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Classiques Garnier

Ernst Lohmeyer et l’« idée » juive et chrétienne du martyre

  • Type de publication : Article de revue
  • Revue : Revue d’Histoire et de Philosophie Religieuses
    2020 – 1, 100e année, n° 1
    . varia
  • Auteur : Grappe (Christian)
  • Résumé : L’article qu’Ernst Lohmeyer a publié dans la RHPR en 1927 sur l’« idée » juive et chrétienne du martyre relève de l’application de catégories néokantiennes au donné biblique et parabiblique. Il explique le martyre en fonction d’une métaphysique des deux mondes dans laquelle le témoin est simultanément l’avocat de Dieu sur terre, porté et conduit qu’il est par la Parole, et attiré et élevé par Dieu jusqu’à lui malgré sa mort qui se trouve elle-même subvertie.
  • Pages : 67 à 83
  • Revue : Revue d'Histoire et de Philosophie religieuses
  • Thème CLIL : 4046 -- RELIGION -- Christianisme -- Théologie
  • EAN : 9782406103721
  • ISBN : 978-2-406-10372-1
  • ISSN : 2269-479X
  • DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-10372-1.p.0067
  • Éditeur : Classiques Garnier
  • Mise en ligne : 01/04/2020
  • Périodicité : Trimestrielle
  • Langue : Français
  • Mots-clés : Ernst Lohmeyer, eschatologie, foi, grâce, martyr, martyre, métaphysique des deux mondes, mort, néokantisme, témoin
67

Ernst Lohmeyer et l« idée » juive
et chrétienne du martyre1

Christian Grappe

Université de Strasbourg – Faculté de Théologie Protestante (UR 4378)

Introduction

Ernst Lohmeyer (1890-1946) est sans aucun doute lune des figures marquantes de lexégèse néotestamentaire du xxe siècle, tant par son apport à la discipline2 que par son itinéraire personnel fait dengagement sans concession à la suite du Christ et de lÉvangile.

Ce combat intransigeant la amené à être pris entre le marteau et lenclume, ou, plus précisément, pour paraphraser le titre dune monographie récemment parue3, entre la croix gammée et la faucille. De fait, il résista dabord contre le nazisme, quil na pas hésité à stigmatiser en tant qu« esprit mauvais » (Ungeist) dans le cadre dun cours quil consacrait à la christologie du Nouveau Testament en juin 1933, et plus spécialement contre lantisémitisme que promouvait cette idéologie4. Cela lui valut dêtre muté, en 1936, de lUniversité de Breslau, où il avait succédé à Rudolf Bultmann en 681920 et où il avait exercé les fonctions de recteur en 1930-1931, à celle de Greifswald où il enseigna, dans un premier temps, jusquen 1939. Cette année-là, il fut mobilisé, le 27 août, dans larmée, à lâge de 49 ans, et fit preuve dun comportement irréprochable puisquil œuvra, partout où il fut en fonction durant la période de presque quatre ans que dura cette mobilisation, en vue de protéger autant que possible les populations civiles5. De retour à Greifswald en 19436 suite au décès de Kurt Deissner, qui occupait la chaire de Nouveau Testament depuis son départ à larmée, il reprit son activité denseignant à luniversité durant le semestre dhiver 1943-1944. Quand la pression de lArmée rouge devint manifeste, il fut de ceux qui plaidèrent en faveur dune reddition de la ville et de son université pour éviter leur destruction7. La reddition eut lieu le 30 avril 19458 et il fut nommé, dès le 3 mai, vice-recteur de ladite université9 puis, en date du 15 mai, recteur, et cela par ladministration soviétique et non au terme de la procédure académique habituelle10, après que le précédent titulaire de la fonction eut été arrêté en raison de son activisme pro-nazi11. Dès le 30 mai, la fermeture de luniversité fut décidée en vue d« une épuration des moyens, des forces et des manuels denseignement12 » dont il était prévu quelle durât un mois, mais qui se prolongea. Les autorités soviétiques étaient partisanes dune épuration pure et dure alors que Lohmeyer, conscient du fait que le corps enseignant avait été décimé par les années de guerre13 et que, dans certaines disciplines, notamment médicales et paramédicales, le besoin était impérieux de disposer de personnes à même de soigner les blessés de guerre14, plaidait pour sa part, pour des 69raisons que lon qualifierait aujourdhui dhumanitaires, en faveur dun maintien en place de ceux qui avaient adhéré au parti nazi par opportunisme, sans en être des activistes. Cest ainsi que, comme le résume Edwards, « un anti-nazi fut condamné en tant que protecteur des nazis15 ». Lohmeyer fut arrêté dans la nuit du 14 au 15 février 194616 avant dêtre exécuté le 19 septembre 1946, cette exécution étant tenue secrète pendant plusieurs années dans le cadre de ce que lon a pu appeler l« affaire Lohmeyer17 ».

Lohmeyer et la RHPR : une longue histoire

Cest en 1927 que Lohmeyer a publié dans la RHPR un article, traduit par Jean Héring, intitulé « Lidée du martyre dans le Judaïsme et dans le Christianisme primitif ». Cette contribution est issue dune conférence quil a donnée dans le cadre du Colloque international dhistoire du christianisme en lhonneur dAlfred Loisy18. Il se pourrait cependant quil ait envisagé den publier une autre, puisque les archives dOscar Cullmann comportent une carte postale, datée du 2 juillet 1938, dans laquelle il remercie ce dernier pour sa traduction dun article, manifestement demeuré inédit19, sans que nen soient toutefois précisés le titre et la destination précise20.

Quoi quil en soit, cette unique contribution nest pas demeurée totalement isolée puisque, en 2009, Matthieu Arnold est revenu sur les circonstances tragiques de la mort de Lohmeyer – on pourrait dailleurs parler de son martyre – à travers le combat qua mené Oscar Cullmann en faveur de la réhabilitation de cet homme droit sur lequel avait été jeté le soupçon davoir collaboré avec le régime 70nazi dès lors quil avait été exécuté par les Russes. Cet article a suscité lui-même une réaction très émouvante de Michel Bouttier qui, suite à sa parution, a envoyé à la rédaction une lettre qui, fait exceptionnel dans lhistoire de la revue, a été ensuite publiée21. Elle faisait état de limpression très forte quavait faite sur lui les deux commentaires qua consacrés Lohmeyer respectivement à lépître aux Philippiens22 et à lApocalypse de Jean23. Le professeur, qui avait toujours tenu à demeurer en même temps pasteur, écrivait notamment, à leur propos, ceci :

Ils mont communiqué une manière de vue prophétique du sort qui attendait leur auteur, et, avec lui, les chrétiens de lEst prisonniers des nazis avant de mourir sous les balles ou au bout des cordes soviétiques. Une sorte dobsession de verset en verset. Ces lignes de lapôtre prisonnier à ses paroissiens eux-mêmes menacés. La mort qui est à la porte, perçue comme un « gain » du moment que le Christ est notre vie (Ph 1,21). Et la cohorte universelle de ceux qui, ayant lavé leur robe dans le sang de lAgneau, entonnent la cantate des martyrs (Ap 7,9-15). Il mest arrivé de penser parfois que Lohmeyer forçait la note, mais je dois rendre hommage à une exégèse qui fait à ce point corps avec lexistence. Et lassemblage de ces deux textes édifiait en quelque sorte le pont reliant les deux rives du pèlerinage terrestre, le plus intime en Philippiens, lultime en lApocalypse24.

Il savère en fait que la première publication de ces deux commentaires encadre la parution de larticle que leur auteur a dévolu au martyre et que renvoi est fait, dans le corps de larticle, tant au commentaire, déjà paru, de lApocalypse25 quà celui, alors à paraître, de Philippiens26. Cela rend les propos de Michel Bouttier encore plus parlants au moment daborder cet article dont il y a tout lieu de penser cependant quil nétait pas prémonitoire et quil exprime simplement ce que Lohmeyer estimait être le pouvoir de la vérité et lessence même de lidentité et de lexpérience collective et individuelle chrétienne, une expérience quil aura assumée à son tour en tant que témoin et martyr à la fois27.

71

Larticle proprement dit

La première chose quil convient de préciser en abordant cet article, cest que Lohmeyer est convaincu que des présupposés philosophiques sont inévitables dans le travail de tout exégète28 et quil assume de tels présupposés dans le sien propre, même sil ne les évoque pas explicitement. Il est, pour sa part, marqué par lidéalisme allemand, et plus particulièrement par linterprétation quen proposaient, dans le cadre du néokantisme, Rudolf Hermann29 et surtout Richard Hönigswald30, deux philosophes avec qui il fut amené à travailler dès les années 1920 à Breslau. Les expressions du néokantisme étaient nombreuses, chaque université ayant quasiment sa propre école pour le promouvoir31. Il réaffirmait, dans le sillage de Kant, limportance de lexpérience (Erfahrung), tout en faisant valoir, également à sa suite, que tout ne peut être connu. Il réhabilitait ainsi le sensible et le vécu tout en laissant toute sa place au domaine de lesprit. Ce dernier était même tenu pour plus essentiel, dès lors quil permet daccéder à des vérités plus profondes que celles auxquelles peut conduire la seule étude du sensible. Et parmi ces vérités plus profondes, il y avait celles que véhiculent lart et la poésie, mais aussi la foi en Dieu.

À Breslau, la forme que revêtit le néokantisme à linstigation de Hönigswald faisait valoir que les différentes formes de conceptualisation humaines sont autant de réflexions authentiques sur les réalités objectives (sachlich) qui surplombent les réalités empiriques32.

Hönigswald défendait par ailleurs la conception suivante de la foi :

Dieu nest pas parce que je crois en lui, mais je crois en lui parce quil est. Mais, dès lors, le contenu de la foi en lui reflète son « être ». [] 72Limmédiateté de Dieu révèle, sur le plan de la foi, le sens de tout ce qui est conditionné et de tout ce qui conditionne. Je pense Dieu dans le sens de la foi dès lors que je me sais « établi » par Dieu33.

La philosophie de Hönigswald a fourni à Lohmeyer le cadre et lespace conceptuels dans lesquels élaborer sa propre théologie, une théologie qui fait toute sa place à des réalités et à un monde qui surplombent leurs homologues matériels et qui va mettre en œuvre des concepts, rattachés à ces réalités et à ce monde autres, quil tient pour « objectifs ».

Demblée, Lohmeyer souligne, en sappuyant sur Calvin34, quil y a en fait deux aspects du martyre : lun, bien connu, et sur lequel il ne sappesantira pas, en fonction duquel ce dernier « a eu un effet favorisant lexpansion de lancienne Église35 » ; lautre, qui retiendra toute son attention et qui est tel que « [p]ar sa confession, le martyr est comme enlevé dans lau-delà36 ». Il précise immédiatement ceci :

Ce nest pas le courage personnel du héros qui le pousse à exposer sa vie pour sa conviction et qui transfigure de sa lumière les horreurs de la souffrance et de la mort ; cest un motif objectif37, à savoir le lien étroit entre le martyre et la foi qui le réclame comme son couronnement suprême38.

Après avoir parlé de « lidée du martyre » dans le titre de sa contribution, il va considérer en fait, dans une perspective néokantienne, « les conditions objectives de la conception religieuse du martyre39 ».

Délaissant ainsi un aspect du martyre qui sintéresse aux répercussions quil a pu avoir, à travers lhistoire, sur le plan horizontal, terrestre et historique, en stimulant la diffusion du christianisme, il va se concentrer sur son aspect vertical en quelque sorte, et plus précisément sur une double relation, descendante et ascendante, qui sétablit entre Dieu et le martyr dès lors que, « par sa confession, 73[il] est [non seulement] enlevé dans lau-delà », mais se fait aussi « lavocat de Dieu sur terre40 ».

Cette facette, ou plutôt cette idée du martyre, il la trouve déjà exprimée chez le Deutéro-Ésaïe et chez Jérémie, à travers le concept même délection. En effet, chez le premier, le peuple témoin est appelé par Dieu « mon serviteur que jai choisi » (És 43,941), et, chez le second, Dieu sadresse à son peuple en lui disant : « Cest par pure bonté que je tai attiré à moi » (Jr 31,342). Lohmeyer en infère que lidée du martyre suppose que « lexistence même du peuple se fonde sur un acte divin situé en dehors du temps et du déterminisme historique43 ».

Il la distingue dès lors de celle du prophétisme, quil caractérise comme faisant « réflexion sur lhistoire du passé44 » et isolant le peuple dIsraël, alors que la conception du martyre le considère au contraire « dans ses rapports avec dautres peuples45 » et lui assigne témoignage et souffrance non pas en tant que conséquences de péchés antérieurs mais en tant que corrollaire de « lélection qui fait de lui un témoin de Dieu46 ».

Il précise sa pensée dans une phrase clé, qui affirme ceci :

Cette relation nécessaire entre le témoignage et la souffrance est [] fondée dans une métaphysique qui suppose deux mondes éternellement en conflit ; la scène de ce combat, cest lhistoire du monde, et cest le peuple élu qui doit y jouer un rôle décisif47.

La métaphysique des deux mondes (sphère divine et champ de lhistoire) quil introduit ainsi établit en fait entre eux une distinction non seulement sur le plan spatial mais aussi sur le plan temporel dans la mesure où le martyre donne accès à un temps qui est affranchi des limites que nous lui connaissons :

Lexistence du peuple au sens religieux nest pas fondée uniquement dans des faits connus du passé, mais dans un sens divin et éternel48 de son histoire qui unit dune manière définie le présent au passé et à un avenir merveilleux49.

74

Il en résulte limpératif « de conserver et de confirmer [l]élection à travers lhistoire50 ». Mais, comme le peuple nest pas forcément fidèle dans son ensemble à la vocation qui est la sienne, il se peut que ce soient des individus, des justes, et non plus le peuple, qui réalisent cette mission, doù, pour Lohmeyer, loscillation que lon observe, pour la figure du serviteur, « entre deux types du martyr, le type individuel et le type collectif51 ». Et ce type individuel, il le voit illustré à travers la façon dont Rabbi Akiva affronte son propre supplice52 et au miroir de lévocation de la destinée de ceux qui brilleront comme les étoiles pour avoir enseigné la justice en Dn 12,353.

Dès lors, il enfonce le clou :

lorsque la mort est envisagée comme une exigence et comme une consommation de la Foi (comme dans lexemple dAkiba), cette idée implique [] laffirmation que le domaine de la vie et de lhistoire est radicalement impuissant à résoudre cette antinomie [entre la Foi et la Souffrance] ; ce nest que dans lautre monde que la Foi pourra se redresser dans une clarté que rien ne pourra ternir. Cest pourquoi la mort du Juste représente le pont qui mène en quelque sorte au pays de la paix complète, grâce à une métaphysique de lau-delà déjà présupposée dans lidée deutéroésaïenne du martyre54.

Cette idée, il la trouve encore illustrée en Sagesse de Salomon 3,1-755, dans des apocalypses juives, comme 4 Esdras 8,2756 [et suivants] ; 2 Baruch 52,5 [et suivants] ou encore 2 Hénoch 102-10457 et, plus loin dans sa contribution, en 2 et 4 Maccabées58.

Il en infère que « la religion juive a été une religion du martyre59 » et il cite Ps 119,41-46 pour faire valoir une nouvelle fois que le témoignage du martyr « nest pas le sien propre, car il apporte un message divin60 », et aboutir au constat suivant :

Une fois de plus la métaphysique des deux mondes joue ici un rôle décisif. Cest dans la puissance de lun de ces mondes quil [le martyr] soffre aux injures et aux blasphèmes de lautre61.

75

Il poursuit en ces termes :

Devenu ainsi le messager et le témoin dun autre monde, il ne sera plus atteint par aucun événement fortuit ; tout ce quil lui arrive est nécessaire de part [sic] la volonté de Dieu, et lacte de sa foi et de son témoignage est plutôt un acte de la grâce divine. Sa souffrance et à plus forte raison sa mort sont comme transfigurées par un rayon de la Majesté divine62.

Juste avant daborder la littérature protochrétienne, Lohmeyer fait valoir que, dans tous ces textes, « le martyre est envisagé du point de vue eschatologique63 » et précise sa pensée ainsi :

Comme le martyr en tant quindividu réalise typiquement la destinée de la communauté religieuse à laquelle il appartient, il participe en quelque sorte au caractère surnaturel de lhistoire du peule élu, telle quelle sera manifestée à la fin des temps par un acte divin64.

Il ajoute encore, toujours marqué par la métaphysique des deux mondes, que le martyr « révèle le caractère nettement théophobe du monde65 ».

Après avoir regretté que, au tournant de notre ère, le judaïsme ait eu tendance à mêler cette conception du martyre à une autre qui « présente la mort et la souffrance du martyr comme un événement destiné à manifester et à apaiser la colère divine au sujet des péchés du peuple66 », Lohmeyer indique que lon trouve chez Paul pareille tendance, du fait de sa conception « de la mort expiatoire du Christ67 ». Il retrouve en revanche « tous les éléments constitutifs 76de la conception juive du martyre68 » dans la prédication de Jésus, que ce soit dans la béatitude adressée aux persécutés (Mt 5,11-12), dans lévocation de la persécution qui a touché tous les messagers de Dieu depuis Abel (Mt 23,35), dans la présentation que fait le Jésus marcien de la destinée de Jean Baptiste en Mc 9,13, ou encore dans les annonces que le Nazaréen fait de sa propre passion69. Il affirme que ce sont « les connaissances intuitives dune opposition fondamentale entre la Foi et lHistoire, Dieu et le monde qui ont donné naissance à ces idées et à ces paroles70 ».

Il retrouve pareille idée du martyre aux origines mêmes du mouvement chrétien naissant en envisageant cette fois la relation verticale quil instaure entre deux mondes tant dans le sens ascendant que dans le sens descendant en invoquant respectivement « la joie sublime du martyr71 », qui le relie, dans sa destinée tragique, à la sphère céleste, et « la joie de la prédication72 », qui fait de lui au même moment lavocat de Dieu sur terre. Il est symptomatique ici quil interprète le tremblement de terre dont il est question en Mt 27,51 au moment de la mort de Jésus et leffusion de lEsprit Saint sur les disciples au moment de la Pentecôte en Ac 2,4 comme autant de confirmations de la métaphysique des deux mondes qui sous-tend lidée du martyre telle quil lentend. Mais cest le martyre dÉtienne qui en fournit pour lui la plus belle illustration, Étienne dont le « long discours [] développe le sens spirituel de toute lhistoire dirigée par Dieu, à savoir lopposition entre Dieu et le peuple, prouvée toujours à nouveau par les témoins et les témoignages de Dieu73 », et qui, en mourant, « voit les cieux ouverts74 ». En tant que « prophète et [] voyant à qui les mystères de lau-delà sont révélés75 », il apparaît simultanément inspiré par Dieu et attiré à lui dans le plan vertical sur lequel se déploie la métaphysique des deux mondes.

Lohmeyer évoque enfin les deux écrits clés au sein desquels il discerne lidée du martyre quil définit dans sa contribution. Il aborde dans un premier temps lÉpître aux Philippiens, dans laquelle Paul « se sent le plus intimement lié au Christ » « précisément » en 77« des moments de témoignage et de souffrance76 », si bien qu« il peut proclamer : “La vie (cest-à-dire la vie du martyre) est pour moi Christ et la mort un gain77” » (Ph 1,21) et faire retentir toujours nouveau « lappel à la joie78 » en fonction de « lidentité du destin et de la grâce79 ». Il passe ensuite brièvement à lApocalypse dans laquelle

La pérégrination à travers les images dhorreurs des derniers temps est comme une copie de la pérégrination de lindividu par la souffrance et par la mort jusquà la félicité du martyre80.

Il conclut son propos en rappelant une dernière fois que lidée du martyre « repose sur lopposition [] entre lHistoire et la Foi, le monde terrestre et laction divine81 ». Et il ajoute, dans un passage qui illustre combien, jusquà sa propre mort, il sest conformé à cette idée du martyre :

Aussi entraîne-t-elle pour la Foi la nécessité de la souffrance et de la mort, non pas comme preuve dun héroïsme personnel, mais comme accomplissement dun devoir objectif82 et par conséquent comme une expérience de la grâce divine83.

Conclusion

Néokantien jusquau bout, Lohmeyer fait ainsi une lecture du martyre qui apparaît profondément théologique et qui pourra savérer, pour certains, fort peu sociologique. Elle atteste une remarquable capacité de synthèse et de systématisation qui caractérise lœuvre de certains théologiens allemands qui, en dialogue avec les sciences humaines et sociales et en reliant faits et textes, sont en mesure de proposer des reconstructions de grande ampleur. Ces dernières ont lavantage de fournir un cadre explicatif général, 78même si elles présentent toujours, par delà ce qui fait leur force, leurs faiblesses. On pourra penser à cet égard à lœuvre de Gerd Theissen et, plus particulièrement, à la théorie des origines chrétiennes quil a élaborée84.

Il est clair que le temps a passé et que lon ne pourrait plus aujourdhui aborder la question du martyre comme Lohmeyer le fait dans sa contribution, ce qui ne signifie pas pour autant que cette dernière ait perdu toute pertinence. Sans avoir alors pris connaissance de son article – il nous faut le reconnaître ici à notre grande confusion –, nous avons nous-même étudié la question de Lau-delà dans la Bible dans le cadre dune monographie. Nous avons été amené à y distinguer deux trajectoires en termes de représentations de lau-delà, celle dune eschatologie temporelle, horizontale, qui raisonne avec pour horizon le Jugement dernier et la résurrection des morts, et celle dune eschatologie spatiale, verticale, qui envisage que le juste, le martyre ou, plus largement, le croyant, passe en quelque sorte à sa mort, qui nen est plus vraiment une, de ce monde au Père85. Lessai de Lohmeyer sappuie sur nombre des passages qui peuvent, à nos yeux, étayer lexistence dune telle trajectoire. Il garde ainsi sa pertinence et savère même novateur sur bien des points, notamment à travers la prise en compte des littératures intertestamentaire et rabbinique pour compléter les données proprement bibliques. Toutefois, plus que tout, il atteste la cohérence et le courage dun homme qui est resté jusquau bout fidèle à ce quil avait défini comme l« idée » juive et chrétienne du martyre, en étant lui-même un témoin porté par cette idée, traduite dans des textes quil étudiait avec un regard pénétrant et porteuse dune espérance qui a pu éclairer de son invincible lumière la destinée qui la conduit à affronter la mort dans les circonstances tragiques que lon sait.

79

Appendice :
Note sur la traduction
de larticle par Jean Héring

Au cours de notre étude de larticle de Lohmeyer, nous avons été amené à vérifier à plusieurs reprises dans loriginal allemand ce qui sy trouvait.

Nous avons eu la surprise de constater que le mot Idee, sil figure bien dans le titre de larticle, ny apparaît ailleurs quune seule fois, cette unique occurrence nétant dailleurs pas traduite par « idée » dans la version française86.

Cela nous a conduit à effectuer une enquête dont on trouvera les résultats ci-après, dans un tableau récapitulatif au sein duquel les occurrences du mot « conception », systématiquement suivies dune astérisque, sont distinguées ainsi de celles du mot « idée ». Ce tableau permet de constater que Héring a, quand il les a rendues dans la version française, traduit les occurrences de Gedanke et de ses composés par « idée », et celles de Konzeption par « conception », alors quil traduit, selon les cas, Anschauung par « idée » ou « conception » et quil peut choisir encore dautres termes pour restituer Begriff.

Nous avions craint au départ que lapparition massive du mot « idée » dans le texte français ait pu modifier le propos de Lohmeyer et donner limpression abusive quil a été influencé par le néokantisme. La présentation qui a été faite de son article montre que son propos, marqué par la métaphysique des deux mondes et cherchant à mettre en évidence « les conditions objectives de la conception religieuse du martyre », a été fort bien respecté, même si, comme le signalent certaines des notes, Héring a fait preuve de souplesse et de liberté pour proposer une traduction que lon pourra tenir pour plus cibliste que sourcière. En faisant ce travail de repérage, nous avons tenu aussi à rendre hommage aux auteurs qui, depuis quest publiée la RHPR, se sont lancés dans lexercice toujours périlleux de traduire en français des textes initialement écrits dans une autre langue et qui ont ainsi joué, sur le plan horizontal, le rôle essentiel de passeurs entre deux mondes.

80

Terme allemand

Trad. par
idée

Trad. par
conception*

Références
(texte français)

Références
(texte allemand)

Anschauung

5

7

p. 316, l. 5*

p. 317, l. 2*

p. 317, l. 15*

p. 318, l. 13

p. 321, l. 1

p. 321, l. 13*

p. 322, l. 40

p. 325, l. 7*

p. 325, l. 21*

87

p. 326, l. 29*

p. 328, l. 30

p. 329, l. 12

p. 232, l. 5

p. 233, l. 8

p. 233, l. 22

p. 234, l. 25-26

p. 238, l. 3

p. 238, l. 14

p. 240, l. 7

p. 243, l. 10

p. 243, l. 2588

p. 245, l. 5

p. 245, l. 17

p. 248, l. 1

p. 248, l. 33

Begriff

5

2

p. 317, l. 18*

p. 318, l. 16

p. 318, l. 17

p. 318, l. 37

p. 319, l. 17

p. 321, l. 28

p. 324, l. 38*

89

90

91

p. 233, l. 25

p. 234, l. 3592

p. 235, l. 18

p. 236, l. 4

p. 239, l. 1

p. 243, l. 2

p. 245, l. 4

p. 248, l. 5

p. 248, l. 12

Gedanke

15

0

p. 317, l. 19 (2x)

p. 317, l. 25

p. 317, l. 35

93

p. 319, l. 3

94

p. 319, l. 21

p. 319, l. 2595

p. 320, l. 19

p. 320, l. 31

p. 233, l. 26 (1x)96

p. 234, l. 1

p. 234, l. 11

p. 234, l. 27-28

p. 235, l. 28

p. 236, l. 1

p. 236, l. 9

p. 236, l. 12-13

p. 237, l. 13

p. 237, l. 25

81

Gedanke

(suite)

p. 320, l. 37

p. 321, l. 1

97

p. 325, l. 11

98

99

p. 326, l. 16

100

p. 326, l. 20

p. 327, l. 5

p. 238, l. 1

p. 238, l. 3

p. 238, l. 20

p. 243, l. 13

p. 243, l. 18

p. 243, l. 22

p. 244, l. 25

p. 245, l. 2

p. 245, l. 3

p. 245, l. 32

Gedankenkreis

1

0

p. 317, l. 18

101

p. 233, l. 26

p. 243, l. 7

Idee

1

0

p. 316 (titre)

102

p. 232 (titre)

p. 245, l. 8

Konzeption

0

4

p. 318, l. 7*

p. 319, l. 19-20*

p. 321, l. 17*

p. 322, l. 17*

p. 234, l. 21

p. 236, l. 7

p. 238, l. 18

p. 239, l. 24

Tendenz

1

0

p. 319, l. 15

p. 236, l. 3

82

Bibliographie

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1 Nous remercions Marc Vial pour sa relecture attentive de notre manuscrit et pour les précieuses remarques quil nous a faites quand nous abordions le champ philosophique.

2 On trouvera une liste de ses publications chez Köhn, 2004, p. 342-351.

3 Edwards, 2019 (dont nous navons pu consulter quune version numérique, dans laquelle nest pas précisée la pagination de louvrage imprimé, doù nos renvois réguliers aux chapitres, aux sections et aux pages des sections de lebook).

4 Voir notamment à ce sujet Köhn, 2004, p. 78-93 ; Arnold, 2009, p. 13 ; Edwards, 2019, chap. 8-10.

5 Sur ce point, voir notamment le témoignage de Fritz Kleemann Jr., son comptable et son compagnon inséparable durant ces années de guerre, cité par Edwards, 2019, chap. 12, section « Descent into darkness », p. 5-6.

6 Edwards, 2019, chap. 12, section « The return », dernière page, évoque le caractère poignant des retrouvailles avec son épouse qui regrettera par la suite de ne pas avoir été en mesure, comme lui dailleurs, de faire autre chose que de rester figée à ce moment-là.

7 Köhn, 2004, p. 114-115 ; Edwards, 2019, chap. 13, « President Lohmeyer », page 2.

8 À ce sujet, Köhn, 2004, p. 115.

9 Ibidem.

10 Edwards, 2019, chap. 13, « President Lohmeyer », p. 3. Köhn, 2004, p. 116, rappelle que, de ce fait, Lohmeyer se considérait comme recteur de facto, et non pas de jure.

11 Sur cet événement et sur la personnalité dEngel, voir Edwards, 2019, chap. 13, « President Lohmeyer », p. 2 et 3.

12 « [] zur Säuberung der Lehrmittel, der Lehrkräfte und Lehrbücher » (Köhn, 2004, p. 117).

13 Ce point est souligné par Köhn, 2004, p. 116.

14 Ainsi Köhn, 2004, p. 118.

15 Edwards, 2019, chap. 14, « An Anti-Nazi Damned as Nazi Protector », titre de section.

16 Sur tout cela, Köhn, 2004, p. 114-136 et Edwards, 2019, chap. 14, « An Anti-Nazi Damned as Nazi Protector ».

17 Arnold, 2009.

18 Voir sur ce point, dans ce numéro, larticle de Gabriella Aragione, p. 11, n. 5. – Cet article (Lohmeyer, 1927a) a connu une diffusion étonnante puisquil a été publié encore en allemand (Lohmeyer, 1927b) et en italien (Lohmeyer, 1927c) la même année avant dêtre publié une nouvelle fois, dans les actes du colloque proprement dit, lannée suivante (Lohmeyer, 1928).

19 La liste des publications établie par Köhn, 2004, p. 342-351, ne fait état daucun article publié par Lohmeyer en français après cette date.

20 Voir à ce sujet Arnold, 2009, p. 17.

21 Bouttier, 2009.

22 Lohmeyer, 1928.

23 Lohmeyer, 1926.

24 Bouttier, 2009, p. 532.

25 Lohmeyer, 1927a, p. 323, n. 1.

26 Lohmeyer, 1927a, p. 327, n. 1. Il est précisé quil doit paraître prochainement.

27 En ce sens, Edwards, 2019, chap. 7, section « Martyrdom », pages 2 et 3.

28 Baird, 2003, p. 463, insiste sur ce point.

29 Sur R. Hermann, voir notamment Wiebel, 1998, les pages 253 à 270 pouvant savérer plus particulièrement utiles pour ce qui est de la parenté intellectuelle quentretenait Lohmeyer avec lui.

30 Sur R. Hönigswald, voir notamment Breil, 1991 ; Zeidler, 1995, p. 75-138 ; Swertz et al., 2019.

31 La plus connue reste celle de Marbourg, organisée notamment autour de figures comme Hermann Cohen, Paul Natorp et Ernst Cassirer (voir notamment, à ce sujet, Philonenko, 1989).

32 Nous paraphrasons ici Edwards, 2019, chap. 6, section « Neo-kantianism », p. 2.

33 « Gott ist nicht, weil ich an ihn glaube, sondern ich glaube an ihn, weil er ist. Aber in diesem seinen Sein spiegelt sich der Sinngehalt seines Glaubens. [] Gottes Unmittelbarkeit offenbart den glaubensmäßigen Sinn alles Bedingten und alles Bedingenden. Ich denke Gott im Sinne des Glaubens, indem ich mich selbst durch Gott gesetzt weiß. » (Hönigswald, 1931, p. 147.)

34 Lohmeyer, 1927a, p. 316.

35 Ibid.

36 Ibid.

37 Cest nous qui soulignons. Le texte allemand contient « es ist das sachliche Motiv » (Lohmeyer, 1927b, p. 233, l. 1).

38 Lohmeyer, 1927a, p. 316.

39 Lohmeyer, 1927a, p. 317. Cest nous qui soulignons. Le texte allemand évoque « die Frage nach den sachlichen Bedigungen, welche die religiöse Anschauung des Martyriums bestimmen » (Lohmeyer, 1927b, p. 233).

40 Lohmeyer, 1927a, p. 317.

41 Ibid.

42 Texte cité, sans quen soit donnée la référence, par Lohmeyer, 1927a, p. 318.

43 Lohmeyer, 1927a, p. 318.

44 Ibid.

45 Ibid.

46 Ibid. – On notera la cohérence du propos avec ce que Lohmeyer dira plus loin, p. 325.

47 Ibid.

48 Lohmeyer, 1927b, p. 235, l. 22 : « in dem zeitlosen göttlichen Sinn ».

49 Lohmeyer, 1927a, p. 318.

50 Ibid.

51 Lohmeyer, 1927a, p. 319.

52 Lohmeyer, 1927a, p. 319 (Talmud de Babylone, Berakot 61b).

53 Lohmeyer, 1927a, p. 320.

54 Ibid.

55 Lohmeyer, 1927a, p. 321.

56 Lohmeyer reviendra sur ce texte à la page 324.

57 Ces textes sont cités à la note 1, p. 321.

58 Lohmeyer, 1927a, p. 322-323.

59 Lohmeyer, 1927a, p. 321.

60 Lohmeyer, 1927a, p. 322.

61 Lohmeyer, 1927a, p. 321.

62 Lohmeyer, 1927a, p. 322 (correspondant à Lohmeyer, 1927b, p. 239-240 : « So zum Boten und Zeugen jener anderen Welt geworden, wird er von seinem fremden Geschick mehr betroffen ; alles was ihm geschieht, wird zur Tat seines Glaubens und Zeugens oder besser zur Tat göttliche Gnade, und seine Leiden [240] und noch mehr sein Tod sind von dem Strahl göttlicher Herrlichkeit verklärt »).

63 Lohmeyer, 1927a, p. 323.

64 Ibid. Le texte allemand contient pour sa part ceci : « So ist der Martyrer in den Sinn eingeordnet, der den Lauf dieser Geschichte [der Gemeinschaft] und damit aller irdischen Geschichte trägt und an ihrem Ende durch Gottes sichtbar herausgestellt wird » (Lohmeyer, 1927b, p. 241).

65 Lohmeyer, 1927a, p. 324.

66 Lohmeyer, 1927a, p. 325.

67 Ibid. Il nous semble quen fait ici, Lohmeyer néglige le fait que le martyre a été compris, dès le livre de Daniel, dans des catégories cultuelles, dès lors quil était conçu pour se substituer en quelque sorte au culte du Temple qui sest trouvé dabord interrompu (pendant linsurrection maccabéenne, entre 168 et 165 avant notre ère) puis abrogé (après la première guerre juive). Nous avons fait valoir ailleurs (Grappe – Marx, 2008, p. 87-176) quil a été compris comme assumant les deux pôles du culte que sont la réparation et la communion, le second étant le plus important mais supposant la réalisation du premier.

68 Lohmeyer, 1927a, p. 325.

69 Lohmeyer, 1927a, p. 325-326.

70 Lohmeyer, 1927a, p. 326.

71 Ibid.

72 Ibid.

73 Ibid.

74 Ibid.

75 Ibid.

76 Lohmeyer, 1927a, p. 327.

77 Ibid.

78 Ibid.

79 Ibid.

80 Lohmeyer, 1927a, p. 328.

81 Ibid.

82 Cest nous qui soulignons.

83 Lohmeyer, 1927a, p. 328.

84 Theissen, 2000 (traduction française : Theissen, 2002).

85 Grappe, 2014.

86 Voir note 101.

87 « Anschauung » est traduit par « pensée » à la p. 326, l. 20.

88 Loriginal allemand est ici « Martyreranschauung ».

89 Le mot « Begriff » est traduit par « essence » à la p. 326, l. 28.

90 Le mot « Begriff »est encore une fois rendu par « essence » à la p. 328, l. 33.

91 Le mot « Begriff » na pas été traduit dans une phrase qui a été elle-même drastiquement émondée.

92 Dans le texte allemand, on trouve en fait lexpression « beide Begriffe », là où le mot « idée » va être répété à la ligne suivante dans la traduction.

93 On a affaire en fait, dans le texte allemand, à une élision du terme qui est répété dans la traduction française.

94 La traduction française (p. 319, l. 13), parle d« essence du [] martyre » là où le texte allemand, p. 236, l. 1, parle de « Gedanke des Zeugentums ».

95 Ici, la traduction française introduit le concept d« idée centrale » pour rendre « Grundgedanke ».

96 Dans le cas précis, le texte allemand na pas déquivalent en français.

97 Ici, le mot composé employé au génitif « Martyrergedanke » nest pas traduit littéralement en français.

98 Là encore, la traduction est assez libre et ne rend pas littéralement, cette fois, le mot « Gedanke ».

99 Lexpression « der Gedanke des Martyriums », associée en tant que sujet à « der Drang des Martyriums », na pas été reprise dans la traduction française.

100 La précision selon laquelle les « principes religieux tendant à se réaliser » dont il est question à la p. 326, l. 18 – on notera que, dans le texte allemand, il est ici question dun principe religieux, ce qui nest pas sans importance pour évaluer lunivers de représentation de Lohmeyer – sont préparés dans les anciennes représentations juives (« in alten jüdischen Gedanken ») nest pas reprise dans la traduction française.

101 La traduction assez libre de la phrase que lon trouve à la p. 325, l. 3-5, ne restitue pas littéralement « Gedankenkreis ».

102 La proposition « Um sie unter einer Idee zu begreifen » est ici traduite par « pour en déclencher la synthèse ».