessent de se renouveler1. Or, sil est vrai que les revues scientifiques participent à la construction des savoirs, la RHPR peut être comptée parmi celles qui, dans les pays francophones, ont le plus contribué à la réflexion sur les méthodes 10et les contenus dun champ relativement jeune ainsi que sur la place que cette discipline occupe dans le paysage universitaire protestant. Dans ce qui suit, nous concentrerons notre attention sur deux périodes qui, nous semble-t-il, ont marqué un tournant dans lévolution de la recherche en ce domaine : les années 1920-1930 et 1960-1980.

Lentre-deux-guerres :
les débats sur la méthode historique

Entre la fin du xixe siècle et les premières décennies du xxe siècle, la naissance des « sciences religieuses » avait amené à la redéfinition du statut de lhistoire du christianisme, qui était appelée à devenir une discipline scientifique, indépendante de toute attache confessionnelle. Au cœur du débat figuraient, dune part, le rapport entre lhistoire du christianisme et lhistoire des religions, et, dautre part, des questions plus strictement épistémologiques : la méthode, historico-critique et comparative, et lapproche du chercheur, qui se devait être neutre et autonome. Le Collège de France, la cinquième section de lÉcole Pratique des Hautes Études (« Sciences religieuses ») ainsi que les associations savantes comme la Société Ernest Renan constituaient les principales institutions académiques de la Troisième République préposées à lélaboration et à la diffusion du discours scientifique sur le religieux, y compris pour la discipline qui nous occupe ici2. La Faculté de théologie protestante de Paris était partie prenante de ce processus. La Faculté de théologie protestante de Strasbourg prend, elle aussi, position et tisse des liens forts avec les milieux académiques parisiens3. En 1927, une importante manifestation scientifique organisée au Collège de France réunit toute une génération de chercheurs qui militent en faveur dun renouvellement des études des origines chrétiennes et du christianisme considéré dans son devenir historique : le Colloque international dhistoire du christianisme en lhonneur 11dAlfred Loisy4. La Faculté de théologie protestante de Strasbourg y est représentée par Antonin Causse, à lépoque directeur de la RHPR5. La ligne éditoriale de la Revue dans les années 1920-1930 sinscrit donc dans ce contexte.

Une remarque préliminaire simpose. Suivant le périmètre des disciplines dominant à lépoque, lhistoire du christianisme de lAntiquité était divisée en deux périodes de longueur inégale : le « christianisme primitif », qui couvrait la période des origines chrétiennes jusquau iie siècle et qui relevait du domaine de recherche des néotestamentaires, et le « christianisme ancien », qui sétalait du iie-iiie siècle au vie-viie siècle. Ce dernier était plutôt du ressort des antiquisants, dont le profil scientifique était, comme nous le verrons, extrêmement varié. Ajoutons aussi que, jusquà la nomination de William Seston en 1929 et dOscar Cullmann en 19366, les titulaires de la chaire dHistoire du christianisme à la Faculté de théologie protestante de Strasbourg étaient des spécialistes du Moyen Âge (Paul Sabatier) ou de la Réforme (Henri Strohl et François Jean Wendel) et que, de surcroît, Seston et Cullmann quittent lUniversité alsacienne, respectivement en 1936 et en 1938. Jusquà 1950, aucun des deux ne sera remplacé par un spécialiste de lAntiquité chrétienne. Cest la raison pour laquelle la majorité des articles publiés durant lentre-deux-guerres sont rédigés par des personnalités extérieures à la Faculté7. Une part importante 12des publications est assurée par des chercheurs parisiens, comme Eugène de Faye, Charles Guignebert et Henri-Charles Puech8, ainsi que par des savants provenant dautres Facultés strasbourgeoises, comme Jean Gagé et Marcel Simon9.

Entre 1921 et 1939 sont publiés 15 articles, 2 études critiques et 2 « Vient de paraître10 ». Même si les publications sur lhistoire du christianisme ancien sont, à vrai dire, assez peu nombreuses, le profil scientifique des auteurs, les sujets traités et lapproche rigoureusement historico-critique montrent que la RHPR se configure comme une revue attentive aux débats historiographiques et aux changements de paradigmes qui intéressent les historiens des premiers siècles chrétiens, si bien que, comme laffirme François Laplanche, elle va jouer un rôle majeur « aux côtés de la Revue de lhistoire des religions [] dans la diffusion en France des travaux universitaires consacrés à lhistoire du christianisme11 ». Les publications parues à cette époque reflètent en fait les nouveaux présupposés théoriques que, dans un climat souvent polémique, une partie du monde académique français était en train délaborer. Lune des figures de proue de cette phase est Eugène de Faye.

Directeur détudes à la section des Sciences religieuses de lÉcole Pratique des Hautes Études et professeur dHistoire ancienne de lÉglise à la Faculté libre de théologie protestante de Paris, de Faye compte parmi les premiers collaborateurs de la Revue. Spécialiste reconnu du gnosticisme et des théologiens alexandrins, il avait enseigné à la Faculté de théologie protestante de Strasbourg durant lannée intérimaire de la nouvelle université française (1919)12. 13Entre 1921 et 1929, il publie plusieurs recensions et deux articles13. Le premier, daté de 1923, est consacré à Origène. De Faye, qui travaillait à sa trilogie sur lAlexandrin14, expose dans cet article ce qui à ses yeux fait la spécificité du grand théologien : Origène, affirme-t-il, nest ni un exégète ni un interprète des Écritures, mais, comme le montre son traité Sur les principes, un dogmaticien, dont la pensée se déroule de manière parallèle à celle des maîtres gnostiques de son temps. Même si de nos jours son interprétation, qui suit de près celle dAdolf (von) Harnack, est fortement remise en question15, il est indéniable que de Faye représente une figure pionnière dans le domaine des études origéniennes en France, et plus particulièrement chez les chercheurs protestants16. Il est en outre lun des premiers historiens à sinterroger sur la valeur des traductions latines des œuvres dOrigène et à se méfier des intentions apologétiques de Rufin. Surtout, de Faye sinscrit en faux contre lhistoriographie traditionnelle qui, perpétuant la vision de lhistoire chrétienne inaugurée par Eusèbe, savérait être plus théologique quhistorique et finissait par rejoindre la conception catholique de lÉglise et de son histoire.

Lhistorien prend explicitement position dans un article paru en 1927 intitulé « Que vaut la documentation patristique17 ? ». La réponse de de Faye à la question indiquée dans le titre est tranchante : la valeur historique de cette littérature est nulle si elle nest pas passée préalablement au crible de la critique. Aux savants qui « pour des raisons dogmatiques [] saccordent à protéger au moins certaines parties de la documentation ecclésiastique18 », il oppose le principe du devenir historique des croyances et des doctrines : trop éloignés des circonstances des ier et iie siècles, Eusèbe et les autres auteurs 14du ive siècle nétaient plus en mesure de comprendre les chrétiens des premières générations ; ils les ont interprétés de façon à les faire accorder avec lorthodoxie de leur temps, si bien que ce qui leur semble y contrevenir était soit condamné et taxé dhérésie soit corrigé19. Cest la raison pour laquelle, conclut-il,

lhistorien ne peut utiliser la documentation ecclésiastique traditionnelle quavec les plus expresses précautions. Sa critique doit être sans cesse en éveil. Il ne doit la traiter, ni avec une indulgence qui trahirait un certain faible pour elle, en raison de son origine, ni avec un certain dédain que pourrait lui inspirer précisément cette origine. Aucune étude nexige un plus grand effort dimpartialité et de compréhension dhommes, didées, de mentalité bien différents de nous-mêmes et de nos habitudes desprit20.

Cette attention à la méthode historique émerge également chez les autres contributeurs : Seston, Gagé et Piganiol traitent de thématiques proprement historiques21 ; Simon publie deux articles consacrés aux rapports entre judaïsme et christianisme, un sujet qui, par ailleurs, correspondait au champ dintérêt des néotestamentaires de la Faculté22.

Vues dans leur ensemble, ces contributions semblent traversées par un fil conducteur. En effet, aussi bien les articles que les comptes-rendus expriment une conscience nouvelle du travail historique : les auteurs, quils soient affectés aux Facultés de Théologie ou à celles des Lettres, partagent le même sentiment de vivre une phase de la recherche où, grâce à la méthode de la critique historique et littéraire, la connaissance du passé chrétien est réellement en train de progresser. Cette conviction les amène à réagir contre toute démarche quils considèrent comme non scientifique, quil sagisse de lhistoriographie traditionnelle confessionnelle23 ou des 15travaux des chercheurs qui, sous couvert de la critique des sources, donnent libre cours à leurs visées antichrétiennes24.

La théologie protestante
et le « renouveau patristique »

Si, dans la période antérieure au deuxième conflit mondial, les études sur lAntiquité chrétienne sont caractérisées par le renouvellement de la recherche historique, dans les années 1950, elles se distinguent par lessor dun champ disciplinaire bien précis : la littérature chrétienne ancienne, plus précisément le corpus dauteurs traditionnellement appelés Pères de lÉglise25. En France, le point de départ de ce mouvement, que les chercheurs définissent comme le « renouveau patristique », se situe dans les milieux catholiques de limmédiat après-guerre, notamment à Lyon, mais des institutions laïques, comme la Sorbonne, jouent, elles aussi, un rôle décisif26. Dès lors, Henri-Irénée Marrou, Henri de Lubac et Jean Daniélou changent la manière dappréhender les théologiens de lAntiquité. Ces chercheurs prônent en fait le retour aux sources de la tradition chrétienne sur la base dune approche nouvelle : lire les Pères non à partir des dogmes, mais en eux-mêmes, en tant que témoins de la foi chrétienne. Selon leur orientation scientifique, ils axent leurs recherches sur des aspects littéraires, philosophiques ou plus proprement théologiques, mais tous se proposent datteindre une connaissance objective des auteurs du passé chrétien.

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Ce nouveau climat culturel se diffuse également auprès des universitaires protestants. La Faculté de Théologie protestante de Paris institue la chaire dHistoire de lÉglise ancienne et patristique. À Strasbourg, la réorganisation de lenseignement de lhistoire en 1950 amène à la création de la chaire dHistoire de lÉglise ancienne. Même si le terme « patristique » napparaît pas dans lintitulé, son titulaire, André Benoît, consacre une part importante de son activité denseignement et de recherche à ces auteurs quen connaissance de cause il appelle « Pères27 ».

Cette attention nouvelle accordée aux théologiens de lAntiquité se reflète dans les publications de la RHPR. Pour la première fois, paraissent des articles sur Augustin : deux chercheurs de renom, Pierre Courcelle et Jean Pépin, publient leurs études sur lévêque dHippone, respectivement en 1952 et en 195428. Jean-Michel Hornus consacre ses travaux au Pseudo-Denys29 et à Tertullien30. Benoît lui-même publie en 1960 un article sur Irénée, dans lequel il anticipe un thème qui fera lobjet, en 1961, dun petit livre intitulé Lactualité des Pères de lÉglise. Dans cet ouvrage, qui encore de nos jours est considéré comme un texte de référence, Benoît mène une réflexion sur limportance que les Pères peuvent recouvrir aujourdhui pour les croyants protestants. Pour répondre à cette question, il donne tout dabord sa définition des Pères de lÉglise : pour un chrétien qui appartient aux Églises issues de la Réforme, affirme-t-il, les Pères sont des témoins de lexégèse de lÉcriture. La littérature patristique peut en effet être considérée comme « un vaste commentaire de lÉcriture, comme une immense œuvre dinterprétation des données de la révélation dont témoigne la Bible31 ». Lintérêt de cette littérature est donc évident :

Les Pères représentent pour nous une flèche qui nous oriente vers lÉcriture sainte, qui nous atteste la compréhension de lÉcriture quont eue les auteurs des premiers siècles chrétiens32.

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La définition proposée par Benoît marque un véritable tournant dans lhistoire de la recherche, car elle se distingue, dune part, de la définition catholique, fondée sur les quatre critères de lorthodoxie doctrinale, de la sainteté de vie, de lancienneté et de lapprobation par lÉglise, et, dautre part, de celle des historiens du xixe siècle, avec leurs présupposés positivistes. En réaction à ces derniers, il sappuie sur les réflexions de Raymond Aron, Henri-Irénée Marrou et Paul Ricœur pour revendiquer le rôle de la subjectivité de lhistorien dans lélaboration de lhistoire. Et Benoît de conclure :

Si lhistorien est libre de choisir sa question, lhistorien protestant sera donc libre dinterroger le passé en fonction de ses principes théologiques et dogmatiques. Et comme la base de toute théologie protestante est laffirmation de lautorité de lÉcriture, le théologien protestant interrogera les écrivains chrétiens de lantiquité sur leurs rapports avec lÉcriture33.

Cest ainsi, par ces réflexions, que, durant les années du « renouveau patristique », Benoît inaugure lapproche protestante en vue de létude des auteurs chrétiens de lAntiquité. Pour favoriser cette orientation de la recherche, centrée sur la place de la Bible chez les Pères, il élabore un projet à la fois novateur et ambitieux : en 1965, en collaboration avec Pierre Prigent, il fonde le Centre dAnalyse et de Documentation Patristiques (CADP), dont la mission était de créer un répertoire des citations et des allusions bibliques que lon rencontre dans la littérature chrétienne ancienne34. Comment ils lexpliquent dans un article paru dans la RHPR en 1966, le Centre visait deux objectifs principaux : fournir un outil de travail à ceux qui sintéressaient à lexégèse patristique et, par la comparaison des citations, reconstituer lhistoire du texte biblique dans lAntiquité chrétienne35.

Parallèlement aux activités de recherche du Centre, le nombre darticles sur la littérature chrétienne ancienne publiés dans la RHPR 18augmente considérablement. Entre 1965 et la fin de lannée 1980, on en compte un peu plus dune trentaine : Clément dAlexandrie, Origène, le Pseudo-Denys, Augustin, Grégoire de Nysse, Grégoire de Nazianze, Jean Chrysostome, Hilaire de Poitiers, et encore lanonyme Épître à Diognète font lobjet de fines analyses littéraires, théologiques et historiques. La plupart des contributeurs sont des chercheurs affectés au CADP36, mais des collaborateurs extérieurs ne font pas défaut37.

Le premier numéro de lannée 1991, dédié à André Benoît pour son soixante-dixième anniversaire, contient presque exclusivement les contributions des chercheurs qui travaillaient ou avaient travaillé au sein de léquipe38. Lannée suivante, Charles Munier publie une sorte détat des lieux sur les recherches patristiques à la Faculté de théologie protestante de Strasbourg39. En 1996, Pierre Maraval dresse un premier bilan des trente ans dexistence du CADP40. Ces trois séries de publications renouvellent la réflexion sur limportance dun champ de recherche qui a déjà parcouru un bon bout de chemin dans les institutions universitaires protestantes. Surtout, elles confirment la réalisation du projet scientifique des fondateurs du Centre, en en soulignant la spécificité : conjuguer études patristiques et bibliques.

Quelques mots de conclusion

Les deux époques sur lesquelles nous avons choisi de focaliser notre attention représentent deux moments déterminants pour lhistoire de la recherche sur lAntiquité chrétienne. Bien entendu, elles portent la marque de leur temps. La conviction, propre aux premières décennies du xxe siècle, datteindre la vérité historique, parce que lon possède une « méthode », cède le pas, au lendemain 19de la Seconde Guerre mondiale, à une vision plus subjective du travail de lhistorien ; la volonté de déconstruire une mauvaise interprétation du passé chrétien et de la reconstruire sur la base de fondements plus scientifiques est remplacée par la certitude que le retour aux sources ne doit pas se faire avec un regard orienté exclusivement vers le passé, mais signifie se confronter avec ceux qui nous ont précédés pour mieux faire face aux interrogations du présent. Témoin et protagoniste de ces changements de sensibilité, la RHPR a contribué, par les travaux quelle a publiés, à la production et à la diffusion des connaissances sur lAntiquité chrétienne, tantôt en suivant les modèles épistémologiques existants, tantôt en en suggérant des nouveaux.

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Bibliographie

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Simon, Marcel, « Melchisédech dans la polémique entre juifs et chrétiens et dans la légende », RHPR 17, 1937/1, p. 58-93.

Simon Marcel, « Sur deux hérésies juives mentionnées par Justin Martyr », RHPR 18, 1938/1, p. 54-58.

Strohl, Henri, « Marcion : LÉvangile du Dieu étranger », RHPR 3, 1923/2, p. 156-168.

1 Parmi les aspects les plus révélateurs des changements de paradigme figure lintitulé de cette discipline, qui varie selon les époques et les milieux : Histoire ancienne de lÉglise, Histoire de lÉglise ancienne, Histoire du christianisme ancien, Histoire de lAntiquité chrétienne.

2 Il importe également de rappeler le rôle joué par la Revue de lhistoire des religions, dirigée par le médiéviste Paul Alphandéry. Pour une analyse des débats dans les milieux protestants français, voir Cabanel, 1994 ; pour les milieux catholiques, cf. Laplanche, 2006.

3 Pour lhistoire de la Faculté entre 1919 et 1945, voir Arnold, 1990.

4 Parmi les membres du Comité organisateur figurent Adolf von Harnack, James G. Frazer, Charles Guignebert, Eugène de Faye, Ernesto Bonaiuti et Raffaele Pettazzoni. Sur cet important événement et ses retentissements, cf. Lannoy, 2012.

5 Avant la parution des trois volumes des Actes du Congrès (Chouchoud, 1928), plusieurs conférences furent publiées dans le septième volume de la RHPR (1927) : il sagit des communications dAntonin Causse, Anton Fridrichsen, Charles Guignebert, Eugène de Faye, Adolphe Lods, Ernst Lohmeyer, Thadée Zielinski, Georg Bertram et Paul Alphandéry.

6 Élève de Jérôme Carcopino, William Seston était un historien de Rome. Nommé Maître de conférences en Histoire du christianisme en 1929, il enseigne dans la Faculté strasbourgeoise jusquà 1936. Il poursuit sa carrière dabord à la Faculté des Lettres de Bordeaux, ensuite à Montpellier et à Toulouse et enfin à la Sorbonne. DOscar Cullmann, quil nest pas nécessaire de présenter dans ces pages, nous rappelons simplement que son profil scientifique très particulier lui permettait de traiter aussi bien des origines chrétiennes que de la période antique tardive. Ses contributions pour la Revue portent néanmoins sur le christianisme primitif, même si souvent son analyse sétend à lépoque postérieure.

7 Parmi les contributions rédigées par des enseignants de la Faculté, il convient de rappeler deux études critiques, respectivement dHenri Strohl (1923), sur le Marcion dAdolf Harnack (Leipzig, 1921), et de Jean Héring (1939), sur la monographie dEinar Molland, The Conception of the Gospel in the Alexandrian Theology (Oslo, 1938).

8 Collaborateur assidu de la Revue, Maurice Goguel sintéresse notamment au christianisme primitif. Il rédige néanmoins de nombreuses recensions sur le christianisme ancien. Charles Guignebert, professeur dHistoire du christianisme à la Sorbonne, écrit un article sur les conceptions chrétiennes antiques de la nature de lâme (1929). Henri-Charles Puech, alors directeur détudes à lÉcole Pratique des Hautes Études, publie en 1933 une importante étude critique sur louvrage de Walter Volker, Das Vollkommenheitsideal des Origenes (Tübingen, 1931). DEugène de Faye, nous parlerons plus longuement un peu plus loin.

9 Historien de Rome à lInstitut dhistoire ancienne, Jean Gagé est nommé professeur de Civilisation romaine au Collège de France en 1955. Sa collaboration avec la RHPR dure jusquà 1961. Marcel Simon, professeur et ensuite doyen de la Faculté des Lettres, publie régulièrement pour la Revue : entre 1937 et 1971, il livre 13 articles, dont 8 sur le christianisme ancien.

10 Pour la liste complète des articles et des études critiques parus dans la Revue de 1921 à 1945, nous renvoyons à Guérin, 1946, p. 10-11 (« Christianisme antique et médiéval ») ; p. 20-52 (« Table des ouvrages recensés », toutes matières confondues).

11 Laplanche, 2006, p. 91.

12 Cf. Arnold, 1990, p. 23.

13 De Faye, 1923/2 ; 1927/3. Lhistorien publie aussi deux autres articles, lun sur le livre des Actes et lautre sur Alexandre dAbonotique, dont nous ne tenons pas compte ici.

14 De Faye, 1923-1928.

15 Cf. Alexandre, 2006, p. 54.

16 Cest dans ces termes que Jean Héring présente le travail sur Origène du feu collègue parisien dans un article paru dans la RHPR en 1929, p. 319 : « Comment se fait-il que la Théologie protestante moderne nait produit aucune monographie scientifique sur le grand théologien égyptien avant celle que nous avons aujourdhui lhonneur de présenter à nos lecteurs en déplorant avec eux de ne plus pouvoir donner la parole à lauteur lui-même qui fut un collaborateur fidèle et éminent de cette Revue ? ».

17 Cet article correspond à la communication que de Faye avait présentée en 1927 au Congrès en lhonneur de Loisy.

18 De Faye, 1927/3, p. 265.

19 Cf. par exemple les corrections que Rufin, selon de Faye, aurait apportées à lœuvre dOrigène.

20 De Faye, 1927/3, p. 273.

21 Seston écrit trois articles : sur les juifs et les chrétiens dans lEmpire romain (1931), sur les origines de la paroisse rurale en Gaule (1935) et sur la conversion de Constantin (1936). De retour de fouilles archéologiques en Afrique du Nord, Gagé publie une étude sur une inscription funéraire chrétienne découverte à Hippone (1929) ; il sintéresse aussi à la symbolique triomphale de la croix dans lEmpire chrétien (1933). Piganiol ne publie quun seul article, en 1932, où il discute les dates respectives de la victoire de Constantin sur Licinius et de lédition des Institutions divines de Lactance.

22 Simon, 1937 ; 1938.

23 Cf. par exemple la recension très sévère de la monographie de Gustave Bardy, Clément dAlexandrie (Paris, 1928), que de Faye rédige en 1929, ou celle, tout aussi critique, de Seston, en 1938, au deuxième volume de lHistoire de lÉglise de A. Fliche et V. Martin (Paris, 1935).

24 Cf. la recension de Louis Rougier, Celse ou le conflit de la civilisation antique et du christianisme primitif (Paris, 1925), dans laquelle de Faye conteste le mobile polémique de lauteur : « Dans sa pensée, commente-t-il, Celse représente lopposition qui a toujours existé et qui ne peut pas ne pas exister entre une conception de la vie fondée uniquement sur la raison, la science et lesthétique, et le Christianisme de tous les temps » (1927/1, p. 79-80).

25 Les remarques que nous avons formulées à propos des présupposés théoriques inhérents aux différentes manières dappeler lhistoire du christianisme ancien valent aussi pour la littérature chrétienne de lAntiquité. Sur la valeur connotée des termes « patristique » et « patrologie » et sur les implications théologiques de lexpression « Pères de lÉglise », cf. Junod, 1997, p. 534-543.

26 Pour une présentation documentée de ce phénomène, voir Blanchard – Bady, 2007.

27 Cf. Marrou, 1963, p. 452 : « le professeur Benoît est un témoin remarquable du renouveau patristique qui se manifeste actuellement dans la pensée protestante française, ranimant ainsi une tradition qui sétait un peu oblitérée depuis la mort dEugène de Faye ».

28 En 1959, Courcelle publie aussi une étude sur Luther lecteur dAugustin.

29 Hornus écrit plusieurs articles sur le Pseudo-Denys. Cf., à titre dexemple, Hornus, 1955.

30 Hornus, 1958.

31 Benoît, 1961, p. 54.

32 Benoît, 1961, p. 54.

33 Benoît, 1961, p. 43.

34 Nous disons « littérature chrétienne ancienne » et non « littérature patristique », parce que, de fait, les promoteurs du projet avaient fait le choix de ne pas restreindre leur travail de recensement des sources scripturaires aux seuls « Pères », mais de lélargir à tous les écrits chrétiens, complets ou fragmentaires, indépendamment de leur orientation théologique. La littérature apocryphe chrétienne y trouvait donc sa place.

35 Benoît – Prigent, 1966. Les fondateurs du Centre envisageaient la création dun instrument moderne au service de la recherche : ce répertoire se présentait ainsi comme un dossier de fiches microphotographiques des pages contenant la citation biblique. Les résultats étaient régulièrement publiés dans la collection Biblia patristica.

36 Notamment, Pierre Maraval, qui en fut le directeur, Daniel A. Bertrand, Éric Junod et Annie Hanriot-Coustet.

37 Il importe de rappeler les noms de Simon Petrement, Jacques Schwartz et Jean Doignon.

38 Dans lordre, Jean-Daniel Dubois, Éric Junod, Daniel A. Bertrand, Thierry Ziegler, Pierre Prigent, Madeleine Scopello, Annie Hanriot-Coustet, Pierre Maraval.

39 Munier, 1992.

40 Maraval, 1996.